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Homélies des messes

Homélie du Père Clément du Ve dimanche du TO, année C (2024)

« La Grâce de Dieu, Force et Fécondité de notre Mission »

Frères et sœurs bien-aimés,
Nous avons tous déjà fait l’expérience de la fatigue d’un effort qui ne porte pas de fruits. Nous avons parfois investi du temps, de l’énergie, des talents dans un projet, une mission, une relation… et nous avons eu l’impression que tout était vain. L’évangile de ce jour nous rappelle une vérité fondamentale : sans Dieu, nos efforts restent stériles, mais avec Lui, tout devient fécond, même si cela ne se voit pas immédiatement.

Pierre et ses compagnons avaient pêché toute la nuit sans rien prendre, mais lorsque Jésus entre dans leur barque et leur demande de jeter les filets, un miracle se produit : une pêche surabondante. Ce passage nous parle de la grâce de Dieu qui transforme nos échecs en bénédictions et nous rappelle que toute mission n’est véritablement féconde que si elle est menée « avec Dieu, par Dieu et pour Dieu ».

Avez-vous déjà vu un oiseau essayer de voler avec une aile cassée ? Peu importe combien il bat des ailes, il ne s’élève pas. Ainsi est l’homme qui agit sans Dieu : il peut s’épuiser, faire de grands efforts, mais ses actions restent sans fruits durables. Nous avons tous vécu des moments d’échec, d’incertitude, de découragement. Quand tout semble s’écrouler, nous nous demandons : « Où est Dieu ? ».C’est précisément dans nos échecs et nos nuits obscures que Dieu se révèle le plus puissamment.

L’Évangile d’aujourd’hui nous présente Pierre, un pêcheur expérimenté, qui a travaillé toute la nuit sans rien prendre. Pourtant, c’est après cet échec que Jésus intervient, et un miracle se produit.

Dieu n’intervient pas toujours quand nous avons tout sous contrôle, mais lorsqu’il ne nous reste plus que Lui ! Telle est la force de la grâce divine !

  1. Dieu se révèle dans nos incertitudes et nos échecs

Regardons Pierre. Il a jeté ses filets encore et encore, sans aucun résultat. Il est fatigué, frustré, découragé. Pourtant, c’est au moment où il est au bout de ses forces que Jésus monte dans sa barque et transforme sa défaite en bénédiction. « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole, je vais jeter les filets. » (Lc 5,5)

  • L’inventeur qui a échoué 1000 fois/L’histoire de Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule électrique, illustre bien cela. On raconte qu’après 1000 échecs, un journaliste lui demanda : « Comment avez-vous vécu ces 1000 échecs ? »
    Edison répondit :« Je n’ai pas échoué 1000 fois. J’ai découvert 1000 façons de ne pas faire une ampoule. »

Pierre aussi aurait pu dire : « J’ai pêché toute la nuit pour rien. » Mais en réalité, il pêchait avec ses propres forces. Ce n’est que lorsqu’il obéit à Jésus que tout change !Dieu utilise parfois nos échecs pour nous amener à nous appuyer sur Lui.

  1. Dieu ne choisit pas les parfaits, mais Il se glorifie dans nos faiblesses

Isaïe, Paul et Pierre ont tous vécu l’échec et le doute avant de recevoir leur mission :

  • Isaïe s’écrie : « Malheur à moi ! Je suis un homme aux lèvres impures ! » (Is 6,5)
  • Paul reconnaît : « Je suis le plus petit des apôtres… mais par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis. » (1 Co 15,9-10)
  • Pierre dit à Jésus : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » (Lc 5,8)

C’est justement parce qu’ils sont faibles que Dieu les choisit.

L’écrivain rejeté 12 fois/Le célèbre écrivain J.K. Rowling, auteure de Harry Potter, a été rejetée 12 fois par des éditeurs avant que son livre soit accepté. Elle avait tout perdu : emploi, famille brisée, pauvreté.

C’est dans cet échec qu’elle a trouvé la force d’écrire. De même, Dieu utilise nos moments de chute pour préparer nos victoires. Saint Paul disait : « C’est quand je suis faible que je suis fort. » (2 Co 12,10)

III. Quand Dieu entre dans notre barque, tout change

Après la pêche miraculeuse, Jésus dit à Pierre : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »Dieu ne nous appelle pas à la réussite selon le monde, mais à une fécondité qui dépasse notre compréhension. Parfois, nous ne voyons pas immédiatement le fruit de notre travail, mais la grâce de Dieu agit en profondeur.

Le missionnaire et son unique converti/Un missionnaire partit évangéliser un village africain pendant 20 ans, sans voir aucun fruit. Un seul jeune homme s’est converti. Ce jeune homme est devenu Samuel Ajayi Crowther, premier évêque africain anglican, qui a évangélisé des milliers de personnes. Parfois, Dieu nous demande simplement d’être fidèles. Les fruits viendront en leur temps.  Saint François de Sales disait : « Faites tout par amour, rien par force. Tout pour Dieu, rien pour vous. »

  1. L’homme seul s’épuise, mais la grâce de Dieu porte du fruit

Regardons Pierre. Il a passé toute la nuit à pêcher sans succès. Il aurait pu dire : « À quoi bon ? J’ai déjà tout essayé ! » Pourtant, Jésus lui demande de jeter les filets encore une fois. Pierre, fatigué mais confiant, obéit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole, je vais jeter les filets. » (Lc 5,5).Et le miracle se produit : les filets débordent de poissons !

Combien de fois sommes-nous découragés dans la prière, dans notre engagement ? Nous avons l’impression que rien ne change… Mais la grâce de Dieu agit souvent en profondeur, là où nous ne voyons rien ! Saint Jean de la Croix disait : « L’âme qui marche dans la nuit obscure par la foi seule atteint plus sûrement son but que si elle était guidée par la lumière de la raison. »

Frères et sœurs, notre vie ne portera du fruit que si elle est enracinée en Dieu. Comme Pierre, osons lui dire :« Seigneur, sur ta parole, je jette les filets ! ».

Résumé en 3 phrases clés

1️⃣ Sans Dieu, nous nous épuisons en vain ; avec Lui, tout devient fécond, même si nous ne le voyons pas immédiatement.
2️ Dieu ne choisit pas les parfaits, mais Il rend capables ceux qu’Il choisit.
3️
La fécondité spirituelle ne se mesure pas à nos yeux, mais à la grâce agissante de Dieu.

Terminons avec cette prière de Saint Claude La Colombière : « Mon Dieu, je suis si persuadé que tu veilles sur ceux qui espèrent en toi, et qu’on ne peut manquer de rien quand on attend tout de toi, que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci et de me décharger sur toi de toutes mes inquiétudes. »

Seigneur, donne-nous la grâce d’agir toujours avec toi, par toi et pour toi, afin que notre vie soit féconde selon ton dessein ! Amen.

Homélie du Père Clément du Ve dimanche du TO, année C (2024)2025-02-12T10:33:24+01:00

Homélie du père Justin, Vème dimanche du TO et Dimanche de la santé, Lc 5,1-11 (Année C)

Chers frères et sœurs, l’Évangile nous dit que la foule pressait Jésus pour écouter la Parole de Dieu. Et nous pourrions être tentés d’y voir une bonne chose… Cependant l’expression est très négative, l’Évangile nous dit que Jésus était pressé, presque recouvert par la foule.

Nous devons nous rappeler que l’Évangile de Luc était adressé particulièrement à des Grecs et pour les Grecs aller vers Dieu c’est se détacher de ce monde, c’est échapper à toutes les souffrances de ce monde, au point de devenir indifférent à toutes les affaires humaines.

La foule veut fuir ce monde et dans son comportement nous entrevoyons à quel point elle se trouve dans le désespoir, elle cherche à fuir une souffrance qui est trop grande. Peut-être une partie de cette foule est-elle constituée de personnes qui sont rejetées, de la synagogue par exemple, ou qui sont dans les marges pour le moins.

Nous trouvons dans l’Évangile de Luc l’épisode d’une femme qui est pliée en deux dans la synagogue et mise à part, et Jésus va vers elle, il impose les mains sur elle et elle se redresse. Imposer les mains c’est avant tout un signe d’appartenance – tu appartiens à l’humanité, au salut, au peuple de Dieu, à l’Alliance. Et cette femme se redresse et loue le Seigneur – c’est cela le geste de Jésus : c’est de nous relever…

La foule le recouvre quasiment et Jésus aperçoit des barques. Ce sont des barques qui servent pour la pêche, donc qui ont l’odeur de la mer, du sel, du poisson, du travail, de la sueur sans doute. Pour le coup nous avons affaire à des réalités humaines.

