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Homélies des messes

Homélie du Père Justin du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Chers frères et sœurs, nous critiquons beaucoup les disciples, ces dernières semaines particulièrement, dans l’Évangile, nous voyons les défauts des disciples et nous les critiquons. Et ceci est vrai aussi entre nous. Nous nous critiquons beaucoup les uns les autres, nous nous critiquons nous-mêmes, nous voyons seulement nos défauts.

Et pourtant les disciples du Christ sont très beaux, vraiment, leur parcours est très beau, aujourd’hui, hier, et réjouit le Seigneur. Bien sûr il y a des loups qui se glissent parmi les disciples mais les disciples en tant que tels sont très beaux, leurs sentiments sont beaux aussi. Et il faut sans doute commencer par le voir dans les disciples tels qu’ils apparaissent dans l’Évangile.

Certes on aperçoit leurs défauts, mais aussi la noblesse de leurs sentiments, on voit leur parcours avec ses difficultés et ses beautés. Il faut que nous voyions davantage cet ensemble quand nous parlons des disciples…

Ces dernières semaines par exemple, nous avons entendu les disciples discuter entre eux de savoir qui était le plus grand. Et nous nous précipitons à les critiquer : ils sont avec Jésus depuis un an, deux ans et ils sont encore aussi orgueilleux !

Mais les disciples sont comme des enfants, ils sont même vraiment des enfants. Qui a jamais été enfant comme les premiers disciples du Christ ont été enfants ?

Pour eux tout est nouveau, ils étaient pécheurs dans la mer de Galilée pour certains d’entre eux ou publicains et ils se retrouvent apôtres du Christ, ils vivent dans la compagnie de Dieu fait homme…

Tout est nouveau pour eux, tout est entièrement renouvelé, leur vision du monde, de Dieu, d’eux-mêmes. Ils ont soif de reconnaissance, d’être grands, de se réaliser – et ils ont peur. Ils ont tous ces sentiments à la fois, et ils manquent certainement de maturité. Mais c’est normal et c’est beau.

Et le Seigneur ne leur fait aucun reproche. Il met un enfant au milieu d’eux et leur enseigne : Vous devez vous reconnaître comme des enfants, qui ont besoin de l’aide de Dieu et les uns des autres, alors vous pourrez grandir. Et le Seigneur leur enseigne dans quelle direction grandir.

Et maintenant nous arrivons à l’Évangile d’aujourd’hui où nous risquons aussi de nous précipiter à critiquer les disciples.

Jacques et Jean s’avancent et ils demandent au Seigneur de siéger à sa droite et à sa gauche dans sa gloire. Ils disent Fais ce que nous te demandons…

Ces paroles doivent nous rappeler le dialogue entre Hérode et la fille d’Hérodiade, quand celle-ci a dansé devant le roi et celui-ci lui dit : Demande-moi tout ce que tu veux et je te le donnerai, fut-ce la moitié de mon règne.

L’expression d’Hérode, comme roi, est celle de la toute-puissance. Je suis tout-puissant donc tu peux me demander quoique ce soit, je suis tellement puissant que si je te donne la moitié de mon règne il m’en restera tellement que ça ne paraitra pas… Hérode bien entendu est présomptueux.

Mais c’est cette image que Jacques et Jean renvoient à Jésus : Tu es tout-puissant, et si tu ne nous accordes pas ce qu’on va te demander alors tu n’es pas vraiment tout-puissant.

On doit surtout se demander d’où vient cette idée de toute-puissance…

L’Évangile nous donne un indice, il appelle Jacques et Jean « les fils de Zébédée » comme pour suggérer que cette requête vient peut-être plus de leur père que d’eux-mêmes. L’Évangile de Matthieu si vous vous en souvenez est plus clair, puisque chez Matthieu c’est la mère de Jacques et de Jean qui demande la gloire pour ses fils. Et l’Évangile de Matthieu l’appelle « la mère des fils de Zébédée », la mère des fils de leur père : ils disparaissent complètement derrière leurs parents !

Je ne suis pas en train de dire qu’au lieu de critiquer les disciples, nous allons nous mettre à critiquer leurs parents. Mais savoir d’où vient la requête de gloire nous permet d’approfondir.

Pourquoi les parents sont intéressés par cette toute-puissance et par cette gloire ?

Parce qu’ils veulent éviter à leurs enfants des souffrances, celles qu’ils ont connues eux-mêmes, celles que leurs ancêtres ont connues, celles qu’ils craignent pour une raison ou pour une autre.

Là aussi nous trouvons un sentiment très noble que nous aurions tort de critiquer trop fortement, mais un sentiment qui n’est pas très bien vécu.

Comment Jésus réagit-il ?

Il interroge Jacques et Jean bien entendu et non leurs parents. Et il leur demande : La coupe que je vais boire, vous la pouvez boire ? le baptême que je vais recevoir, vous le pouvez recevoir ? Et ils disent Oui, et le Seigneur le leur confirme.

Le Seigneur a interrogé leur cœur, eux-mêmes ont interrogé leur cœur et ils ont répondu avec générosité.

Nous voyons que dans notre cœur, dans le cœur d’un fils, d’une fille, dans notre cœur à tous on ne trouve pas le refus de la souffrance.

On trouve un sentiment profond de solidarité avec toute l’humanité, qui avant tout est naturel, et on trouve l’acceptation généreuse de la peine du moment que cette peine a un sens. Et ce sens n’est jamais aussi grand que dans le Christ.

Et si on vit cette peine en solidarité avec autrui, pour sauver ou plutôt contribuer à sauver autrui, eh bien on devient un père et une mère envers autrui à notre tour. Sur un plan biologique, existentiel ou spirituel.

Le Seigneur continue son enseignement et dit que Lui il ne recherche pas la toute-puissance, ni son Père qui a « préparé » telle ou telle gloire et telle ou telle mission pour l’un ou pour l’autre. Il l’a préparée, elle n’est pas imposée, elle peut être accueillie ou ne pas être accueillie par les intéressés.

Et puis surtout il nous dit qu’elle est préparée dans le sens où du moment que nous écoutons vraiment notre cœur, nous pouvons entendre aussi la voix du Seigneur qui petit à petit nous fait connaître ce qu’il a préparé pour nous.

Et quand nous le découvrons nous ne découvrons pas des attentes d’autres personnes à qui nous répondons, mais nous découvrons des nécessités que les personnes ont et auxquelles le Seigneur nous appelle à répondre.

Ce n’est pas la même chose, souvent nous avons des attentes mais nous ne connaissons pas nos véritables nécessités, elles sont même antagonistes.

Le Seigneur nous enseigne que répondre aux attentes des autres, même s’ils sont bien intentionnés, peut suffoquer l’œuvre de la grâce en nous, suffoquer la nouveauté d’un appel personnel.

Il faut bien écouter son cœur. On peut penser à l’exemple de Marthe et de Marie qui est assez parlant. Marie est assise au pied de Jésus et elle écoute sa Parole. C’est-à-dire qu’elle écoute avant tout son cœur, elle a envie d’écouter Jésus, et ce faisant elle se dispose aussi à entendre la Parole de Dieu.

Tandis que Marthe pense être spirituelle en répondant aux attentes des autres – en tout cas ce qu’elle imagine comme étant leurs attentes, comme nous le faisons souvent – elle pense qu’être spirituel c’est s’oublier soi-même.

Le Seigneur nous enseigne à suivre le chemin de Marie…

Cependant il faut aussi parfois répondre aux attentes d’autrui, c’est un acte de charité qui est important.

Je prends l’exemple fameux de saint Paul quand il enseigne aux Corinthiens à ne pas manger la viande sacrifiée aux idoles pour ne pas choquer les membres de la communauté que manger cette viande scandalise. Donc il répond à leurs attentes et interdit de manger la viande – c’est clairement un acte de charité.

Cependant quand il fait cela en réalité, en profondeur, il est en train de répondre aux nécessités de ces personnes, puisqu’il évite de les scandaliser pour pouvoir progressivement les former à une doctrine plus saine.

