À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du II° dimanche de Carême, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Au cours de notre parcours du désert de Carême et dans cette montée vers Pâques, une grande lumière vient faire irruption pour éclairer nos ténèbres afin de nous permettre d’avancer et de vaincre la tentation d’arrêter le chemin entrepris de suivre Jésus jusqu’au bout ! C’est comme dans notre vie : Dieu fait irruption dans notre vie quand la foi et l’espérance nous disent que nous sommes capables de vaincre nos peurs et notre tentation de résignation, de baisser les bras devant les difficultés et les épreuves de la vie ! Dans cet épisode, plusieurs éléments montrent le don infini que Jésus fait à ses disciples. Essayons d’analyser ces éléments.

D’abord la montagne : dans la Bible, la montagne est le lieu de la théophanie, lieu de la présence et de la manifestation de Dieu. C’est le lieu par excellence de la rencontre avec Dieu pour écouter sa Parole comme cela s’est réalisé pour Moïse et Elie. Il y a ensuite la lumière resplendissante : c’est la lumière de Dieu. D’ailleurs, c’est Dieu lui-même. « Je suis la lumière du monde », nous dit Jésus : celui qui marche avec moi ne marche pas dans les ténèbres car il aura toujours la lumière de la vie.  La nuée signalée dans ce récit manifeste aussi la présence de Dieu. Comme lors de la traversée de la mer Rouge, dans l’Exode, la nuée précédant le Peuple libéré signifiait la présence de Dieu qui l’accompagnait et le guidait. Dans cet épisode, il y a aussi une invitation en forme d’impératif, comme au jour du baptême de Jésus au Jourdain : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ! » C’est la voix du Père.

La Transfiguration du Christ semble une sorte de parenthèse sur notre cheminement « quasi tragique du Carême » : c’est comme si, dans une vallée de larmes et des souffrances, Jésus lui-même veut encourager ses disciples en leur faisant contempler la beauté de Dieu et sa gloire sur le mont Tabor, pour le préparer à ne pas perdre de vue la résurrection à venir après la passion et la mort ! C’est un appel à l’espérance quand nous sommes assaillis pas les épreuves de la vie.

Cependant, Jésus ne veut pas que ses trois disciples Pierre, Jacques et Jean qui vivent cette belle expérience de consolation et de douceur, en restent là : il leur faut revenir dans l’ordinaire, dans le train-train du quotidien pour témoigner de cette beauté de Dieu, même s’il leur est interdit d’en parler. Jésus ne veut pas que ses disciples, après avoir fait cette très belle expérience, qui est une sorte de paradis sur terre en restent là, dans leur joie égoïste sans s’engager ni se bouger pour les autres : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie ».

Jésus demande à ses trois disciples de vivre, de témoigner, de manifester la gloire de Dieu, cette gloire contemplée sur son visage resplendissant lors de transfiguration au Tabor. Jésus veut que ses disciples de faire une descente, et ne pas rester sur leur petit nuage. Les disciples doivent descendre du mont Tabor, rencontrer le peuple qui attend au pied du Tabor, mais pour ensuite faire une autre montée vers le Calvaire. Être chrétien, c’est entre dans ce mouvement de va-et-vient, mouvement alternant montée et descente, comme la vie de Jésus lui-même. L’expérience de la consolation de la transfiguration me fait penser à ces jeunes, comme Matthieu, un des lycéens de l’aumônerie de Tournefeuille qui étaient à Taizé la semaine dernière ! Après avoir vécu une très belle expérience pendant une semaine à Taizé, Matthieu m’a dit combien ils voulaient rester là, avec cette appréhension de revenir à la réalité quotidienne à la maison, au lycée et en paroisse ! Mais, comme au Tabor, Jésus les invite à revenir dans la vie ordinaire de la famille et reprendre la vie quotidienne pour témoigner de la joie qu’il leur a donner.

Le récit de la transfiguration nous dit qu’il est toujours possible d’être dans la joie et le bonheur aujourd’hui déjà malgré les combats spirituels et les épreuves que nous pouvons affronter, cette joie qui n’est pas euphorique mais simple et profonde que nous apporte ce Dieu qui donne sa vie par amour pour nous. Le temps du Carême nous invite d’ailleurs à regarder autour de nous ceux et celles qui ont du mal à être dans cette joie à cause de vicissitudes de la vie, des épreuves pour leur apporter aide, réconfort et consolation. C’est le sens de la solidarité que l’Eglise nous invite à intensifier pendant le Carême. Pour nous chrétiens, le bonheur n’est pas seulement dans l’au-delà, après la mort : la gloire de Dieu dont nous devons tous resplendir brille déjà dans notre histoire, et c’est cela dont nous devons témoigner malgré tout, même dans les épreuves et malgré notre faiblesse. Chacun de nous est invité à vivre et s’engager pour que la joie de la transfiguration resplendisse sur chaque visage humain, en particulier dans la vie de ceux qui ont du mal à faire l’expérience de la joie pascale à cause des difficultés de la vie.

Ce lien entre gloire et épreuve est évident dans deux pages fondamentales de la vie de Jésus : la transfiguration et l’agonie dans le Jardin de Gethsémani. Dans les deux cas, Jésus est accompagné par trois apôtres Pierre, Jacques et Jean. Dans les deux textes, Jésus se retire dans un endroit secret, dans la solitude, un lieu peu accessible aux regards curieux. Et dans les deux cas, les trois apôtres sont comme des spectateurs apeurés devant un grand mystère qui est dévoilé devant eux que de vrais et réels protagonistes maîtrisant la situation.

Au Jardin des Oliviers comme sur le Tabor, Jésus est le seul réellement présent, une présence qui rassure les disciples. En ce temps de Carême, et dans « tous les carêmes » de notre vie, Jésus nous invite à nous ouvrir à lui, à voir sa présence à nos côtés car il est le seul capable de transfigurer notre quotidien en y apportant un peu de sa lumière. Dieu seul est capable, si nous le laissons habiter notre vie, de transfigurer la routine de notre quotidien qui est parfois sans sel, sans saveur ni lumière. Pour ceux qui travaillent ; Dieu est le seul capable de transfigurer nos vas-en vient parfois routiniers et stressants entre la famille, la maison, le travail et autres engagements associatifs et ecclésiaux. Jésus veut mettre de la joie dans ce que nous faisons de manière routière et parfois sans amour, à la seule condition de le laisser réellement entrer dans tout ce que nous faisons.

Oui, Jésus veut réaliser sa transfiguration sur toutes les situations que nous vivons. La lumière du Christtransfiguré peut briller sur nos vêtements trempés de sueur de notre transpiration, mais sur lesquels nous mettons du déodorant à cause de cette obsession permanente d’apparaître, de donner certaine une image acceptable par la société alors qu’au fond de nous, nous sommes rongés et assaillis par le remord, l’angoisses et la honte à cause de nos fautes et fragilités. Jésus peut transfigurer nos visages défigurés par les injustices de tout genre, les discriminations, les maladies et autres soucis de la vie. Nos visages tristes peuvent croiser le regard resplendissant du Christ, les corps affaiblis et les muscles souffrants peuvent être touchés par la main douce et réconfortante de Dieu ! Les oreilles qui n’en peuvent plus d’entendre les paroles agressives et calomnieuses peuvent se reposer dans les paroles douces du Père qui nous invite à écouter la voix de son Fils, doux et humble de cœur.

Seigneur, en ce temps de Carême, vient transfigurer nos vies. Aide-nous aujourd’hui déjà à construire un monde qui reflète ta présence et ta gloire.

Homélie du Père Joseph du II° dimanche de Carême, année A (2023)2023-03-04T17:06:22+01:00

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de Carême, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Le carême a bel et bien commencé depuis mercredi. Pendant ce temps de désert, Jésus nous appelle à cheminer avec lui car il veut nous révéler l’ampleur de son Amour à travers sa vie donnée sans compter sur la croix.  Pendant le carême, Jésus nous appelle à plus de solidarité entre nous et envers les plus pauvres ! Lui, le premier, a été solidaire avec nous, se mélangeant aux pécheurs pour un baptême de conversion dont il n’avait aucunement besoin. Après avoir pris notre nature humaine, se mélanger aux pécheurs, sans avoir aucun péché à confesser, est le premier signe de solidarité et de communion dont il nous témoigne. Dans l’évangile de ce premier dimanche de Carême, Jésus nous invite à le suivre au désert où nous contemplerons sa présence, le rencontrerons personnellement. Nous y aurons soif, mais c’est lui qui va nous abreuver par sa présence. Nous aurons faim, et sa Parole sera notre nourriture. Nous aurons peur, mais c’est lui qui va nous rassurera pour nous conduire jusqu’au bout !

Ne pardons pas de vue que le Carême est toujours un temps de grâce. Demandons cette grâce pour les catéchumènes qui vont célébrer l’Appel Décisif ce dimanche après-midi à la basilique sainte Germaine de Pibrac. Parmi eux, 15 adultes de notre ensemble paroissial qui seront baptisés à Pâques ! Ils se sont laissé toucher par l’Amour du Christ et veulent le suivre dans la foi. Mais vous le savez, être chrétien est parfois une marche longue et ardue dans le désert : cette période sera un temps de combat spirituel pour eux et pour nous aussi, mais rappelons-nous toujours que Jésus a mené le même combat contre le Malin lors des tentations au Désert et au jardin de Gethsémani et qu’il en a été vainqueur. Jésus est aussi avec nous pour nous aider à être vainqueurs nous aussi dans nos combats contre le mal, si nous le laissons devenir maître de nos vies.