Et le Seigneur décide de continuer à enseigner en était assis dans une de ces barques. Et non seulement cela mais il s’arrête dans son enseignement et demande à Pierre d’aller jeter les filets dans les profondeurs. Et là les filets se trouvent remplis de poissons au point qu’il faut les deux barques pour les ramener…

La parole de Dieu est entrée dans le monde, dans notre vie humaine. L’Évangile nous parle de l’Espérance – c’est particulièrement important pour nous de le méditer en cette année du Jubilé de l’Espérance et plus encore en cette journée du Dimanche de la santé.

L’Espérance ne déçoit pas, c’est la citation de saint Paul qui accompagne ce Jubilé. L’Espérance chrétienne ne déçoit pas, mais en quoi consiste-t-elle ?

Avant tout elle ne consiste pas dans une fuite du monde nous dit l’Évangile. L’Espérance chrétienne ce n’est pas une fuite hors de ce monde – parfois le fait de croire dans l’au-delà est une fuite.

Mais l’Espérance chrétienne ce n’est pas non plus la perspective de réussir toutes nos entreprises – si bonnes soient-elles. Pierre dit à Jésus Éloigne-toi de moi Seigneur car je suis un homme qui commet des péchés. Pierre est en train de dire à Jésus : Tu me donnes la réussite mais moi je ne mérite pas cette réussite que tu me donnes – alors comment l’aurai-je toujours ? Et le Seigneur lui répond que ce n’est pas de cela qu’il s’agit.

Il ne lui promet pas de faire réussir tout ce qu’il entreprendra. Il lui dit qu’il sera désormais un pêcheur d’hommes. Littéralement le Seigneur dit Tu les pêcheras vivant, c’est-à-dire tu seras quelqu’un qui ranime les personnes, les reporte de la mort à la vie, qui les rend à la vie.

Le Seigneur dit à Pierre – et à travers lui à tous ses associés, à tous les autres disciples – que l’Espérance que nous avons c’est qu’à travers toutes nos œuvres, qu’elles soient des réussites ou non, nous travaillons toujours à vivre ensemble – comme les pêcheurs ont collaboré ensemble pour ramener les poissons.

Par exemple nous rencontrons l’adversité, eh bien dans cette occasion nous avons la certitude de pouvoir travailler à l’avènement du Royaume de Dieu, puisque nous pouvons répondre à l’adversité avec la bienveillance, avec le pardon, avec la patience, avec la persévérance, avec la charité envers les adversaires de nos œuvres.

Et puis cela nous donne de purifier nos intentions, de purifier nos désirs – non pas y renoncer mais les rendre meilleurs, plus purs – alors nous travaillons à l’avènement du Royaume de Dieu.

Et nous pouvons le faire avec certitude parce que le Seigneur est parmi nous, sa Parole agit en nous et au milieu de nous.

Que nous connaissions des échecs ou des réussites, de toute façon à la fin des temps le Royaume de Dieu adviendra et sera parfait, et entre-temps nous pouvons toujours faire déjà advenir ce Royaume en mettant la priorité sur la purification et l’élévation de toutes nos relations les uns avec les autres.

Aujourd’hui chers frères et sœurs plusieurs d’entre nous vont recevoir l’onction des malades. Nous serons tous associés dans ce geste. Nous y serons associés dans la prière et nous y serons aussi associés par notre expérience commune car nous sommes tous confrontés à la maladie et à ce qui l’accompagne : le désespoir et l’angoisse.

Ce désespoir et cette angoisse nous les avons rencontrés dans l’Évangile de ce jour, le désespoir de la foule qui presse Jésus et l’angoisse chez Pierre et ses associés, la peur de l’échec, la peur d’être jugés.

C’est de ce désespoir et de cette angoisse que le Seigneur nous libère, il fait de nous des personnes libres, il nous relève et nous fait asseoir dès à présent dans son Royaume.

Homélie du père Justin, Vème dimanche du TO et Dimanche de la santé, Lc 5,1-11 (Année C)2025-02-09T17:07:06+01:00

Homélie du Père Joseph du Ve dimanche du TO, année C (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Quelle que soit notre situation, Jésus nous demande de ne jamais désespérer de lui, ni de nous-même, car avec Jésus, il y a toujours des possibilités nouvelles. Voyez l’apôtre Paul ! Pour les premiers chrétiens à Jérusalem, saint Paul était d’abord un vrai criminel, un idéologue pharisien dont la mission était de persécuter et mettre à mort tous ceux qui se déclaraient disciples de Jésus. Il faisait peur et aucun chrétien ne souhaiter croiser son chemin. Pourtant, Jésus lui est apparu sur la route de Damas et Saul est devenu Paul apôtre, le témoin, le missionnaire et le plus grand défenseur de la cause qu’il combattait. Comme il le dit lui-même, tout cela par grâce ! « Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu.  Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi ».

La grâce du Seigneur peut nous toucher à tout moment pour nous guérir de toute forme de mal et de mort. C’est cela que pour demandons en ce dimanche de la santé, en particulier pour les malades qui sont parmi nous ou que nous sommes, et plus particulièrement ceux qui vont recevoir l’onction.  Ne désespérons jamais car la grâce du Seigneur nous accompagne.

Ne vivons pas comme ceux qui sont sans espérance, car l’espérance ne déçoit jamais ! Jésus voit quand nous sommes fatigués, comme Simon Pierre et ses compagnons, après toute une nuit de travail infructueux, mais qui doivent de nouveaux se lever, repartir en mer pour pêcher, sur ordre d’un charpentier qui ne sait rien à la pêche…. Mais ce charpentier, c’est le Maître, le Fils de Dieu qui nous demande aussi aujourd’hui de lui faire confiance, de faire ce qu’il nous commande parce qu’il veut nous toucher par la grâce des sacrements à travers lesquels il donne et entretient la vie divine en nous.

La foule se pressait pour écouter Jésus ! Elle était assoiffée des Paroles du Christ, paroles qui construisent, illuminent, guident, secouent parfois mais qui encouragent. Ces paroles sont différentes des celles des rabbins, des guérisseurs, des scribes, des paroles sévères des pharisiens. Aucune de leurs paroles n’a pu étancher la soif profonde de cette foule. La Parole du Christ caresse nos âmes par sa tendresse et rallume en nous la confiance ! Elle nous provoque et nous blesse parfois, mais toujours dans le but de nous guérir.

Quand quelqu’un réussit à toucher notre cœur, tout en nous fleurit de nouveau. La vie devient de nouveau possible ! Je ne parle pas des paroles des tribuns, des manipulateurs des foules, des guérisseurs et magnétiseurs qui touchent notre cœur, parfois avec un effet bénéfique sur le moment mais dont l’effet est destructeur sur le long terme, nous conduisant progressivement entre dans les filets du Malin. Lorsque l’on est malade, c’est facile d’être tenté d’aller voir ces magnétiseurs, guérisseurs, cartomanciens… ! J’en connais qui sont allés ou qui vont se noyer dans ces pratiques parce que désespérés par une maladie, une épreuve, ignorant que cela nous coupe de Dieu est le seul capable de nous guérir. Ne laissons pas le désespoir nous couper de Dieu, mais approchons-nous de lui, comme cette foule de l’évangile qui se laisse toucher par ses paroles et ses enseignements du Christ au bord du lac de Génésareth.

Nous sommes parfois découragés, au fond du trou, à cause de la maladie comme Pierre et ses compagnons. Même là, Jésus nous regarde. Il a bien vu la fatigue et la déception bien visibles sur le visage de Simon Pierre et ses compagnons.  Jésus voit quand nous sommes fatigués ou que nous n’en pouvons plus. Pendant qu’il parle à la foule, Jésus voit aussi ce groupe de pêcheurs, les mines défaits, les paniers vides, qui essayent de réparer les filets… et qui probablement critiquaient cette foule qui n’avait rien d’autre à faire et qui perdait son temps à écouter un charpentier devenu prédicateur. Quand on est fatigué et en colère, on a aussi la critique facile, et on s’en prend facilement aux autres.  Pensez à la maladie qui vous rend irritables et vous met facilement en colère, contre l’infirmier, l’infirmière, l’accompagnant, les proches qui sont là, essayant de vous rendre service du mieux qu’ils peuvent.

