Chers frères et sœurs, chers invités, autorités de notre commune, services de sécurité, anciens combattants, et membres des associations civiles,
Nous sommes réunis aujourd’hui dans cette église de Plaisance du Touch pour commémorer un moment crucial de l’histoire de la France : l’Armistice du 11 novembre 1918. Ce jour marque la fin d’un conflit dévastateur, la Première Guerre mondiale, qui a coûté la vie à des millions de personnes. Nous célébrons également la mémoire de Saint Martin de Tours, un homme dont la vie est un exemple lumineux de charité et de paix.
I. L’Appel au Service et au Sacrifice/ L’Évangile selon saint Matthieu nous rapporte les paroles de Jésus : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). Ce message nous interpelle sur notre capacité à voir le visage du Christ en chaque personne, surtout les plus vulnérables.
Saint Martin de Tours illustre magnifiquement cet enseignement. Soldat de l’armée romaine, il rencontra un jour un pauvre homme transi de froid. N’ayant rien à lui donner, il découpa son manteau en deux et en donna une moitié au mendiant. Cette nuit-là, il eut une vision du Christ lui disant : « Martin, encore catéchumène, m’a couvert de ce vêtement. » Cet acte de compassion est devenu un symbole universel de charité.
Le pape Benoît XVI a dit : « La véritable révolution consiste seulement à se tourner vers Dieu, qui est la mesure du juste et du bien. » Nos anciens combattants, par leur sacrifice, ont œuvré pour une cause qui les dépassait, celle de la paix et de la justice.
II. Le Service du Prochain : Une Voie Vers la Paix/ La paix n’est pas simplement l’absence de guerre, mais un effort constant pour promouvoir le bien commun. Comme le disait le pape Jean-Paul II : « La paix est un bien indivisible. Ou elle est le bien de tous, ou elle ne l’est pas. »
En cette journée, nous sommes appelés à réfléchir sur notre rôle dans la construction d’un monde plus juste. Mère Teresa nous rappelle : « Si nous n’avons pas de paix, c’est parce que nous avons oublié que nous nous appartenons les uns aux autres. » Chaque geste de solidarité, chaque action de justice contribue à édifier cette paix durable.
J’ai été très émus, il y a quelques mois en février dernier quand j’étais sur l’ile de la Corse, en participant à la commémoration du naufrage de la Sémillante au large de Bonifacio. J’y avais accompagné mon évêque d’alors, le Card. François Bustillo. Vous savez….La Sémillante était une frégate de la marine française du XIXe siècle. Dans son voyage depuis l’arsenal de Toulon vers la Crimée, durant la guerre de Crimée, elle fait naufrage au large des îles Lavezzi. Outre son état-major (de huit officiers), son équipage compte 293 hommes. À son bord, a pris place un détachement de plus de 400 militaires de l’armée (infanterie, artillerie) avec un matériel important (canons, mortiers, munitions, vivres…).Il n’y eut aucun survivant sur les 773 hommes à bord de la Sémillante. 560 corps reposent dans les deux cimetières de l’île, ….. Les autres corps ne seront pas retrouvés.
Pourquoi j’évoque ce fait qui m’a marqué en Février dernier sur l’ile de la Corse où j’ai travaillé pendant plus de 2 ans ?
Parce que je me souviens d’une phrase du bref discours du Maire de la ville de Bonifacio quand il disait : « Ceux qui décident de la guerre, ne sont pas ceux qui meurent à la guerre… ».
Nous commémorons ce jour ceux qui sont morts pour la patrie, prions pour que Dieu nous donne des décideurs dignes.
III. Témoins de Paix dans la Société Actuelle/ Les défis de notre époque, marquée par des tensions sociales, économiques et politiques, nécessitent un engagement renouvelé et constant pour la paix. L’Évangile que nous avons entendu nous rappelle que la mesure de notre foi et de notre humanité se manifeste dans l’attention que nous portons aux autres, en particulier aux plus petits.
Mais comment pouvons-nous, concrètement, être témoins de cette paix dans notre monde actuel ?
D’abord, la paix commence dans notre propre cœur. Comme le disait Saint François d’Assise, grand artisan de la paix : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour ; là où est l’offense, que je mette le pardon. » Ces paroles sont un appel à agir à partir de nous-mêmes pour influencer positivement notre entourage. Elles nous rappellent que chacun de nous a la capacité de semer la paix, non par de grands gestes, mais par de petites actions au quotidien qui contribuent à transformer nos communautés.
Nous pouvons également tirer des leçons de l’exemple des anciens combattants, hommes et femmes qui ont sacrifié leur confort, et parfois leur vie, pour un idéal plus grand : celui de la liberté et de la dignité humaine. Leur expérience nous enseigne que la paix n’est pas un acquis mais un combat de tous les jours, à mener par le dialogue, le respect et la réconciliation. Comme l’a exprimé le pape François dans Fratelli Tutti : « La paix sociale est laborieuse, artisanale. Elle prend son origine du cœur même de l’homme. »
Enfin, il est essentiel de se souvenir que la paix véritable implique le courage de prendre position contre l’injustice et de tendre la main aux opprimés. Comme l’a dit Martin Luther King Jr. : « La paix n’est pas seulement un but lointain que nous recherchons, mais un moyen par lequel nous atteignons ce but. » Ce message rejoint l’appel évangélique à être non seulement des spectateurs mais des acteurs engagés, qui refusent l’indifférence face aux souffrances des autres.
Une Exhortation pour l’Engagement/ En ce jour de mémoire, honorons le passé en construisant activement l’avenir. Comme le déclarait le pape Benoît XV en 1915, en pleine guerre : « Que les armes tombent des mains et que les cœurs s’ouvrent au dialogue. » C’est un appel toujours actuel.
Puissions-nous tous, à l’exemple de Saint Martin, être des porteurs de paix, non seulement dans les moments de commémoration comme celui-ci, mais chaque jour de notre vie. Que nos actes soient l’écho de cet amour fraternel et que nos choix servent la construction d’un monde où la paix et la dignité de chaque être humain soient respectées et honorées.
Permettez-moi de conclure avec une prière de Saint Jean XXIII, un ardent promoteur de la paix :
« Seigneur Jésus-Christ, qui êtes appelé le Prince de la Paix, qui êtes vous-même notre paix et notre réconciliation, qui tant de fois avez dit : “La paix soit avec vous”, faites que tous les hommes témoignent de la vérité, de la justice et de l’amour fraternel. Éclairez les esprits des responsables des nations afin que, avec le soin qu’ils doivent avoir du bien-être de leurs peuples, ils garantissent et défendent le grand don de la paix. Éloignez de nos cœurs tout ce qui pourrait mettre en péril la paix, affermissez nos volontés pour construire des relations de justice et d’amour qui garantissent la paix. Amen. »