Le désert, c’est aussi lieu de la mort ! C’est dans ce lieu où Jésus affronte la tentation et la grande difficulté de choisir, difficile exercice de notre liberté limitée dont nous faisons l’expérience. Nous savons tous que par notre liberté, nous pouvons poser de choix pour la vie et pour la mort, pour le bien et pour le mal. C’est ici l’appel à chacun de nous, en ce temps de carême, de regarder qu’est-ce qui, dans notre vie, doit mourir. Saint Paul nous rappelle sans cesse que nous devons laisser mourir le vieil homme qui est en chacun de nous, pour laisser v grandir et vivre l’homme nouveau ressuscité avec le Christ. C’est cela la conversion du temps de carême : affiner et éclairer notre liberté qu’elle choisisse la vie, le bien, la vérité, l’amour, en luttant contre tout ce qui conduirait  notre monde ou nous-même à la mort.

Le désert, c’est aussi le lieu du Tentateur, du Diable. Oui, Satan existe et est toujours à l’œuvre, voulant, comme un lion qui rugit et qui veut faire de nous sa proie, comme nous dit saint Pierre. Le Diable, pour beaucoup de nos contemporains est devenu une sorte d’héros romantique, qui exalte et fascine, surtout la jeunesse.  Satan est devenue une figure tragique qui suscite à la fois curiosité et intérêt. On attend des courant de pensée qui se revendique diabolique. On parle de plus en plus du satanisme qui fait dont sont adeptes beaucoup de nos contemporains, en particulier les jeunes. Cela se manifeste dans la musique, l’art, l’habillement, le cinéma… ! Satan fascine beaucoup, il fait vendre et gagner beaucoup d’argent dans notre société.

Jésus appelle à nous laisser plutôt fasciner par son Père sur lequel il s’est appuyé dans le désert au moment des tentations. Jésus nous redit, en ce début de Carême, que Satan n’est pas le maître de notre liberté et de notre raison, et que malgré les tentations, nous avons toujours la possibilité de choisir le Bien et l’Amour, … bref, de choisir Dieu. Comme nous les voyons dans les trois tentations.

– D’abord le pain. C’est la tentation du bon sens. Jésus a faim. Il faut qu’il survive. En s’appuyant sur les Ecritures, Satan porte le visage de quelqu’un qui est de très bon conseil et qui a du bon sens.  C’est quand même du bon sens que de prendre soin de soi, de manger quand on a faim et de satisfaire nos appétits charnels, à faire attention à notre hygiène de vie, à notre forme physique. Mais c’est là le piège car pour se nourrir, Jésus doit transformer les pierres en pain. Il faut faire un miracle ! Le pain dans cette tentation devient une idole, une finalité à atteindre à tout prix et peu importe les moyens. Oui, c’est bien d’être en forme physiquement ! C’est bien de prendre soin de notre corps, de se préoccuper de notre bien-être physique ! Répertoriez les multiples propositions que nous avons pour être en forme physiquement, pur prendre soin de notre corps et être tout le temps au top !  C’est impressionnant !

Le carême nous rappelle que c’est important de prendre soin de notre forme physique, sans oublier de nous préoccuper de la santé vitale de notre âme. L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. C’est le sens du jeûne et de la pénitence fortement recommandés en carême, mais pas seulement ! D’où l’importance de prendre soin de sa vie spirituelle aussi pour la nourrir, en puisant dans la Parole de Dieu et dans le Cœur transpercé de Jésus sur la croix, en nous laissant laver par ce eau vive qui en jaillit et abreuver par ce sang précieux qui découle ! Nourrissons notre âme de la Parole de Dieu et les sacrements en ce temps de carême.

Et notre âme, celle qui fait que nous portons le souffle de Dieu et que nous sommes faits à son image et à sa ressemblance : très peu sont les voix qui nous disent qu’il faut aussi en prendre soin et l’entretenir. Prenons soin de notre corps en ce temps de Carême, mais n’oublions pas de prendre soin de notre âme, de puiser dans le cœur transpercé de Jésus, dans con coté ouvert d’où il a fait jaillir l’eau et le sang, les sacrements et la parole qui nourrissent notre âme.

Dans la deuxième tentation, Satan ne met pas en cause l’existence de Dieu. Il reconnaît même sa bonté de Dieu. Mais il propose simplement à Jésus de demander un signe, une preuve de son existence. Un petit signe de rien du tout pour prouver la bonté débordante de Dieu, en citant le psaume 90 que je vous invite à aller lire et qui nous appelle à faire confiance en la protection de Dieu ! Satan montre là qu’il est un manipulateur !

Nous aussi, arrêtons de manipuler Dieu, avec notre foi exige lui des preuves, des miracles, des signes… Arrêtons nos petits les chantages que nous faisons à Dieu en demander parfois des choses simplement pour satisfaire nos caprices d’enfants gâtés ! Peux-tu évaluer toi-même le contenu et la nécessité de ce que tu demandes à Dieu dans la prière ? Interroge-toi aussi sur tous les chantages, les manipulations, les demandes capricieuses que tu peux faire dans ton couple, dans ta famille, la communauté paroissiale, diocésaine, à l’Eglise universelle ou à la République même quand nous exigeons que tout le monde se courbe à nos besoins et désirs personnels.

Si la deuxième tentation est une manipulation et du chantage faits au Seigneur, la troisième tentation est la manipulation des relations humaines pour ses propres intérêts personnels et parfois égoïstes. « Tu veux être le messie ? Alors comment penses-tu pouvoir être en relation avec tous les grands de notre temps si tu ne fais pas quelques compromis et compromissions ! »  On nous parle des rendez-vous du donnant-donnant, rien pour rien. La gratuité disparaît dans les relations. Il faut être plus fort que tout le monde, plus rusé et plus malin que ses collègues pour faire carrière…Et tous les coups sont permis. Dans les relations professionnelles, et malheureusement dans certaines « relations amicales » aussi, on exige sans cesse des faveurs à recevoir ou à restituer….

Le carême est aussi un temps de conversion dans notre relation avec les autres.  Si nous trouvons que parfois, consciemment ou inconsciemment nous manipulons les autres, toujours en quête de nos petits intérêts personnels, alors que Carême  devienne vraiment pour  nous un temps de purification, de conversion, de retour à la vérité, pour  tisser de relations vraies avec Dieu et avec les autres.

Seigneur, toi qui a été vainqueur des tentations au désert, soit notre force dans nos tentations quotidienne pour vaincre le Mal sous toutes ses formes. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de Carême, année A (2023)2023-02-24T19:11:27+01:00

Homélie du Père Joseph du Mercredi des Cendres (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Le mercredi des  Cendres marque le début du Carême ! Ce temps liturgique est de plus en plus méconnu dans notre pays. Posant la questions à quelques enfants récemment, leur définition du carême sont variées et déconcertantes : « Carême est le Ramadan des catholiques », « c’est quand on doit se priver des chocolat » (on me l’a dit en maison de retraite aussi !), « quand il faut partager », « quand il ne faut pas manger de la viande »… et toutes les définitions farfelues que nous pouvons entendre ! Rappelons-nous toujours que notre manière de vivre le Carême exprime notre manière de croire : « Dis-moi comment tu définis le Carême, et je te dirai en quel Dieu tu crois ».

Si pour moi le Carême est un temps long, trop long (on dit parfois d’une longue, déplaisante, éprouvante et dure qu’elle est longe comme Carême). Si pour moi le temps de Carême est triste, cette tristesse doloriste que dénoncesouvent le pape François en parlant des chrétiens « qui vivent avec un visage de Carême » sans perspective de Pâques et de la résurrection, notre attitude  risque  de ne pas attirer maisplutôt éloigner de Dieu et de l’Eglise. Si Carême ne signifie que tristesse, pénitence, flagellation, larme, mortification, sacrifice, privation… et toutes ces choses plus ou moins fausses, plus ou moins vraies que nous associons au Carême… alors, si pour nous Carême ne signifie que cela, alors, nous avons une conception erronée de Dieu. Il ne s’agit pas du Dieu que Jésus est venu nous révéler et qui resplendit sur son visage.

Depuis quelques semaines, le Seigneur nous accompagne par son Discours sur la montagne dans l’évangile selon saint Matthieu. Dans cet enseignement, Jésus nous redit que son Père nous appelle d’abord au bonheur à travers les béatitudes, que nous devons donner du goût à notre vie et à celle des autres en devenant sel de la terre, à être lumière du monde, cette lumière qui éclaire les autres, leur permettant de voirDieu dans notre vie en devenant ses témoins à travers les gestes que nous posons dans notre quotidien.

Dans cet enseignement sur la montagne, Jésus nous appelle aussi à éviter la religion de la forme, de la Loi et du décor (le formalisme religieux) mais à embrasser la religion du cœur, celle de l’Amour, cet Amour qui se donne jusqu’au bout quoiqu’il arrive et que le temps du Carême nous invite à contempler à travers ses bras ouverts sur la croix et qui embrassent toute l’humanité entière. Le Carême, au lieu de la tristesse, nous invite à la joie de croire en un Dieu qui donne sa vie sans mesure par amour pour nous qui sommes pourtant poussière !

Nous sommes infiniment aimés de Dieu même si nous sommes poussière. C’est la symbolique du rite des Cendres.Tirés de la poussière, pécheurs, faibles, précaires et fragiles, mais Dieu nous appelle à l’éternité à travers la mort et la résurrection de Jésus.