 

Homélie du Père Justin du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:14:49+01:00

Homélie du Père Clément du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Chers frères et sœurs en Christ,

Les textes de ce jour nous plongent dans une des réalités les plus profondes du mystère chrétien : la vraie grandeur selon Dieu. Une grandeur qui, aux yeux du monde, semble souvent incompréhensible, car elle passe par la souffrance, l’humilité, et le service. C’est la leçon que Jésus veut nous donner dans cet Évangile de saint Marc, où nous voyons la demande des apôtres Jacques et Jean. Ils viennent avec ambition, désirant occuper les premières places dans le Royaume de Dieu. Mais Jésus les rappelle à une vérité essentielle : « Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45).

  1. Le Serviteur souffrant

Dans la Première Lecture tirée du prophète Isaïe (53,10-11), nous sommes confrontés à la figure du « Serviteur souffrant », une figure qui préfigure le Christ. Ce passage nous décrit un Serviteur qui accepte la souffrance pour le salut de beaucoup. Cette image bouleversante de la souffrance innocente nous renvoie directement à la Passion du Christ, lui qui a été « écrasé par la souffrance », mais qui, par cette offrande, apporte la justification à une multitude. Il ne s’agit pas ici de glorifier la souffrance en elle-même, mais de voir en elle un chemin de salut, quand elle est acceptée dans l’amour et l’obéissance à la volonté de Dieu. Le véritable triomphe du Christ ne s’est pas accompli par la force des armes ou la domination, mais par la Croix, symbole ultime du don de soi.

Comme le dit saint Jean Chrysostome : « Il n’y a pas de couronne sans combat, pas de victoire sans lutte, pas de gloire sans Croix. »

  1. Le prêtre compatissant

Dans la Deuxième Lecture, saint Paul nous montre le Christ comme notre grand prêtre, un prêtre capable de « compatir à nos faiblesses » (He 4,14-16). Jésus, en s’incarnant, a pris sur lui nos souffrances et nos limites humaines. Il ne s’est pas contenté de nous sauver de loin, il est venu partager notre condition. Ainsi, il ne nous regarde pas de haut, mais il nous rejoint dans nos difficultés, nos angoisses, nos faiblesses. Ce grand prêtre, qui est assis à la droite du Père, continue d’intercéder pour nous. Dans notre faiblesse, il nous invite à « nous approcher avec assurance du trône de la grâce », car en lui, nous trouvons toujours la miséricorde et le pardon.

Saint Augustin disait : « Dieu n’a pas dit que nous n’aurions pas de tribulations, mais il a promis que dans ces tribulations, il serait avec nous. »

  1. Le service comme chemin de grandeur

Revenons à l’Évangile. Jacques et Jean cherchent la gloire humaine, mais Jésus les réoriente vers une autre vision de la grandeur. Ils doivent d’abord passer par la coupe du sacrifice, par la participation à la souffrance du Christ. Jésus rappelle que la vraie grandeur, dans le Royaume de Dieu, ne consiste pas à dominer ou à être servi, mais à se faire serviteur. Le service devient ici le chemin vers la plénitude du Royaume.

Le Pape François, dans sa simplicité, nous l’a souvent rappelé : « Le pouvoir, c’est le service. […] Il faut servir les autres. » Cette perspective nous bouleverse, car elle bouleverse nos schémas mondains : pour être grand, il faut se faire petit. Pour gouverner, il faut d’abord savoir se mettre à genoux devant son frère. L’humilité, c’est le propre des cœurs grands.

Permettez-moi de vous raconter une petite anecdote que j’ai écouté une fois d’un évêque :

Louis Pasteur et son chapelet

En 1892, un homme âgé voyageait en train, assis tranquillement en priant son chapelet. Un jeune étudiant en sciences médicales s’installa à ses côtés et remarqua le chapelet entre ses mains. Saisissant l’occasion, l’étudiant, avec un ton légèrement condescendant, lui dit :

« Monsieur, à notre époque moderne, il est vraiment dommage de voir des personnes comme vous s’attacher à ces pratiques démodées. La science a tellement progressé que ces superstitions n’ont plus leur place aujourd’hui. »

Le vieil homme, serein, écouta patiemment le jeune qui continuait à lui parler des avancées scientifiques, tentant de le convaincre d’abandonner ces « croyances dépassées ». À la fin de leur conversation, l’étudiant, certain de lui, proposa d’envoyer au vieil homme des documents pour lui démontrer comment la science rendait la foi obsolète. Il lui demanda alors sa carte de visite pour pouvoir lui faire parvenir ces informations.

Le vieil homme sourit doucement, sortit une carte de sa poche et la tendit au jeune étudiant. Celui-ci la prit et lut avec stupéfaction :

LOUIS PASTEUR

Microbiologiste, naturaliste, biologiste, membre de l’Académie française.

Le jeune homme réalisa alors qu’il avait passé tout ce temps à prêcher les mérites de la science à l’un des plus grands scientifiques de son époque, celui qui avait révolutionné la médecine grâce à ses découvertes sur les vaccins et les micro-organismes.

Abasourdi, il leva les yeux vers Pasteur, qui, avec une bienveillance profonde, lui dit : « Plus j’étudie la science, plus je crois en Dieu. Le chapelet est pour moi un moyen de rester en contact avec Celui qui est à l’origine de toute vie et de toute création. »

Cette anecdote illustre la simplicité et l’humilité de Louis Pasteur, tout en mettant en lumière la façon dont il alliait science et foi dans sa vie quotidienne. Elle nous rappelle que la véritable sagesse réside dans l’équilibre entre la connaissance et la foi, et que l’une n’exclut pas l’autre. Ce récit nous montre aussi la grande valeur de l’humilité.

  1. Le chemin du disciple

Frères et sœurs, cette Parole d’aujourd’hui nous invite à revoir notre conception de la grandeur et de la réussite. Le monde nous enseigne que la grandeur se trouve dans le prestige, le pouvoir, ou l’influence. Mais Jésus nous enseigne que la véritable grandeur se trouve dans le service humble et désintéressé, dans le don de soi pour les autres, à l’image de son propre don sur la Croix. ( funérailles de Reine…du service )

Le psaume de ce jour (Ps 32) nous rappelle que « l’amour du Seigneur remplit la terre » (Ps 32,5). C’est cet amour qui soutient le serviteur dans ses moments de sacrifice et de souffrance. C’est cet amour qui le conduit à la gloire, non celle des hommes, mais celle de Dieu.

En conclusion, demandons à Dieu la grâce d’imiter son Fils, Jésus-Christ, dans le service de nos frères et sœurs. Que nous puissions, à son exemple, nous dépouiller de tout désir de domination pour embrasser avec foi et courage notre mission de serviteurs. Car c’est en servant que nous trouvons la vraie joie et que nous découvrons la grandeur de l’amour divin.

***Je termine avec LA PRIERE DE ST IGNACE, dite « Prière Scoute »….une prière qui a accompagné mon adolescence et ma jeunesse.

Seigneur Jésus, Apprenez-nous à être généreux, A Vous servir comme Vous le méritez A donner sans compter, A combattre sans souci des blessures, A travailler sans chercher le repos, A nous dépenser, sans attendre d’autre récompense, que celle de savoir que nous faisons Votre Sainte Volonté. Amen.

Homélie du Père Clément du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:14:26+01:00

Homélie du Père Joseph du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

Dimanche dernier, avec l’histoire du jeune homme riche qi voulait suivre Jésus, l’évangile nous expliquant en quoi consiste le fait de devenir disciple du Christ.  Mais malgré les explications de Jésus, les disciples ont, soit du mal à comprendre, ou ne veulent pas du tout comprendre le message de Jésus.  Ils ont du mal à renoncer à la soif de pouvoir et leur grand besoin de reconnaissance.

Sur la route qui les mènent à Jérusalem pour la troisième fois, Jésus annonce sa Passion aux disciples. En cours de route, les disciples se disputent les postes ministériels. L’évangile nous dit que les disciples discutaient entres eux pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Là encore, la réponse de Jésus rappelle le sens du service : « celui parmi vous qui veut être le plus grand, qu’il se fasse le serviteur de tous. Celui qui veut être le premier, qu’il se fasse le dernier de tous », avec l’exemple d’un enfant comme modèle. Mais là encore, cela n’a pas suffi pour que les disciples comprennent que suivre Jésus, c’est renoncer à la logique du monde, celle du pouvoir.

L’évangile de ce dimanche nous souligne encore combien les disciples étaient, comme nous tous parfois, obsédés par pouvoir. C’est rassurant pour nous : si c’est arrivé aux apôtres, il est normal que cela se passe dans nos petites communautés paroissiales aussi, où il y a parfois des quelques petites luttes de pouvoir. Pas besoin d’aller chercher les exemples, chez les politiques ou dans la hiérarchie de l’Eglise.

