À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph de la Pentecôte, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs,

Ce weekend conclut le temps pascal, avec la solennité de la fête de la Pentecôte. Ce soir et demain à Plaisance, une trentaine des jeunes vont célébrer leur profession de foi, et dans les autres paroisses, nous clôturons la série de 63 première communion des enfants du primaire, et dans l’après-midi, une vingtaine d’adultes de notre ensemble paroissial vont recevoir le sacrement de confirmation. De bonnes nouvelles, signe de la présence agissante du Saint Esprit dans les cœurs. S’il est difficile pour nous les adultes d’en témoigner au quotidien, ceci est beaucoup plus difficile pour des jeunes et les enfants qui ont, comme nous, besoin de la force et du souffle du saint Esprit pour professer la foi.   C’est le Saint Esprit, reçu à notre baptême, et en plénitude à la confirmation qui nous fait de nous des disciples-missionnaires qui témoignent des merveilles du Ressuscité dans nos vies

Il est malheureusement très dommage que solennité de la Pentecôte soit méconnue et n’aie pas encore, dans les habitudes de beaucoup chrétiens, la même importance que les fêtes de Noël, des Rameaux, de Pâques ou de la Toussaint. Cela témoigne du retard que nous avons eus, dans l’Eglise Catholique et que nous avons encore aujourd’hui dans une certaine mesure, pour redécouvrir la place du Saint Esprit au cœur de Sainte Trinité, dans la vie de l’humanité avant même la création du monde, sa place dans la vie de chaque baptisé et celle de l’Eglise. Nous pouvons rendre grâce pour le mouvement pentecôtiste qui, depuis les années 50 du siècle dernier, ont mis l’accent sur la place et l’action du Saint Esprit. Plus particulièrement dans l’Eglise  Catholique, nous pouvons rendre grâce pour le  renouveau charismatique et toutes ces communautés nouvelles fondent leur  mission sur les charismes données par le Saint Esprit.  Pour signifier la place et l’importance du saint Esprit dans la communion de la Trinité sainte, ne disons-nous pas dans le Credo de Nicée-Constantinople que le Saint Esprit « procède du Père et du Fils et avec le Père et avec le Fils il reçoit même adoration et même gloire ».

Les chrétiens sont appelés à célébrer dans la joie la Pentecôte. Contrairement à ce qui est couramment affirmé, Yves Congar, un théologien Français, rappelle que l’Eglise n’est pas née le jour de la Pentecôte. A la Pentecôte, l’Eglise « vient à la lumière », elle sort de sa cachette et devient « plus lumineuse pour elle-même et pour toute l’humanité ». L’Eglise existait déjà avec les disciples autour de Jésus. Cependant, après la mort du Christ, cette Eglise va se cacher et se barricader dans une maison à cause de la peur.  Chaque fois que l’on se sent en danger, on se cache, on reste entre-soi dans un réflexe identitaire. C’est tout le contraire du mouvement de la Pentecôte qui pousse vers la sortie, aller vers les autres. Cela veut dire que chaque membre de l’Eglise, quand il se laisse touché par le saint Esprit, sort de la cachette pour montrer la Lumière du Christ au monde, pour rayonner de la présence du Saint Esprit qui demeure en nous.