Alors, Jésus remarque la délusion de Pierre et ses compagnons. Il décide de les impliquer en leur demandant une barque ! « Quel culot ! Ça ne se voit pas que nous sommes déprimés, fatigués et que nous ne voulons pas être déranger ! Il veut en plus utiliser notre barque, » murmuraient Simon Pierre et ses compagnons ! Oui, Jésus nous dérange, nous bouscule parfois même lorsque nous sommes fatigués ou déprimés par la maladie, alors que nous avons besoin d’une seule chose : être tranquille ! Jésus nous dérange et nous rejoint dans nos vies parfois lorsque nos paniers sont vides, au petit matin, déjà fatigués de nos nuits de douleurs et d’insomnies, lorsque nous n’avons plus d’énergie au lever alors que nous avons encore une longue journée qui nous semble déjà une éternité de douleur. Mais il le fait toujours dans le but de nous toucher par sa grâce !

Jésus veut monter dans ma barque vide ! Il entre dans ma vie remplie d’échecs, de jugements négatifs, de péché, de déception et d’amertume, cette vie que la société me rappelle qu’elle n’est plus digne à cause de l’âge ou de la maladie.  Même là, Jésus vient nous demander notre barque pour faire renaitre de nouveau la confiance en nous. Alors, comme Pierre, dans ce moment-là, Jésus nous demande ensuite d’aller au large ! Duc in altum ! Allez au fond des choses ! Donnez du sens même à une maladie, regarder les grâces qui peuvent naître même dans des épreuves qui nous permettent de nous rendre compte de la force intérieure qui est en nous, de tout le potentiel présent dans notre vie mais qui risquait de rester caché et endormi. Aller au large, au fond des choses, ne pas s’arrêter à la superficie…. J’ai encore en mémoire les paroles de cette mamie qui souffrait d’un cancer et qui avait osé me dire que sa maladie était une grâce parce qu’elle lui avait permis de se réconcilier avec ses filles avec lesquelles elle s’était brouillée depuis quelques années à causes des questions matérielles….

Alors, comme Pierre, même fatigués, osons le saut de la confiance en Jésus ! « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et là, stupeur et stupéfaction ! La pêche est miraculeuse ! La barque s’enfonce devant cette pêche inattendue et surabondante ! Il nous faut de l’aide. Simon Pierre est pris de stupeur. Il pleure comme une madeleine. Jésus lui a demandé une barque vide, mais il la lui rend remplie de poissons.  Le cœur de Simon Pierre est rempli !  Jésus nous demande de lui donner notre vie vide, découragée, malade et fatiguée pour nous la redonner remplie d’amour et de grâce, si nous osons le saut de la confiance et de l’obéissance. Si nos vies sont déjà remplies de tout un tas de choses, de nos gloires, nos désirs, encombrées par toute sorte d’affaires, il n’y a plus de vide que Jésus puisse remplir. Faisons le vide en nous pour que le Seigneur nous remplisse le cœur ! C’est cela que nous demandons, en ce dimanche de la santé, pour nous-même, et surtout pour tous les malades, et plus particulièrement ceux qui, ce weekend, reçoivent l’onction de malades dans nos paroisses.

Ensuite, lorsque nous avons été touchés par la grâce, comme Simon Pierre, osons témoigner ! « Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »   Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent ». Jésus nous appelle aujourd’hui à le suivre, à devenir ses témoins pour raconter les merveilles qu’il accomplit dans notre vie. Dans ce monde où tant des gens sont découragés, fatigués et perdus, nous avons besoin de témoins qui osent dire que Jésus est présent et agissant dans nos vies qui semblent vides et fatiguées. La confiance et l’obéissance ouvrent devant nous de nouvelles possibilités si nous nous laissons toucher par la grâce, comme Simon Pierre et ses compagnons, comme Saul le persécuteur devenu Paul l’apôtre. Seigneur, donne-nous, donne aux malades, aux soignants et accompagnants de ne jamais désespérer de toi. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du Ve dimanche du TO, année C (2024)2025-02-07T10:13:20+01:00

Homélie du père Justin, fête de la Présentation de Jésus au temple, Lc 2,22-40

Chers frères et sœurs, il se passe quelque chose de surprenant dans l’Évangile que nous avons proclamé. Nous devrions voir l’enfant être présenté à Dieu et être circoncis selon la Loi de Moise – et en effet c’est bien ce qui est arrivé comme nous le dit l’Évangile. Cependant ce n’est pas ce que nous voyons, ce n’est pas ce que l’Évangile nous donne à voir véritablement.

Ce que nous voyons c’est un enfant qui est Dieu en personne et qui nous est présenté à nous – c’est tout le contraire. Il est présenté à Siméon et à Anne, qui sont nos représentants, et à partir d’eux à toute la famille humaine – à chacun de nous en particulier – nous sommes tous appelés à l’accueillir.

Il se passe une chose similaire à ce que nous entendons dans l’Évangile de Jean où Jean le Baptiste désigne Jésus et il dit Voici l’agneau de Dieu. C’est le Seigneur qui donne un agneau ! Normalement c’est nous qui donnons un agneau au Seigneur – et là au contraire c’est Dieu qui donne l’agneau.

Normalement c’est nous qui faisons une offrande au Seigneur pour le réconcilier avec nous parce que nous pensons avoir un contentieux avec le Seigneur. Et dans l’Évangile au contraire c’est Dieu qui s’offre à nous pour nous réconcilier avec lui, il vient à nous en petit enfant et nous démontre ainsi qu’il n’a jamais eu aucune colère contre nous – cet enfant n’est pas en colère évidemment et Dieu ne change pas, il n’a pas un sentiment envers nous le lundi et un autre différent le mercredi – donc Dieu n’a jamais été en colère contre nous.

Cet enfant nous démontre que c’est seulement nous qui avons besoin de réconciliation avec lui. Et nous, nous sommes appelés à l’accueillir – comme Siméon et Anne – l’enfant arrive et est accueilli dans nos bras, dans notre vie – comme nous y avons été appelés durant tout le temps de Noël. Nous ne pouvons pas nous réconcilier avec lui par nos seuls moyens, mais lui s’il entre dans notre vie, progressivement il va nous réconcilier avec nous-mêmes, entre nous et avec lui…

Aujourd’hui nous fêtons la vie consacrée, et nous pourrions nous demander : Mais selon l’image que nous en avons le consacré c’est quelqu’un qui sort du monde et qui est consacré à Dieu. Et ici l’Évangile nous dit le contraire, c’est Dieu vient dans notre vie…

En réalité quand le Seigneur entre dans notre vie non seulement il restaure notre vie à tous mais il nous donne de vivre une vie nouvelle, il nous donne sa vie, il devient possible pour nous de vivre véritablement sa vie. Si nous sommes réunis chaque dimanche c’est pour nous nourrir de sa Parole, de son Corps et de son Sang – véritablement le Seigneur nous donne de vivre entièrement la même vie que lui.

Si nous nous marions par exemple, nous vivons la relation du Seigneur avec son Église. Comme le Christ est uni à son Église, ainsi l’époux est uni à l’épouse – ils vivent ensemble la même vie que le Seigneur dans ce grand mystère d’union.

Mais nous pouvons aussi être appelés à la vie religieuse, à la vie consacrée que nous fêtons aujourd’hui…

Vous savez tous que le Seigneur n’était pas marié, comme il l’a dit dans l’Évangile il a vécu sans avoir où reposer sa tête. Et il l’a fait pour pouvoir se donner à chacun de nous sans aucune préférence de personne. S’il s’était marié il y aurait eu dans sa vie une élection envers une personne en particulier et donc une préférence de personne.

De même les consacrés vont dédiés toutes leurs forces, tout leur amour, toute leur charité à chaque personne sans exception, selon le temps et le lieu, selon les circonstances concrètes de la mission – selon leur activité et leur prière – mais toujours avec la même attention portée à chacun.

Mais nous pouvons nous dire aussi : Tout cela concerne l’activité des consacrés, les œuvres de charité, l’apostolat… Mais les consacrés ce sont avant tout des contemplatifs, certains sont même cloîtrés et vivent à l’écart de tout contact humain, alors en quoi est-ce que cela est la vie du Christ ?

Il est vrai que certains religieux sortent de monde et se consacrent presqu’exclusivement à la pénitence et à la prière – le Seigneur aussi faisait de longs temps de prière et de jeûnes – mais ce n’est pas ce qui est le plus représentatif de la vie religieuse.

En réalité les consacrés en règle très général vivent en communauté, l’essentiel ce n’est pas qu’ils soient à l’écart du monde mais qu’ils vivent ensemble.