Le prophète Joël nous invite à « revenir vers celui qui fonde notre vie et lui donne du sens. « Revenez à moi de tout votre cœur ».  Le carême est une invitation au retour vers le Père, vers celui qui nous sauve, qui nous donne la force d’avancer, qui pardonne et qui fait vivre, celui qui nous tire de la poussière pour que nous devenions ses enfants bien-aimés.Ce retour au Père doit être concret, mais discret nous l’évangile nous l’indique aujourd’hui. Ce retour passe forcément par des gestes, des efforts. Ce sont les 3 P qu’on rappelle aux enfants du KT, mais que tout chrétien est appelé à vivre. Ce sont les piliers du Carême.

-D’abord la Prière qui est le moteur de la vie chrétienne. Elle est fondée dans l’écoute de la Parole de Dieu. Dans la prière, nous parlons au Seigneur de nos joies, en actions de grâce, nous lui confions aussi nos peines et celles du mondepour implorer son secours. Sans prière, la vie chrétienne risque de s’éteindre. Le temps du Carême étant une montée vers Jérusalem, montée difficile, rude et longue … nous sommes appelés à nous armer pour arriver au bout, pour ne pas renoncer en chemin, mais rester avec le Christ qui a portésa croix jusqu’au bout par amour pour nous. Cependant notre prière ne doit pas être du spectacle : « Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle : quand ils font leurs prières, ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et les carrefours pour bien se montrer aux hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra ».

Vivons toutes les propositions spirituelles, la prière personnelle et communautaires le chemin de croix proposés le vendredi à Plaisance, Saint Simon et Lardenne, l’adoration du jeudi soir à Tournefeuille, et de toute la journée à Plaisance et toutes les autres propositions sont à vivre, non pas comme du spectacle mais comme une rencontre avec Jésus qui donne sa vie pour nous. Dans votre prière du carême, je vous invite à prier particulièrement les 15 adultes, le 5 adolescents et les nombreux enfants de notre communauté qui seront baptisés à Pâques.

Il y a ensuite le Partage. Le pape François nous rappelle que l’une des maladies de notre monde, la plus grave qui risque de nous tuer à petit feu, c’est l’égoïsme, l’individualisme.  On s’enferme sur soi…. ! On refuse de regarde autour pour ne pas voir et entendre la misère des autres, plus près et loin de chez nous.  Le Christ a partagénotre condition humaine et nos misères pour nous en libérer. Partager signifie d’abord se laisser toucher par la vie, les odeurs, les saletés des autres. Au sein de notre communauté, en ce carême, nous avons, avec l’EAP penser à poser des actes solidaires, des efforts de partage. Plus de chez nous, en soutenant une association humanitaire, Tusaidie Kivu (Aidons le Kivu), qui soutient des actions de solidarité dans le domaine de l’Education, de la Promotion de la femme, de la Santé et de l’Environnement.  Le pape, qui était au Congo au début de ce mois, nous  invite à ne  pas fermer les yeux mais à nous ouvrir aux souffrances du Congo, et tout particulière du Kivu, cette région dont je suis originaire et qui souffre terriblement de la guerre et de ses conséquences depuis plus de 25 ans.  Je compte sur la générosité de tous les paroissiens et de tous les âges et vous remercie d’avance pour tous les efforts.

Plus près de chez nous, dans le quartier de Borderouge, le diocèse a besoin de notre solidarité pour bâtir une nouvelle église pour une communauté dynamique et vivante déjà existante mais qui se réunit dans la salle d’une école pour célébrer l’eucharistie. Le diocèse a besoin de plus d’un million d’euros pour ce projet missionnaire et solidaire. Au cours du carême, les paroissiens de Borderouge viendront nous en parler. C

Enfin, l’autre P renvoie au Pardon et à la Pénitence. Nous sommes pécheurs et le temps de Carême  est une prise de conscience que nous avons  besoin de la miséricorde de Dieuqui nous appelle à la conversion. La pénitence est l’accueil de Dieu qui nous appelle à changer de cœur, un Dieu qui veut nous libérer de nos cœurs de pierre afin de nous donner un cœur de chair. La conversion, le pardon, la pénitence passe aussi par des gestes et des rites bien concrets. Nous ne pouvons pas monter une montagne si nous avons du mal à passer un col !  La pédagogie de Dieu est progressive. Sachons nous pardonner personnellement ! Combien de fois nous sommes incapables de miséricorde envers nous-même. Ensuite vivons cette la conversion et le pardon dans nos maisons, nos familles, la communautéprogressivement !Nous ne pouvons pas donner à Dieu et au monde ce que nous ne donnons pas à notre conjoint, à nos enfants, à ceux que nous côtoyons chaque jour.

Ne laissons ce temps de grâce passer sans imprégnernotre vie. On croit le carême long, mais il peut passer comme un éclair. Il serait dommage d’arriver à Pâques sans avoir bénéficié des grâces du Carême, pour ressusciter avec Jésus, au matin de Pâques. Amen.

Homélie du Père Joseph du Mercredi des Cendres (2023)2023-02-22T18:51:25+01:00

Un Carême Solidaire et missionnaire, près de chez nous et avec le Kivu, en RDC !

Edito :  Un Carême Solidaire et missionnaire, près de chez nous et avec le Kivu, en RDC !

Le carême commence, sur l’ensemble paroissial, avec la tristesse du décès du père Jean Barba, qui a été votre curé pendant 12 ans. A travers les témoignages de sa vie, deux choses m’ont touché, entre autre : son sens de la Solidarité et ses qualités de Bâtisseur. Cette solidarité se voit à travers ses engagements dans le monde associatifs et tout son ministère dans le diocèse, comme aumônier du CCFD et du Secours Catholique. L’Oustal, ce centre pastoral qui est devenu un des lieux importants de notre vie ecclésiale rappelle ses qualités de Bâtisseur.

En accord avec l’Equipe d’Animation Pastorale, nous vous proposons pendant le Carême, deux actions solidaires et missionnaires qui auraient plu au Père Jean : soutenir une association humanitaire et participer au projet de construction de l’église Saint Sauveur à Borderouge !

 

  1. Soutenir l’association Tusaidie Kivu « Aidons le Kivu ». Je suis originaire de Bukavu, dans la région du Kivu, en RD Congo. Frontalière du Rwanda, du Burundi et de l’Uganda, cette région vit, depuis plus de 25 ans une situation humanitaire et sécuritaire dramatique. Le pape François vient faire une visite apostolique au Congo comme pèlerin de Paix et de réconciliation (du 31 janvier au 3 février). Les souffrances auxquelles font face les peuples de la RDC ne font pas régulièrement la une des médias internationaux. Le Pape François n’a pas manqué de fustiger ce silence complice. Car dit-il : « on a fini par s’habituer au sang qui coule depuis de décennies, faisant des millions des morts à l’insu de beaucoup». S’agissant de victimes des guerres en RDC, le Pape François a brisé un tabou diplomatique en parlant d’un « génocide oublié». Le Congo, et plus particulièrement le Kivu souffre beaucoup !  L’Eglise, comme beaucoup d’associations locales et organisations humanitaires, accompagne ces populations, en particulier dans les domaine socio-économique, sanitaire et éducatifs…

Chacun apporte sa petite part pour alléger la souffrance ! On dit que ce sont les petites cours d’eau qui font de grands fleuves. Depuis un peu plus d’une année, en constatant des souffrances augmenter chaque jour, avec un groupe d’amis, nous avons créé une association humanitaire Tusaidie Kivu ( Aidons le Kivu). Nous accompagnons 4 associations locales qui agissent dans le domaine de l’éducation, la promotion des femmes, la Santé et l’Environnement. Pendant ce Carême, nous en appelons à votre générosité, quel que soit votre âge, au sein notre communauté paroissiale pour soutenir, par vos dons et vos adhésions, cette association. Nous organiserons une soirée pendant le Carême pour expliquer les actions sur place et répondre aux questions. N’hésitez pas contacter cette association par mail (tusaidiekivu@gmail.com ) ou par téléphone 06 10 20 75 41. Le chèque est à l’ordre de « Tusaidie Kivu ». Votre don est déductible des impôts.  Merci pour votre soutien !

 

  1. Eglise Saint Sauveur de Borderouge: Dans ce nouveau quartier, il y a une communauté vivante, ouverte et fraternelle se réunissant le dimanche dans une salle de l’école Sainte Germaine. Le diocèse nous appelle à soutenir le projet missionnaire de construire ensemble l’église Saint Sauveur dans ce quartier de Toulouse, lieu d’ouverture et d’accueil inconditionnel, pour recevoir la tendresse et la miséricorde de Dieu. Vos dons sont indispensables pour la réalisation de ce projet.  Sur budget total de 1,7 million d’euros il reste à trouver encore 1,1million d’euros.  Au cours du carême, les paroissiens de Borderouge viendront nous en parler  au cours de la messe dominicale. Vous pouvez déjà aller sur le site www.jebatisuneeglise.com.

 

Un grand merci pour votre générosité pour ces deux projets, pendant le Carême, et au-delà. Bon et Saint Carême à vous !

 

Un Carême Solidaire et missionnaire, près de chez nous et avec le Kivu, en RDC !2023-08-23T19:04:10+02:00

Homélie du Père Joseph du VII° Dimanche du Temps Ordinaire, année A (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Dans la vie, dans l’accomplissement de nos missions, de nos devoirs, il y a toujours des exigences. Et dans l’accomplissement de nos devoirs, il y a toujours un minimum qui est  exigé par la loi. Par exemple, à l’école, on peut te demander un devoir en faisant le minimum des pages à écrire. Par exemple, 20 pages pour un petit mémoire écrit. Alors, un étudiant qui n’aime pas trop travailler va faire exactement 20 pages, pas un paragraphe de plus ! On dit qu’il faut travailler 35 heures, et le minimaliste fait exactement ça et s’il peut grignoter quelques minutes, il n’hésiterait pas. Au niveau spirituel, par exemple, l’Eglise nous recommande de nous confesser au moins une fois par an, avant Pâques. On appelle cela faire ses Pâques (pour les anciens !). Mais l’Eglise rappelle que se confesser est comme faire la douche ou la lessive pour son âme, et qu’il est recommandé et plus bénéfique pour notre bonne santé spirituelle de nous confesser plus souvent. Le chrétien minimaliste spirituel attend le Carême pour se confesser !