Regardons simplement autour de nous, dans nos petites communautés où, sournoisement, malheureusement, le Malin peut injecter le virus de la soif du pouvoir à travers les petits ou grands services que nous rendons à la communauté : le pouvoir pour faire les lectures à la messe le dimanche, animer les chants, la gestion des fleurs, de l’orgue, de la sacristie, l’animation de tel groupe de prière ou service…pour telle ou telle autre petite responsabilité…. Ce sont des services que nous rendons gratuitement et généreusement à la communauté ou dans le monde associatif mais parfois le Malin les utilise pour faire naître en nous une sorte de quête de pouvoir.

Mais, rassurez-vous, c’est normal ! Il s’agit d’une attitude pleinement humaine.  L’évangile de ce dimanche nous montre d’autres victimes de cette même tentation : l’apôtre Jean, le mystique, le disciple bien-aimé, l’homme de l’intériorité, l’aigle qui nous a laissé le quatrième évangile, ainsi son frère Jacques…. Mais plus tard, ces deux apôtres ont donné leur vie pour le Christ. Cela veut dire qu’ils se sont convertis et ont dû abandonner l’obsession du pouvoir pour embrasser la logique du service et de la croix.

Marc souligne comment Jean et Jacques ont fait la demande au Christ : « En ce temps-là, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire ». Concrètement, la famille ou les deux fils de Zébédée veulent mettre la main sur l’Eglise, dominer les autres, les tirer par le bout du nez. Ils veulent occuper, l’un Matignon et l’autre le Quai d’Orsay. Pensez à la querelle politique que nous avons vécu après la dissolution et que nous vivons encore dans notre pays actuellement.

On se serait attendu à une sorte de honte ou d’embarras de la part des autres disciples, devant une demande aussi déplacée. Mais non, au lieu d’avoir honte, les autres disciples sont jaloux, car ils avaient la même envie de pouvoir, comme Jacques et Jean qui les ont doublés en faisant la demande en premier. Jean et Jacques ont été plus malins que les autres, et cela les met dans une colère folle ! « Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. »  La guerre du pouvoir est ouverte entre les disciples.  La jalousie règne en maître, et va faire ses dégâts. La recherche du pouvoir fait forcément naître de la jalousie, les rivalités qui produisent inévitablement ensuite des querelles, la haine, la rancœur, les divisions… Les disciples sont dans une guerre d’égo, et oublient l’immensité de la mission, la grande multitude de ceux qui ont faim et soif de Bonne nouvelle.

Accueillons comme une grâce pour notre communauté les paroles du Christ rappelant à l’ordre ses disciples et soulignant la logique de leur mission : « Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.  Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ».

Rendons grâce pour ces hommes et femmes, discrets, invisibles, humbles, ne prenant jamais le devant, mais qui sont toujours disponibles et qui, dans l’ombre, discrètement et généreusement font vivre nos paroisses, sans rien réclamer, dans un véritable esprit service. Ces petites mains servantes et discrètes, Jésus nous les présente comme modèles à imiter.

Puisse le Seigneur donner à chaque membre de notre communauté la grâce du service pour que dans toute mission, nous soyons toujours dans un véritable esprit de service et de don de soi aux autres, à l’Eglise, au monde… libérés de toute tentation de pouvoir et de domination ! Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:14:05+01:00

Homélie du Père Joseph du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Qui est Jésus ? Voilà la question posée au début de l’évangile selon saint Marc. Simon Pierre y répondra à Césarée de Philippe. Ce dimanche, saint Marc veut nous expliquer qui est disciple de Jésus. C’est quoi être disciple du Christ ?  Le candidat de ce dimanche semble parfait et coche toutes les cases pour celui qui fait passer l’entretien d’embauche ! Le jeune homme riche, comme nous aimons l’appeler, semble être amplement en règle. Mais, il se révèle par la suite ne pas être à la hauteur.

La démarche du jeune est édifiante. Il s’approche, à genou, plein de zèle et pose une question est théologiquement irréprochable : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Il reconnait en Jésus un Rabbi, s’engage à rendre concrète, tangible et agissante sa foi dans sa vie et sait que la vie éternelle ne se mérite pas mais s’accueille, se reçoit. On le reçoit en héritage ! Jésus est merveilleusement surpris. Il trouve seulement que le terme « Bon Maître » est un peu trop excessif, mais il accueille l’enthousiasme et le zèle de ce jeune homme. Il lui propose alors de suivre les commandements, ceux de Moïse. « Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. » L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. »

Jésus ne pas un anarchiste qui propose des parcours inhabituels, étranges et révolutionnaires.  Il n’est pas venu abolir une seule virgule au parcours de foi du peuple d’Israël, mais pour le conduire à ses racines.

A un moment où notre jeunesse est tentée par la « cancel culture » et « la culture woke » qui veut effacer le passé, les racines et l’histoire, Jésus nous rappelle qu’il nous faut proposer à nos jeunes des parcours simples, liés à la tradition, à l’appartenance à une communauté, à une histoire, à une culture, avec ses joies, ses réussites, ses blessures, ses plaies et ses erreurs. Nous sommes toujours enracinés dans une histoire.  A nos jeunes du KT, de l’aumônerie, MEJ, du scoutisme, proposons une vie intérieure et un parcours sacramentel enracinés dans l’histoire, la tradition et la Parole de Dieu.

Le jeune homme de l’évangile a bien appris ses leçons de KT et d’aumônerie. Il maîtrise la doctrine juive. C’est un peu différent de la pratique d’il y a quelques décennies dans notre pays où l’on n’a pas appris la doctrine de notre foi aux enfants et jeunes du KT et de l’aumônerie. Fabrice, un séminariste de Lozère que j’avais en stage il y a quelques années me disait comment en aumônerie de lycée, on leur faisait dessiner des cœurs et chanter des chants de JC Giannada et de Yannick Noah au lieu de lire la Bible ou le catéchisme ! Résultat : des adultes et de jeunes qui ne savent vraiment pas grand-chose de Jésus ni de la foi catholique. Ce jeune homme de l’évangile a appris les commandements, sait en rendre compte et essaye de les mettre en pratique depuis son enfance. Que c’est beau !

Nous dirions : C’est une « belle âme ! » ou alors, « quel prétentieux ! » ce jeune homme ! Jésus préfère la première option ! Il voit toujours le côté lumineux de nos vies, le verre moitié plein de nos vies, de ma vie. Il sait que ce garçon est sincère et chemine avec enthousiasme sur la voie des commandements de Dieu. Surpris, Jésus lui adresse un regard rempli d’amour et de bienveillance : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima ».

C’est ce même regard qu’il posa un jour sur Simon, devenu Pierre et Lévi devenu Matthieu. Chaque disciple d’hier et d’aujourd’hui a vu se poser sur lui ce même regard plein d’amour et de bienveillance. Il ne suffit pas de suivre les règles. Il nous faut aussi faire l’expérience de ce regard du Seigneur posé sur nous pour le suivre. Pas besoin d’apparition ni de miracle, mais seulement un regard qui transforme, convertit et appelle à faire un pas de plus. C’est l’expérience concrète du Seigneur nous qui rejoint dans la prière, l’oraison, l’adoration, la lectio Divina, la louange… Une expérience qui change la vie : le regard de Jésus posé sur nous, plein d’amour et de tendresse, un regard qui ne nous juge pas mais qui nous appelle à accueillir la vérité de notre propre vie pour ensuite suivre Jésus. Tu es aimé, au-delà de tout, infiniment aimé de Dieu et son Amour donne la vraie joie, car il est la source d’Amour.

Jésus nous aime bien avant de nous demander quoi que ce soit, avant de nous demander un parcours qui engage.  Jésus se dit : « Si vraiment ce jeune veut la vie éternelle, il peut alors faire quelque chose de plus grand, dépasser les règles, avoir de l’audace ». Jésus est sur le point de tout laisser. Alors, Jésus appelle le jeune homme à faire ce sauf de la confiance en Dieu : « Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. »

Le sourire s’éteint sur le visage du jeune homme ! Non, il ne le sent pas. Il refuse de lâcher prise. Il veut tout garder et contrôler la situation. Il veut aussi garder sous contrôle sa propre foi.  Il se dit : « C’est trop ce Jésus me demande. C’est réservé à une élite, aux religieux, aux saints ! N’exagérons pas ! » Il s’en va, triste. Quel dommage ! Ce n’est pas un happy-end, comme dans les films romantiques.