Là aussi nous devons voir que le Seigneur nous donne de vivre la même vie que lui et de faire la même œuvre que lui. Lui est venu vivre parmi nous qui sommes pauvres et pécheurs, il s’est fait pauvre et il ne s’est pas fait pécheur mais il s’est fait péché, il a pris sur lui nos péchés, donc il a vraiment embrassé notre condition de pécheurs de cette façon.

Et de même il nous appelle à vivre la même vie que lui en formant des communautés de personnes consacrées qui vivent ensemble, où chacun va se reconnaitre pauvre et pécheur et va accepter de vivre avec d’autres pauvres et pécheurs comme lui, des personnes qui comme lui ont été appelées sans se choisir les unes les autres.

Alors de cette façon puisque le Seigneur s’est fait pauvre et péché pour chacun d’entre nous et que les consacrés vivent de même, ils vivent véritablement auprès du Seigneur dans la charité – ils sont vraiment des contemplatifs. Ce n’est pas d’être enfermé qui fait qu’on devient contemplatif, mais c’est par la vie en communauté que nous vivons auprès du Seigneur et sommes donc des contemplatifs…

Je vous explique tout cela parce que vous ne devez pas avoir en vous une image erronée de la vie consacrée, où le religieux est réfugié dans la prière loin des soucis du monde, ce n’est pas la vérité.

Si nous voulons nous soutenir les uns les autres et si nous voulons répondre pleinement et librement à l’appel du Seigneur chacun selon notre vocation, nous devons avoir une vision juste des vocations qui sont la vie même du Seigneur parmi nous.

Ainsi rassemblés pouvons-nous à présent renouveler tous ensemble notre profession de Foi pour vivre la mêne vie que le Seigneur dans l’Espérance et la Charité…

Homélie du père Justin, fête de la Présentation de Jésus au temple, Lc 2,22-402025-02-02T18:29:11+01:00

Homélie du Père Clément du IIIe dimanche du TO, année C (2024)

Chers frères et sœurs,

la puissance de la Parole
En ce 3e dimanche du Temps Ordinaire, nous sommes invités à méditer la force et la beauté de la Parole de Dieu. Le pape François a institué ce dimanche comme étant le « Dimanche de la Parole de Dieu », un moment fort pour nous rappeler que la Parole n’est pas simplement un texte ancien, mais qu’elle est vivante, qu’elle nous parle aujourd’hui et qu’elle nourrit notre foi. Lorsque nous ouvrons la Bible, nous ne lisons pas un récit lointain : c’est Dieu lui-même qui nous rejoint et nous parle, ici et maintenant.

  1. Première lecture : (Ne 8,2-4a.5-6.8-10) – La joie d’entendre la Loi de Dieu
    Dans la première lecture, tirée du livre de Néhémie, nous assistons à une scène émouvante. Le peuple d’Israël, longtemps exilé à Babylone, est enfin rentré à Jérusalem. Sous la direction d’Esdras le prêtre, tous se rassemblent pour écouter la Loi de Dieu. Imaginez la joie et l’émotion du peuple : après des années de séparation et de découragement, ils se retrouvent unis autour de la Parole. Elle est proclamée, expliquée, commentée, et toute l’assemblée est bouleversée. Certains pleurent même en réalisant combien ils s’étaient éloignés du projet de Dieu.

Et pourtant, Esdras et Néhémie leur rappellent : « Ne soyez pas tristes, car la joie du Seigneur est votre rempart ! » (Ne 8,10). Le même message nous est adressé aujourd’hui : lorsque la Parole de Dieu nous touche, elle nous invite certes à la conversion, mais elle est aussi source de joie, de réconfort et de force. Cette Parole nourrit notre espérance.

  1. Deuxième lecture : (1Co 12,12-30) – Un seul Corps, unis dans la diversité
    Dans la deuxième lecture, saint Paul insiste sur l’unité du Corps du Christ. Nous sommes tous membres d’un seul Corps : le Christ est la Tête, et nous, baptisés, nous sommes ses membres. Chaque membre est différent, avec sa fonction propre, ses charismes et sa place unique. Le bras n’est pas le pied, l’œil n’est pas l’oreille, et pourtant, tous sont absolument nécessaires au bon fonctionnement du corps.

Quelle leçon pour nos communautés ! Combien de fois sommes-nous tentés de croire que nous n’avons pas grande importance, ou bien, à l’inverse, de nous sentir supérieurs ? Paul nous rappelle avec force : nous avons besoin les uns des autres. Chacun, dans la complémentarité, apporte sa contribution. Si un membre souffre, tout le corps souffre. Si un membre est à l’honneur, tout le corps se réjouit.

Dans un monde où l’individualisme prend souvent le dessus, l’appel de Paul est plus que jamais d’actualité : redécouvrir la fraternité, la solidarité, le sens de la communion. Nous sommes tous différents, certes, mais c’est ensemble que nous devenons un, dans le Christ, grâce à la puissance de sa Parole et à l’action de l’Esprit Saint.

  1. Évangile : (Lc 1,1-4 ; 4,14-21) – « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture »
    Dans l’Évangile selon saint Luc, nous voyons d’abord l’introduction de l’évangéliste : il explique qu’il a entrepris de « vérifier avec exactitude » tout ce qui concerne Jésus, pour consolider notre foi. Ensuite, le récit nous emmène à la synagogue de Nazareth. Jésus, rempli de la puissance de l’Esprit, se lève pour lire le rouleau du prophète Isaïe :

« L’Esprit du Seigneur est sur moi,parce qu’il m’a consacré par l’onction,pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres,il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération,et aux aveugles le retour à la vue,renvoyer en liberté les opprimés,proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4,18-19).

Ensuite, Jésus referme le livre, le rend au servant et déclare : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » (Lc 4,21).

Cette parole de Jésus est renversante. Il s’attribue la mission prophétique annoncée depuis des siècles et déclare : « Cela se réalise maintenant ! » Non seulement Jésus se présente comme celui qui apporte la libération, la guérison et la grâce, mais il affirme que cette Bonne Nouvelle est pour tous, y compris pour les plus pauvres, les plus démunis, les captifs.

Pour nous aujourd’hui, cette affirmation de Jésus résonne comme un appel : nous aussi, nous pouvons accueillir la Bonne Nouvelle qui libère, qui éclaire et qui guérit. La Parole de Dieu ne concerne pas seulement le passé, ni seulement quelques privilégiés. Elle est pour tous, et Jésus nous dit qu’elle s’accomplit encore, ici et maintenant.

  1. Un exemple concret : la Parole qui nous transforme
    Pour illustrer cette force de la Parole, pensons à un exemple simple et quotidien. Imaginez un petit enfant qui commence à lire : tout un monde s’ouvre à lui. Il découvre des histoires, des héros, des émotions. La lecture l’aide à grandir, à former son imagination, à développer sa pensée.

De la même manière, lorsque nous ouvrons la Bible, lorsque nous écoutons l’Évangile à la messe, nous laissons Dieu nous parler, nous guider et nous transformer. Les mots de la Bible ne sont pas seulement de belles paroles ; ils changent notre regard sur nous-mêmes, sur nos frères et sœurs, sur la société. Ils nous rappellent que Dieu est vivant, qu’il veut notre bonheur et qu’il nous demande de collaborer à son œuvre.

Au fond, écouter la Parole, c’est écouter Dieu nous dire : « Je t’aime », « J’ai besoin de toi », « Sors de tes peurs pour servir tes frères ». Et cet amour touche notre cœur et le rend capable d’aimer davantage.

Un témoignage puissant de conversion par la Parole de Dieu est celui de Charles Colson, ancien conseiller de la Maison-Blanche sous le président Nixon. Homme de pouvoir prêt à tout pour réussir, il fut bouleversé par le passage de Matthieu 16,26 : « Que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? » Pendant le scandale du Watergate, ce verset le confronta à la vanité de son ambition. Touché par la Parole, il se repentit et trouva en Dieu une nouvelle vocation. Condamné à la prison, il transforma cette épreuve en un appel à servir : après sa libération, il fonda Prison Fellowship, consacrant sa vie à soutenir les prisonniers et à proclamer l’Évangile. Son histoire illustre que la Parole de Dieu peut libérer même les cœurs les plus endurcis et donner un sens nouveau à la vie.