Jésus lui, refuse de nous maintenir dans le minimalisme ! Il veut nous tirer vers le haut, nous pousser à viser  plus haut, à nous donner à fond. Il ne veut pas que nous donnions très peu, le minimum syndical (comme on dit) alors que nous sommes capables de donner beaucoup plus et le meilleur de nous-même. Le Seigneur sait que nous sommes capables de plus de générosité, de plus de solidarité et nous invite à ne pas vivre plus généreusement et à donner le meilleur de nous-même.  C’est important d’entendre cela à quelques jours de l’entrée en Carême car Jésus veut vraiment que nous vivions à fond ce temps liturgique pour en recueillir les grâces.

C’est cela que Jésus nous explique dans tout son Discours sur la Montagne qui nous accompagne depuis quelques dimanches, et dans la première lecture de ce dimanche : devenir saint comme notre Père. « Le Seigneur parla à Moïse et dit : « Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël. Tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint ».  Notre vocation fondamentale depuis le baptême est de partager la sainteté du Dieu. Non seulement il nous appelle à la sainteté, mais aussi il nous donne les grâces nécessaires pour atteindre cette sainteté. Pour aider à avancer sur ce chemin de perfection et de sanctification, après les thématiques de dimanche derniers, Jésus aborde aujourd’hui deux questions délicates : la justice et l’usage de la violence.

Le proverbe, « Œil pour œil, dent pour dent » qui nous semble aujourd’hui barbare, sauvage et primitif, est en réalité, dans le judaïsme, une forme de modération, d’équilibre, de mesure : notre réaction doit être proportionnelle au dommage, à l’offense subie. D’ailleurs, dans notre vie de chaque jour et notre monde actuel, vivre ce principe tout simplement aiderait certainement notre monde à aller mieux dans le sens de la justice. Combien de fois notre réaction est disproportionnée et excessive par rapport au dommage que nous subissons. Sans aller chercher dans le contexte international ou la géopolitique comme les conflits au Proche Orient, entre Russes et Ukrainien ou contre l’OTAN, nous pouvons aux petites relations au sein de nos familles ou dans nos milieux professionnels : un petit geste, une parole de trop qui provoque en nous un déchainement de violence, une réaction excessive, une bombe de colère parce qu’on m’a regardé de travers, on m’a fait une petite réflexion désagréable !

Ton mari n’a pas remarqué que tu as été chez le coiffeur : cela te rend folle de rage et de déception au point de bouder pendant une semaine… si tu l’as pas envoyé dormir sur le canapé au salon pendant une semaine ! Ton ami, ton frère, ta sœur, a oublié de t’appeler pour ton anniversaire : c’est la crise qui te pousse à mettre son numéro de portable et son mail parmi les indésirables ! Tu es supporteur du XV de France qui prenne une raclée contre l’Irlande : pris de colère, tu balance la télé par la fenêtre !  Pense aussi à cette colère, à cette rage exprimée à travers un regard menaçant parce qu’un bébé a pleuré ou qu’un enfant a fait un peu de bruit pendant la messe en dérageant ton recueillement. Nous avons souvent des réaction excessives et disproportionnées, moins juste que la Lois du Talion.

Jésus nous appelle à dépasser la justice de la Loi du Talion, à oser plus, à aller plus loin : retenir noter colère, ne pas répondre au mal par le mal, aimer nos ennemis. Le saint Esprit peut enflammer nos cœurs en nous rendant capables de donner notre vie, en choisissant de réagir autrement au mal ou à une provocation. Pense à toutes ces occasions où tu as été capable de contenir ta colère, ta violence, à ton agressivité, à ton irritation devant le mal, devant une provocation, une agression verbale ou physique, en pensant à ce passage de l’évangile. Saint Etienne, saint François, et d’autres saints, dans les pas de Jésus en croix, ont pu demander pardon pour ceux qui leur faisaient du mal, au lieu de les maudire. Pensons à tous ces hommes et femmes témoins de la non-violence qui nous rappellent que la paix vécue en profondeur peut déraciner et désarmer la logique violente du monde.

Au temps de Jésus, aimer et pardonner était prévu, enseigné et prêché par les rabbins. Mais cela était restreint au petit cercle du peuple d’Israël. Il fallait haïr son ennemi. Comprenons alors le bouleversement et la nouveauté de l’enseignement de Jésus. Aimer celui qui t’aime est tout à fait normal et ne fait pas de toi quelqu’un de spécial ou de saint. Les païens font la même chose, nous fait remarquer Jésus. Mais aimer et prier pour celui que tu sais être ton ennemi, souhaiter la conversion et le salut de notre ennemi, cela fait de nous des saints car en cela nous imitons notre Père qui est aux Cieux.

Il est normal et naturelle de ressentir de l’antipathie envers une personne qui nous déteste, mais il est évangélique de choisir de passer au-delà de l’antipathie pour trouver ce qui pourrait me rapprocher de cette personne pour l’aimer un tout petit peu ! Il est normal de protéger ses biens, de défendre son territoire comme les Ukrainiens devant l’agression Russe ou les Congolais devant l’agression Rwandaise, mais il est hautement évangélique de choisir le dialogue, la rencontre, la réconciliation, la connaissance de l’autre afin de dépasser nos conflits. Il est normal et naturel que de temps en temps notre côté obscur réapparaisse, mais il est évangélique de combattre ce côté obscur afin de permettre à la lumière de Jésus de vaincre l’obscurité en nous. Si la foi chrétienne ne change pas nos vies, nos choix, nos réactions, cela veut dire que l’évangile n’a pas encore vraiment touché notre cœur.

On se demandait, par exemple, comment un pays chrétien comme le Rwanda pouvait sombrer dans la violence du génocide de 94 : c’est parce, avec les considérations politiques et ethniques, l’Evangile n’avait pas vraiment touché les cœurs et que la foi de cette jeune Eglise était encore une foi de façade, du nombre d’inscrits dans les registres de baptême ou de mariage… Jésus est exigeant avec nous, parce qu’il sait que nous sommes capables de meilleur ! Il ne veut pas que nous soyons de minimalistes, mais veut nous tirer vers le haut, plus loin, nous pousse à aller en eau profonde au lieu de nage dans des flaques d’eau stagnante ! Duc in altum ! Nous voulons que nos enfants et pour nous-mêmes soyons meilleurs dans les études, au niveau professionnel, sportif, artistiques…Dieu veut la même chose pour nous en matière de perfection et sainteté !

Matthieu conclut en vous invitant à imiter le Père, à ressembler à Dieu et être parfait comme lui. Cela se réalise, non en fournissant des efforts impossibles, mais en accueillant la grâce, la miséricorde et l’œuvre de Dieu en nous. La perfection, la sainteté réside dans la miséricorde, en regardant avec le cœur de Dieu notre propre misère pour la reconnaitre et demander à Dieu de nous transfigurer. Que le temps de Carême que nous commençons mercredi soit pour nous un chemin de perfection, de sainteté, à la suite du Père, à la suite du Christ. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du VII° Dimanche du Temps Ordinaire, année A (2022)2023-02-17T18:18:34+01:00

Homélie du Père Joseph du VI° Dimanche du Temps Ordinaire, année A (2022)

Mes chers frères et sœurs,

Mardi soir, quand je suis revenu du Congo, j’ai eu une réunion du conseil pastoral du doyenné. Nous avons parlé de beaucoup de choses, et des toutes ces malheurs et souffrances qui frappes notre monde, comment être témoin et prophète en étant présent devant la souffrance de nos frères et sœurs.  Les échanges ont tourné vers les souffrances et abus subies et infligées dans l’Eglise, par les prêtres… ? Un participant a même dit que l’Eglise ne devait plus parler de morale parce qu’elle a été très faillible comme l’atteste sont histoire ancienne et récente. Bref, pour certains, quand on est faible et faillible, on doit fermer sa gueule ! Dans ce cas, j’ai répondu qu’aucune religion, aucun système politique, aucune structure sociale, aucun parent, ne devait avoir droit au chapitre en donnant des règles ou de morale parce qu’humainement, nous sommes tous faillibles. De plus en plus, nous rencontrons des gens qui veulent que l’Eglise taise désormais et définitivement, des gens qui veulent tout simplement la mort de l’Eglise en prenant comme prétexte sa défaillance morale.  Malgré cette tendance actuelle au sein même de l’Eglise, je vais quand même parler de morale, parce que la Parole de Dieu de ce dimanche en parle. Jésus refuse d’être considéré comme un anarchiste sans normes ni loi, un libertaire ! Il refuse de supprimer la Loi de Moïse et nous rappelle que sa mission est de nous aider à retrouver sa source, le fondement originel, le cœur même de la Loi.