Jésus nous aime d’un amour fou mais nous avons du mal à tout lâcher pour lui.  Il a tout donné pour nous mais nous n’arrivons pas à lâcher priser pour lui, à abandonner un peu de toutes ces richesses matérielles, affectives, intellectuelles (qu’il nous a donné d’ailleurs) qui nous bloquent et nous empêchent de le suivre. On peut être chrétien sans véritablement être disciple du Christ.

Dans une formation, on nous rappelait que dans l’Eglise en général, et en France en particulier, nous avons des chrétiens de culture, de tradition… mais qui ne sont pas devenus disciples du Christ. L’ex-président, Nicolas Sarkozy lors d’une émission télé, disait récemment que, lui, le chrétien de culture et de tradition, pas pratiquant, savait pourtant que la personne la plus importante qu’il aimerait avoir à sa table, c’est Jésus Christ.

Quand pourrons suivre le Seigneur pour celui qu’il est vraiment, et pas seulement pour ce qu’il nous donne. La foi à quelque chose de commun avec l’amour ! Pour l’amour d’un homme ou d’une femme, on est capable de prendre de grandes décisions, quitter son pays, son boulot, faire des km… Quand pourrons-nous croire et aimer le Seigneur au point de prendre de grandes décisions qui nous coûtent par amour pour lui ? Fixons notre regard sur Jésus qui nous regarde et nous aime, et demandons-lui la grâce de la confiance, du lâcher prise et de l’abandon à son Amour. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:13:43+01:00

Homélie du Père Justin du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Chers frères et sœurs, l’Évangile que nous avons proclamé nous enseigne avant tout que recevoir la vie éternelle c’est entrer dans une relation personnelle avec le Seigneur, une relation autonome, volontaire, de personne à personne.

Cette relation est appelée à croître dans l’éternité dans une joie parfaite, dans un bonheur infini.

Et cette relation commence avec l’observance des commandements, elle commence et recommence avec cette observance. Quand nous nous sommes attiédis, quand nous nous sommes éloignés du Seigneur, nous retournons à Lui en redoublant de zèle dans l’observance de ses préceptes.

La relation avec le Seigneur ne peut commencer ni recommencer sans l’observance de ses commandements.

Cependant la relation avec Lui ne se réduit pas à cela, la relation continue et se développe quand nous le considérons comme le bien suprême, quand nous vivons nos joies et nos peines avec Lui, quand nous le suivons dans toutes ses voies jusqu’à avoir part à sa mission, quand nous avons part à toute son existence…

L’homme que nous rencontrons dans cet Évangile, qui nous est décrit comme possédant beaucoup de biens, manifestement connaît les commandements mais il ne les connaît pas encore comme relation avec le Seigneur.

Il les connaît comme relation avec ses parents, certainement, depuis son enfance, pour leur obéir ou leur plaire, et il les connaît comme relation avec les autorités religieuses.

Mais il ne les connaît pas comme base d’une relation entièrement personnelle avec Dieu, comme commencement d’une relation unique qui est entièrement à découvrir.

C’est cette découverte que le Seigneur lui faire faire avant tout.

Le don de la vie éternelle est un don gratuit que l’on accueille dans une relation filiale qui se développe dans le don de soi. C’est tout nouveau pour cet homme ! Et le Seigneur lui demande de vendre tous ses biens…

Il faut bien comprendre ce que fait le Seigneur. Il fait en sorte que cet homme voit ces biens comme ses propres biens, puisqu’il peut en disposer, les vendre et en distribuer le prix.

Jusqu’à ce moment ces biens pour lui étaient des réalités purement familiales, comme pour les commandements. Il en jouissait comme d’une part qui était la sienne au sein d’une propriété familiale.

A présent il prend conscience que ces biens sont à lui, et ce faisant il prend possession de lui-même, il prend conscience de lui-même et notamment de ses limites, de ses faiblesses.

Il entre dans la tristesse mais cette tristesse n’est pas négative. Elle n’est pas stérile.

Il est vrai que la rencontre avec le Seigneur a comme caractère la joie. Mais cette joie – nous devons nous en souvenir – est toujours précédée d’une tristesse, d’une pesanteur, d’une difficulté existentielle.

C’est le moment de la vérité. Nous prenons conscience de nous-mêmes et du monde qui nous entoure, dans notre jeunesse ou à d’autres moments de notre vie, lors de tournants de notre vie.

Nous avons alors comme cet homme la possibilité de voir et de choisir le monde avec ce qu’il nous propose et de nous étourdir avec lui, ou bien de choisir la relation personnelle avec Dieu, en partageant tous les moments de notre vie avec Lui.

Il faut bien comprendre que pour cet homme tout est possible, rien n’est encore décidé. Le Seigneur fait en sorte qu’il se possède lui-même de manière à pouvoir se donner lui-même dans la vérité.

Tout est ouvert. Peut-être vendra-t-il tous ses biens pour les donner aux pauvres, ou les conservera-t-il pour les donner en aumônes ponctuelles durant toute son existence… Il est libre, et sans cette liberté il ne pourrait pas exister de relation véritable avec notre Seigneur.

Il est libre notamment de conserver ses richesses.

Nous devons faire attention à ne pas mésinterpréter les paroles du Seigneur quand il dit qu’il est impossible pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu.

Le Seigneur n’est pas du tout en train de déclarer que les biens de ce monde sont mauvais et qu’il faut les mépriser pour entrer dans son Royaume.

Lui s’est fait l’un de nous, dans sa vie, sa mort et sa résurrection. Il s’est uni réellement et mystérieusement à toute la Création, à tous les biens quels qu’ils soient, d’abord comme Créateur et ensuite et surtout comme Rédempteur.

Il ne peut en aucune manière nous faire voir les biens de monde par eux-mêmes comme mauvais ou suspects.

Quand il dit qu’il est aussi difficile pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu que pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille, il parle vraiment d’un riche.

Il ne parle pas de quelqu’un qui devrait se débarrasser de tous ses biens, mais de quelqu’un qui conserve tous ses biens et entre dans le Royaume de Dieu.

Il entre dans le Royaume de Dieu avec tous ses biens, c’est-à-dire qu’il entre dans une relation personnelle avec le Seigneur, à part entière, comme fils ou fille de Dieu, avec ses biens et pas sans ses biens.

Tous ses biens entrent à part entière dans cette relation et servent à la croissance du Royaume de Dieu déjà sur cette terre, tout en préfigurant mystérieusement et réellement les biens à venir.

Il ne s’agit absolument pas de se démunir pour se démunir, en aucune manière. Tout est bon, tout est saint, tout est pur. Seul notre regard, notre cœur peuvent receler de l’impureté.

Avec l’œuvre de sa Rédemption le Seigneur a entièrement transfiguré ce monde, les personnes et les biens de ce monde, et cette transfiguration passe par notre libre participation à son œuvre en union avec toute la Création.

Homélie du Père Justin du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:13:21+01:00

Homélie du Père Clément du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Frères et sœurs en Christ,

Les textes de ce jour nous invitent à une réflexion sur ce qui compte vraiment dans la vie, sur ce que nous devons rechercher avec tout notre cœur et notre esprit. La question du bonheur traverse toute l’histoire humaine. Chaque époque, chaque culture, chaque société cherche à définir ce qui rend l’homme heureux. Pourtant, il existe une vérité fondamentale : le bonheur véritable ne se trouve pas dans les choses éphémères, mais dans la relation intime avec Dieu et dans l’amour du prochain. Les lectures de ce dimanche nous éclairent sur les clés du vrai bonheur selon l’Évangile. J’en trouve trois que je voudrais proposer à notre méditation.

  • La sagesse : clé première du bonheur

Dans la première lecture, le Livre de la Sagesse (Sg 7,7-11) nous présente le roi Salomon, qui préfère la sagesse à toutes les richesses du monde. Il dit : « Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse. » Cette sagesse, que Salomon considère plus précieuse que l’or et l’argent, est une connaissance intime de Dieu. C’est la première clé du bonheur évangélique.