« Les Écritures ne vieillissent jamais ; elles nous parlent aujourd’hui avec la même fraîcheur qu’elles parlaient hier. »
(Pape François)

  1. Accueillir la Parole, la partager, l’annoncer
    Comment, concrètement, mettre en pratique ce que nous recevons aujourd’hui ? Trois pistes simples :
  1. Accueillir la Parole
    • Prendre chaque jour un moment, même court, pour lire un passage de l’Évangile ou un psaume. Se laisser éclairer, interroger par cette Parole qui est vivante.
  2. La partager avec nos frères et sœurs
    • En famille, entre amis, dans un groupe biblique ou de prière, osons parler de ce qui nous touche dans la Parole. Témoignons de ce que nous avons reçu. Comme Israël rassemblé autour d’Esdras, nous avons besoin de lire, de commenter et de nous encourager mutuellement.
  3. L’annoncer avec joie
    • « L’Esprit du Seigneur m’a envoyé proclamer la bonne nouvelle aux pauvres… » Nous sommes tous missionnaires par notre baptême. Par nos gestes de charité, notre attention aux plus petits, par un mot de réconfort auprès de quelqu’un qui souffre, nous annonçons l’Évangile. Parfois, nous pensons que pour évangéliser, il faut être grand prédicateur. Mais ce qui touche le cœur d’autrui, c’est souvent la simplicité, l’accueil, l’écoute, un sourire qui témoigne du Christ vivant.

la Parole se réalise aujourd’hui
Frères et sœurs, cette Parole, nous la voyons à l’œuvre dans les textes de ce dimanche :

  • Elle rassemble et console le peuple d’Israël, le faisant passer des larmes à la joie.
  • Elle nous rappelle que nous formons un seul Corps dans la diversité de nos charismes.
  • Elle s’accomplit pleinement en Jésus, le Messie annoncé, venu pour libérer, guérir et offrir une année de grâce.

Si nous l’accueillons, si nous la laissons nous pénétrer, cette Parole peut transformer notre vie quotidienne. Elle peut redonner un sens à notre existence, éclairer nos choix, réveiller notre espérance.

En cette Eucharistie, demandons la grâce de mieux aimer et écouter la Parole, de la méditer, de la savourer et de la laisser prendre chair en nous. Comme la Vierge Marie, puissions-nous la garder et la faire fructifier dans notre cœur, afin que, par nous, Dieu continue d’accomplir ses merveilles « aujourd’hui ».

Amen.

Homélie du Père Clément du IIIe dimanche du TO, année C (2024)2025-01-28T11:47:45+01:00

Homélie du père Justin, III Dimanche du TO, Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21 (année C)

Chers frères et sœurs, l’Évangile nous dit que la renommée de Jésus se diffusait dans toute la Galilée, et sa ville de Nazareth notamment. La renommée, la gloire dans l’Antiquité était très importante, dans la culture grecque particulièrement – Et l’Évangéliste Luc dont nous proclamerons l’Évangile durant toute cette année liturgique adresse son Évangile à des personnes de culture grecque.

La gloire était très importante dans l’Antiquité grecque, elle était le moteur de l’existence. Mais nous devons voir en même temps que nous sommes dans la Galilée nous dit l’Évangile, c’est-à-dire dans une région qui est méprisée, par l’élite religieuse du pays qui se trouve en Judée, dans les montagnes, à Jérusalem. Les personnes et les villes de la Galilée sont méprisées, et les gens de Nazareth particulièrement qui est un village insignifiant de ce point de vue.

Les gens de la Galilée quand ils font grandir la gloire de Jésus ils le font pour se glorifier eux-mêmes puisque Jésus accomplit des miracles parmi eux. Et à Nazareth aussi quand on glorifie Jésus on se glorifie soi-même, puisque Jésus est un enfant du pays. La ville de Nazareth pense que la gloire de Jésus va rejaillir en gloire sur elle par rapport aux autres villes de la Galilée et pourquoi pas de la Judée et au-delà.

Le Seigneur au milieu d’eux ouvre le livre du prophète Isaïe et leur annonce qu’il est venu leur apporter la bonne nouvelle.

Le discours du Seigneur sera assez mal reçu par ses concitoyens – vous relirez l’ensemble de cette page évangélique si vous le souhaitez – il sera progressivement mal reçu quand ils s’apercevront qu’ils ne recevront pas de gloire de la part de Jésus. Jésus n’est pas là pour les glorifier – en tout cas pas comme ils se l’imaginent.

Le Seigneur leur dit Du moment que vous recherchez la gloire, vous êtes misérables, vous êtes vraiment pauvres. Si vous êtes éblouis par les richesses et par les honneurs vous êtes véritablement des aveugles. Si vous cherchez à vous élever les uns au-dessus des autres c’est parce que véritablement vous êtes opprimés par le péché, par le mépris qui vous entoure.

Et cela c’est vrai du temps de Jésus, c’est vrai de ses contemporains, mais c’est vrai aussi de notre temps.

Nous recherchons aussi la gloire dans le sens que le modèle de vie en société qui nous est offert et que nous offrons nous-mêmes est un modèle où on cherche à se surpasser soi-même dans une logique où en réalité il s’agit autant de nous surpasser les uns les autres. Il s’agit d’un péché personnel comme il s’agit en même temps d’un péché social. Si tu n’es pas en possession de telle chose cela ne va pas, si tu n’obtiens pas tel titre cela ne va pas.

Donc le Seigneur leur dit Voilà vous êtes gravement malades et vous êtes des pauvres et des opprimés…

Mais si nous regardons attentivement cette page nous voyons que le Seigneur en même temps les provoque – il les provoque et ils vont essayer de le mettre à mort. Le Seigneur est en train d’enseigner toujours, il est en train de nous dire que c’est moins grave qu’on essaie de le tuer. C’est tellement grave de chercher à le glorifier et à se glorifier que c’est encore moins grave qu’on se rue sur lui et qu’on essaie de le tuer. Si ses concitoyens cherchent à le tuer il y a une amélioration !

Le Seigneur au moment où nous proclamons cet Évangile est vainqueur de la tentation. Nous avons proclamé l’évangile de son baptême il y a deux semaines et maintenant nous proclamons celui du début de son ministère publique. Mais entre-temps le Seigneur a été tenté dans le désert – cela nous le proclamerons dans le temps du Carême, mais il faut le rappeler maintenant.

Le Seigneur quand il arrive à Nazareth est vainqueur du tentateur. C’est parce que Jésus est vainqueur du mal qu’il peut apporter le salut à Nazareth parmi les siens, même si au premier abord le rapport avec eux est difficile. Contrairement à ce qu’ils ressentent il leur annonce véritablement une bonne nouvelle, celle de leur guérison, mais celle-ci passera par de nombreuses étapes. Même s’il formule des critiques à l’encontre de ses concitoyens, quand il le fait il n’est pas en train d’être agressif, ou de répondre au mal par le mal, mais il est en train de les soigner dans la bienveillance et la charité – parce qu’il est vainqueur de la tentation.

Si nous vainquons la tentation nous pouvons vraiment vivre une vie nouvelle, non pas dans la recherche effrénée de la gloire mais une vie de service. Nous pouvons même critiquer puisque nous le faisons dans l’amour, dans la recherche de la justice et sur la base de la justice dans la recherche de la paix.

Homélie du père Justin, III Dimanche du TO, Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21 (année C)2025-01-26T17:08:05+01:00

Homélie du père Justin, IIème dimanche du TO, Jn 2,1-12

Chers frères et sœurs, nous sommes entrés dans le Temps Ordinaire, qui est un temps liturgique très important, très spécial, où nous sommes appelés à nous nourrir particulièrement de la Parole de Dieu et à faire résonner cette Parole dans notre vie de tous les jours, dans notre vie ordinaire.

C’est un temps durant lequel nous ne fêtons pas les grands évènements de la vie de Jésus, mais où nous recevons son enseignement à travers la lecture des quatre Évangiles et particulièrement de l’Évangile de l’année en cours.

C’est un temps aussi où nous lisons une grande partie des livres de l’Ancien Testament. Comme dans l’Évangile que nous avons proclamé, celui des Noces de Cana, nous sommes appelés à remplir les jarres de pierre avec de l’eau – c’est-à-dire à nous nourrir de la lecture de l’Ancien Testament – et cette eau sera changée en vin – nous obtiendrons une meilleure intelligence de l’Évangile.

Quand nous lisons et méditons la Parole, nous devons toujours tenir présent à l’esprit certains principes. L’un des plus importants est que nous devons nous laisser surprendre par l’Écriture, par la Parole.

