À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Pour le faire comprendre la signification de la fête l’Assomption de la Vierge Marie au Ciel, l’image qui m’a été donnée lorsque je préparais cette homélie, c’est celle de la grossesse. Nous contemplons, dans le ciel, le signe d’une femme enceinte, comme nous le décrit le livre de l’Apocalypse : « Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.  Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. »  Dans l’évangile, nous contemplons la scène de la rencontre entre de deux femmes enceintes : Marie, la Vierge Mère est déjà enceinte de porte l’enfant Jésus après l’annonciation par l’Ange Gabriel. Elle va à la rencontre d’Elisabeth, sa cousine qui, elle aussi, est enceinte de Jean-Baptiste, le précurseur du Seigneur. « En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. »

La grossesse est un signe qui appelle à l’espérance. Quand une femme est enceinte, elle porte dans son sein le don de la vie d’un enfant. Il s’agit d’un d’abord d’un don de Dieu, le Maître de la Vie. La grossesse n’est jamais une décision humaine. On le saurait déjà. Combien de couples ont un désir d’enfant mais malheureusement n’ont pas encore ou n’ont pas eu cette chance. Certaines personnes qui pensent qu’un enfant de décision, de droit, et qu’on peut avoir quand et comme on veut, à la commande ! La femme enceinte est en attente, dans une attitude de gratitude mêlée, parfois à un peu d’angoisse, de la naissance du bébé. Elle sait que cette gestation n’est pas du tout une promenade tranquille, mais elle se prépare, chaque jour et vit déjà, pendant la grossesse, quelques moments de douleurs qui culminent avec dans les douleurs de l’accouchement. C’est cela l’espérance : attente d’une nouvelle naissance, attente d’un accomplissement. Marie est profondément dans l’espérance. Elle est enceinte et partage cette attente de l’accomplissement du mystère de l’incarnation avec sa cousine Elisabeth. Marie a aussi vécu et partagé la joie de cet accomplissement lors de la naissance de Jésus, avec Joseph à Bethléem.

Marie a aussi porté, on dirait, la grossesse de la nouvelle naissance à la vie éternelle de son Fils, en ayant accepté d’affronter de près, la Passion et la Mort en croix de Jésus et le silence de son ensevelissement jusqu’à la naissance inattendue et extraordinaire de la résurrection qui inaugurait le temps du Saint Esprit. Marie a aussi porté la grossesse de la naissance du Corps Mystique du Christ, c’est-à-dire de l’Eglise, parce que nous la contemplons comme Mère, présente et assise parmi et au milieu des apôtres, dans l’attente de la Pentecôte qui est le jour de la naissance de la nouvelle communauté des croyants.

Marie a aussi porté en dans son cœur la grossesse de l’avènement du Règne de Dieu dans le monde. C’est la joie de cet avènement du Règne devant sa cousine, à travers le Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ! ». Oui, si nous voulons que Règne de Dieu s’installe en nous et parmi nous, ouvrons les yeux pour voir toutes les merveilles que Dieu accomplit dans nos vies. Exaltons le Seigneur, chantons-lui notre reconnaissance car Il fait tellement de belles choses pour nous et en nous. Seule l’espérance nous met dans cette louange qui fait grandir notre joie chaque jour.  Le Magnificat, chant de l’espérance de Marie nous décrit aussi le renversement de la logique du monde : « Le Seigneur renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. »

Dans tout son corps, une femme enceinte est prédisposée à l’accueil de cette vie toute nouvelle qui, en elle, se développe et grandit. De la conception à la naissance, toute l’énergie du corps et du cœur de la mère se concentre sur la nouvelle vie, la vie de ce petit être minuscule qui grandit petit à petit, étape par étapes, processus par lequel nous sommes tous passés dans le sein de notre maman. La vie d’un chrétien devrait ressembler à la vie d’une femme enceinte car tout notre être chemine et prépare notre nouvelle naissance, cette vie nouvelle à laquelle nous goûtons déjà ici-bas, et que nous contemplerons pleinement quand, avec Marie montée au Ciel, nous verrons Dieu tel qu’Il est.

Marie est une femme d’espérance, couverte par le Saint Esprit. Son sein maternel est fécondé par le saint Esprit, qui la couvre de son ombre, pour donner naissance au Fils Unique de Dieu, le Verte fait chair. Mais n’oublions pas que Jésus est formé dans la chair et le sang de la Vierge Marie. C’est pour cela qu’elle est vraiment la Mère de Dieu, Théotokos. Marie a réellement porté en elle son propre Créateur. Notons aussi que Marie a porté d’autres grossesses, et pas les moindres ! Les autres grossesses symboliques, qui la virent présente au jour de la nouvelle ère de la résurrection de Jésus, au jours de la naissance de l’Eglise à la Pentecôte et aussi de la réalisation complète du Règne de Dieu dans son propre corps emporté au ciel, sans être altéré ni détruit par la décomposition…se sont réalisées parce que Marie avait accepté et décidé d’être, dans son corps et dans son âme, chaque jour et pour toujours, une humble et silencieuse demeure du Saint Esprit.

Comme Marie, choisissons aussi de porter le Saint Esprit, dans notre corps et dans notre âme. Depuis notre baptême, nous sommes devenus temple du saint Esprit qui demeure en nous et veut faire grandir la vie nouvelle des enfants de Dieu dans notre âme. Alors, parce que le saint Esprit est en nous comme un enfant qui grandit dans le sein maternel, vivons et agissons de manière à lui permettre de se déployer vraiment. Comme Marie, pouvons-nous compter sur Dieu et lui redonner la première place dans nos vies. Comme Marie, refrénons nos désirs terrestres pour nous ouvrir aux désirs célestes. Demandons la grâce d’être, comme Marie, toujours humbles et apprenons, grâce à la rencontre entre Marie et Elisabeth, à nous accueillir mutuellement, pour former ce Corps Mystique du Christ, l’Eglise, qui naquit en présence de Marie à la Pentecôte.

En contemplant Marie enceinte, femme, Mère et Reine de ceux qui espèrent et qui se laissent portés par le Saint Esprit, nous pourrons alors être une communauté chrétienne appelée à faire naitre Jésus, c’est-à-dire, Le faire connaitre et aimer par tous. Nous formons une Eglise fondée sur cette couronne des douze étoiles que nous contemplons sur la tête de Marie : ces douze étoiles qui symbolisent les apôtres de Jésus. Nous sommes appelés à être une Eglise resplendissante parce qu’elle est revêtue de soleil de la gloire de Dieu. Nous sommes appelés à être une Eglise qui, comme le corps d’une femme enceinte de l’Apocalypse, pose ses pieds sur la lune, c’est-à-dire, dont les pieds sont réellement insérés dans l’histoire de l’humanité marquée par le temps qui passe. Si l’Eglise est dans l’histoire de l’humanité, c’est pour y témoigner de la présence lumineuse de Jésus, le Maître de l’Histoire. Nous sommes appelés à être une Eglise qui fait naître le Christ malgré les menaces du Dragon de l’indifférence religieuse, de cette mentalité qui, au nom de l’argent, du pouvoir, et autres idéologies tellement à la mode, continue à opprimer et persécuter ceux qui croient, idéologies qui tentent de supprimer la présence du Christ Ressuscité et s’opposer à l’avènement  de son Règne qui déjà est présent à travers cette Eglise tellement fragile, et pourtant toujours sainte, que nous formons quand  nous laissons le saint Esprit prendre la première place.

Que cette solennité de l’Assomption fasse naitre en chacun de nous le désir d’imiter Marie chaque jour dans ses vertus et dans cette dimension maternelle qui nous fait naître Jésus dans notre cœur pour Le porter au monde, aux hommes et femmes qui cherchent à rencontrer Jésus. C’est cela qui permettra au monde entier de tressaillir de joie comme Elisabeth, lorsqu’elle rencontre, à travers et grâce à Marie, portant dans son sein, notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année C (2022)2022-08-16T20:18:29+02:00

Homélie du Père Joseph du XX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Chers frères et sœurs !

Psychologiquement, quand on arrive à l’Assomption, je sens déjà la fin des vacances !  Je vois déjà arriver à grand pas la rentrée pastorale. Je sais que beaucoup commencent à vivre le début de la fin des vacances d’été. Je ne parle même pas de rentrée professionnelle parce que je sais que beaucoup parmi nous ont déjà fini les vacances.  Il est donc temps de faire relire nos vacances et de notre été, éclairés par les évangiles qui nous ont accompagnés pendant ces quelques semaines. La Parole met une lumière toute nouvelle sur notre vie pour que nous rendions grâce à Dieu pour les belles choses vécues, ou alors nous appeler à la conversion.  Jésus nous disait dimanche dernier, « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur », une manière de nous rappeler, avant la rentrée que nous devons fixer les priorités,veiller et réfléchir à ce qui est essentiel dans nos vies, avant la rentrée, où nous risquons rapidement d’avoir le nez le guidon.