Saint Augustin nous rappelle la nature du vrai bonheur lorsqu’il dit : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi. » Le bonheur authentique n’est possible que dans la quête de Dieu, qui seul peut combler les aspirations profondes de notre âme.

  • Le détachement : libérer son cœur pour le bonheur véritable

L’Évangile (Mc 10,17-30) nous présente un jeune homme riche qui cherche la vie éternelle mais qui s’en va tout triste, incapable de se détacher de ses biens matériels. Jésus ne condamne pas la richesse en elle-même, mais il met en garde contre l’attachement aux biens matériels qui empêche d’atteindre le bonheur véritable.

Saint François d’Assise, qui a tout abandonné pour suivre le Christ, déclare : « Ce que nous laisse la pauvreté volontaire est riche, très riche. Le Seigneur nous offre les cieux si nous rejetons les biens terrestres. » Le détachement est la deuxième clé du vrai bonheur, car il libère le cœur pour se donner pleinement à Dieu et à ses frères.

  • L’amour de Dieu et du prochain : chemin vers la joie éternelle

La deuxième lecture (He 4,12-13) nous rappelle que « la parole de Dieu est vivante, plus coupante qu’une épée à deux tranchants. » Cette parole éclaire nos cœurs, nous appelle à l’amour véritable, celui de Dieu et de notre prochain. Saint Jean de la Croix affirme : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour. » Cet amour désintéressé est la source du bonheur véritable. C’est la troisième clé.

Jésus lui-même nous enseigne que « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35). C’est dans le don de soi, dans le service du prochain, que l’homme trouve la vraie joie. Saint Vincent de Paul, apôtre de la charité, disait : « Si Dieu est le centre de ta vie, nul besoin de chercher le bonheur ailleurs. »

Vendredi dernier à la belle soirée de témoignage des jeunes à Tournefeuille, les organisateurs ont mis sur l’écran une belle phrase du Bienheureux Carlo ACUTIS : « Le bonheur c’est d’avoir le regard tourné vers Dieu. La tristesse c’est d’avoir le regard tourné vers soi-même ».

Le bonheur évangélique : une quête intérieure et divine

Le psaume 89, que nous chantons aujourd’hui, résume parfaitement ce chemin vers le bonheur : « Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants. » Le bonheur véritable, la joie durable, ne peuvent venir que de Dieu.

Saint Thomas d’Aquin nous enseigne que : « L’homme ne peut pas vivre sans joie ; c’est pourquoi quelqu’un privé de la joie spirituelle ira chercher la satisfaction dans les plaisirs terrestres. » C’est en mettant Dieu au centre de nos vies que nous expérimentons cette joie spirituelle, plus profonde et durable que toutes les satisfactions matérielles.

J’aime bien cette belle expression du P.Guy Gilbert, le prêtre des loubards comme on l’appelle : « Vivez de telle façon qu’à votre seule manière de vivre, on puisse croire qu’il est impossible que Dieu n’existe pas ».

Application concrète : comment vivre ce bonheur ?

Frères et sœurs, dans notre monde moderne, on nous propose une multitude de voies pour atteindre le bonheur : la réussite professionnelle, la possession de biens, le prestige social. Mais l’Évangile nous rappelle que le vrai bonheur ne se trouve pas dans ces biens éphémères.

J’ai trouvé très beau un texte que j’ai déjà utilisé dans une homélie en Afrique il y a quelques semaines. L’auteur est inconnu. Ce texte dit ceci… souffrez que je vous le lise :

Texte :L’argent n’est pas tout dans la vie:

 

L’argent peut acheter une maison…… mais pas un foyer.

L’argent peut acheter un lit,………….. mais pas le sommeil.

L’argent peut acheter une horloge,………….. mais le temps.

L’argent peut acheter une position,……………. mais pas le respect.

L’argent peut acheter du sang,………….. mais pas la vie.

L’argent peut acheter le plaisir,…………… mais pas l’amour.

L’argent peut acheter un spectacle,…………… mais pas la joie.

L’argent peut acheter un esclave,…………. mais pas un ami.

L’argent peut acheter une femme, ………….mais pas une épouse.

L’argent peut acheter des aliments,………….. mais pas l’appétit.

L’argent peut acheter des médicaments,……….. mais pas la santé.

L’argent peut acheter des diplômes,……… mais pas la culture.

L’argent peut acheter des gardes du corps,…… mais pas la sécurité.

L’argent peut acheter des livres,………… mais pas l’intelligence.

L’argent peut acheter des tranquillisants,……….. mais pas la paix.

L’argent peut acheter des indulgences,……….. mais pas le pardon.

L’argent peut acheter la terre, ………….mais pas le ciel.

 

Saint Jean Chrysostome disait : « Nous ne possédons rien dans ce monde, ni maison, ni terre, ni bien : tout cela est étranger à notre nature. Le seul vrai bien est de rester attaché à Dieu. »

Chacun de nous peut se poser ces questions essentielles :

  • Où est mon trésor ? Dans les choses matérielles ou dans ma relation avec Dieu ?
  • Est-ce que je suis prêt à tout laisser pour suivre le Christ, comme il l’a demandé à l’homme riche ?
  • Est-ce que je vis dans le détachement, en servant les autres avec un cœur libre et généreux ?

Conclusion : le bonheur est en Dieu seul/ Pour conclure, chers frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous donner cette sagesse qui ouvre les portes du vrai bonheur. Que sa Parole vivante transforme nos cœurs et nous apprenne à aimer comme Lui aime. Le bonheur véritable ne se trouve pas dans ce monde, mais dans l’union avec Dieu et le service du prochain.

Comme le dit si bien Saint François de Sales : « Dieu seul suffit pour notre bonheur. »

Ce beau texte de Mère Térèsa pour conclure :La vie est la vie

 

La vie est beauté, admire-la
La vie est félicité, profites-en.
La vie est un rêve, réalise-le.
La vie est un défi, relève-le.
La vie et un devoir, fais-le.
La vie est un jeu, joue-le.
La vie est précieuse, soigne-la bien.
La vie est richesse, conserve-la.
La vie est amour, jouis-en.
La vie est un mystère, pénètre-le.
La vie est une promesse, tiens-la.
La vie est tristesse, dépasse-la.
La vie est un hymne, chante-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, lutte avec elle.
La vie est une aventure, ose-la.
La vie est bonheur, mérite-le.
La vie est la vie, défends-la.

 

Que la Vierge Marie, modèle de détachement et d’amour, nous aide à chercher le bonheur là où il se trouve réellement : dans l’union avec son Fils, dans l’amour et le service du prochain.

Amen.

Clément M. BONOU,fi.

Homélie du Père Clément du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:12:39+01:00

Homélie du Père Joseph du XXVII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis quelques années, et surtout depuis le pape François, qui a publié l’exhortation apostolique « Amoris Laetitia » ou (La Joie de l’Amour), l’Eglise catholique porte une attention particulière aux couples séparés, divorcés, recomposés, ceux qui, après un divorce ou une séparation se sont reconstruits affectivement en commençant une nouvelle relation de manière plus ou moins stable. Ces formes de vie sont regroupées, canoniquement parlant, autour d’une expression, un peu malheureuse à mon avis !

On parle de situations matrimoniales « irrégulières ou difficiles ». En admettant le fait que derrière un amour qui finit, qui ne réussit pas à trouve une stabilité à l’intérieur de la société civile ou religieuse il puisse y avoir des difficultés et une série des souffrances qu’on n’a pas su dépasser, je me demande toujours quel est le critère de régularité ! Moi-même, pasteur de mon état, j’ai un peu de mal définir « régulière » la vie affective d’un couple ou d’une personne et « irrégulière » telle autre, parce que je ne sais pas toujours ce qui se passe dans la vie d’un couple. Notons au passage que chaque couple est unique, et lorsque l’on creuse un peu, nous nous rendons compte de la complexité de la vie de couple, surtout de nos jours !  En cas, je ne pense pas que la régularité, le bonheur et moins encore la sainteté d’une vie à deux soient donnés par un certificat religieux conservé depuis des années !

Rendons grâce au Seigneur pour tous les couples qui, entre mille difficultés, problèmes et épreuves, ont eu la grâce de conserver intact lien du mariage ! Essayons de dépasser la mentalité qui considère comme un problème, une difficulté ou une chose irrégulière la vie affective de ceux qui n’ont pas eu cette grâce, ou qui n’ont pas réussi à la conserver. Tout en dénonçant notre société qui n’aide pas à tenir le lien du mariage dans la durée, nous savons cependant que derrière certaines séparations il y a souvent des abus, de la violence, le manque de respect, des trahisons… et beaucoup de blessures. Ces sujets sont très délicats, et il est parfois plus facile de ne pas en parler.