Pendant tout le temps pascal, saint Jean nous a plusieurs fois parlé dans son évangile de l’unité et de la communion trinitaire. Dans sa prière sacerdotale, Jésus exprime explicitement son désir de nous voir entrer dans cette unité-communion trinaire : « Qu’ils soient tous un, comme toi en moi et moi en toi, qu’ils soient un en nous afin que le monde croie que tu m’as envoyé ! » Chaque baptisé a comme vocation d’entrer dans la communion trinitaire. Cela est rendu possible par le Saint Esprit. En Dieu (Père, Fils et saint Esprit) il y a un dynamisme éternel d’amour intrinsèque entre les Trois Personnes divines. Le Père aime le Fils, ce dernier aime le Père et tout cela dans la communion du Saint Esprit. Cet Amour que le Premier donne et que le Second reçoit et échange, c’est le Saint Esprit, qui est aussi une Personne en tant que telle, comme lien entre le Père et le Fils. Le Saint Esprit est l’Amour qui lie le Père au Fils de manière qu’Ils soient Un. Ce qui est plus merveilleux dans la foi chrétienne, c’est ce que cet Amour-Don-communion trinitaire est aussi un don « ab extra » : il est communiqué à nous aussi par le Père et le Fils pour que nous vivions dans la communion trinitaire et que nous vivions dans cette même unité-communion avec la Trinité sainte et avec nos frères et sœurs en humanité. Seul le Saint Esprit nous permet, dans l’Eglise Universelle et dans chaque petite cellule d’Eglise (famille, groupe, service, mouvement, petite communauté locale, paroissiale, doyenné, diocèse..) de construire chaque jour cette unité et cette communion.

Toute la vie de Jésus est marquée par la présence du Saint Esprit.  Il est l’acteur principal de la conception virginale de Marie : L’ange Gabriel dit à Marie « L’Esprit saint descendra sur toi et te couvrira de son ombre » ! Quand le saint Esprit est « descendu » sur Marie, le Verbe de Dieu s’est incarné et est devenu l’un de nous.  Plus tard, c’est ce même Esprit est descendu, sous la forme d’une colombe, sur Jésus lors de son baptême dans le Jourdain. Il l’avait ensuite conduit dans le désert pour y être tenté, l’a accompagné tout au long de son sa mission publique. Avant de mourir en croix, saint Jean nous rappelle que Jésus remit l’Esprit au Père (Jn 19, 30) : « Père, entre tes mains je remets mon Esprit » (Lc 23, 46). C’est ce même Esprit que Jésus Ressuscité souffle sur ses apôtres et qu’il repend sur la première communauté chrétienne embryonnaire pour lui donner élan, force et courage le poussant à sortir témoigner.

Grâce au Saint Esprit les apôtres sortent et témoignent publiquement, au point d’être pris pour des fous ou qu’ils sont remplis de vin doux. …Témoigner de sa foi dans le monde actuel, c’est prendre le risque d’être pris pour un fou. Acceptons-nous d’être des fous du Ressuscité ? Par la grâce du Saint Esprit, tous ces peuples présents à Jérusalem comprennent le massage des apôtres : Jésus est vivant ! Il est ressuscité.

C’est le même Esprit qui nous est donné au baptême, à la confirmation, nous rendant capable de professer notre foi en annonçant Jésus Ressuscité dans chaque situation et en tout lieu, même quand cela nous semble impossible. Par le Saint Esprit, nous recevons la force pour espérer, au-delà des épreuves et de faiblesses, reprendre confiance etcourage pour nous relever après chaque chute. Par ses nombreux dons, le Saint Esprit nous rend capables de dépasser nos appréhensions, nos peurs, nos angoisses, pour entrevoir déjà la victoire dans les occasions de chute et d’échec. Il nous permet de voir Dieu agissant dans nos vies.

En ce mois de juin dont le cœur est la Pentecôte, prions le Saint Esprit pour notre monde qui tant besoin d’espérer. Prions-le pour notre communauté paroissiale en cette fin d’année pastorale, pour nos familles qui vont se rassembler pour les vacances d’été. Prions pour l’Esprit de force pour ceux qui croulent sous les épreuves. Prions l’Esprit d’élan missionnaire sur ceux qui reçoivent des sacrements ou de missions nouvelles. Puisse le Saint Esprit nous aider à être des pierres vivantes de l’Eglise, nous plongeant chaque jour dans la communion et l’amour trinitaire. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la Pentecôte, année C (2022)2022-06-12T19:25:50+02:00

Annoncer les merveilles de Dieu !

Annoncer les merveilles de Dieu !

« Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ?  Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? » A la Pentecôte, peu importe si c’était le jour ou la nuit, si c’était un bruit venant du ciel, un vent violent et des langues de feu …. Ce qui est étrange et essentiel à la Pentecôte, c’est le fait que ceux qui parlaient toutes ces langues différentes et se faisaient comprendre de tous….étaient seulement un petit groupe de 11 Galiléens ! Oui, les Galiléens n’étaient pas bien vus par les autres juifs :  considérés comme rebelles, prêts à faire une révolution, même violente contre Rome, des gens qui voulaient tout résoudre par la violence. Bref, la Pentecôte met en scène 11 pécheurs sur lesquels est descendus le Saint Esprit qui les pousse à sortir de la peur de leurs propres trahisons et lâchetés, pour aller vers les autres… Quel est leur message ? Ils proclament à tout le peuple les merveilles de Dieu, comme le souligne saint Luc : « tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu ».  Il serait tellement beau que notre communauté soit semblable à ce petit groupe d’apôtres, se reconnaissant pécheurs mais touchés par le saint Esprit pour « sortir » annoncer à nos contemporains les merveilles que Dieu accomplit encore aujourd’hui dans le monde.

Pendant que l’actualité nous parle en longueur de journée de dépression, d’inflation, de crise alimentaire et climatique, de guerre, en Ukraine, dans le Kivu, le Sahel… de Covid19 ou de la Variole du singe, de baisse de vocations dans l’Eglise, dans les mouvements et les associations, de la fatigue en cette fin d’année pastorale….  c’est dans ce contexte que l’esprit de Pentecôte nous pousse à sortir pour aller annoncer les merveilles de Dieu dans le monde et dans l’Eglise. Il ne s’agit pas de faire des statistiques ni de bilan (nous serions déçus !!!), mais de regarder l’humain, le monde et l’Eglise avec le cœur et les yeux de Dieu.

C’est le sens de tous les articles et témoignages qui nous sont donnés comme cadeaux de la Pentecôte dans ce numéro du Trait d’Union. Nous rendons grâce pour vous tous qui vous donnez pour que notre Eglise soit chaque jour plus missionnaire et plus ouverte au monde, en lui annonçant la joie pascale. Nous rendons grâce pour ces enfants qui sont baptisés actuellement, ceux qui vivent leur première communion, font la profession de foi, ces adultes qui reçoivent  le sacrement de confirmation et/ou de l’eucharistie, ces fiancés qui s’engagent dans le mariage, ceux qui sont ordonnés évêques, comme le Mgr Jean -Marc Micas, nouvel évêque de Tarbes-Lourdes, ceux qui sont  ordonnés prêtres et diacres dans l’Eglise, ceux qui, au quotidien militent pour la paix, la fraternité, la justice, la solidarité, ceux qui nous font grandir humainement et spirituellement… Nous rendons grâce pour l’Esprit de Pentecôte, agissant dans nos vies, dans l’Eglise et dans le monde. Que le Saint Esprit nous donne la joie divine pour annoncer aux autres les merveilles de Dieu.

 

Annoncer les merveilles de Dieu !2022-05-31T20:11:23+02:00

Remerciements de Christopher

Je rends grâce pour ces deux années passées sur l’ensemble paroissial. Cela a été pour moi une expérience très enrichissante. Dans la formation au séminaire, il y a quatre piliers. Formation humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale. Chers Paroissiens, je vous remercie d’avoir contribué à ma formation, par vos prières, vos conseils, vos encouragements et à travers les missions que nous avons partagées ensemble. Merci pour votre accueil et votre bienveillance. J’ai apprécié les moments que j’ai passés avec vous. Voici que je retourne en Guadeloupe où je vais être ordonné prêtre le 26 juin 2022. J’espère revenir à l’occasion pour célébrer une messe avec vous. Je vous remercie aussi pour le cadeau que vous m’avez offert pour mon ordination : le calice et la patène qui vont accompagner toute la vie de prêtre. Je penserai à vous en m’en servant pour célébrer. Je me confie à vos prières et je vous porte dans la mienne.