Avec Abraham, dimanche dernier, nous avons appris que croire, c’est faire confiance, accueillir la Parole même quand elle nous brûle et nous bouscule. Croire, c’est dépasser les contradictions présentes dans notre cœur, affronter les difficultés en gardant allumée la lumière de l’espérance. La foi est une lutte, un combat spirituel, jamais une certitude acquise ni assurance-vie.  Aujourd’hui, Dieu nous rappelle que l’annonce de l’Evangile, le témoignage de foi est un signe de contradiction. Le monde accepte difficilement l’ingérence divine et préfère souvent les ténèbres à la lumière, comme le rappelle saint Jean dans son prologue. Les disciples de Jésus sont aussi plongés dans ce monde, et sont faits de chair et d’os comme tous les humains. Nous aussi, tout en étant chrétiens, nous ne sommes pas vaccinés contre les contradictions et les peurs. Ce qui nous différencie des autres, c’est la lumière de la foi de notre baptême, lumière qui élargit notre cœur et nous met dans une condition nouvelle nous rendant capables d’aimer. Pour aimer le monde, nous devons aller à sa rencontre. Dans ce monde où nous vivons, nous témoignons de notre foi mais nous nous trouvons parfois blessés et humiliés ! Cela est normal ! Nous sommes disciples d’un Dieu crucifié qui, bien avant et plus gravement que nous, a souffert humiliation, crachats et dérision.

Jérémie, prophète inquiet et persécuté, nous est présenté comme modèle à imiter. Né près de Jérusalem, passionné de Dieu et de son Peuple, le prophète Jérémie passe sa vie à convaincre le roi de Juda et tout Jérusalem à ne pas s’opposer à la naissante puissance babylonienne. Confiants en leur diplomatie et du soutien de l’empire assyrien et de l’Egypte, le roi et son entourage n’ont pas voulu écouter les messages de Jérémie. Ils commencèrent donc à le persécuter. L’épisode de ce dimanche nous décrit la condamnation à mort dont Jérémie est sauvé in extremis : « Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne de Melkias, fils du roi, dans la cour de garde. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie enfonça dans la boue. »

Un prophète qui annonce la paix se voit persécuté. Il appelle au bien et c’est le mal, la tragédie qui s’abattent sur lui. Les prévisions annoncées par Jérémie se sont avérées. Jérusalem est tombé sous la domination de Nabuchodonosor et plus de 8 milles chefs de familles et notables seront déportés à Babylone. Être disciple, c’est aimer tendrement les personnes auxquelles nous annonçons l’évangile. Être disciple et prophète, c’est chercher chaque jour la vérité et l’ayant trouvée, l’offrir aux autres, même quand ils ne veulent pas l’entendre. Être disciples, c’est accepter d’être parfois incompris par les personnes que nous aimons.

C’est cela le message de l’évangile. Après la chute de Jérusalem aux mains des Romains et la destruction du Temple de Jérusalem, les disciples de Jésus seront excommuniés du judaïsme. Cette persécution causera beaucoup de souffrance au sein la naissante communauté chrétienne à Jérusalem. Aujourd’hui encore, beaucoup font l’expérience de cette contradiction quand ils rencontrent Jésus ou embrassent la foi chrétienne. Alors qu’ils entrent dans la nouvelle famille des enfants des Dieu, la communauté des baptisés, pas toujours accueillante, ces nouveaux convertis souffrent souvent d’exclusion de la part de leur propre famille naturelle et culturelle.

Je vous recommande pour cela un film : « le Prophète » qui nous décrit l’histoire d’un jeune musulman quise convertit au christianisme : comment il a été exclu, rejeté et persécuté par sa propre famille. Pas besoin de chercher chrétien converti de l’Islam pour vivre et voir le déchainement de la persécution. Il nous suffit de regarder dans nos propres familles. Des parents sont déchainés férocement sur le fils ou fille quand ils ont fait le choix radical de consacrer sa vie au Seigneur, au lieu de devenir ingénieur ou avocat. Sans aller jusqu’à ces excès, je crois que chacun de nous a un jour constaté le changement d’attitude des frères et sœurs, des collègues au travail qui se sont parfois moqués de vous parce que vous êtes chrétiens, surtout dans certains milieux professionnels. Tel est notre sort : être chrétien, c’est subir parfois le même sort que Jésus. Il a été persécuté jusqu’à mourir… et chaque jour, il nous appartient de témoigner un petit ou un grand martyre, nos pas dans les siens ! Les chrétiens sont persécutés parce que Jésus a été persécuté.

Jésus dit qu’il est le feu ! Il apporte un feu qui brûle ce qui en nous dépérit. Il a apporté un feu qui illumine, qui réchauffe, qui consume le mal en nous. Mais, on dirait que ce feu a cessé de bruler dans nos cœurs et dans nos communautés chrétiennes. Si le fait d’être chrétien se mesure à l’intensité du feu qui brûle en nous, je pense que les pompiers de la foi doivent être au chômage !  La foi des cathos de nos jours, de nos communautés n’est plus une fois brulante. Nous sommes devenus tellement tièdes et timorés et le monde ne voit plus le feu du Christ bruler en nous. Nous brulons d’envie et d’amour pour tant de choses, pour tel gadget, pour telle personne, pour telle équipe de foot, de rugby ou telle star… mais, y a-t-il encore un peu de feu qui brûle en nos cœur pour le Christ, à tel point que nous pensons très souvent à lui dans nos journées trop remplies ?

Vous est-il arrivé de ne penser qu’à lui, de désirer témoigner de ce feu de votre amour pour le Christ à votre collègue de travail, et le faire sans fanatisme ni simplification ? Vous arrive-t-il de défendre le Christ dans un débat, quand il est injurié, moqué, comme cela arrive souvent dans les médias. J’ai rencontré récemment un fidèle un peu trop critique qui disait qu’en France, même les prêtres et les évêques n’osaient plus défendre le Christ quand il est injurié, pour ne pas faire de vague ! On voit les musulmans et les juifs monter au créneau quand leur religion est méprisée ou discriminée… mais rares sont les chrétiens qui montent au créneau quand on se moque de notre Seigneur. D’ailleurs, dès qu’un chrétien essaye de défendre publiquement sa religion, ce sont même d’autres chrétiens qui le qualifient de fanatique et d’extrémiste. Mes amis, si vous n’avez jamais été moqués pour vos convictions chrétiennes, c’est un très mauvais signe ! Soit, vous vivez dans un monastère (ce qui n’est pas le cas !), ou alors rien dans votre vie ne montre que vous êtes chrétiens. Soeren Kierkegaard nous dit qu’on ne peut pas concevoir la foi chrétienne sans la croix et la persécution.

Quand saint Ignace de Loyola, le fondateur de la compagnie de Jésus envoya ses douze compagnons annoncer l’Evangile jusqu’aux extrémités du monde connu jusqu’alors, il leur dit le jour de leur départ : « Allez, et incendiez le monde ! » Oui, être chrétien, c’est chercher à brûler d’amour pour Jésus et pour le prochain. Nous devons rallumer le feu de notre foi et arrêter d’être des chrétiens timorés et tièdes qui ne donnent pas envie, qui ont honte de témoigner et d’afficher leur foi en société.  Que le saint Esprit allume en nous son feu d’amour pour en brûler dans l’Eglise, dans nos familles et dans le monde. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-08-21T11:22:26+02:00

Homélie du Père Joseph du XIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes cher frères et sœurs !

Au cœur de cet été caniculaire, où nous avons peur d’incendie, d’inflation, où la guerre bat son plein, plus violente plus près d’ici ou dans mon Kivu natal Jésus vient nous rassurer et rallumer en nous confiance et espérance pour ne pas nous laisser abattre.  Il nous dit : « Sois sans crainte, petit troupeau ! votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ! » Oh là, nous disons-nous ! Au moment où nous parlons d’inflation et d’insécurité, Jésus nous invite à tout vendre et tout donner en aumône ! Eh non, demain est tellement incertain, alors, on épargne et on assure ses arrières !

N’ayons pas peur, mes chers frères et sœurs ! J’ai reçu de l’expérience personnelle de ma petite vie une chose, et cela est un moteur de ma vie et dans la mission : c’est la grâce de la confiance en Dieu quelles que soient les adversités et épreuves que je peux traverser personnellement et pastoralement. Dieu est toujours de notre côté, quoiqu’il arrive ! Soyons confiants même si devant certaines épreuves il est parfois très difficiles de ne pas désespérer.  Nous pouvons demander cette grâce de la foi, de la confiance, comme notre père dans la foi Abraham et Sara qui ont été bénis parce qu’ils ont fait confiance et ont obéi à la parole de Dieu malgré l’épreuve qu’ils traversaient de ne pas avoir une descendance.Obéir à Dieu et lui faire confiance et tout est toujours source de bénédiction « Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays, qu’il devait recevoir en héritage…. Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesse »

La confiance n’est pas quelque chose de spontanée ! Elle se construit progressivement à travers une expérience relationnelle. Nous avons tous fait l’expérience cet amour de Dieu qui, en Jésus, nous a aimé jusqu’au bout au point de donner sa vie pour nous. En Jésus, Dieu nous aime d’un amour libre et libérateur, un amour vital et vivifiant, concret et quotidien. Nous sommes confiants parce que Dieu a fait de nous les héritiers du Royaume !  L’expérience mondaine nousdit que la vie appartient aux plus forts, aux plus riches, ceux qui peuvent écraser les autres ! Mais, dans les béatitudes, Jésus confie le Royaume aux artisans de paix et aux doux : « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »

Nous avons confiance parce que le Père a voulu faire de nous des héritiers du Royaume, cohéritiers avec le Christ de ce royaume dont nous hériterons pleinement après notrepèlerinage ici-bas. Attention cependant ! Le chrétien ne rêve pas d’un Règne à venir, dans un futur incertain ! Le Règne dont nous héritons est déjà présent ici et maintenant si nous laissons Dieu prendre totalement le contrôle de notre vie, le laisser aux manettes de nos affaires quotidiennes. C’est cela la confiance !