Il y a une quinzaine d’années, lors d’une messe des familles dans une paroisse où je venais d’être nommé comme vicaire, il y avait ces mêmes lectures. Les catéchistes m’avaient alors proposé changer les textes, pour prendre des lectures plus douces et moins traumatisant pour les enfants et les parents présents et qui étaient pour la plupart dans ces situations dites « irrégulières ».  On ne peut pas changer la Parole de Dieu simplement parce qu’elle touche là où ça fait mal ou quand elle met le doigt sur nos difficultés !

Les lectures de ce dimanche, avant même de parler de problème et difficultés, nous rappellent que la vie de couple, le mariage est d’abord et avant tout une très bonne nouvelle et fait partie du plan de Dieu. En témoigne l’émerveillement d’Adam quand Dieu lui amène Eve : « Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, il façonna une femme et il l’amena vers l’homme. L’homme dit alors : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme – Ishsha –, elle qui fut tirée de l’homme – Ish. »  À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. » Rappelons sans cesse, malgré la crise, et parce qu’il y a crise, que le mariage, la famille est une très bonne nouvelle pour l’Eglise et la société. C’est dommage qu’on parle du mariage seulement en termes de crise ou de problème.

Le plus important de ce texte, c’est la mise en valeur de la beauté du couple, de deux personnes créées différentes mais complémentaires : complémentaires malgré leur différence, deux personnes faites l’une pour l’autre pour s’entraider de manière harmonieuse, devenant une seule chair, chair de sa propre chair et os de ses propres os parce qu’entre ces personnes il y a quelque chose de grand qui les unit et qui s’appelle l’Amour. J’aime bien les animaux, mais aucun animal, même le plus fidèle des animaux de compagnie ne te donnera l’Amour que te donne une épouse ou un époux.

La Genèse relit la vie de couple à la lumière d’une situation originelle d’un homme et une femme qui vont passer graduellement de l’attirance réciproque en amitié, puis en affection, puis en amour, laissant le père et la mère pour former une unité et une communion profonde de cœur, de corps et d’esprit.

Telle est la nature du mariage, aujourd’hui encore et toujours. C’est ce que Jésus le rappelle aux pharisiens : « au commencement de la création » Dieu l’avait prévu ainsi. Tel est le projet originel de la création : que les deux soient une seule chair, une seule fragilité et une seule faiblesse, ou mieux encore, deux faiblesses et deux fragilités qui, mises ensemble, sont capables de donner solidité à la vie de couple. On n’épouse pas un ange tombé du ciel, mais un être fragile comme nous, et nos fragilités acceptées et mises ensemble deviennent une force. C’est cela la bonne nouvelle du mariage malgré les épreuves et la crise.

En couple, en famille, en Eglise, dans toute société, il faut des normes ! Evidemment ! On ne peut vivre dans une société sans normes. Mais n’oublions jamais que la norme, la loi par excellence, c’est l’Amour. Seulement l’amour peut t’aider à ne pas transformer celui ou celle que tu as aimé en ennemi à écraser au tribunal, lorsque malheureusement, il vous semble que, malgré tous les efforts, il n’est plus possible de continuer votre vie à deux.  La guerre lors des divorces et séparations sont l’œuvre du Malin qui veut tuer l’amour dans notre cœur.

Dans cet évangile, Jésus nous rappelle que par-dessus tout, nous devons être très attentifs à nos enfants. L’amour et le bonheur des enfants doit être la priorité et le critère de nos décisions ! Pour faire souffrir son ex, l’enfant devient le jouet de nos rancœurs, de nos jalousies et notre guerre morbide. Ecoutons Jésus nous redire dans cet évangile « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »   Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains. »

Un enfant ne se demande pas si papa ou maman sont régulièrement mariés à l’église : il se demande seulement si ses parents l’aiment. Un enfant ne demande pas si la maman et le papa ont toujours été une seule chair et un seul esprit : il désire seulement que ses parents l’aiment, et si ses parents s’aiment, c’est encore mieux pour lui et pour toute la société.  En rendant grâce pour la bonne nouvelle du mariage et de la famille, nous prions aussi pour eux qui sont éprouvés et blessés dans leur vie de couple.  Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXVII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:12:12+01:00

Homélie du Père Joseph du XXIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Jésus se trouve dans un moment de calme et d’intimité avec ses disciples. Ils sont loin des dérangements et des bruits. C’est dans ces moment d’intimité qu’il est possible de poser les questions importantes, celles qui touche le cœur, pas celles que nous pouvons poser devant la télé, entre deux coups de téléphone, entre deux épisodes de votre série préférée ou à la mi-temps d’un match de foot ou de rugby. Certaines questions exigent d’être posées dans un cœur à cœur, en toute intimité avec un ami, son enfant, ses parents, son amoureux !

Au cours de ce cœur à cœur, Jésus pose une question décisive dont dépendra tout le reste : la foi, les choix, la vie… ! Il ne s’agit pas de faire un sondage d’opinion auquel les réponses sont multiples, prenant Jésus pour Jean-Baptiste, Elie ou un autre prophète passé. La question de Jésus exige une réponse qui vient du coeur « Et vous, que dites-vous ! » Parlez-moi de vous, pas des autres ! La question commence par « Et vous ! » Ne vous contentez pas d’une foi par oui dire, par tradition. « Et vous qui avez abandonné vos barques, avez tout quitté pour me suivre, vous qui avez cheminé avec moi depuis trois ans, que j’ai choisis un à un… qui suis-je pour vous ? »

Cette question est le cœur de foi chrétienne : qui est Jésus pour toi ? Jésus ne cherche pas des paroles mais des personnes, pas des définitions de soi mais une implication de soi. Qu’est-ce qui a changé en toi lorsque je t’ai rencontré ? C’est comme les questions que se posent les amoureux : « quelle place ai-je vraiment dans ta vie, combien je compte pour toi ? » et à l’autre de répondre : « tu es ma vie, mon trésor, mon oxygène, mon homme, la femme de ma vie, mon amour… »  A ce type de question, tu ne répondras pas par ce que les gens racontent de votre relation mais ce que tu penses et vis au plus profond de toi. De même, Jésus n’a pas besoin de l’opinion de Pierre pour avoir des informations, pour savoir s’il est plus fort des prophètes d’avant, mais pour savoir si Pierre lui a réellement ouvert son propre cœur.

Le Christ est vivant seulement s’il est vivant en nous. Notre cœur peut être le berceau ou le tombeau de Dieu, berceau qui prend soin de la vie et voit grandir Dieu dans notre maison, ou alors la tombe où Dieu en nous. Le Christ n’est pas ce que je dis de lui mais ce que je vis concrètement de lui. Il n’est pas mes paroles, mais ce que de lui rend ma vie ardente. La réponse à la question de Jésus exige l’implication personne, comme l’apôtre Thomas qui, huit jours après la résurrection, s’était mis à genou devant le Ressuscité en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Ce « mon » n’indique pas la possession, mais la passion, non pas une appropriation mais l’appartenance. Mon Seigneur ! Mon, comme ma respiration sans laquelle je ne peux vivre, comme mon cœur sans lequel je suis sans vie !

La réponse est collégiale, collective, unanime dans le contenu exprimé par Pierre au nom de tous : « Tu es le Christ », ça veut dire, tu es le Messie, le Consacré, l’Oint, l’Envoyé du Père. Après avoir accueilli cet acte de foi des apôtres, Jésus peut maintenant s’ouvrir librement à ses disciples, leur parler sans métaphore de ce qui l’attend, c’est-à-dire, de sa passion et sa mort en croix prochaine. Il ne pouvait pas le confier à ses disciples s’il n’avait pas préalablement reçu cet acte de foi et cette confiance de leur part. On ne peut s’ouvrir, confier les secrets de sa vie à des gens en qui l’on n’a pas confiance. Dieu ne peut se révéler véritablement à nous, toucher notre cœur, nous faire faire une expérience profonde de sa présence et de son action que s’il voit que notre foi n’est pas que de façade ou par oui dire. Après l’acte de foi des disciples, Jésus « commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes,
qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite
 » Voilà le Kérygme, l’essentiel de la foi chrétienne.