Dans la Bible, la Loi joue le rôle d’une flèche. C’est un panneau indiquant la direction à prendre pour ne pas nous perdre sur la route et arriver à destination. La Loi est une sorte de GPS qui nous guide, nous permettant d’arriver à destination. Je reviens d’un séjour au Congo où j’ai découvert une partie de mon pays, le Congo profond que j’ignorais. J’ai roulé sur des routes impossibles, et contrairement à nos routes ici, il n’y avait pas de panneau de direction ! Dieu merci ici, le long de la route, on a des panneaux nous indiquant régulièrement où aller, quelle sortie prendre…. Tel est le sens de la Loi dans la Bible : elle a été donnée par Dieu pour nous conduire vers le bonheur, nous guider dans nos choix pour la vie et contre la mort : « Alors le Seigneur nous a commandé de mettre en pratique tous ces décrets, pour que nous craignions le Seigneur notre Dieu : ainsi, nous serons toujours heureux et il nous gardera en vie comme nous le sommes aujourd’hui » (Dt 6, 24). Ces normes et ces lois deviennent comme un manteau attestant l’amour envers Dieu et le prochain. Cette Loi avait été donnée par Dieu à Moïse, et par lui à tout le Peuple du haut de la montagne en signe de l’Alliance.

Dans son Discours sur la Montagne qui nous accompagne depuis quelques dimanches, Jésus s’insurge notre tendance à changer, modifier la loi quand elle ne va pas dans notre sens. Pourtant, Jésus n’est pas  un légaliste rigide et sans cœur !  Il nous aide à interpréter la Loi et les normes morales pour mieux les comprendre afin de mieux vivre entre nous et avec Dieu.

C’est ainsi qu’il relit, réinterprète les Ecritures, la Loi et les reporte au contexte d’origine. L’expression « Il nous a été dit que….mais moi je vous dis…» montre que Jésus se met au-dessus de la mêlée pour interpréter de manière renouvelée la Loi de Moïse. Cela choque les auditeurs parce que, pour eux, cet homme qui parle ainsi n’est qu’un pauvre charpentier de Nazareth, devenu prophète et rabbi sans avoir fait d’études particulières de la Loi. Aucun rabbin ne pouvait se permettre de contester les préceptes de la Loi.

Les deux premiers préceptes abordés par Jésus sont liés. Il s’agit de la violence et du pardon. La Loi de Moïse interdit le meurtre. « Tu ne tueras pas ! ». Quelles que soient les circonstances, sauf en cas de légitime défense, la Loi de Moïse condamne le meurtrier par la peine capitale. Jésus nous rappelle que nous sommes tous meurtriers dans diverses circonstances, et que nous pouvons tuer de mille manières. A part la lance, le couteau, le fusil, les chars, les avions de chasse, l’arme atomique, nous avons d’autres armes que nous utilisons pour commettre des meurtres qui ne disent pas leur nom !  Ces armes qui tuent sont dans notre bouche, notre cœur, notre tête !

Le jugement sur les autres, les calomnies, la critique facile, la médisance…Ce sont là mille manières d’assassiner quelqu’un. Mes adversaires politiques, les parents que je n’aime pas assez, les membres de la communauté qui ne sont pas de ma sensibilité, cette personne que je salis en l’accusant de tous les maux, en soulignant ses limites, ses défauts, seulement pour sauvegarder mes intérêts, ce collègue de travail un peu casse-pieds…, tous ces gens que je critique facilement dans leur dos en portant sur eux des accusations fausses et lourdes.

Jésus me rappelle que même que ces gens-là sont d’abord des frères et des sœurs. Il est très facile de détruire quelqu’un par certaines accusations, le clouer au pilori, au croc du boucher comme disant un politique dans l’affaire Clearstream il y a quelques années, le laminer moralement en l’accusant de tous maux….par nos paroles. Mais, même lavé de toutes ces accusations plus tard, cet homme ou cette femme restera porteur (se) de cette accusation et ne pourra plus reprendre sa réputation et son honneur sali, la mort morale, sociale, politique, professionnelle, ecclésiale….

S’il m’est arrivé d’utiliser cette violence cachée, intérieure, par la haine, la rancœur, la médisance, le fauxjugement, la critique facile… Jésus nous indique la demande de pardon comme instrument de réparation.  Savoir demander pardon est supérieur au culte, au rite. Dans le judaïsme, il était interdit d’interrompre la liturgie ou le temps de prière, quelle que soit la raison car il s’agit d’un temps sacré. Même si un serpent me mord le pied pendant la prière, je dois poursuivre ce temps de prière jusqu’au bout ! Dans cette conception, qui existe dans certains milieux ecclésiaux aussi, on ne peut par exemple interrompre la messe, même si quelqu’un tombe gravement malade dans l’assemblée, par respect à la norme rituelle !

Jésus s’oppose à cette pratique et nous invite à quitter l’église, à interrompre le rite et la prière pour aller nous réconcilier avec le frère ou la sœur, faire la paix d’abord pour ensuite venir poursuivre le temps de prière. « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande »

Ne trouvez-vous pas bizarre de voir dans une même église, à la messe, des fidèles qui célèbrent l’eucharistie mais qui sont incapable de se dire bonjour, qui se regardent comme des chiens, ennemis ou indifférents, qui nourrissent haine, mépris, rancœur, avec le voisin du banc d’à côté, incapables d’échanger le geste de paix, incapables de se regarder dans les yeux… !

L’autre thème abordé par Jésus est plus délicat, surtout à notre époque. Il s’agit de l’adultère. Nous avons beaucoup de mal à en parler… et je risque d’être taxé de moralisateur. Vous savez combien notre société banalise l’adultère ! J’ai même entendu des prétendus psychologues, spécialistes, des sexologues recommander l’adultère comme remède pour sauver son couple qui va mal…..!

Dans l’AT, les rabbins et les pharisiens interprétaient et punissait l’adultère aux dépens des femmes ! Pensez un peu à la femme adultère présentée à Jésus, et que tout le monde voulait lapider. Où était l’homme, son amant ? Non, seule la femme, comme dans certains pays aujourd’hui encore, était punie de son adultère. Même le divorce était traité de manière purement machiste, aux dépens des femmes qui étaient considérées comme des propriétés des hommes. Dans la culture de l’époque, la femme appartenait à l’homme, était l’objet de ses désirs, lui servait pour faire des enfants. Le mari pouvait donc répudier sa femme à n’importe quel moment, sans procès devant le juge….

Jésus s’insurge contre pratique en rappelant que le dessein de Dieu, c’est que l’homme et la femme vivent ensemble toute leur vie, que leurs passions et leurs sentiments soient au service et pour le bonheur l’un et de l’autre, sans domination ni mépris, sans rabaisser l’autre à un objet de satisfaction des appétits de notre concupiscence et de nos désirs…qui partent toujours du regard. Le Seigneur Jésus est réaliste ! Il sait que la fidélité dans un couple est un exercice parfois très difficile, que les tentations sont fréquentes. Aujourd’hui d’ailleurs, avec les moyens de communication, cette tentation vient à notre rencontre, elle vient nous chercher partout, à travers notre tablette, téléphone, internet, même sur les panneaux publicitaires...

Le Seigneur nous invite à faire attention, ne pas baisser la garde, rester vigilants, être prudents dans nos actes et dans notre regard car la tentation, le risque de trahir notre conjoint et nous même, de briser notre vie de couple est toujours présent ! Le Seigneur nous appelle donc à la sagesse, à la vigilance et à la prudence !

Seigneur, guéris-nous de la parole, de la haine meurtrière qui nous habite parfois ! Donne-nous e désir de nous réconcilier les uns les autres. Donne-nous la grâce de la pureté du cœur et la fidélité aux époux et aux consacrés. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du VI° Dimanche du Temps Ordinaire, année A (2022)2023-02-12T18:05:24+01:00

Homélie du Père Joseph du Jour de Noël (2022)

Mes chers frères et sœurs, chers enfants

En ce jour de Noël, j’aimerais vous partager quelques incompréhensions qui me traversent actuellement, car en effet, il y a beaucoup de choses qui me dépassent et que je ne comprends pas.  Par exemple, je ne comprends pas comment il est devenu compliqué d’avoir des relations en vérité, entre nous et avec la nature. Nous savons que nous avons besoin les uns des autres, mais nous avons du mal d’aller à la rencontre les uns des autres, même au sein de la même famille. Tout est devenu compliqué dans le domaine relationnel ! Je ne comprends pas le fait que nous épuisons et maltraitons la planète, et pourtant nous refusons de changer notre modèle économique de surconsommation. Nous savons au plus profond de nous que nous avons besoin de Dieu, mais nous ne voulons surtout pas le laisser entrer dans nos vies : nous voulons le garder à distance. Des choses qui me dépassent ! Il y a tant de choses que je ne comprends plus.

Depuis que je suis arrivé en Europe, j’ai découvert et appris que Noël se fêtait toujours sous la neige et dans un grand froid.  J’ai donc appris que l’Enfant-Jésus avait tellement froid à Bethléem car il devait neiger au moment de sa naissance. Ce n’est pas dans les évangiles.  Mais, faisait-il vraiment froid à Bethléem quand Jésus est né ? Et du coup, comme vous, j’ai appris progressivement à associer la fête de Noël avec l’arbre de Noël (ca n’existe pas chez moi, une de mes première découvertes occidentale, comme l’existence du père Noël dont je n’avais jamais entendu parler avant mon arrivée en Italie !) et la neige qui tombe, le sol tout blanc !  Alors, après le repas de Noël, on imagine toute la famille, des grands parents aux petits enfants se rouler dans la neige, faisant la guerre des boules de neige, tous joyeux de faire une vraie belle guerre d’amour et de joie qui  ne fait pas de morts  parce qu’elle n’a que des vainqueurs car à la tout le monde est heureux d’avoir passé un bon moment ensemble !