Faisons un petit examen de conscience, sérieusementmais sereinement. Qu’est-ce qui compte, ce qui vaut vraiment la peine de vivre pour nous ? Où investissons-nous le plus d’énergie, le plus de temps, des ressources de qualité dans notre vie au quotidien ? Quelle place accordons-nous à Dieu, à sa Parole ? Dieu est-il seulement un petit détail de notre agenda rempli au quotidien ou bien sa présence est-elle le moteur qui fait bouger notre vie, notre manière de regarder le monde, nos rapports aux autres ? La réponse que nous donnons à ces questions montrera celui ou ce qui contrôle et est aux manettes dans notre vie. Le temps que nous vivons ici-bas est une parenthèse, sérieuse soit-elle, mais un temps intermédiaire, une attente que Dieu revienne dans la gloire, comme nous le disons dans la profession de foi « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin ! ».

En attendant qu’il revienne, ici et maintenant, Dieu a fait de nous les gestionnaires et les administrateurs de son Royaume. Dans cette perspective, nos familles, nos groupes, mouvements et communautés ecclésiales deviennent des petites succursales, des petites entités ou portions du Royaume de Dieu, des pages publicitaires d’une humanité nouvelle parce que joyeuse, réconciliée et fraternelle, prophétie d’un monde nouveau qui donne envie. Mais est-ce vraiment le cas ? Même si nous n’en sommes ni capables ni dignes, en dépit de nos manques et fragilités, Dieu lui nous montre sa confiance quand il fait de nous les gestionnaires de son Royaume.

A nos mains fragiles, nos esprits parfois tordues et nos cœurs orgueilleux, Dieu confie la gestion de son plus beau trésor. Oui, le Royaume de Dieu est là où deux ou trois personnes sont réunies au nom de Dieu. Il est présent là où l’on s’engage afin que toute personne puisse mener une vie digne. Il est présent là où l’on accompagne avec amour toutes les victimes de la haine et de la violence. Il est présent là où l’on accueille un frère, une sœur en humanité qui est désespéré. Il est présent là où l’on s’engage aux côtés des pauvres, des petits, des malades, làl’on s’efforce à vivre selon les valeurs de l’Evangile.

« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées ! » Soyez prêts, nous avertit Jésus. Prêts à veiller, prêts à mettre en cause certaines certitudes du monde présents parce que nous sommes faits pour l’infini du Royaume à venir mais qui déjà a été inauguré avec l’incarnation de Dieu en Jésus. Le disciple du Christ estconscient du « déjà » et du « pas encore » du Royaume de Dieu. Nous avons tous, j’espère, déjà fait la belle et splendideexpérience de tomber vraiment amoureux, d’aimer et se sentir aimé. Mais nous savons aussi qu’aucune de ces expériences affectives humaines déjà vécues ne pourra jamais combler notre cœur de manière définitive qui a soif d’un amour infini et définitif que seul Dieu peut donner. Nous avons déjà vécu une expérience spirituelle bouleversante et profonde de conversion qui a radicalement changé notre vie, et pourtant aujourd’hui encore, nous sommes victimes des doutes lors de nos traversées du désert à cause des épreuves....Telle est ladialectique saine, sainte et belle « du déjà et du pas encore »du Règne de Dieu.

Comme Israël, nous sommes appelés à sortir de l’esclavage, de toute forme d’esclavage, pour apprendre, dans le désert, à faire confiance à Dieu. Esclaves de l’idée que nous avons de nous-mêmes, esclave et préoccupés de notre imagesociales, esclaves des besoins finis et éphémères suscités par la publicité, nous pouvons encore redécouvrir, à la lumière de la Parole de Dieu, que la vie, que toute vie est une progressive libération intérieure comme le chemin parcouru par notre père Abraham. Ce dernier n’est pas un petit jeune converti pris de délire mystique. Abraham est un vieillard éprouvé par la vie et qui essaye d’écouter son cœur. Nous n’écoutons la voix de Dieu que quand nous écoutons vraiment notre cœur, comme le fait Abraham. J’espère que ce temps estival et ces vacances nous aiderons chacun à retrouver un peu d’intériorité pour écoute notre cœur.

« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées », c’est-à-dire, avec la foi et la charité, ces deux vertus théologales qui soutiennentl’espérance au cours de notre pèlerinage terrestre en direction du Royaume définitif. Puisse ce temps estival nous faire grandir dans ces vertus qui nous permettent, ici et maintenant, de construire et d’être déjà ici-bas les témoins et héritiers du Royaume éternel autour de nous. Amen.  

Homélie du Père Joseph du XIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-08-07T11:28:12+02:00

Homélie du Père Joseph du XVIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Ces les dimanches de juillet que nous clôturons aujourd’hui, nous avons été bien gâtés par l’évangéliste saintLuc. Après le bon samaritain, Marthe et Marie, le Notre-Père reçue et le rappel l’importance d’une prière portée dans uneconfiance filiale… la Parole de Dieu de ce dimanche nous parle d’un sujet déjà présent implicitement ces trois derniers dimanches : l’usage des biens matériels. Quel lien peut-on trouver entre la charité concrète du Samaritain et le repasque Jésus a partagé chez Marthe et Marie à Béthanie ? Quel lien avec le pain quotidien que nous demandons dans le Notre Père ? Le point commun entre ces différents récits etcelui d’aujourd’hui, c’est l’aspect incarné, quotidien et concret de nos choix et de nos relations, dans le rapport délicat que nous avons avec les choses matérielle, l’argent, la richesse.

Petite enquête rapide !  Qui parmi nous ici présents n’a jamais eu des soucis avec l’argent ? Si nous sommes honnêtes, nous avouerons avoir été confrontés un jour à la question de la gestion, l’absence, le manque, les conflits, tension en lien avec l’argent ou les biens matériels. Je vous rappelaisdimanche dernier, comment Abraham et Loth son neveu s’étaient brouillés à cause de la gestion de leur troupeau et ils ont dû se séparer et c’est à ce moment-là que Loth est allé vivre à Sodome. Être en conflit à cause de l’argent, de l’héritage ou des biens matériels est une réalité aussi vielle que le monde !

Combien d’amitiés cassées à cause de l’argent, des liensfamiliaux transformés en haine viscérale pour quelque mètres-carré d’appartement, hectares de terre ou même quelques meubles ou vaisselles laissés par les parents décédés ? Je vois encore les larmes et tristesse de cette jeune adolescente daumônerie qui, lors d’une retraite de profession de foi, vient dire en confession la haine viscérale que se vouaient entre son père et son oncle à cause de l’héritage…ce qui lui privait de revoir ses cousins et cousines alors qu’ils habitaient tous à Toulouse. Pensez à la guerre que se font les époux, quand malheureusement survient le divorce, pour le partage des biens matériels.

En famille comme avec les amis, il faut qu’il y ait de la justice et de l’équité, avant de les transformer en solidarité ! On ne peut pas, au nom de l’amitié, accepter de subirl’injustice de quelques membres de famille. Il y dans toutes les communautés quelques durs qui pensent qu’ils peuvent écraser tout le monde. Parfois, il nous faut mettre les pieds dans les plats pour leur dire que ça suffit et ne pas laisser certains amis, parents écraser les autres. Ces conflits-làcependant, essayons de les résoudre directement, à l’amiable, en famille en évitant dans la mesure du possible de le faire devant juges et avocats.

A la demande qui lui est faite d’être médiateur dans un conflit d’héritage, Jésus refuse de se mêler à cette affaire parce que nous pouvons « par nous-même discerner pour distinguer ce qui est juste » de ce qui ne l’est pas. Jésusrefuse parce que nous avons été créés suffisamment intelligents pour résoudre toutes nos questions pratiques. Jésus refuse parce qu’on ne doit pas demander à Dieu de faire à notre place ce que nous sommes capables de faire par nous-même. Jésus refuse parce qu’il nous traite comme des adultes, et pas comme ces gamins qui doivent toujours faire recours aux parents ou à la maitresse pour résoudre leurs petits différends et querelles sur l’usage des jouets ou le partage du goûter. Jésus refuse parce qu’il nous fait confiance : nous sommes suffisamment intelligents pour prendre soin les uns des autres, pour savoir que l’injustice peut causer des guerres et des conflits, que l’égoïsme conduit le monde à sa disparition, que nous consommons plus que notre planète ne peut produire et que le jour du dépassement arrive de plus en plus tôt dans l’année….. La Bible nous dit que Dieu est le Créateur, à l’origine de tout ce qui existe, mais que la gestion de la création est confiée à notre responsabilité. Pas besoinune thèse en exégèse ni en théologie biblique pour comprendre ce qui est bon pour l’économie, la justice, la paix, la solidarité : il suffit d’écouter notre cœur, de suivrenotre conscience quand elle est éclairée.

Jésus sait que derrière la demande qui lui faite d’être un médiateur, il y a un conflit autour de l’argent. Il en profite alors pour faire un petit enseignement sur la richesse. Nous avons une pudeur presque naturelle à parler d’argent, surtout dans les milieux catholiques, argent que nous considérons comme quelque chose d’un « peu dangereux »,« d’un peu sale », « d’un peu ambiguë ». Nous sommes embarrassés et gênés pour parler d’argent, de notre salaire…. Que c’est compliqué quand je dois inviter les fidèles à donner au Denier de l’Eglise. Ça me gêne alors que sans ce Denier l’Eglise ne peux pas vivre. Il est très facile de suspecter celui qui est riche et l’accuser presque spontanément d’être malhonnête comme ceux qui pense que tous les patrons de « pourris ».