Très souvent les auteurs bibliques nous surprennent, notamment les Évangélistes. Ils le font pour nous faire entrer dans le mystère, dans un enseignement plus profond qui vient de Jésus et qu’ils entendent nous transmettre.

Et j’ai cru remarquer que nous n’aimons pas être surpris, être déroutés à la lecture de l’Évangile, parce que cela signifie que nous n’avons pas la réponse à certaines questions et nous nous sentons en défaut. Bien souvent nous allons niés être surpris et nous allons essayer de passer outre, ou bien nous allons chercher une réponse rapidement pour mettre fin au malaise…

Au contraire ce malaise, cette incompréhension sont voulus par les auteurs bibliques et sont très riches et très importants pour la fécondité de notre lecture et de notre méditation. Il faut que nous acceptions de ne pas savoir, de nous laisser surprendre.

Et ce qu’il y a de très surprenant dans l’Évangile que nous avons proclamé aujourd’hui, c’est qu’il y a un signe qui nous parle de l’Eucharistie, dans le vin – l’eau transformée en vin anticipe un miracle plus grand qui est le vin transformé dans le sang du Christ – mais nous n’avons pas un signe eucharistique qui regarde le pain… Il ne s’agit pas de vouloir le trouver à tout prix, mais de se laisser surprendre, de se laisser désorienter.

Et puis une autre chose où nous devons accepter d’être surpris, c’est que Jésus emploie des paroles très dures pour parler à sa mère. Les paroles qu’il emploie sont vraiment dures. Cependant nous avons tellement de mal à accepter cette situation que nous avons atténué les paroles de Jésus dans la traduction.

Et pourtant Jésus emploie des paroles vraiment dures, il dit Femme, qu’est-ce qui est à moi et à toi ? comme pour dire Occupe-toi de ce qui te regarde…

Ces paroles sont dures et elles nous surprennent, cependant nous devrions aussi nous rappeler de l’Ancient Testament, en particulier du cycle d’Elie – Elie était un très grand prophète, très populaire, les épisodes bibliques de sa vie, peu nombreux, étaient très connus des contemporains de Jésus.

Et Elie un jour, durant une famine, se rend auprès d’une veuve, à Sarepta, qui vit dans la misère en compagnie de son fils – et Elie lui demande un pain. Elle lui répond qu’elle est tellement pauvre qu’une fois qu’elle aura confectionné un pain pour Elie, pour son fils et pour elle-même elle n’aura plus rien. Et Elie lui dit de ne pas s’en faire et de lui cuire malgré tout un petit pain pour lui.

Elle le fait et de jour en jour, de semaine en semaine, la farine dans la jarre ne désemplit pas et elle fait à manger pour eux trois pendant de nombreuses semaines – donc au passage on se retrouve avec un signe qui concerne aussi le pain !

Et puis, ensuite, le fils de cette veuve meure, et elle dit à Elie : Qu’est-ce qui est à moi et à toi homme de Dieu, tu es venu pour nous porter la ruine !?

C’était la croyance populaire que les prophètes apportaient plutôt des mauvaises nouvelles – et elle pense ça-y-est le prophète m’a apporté la ruine, mon fils est mort. Mais Elie ensuite le ressuscite…

Mais surtout nous nous rendons compte que Jésus a inversé les rôles. Ce n’est pas Marie, qui est veuve à ce moment et qui va perdre son fils bientôt comme cette femme, qui dit ces paroles que nous avons entendues, mais c’est Jésus qui les utilise. Jésus se met à la place de la veuve et Marie occupe par voie de conséquence la place du prophète Elie.

Et en effet on dit souvent que Marie est comme une prophétesse. Mais en réalité Marie est beaucoup plus qu’une prophétesse. Quand elle dit aux serviteurs Tout ce qu’il vous dira faites-le, ce sont les paroles de Dieu lui-même qu’elle emploie, ce sont les paroles de Dieu quand il envoie les prophètes dans le monde, et plus encore quand il envoie sa propre Parole, son propre Fils dans le monde : Tout ce qu’il vous dira faites-le…

Donc Marie occupe la même place que Dieu lui-même. Elle est Mère du Fils de Dieu, elle est épouse de l’Esprit Saint, et elle occupe la même place que Dieu le Père quand il envoie son Fils dans le monde.

Donc nous devons savoir quand nous lisons la Parole de Dieu que Marie est à nos côtés et nous dit Tout ce qu’il vous dira faites-le, ayez confiance en Dieu, ayez confiance en moi, ayez confiance en mon Fils, ayez confiance en vous par l’amour que Dieu a pour nous tous.

Le Fils exalte sa mère à un point que l’on peut à peine décrire, et en même temps il respecte son humilité et sa discrétion et cache l’exaltation extraordinaire de sa mère derrière des paroles dures en apparence envers elle.

Donc nous aussi nous devons savoir que seul le Fils peut vraiment exalter Marie, et en même temps si nous l’exaltons nous aussi c’est en accord avec le Fils et en cherchant toujours à ménager l’humilité et la simplicité de Marie.

C’est ainsi que nous ferons entrer véritablement Jésus et Marie dans notre vie de tous les jours, à travers la méditation de la Parole où nous découvrons qui ils sont réellement et qui nous sommes nous aussi – dans notre vie concrète.

Nous le voyons dans cet Évangile, le Seigneur a fait un premier signe pour quoi ? pour que les époux aient du vin, aient de la joie concrète à partager pendant leurs noces. Le Seigneur est glorifié et nous révèle sa gloire quand il entre dans notre vie la plus concrète et qu’il y participe, avec la médiation de Marie, pour nous donner la joie et que nous puissions la partager – même si tous ne savent pas d’où elle vient.

Homélie du père Justin, IIème dimanche du TO, Jn 2,1-122025-01-19T19:41:31+01:00

Homélie du Père Clément, fête de la sainte famille, année C (2024)

Frères et sœurs,
Nous célébrons aujourd’hui la Sainte Famille, ce modèle lumineux de foi, de confiance et d’amour que nous offre l’Église. En contemplant la vie de Jésus, Marie et Joseph, nous sommes invités à découvrir comment nos propres familles peuvent devenir des lieux de sainteté, même dans les défis et les épreuves de la vie quotidienne.

Les textes que nous venons d’entendre révèlent des dimensions profondes de la vie familiale : la gratitude et l’offrande, l’amour inconditionnel de Dieu- Père et sa priorité absolue dans toutes nos relations.

1. L’offrande de Samuel : une foi qui transforme la famille
Dans la première lecture (1 S 1, 20-22.24-28), nous rencontrons Anne, une femme qui avait imploré le Seigneur avec larmes pour avoir un enfant. Lorsque Dieu lui accorde un fils, Samuel, elle fait un acte d’une foi extraordinaire : elle l’offre au Seigneur en reconnaissance, en le confiant au prêtre Éli pour qu’il serve dans le Temple.
Ce geste nous enseigne que les enfants ne nous appartiennent pas. Ils sont un don précieux confié par Dieu, appelés à réaliser leur propre mission. La vocation de tout parent, tout éducateur, est de guider les enfants sur le chemin que Dieu a tracé pour eux, non de les façonner à notre image.

2. « Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés ! »
La deuxième lecture (1 Jn 3, 1-2.21-24) nous transporte au cœur du mystère de notre identité : « Nous sommes enfants de Dieu ! » Cette réalité transforme tout. La famille chrétienne n’est pas seulement un lieu humain d’amour et de vie. Elle est aussi une « petite église », une icône vivante de la Trinité, où chacun apprend à aimer à l’image du Christ.
Quand nous parlons de la « Sainte Famille », nous contemplons le foyer de Nazareth, mais n’oublions pas que nous sommes, nous aussi, de cette famille divine. Nous sommes fils et filles du Père, et cela change tout dans notre manière de vivre : nous avons « confiance devant Dieu » (1 Jn 3, 21). Comme un enfant confiant, nous pouvons nous tourner vers Lui et Lui remettre nos joies, nos difficultés, nos projets, nos peines et nos espérances.
Cela nous invite à voir l’autre – le conjoint, l’enfant, le frère, la sœur, le parent âgé – comme un frère ou une sœur dans la grande famille de Dieu. Notre regard sur les imperfections ou les fragilités familiales peut alors changer : nous devenons plus accueillants, plus compatissants, plus patients, comme le Père l’est à notre égard.
Comme l’écrivait Saint Jean Chrysostome : « La maison est une petite église. C’est là que commence l’école de l’amour. » Aujourd’hui, demandons-nous : comment mes paroles, mes gestes, mon attitude peuvent-ils révéler l’amour du Père au sein de ma famille ?