Mais regardez le climat que nous avons !! Il n’y pas de neige ! Je suis allé vendredi célébrer les funérailles d’un ami en Ariège, et même là, un grand soleil. Il faisait 19 degrés. Le climat nous fait penser à Pâques, au printemps ! Cependant la télé continue à nous faire rêver avec des pubs d’un Noël sous la neige, des familles qui vont acheter, font des courses sous la neige… Nous savons que tout cela n’est pas vrai car ce n’est pas ce que nous vivons avec ce beau soleil qui nous accompagne. Tant mieux pour moi et dommage pour ceux qui ne peuvent imaginer Noël sans la neige. Vous voyez, comme les humains, le climat aussi est devenu fou. Mais, si le climat est devenu fou, n’est-ce pas aussi à cause de notre refus de nous convertir et de changer nos modes de vie qui fatiguent la planète ?

Il y a une autre chose que je ne comprends pas : c’est l’histoire des cadeaux de Noël. Quand j’étais petit, au fin fond du Congo, mes parents, comme mes catéchistes me disaient que c’est moi qui devais apporter des cadeaux à l’Enfant Jésus. Quand nous allions à la messe de Noël comme aujourd’hui, chacun devait prendre avec lui un cadeau à apporter à la Crèche pour l’Enfant Jésus. C’est lui, le nouveau-né qui avait besoin de cadeau… pas moi, ni les membres de la famille. Tout était focalisé sur l’Enfant de Marie. Alors, pendant le temps de l’avent, chacun faisait des économies, comme ce qu’on fait faire aux enfants du KT en carême, pour avoir une petite cagnotte à donner à l’Enfant Jésus. Le père Noël n’existait pas dans mon imaginaire d’enfance : c’est moi qui devais faire un cadeau à l’Enfant Jésus.

Et là, en arrivant ici en Occident, je découvre la ruée sur les cadeaux de Noël et tout le stress que cela génère ! Au lieu d’apporter un cadeau à Jésus, c’est chacun s’attend recevoir un cadeau. On s’endette pour les cadeaux, on se met en colère quand l’on n’a reçu le cadeau qu’on voulait, on boude quand les parents n’ont pas donné suite à la liste faite au père Noël, on râle quand le conjoint me donne un cadeau qui ne me plait pas et cela crée des conflits dans les familles…, et le au lendemain de Noël, on retrouve beaucoup de ces cadeaux sur le Boncoin ! Nous avons oublié que le plus beau des cadeaux, c’est cet amour, cette chaleur que nous partageons au sein de la famille, en fêtant simplement…. avec ces embrassade tendres et vraies  autour d’un repas préparé avec amour…..

Je me rappelle qu’à Noël, quand j’étais petit, après la messe, nous faisions le tour du quartier, passant de maison en maison pour partager le repas. Noël était alors la fête du partage, car nous fêtions la naissance de Dieu qui vient partager notre humanité pour nous faire partager sa divinité. Et là aujourd’hui, chaque famille qui va se retrouver dans sa maison, chez soi avec les siens ! On ne va pas partager avec ses voisins, les personnes seules dans nos quartiers resterons bien seules ! On dit que Noël est la fête de la famille, mais je pense à ces gens sans famille qui n’auront même pas un coup de téléphone pour leur souhaiter un joyeux noël…. Je remercie cette paroissienne qui m’a demandé de moi trouver trois personnes seules à inviter chez elle pour le repas de Noël, ceux qui  organisent  ont aidé à préparer le Réveillon Solidaire dans nos paroisses, ces « chefs étoilés » du Périgord qui ont organisé un repas pour 200 personnes seules…

Noël nous appelle à entrer dans la contradiction de Dieu pour donner l’espérance à notre monde. Noël est la naissance d’un Dieu tellement différent de nous, tellement différent de celui que nous attendions. Nous nous attendions et nous voulons un Dieu puissant et Père pour toujours, mais à Noël, Dieu se révèle dans un petit bébé, un nouveau-né fragile et sans défense. On l’espérait vainqueur et libérateur des opprimés, nous le contemplons faible, rejeté et sans abris car il n’a trouvé une place dans l’auberge de Bethléem. Les prophètes l’avaient annoncé comme le prince de la Paix, mais nous le contemplons réfugié en Egypte fuyant la jalousie d’Hérode.

Noël restera pourtant toujours une très belle fête. Par elle, Dieu nous redit l’importance de la famille, cette cellule qui souffre beaucoup, mais qui reste le bien le plus précieux pour chaque être humain. Le premier cadeau que nous pouvons faire aux membres de notre famille aujourd’hui, c’est prier pour eux et leur dire combien ils comptent pour nous. Demandons à Jésus, Marie et Joseph de veiller sur chacune de nos familles et de nous bénir. Prions aussi l’Enfant-Jésus pour que la Paix règne, que cessent les conflits et les divisions dans nos familles et dans le monde. Qu’aucun enfant ne souffre des conflits entre adultes à Noël. Que Noël soit un cadeau de Joie et de Paix pour tous.

Que la fête de Noël soit une libération pour chacun de nous : libération de la rancœur pour embrasser l’Amour, libération de la violence pour entrer dans la Paix, libération des principes rigides pour entrer dans la miséricorde de Dieu, libération de la peur pour entrer et entretenir des relations vraies et confiantes avec les autres, libération de tout ce qui nous empêche d’être heureux. Que l’Enfant Jésus vous comble de ses bénédictions et qu’il remplisse vos familles de sa Tendresse infinie, pour que chacun de nous puisse en témoigner. Joyeux Noël et bonne fête à vous tous !

 

Homélie du Père Joseph du Jour de Noël (2022)2022-12-24T16:05:06+01:00

Homélie du Père Joseph de la Veillée de Noël (2022)

Mes chers frères et sœurs !

En cette veillée de Noël, c’est un bébé qui est au centre de notre contemplation ! Du coup, j’ai décidé de vous parler de ce qu’un nouveau-né apporte dans une famille.  J’aurais cependant préféré qu’une jeune mère, un jeune papa vienne faire le topo à ma place. J’ai une vingtaine de neveux et nièces, je côtoie des familles dans nos paroisses, des amis qui ont des tout-petits enfants que je vois toujours au meilleur moment, en soirée, lors d’une visite, ponctuellement, ils me font souvent de grands sourires ! Bref, je ne suis presque jamais là quand les tout-petits vous tournent en bourrique. ! Alors, oui, je le confesse, je ne suis pas un expert dans cette science bien particulière qu’on appelle « un nouveau-né », « un bébé… »

Je vais cependant me jeter à l’eau en vous parlant, à mes risques et périls, de cette chose que ne je ne connais pas très bien, au risque de choquer ceux qui ont l’expérience….et  conforter  « l’esprit critique » de ceux qui disent que les curés ne devraient pas parler de famille, du mariage, des enfants…parce qu’ils n’en savent rien.…..  Malgré mon manque d’expérience dans cette science des bébés, le nouveau-né de Bethléem dont nous célébrons la naissance ce soir m’autorise à vous parler des grâces qu’un bébé apporte dans une famille, et de ce que l’Enfant Jésus nous apporte ce soir.

Ce soir, « un enfant nous est né, un fils nous est donné, éternelle est sa puissance ». Non seulement Dieu a choisi d’assumer l’identité d’un nouveau-né sans défense, un bébé qui a besoin de tout, incapable de survivre tout seul. Dieu a choisi de devenir notre fils, ou notre frère…. J’aimerais qu’à l’occasion de Noël, aucun de nous ne se sente dispensé de revivre de la belle expérience de Noël : vivons cette fête comme une chance qui nous est donnée pour devenir le papa, la maman ou le grand-frère, la grande sœur d’un petit bébé s’appelant Jésus de Bethléem ou de Nazareth.

Lorsqu’un nouveau-né arrive dans une famille, l’attention se focalise totalement sur lui. Nous lui offrons des cadeaux dès avant la naissance, nous apportons des fleurs à la jeune mère, au père aussi peut-être, nous faisons une carte de félicitations aux parents. Le bébé devient notre centre d’intérêt. En cette veillée de Noël, demandons-nous si l’Enfant-Jésus attire lui aussi à ce point notre attention. Est-ce que ce bébé de Marie et Joseph est vraiment le centre de notre attention en la période de Noël ? Ou peut-être que nous faisons la fête sans faire attention au bébé qui nous réunit en cette veillée de Noël ? Célébrer Noël sans penser à l’Enfant Jésus, c’est faire comme ce jeune couple. Ils viennent d’être parents, ils  invitent les amis, font tellement la fête, dansent de joie, la musique à fond, au point d’oublier le bébé couché dans la chambre d’à côté, qui pleure toute la soirée : personne n’entend ses cris et se pleurs. Cet enfant meure de froid et de faim pendant que ses parents et leurs amis transpirent de chaleur à force de danser et de faire la fête ! Quand tout le monde sera reparti, les parents découvriront ce bout de chou, auteur de la fête, couché sans vie dans son berceau parce que personne ne s’était occupé de lui dans la soirée ! Ces chers amis, vivons ce noël en prenant soin de l’Enfant Jésus, le fils de Dieu qui est donné à notre attention en cette période de Noël. Jésus a besoin de notre attention lui aussi.

Lorsqu’un bébé arrive dans une famille, nous baissons le volume de la télé et le ton de nos conversations. Les visiteurs sont priés de ne pas appuyer sur la sonnette pour ne pas réveiller le bébé.  Un bébé impose le silence dans la famille.  Demandons-nous ce soir si nous sommes capables, en ce temps de Noël de faire aussi silence pour reconnaitre la voix, les pleurs, les rires de l’Enfant Jésus qui nous parle, qui crie, qui rit de joie à travers la Parole de Dieu, à travers les personnes que nous allons rencontrer, à travers les événements de notre quotidien….