Christopher

Remerciements de Christopher2022-05-31T20:21:06+02:00

Homélie du Père Joseph du VI° Dimanche de Pâques, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs,

A quelques jours de l’Ascension, Jésus nous indiquetrois attitudes nécessaires et urgentes pour manifester sa vie et sa gloire dans notre vie. Ces trois attitudes sont urgentes et nécessaires pour l’Eglise et pour le monde qui ont besoin de renouveau, d’un nouvel élan, d’une conversion en profondeur…Elles nous permettent de retrouver son ADN de vrai disciple du Christ, pour ne plus nous contenter d’avoir notre nom inscrit quelque part dans un registre de baptême ou de confirmation.

La première attitude est celle-ci : « Demeurer en Jésus et Le laisser demeurer en nous ». Jésus s’adresse à nous en disant : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Jésus nous dit qu’il a besoin de notre amour. Vous rendez-vous compte ? Il ne s’agit pas d’un copain de classe, le voisin ou la voisine de bureau, de la chorale ou d’aumônerie qui tout d’un coup nous avoue ses sentiments amoureux pour nous demander de l’aimer à notre tour ! Il s’agit de Dieu lui-même, Jésus Ressuscité qui frappe à la porte de notre cœur pour nous déclarer son coup de foudre et nous demande de l’aimer à notre tour. Comme vous le savez mieux que moi d’ailleurs, un amour à sens unique, sans réponse positive ne donne aucune joie. Pour être vraiment bénéfique et produire du fruit, l’amour attend une réponse positive.

Cette expérience humaine est transposable au niveau spirituel. Depuis le baptême, et plus encore à la confirmation, Jésus nous dit qu’il nous aime.  Lors de notre confirmation, comme ces adultes qui s’y préparent pour la Pentecôte, ce n’est pas nous qui confirmons quelque chose, mais c’est Jésuslui-même qui confirme ce qu’il nous a déjà donné dans le baptême : sa vie divine, son amour infini. Il attend que chacun de nous lui confirme son amour car c’est dans la rencontre de ces deux amours, celui du Christ avec un A majuscule et le nôtre, avec le petit amour que se réalise notre ADN de disciple du Christ. Pour cela, comme deux amoureux qui se parlent et s’écoutent en essayant de communiquer de lamanière la plus harmonieuse, à travers le verbal et le non verbal, Jésus nous demande de garder sa Parole, de l’habiter, de la fréquenter, de la connaître à fond, de la prier, de la méditer pour être habités par Lui.

La Parole de Dieu est la lampe et la nourriture notre âme, de même que le pain et le vin que nous recevons dans chaque messe. Le disciple de Jésus, n’a pas besoin d’appuyer sa foi sur les apparitions, sur des miracles….mais cette parole deJésus qui nous certifie lui-même qu’il demeure réellementen nous par l’eucharistie : « Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui » nous dit-il et encore « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure». Demeurer en Jésus signifie rester avec Lui, lui donner un bout de mon temps, de ma vie ». N’ayons pas peur d’ouvrir notre cœur à Jésus pour qu’il y demeure et le remplisse de son Amour. Parce que Jésus demeure en vous par son Esprit saint nous n’avons plus besoin de « prouver son existence ». Il nous est simplement demandé de témoigner de lui, sans peur dans notre vie.

La deuxième attitude est : « se Souvenir, se rappeler, ne pas oublier ». Jésus nous dit : « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »  La maladie d’Alzheimer est une catastrophe pour qui en souffre. Il oublie tout et ne reconnait plus rien, même ses enfants. Jeudi soir, à la réunion des END, un équipier nous disait sa souffrance d’avoir été voir sa maman  en maison de retraite, mais celle-ci ne l’a pas reconnu. A un certain moment, elle a présenté son fils comme étant son papa. De même, l’Alzheimer spirituel est une catastrophe pour la société, pour l’Eglise. Le pape François n’arrête pas de dénoncer cette maladie chez les chrétiens. Ne pas oublier les guerres passées, les calamités, les tragédies vécues dans l’histoire nous aide et nous engage pour ne plus y retomber aujourd’hui et dans l’avenir comme on peut malheureusement le voir avec ce qui se passe entre la Russie et l’Ukraine. On oublie vite les leçons de l’histoire. De même, ne pas oublier et se rappelerdes bienfaits desDieu dans notre histoire personnelle et collective nous aide à garder l’espérance dans les moments difficiles. C’est pour cette raison que nous devrions, personnellement, dans nos groupes, mouvements, services…faire une relecture spirituelle de tout ce que nous avons vécu cette année pour y voir Dieu à l’œuvre et qui nous accompagne. Se souvenir que la main de Dieu nous a accompagné dans le passé nous permet d’entrevoir l’avenir avec espérance car il a promis qu’il ne nous abandonnera jamais.  Jésus ressuscité dit à ses disciples ! « Allez, faites des disciples. Et moi je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ! »