3. L’évangile de la priorité : « Il me faut être chez mon Père. »
L’évangile (Lc 2, 41-52) raconte un épisode unique de l’enfance de Jésus : à l’âge de douze ans, il reste au Temple pendant trois jours, alors que ses parents le cherchent avec angoisse. Lorsque Marie et Joseph le retrouvent, il leur répond : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Cet épisode peut sembler étrange, voire douloureux pour ses parents. Pourtant, il révèle une vérité essentielle : Dieu doit être au centre de nos vies, même au sein de nos familles. Jésus, à douze ans, montre déjà que sa priorité absolue est de faire la volonté de son Père.
Pour nous aujourd’hui, cet évangile pose une question fondamentale : Dieu occupe-t-Il vraiment la première place dans ma famille ? Lui consacrons-nous un temps de prière ? Prenons-nous des décisions en fonction de ses valeurs, ou sommes-nous parfois plus influencés par les pressions du monde ?

4. La Sainte Famille : un modèle incarné
Frères et sœurs, la Sainte Famille n’est pas un idéal inatteignable. Elle est un modèle d’amour concret et incarné :
Marie : Elle garde toutes ces choses dans son cœur (Lc 2, 51), montrant une capacité d’accueil et de méditation profonde, même face à ce qu’elle ne comprend pas immédiatement.
Joseph : Il incarne la discrétion, le service, et l’obéissance silencieuse. Il protège la vie de la Sainte Famille avec un amour fort et dévoué.
Jésus : Il obéit à ses parents, tout en étant déjà tourné vers sa mission divine. Il nous apprend que l’obéissance n’est pas une faiblesse, mais une force qui libère.

5. Trois invitations pour nos familles aujourd’hui
Avant de conclure, voici trois invitations concrètes inspirées par la Sainte Famille :
1. La prière familiale : Prenons un temps régulier pour prier ensemble, même brièvement. La prière unit les cœurs et invite Dieu à être présent dans nos vies.
2. Le pardon et le dialogue : N’ayons pas peur d’exprimer nos sentiments, mais aussi de pardonner lorsque des blessures surgissent. C’est ainsi que grandit l’amour.
3. L’ouverture à la mission : Comme Anne qui offre Samuel, soyons ouverts à donner et à partager ce que nous avons reçu. Une famille chrétienne est appelée à rayonner de l’amour de Dieu autour d’elle.

Je voudrais finir par une lettre. C’est la lettre d’un personnage illustre et inoubliable de la littérature et de la société française et même au-delà. Il s’agit d’Antoine de St Exupéry. Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) était un écrivain, poète, aviateur et humaniste français, célèbre pour son chef-d’œuvre Le Petit Prince. Profondément marqué par sa foi et son humanisme, il a su allier poésie et réflexion dans ses œuvres inspirées de ses expériences de vie et de vol.Ce que je vais vous lire pour finir est la lettre de ce grand homme à sa Mère.
Lettre d’Antoine de Saint-Exupéry à sa mère/(Extrait de sa correspondance, 1923)
« Ma chère maman,
Je veux te dire aujourd’hui ce que je ne te dis pas assez souvent : combien je te suis reconnaissant, non seulement pour la vie que tu m’as donnée, mais surtout pour la manière dont tu l’as remplie. Tu as semé en moi, dès mon enfance, des trésors de lumière, de bonté, et de foi, et ces trésors continuent de me guider aujourd’hui comme les étoiles guident le marin dans l’obscurité de la nuit.
Quand je regarde ma vie, je vois que tout ce qu’il y a de meilleur en moi vient de toi : ce sens du devoir, ce respect des autres, et cette soif de quelque chose de plus grand, de plus élevé que moi-même. Tu m’as appris à prier, mais tu m’as surtout appris à aimer, et cet amour, je le porte en moi comme une flamme qui ne s’éteindra jamais.
Même loin de toi, dans mes voyages ou dans les moments où la solitude me saisit, je ressens toujours cette présence douce et réconfortante de ton amour maternel, ce lien qui me ramène à l’essentiel. Sache, ma chère maman, que ce que je fais de bon dans ma vie, je le fais un peu pour toi, en écho à ce que tu as fait pour moi. Merci, maman, pour tout ce que tu es, et pour tout ce que tu m’as transmis. Je t’embrasse avec tendresse et gratitude.Ton fils, Antoine »

Frères et sœurs, cette lettre d’Antoine de Saint-Exupéry à sa mère est un témoignage vibrant de reconnaissance envers une famille qui a su transmettre non seulement la vie, mais aussi les valeurs spirituelles et humaines qui la rendent précieuse. Comme Saint-Exupéry, nous sommes tous appelés à regarder avec gratitude ce que nous avons reçu et à le transmettre à notre tour. En cette fête de la Sainte Famille, prions pour que nos foyers soient des lieux où s’enracine et grandit la foi, l’amour et l’espérance. Que chaque parent, chaque enfant, trouve dans la Sainte Famille de Nazareth un modèle de tendresse et de fidélité. AMEN !

 

Homélie du Père Clément, fête de la sainte famille, année C (2024)2025-01-03T15:51:45+01:00

Homélie du Père Clément du IVe dimanche de l’Avent, année C (2024)

Thème : « Marie, porteur de Jésus et messagère de joie »
L’Esprit de l’Avent/ Alors que Noël est à nos portes, la liturgie de ce dimanche nous introduit dans un moment de joie profonde. Marie, porteuse du Sauveur, se rend en hâte chez sa cousine Élisabeth, et cette rencontre illumine nos cœurs d’espérance. Deux idées se dégagent de cette page d’Évangile : Marie est celle qui porte et offre Jésus, et tout chrétien, à son exemple, est appelé à devenir porteur de Christ et de joie.
1. Là où Marie arrive, Jésus est présent / Dans l’Évangile, dès que Marie entre dans la maison d’Élisabeth, sa salutation remplit l’espace de grâce. Comme le disait le pape Benoît XVI :
« Lorsque Marie entre dans la maison d’Élisabeth, sa salutation est pleine de grâce. Dans cette rencontre, le protagoniste silencieux est Jésus. Marie Le porte dans son sein comme un tabernacle et nous L’offre comme le don le plus sacré. Là où Marie arrive, Jésus est présent. »
Marie est donc un tabernacle vivant. En portant Jésus dans son sein, elle Le révèle déjà au monde. L’enfant qu’elle porte agit puissamment : il fait tressaillir de joie Jean-Baptiste dans le sein d’Élisabeth, et cette dernière, remplie de l’Esprit Saint, s’exclame : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »
• Pensons à un artisan qui transporte une lumière dans une pièce sombre. Partout où il passe, l’obscurité recule. Marie, en portant Jésus, apporte cette lumière au cœur de l’histoire humaine, une lumière qui dissipe les ténèbres du péché et de la mort.
Marie nous enseigne ici que lorsque nous portons le Christ en nous, sa présence transforme tout ce que nous touchons. Elle est le modèle parfait de celui ou celle qui reçoit Jésus avec foi et devient son messager. Cette vérité nous invite à poser une question : portons-nous Jésus dans notre vie quotidienne comme Marie ?
Lien avec Michée : Dans la Première Lecture, le prophète annonce qu’un chef sortira de Bethléem pour guider Israël. Ce roi est déjà là, caché dans le sein de Marie. Dieu opère dans l’humilité et le silence pour accomplir ses merveilles.
2. Le vrai chrétien est porteur de joie, car porteur de Christ
La visite de Marie à Élisabeth ne se limite pas à un simple acte de solidarité familiale. Elle est un geste missionnaire. Marie, habitée par la présence de Jésus, apporte la joie à sa cousine, à Jean-Baptiste, et même à la maison de Zacharie. La joie déborde là où Jésus est présent.
Un vrai chrétien, à l’image de Marie, est appelé à être porteur de joie, car il est porteur du Christ. Saint Paul, dans la Deuxième Lecture (He 10,5-10), nous rappelle que Jésus est venu pour accomplir la volonté du Père, en offrant sa vie pour notre salut. Cette bonne nouvelle est source de joie pour tous ceux qui l’accueillent.
Lors d’une mission en Afrique, un catéchiste laïc était connu pour sa joie contagieuse. Malgré les épreuves, il disait toujours : « Si Jésus est en moi, pourquoi devrais-je être triste ? Mon visage est le premier témoignage de ma foi. » Comme Marie, il portait Jésus dans son cœur et le rayonnait autour de lui.
Les obstacles à cette joie / Mais souvent, nous nous laissons submerger par les soucis, les peurs, ou le découragement. Ces obstacles éteignent la joie en nous. L’Évangile nous invite à revenir à l’essentiel : accueillir Jésus avec foi, comme Marie, et devenir porteur de sa paix et de son amour pour les autres.
Suivre l’exemple de Marie/ Marie nous montre le chemin : accueillir Jésus dans notre vie, le porter dans nos pensées, nos paroles et nos actes, puis le partager avec ceux qui nous entourent.
Prière finale (inspirée de Saint Ambroise) :
« Ô Marie, Mère de Dieu et porteuse de joie, apprends-nous à recevoir Jésus dans notre cœur comme toi. Fais de nous des messagers de son amour et de sa paix, pour que partout où nous allons, Jésus soit présent, et que nos vies soient un témoignage vivant de sa joie. Amen. ».