Ce n’est pas cela le message que Jésus donne dans cette parabole. Il ne dit pas que la richesse est sale ou impure. Il dit simplement que la richesse est dangereuse. Il suffit de regarder ce « pauvre-homme-riche » de la parabole : un grand travailleur. Il n’est pas décrit comme malhonnête ! Nous éprouvons d’ailleurs un peu de sympathie envers ce grandtravailleur qui veut profiter tranquillement du fruit de son labeur. C’est comme quelqu’un qui a bien travaillé et qui veut en profiter et se faire plaisir en prenant de belles vacances !

La mort annoncée de cet homme n’est pas une punition, mais un événement possible, toujours dans l’ordre des choses parce que toutes les créatures finissent naturellement par mourir. Pourquoi va-t-il mourir ? Quelles sont les causes de sa mort annoncée ? Trop de stress, trop de travail, trop de cigarette, d’alcool, de drogue, trop de pollution, la maladie, une fusillade, un accident de voiture sont peut-être à l’origine de sa mort qui n’est pas une punition de Dieu.

Jésus nous avertit : la richesse promet ce qu’elle ne peut jamais donner. C’est illusoire de penser que posséder beaucoup de biens comblera notre cœur ! C’est cela que la sagesse de Qohèleth nous dit : « En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? Tous ses jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos. Cela aussi n’est que vanité. » Alors, inutile de chercher à accumuler des richesses terrestres, mais, comme dit Jésus, cherchons d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste nous sera donné en surcroit. Saint Paul nous invite à changer profondément destratégie et de priorité : « Frères, si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.  Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. »

Vouloir combler la soif profonde de notre cœur par les biens terrestres, peut-être comparable à celui a tellement soif au risque de s’abreuver d’eau insalubre. Isaac, toi qui es baptisé aujourd’hui ! Rappelle-toi toujours que dans ton cœur comme dans celui de chacun de nous il y a soif d’absolu que seul Dieu peut combler. A nous de discerner ce qui estvraiment essentiel et se rappeler que nous sommes pèlerins, que la richesse peut être trompeuse, que celui qui a reçu de la Providence un peu de richesse économique s’en serve pour accumuler un peu de trésors au Ciel en aidant les frères et sœurs pauvres, comme dit cette bénédiction finale du mariage: « Soyez dans le monde des témoins de l’amour de Dieu : Ouvrez votre porte aux malheureux et aux pauvres qui vous recevront un jour avec reconnaissance dans la maison du Père ».

Au lieu de nous faire des leçons de morale sur la richesse ou la pauvreté, Jésus nous appelle à un sérieux examen de conscience sur notre rapport à la richesse. Au lieu de nous culpabiliser, Jésus nous rappelle que toute richesse matérielle est marquée par la finitude…et que seule la vie éternelle ne passera pas. Que le Saint Esprit nous soit donné pour discerner ce qui est plus important…dans notre vie : notre cœur n’a pas besoin d’être rempli par un compte en banquemais il a fondamentalement besoin d’être rempli par l’Amour : celui qui nous vient de Dieu et celui de nos frères et sœurs pèlerins et passagers avec nous ici-bas, tous enfants du même Père qui nous appelle au bonheur de la vie éternelle, si nous l’accueillons chaque jour. Amen.

Homélie du Père Joseph du XVIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-07-31T11:22:24+02:00

Homélie du Père Joseph du XVII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

A Béthanie, dans la maison de Marthe et Marie dimanche dernier, nous avons découvert la nécessaire complémentaritéentre l’action et la contemplation, entre la prière et le service, entre l’écoute de la Parole et l’attention aux frères et sœurs. Ce dimanche, la Parole de Dieu veut mettre un accent particuliersur un seul élément de ce binôme. Cet élément est souligné dans l’attitude de Marie à Béthanie : nous asseoir pourpouvoir écouter Jésus. Il s’agit de la dimension de l’intériorité qui manque souvent à nos vies tellementmouvementées, stressées, overbookées… à cause de toutes les sollicitations qui nous entourent et du rythme vertigineux que la société nous impose. Le théologien Dietrich Bonhoeffer dit que « la prière ne remplace pas l’action mais c’est une action que rien ne remplace ».  

Ce dimanche, la parole de Dieu rappelle l’importance de la prière, de l’intériorité et le silence… Attention : la prière ici ne doit pas être réduite à l’ennuyeuse répétition de quelques paroles ou formules, comme quand nous rappelons que nous « disons notre prière, nous récitons le bréviaire ou le chapelet ». L’essentiel dans l’enseignement d’aujourd’hui, c’est le fait que notre prière doit s’enraciner dans une relation d’amitié et de confiance avec le Seigneur.

Nous le découvrons dès la première lecture. Deux villes, Sodome et Gomorrhe qui, toute proportion gardée, ont en commun avec nos sociétés actuelles, d’être marquées par la violence et le plaisir de la chair. A Sodome, on a presque perdu la notion morale du bien : ce qui compte pour les habitants de Sodome, comme dans nos sociétés actuelles, c’est l’hédonisme. Je n’entrerai pas dans les subtilités philosophiques de l’hédonisme. Par hédonisme, j’entends le fait de chercher à satisfaire nos désirs et plaisirs les plus élémentaires et immédiats, en particulier ceux de la chair ou du corpsSodome et Gomorrhe sont dépravées, d’après ce que dit la Genèse : Dieu est en colère et décide de détruireces deux villes ! Là, j’entends des réactions : « Oh, c’est quoi ce, Dieu méchant, pas tolérant qui décide de détruire une ville ! » Là n’est pas l’essentiel de mon propos, nous pouvons y revenir une autre fois.

Ce qui est le plus important ici, à mon avis, et c’est ce que je voudrais que vous reteniez, c’est cette relation de profonde amitié et confiance qui unit Dieu et Abraham : ils sont tellement amis et confiants que Dieu a décidé d’ouvrir son cœur à Abraham en lui confiant son projet de détruire Sodome la dépravée. C’est une relation de cœur à cœur, une totale confiance mutuelle. En apprenant le projet de Dieu, Abraham a le cœur brisé de tristesse ! Il se rappelle de Loth son neveu vit à Sodome avec toute sa famille. Ils s’étaient brouillés avec lui pour des questions matérielles, avant de se séparer en chemin. Mais Abraham n’a pas de rancœur ! Il ne veut pas la mort ou le malheur de son cousin avec qui il a des relations tendues, contrairement à nous qui nous réjouissons des malheurs de ceux que ne nous n’aimons pas.

L’affection, l’amitié et la confiance poussent Abraham à entamer des tractations et négociations avec Dieu pour sauver Sodome. Abraham négocie mais malheureusement il n’y a pas dix justes dans cette ville qui finalement sera détruite. Abraham a tout tenté, il a intercédé et prié pour le salut de Sodome. C’est cela la prière : un dialogue intimeavec Dieu, une discussion, un échange de point de vue et d’opinions, une écoute mutuelle. La prière n’est pas une liste de paroles à réciter, une tentative pour corrompre Dieu, une litanie de porte-bonheur à déclamer, une séquence de vœux pieux ! La vraie prière est faite avant tout d’écoute et de confiance : écoute de Dieu qui ouvre son cœur et intercession de notre part pour le salut du monde, comme le fait Abraham pour Sodome et Gomorrhe.

Nous avons parfois ont un regard manichéen sur le monde, trouvant parmi nos frères et sœurs certains qui sontbons et les saints, – dont nous faisons partie évidemment, etd’autres qui sont mauvais et méchants dont nous désironsconsciemment ou inconsciemment la disparition ! La Parole de Dieu de cde dimanche nous interdit de prendre en haine le monde même quand il nous semble aller à sa propre perte. L’exemple d’Abraham nous invite à aimer notre monde, à ouvrir notre cœur au Seigneur dans la prière pour le lui confier, lui demander de le sauver, comme le fait Abraham,grâce aux belles choses, au meilleur dont le monde est aussi capable et pardonner le pire qui risque parfois de le détruire. Nous devons toujours espérer et travailler pour le salut du monde au lieu de le condamner sans cesse et l’envoyant en enfer et à sa propre perte.

Il y a autre aspect de la prière qui est souligné dans cet évangile. C’est la découverte du visage de Dieu comme notre Père. Dans la prière, nous ne nous adressons pas à un despote, un tyran capricieux, un puissant terroriste qui nous fout la trouille et que nous devons convaincre à tout prix pour qu’il nous laisse en vie, comme on peut négocier avec Poutine le tyran pour qu’il ne nous coupe pas le gaz et ne bloque les céréales boquées en Ukraine et dont nous avons besoin. Pour nous chrétiens, en Jésus, nous sommes devenus fils et filles de Dieu, comme nous le rappelle saint Paul. Dieu nous traite comme ses enfants bienaimés et il veut notre bonheur ! Dieune peut pas ne pas que nous aimer ! Cela fait appel à notre confiance filiale. Dans notre prière, nous devons nous adresser à Dieu avec confiance et sans peur.