Le Saint Esprit est le Don par excellence. Une des missions du Saint Esprit est de nous rappeler que nous sommes définitivement enfants de Dieu. Saint Paul nous rappelle que le Saint Esprit murmure en nous et nous pousse à appeler Dieu « Abba », c’est-à-dire, « papa ». Le saint Esprit vient à notre aide pour nous souvenir, nous rappeler tout ce que Jésus nous a donné, pour ne pas le laisser endormir en nous. Imaginez un peu ! Un jour, vous avez reçu un très beau cadeau à Noël, à votre anniversaire, à votre baptême, votre mariage… Celui qui vous l’a offert y a mis beaucoup d’amour. Il a interrogé vos amis et proches, pour être sûr que cela vous fasse plaisir. Vous recevez votre cadeau avec des larmes de joie ! Le soir, fatigué de la routine de la fête, vous posez votre cadeau quelque part…! Ensuite vous l’oubliez complétement ! Une année plus tard, en faisant du rangementou le ménage, vous découvrez votre cadeau presque toujours emballé, couvert de poussière ! Quel gâchis ! De même, l’Esprit saint est là pour nous rappeler que nous sommes définitivement enfant de Dieu et qu’il nous a comblés de beaucoup de grâces et dons qu’il faut fructifier..

La troisième attitude, « est de cultiver la Paix en nous et autour de nous ». Jésus nous dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » Nous sommes effrayés, angoissé, nous avons peur de toutes ces choses douloureuses qui se passent dans nos familles, dans l’Eglise et dans le monde. Rappelez-vous quemême les disciples de Jésus, étaient effrayés et angoissé, etavaient énormément peur après la mort de Jésus. En venant à leur rencontre, après la résurrection, Jésus leur dit « La paix soit avec vous ». Pour construire la paix, nous devons la retrouver d’abord en nous. La paix est construite de manière graduelle. Il est inutile de penser apporter au monde la paix si nous ne la recevons pas d’abord dans notre cœur pour la cultiver ensuite dans notre famille resserrée, nos paroisses, nos groupes et services…. Petit à petit, graduellement, les bénéfices de cette paix qui jaillit de notre cœur atteindront toute l’humanité. Les négociations diplomatiques, calculées et intéressées, n’apportent qu’un semblant de paix, comme l’actualité nous le montre.

Jésus nous envoie témoigner de sa paix dans le monde. « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ». Artisan de paix ne signifie pas tout accepter et tout tolérer. La paix dont parle Jésus est celle qui refuse de se compromettre avec le mal. Se taire devant le mal subi, encaisser, se laisser manipuler par qui que ce soit, sans rien dire, n’est pas une attitude pacifique parce que celanous détruit de l’intérieur et risque exploser tôt ou tard. Devant le mal, l’artisan de paix sait exprimer ses désaccords, savoir dire « stop, ça suffit ! » et dénoncer le mal.

C’est cela que nous voyons dans la première lecture des Actes des Apôtres : dans l’Eglise Primitive, les apôtres ont un désaccord profond concernant l’accueil des nouveauxconvertis qui viennent du paganisme. Ils expriment leurs divergences ouvertement, après avoir prié le Saint Esprit. Ils vivent le premier des conciles, celui qu’on appelle le Concile Jérusalem qui leur permet de trouver une solution convenableà tout le monde. Ils nous montrent ainsi que la paix se cultive dans la vérité des échanges. Que le Saint Esprit de notrebaptême et confirmation nous donne de goûter à cette paix profonde que donne le Christ Jésus afin d’en témoigner dans le monde. Amen.