De même que l’amour est éprouvé, purifié pour grandir, de même la foi est éprouvée, purifiée par les événements parfois douloureux de la vie.  La foi professée par Pierre au nom de tous doit être purifiée dans son cœur, comme nous l’indique la suite de l’évangile. Devant la bouleversante révélation de l’identité du Christ, « Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. » Un disciple qui fait la leçon à son Maître ! C’est absurde alors et toujours. Jésus ne veut pas laisser les disciples dans cette confusion sur sa propre mission. Il faut qu’il clarifie bien les choses. L’évangile nous dit : « Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » En fait, Jésus veut se rassurer que tout le monde comprenne son message pendant qu’il s’adresse à Pierre.  C’est l’occasion pour lui de faire une catéchèse et faire comprendre au mieux ce que signifie pour lui être véritablement son disciple.

Jésus convoque alors la foule et ses disciples et utilise ce langage tellement explicite pour demander une véritable adhésion à sa personne et à sa mission. « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive signifie. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » Suivre Jésus, c’est prendre la croix, c’est donner sa vie pour les autres, c’ouvrir pour s’ouvrir à l’amour, à la joie du don.

Dans la deuxième lecture, saint Jacques nous aide à comprendre cette vocation au service et au don dans la foi. Il nous appelle à passer du « dire » au « faire », des discours au témoignage concret, de la théorie à la pratique qui se fait charité et disponibilité envers les autres. Un chanteur Congolais rappelle que l’amour n’existe pas et qu’il n’y a que des preuves d’amour ! Une chose est de dire qu’on aime, qu’on est croyant,  une autre est de prouver son amour et sa foi  par des actes.  Ainsi, saint Jacques nous écrit : « Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte.  En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres.  Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. ». Cela veut dire que le croyant doit agir en conformité de ce qu’il croit. Nous ne pouvons pas nous contenter seulement de proclamer, annoncer et enseigner. Il est nécessaire d’agir et œuvrer pour le bien des autres pour être crédible.

En cette période de rentrée paroissiale, avec cette nouvelle année pastorale, personnellement comme communauté, nous pouvons nous interroger sur la vérité de notre foi, notre adhésion au Christ : est-elle authentique ou superficielle, de façade, surtout lorsque nous sommes tentés de faire le tri, sélectionnant ce qui nous convient dans la foi, dans les exigences de l’évangile ou de la doctrine, rejetant ce qui ne nous convient pas, comme a essayé de le faire Pierre dans l’évangile au point de se faire traiter de Satan par Jésus. Demandons-nous aussi si notre foi est simplement théorique ou opérante, en parole ou agissant en acte.  Demandons la grâce d’une foi authentique, concrète et agissante.

 

Homélie du Père Joseph du XXIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:11:43+01:00

Homélie du Père Joseph du XXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

En ce moment où nous vivons les jeux paralympiques, nous rappelant que l’être humain ne peut être enfermé dans son handicap, l’évangile de ce dimanche nous parle d’une forme de handicap. La surdité. Dans la vie, le handicap est facteur d’exclusion. D’où notre attention à comment nous vivons l’inclusion avec les personnes porteuses d’un handicap dans nos sociétés et dans nos communautés ecclésiales. Dans l’Ancien Testament, la surdité n’est pas qu’une exclusion sociale.  Être sourd, dans l’AT signifie « exclusion du salut » parce qu’un sourd est incapable d’entendre les messages et appels du salut lancés par les prophètes, les prêtres et autres messagers de Dieu.  Très souvent d’ailleurs dans l’AT, les prophètes accusent le peuple d’Israël d’être sourd, c’est-à-dire, d’être fermé, bloqué aux appels à la conversion.

Isaïe y fait allusion dans la première lecture : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds ». A notre époque et dans nos sociétés, nous sommes sollicités par tellement des choses à faire, de bruits qui nous viennent de partout, rumeurs et opinions venant de la rue, des tous les médias et les réseaux sociaux, la musique à fond, bruits de la circulation automobile…. au point de devenir presque sourds à nous-même,  aux cris de la planète, des nos frères et sœurs en humanité et aux appels de Dieu. Nous sommes parfois incapables d’entendre et d’écouter le désir profond de notre cœur, cette soif profonde qui est en nous et que rien ne peut étancher à part Dieu. Ce n’est pas pour rien que se développe toutes ces méthodes de méditations orientales qui révèlent à la fois le déficit mais aussi notre besoin profond d’apprendre à s’écouter soi-même, écouter son propre corps, son être profond.

Le protagoniste de l’évangile est un sourd. On parle, à défaut qu’un c’est un sourd muet mais ce n’est pas exactement ça. Il est sourd parce qu’il n’entend pas, mais il n’est pas totalement muet. « Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler ». Il a juste du mal à articuler, à communiquer correctement, à se faire comprendre. Ne pas entendre et ne pas se faire comprendre, signifie avec beaucoup de difficulté à entrer en relation. Un sourd-muet risque de s’enfermer sur soi-même, sur son handicap et se couper du monde extérieur. Combien des gens aujourd’hui se coupent des autres pour ne pas s’exposer, surtout quand on porte un handicap, un défaut physique…, aussi parce que les autres peuvent être impitoyable et horrible. Essayez de demander aux élèves du primaires, collège ou lycées. En ce période de rentrée scolaire, on parle de harcèlement scolaire ! Si nous sommes porteurs d’un quelconque handicap (et rassurez-vous, nous en avons tous un, visible ou invisible !), cet évangile de ce dimanche nous rappelle que Jésus veut nous sortir de l’exclusion, de l’isolement par sa main qui nous touche ouvrir nos oreilles et délier nos langues.  Jésus veut nous mettre en relation, avec son Père et avec les autres. C’est le sens de la religion qui veut dire relier, mettre en lien avec Dieu et avec les autres. Le salut, le vrai bonheur, dépend fondamentalement de la qualité de relation que nous arrivons à tisser avec Dieu et les autres. Quelqu’un d’isolé, sans ami ni relation ne peut être véritablement heureux.

Au temps de Jésus, le salut était conçu par rapport à Jérusalem. Les juifs de Jérusalem étaient de facto considérés comme sauvés car résidants de la ville sainte.  Pensons aux avantages des Parisiens par rapport aux les provinciaux ! Plus on s’éloignait de Jérusalem, plus on s’éloignait du salut.  Rien de vraiment bon au-delà de Jérusalem ! Au-delà du périphérique, rien de bon ! Au-delà de Tournefeuille, de Lardenne, de Plaisance, de Saint Simon, de La Salvetat, il n’y plus grand-chose ! On est les meilleurs ! Plusieurs villages en France se réclament comme étant le vrai centre de la France ! C’est le chauvinisme !

Jérusalem était comme le centre du monde. Ceux qui habitaient dans les villes païennes étaient condamnés d’avance car il y avait chez eux un mélange culturel pas orthodoxe, pas du goût des Scribes et Pharisiens. Alors, habiter la Décapole (les10 villes situées au-delà de la Samarie), cela signifiait qu’on était complétement perdu. C’est pourtant là, chez les païens, ceux qui sont condamnés a priori que va Jésus pour commencer sa mission. Oui, la mission, pour les chrétiens est une option préférentielle pour ceux qui sont exclus : les pauvres, les malades, les prisonniers, les sourds et les muets, porteurs de handicap, ceux qu’on peut facilement abandonner en chemin parce que fragiles matériellement, humainement, socialement, intellectuellement, pastoralement.  « Je suis venus pour les pauvres, les malades, dit le Seigneur ! »

La guérison du sourd-muet provoque l’action de grâce du peuple : « Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. » Jésus les sauve au moment où ils s’y attendaient le moins. Dans la vie, seuls les gens qui n’attendent pas à un cadeau savent remercier et reconnaître valeur de ce qui leur est donné. La foi chrétienne nous redit que nous ne méritons pas ni salut ni l’amour de Dieu. C’est donné gratuitement, comme ce sourd-muet sauvé de manière inattendue par le Christ.