Nos prières ne sont pas souvent exaucées parce qu’elles ne sont pas adressées à la bonne personne. Nous nous trompons parfois de destinataire dans la prière : au lieu de nous adresser à un Père aimant, nous nous adressons souvent à un patron, ou à un tuteur antipathique devant qui nous revendiquons nos bons droits ! L’unique et splendide prièreenseignée par Jésus lui-même souligne la confiance absoluedans la prière. Celle-ci doit être pleine de bon sens, concrète, affectueuse, joyeuse, confiante, persévérante et réaliste. « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

Pour terminer, revenons au début de l’évangile : « Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demand: « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. ». A la base du Notre Père, il y a un désir des disciples : « Apprends-nous à prier ». Ce désir d’apprendre naît d’un témoignage. Les disciples ont vu Jésus en prière. Si nous voulons que nos proches et amis aiment la prière, témoignons auprès d’eux de notre propre vie deprière. Par exemple, pendant ces vacances d’été, vous vous retrouvez en famille, quelque part, dans une location ou votre maison de campagne ! Vous y êtes avec des gens plus ou moins ou pas du tout croyants. Première attitude, plus facile, pour ne pas choquer et pour faire bonne figure vous vous abstenez de prier, de lire la Parole de Dieu, d’aller à la messe. Deuxième attitude, plus couteuse : vous leurdites, « je vous laisse quelques minutes, je pars prier », « je pars à la messe ! Qui veut venir avec moi ? On se rejoint sinon pour le déjeuner» Si vous ne le faites pas, vos amis et parents ne comprendront jamais combien la prière, la messe sont importantes pour vous. Notre témoignage peut provoquer le désir de ceux qui nous entourent. Je ne vous demande pas d’imposer votre prière aux autres… mais simplement de ne pas taire ou cacher votre vie de foi pour ne pas choquer les autres ou pour faire bonne figure.

La prière est un exercice très difficile et nécessite un apprentissage. Voici quelques points indispensables. D’abord être nous-même : pieux, saint ou pécheur, dans la prière, sois toi-même, sois en vérité ! Impossible porter un masque devant Dieu. Il nous connait dans tous les détails, alors, inutile de faire du cinéma devant Dieu. La prière a aussi besoin de temps : 5 minutes pour commencer, un temps qui te semble plus propice et favorable, le portable et la tablette éteints. La prière a aussi besoin de lieu : ta chambre, ton coin prière, le métro ou le transport en commun, la pause déjeuner. La prière a besoin de parole à écouter : c’est toujours mieux de partir de l’évangile du jour. La prière a besoin d’une parole à dire : présenter au Seigneur les personnes concrètes, les choses qui nous préoccupent, nos remerciements pour tout ce que Dieu nous donne. Le Maître qui nous apprend à prier, c’est le Saint Esprit, qui nous permet de nous adresser à Dieu en toute confiance, en l’appelant : « abba », c’est-à-dire « papa ». En cette période d’été et chaque jour, le Saint Esprit fasse de nousdes, témoins de foi et de prière. Amen.

Homélie du Père Joseph du XVII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-07-24T11:26:37+02:00

Conseil Pastoral du Doyenné Sainte Germaine du 31 mai

Dernier Conseil pastoral de doyenné avant les vacances

Le Conseil pastoral de doyenné s’est réuni le 31 mai 2022.

Parmi les nouvelles de chaque paroisse on retiendra pour Colomiers le pèlerinage que des collégiens ont fait à Lourdes, le baptême d’enfants du voyage qui ont pu rencontrer d’autres élèves du catéchisme, la mise en circulation d’un « kit de prières » (à partir d’Amoris Laetitia) sous la forme d’une valise qui passe de famille en famille. À Pibrac, des laïcs ont pris la relève de la responsable d’aumônerie salariée dont le contrat s’est achevé. Par ailleurs, le projet de maison partagée Simon de Cyrène prend forme, la pose de la première pierre étant prévue pour la fin 2022. À Saint-Simon, trois sœurs de la communauté de la Résurrection vont s’installer au presbytère, dont le jardin a été aménagé par l’équipe d’Église vertesecondée par des scouts. La paroisse de Léguevin dit adieu au Père Philippe. Quinze jeunes de Tournefeuille sont allés à Taizé. À La Salvetat comme ailleurs, il y a de grands besoins en personnes qui puissent assurer l’aide aux funérailles. Dans la paroisse du Sacré-Cœur voisine de Lardennes on apprécie l’expérience novatrice du partage d’Évangile qui consiste à proclamer, commenter, puis méditer les Écritures en silence.

Dans chaque paroisse se pose la question de l’accueil des migrants ukrainiens. Que vont devenir ces familles ? Ne risquent-elles pas d’être séparées ? Quant aux familles d’accueil, elles se trouvent souvent isolées et fatiguées – or la guerre en Ukraine sera longue.

Le Conseil est ensuite revenu sur la synthèse du Synode « Pour une Église synodale : communion, participation et mission » dans le diocèse de Toulouse, pour lequel 287 groupes se sont constitués. Les thèmes les plus retenus ont été, par ordre de préférence, « cheminer ensemble pour annoncer l’Évangile », « l’écoute », « « l’Église et la société », « l’autorité dans l’Église ».

De tous ces travaux émergent des certitudes et des interrogations. Certains groupes désirent prolonger leurs rencontres, pour réfléchir, par exemple, à l’avenir du sanctuaire de Pibrac ou à l’Église verte. Interrogations : De quoi le Synode va-t-il accoucher ? Comment impliquer les nombreuses personnes qui n’ont pas participé aux débats, en particulier les jeunes et les actifs de 30 à 45 ans ? Le paradoxe est que l’opinion générale est très critique envers l’Église dont elle attend beaucoup mais que, lorsque la parole est librement offerte, il apparaît difficile de s’exprimer ouvertement. Pour ne pas décevoir les attentes, le maître-mot doit être « co-construire », prêtres et laïcs ensemble fraternellement. Mais comment « construire ensemble » alors qu’une génération de bénévoles est en train de disparaître ? Pour notre doyenné, l’unanimité se fait autour de l’idée que, comme l’essentiel demeure le message évangélique, il est indispensable de proposer une offre de formation diversifiée et approfondie. Il convient également de faire un effort accru de visibilité sur ce qui se fait dans chaque paroisse, chaque EAP, chaque Conseil.

Un dernier point était à l’ordre du jour : le nécessaire renouvellement du Conseil pastoral. Chaque membre ne peut y siéger que pour un mandat de trois ans renouvelable une fois.

Le Conseil pastoral de rentrée est fixé pour le 27 septembre 2022 à Pibrac, avec plusieurs membres renouvelés.

Conseil Pastoral du Doyenné Sainte Germaine du 31 mai2022-07-17T11:41:25+02:00

Homélie du Père Joseph du XVI° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Il arrive, bien sûr que Dieu nous rende visite, très souventsans nous en rendre compte. Dieu nous visite le plus souvent mais nous refusons d’accueillir parce que nos cœurs sont barricadés ou alors parce que nous avons à le reconnaitre.  C’est l’histoire de cette famille qui, au cours de la prière familiale, reçoit de Jésus la promesse de la visiter. La date et l’heure sont bien fixés. Arrivé le jour, tout le monde dans la famille s’est bien endimanché. Grand ménage dans la maison, pas une seule petite poussière sur les meubles. Grand service de table et grande cuisine. L’arrivée de Jésus était prévue vers 18h30, l’heure habituelle de l’apéro. Vers 18h20 quelqu’un sonne à l’entrée. Tout le monde se précipite, s’attendant à accueillir Jésus les bras ouverts. Mais, déception ! C’était un clochard et médiant qui venait demander un peu de pain.   Ce dérangement du SDF risquait de gêner le visiteur de marqueJésus que toute la famille attendait. On lui file vite fait 5 euros le suppliant de déguerpir sans tarder. Le clochard s’en allant sans se faire supplier.

La famille a attendu jusque tard dans  la nuit. Finalement,déçue et résignée, la famille est obligé de diner, pour faire la prière familiale ensuite.  Au cours de la prière, la maîtresse de maison s’adresse à Jésus, lui confessant la déception de toute la famille pour cette visite promise mais pas honorée. Jésus leur explique sereinement qu’il honore toujours ses promesseset rappelle à la maîtresse combien lui-même avait été d’avoir été refoulé quand il a sonné à 18h20.  « Mais non, c’était un clochard qui a sonné et nous lui avons simplement dit de passer un autre jour ! Et Jésus leur dit : oui, j’étais ce clochard que nous avait refusé d’accueillir ! ». Dans le diocèse de Bukavu, nous avons eu la chance d’avoir un archevêque qui a marqué par sa simplicité. Il était rarement en clergyman et s’habillait sans beaucoup d’attention. Très souvent, on l’a traité de sentinelle de nuit à cause de son habillement et son apparence extérieur. Il avait l’habitude d’aller rendre visite aux communautés des prêtres et des religieuses le soir, à des heureux improbables, mais se faisait refouler par les agents de sécurité ou les cuisiniers à cause de son habillement. Ce Serviteur de Dieu, Mgr Christophe Muzihirwa a été assassiné par les Rwandais en octobre 1996 et son procès en béatification est en cours !

Très souvent, Dieu nous rend souvent visite mais nous refusons de l’accueillir, parce que nous avons du mal à le reconnaitre surtout en période d’épreuve. Dans la première lecture, Abraham nous invite à ne pas laisser nos épreuves barricader notre cœur à la rencontre avec le Seigneur. Dieu avait promis une descendance nombreuse à Abraham, mais dix longues années sont passées, et toujours aucun enfant.  Abraham avait vécu beaucoup de choses avec Sarah son épouse, mais le fils promis n’était toujours pas arrivé. Alors, Abraham est assis, résigné, à l’ombre du chêne de Mambré.