Lorsqu’un nouveau-né arrive dans notre famille, nous lui préparons sa chambre, lui apprêtons son espace personnel, nous améliorons la décoration de sa chambre.  Nous achetons même une voiture plus spacieuse et  son siège-auto. Nous nous organisons pour qu’il ne manque de rien à sa naissance, et surtout qu’il ne manque pas d’amour, surtout celui de l’aîné qui va probablement piquer sa crise de jalousie… Nous nous arrangeons pour que ce bébé se sente vraiment chez lui à sa naissance, avec une place qui lui est propre, une place différente de celle des autres enfants. Nous pouvons nous demander ce soir quelle place, quel espace nous réservons au Seigneur dans nos familles, dans nos cœurs ? Avons-nous libéré nos cœurs de quelques encombrants afin de trouver un peu d’espace pour accueillir l’Enfant-Jésus ? Avons-nous libéré nos esprits de toutes ces affaires, désirs exorbitants et préoccupations encombrantes qui prennent trop de place au point qu’il n’y ait plus en nous aucun petit espace où puisse naître le Seigneur, comme ces hôtels et auberges de Bethléem qui étaient tellement remplis au point de laisser le Fils de Dieu naître dans une étable ?

Lorsqu’un nouveau-né arrive dans une famille, nous faisons en fonction de lui, nous travaillons notre caractère, notre impatience, nous refrénons notre besoin de sommeil et de grasse matinée, nous ajustons notre agenda et nos horaires de travail.  Nous passons à un mi-temps ou à 80% au travail pour être plus disponibles, afin de le voir grandir notre enfant. La naissance d’un bébé invite à la conversion, à des changements importants dans la vie des parents.  Ce soir, regardons en vérité où nous en sommes dans notre relation au Seigneur ?  A quelles conversions suis-je appelé dans ma vie personnelle, professionnelle, familiale, ecclésiale pour que Jésus puisse prendre toute sa place dans notre vie. Si nous ne sommes pas en mesure d’aimer ce tout petit bébé à peine né à Bethléem, qui est encore fragile, qui a besoin de nous, nous ne serons pas en mesure de l’aimer quand il sera adolescent et qu’il sera certainement moins mignon ! Si nous ne nous convertissons pas à Noël avec la contemplation d’un bébé encore fragile, nous ne serons pas capables de nous convertir non plus pendant le temps du carême à voyant cet adulte sur la croix !

Lorsqu’un nouveau-né arrive dans une famille, nous nous rendons compte que la théorie, la belle poésie ne sert pas à grand-chose par rapport à la vie concrète, réelle et pratique. Une chose est de clamer son amour fou pour son bébé tout mignon quand il dort dans son berceau, quand il nous complimente avec ses beaux sourires… et l’autre est de supporter des nuits entières sans dormir parce que le bébé pleure, qu’il est malade, qu’il commence à faire des capricesen vous demandant d’être totalement à lui, sans vous laisser 5 minutes de sommeil. Vous vous levez le matin et il faut aller au boulot avec des traits de fatigue visibles sur votre visage. Tout le maquillage et anti-rides possible n’y feront rien pour cacher les cernes sur votre visage ! Mais vos collègues impitoyables vous demandent d’être aussi efficace comme quand vous avez dormi 10 heures de sommeil, alors que vous êtes en plein baby-blues, comme l’exprime bien Florence Foresti dans un de ses sketchs ! Un bébé nous dit que la vie quotidienne est sérieuse, qu’elle n’est pas toujours cette belle poésie idyllique que nous montrent toutes ces publicités commerciales autour de Noël qui ne tiennent pas compte de l’évangile….

Quand nous regardons Noël à travers les faits de l’évangile, nous nous rendons compte que Noël n’est pas du tout une poésie idyllique, mais bien une histoire éprouvante d’un jeune couple et de leur petit qui va naître… dans un monde qui refuse de l’accueillir. C’est pour cette raison que je finis cette méditation en pensant en particulier à ceux qui vivent ce Noël comme une épreuve :

Joyeux noël aux malades, à ceux qui sont fatigués, ceux qui ne peuvent pas se permettre un repos parce qu’obligés de travailler à Noël. Joyeux Noël à ceux qui ne feront que boire et manger jusqu’au 5 janvier, obligeant leurs estomacs et leur foie à quelques efforts supplémentaires et une cure de détox après les fêtes ! Joyeux Noël aux réfugiés et exilés. Joyeux Noël aux personnes seules, aux célibataires en quête d’amour qui ont la chance d’être en famille ou avec des amis ce soir, mais qui trouveront leur solitude éprouvante après les fêtes.… Joyeux Noël à vous tous qui êtes là ce soir et aux vôtres. Rappelons toujours que c’est le Christ qui est la Source de notre Joie, la raison de notre fête. Joyeux Noël. Amen.

Homélie du Père Joseph de la Veillée de Noël (2022)2022-12-24T16:05:13+01:00

Témoins d’un Dieu qui se donne et se fait proche

Témoins d’un Dieu qui se donne et se fait proche

Ça y est ! Encore quelques jours, puis nous chanterons tous Joyeux Noël dans nos églises, nos maisons, nos familles…. Vous allez entendre probablement des dizaines de fois cette phrase : « Joyeuses fêtes de fin d’année » ou simplement « Joyeuses fêtes ! » Je me demande pourquoi nous cherchons à effacer « Noël », « la naissance de Jésus » de ces expressions et souhaits que nous reprenons en chœur comme des refrains !  C’est à cause de la laïcité tellement présente dans notre société française, me direz-vous ! Soit ! Mais, cela ne cacherait-t-il pas notre peur de témoigner de Jésus dont nous célébrons la naissance à Noël ? Sans offenser personne, je pense que derrière ces formules se cache notre peur de témoigner de notre foi pour ne pas heurter « les autres », pour être dans les clous auprès de ceux qui nous entourent, en famille, au travail….! Cette peur est bien celle de beaucoup de catholiques en France !  Il y a quelques jours, je suis allé au cinéma un lundi après-midi pour voir le film « Reste encore un peu » de Gad Elmaleh. Si vous avez un peu de temps et l’occasion de le faire pendant ces vacances, offrez-vous le cadeau d’aller voir ce film qui parle du cheminement d’un juif vers la foi chrétienne, attiré par la Vierge Marie que nous contemplons beaucoup plus particulièrement pendant ces temps de l’Avent et de Noël.

Ce film parle d’un des enjeux majeurs pour l’Eglise d’aujourd’hui en France : comment accueillir et accompagner toutes ces adultes, de plus en plus nombreux venant de l’Islam, du judaïsme, d’autres cultures pour embrasser la foi chrétienne. Pour ces nouveaux convertis, devenir chrétien est une décision très difficile, une vraie rupture et source de beaucoup de souffrances familiales, culturelles et sociales… Comment pouvons-nous les accueillir dans l’Eglise-famille de Dieu, une nouvelle grande famille fondée, non plus sur les liens de sang mais sur la foi en Jésus, foi dont nous pouvons témoigner avec eux, car, contrairement à beaucoup de catholiques de notre temps, ces nouveaux chrétiens ont de l’audace et n’ont pas peur de témoigner de leur joie d’avoir rencontré Jésus et de faire partie de l’Eglise.

Un passage m’a particulièrement touché et fait rire dans ce film : c’est quand le personnage principal, Gal Elmaleh lui-même, parle des catholiques qui, dans une petite salle de théâtre du quartier, se cachent presque, n’osant pas manifester leur présence alors que les juifs et les musulmans crient très fort leur présence. Cela illustre à la fois notre peur, notre honte de témoigner de ce Dieu qui nous manifeste son Amour infini en prenant chair de notre chair, en se faisant l’un de nous par son incarnation dans le sein de la Vierge Marie. La fête de Noël est la manifestation de ce Dieu qui nous aime tellement qu’il n’a pas voulu rester un étranger : il s’est fait semblable à nous en toute chose, partageant notre condition humaine et ses vicissitudes excepté le péché.

Alors si tel est le sens des fêtes que nous célébrons actuellement, n’ayons pas peur de donner un peu de place à Jésus, pas seulement pendant ces fêtes de Noël mais aussi pendant toute la nouvelle année qui s’ouvre devant nous et tout le restant de notre vie. En écoutant certains de mes paroissiens, j’ai bien compris la difficulté que certains auront à ne pas manifester leur foi à Noël, tiraillés entre le désir d’aller à la messe de la veillée de Noël le 24 décembre et l’autre partie de la famille qui préfère en rester au grand diner du réveillon et le partage des cadeaux. Je ne sous-estime pas cette difficulté, surtout quand on est famille ! Mais n’est-ce pas ici l’occasion de témoigner de sa foi en invitant à aller célébrer la naissance de l’Emmanuel, Dieu-parmi-nous ! C’est Jésus qui donne sens aux festivités et cadeaux que nous partageons.

Au cours de ces fêtes, ayons l’audace du témoignage de notre foi. Au-delà de toute structure ecclésiale, chaque chrétien, ayant reçu la lumière du Christ au jour de son baptême, est appelé à ne pas cacher cette lumière sous le boisseau mais à la mettre sous le lampadaire pour qu’elle puisse éclairer ceux qui se trouvent autour de lui. Pour cela, pas besoin d’appel à la sobriété énergétique mais à la générosité dans le témoignage ! Si nous devons éviter tout gaspillage énergétique par souci économique et écologique, allumons plus grandes, plus nombreuses les lampes et la lumière de notre foi autour de nous en ces jours de fêtes.

