Homélie du Père Joseph de la Pentecôte, année C (2022)
Mes chers frères et sœurs,
Ce weekend conclut le temps pascal, avec la solennité de la fête de la Pentecôte. Ce soir et demain à Plaisance, une trentaine des jeunes vont célébrer leur profession de foi, et dans les autres paroisses, nous clôturons la série de 63 première communion des enfants du primaire, et dans l’après-midi, une vingtaine d’adultes de notre ensemble paroissial vont recevoir le sacrement de confirmation. De bonnes nouvelles, signe de la présence agissante du Saint Esprit dans les cœurs. S’il est difficile pour nous les adultes d’en témoigner au quotidien, ceci est beaucoup plus difficile pour des jeunes et les enfants qui ont, comme nous, besoin de la force et du souffle du saint Esprit pour professer la foi. C’est le Saint Esprit, reçu à notre baptême, et en plénitude à la confirmation qui nous fait de nous des disciples-missionnaires qui témoignent des merveilles du Ressuscité dans nos vies
Il est malheureusement très dommage que solennité de la Pentecôte soit méconnue et n’aie pas encore, dans les habitudes de beaucoup chrétiens, la même importance que les fêtes de Noël, des Rameaux, de Pâques ou de la Toussaint. Cela témoigne du retard que nous avons eus, dans l’Eglise Catholique et que nous avons encore aujourd’hui dans une certaine mesure, pour redécouvrir la place du Saint Esprit au cœur de Sainte Trinité, dans la vie de l’humanité avant même la création du monde, sa place dans la vie de chaque baptisé et celle de l’Eglise. Nous pouvons rendre grâce pour le mouvement pentecôtiste qui, depuis les années 50 du siècle dernier, ont mis l’accent sur la place et l’action du Saint Esprit. Plus particulièrement dans l’Eglise Catholique, nous pouvons rendre grâce pour le renouveau charismatique et toutes ces communautés nouvelles fondent leur mission sur les charismes données par le Saint Esprit. Pour signifier la place et l’importance du saint Esprit dans la communion de la Trinité sainte, ne disons-nous pas dans le Credo de Nicée-Constantinople que le Saint Esprit « procède du Père et du Fils et avec le Père et avec le Fils il reçoit même adoration et même gloire ».
Les chrétiens sont appelés à célébrer dans la joie la Pentecôte. Contrairement à ce qui est couramment affirmé, Yves Congar, un théologien Français, rappelle que l’Eglise n’est pas née le jour de la Pentecôte. A la Pentecôte, l’Eglise « vient à la lumière », elle sort de sa cachette et devient « plus lumineuse pour elle-même et pour toute l’humanité ». L’Eglise existait déjà avec les disciples autour de Jésus. Cependant, après la mort du Christ, cette Eglise va se cacher et se barricader dans une maison à cause de la peur. Chaque fois que l’on se sent en danger, on se cache, on reste entre-soi dans un réflexe identitaire. C’est tout le contraire du mouvement de la Pentecôte qui pousse vers la sortie, aller vers les autres. Cela veut dire que chaque membre de l’Eglise, quand il se laisse touché par le saint Esprit, sort de la cachette pour montrer la Lumière du Christ au monde, pour rayonner de la présence du Saint Esprit qui demeure en nous.
Pendant tout le temps pascal, saint Jean nous a plusieurs fois parlé dans son évangile de l’unité et de la communion trinitaire. Dans sa prière sacerdotale, Jésus exprime explicitement son désir de nous voir entrer dans cette unité-communion trinaire : « Qu’ils soient tous un, comme toi en moi et moi en toi, qu’ils soient un en nous afin que le monde croie que tu m’as envoyé ! » Chaque baptisé a comme vocation d’entrer dans la communion trinitaire. Cela est rendu possible par le Saint Esprit. En Dieu (Père, Fils et saint Esprit) il y a un dynamisme éternel d’amour intrinsèque entre les Trois Personnes divines. Le Père aime le Fils, ce dernier aime le Père et tout cela dans la communion du Saint Esprit. Cet Amour que le Premier donne et que le Second reçoit et échange, c’est le Saint Esprit, qui est aussi une Personne en tant que telle, comme lien entre le Père et le Fils. Le Saint Esprit est l’Amour qui lie le Père au Fils de manière qu’Ils soient Un. Ce qui est plus merveilleux dans la foi chrétienne, c’est ce que cet Amour-Don-communion trinitaire est aussi un don « ab extra » : il est communiqué à nous aussi par le Père et le Fils pour que nous vivions dans la communion trinitaire et que nous vivions dans cette même unité-communion avec la Trinité sainte et avec nos frères et sœurs en humanité. Seul le Saint Esprit nous permet, dans l’Eglise Universelle et dans chaque petite cellule d’Eglise (famille, groupe, service, mouvement, petite communauté locale, paroissiale, doyenné, diocèse..) de construire chaque jour cette unité et cette communion.
Toute la vie de Jésus est marquée par la présence du Saint Esprit. Il est l’acteur principal de la conception virginale de Marie : L’ange Gabriel dit à Marie « L’Esprit saint descendra sur toi et te couvrira de son ombre » ! Quand le saint Esprit est « descendu » sur Marie, le Verbe de Dieu s’est incarné et est devenu l’un de nous. Plus tard, c’est ce même Esprit est descendu, sous la forme d’une colombe, sur Jésus lors de son baptême dans le Jourdain. Il l’avait ensuite conduit dans le désert pour y être tenté, l’a accompagné tout au long de son sa mission publique. Avant de mourir en croix, saint Jean nous rappelle que Jésus remit l’Esprit au Père (Jn 19, 30) : « Père, entre tes mains je remets mon Esprit » (Lc 23, 46). C’est ce même Esprit que Jésus Ressuscité souffle sur ses apôtres et qu’il repend sur la première communauté chrétienne embryonnaire pour lui donner élan, force et courage le poussant à sortir témoigner.
Grâce au Saint Esprit les apôtres sortent et témoignent publiquement, au point d’être pris pour des fous ou qu’ils sont remplis de vin doux. …Témoigner de sa foi dans le monde actuel, c’est prendre le risque d’être pris pour un fou. Acceptons-nous d’être des fous du Ressuscité ? Par la grâce du Saint Esprit, tous ces peuples présents à Jérusalem comprennent le massage des apôtres : Jésus est vivant ! Il est ressuscité.
C’est le même Esprit qui nous est donné au baptême, à la confirmation, nous rendant capable de professer notre foi en annonçant Jésus Ressuscité dans chaque situation et en tout lieu, même quand cela nous semble impossible. Par le Saint Esprit, nous recevons la force pour espérer, au-delà des épreuves et de faiblesses, reprendre confiance etcourage pour nous relever après chaque chute. Par ses nombreux dons, le Saint Esprit nous rend capables de dépasser nos appréhensions, nos peurs, nos angoisses, pour entrevoir déjà la victoire dans les occasions de chute et d’échec. Il nous permet de voir Dieu agissant dans nos vies.
En ce mois de juin dont le cœur est la Pentecôte, prions le Saint Esprit pour notre monde qui tant besoin d’espérer. Prions-le pour notre communauté paroissiale en cette fin d’année pastorale, pour nos familles qui vont se rassembler pour les vacances d’été. Prions pour l’Esprit de force pour ceux qui croulent sous les épreuves. Prions l’Esprit d’élan missionnaire sur ceux qui reçoivent des sacrements ou de missions nouvelles. Puisse le Saint Esprit nous aider à être des pierres vivantes de l’Eglise, nous plongeant chaque jour dans la communion et l’amour trinitaire. Amen.