Le message principal de la liturgie de la Parole de ce dimanche est de nous rappeler l’importance de l’hospitalité. Être chrétien, c’est réaliser chaque jour que Dieu est présent dans notre vie, qu’il nous rend visite à travers les hommes et les femmes que nous côtoyons dans notre vie, surtout les personnes les plus délaissées et méprisées. Le Seigneur nous demande ainsi de prendre soin les uns des autres, en nous accueillant mutuellement. Nous sommes capablesd’accueillir le Christ dans notre maison, nos familles, comme Abraham qui accueille avec joie ces trois personnages, comme nous pouvons le lire dans la première lecture : « Dès qu’il les vit, il courut à leur rencontre depuis l’entrée de la tente et se prosterna jusqu’à terre. Il dit : « Mon seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur. Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre.  Je vais chercher de quoi manger, et vous reprendrez des forces avant d’aller plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur ! »

Ces trois personnages sont la préfiguration de la Trinitésainte qui renouvelle à Abraham la promesse d’avoir un enfant avec Sara. Quand on ouvre son cœur et sa maison aux autres, en particulier aux étrangers et aux pauvres, on accueille le Seigneur : « Jétais un étranger, vous m’avez accueilli… Chaque fois que vous l’avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » nous dit le Seigneur. Si nous sommes accueillants et si nous vivons l’hospitalitéenvers nos frères et sœurs, nous accueillons le Christ comme Marie et Marthe de Béthanie. Accueillir Dieu, ouvrir son cœur et sa maison à Jésus permet à nos vies de devenir fécondes. C’est ce qui arrive à Abraham et Sara ! Cette rencontre au Chêne de Mambré ouvre une nouvelle étape dans la vie d’Abraham et Sarah.

C’est la même chose qui se passe à Béthanie ? On peut s’imaginer la scène. Nous sommes en fin d’après-midi, après une journée caniculaire comme celle que nous vivons depuis quelques jours. Jésus a beaucoup marché pour rejoindre ce village. Nous ignorons depuis combien de temps ils se connaissent, mais nous savons que Jésus est très ami avec Marthe et Marie qui ont presque le même âge que lui. Béthanie, la maison de Marthe et Marie est une sorte d’endroit où Jésus « devient vraiment un homme normal » : loin des foules, des apôtres et des disciples, Jésus retrouve des amis personnels dans cette famille.

La maison de Marthe et Marie me fait penser parfois à ces familles où un prêtre peut aller, invité ou pas, quel que soit l’heure, pour se poser, en short, en polo, bermuda, en chemise hawaï, prendre un café, une bière ou un verre de vin, manger sans chichi, rire, pleurer ou craquer sans avoir honte d’être un homme normal, discuter de tout et de rien, sans être interrogé sur la dernière polémique théologico-pastorale ou le dernier scandal dans l’Eglise…Bref, toutes ces maisons où le prêtre peut prendre un petit bol d’air frais, amical et fraternel sans prise de tête. A Béthanie, Jésus oublie la tension et les intrigues de Jérusalem. Il peut parler librement, se sent vraiment accueilli, met de côté ses fonctions de rabbi, oubliant les accusations de Jérusalem pour, pendant une soirée, retrouver le plaisir simple et profond de l’amitié et de la complicité.

Jésus voudrait que nous ayons ce même type de relation simple avec lui. Il veut que nous l’invitions, que nous préparions chaque jour notre maison pour l’accueillir, s’asseoir avec lui, avec simplicité, rire et plaisanter avec lui. Dans cet extrait qui nous parle d’hospitalité amicale et simple à Bethanie, Jésus nous apprend à ne pas compliquer nos relations avec lui et avec les autres. Alors que Jésus veut de la simplicité et de la vérité, pour certains chrétiens que nous sommes, j’ai parfois l’impression que nous aimons que tout soit compliqué avec Dieu et avec les autres. C’est comme si, pour nous, plus c’est compliqué dans les relation, mieux c’est ! On se complique la vie  dans nos relations avec notrepropre famille, les proches, les voisins, les membres de la communauté…. On dirait même que les relations difficiles et compliquées constituent un boosteur de vie pour certaines personnes. Cela fait fuir Jésus. Essayons de retrouver la profondeur simple et vraie de la foi, la simplicité dans nos liturgies, nos prières, dans notre relation avec Dieu et avec les autres, comme nous le contemplons à travers cette amitié entre Jésus et les sœurs de Lazare.

Ecoute et action, contemplation et activité est un autre enseignement de cette rencontre de Béthanie. Marie écoute le Seigneur, assise à ses pieds, comme faisaient tous les disciples en présence d’un rabbin. Marthe elle, se charge de la logistique : comment mieux accueillir Jésus. Marthe et Marie représente deux dimensions de la vie intérieure que nous avons tendance à opposer, alors qu’elles doivent aller de pair et se complètent et s’enrichissent mutuellement ! C’est la prière et l’action. La prière nous envoie forcement à agir et notre action, pour être vraiment féconde, trouve sa source et sa motivation première dans la prière.  Rappelons-nous que la devise bénédictine donnée par saint Benoit lui-même dans sa Règne est « Ora et labora » (prière et travail). Dans un monastère ou abbaye, la vie est rythmée par la prière et le travail.

Marie, dans cet évangile, représente la nécessité d’écouter la Parole de Dieu, la garder dans notre cœur, s’en abreuver. Chaque chrétien doit dire chaque jour « parle Seigneur, ton serviteur, ta servante t’écoute » L’origine de chaque vie de foi, le cœur de toute expérience religieuse est et reste la rencontre intime et mystérieuse avec la Parole de Dieu.  Dans nos vies tellement mouvementées, stressantes et remplies, retrouvons le goût de la prière et du silence comme source de sérénité et de joie !

Marthe réaliste la béatitude de l’accueil, de l’hospitalité, d’un amour qui se fait concret. Elle sait que l’écoute de la Parole de Dieu est importante, mais elle sait aussi que si la prière ne change pas concrètement notre vie, celle-ci reste stérile et inféconde. Par son action, Marthe nourrit le Christ que sa sœur Marie adore. Une prière réellement authentique débouche forcement sur le service des frères. Si notre charité, notre activité, notre apostolat, notre mission ne trouvent pas leur source et leur accomplissement dans la prière, ils deviennent stériles et asséchants. Jésus ne demande pas à Marthe d’arrêter de faire la cuisine : il lui demande de ne pas s’agiter et d’arrêter de râler, de récriminer et de fonder son action dans l’écoute. A travers ces deux visages de Marthe et Marie, Jésus nous apprend comment doit être conduite notre vie de foi. Puisse l’exemple d’Abraham, Marthe et Marie inspirer nos rencontres d’été où nous avons la chance d’accueillir ou de rendre visite aux familles et aux amis, afin que nos rencontres emplies de joie et de simplicité renforcent en profondeurs nos relations amicales et familiales. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XVI° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-07-17T11:31:35+02:00

Homélie du Père Joseph du XIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

« Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? »

Ces paroles sont choquantes !  Et puisqu’elles s’adressent à Jésus, nous pouvons dire qu’il s’agit bien d’une prière, parce que chaque fois qu’on s’adresse à Dieu, c’est cela la prière. Elle peut être une action de grâce, une louange, une intercession ou alors une demande, de pardon ou d’une faveur.  Dans cet évangile, les paroles de cette prière sortent de la bouche et du cœur du plus jeune et du plus mystique des apôtres, celui qui est appelé le « disciple bien-aimé », Jean, celui qui, pendant la dernière cène avait posé sa tête sur le cœur du Seigneur. Comment de telles paroles peuvent-elles sortir de la bouche d’un disciple ? Encore, si c’était Judas qui les avait prononcées, on comprendrait ! Mais dans l’évangile, il ne s’agit pas de Judas, mais du plus mystique des apôtres !

En lisant l’évangile lors de la préparation cette homélie, j’avoue avoir été choqué par le décalage entre l’imageque nous avons de l’apôtre Jean et cette sorte de haine, de violence et de rancœur qui sortent de son cœur, en passant par sa bouche. Jean me fait penser Paloma, la fille de ma secrétaire de l’ancienne paroisse : petite fille trop belle, avec vraie tête d’ange !  Mais elle était capable de faire volontairement de grosse bêtise à l’école et la maîtresse pouvait punir quelqu’un d’autre parce que c’était inconcevable que Paloma fasse cette bêtise ! Mais la mère me disait :  père Joseph, méfie-toi de cette tête d’ange parce que parfois Paloma peut réagir comme le diable !  Nous côtoyons parfois certaines ces personnes dans nos familles, en communautés, nos mouvements, au travail : vous les voyez avec une tête d’ange…et vous vous dites que cet homme, cette femme, cet enfant n’est pas capable de faire du mal. Pourtant, vous découvrez qu’il, qu’elle est capable de faire des sales coups, des horreurs, des méchancetés aux autres au point que nous avons du mal à accepter si l’on n’en est pas un témoin direct.

Vous et moi, nous sommes tous capables de haine ou violence comme Jean et Jacques, deux disciples qui ont pourtant marché avec Jésus, partageant ses joies, écoutant ses enseignements sur le pardon et la miséricorde, l’amour des ennemis, goûtant la douceur et la tendresse qui sortait de ses gestes et paroles. Comme eux, nous avons vécu et vivons de belles choses, de profondes expériences chrétiennes à la suite de Jésus, et pourtant, nous ne sommes pas vaccinés contre le mal, la violence, la rancœur et la haine.