Puisse l’année 2023 être pour notre ensemble paroissial une année d’évangélisation, de témoignage de foi et d’engagement afin que le Christ soit connu et aimé grâce à chacun de nous. Parmi les projets en attente, faute de moyens, il y a le lancement du parcours Alpha. Un des plus cadeaux que vous pouvez faire à notre communauté paroissiale et à l’Eglise, c’est de vous investir afin que ce parcours soit lancé en 2023. Après un report en septembre 2022, il est reporté encore en janvier faute d’un responsable : l’équipe est étoffée mais il manque un chef d’orchestre, c’est-à-dire un responsable du parcours qui coordonne. Oui, c’est un engagement important sur trois mois (un trimestre) mais ça vaut vraiment la peine de s’engager pour cela. Nombreux sont ceux qui attendent ce parcours Alpha pour se mettre en route.  Joyeux Noël, heureuse année 2023 et que la bénédiction du Seigneur descende en abondance sur vous et vos proches.

Témoins d’un Dieu qui se donne et se fait proche2022-12-19T14:17:21+01:00

Homélie du Père Joseph du IV° dimanche de l’Avent, année A (2022)

Mes chers frères et sœurs

Ca y est ! Nous sommes à une semaine de Noël : temps de lumière, de sourires, de bon repas et retrouvailles familiales, de grandes gymnastiques entre les parents et les beaux-parents, faire des centaines des kilomètres le dimanche matin parce qu’il faut passer le 24 chez l’un et le 25 cher l’autre, avec tout le stress et la tension….  C’est aussi la semaine des derniers achats et courses pour cadeaux de Noël….  Il nous appartient de témoigner que tout cela est important mais que là n’est pas l’essentiel de Noël. Cette dernière semaine de l’Avent invite chacun de nous à entrer déjà dans l’espérance la venue imminente du Fils de Dieu.

Les prophètes Isaïe et Jean-Baptiste nous ont invités à l’attendre dans la joie, la conversion et la pénitence. La Vierge Marie nous rappelle que notre vie peut devenir la porte d’entrée de Dieu dans le monde si nous l’accueillons.  Si nous laissons le Christ naître en nous, comme Marie, les bienfaits de sa naissance jailliront sur notre vie personnelle et sur notre entourage.  C’est chaque jour que nous sommes invités à laisser Jésus naître en nos vies.

Pendant l’Avent, on parle beaucoup de Marie. L’année A, avec cet évangile de Matthieu, nous rappelle que saint Joseph a aussi été traversé par de sérieux doutes. Quelqu’un a dit de saint Joseph que c’est un pauvre type à qui Dieu a piqué la fiancée ! C’est là sa grandeur et c’est pour cela qu’il nous est présenté comme modèle à suivre à une semaine de Noël. L’évangile nous présente saint Joseph, le Patron de l’Eglise, protecteur des familles et des pères de famille, le père nourricier de Jésus, l’Epoux très chaste de la Vierge Marie… qui a dû radicalement changer sa vie parce que Dieu a voulu faire irruption dans son histoire d’amour et son projet de mariage avec sa fiancée Marie.

On parle souvent de combat spirituel comme étant notre lutte contre le Mal et le Malin. Mais le combat spirituel est aussi notre lutte contre Dieu :  que c’est ardu et difficile parce que refusons que Dieu soit aux commandes de nos vies parce que nous voulons en rester les seuls maîtres. L’entrée de Dieu dans notre vie ne rend pas forcément les choses plus faciles pour nous, surtout quand nous refusons de lâcher prise. Saint Joseph a fait l’expérience d’un Dieu qui, quand il a décidé de mettre son nez dans nos affaires, nous bouscule, nous déprime parfois et provoque en nous quelques nuits d’insomnies… pour nous amener, de manière pédagogique et graduelle, à goûter à la joie et à la sérénité de ceux qui lâchent prise et se laissent faire par lui.

Contrairement à saint Luc qui nous parle de la naissance de Jésus du point de vue de Marie (on le voit dans la contemplation des mystère joyeux du rosaire), l’Evangile de Matthieu nous raconte l’histoire de la naissance de Jésus du point de vue de Joseph.  Matthieu dont l’évangile s’adresse à une communauté des Juifs devenus chrétiens, insiste, selon la culture juive, sur la place importante de l’homme, le père de famille, qui est le maître de maison Je sais cette conception est mal vue dans notre culture où nous voulons que les pères et époux dans nos familles, quand il en a, soient des « hommes déconstruits », selon la fameuse expression de Sandrine Rousseau. Les prophètes avaient annoncé que le Messie devait être de la descendance de David et c’est saint Joseph qui permet cette entrée généalogique de Dieu dans l’histoire de l’humanité.

Saint Joseph est de cette grande famille de la noblesse mais pour qui ne reste de signe de noblesse que le nom à particule, Joseph fils de David… Il tient sa petite entreprise artisanale comme charpentier et travaille le bois et cela lui suffit pour vivre et envisager de fonder une famille. Depuis quelques mois, à force de se croiser dans la rue et de se côtoyer à la synagogue (les sites de rencontres et les boites de nuits n’existaient pas à cette époque !), Joseph et Marie sont devenus amoureux. Leurs parents se sont déjà rencontrés pour célébrer les fiançailles et ont donné leur accord pour ce projet de mariage.

La jeune et très belle Marie de Nazareth est promise en mariage à Joseph, plus âgé qu’elle. L’évangile ne nous le dit pas, mais la tradition affirme que Joseph probablement beaucoup plus âgé que Marie.  Saint Joseph essaye de faire tout son mieux pour se montrer à la hauteur, ne pas décevoir les attentes de cette jeune fille trop belle, et de surcroit vierge… qui lui est promise en mariage.  Il met tout son cœur à préparer le grand événement. Mais voilà qu’à quelques mois du mariage, un drame survient dans la vie de saint Joseph : sa fiancée est enceinte ! Ils n’ont pourtant jamais couché ensemble car Joseph attendait patiemment le jour du mariage ! C’est un truc improbable aujourd’hui où les amoureux se donnent totalement l’un à l’autre, font même des enfants avant d’envisager le mariage.  Mari est donc enceinte avant le mariage. Elle a beau lui dire qu’elle ne l’a jamais trompé, mais saint Joseph a dû mal à comprendre cette histoire bizarre et vit une crise de confiance profonde.  Pourtant, saint Joseph aime profondément Marie et ne veut lui faire aucun mal car elle risque la lapidation…

Joseph est en dépression. Ça fait des semaines qu’il n’arrive plus à trouver de sommeil. C’est un homme profondément blessé, déshonoré, humilié aux yeux de la société qui déprime et se pose mille questions. Il désespère ! Il est en colère mais contrairement à nous autres, saint Joseph ne veut surtout pas se venger et faire du mal à sa fiancée.

Parce qu’il ne veut faire aucun mal à Marie, Joseph a décidé d’aller voir le rabbin de la synagogue de Nazareth pour lui annoncer qu’il ne voulait plus épouser Marie, sans en donner les raisons véritables.  Il invite un mensonge, genre : « Le mariage est annulé parce que je n’en peux plus d’elle ! Je suis fatigué de cette fille qui est beaucoup trop jeune pour moi » ! Cela au moins sauvera à la fois son honneur d’homme et épargnera Marie de toute humiliation et d’une condamnation publique. Joseph est juste parce qu’il laisse l’amour et la miséricorde prendre la première place, en épargnant sa fiancée, malgré son orgueil qui a pris un bon coup.

Après des semaines de déprime et d’insomnie, Joseph pense avoir pris la bonne décision. Maintenant que la décision difficile est prise, il est soulagé. Il peut à présent dormir et commencer à récupérer de retard de sommeil accumulé depuis des semaines de nuits blanches.   Cette nuit-là, Joseph dort comme quelqu’un qui s’est bourré des somnifères et d’antidépresseurs…. Mais son sommeil est troublé par un songe. Il rêve des anges qui le rassurent, lui donnent des explications mystérieuses, lui parlent d’un fils de Dieu qui sera appelé « fils du charpentier ». L’ange lui dit que Marie a accepté de donner corps à cet enfant par la force sur saint Esprit, et qu’il appartient maintenant à lui, Joseph, d’élever, nourrir, éduquer et prendre soin de cet enfant qui ne lui appartient pas et de sa Mère qui restera vierge.

Saint Joseph est juste parce qu’il obéit à Dieu. Il a rêvé, et il entre dans ce rêve d’un projet décidé par quelqu’un d’autre, par Dieu. Saint Joseph avait des projets personnels : peut-être un magasin plus grand, une maison plus spacieuse, des nombreux fils et filles biologiques avec cette belle jeune Marie… : tout cela est tombé à l’eau parce que Dieu a besoin de lui, de son humilité, de sa force, de sa famille, de son travail, de son cœur, pour être le père d’un enfant qui ne pas le sien, pour être le mari d’une femme qu’il aimera silencieusement et chastement car elle est la Mère de Dieu.  Saint Joseph accepte le plan de Dieu et renonce à ses projets personnels pour réaliser le rêve de Dieu pour toute l’humanité.

Saint Joseph est le patron silencieux de ceux qui ont des projets personnels mais qui acceptent que Dieu vienne tout perturber.  Demandons son soutien pour les familles, et plus particulièrement pour les couples qui traversent unecrise de confiance dans l’amour et la fidélité ; et je vous avoue malheureusement que des couples en crise de confiance et d’amour, il y en a de plus en plus parmi nous et autour de nous, ces couples qui ne savent plus dialoguer et refusent de pardonner.  Prions saint Joseph pour les pères qui adoptent ou élèvent des enfants qui ne sont pas les leurs, pour ceux qui se préparent au mariage.  Comme lui, nous sachions, nous aussi, prendre soin du Fils de Dieu, Jésus qui habite en nous depuis notre baptême, et qui se donne à nous dans chaque eucharistie. Amen

 

Homélie du Père Joseph du IV° dimanche de l’Avent, année A (2022)2022-12-16T19:52:21+01:00
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