Homélie du Père Clément du IVe dimanche de l’Avent, année C (2024)2024-12-30T15:28:27+01:00

Homélie du Père Joseph, fête de la sainte famille, année C (2024)

Mes chers frères et sœurs !
En cette la fête de la Sainte Famille de Nazareth (Jésus, Marie et Joseph), je voudrais que nous parlions de l’un de trois membre, celle qui ne parle presque jamais et dont on parle pas beaucoup autour de Noël. Il s’agit de saint de Joseph. Ce choix n’est dû au fait que c’est mon saint patron. Il s’agit de parler de celui à qui Dieu confie la petite famille de Nazareth et c’est grâce à lui que Jésus Messie est dans la lignée et de la descendance du roi David. Je ne voudrais pas heurter les adeptes de cette l’idéologie qui veut que les hommes soient « déconstruits », que les pères et mères aient indifféremment les mêmes rôles au sein de la famille et dans l’éducation des enfants.
Que nous apprend saint Joseph, au sein de la sainte famille, au-delà de tout moralisme ? La montée d’un féminisme, parfois très idéologique, voudrait parfois détruire « l’autorité du père ». Or, en détruisant l’autorité du père, notre culture risque aussi d’éliminer l’esprit, l’autorité et la crédibilité du père de famille. Certains de nos enfants manquent de repère et se perdent à cause de ce déficit d’une « culture paternelle », des pères absents, ou n’assumant pas ou remplissant mal leur rôle dans la famille. Pas besoin de faire de vous donner des enquêtes sociologiques pour illustrer l’importance de la figure du père au sein de la famille, et cela n’enlève rien à la grande importance d’une maman ! Je le sais d’autant plus que j’avais douze quand papa est décédé… et donc que je sais la force d’amour d’une femme seule ses 7 enfants. Mais une idéologie féministe voulant évacuer, déconstruire les hommes ou la figure paternelle ne rend pas service à la structure familiale. Nous savons tous combien la famille est bousculée, malmené et attaquée par tout un tas d’idéologies dans nos sociétés.
Saint Joseph, qui a vécu il y a plus de deux mille ans reste d’actualité et a tellement de leçons et de grâces à nous donner aujourd’hui. Les pères de famille devraient le prendre pour modèle et se mettre à son école. Voici quelques traits qui caractérisent saint Joseph.
1. Saint Joseph, homme déterminé : devant un problème complexe, il agit avec détermination, et parfois contre l’opinion commune. Il épouse la Vierge Marie, une femme enceinte avant le mariage que la Loi juive punit par la condamnation à mort par lapidation. Il accepte d’élever, dans une culture légaliste, un enfant qu’il n’a pas engendré. Cela est une nouveauté radicale dans la culture juive loin de nos familles composées ou recomposées dans lesquelles beaux-enfants et beaux-parents vivent plus ou moins en harmonie.
Avec un père adoptif aussi déterminé et novateur, il n’est pas étonnant que Jésus soit porteur de la nouveauté de la Bonne nouvelle pour le monde. Pas étonnant que Jésus soit aussi déterminé, décidé, résolu, devant toutes les oppositions rencontrées en grandissant, jusqu’à donner sa vie en croix. Et moi père de famille aujourd’hui, comment suis-je présent dans la vie de mes enfants dans toutes ses dimensions. Pourquoi devrais-je me fâcher devant l’échec scolaire de mes enfants quand c’est sa maman qui va toujours toute seule aux réunions des parents d’élèves parce que « je n’ai pas envie, je suis fatigué ou occupé par autre chose ». Le comportement du père façonne positivement ou négativement la personnalité des enfants.
2. Joseph est courageux : Quand Hérode par jalousie décide de massacrer tous les enfants ( la fêtes des saints innocents célébrée hier samedi), Joseph prend sa famille pour la protéger en Egypte. Voilà pourquoi Jésus sera courageux, défiant même les autorités politiques et religieuses quand elles étaient dans l’erreur. Imaginez un peu cette scène. Vous êtes sur une terrasse avec votre fils en train de prendre un café et lui un jus de fruit. A côté de vous, deux hommes ont trop bu et se battent. Le papa dit à son fils : « allons-nous-en, ce ne sont pas nos affaires ! » Ne nous étonnons pas que cet enfant devienne plus tard quelqu’un de lâche … parce que son papa ne lui a pas transmis cette grande valeur qui s’appelle le courage !
3. Quand Jésus, adolescent dépasse les bornes et se perd dans le temple de Jérusalem, ses parents lui font des reproches. C’est l’évangile du jour ! Jésus répond de manière apparemment inappropriée comme le font les adolescents d’aujourd’hui. L’évangile nous dit cependant « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2, 51-52). Comme tout enfant, Jésus aussi a été façonné à travers l’éducation, la discipline, les valeurs, le travail, les relations, et le cadre reçu grâce à saint Joseph. Ce dernier a certainement dû lui dire, comme tant de parents à leur adolescent » : « écoute Jésus, aussi longtemps que tu seras dans cette maison, c’est moi qui fais la loi. Familiale n’est pas un hôtel ». Comme tout enfant, Jésus a appris de saint Joseph à respecter les règles, à ne pas dépasser les limites. Ainsi, plus tard Jésus était capable de nous fixer des règles et des limites à ne pas franchir dans la vie.
Faisons attention à toutes ces idéologies actuellement qui pensent qu’imposer des règles ou donner une petite punition à son enfant est incompatible avec l’amour parental ! Nous constatons une montée au sein de la société d’enfants-rois, pourris, gâtés et sans repères qui pensent qu’on peut tout permettre… On voit bien où cela conduit notre société.
4. Joseph aime au féminin : dans une culture juive très machiste où les femmes sont méprisées, Joseph est un père et un mari respectueux : il prend soin de la sainte Vierge Marie pendant tout le voyage de Nazareth à Bethléem. Il est à ses côté au moment de l’accouchement, accomplit avec Marie les devoirs religieux de la purification de Jésus au temple. Quand Jésus se perd au temple de Jérusalem et qu’on le trouve au milieu des docteurs de la Loi (l’évangile de ce dimanche), Joseph laisse Marie prendre le devant pour recadrer Jésus. Un papa, un mari devrait laisser à l’épouse, la mère, jouer son rôle ! Acceptons qu’il y a des choses que seules une femmes savent mieux faire que nous. C’est dans la nature de l’amour maternel.
Jésus a été témoin de cela et le laisse transparaitre dans l’amour, la tendresse, la délicatesse, le tact qui caractérisent ses relations, en particulier avec les femmes, comme la femme pécheresse, Marie-Madeleine, à la Samaritaine…
5. Saint Joseph reconnaît Jésus et donne le nom à son fils. Dans l’évangile de Matthieu, l’ange Gabriel dit à Joseph : « elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » Le fait de se sentir pleinement fils accueilli par Joseph rend Jésus capable d’accueillir tous les humains comme frères et sœurs. Il nous donne son Père qui devient aussi notre Père. En lui donnant le nom, saint Joseph apprend aussi son métier à Jésus, qui sera aussi appelé « charpentier et fils du charpentier » ou Jésus de Nazareth.
Ces quelques traits de la personnalité de Joseph comme père de famille nous invitent à prier pour tous les pères dont il est le modèle. Prions chacun pour le papa que nous avons ou que nous avons eu dans notre vie, et rendons grâce pour tout ce qu’ils nous ont donné et nous donnent chaque jour, malgré leurs fragilités et limites. Que la sainte famille de Nazareth vienne en aide à nos familles respectives. Amen.

Homélie du Père Joseph, fête de la sainte famille, année C (2024)2024-12-30T15:14:59+01:00
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