L’un des enseignements de ce dimanche qui nous fait entrer dans la période estivale et les vacances est de nous rappeler que la vengeance est toujours diabolique. La haine, la violence est un venin présent en chacun de nous, à petite ou forte dose, qui nous ronge de manière insidieuse et qui peut détruire notre âme. Nous pouvons toujours trouver des excuses et des justifications à notre vengeance, rancœur, haine de l’autre, en particulier celui qui nous a fait du mal, celui que nous qualifions d’ennemi….Un pervers mécanisme de raisonnement pourra toujours justifier n’importe quel crime ! Combien j’entends des explications psychologiques excusant le pédophile de son crime parce qu’abusé dans son enfance lui aussi ou un parent violent qui justifie sa violence par la fait d’avoir eu des parents violents….

Un homicide pourra toujours dire : « Je l’ai tué parce que c’est lui qui m’a provoqué ».  Pensez aux conflits dans le monde. On a toujours une bonne raison pour bombarder le voisin, le russe et l’Ukrainien, Israélien ou Palestinien, Américain ou Afgan, le sud et nord-coréen, le Rwandais et Congolais, le Wallon et le Flamand… Tutsi et le Hutu trouveront toujours une bonne raison pour se haïr…. Vous pouvez poursuivre la liste et chacun peut trouver dans sa propre vie, parmi ses voisins, dans sa famille, parmi ses collègues comment nous essayons justifier et excuser nos haines et à nos bêtises. Nous en faisons l’expérience dans le sacrement de réconciliation ! Combien de fois nous allons confesser un péché tout en nous trouvant des excuses, en essayant de trouver des circonstances atténuantes pour expliquer comment nous en sommes arrivés à commettre ce péché : « Je ne lui adresse plus la parole parce qu’il a été très méchant avec moi.  J’ai trompé mon mari, mon épouse parce qu’il ne me rouche plus ou n’accepte plus que je la ou le touche.   Je l’ai blessé pour qu’il sente aussi combien ça fait mal quand il blesse les autres… »

C’est ce type de raisonnement de vengeance qui anime le cœur de Jacques et Jean, et c’est cela que le Seigneur condamne. Parce que les Samaritains refusent de les accueillir, Jacques et Jean suivent la logique de l’œil pour œil et dent pour dent.  L’Evangile nous dit que Jésus les interpella vivement… et se dirigea vers un autre village. En réagissant ainsi, Jésus, qui est juif, prend la défense des Samaritains, qui étaient historiquement les ennemis des juifs. Dieu défend ceux qui ne pensent pas comme lui et nous invite à abandonner la logique qui dit que les ennemis doivent se combattre et s’éliminer mutuellement, pour que le plus fort puisse gagner toujours.

En devenant chrétien par le baptême, c’est cette logique nous devons apprendre à ces enfants qui sont baptisés aujourd’hui. Jésus veut éliminer le concept même d’ennemi. Il cherche un autre village, il fuit la violence, prend une autre route, une autre voie, qui nous empêche de sombrer dans le cercle vicieux et l’engrenage de la vengeance et la rancœur, pour mettre la paix dans les cœurs.  Mon accompagnateur spirituel me disait un jour «, Joseph, nous ne sommes pas responsables des blessures que nous subissons, celles qui nous sont infligées, mais nous sommes responsables de ce que nous décidons d’en faire : la vengeance, la rancœur, ou alors le pardon et la paix ». Jésus a choisi la voie de la paix et c’est cela que nous sommes appelés à choisir si nous voulons résolument le suivre jusqu’au bout.

Et c’est cela le deuxième enseignement de cet évangile ! Suivre Jésus jusqu’au bout n’est pas facile. Jésus lui-même l’atteste et nous le voyons dans la deuxième partie de l’évangile : « En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. ». Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. ».

Ces paroles sont dures pour nous aujourd’hui. Mais elles l’étaient aussi pour les apôtres. Avec la métaphore des renards et des oiseaux, Jésus parle de sa personne et de sa mission menacée par le pouvoir politique et religieux. Il est toujours sur la route qui le conduit vers Jérusalem, lieu du refus, de la condamnation et de la mort. Devenir chrétien, suivre Jésus sur ce chemin, c’est accepter le refus, comprendre qu’on ne peut être aimé par tout le monde. Tranquillité et la facilité ne font pas partie du chemin de Jésus. Un disciple du Christ ne sera jamais tranquille !

La foi chrétienne n’est quelque chose de toujours confortable, de toujours joyeux et idyllique… Très souvent nous sommes éprouvés parce que nous sommes disciples du Christ. Jésus nous dit que celui qui veut marcher à sa suite doit d’abord prendre sa propre croix.  L’expérience de la foi nous ouvre toujours de nouveaux horizons, de nouvelles routes, nous fait voir que nous avons encore des conversions à vivre. Malheureusement, nous choisissons souvent ce qui nous convient dans la foi, ce qui est plus facile, plus light, sans contrainte, ni devoir, ni obligation, ni sacrifice…éléments font pourtant partie intégrante de la foi, parce qu’ils font partie intégrante de la vie quotidienne, et c’est chaque jour qu’il faut suivre Jésus, dans un oui, une liberté toujours généreuse et renouvelée.

Si tout ceci vaut pour ceux qui consacrent leur vie au Seigneur dans la vie sacerdotale et religieuse, ça vaut tout autant pour chaque baptisé : Suivre Jésus, c’est abandonner notre manière purement humaine de regarder le monde et les autres, schèmes de pensée, afin de voir le monde et les événements avec le cœur de Dieu…et qui rend les hommes et les femmes plus fraternels, plus pacifiés, apaisés et guéris de toute haine et de toute violence. Puisse Jésus nous guérir de nos rancœurs et nous donner un cœur plein d’amour pour lui- même et pour ceux que nous côtoyons chaque jour. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-06-27T18:29:19+02:00

Edito : Duc in altum ! Avance au large !

Edito : Duc in altum ! Avance au large !

C’est la fin de l’année pastorale et le temps des réunions de bilan et relecture pour voir comment le Seigneur a été et est à l’œuvre dans notre vie personnelle, nos mouvements, groupes, services, équipes et dans notre vie paroissiale. Quand Jésus envoie les disciples, il leur garantit aussi sa présence : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! » C’est cette promesse du Christ qui, lors des relectures, de prendre conscience que même ce qui nous semblent être des échecs, Jésus était là et nous invite à en tirer des leçons pour l’avenir. Alors, nous rendons grâce au Seigneur pour ce qu’il nous permet de vivre.

La fin d’année est aussi la célébration de fin de mission ! Rendons grâce pour toutes ces personnes qui terminent une mission. Pensons aux responsables scouts Touti et Touca, en catéchisme, aumônerie, la préparation aux sacrements… Merci du fond du cœur pour tout ce que vous avez donné. La moisson est abondante, mais les ouvriers sont nombreux ! La communauté a besoin de vous ! Son dynamisme missionnaire dépend de ce que vous pouvez encore lui donner. L’enjeu est de discerner où le Seigneur vous attend et vous appelle à servir. Merci pour votre générosité.

La fin d’année renvoie déjà à la rentrée de septembre. Après la trêve estivale et le repos bien mérité, il nous faudra nous remettre à l’ouvrage. Parmi les nouveautés de la rentrée, il y aura l’absence de l’abbé Christopher qui est reparti dans sa Guadeloupe natale ! Nous rendons grâce pour ce qu’il a donné en deux ans parmi nous. Merci à ceux et celles qui ont voulu prendre la responsabilité des groupes qu’il a accompagnés. L’autre nouveauté, ce sera l’arrivée des trois religieuses au presbytère de Saint Simon. Un grand merci à tous ceux qui se sont investis dans les travaux, l’équipement du presbytère, l’aménagement du jardin du presbytère pour mieux accueillir ces religieuses dont la venue est une grâce pour notre ensemble paroissial. A la rentrée, elles auront besoin de nous pour s’installer et je sais que je peux compter sur vous.

Deux derniers projets seront lancés à la rentrée ! Une Equipe Tandem pour accompagner les jeunes couples qui ont moins de 5 ans de vie commune, pour partager sur la vie de couple. Merci à Claire et Rémi Dupont qui ont accepté d’accompagner ce projet. L’autre grand projet de la rentrée, c’est le lancement du Parcours Alpha Classic. Merci au noyau qui prépare le lancement depuis plusieurs mois. Le principe, c’est un topo, un repas et un partage en 10 soirées et un weekend. Merci de prier pour ce projet, en lien avec les sœurs de Boulaur, les Carmélites de Muret et les Clarisses de Toulouse qui prient pour que ce parcours porte beaucoup de fruit. Parlez-en autour de vous, invitez vos amis et proches à participer avec vous à cette aventure qui booste notre vie, quel que soit où nous en sommes dans la vie de foi.

Dans l’élan du Synode dont nous venons de terminer la phase diocésaine, notre archevêque, Mgr Guy de Kerimel convoque une Assemblée Diocésaine qui se déroulera le 15 et 16 octobre à Pibrac. Certains parmi vous seront invités personnellement à y participer. Merci de prier pour cet événement qui sera un lieu d’écoute et d’échange permettant ensuite à notre nouvel archevêque de bâtir une vision pastorale pour notre diocèse.