Un autre élément de cet évangile qui m’a touché est le fait que le sourd-muet était conduit et porté à Jésus par d’autres personnes. « Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, et supplient Jésus de poser la main sur lui. »  Un rappel que nous avons toujours besoin des autres pour être conduit au Christ, pour entendre parler du Christ. L’Eglise, est une famille, une grande communauté où nous avons des frères et des sœurs qui nous conduisent au Christ. Un chrétien qui se coupe des autres, qui vit sa foi sans les autres, dans la solitude (« je suis croyant mais pas pratiquant !!! je n’ai pas besoin de la communauté pour prier, pour croire »), orgueilleux et solitaire coure un grand risque. Que le Christ nous guérisse l’orgueil spirituel et pastoral quand nous croyons tout savoir, pouvoir tout faire tout seul, sans besoin d’aide des autres. La fermeture aux autres, à la communauté est la grande surdité dont Jésus veut nous guérir en cette période de rentrée pastorale.

Pour terminer, je vous invite à l’action de grâce, à la louange, comme ce peuple qui crie : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets ! » Nos contemporains ont besoin d’entendre notre témoignage de ce que Dieu fait pour nous afin de le suivre et lui ouvrir leurs cœurs. Le monde retrouvera le Seigneur s’il retrouve des chrétiens missionnaires qui croient et qui témoignent de leur foi, de la joie de l’évangile. Seigneur, guéris-nous de nos surdités pour écouter ta Parole, entendre les cris de joie et de souffrance nos frères et sœurs ! Délie nos langues, pour te louer, pour dire du bien des autres, pour te bénir et témoigner de la Joie que tu nous donnes.  Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:11:22+01:00

Homélie du Père Joseph du XXII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains ». Avec cette citation du prophète Isaïe, Jésus nous renvoie nous ouvre son cœur et invite chacun de nous à regarder son propre cœur pour vérifier, si mon cœur est petit ou grand, large ou étroit, fait de chair, sensible ou dur comme une pierre.  Jésus me demande de regarder objectivement et en vérité ce qui sort de mon propre cœur, quels sont mes désirs les plus profonds, quelles questions sont fondamentales pour moi car elles sont au cœur de ma vie.

Tout est parti du comportement des disciples, un agir qui scandalise et choque les scribes et les pharisiens car il est contraire à la tradition. La polémique tourne autour de l’halakah, c’est-à-dire la pratique des préceptes et prescriptions reçus de la tradition, et en l’occurrence, le fait que les disciples prennent leur repas (littéralement manger des pains) sans se laver les mains, c’est-à-dire avec des mains impures. Je pense l’époque du Covid 19 et actuellement à la variole du singe dont l’épicentre est la RDC. Très facile d’attraper cela si l’on est en contact avec quelqu’un qui l’a.  Il faut éviter les contacts physiques, se laver les mains… Il s’agit ici d’hygiène. Là, je fais de l’anachronisme qui ne veut pas dire que ceux qui respectent ou appellent à respecter les mesure barrières sont des scribes et pharisiens, car dans ce cas, j’en fais partie.

En réalité, la Loi de Moïse exigeait ces ablutions rituelles des mains seulement aux prêtres, surtout lorsqu’ils offraient le sacrifice. (Ca fait penser au lavabo du prêtre, quand il se lave les mains après la préparation de l’autel pendant la messe).Mais au temps de Jésus, il y avait quelques mouvements des radicaux. Des radicaux, il y en a à toutes les époques, comme aujourd’hui et dans tous les domaines : nous avons des radicaux politiques de gauche comme de droite, des radicaux écolo, des radicaux économiques, des radicaux en morale, des radicaux religieux… et il y a même des radicaux dans l’Eglise, plus catholiques que le pape ! Ces radicaux du légalisme religieux multipliaient les prescriptions de la Loi, avec une particulière obsession autour du thème de la pureté.

Jésus lui était totalement libre et laissait ses disciples libres de ces observances qui n’avaient pas été demandées par Dieu, faisant une distinction entre ce qui est la volonté de Dieu et ce qui est une coutume humaine, forgée par des hommes qui se déclarent fidèles au Dieu d’Israël. Ces radicaux religieux appellent « tradition » tout ce qu’ils onteux-mêmes inventé et mis en place au cours de l’histoire. Ildénonce cette hypocrisie de la distance entre leur adhésion des lèvres à Dieu et leurs cœurs totalement éloignés de Dieu.  Ces scribes et pharisiens allaient très fréquemment au culte, célébraient chaque semaine le Shabbat, assidus à la liturgie, bref, ils étaient extérieurement très croyants. Il leur manquaitcependant une authentique adhésion du cœur, celle qui exige que l’on vive et agisse en cohérence avec ce que nous disons en parole. Jésus nous disait de nous méfier d’eux car ils disent mais ils ne font pas.

Croire et adhérer au Seigneur, c’est l’aimer vraiment et aimer son prochain. Saint Paul nous dit dans son « l’hymne à l’Amour », dans sa première lettre aux Corinthiens que j’ai beaucoup entendu lors des mariages célébrés cet été que c’est la Charité, vertu théologale qui est le critère ultime de vérification de ce qui est dans notre cœur, et non pas ces prescriptions que les scribes et pharisiens objectent à Jésus et à ses disciples en parlant de nourriture impure, des mains impures et des personnes impures avec lesquelles nous pouvons entrer en contact.

 Demande-toi s’il ne t’arrive pas de considérer certaines personnes comme impures, à mettre à part, avec qui il ne faut pas se mélanger parce que qu’elles ne font pas les choses comme tu le voudrais, parce que vous n’avez pas la même sensibilité politique, idéologique, ou pour des raisons sociales,philosophiques, sanitaires, religieuses ? Jésus nous invite à ne jamais traiter un frère ou une sœur d’impur, et cela interrogema manière de regarder et de traiter ceux qui m’entourent. Dans la vie, il y a un « toucher les autres » qui craint et fait mal, comme celui des scribes et des pharisiens, et un toucher qui aime et qui sauve, comme celui de Jésus. Comment touchons-nous les autres, comment regardons-nous les autres ?Je pense souvent aux personnels soignants ! La manière de toucher un malade, de le regarder réconforte ou provoque l’angoisse. En ayant peur d’eux, en les écartant, en les traitant d’impurs comme les scribes et les pharisiens, ou en les accueillant, en les aimant comme le Seigneur ?

Jésus nous laisse libre ! La liberté est bien le grand thème qui est au cœur de l’évangile. En cette période rentrée, je pense à la communauté que nous formons. La paroisse, la communauté, c’est ce lieu dans lequel rien et personne ne peut nous rendre impur, lieu où rien et personne ne peut être considéré comme exclu, car chacun devrait trouver sa place au sein de la communauté.  N’oublions jamais qu’un scribe et un pharisien peut se cache en chacun de nous. Jésus nousrappelle que le premier des commandements c’est aimer Dieuet son prochain comme soi-même.

Jésus nous rappelle l’importance du cœur ! C’est du fond de notre cœur que sortent les intentions mauvaises. Le cœur est le centre des décisions et des sentiments. Le cœur est le centre des intentions, pensées, sentiments et Jésus nous dit que peuvent être mauvais. Jésus dit dans l’évangile : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses :  inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.  Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. » 

Il nous arrive tous de pécher par intention, en pensées. Mes intentions mauvaises, je peux certes les cacher à tout le monde, mais Dieu sait et voit tout ce qui se passe dans mon coeur, tout ce qui pollue mon âme appelée pourtant à être sa demeure. Imaginez que quand on laisse ces intentions et pensée mauvaises s’entasser dans notre cœur, c’est comme quelqu’un qui laisse le désordre et la poussière, la saleté s’entasser dans sa maison au point que nos amis n’ont plus envie de se faire inviter chez nous à cause de cette poussière et mauvaises odeurs que dégage notre maison !

De la même manière, Dieu n’a plus envie d’habiter dans mon âme polluée par mes pensées et intentions mauvaises, cette rancœur que je laisse grandir, cette jalousie que je nourrie envers les autres. Le Seigneur nous connait plus intimement que nous même. Il sait de quoi nous sommes pétris. Il nous aime, non pas parce que nous sommes des gens bien, vertueux, pour nos qualités, mais bien parce qu’il est Amour et veut nous sanctifier si nous lui ouvrons notre cœur en lui demandant de le purifier par sa présence.

Puisse l’eucharistie que nous célébrons aujourd’hui nous donner la grâce d’un cœur pur et d’une âme purifiée de tous ses sentiments, pensées et intentions qui risquent de nous polluer. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:10:50+01:00
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