L’été et le temps des vacances permettent de se retrouver autrement, simplement, dans la convivialité… en dehors des réunions. J’ai envie et besoin de vous rencontrer si vous êtes par-là et si vous le voulez bien, pour faire connaissance avec vos familles, partager un repas, un café….  N’hésitez pas à m’appeler, à m’inviter, à passer au presbytère ! Bonnes vacances ! Bel été et que Dieu vous garde !

Bienvenue au Père Rodrigue Bisimwa

Les vacances d’été sont l’occasion de voir de nouveau visages ! Le père Rodrigue vient pour le service pastoral d’été sur notre ensemble paroissial. Il sera là du 12 juillet à fin août. Originaire de la RDC, le père Rodrigue est prêtre du diocèse de Bukavu. Ce sera sa toute première expérience ecclésiale en France. Je vous demande déjà d’être indulgents.  Ce jeune prêtre (deux ans d’ordination) apportera de la fraicheur à nos paroisses et à ceux qui oseront la belle aventure de la rencontre personnelle. Il célébrera les messes, les baptêmes, mariages, funérailles….! Je remercie les équipes et toute notre communauté pour l’accueil chaleureux que vous allez lui réservez.  Ne pouvant pas conduire en France, il aura parfois besoin d’être conduit d’une église à l’autre pour les célébrations, et aura parfois besoin de vous pour cela. Je vous en remercie. Je compte sur vous pour l’inviter chez vous afin de mieux le connaître et découvrir ce que vivent les gens au Congo.  Le père Rodrigue résidera au presbytère de Tournefeuille pendant son séjour parmi nous. D’ores et déjà, nous lui souhaitons la bienvenue.

 

 

 

 

Edito : Duc in altum ! Avance au large !2022-07-01T08:33:24+02:00

Homélie du Père Joseph du Saint Sacrement, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

« J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »  S’adressant ainsi à la communauté de Corinthe, saint Paul rappelle ce qui, à notre époque, a pris une connotation tellement négative à cause de certaines dérives, et qui s’appelle, la tradition.  Ce n’est pas un compliment quand on traite un prêtre de « tradi », ou « traditionnaliste ». C’est presque une injure dans certains milieux, et un grand compliment d’autres milieux. Tout dépend de sa sensibilité. Pourtant, il y a des traditions familiales, des choses qui se transmettent de générations en générations ! Quand j’étais petit et que nous allions en vacances chez les grands parents, ils nous apprenaient, et nous devions apprendre par coeur l’arbre généalogique de la famille, certains événements familiaux transmis oralement, et parfois matériellement. Le but était de nous faire comprendre d’où venait notre famille, quelle était l’histoire de notre clan, de notre tribu, quel rôle avaient joué tel et tel ancêtre dans l’histoire familiale… Pour cela, il fallait dire la vérité, ne rien inventer, mais répéter. La préoccupation principale des parents et grands-parents était de transmettre fidèlement la tradition pour ne pas oublier nos racines.

Dans la vie ecclésiale, on parle de Tradition, c’est-à-dire, le contenu de notre foi tel qu’il a été transmis fidèlement depuis la naissance de l’Eglise.  Il s’agit des trésors qui font que nous sommes là aujourd’hui, des trésors que nous avons reçus depuis plus de 2000 ans et que nous sommes chargés de transmettre. Parmi ces trésors, il y a celui de l’eucharistie. Certes, les messes célébrées aux premiers siècles, avec des grandes miches de pain, de vraies carafes de vin, dans les maisons privées, avec de très petites assemblées ou dans les catacombes étaientt différentes des messes célébrées dans les basiliques majeures comme Saint Pierre de Rome ou Saint Jean de Latran à Rome. Les messes vécues à Bukavu pendant les vacances, avec beaucoup de chants et de danses, dans une culture différente ne sont pas les mêmes que celle que je célèbre ici, à Tournefeuille ou Lardenne, dans une culture différente !

Pourtant, dans toutes ces messes, quelles que soient la culture et l’époque, il y a une structure commune avec les différentes parties : accueil, liturgie de la parole, liturgie eucharistique et envoi. Dans toutes ces messes, il y a la même matière, le pain de blé non fermenté, du vin de raisin, avec les mêmes gestes et les mêmes paroles que même le pape ne peut pas inventer, sans prendre le risque d’altérer ou de rendre la messe invalide. Cette structure, la matière, les paroles et les gestes sont ce qui constitue la tradition eucharistie qui nous vient de Jésus lui-même et inventé par personne.  Quand le prêtre et l’assemblée respectent cette tradition, dans la matière, les paroles et la forme, dans leur substance, le pain et le vin deviennent réellement mais mystérieusement le corps et le sang du Christ, le même Jésus que la Vierge Marie avait conçu et mis au monde. C’est ce que nous appelons le Saint Sacrement.

Pour reconnaitre le Christ présent dans le pain et le vin consacrés, nous n’avons pas besoin des nos 5 sens physiques qui ne peuvent se limiter qu’à la matière et à la forme. Nous avons plutôt besoin des oreilles de l’âme, c’est-à-dire, de la foi pour le reconnaitre. Ce n’est pas nous, notre foi ou absence de foi qui faisons que le pain et le vin consacrés deviennent corps et sang du Christ. Ils le sont réellement quand la messe est célébrée par le prêtre, indépendamment de nous.  Recevoir l’eucharistie sans y croire est sacrilège ! Cependant, celui qui les reçoit avec foi reçoit l’immortalité, car Jésus dit que « ma chair est la vraie nourriture, mon sang la vraie boisson et celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui et je le ressusciterai au dernier jour ».

Saint Paul, l’apôtre de seconde zone, lui qui n’a pas connu ni vécu avec Jésus, tient cependant à rassurer ses paroissiens de Corinthe. Il leur raconte l’essentiel qui atteste de l’authenticité de sa prédication, affirmant qu’il l’a lui-même reçu. Ce qu’il raconte, c’est la Dernière Cène, le dernier repas du Christ avec ses disciples, qui devient la première eucharistie, la première messe que Jésus nous demande de revivre : « Faites cela en mémoire de moi » Cela veut dire, si vous voulez que je sois là, refaites sans cesse cela, n’arrêtes pas de célébrer la messe ! Et depuis lors, de génération en génération, nous faisons cela en mémoire du Christ, fermes dans la foi que Jésus est mystérieusement mais réellement présent chaque fois que nous célébrons la messe. Dans chaque eucharistie, Jésus est là, présent et se donne à nous.

Cette année, le récit d’évangile qui nous est donné pour la fête du Saint sacrement est la multiplication des pains et des poissions raconté par saint Luc. Ce miracle laisse entrevoir en filigrane la célébration eucharistique probablement telle qu’elle était célébrée au sein de sa propre communauté à laquelle appartenait saint Luc. Jésus accomplit un miracle en utilisant le pain, comme lors de la dernière Cène. Le poisson, pour la première communauté ecclésiale était le signe de reconnaissance des premiers chrétiens persécutés.  Saint Luc nous rappelle dans ce récit que le plus grand des miracles n’est pas tant d’avoir donné à manger à toute cette foule rassemblée. Le plus grand miracle s’accomplit aujourd’hui, pour nos âmes, par cette présence de Jésus qui se donne toujours à nous dans le pain et le vin consacrés. Jésus vient combler cette faim et soif profondes de nos âmes en se donnant à nous, mais dans le but de nous apprendre à devenir, à notre tour, pain rompu et donné pour les autres.

En fin de compte, le message principal de la fête du Corpus Domini est celui-ci : pendant célébration de la messe, même quand elle nous semble bâclée, torturée… Jésus est là présent, il prend le risque de se donner en se faisant pain rompu. Si tel est le cas, si nous en prenons conscience, si nous l’absorbons dans la foi, alors, aucun prétexte, aucune excuse, ne devrait nous empêcher d’y aller. Même quand les messes paraissent ennuyeuses, les homélies longues et pas intéressantes, même quand les chants ne sont ni beaux ni dynamiques… Jésus est là. Rappelons-nous que Jésus veut se donner à travers tout ce que nous mettons en œuvre pendant la messe.  Notre mission est de mettre le paquet afin que nos messes soient belles, attirantes, pleines, solaires, fortes, priantes, recueilliesparce que l’eucharistie est la source et le sommet de notre foi. Je me dis même que nous devrions mettre le paquet sur la préparation de la messe, en célébrer moins mais très belles, priantes, dynamisantes au lieu d’en multiplier avec moins de moyens parce que chacun veut sa messe, dans sa paroisse, à l’horaire qui lui convient.

Cette prise de conscience devrait partir d’abord du prêtre sans lequel il n’est pas possible de célébrer l’eucharistie. Il est l’instrument, le pont dont se sert Jésus pour se donner aux autres membres de son corps que sont tous les fidèles assemblés pour célébrer avec lui.  Je vous invite à prier pour les prêtres afin qu’il ne célèbre jamais la messe avec routine ni habitude, mais comme l’accueil de ce miracle de l’Amour infini toujours nouveau qui se donne au cours de la messe. Je vous invite à prier aussi pour tous ces enfants qui, depuis l’Ascension ont fait leur première communion dans nos communautés et dans l’Eglise. Puisse Jésus présent dans le pain et le vin consacrés soutenir à jamais nos esprits et nos corps et nous donne la guérison. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du Saint Sacrement, année C (2022)2022-06-27T18:27:01+02:00
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