Homélie du Père Joseph du VI° Dimanche de Pâques, année C (2022)2022-05-22T11:22:37+02:00

La paix de Pâques

La paix de Pâques

Les résultats des élections présidentielles indiquent que la société française est fracturée et en colère. Le taux élévé de l’abstention confirme un manque de confiance envers les responsables politiques, quels qu’ils soient, chez de nombreuses personnes qui ont le sentiment que l’État les a abandonnées et laissées sur le bord du chemin.

Parallèlement, depuis le 24 février, la paix est brisée en Europe avec l’agression de l’Ukraine par la Russie. Chacun de nous, après un état de sidération, se demande avec effroi quand et comment cette guerre pourra cesser, dans la mesure où le dirigeant russe refuse tout dialogue. Comme le rapport des forces semble s’équilibrer grâce à la résistance héroïque des Ukrainiens, la paix s’éloigne et la guerre s’installe, faite de bombardements aveugles de la part des armées russes sur des civils, d’exils forcés, de crimes de guerre, sans compter la menace d’un conflit généralisé ou de l’usage d’armes atomiques.

Face aux déchirures et aux atrocités, une nécessité s’impose comme une urgence, c’est de prier pour la paix, en se rappelant que la paix est la première offrande et promesse du Christ ressuscité à ses disciples, lorsqu’il vient leur rendre visite alors qu’ils se sont enfermés par crainte dans leur habitation. Par trois fois il leur dit, d’après saint Jean : « La paix soit avec vous ! » En même temps qu’il dit cela, il montre à ses disciples qu’il garde sur son corps les stigmates de la violence de la mort ; il fait même toucher à Thomas ses plaies. Certes c’est afin de convaincre l’incrédule qu’il est vraiment ressuscité, mais n’est-ce pas surtout pour faire entendre qu’il prend sur lui, comme pour alléger le fardeau des hommes, toutes les plaies du monde ?

Lui seul peut soigner véritablement les victimes ou les désespérés et avec l’aide de l’Esprit Saint faire advenir la paix comme le bienfait préférable à tous les autres. Depuis le début du conflit, le pape François incite lui aussi sans relâche à prier pour la paix. « Que le Seigneur dirige l’intelligence et le cœur des responsables des affaires publiques selon Sa volonté pour la paix véritable et la liberté de tous. »

Emmanuel Golfin, paroissien

 

La paix de Pâques2022-05-16T23:24:42+02:00

Départ de Christopher

Départ de Christopher

Dans le TU de mai 2021, Christopher nous annonçait son ordination diaconale en vue du sacerdoce. Le 26 juin prochain, il sera ordonné prêtre pour le diocèse de Guadeloupe. Toute notre communauté se réjouit de cet appel et rend grâce pour le temps que Christopher a passé parmi nous.

Vous êtes tous invités à venir partager un dernier moment avec Christopher le samedi 04 juin à partir de 19h30 au presbytère de Saint-Simon. Chacun apportera ce qu’il peut pour constituer le buffet.

Des collectes seront organisées en fin de messe pour faire un cadeau à Christopher pour son ordination. Vous pouvez aussi déposer un chèque au presbytère (à l’ordre de ADT Ensemble paroissial de Tournefeuille. Indiquer « Cadeau pour Christopher » au dos du chèque).

Merci Christopher !

Nos prières t’accompagnent pour ta nouvelle mission !

Départ de Christopher2022-05-16T23:21:59+02:00

Homélie du Père Joseph du V° Dimanche de Pâques, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs,

Parce que vous avez certainement fait tous du catéchisme. Et j’imagine évidemment vous connaissez évidemment par cœur tous les commandements de Dieu tels qu’ils nous sont transmis par Dieu, à travers Moïse. Par contre, si l’on fait un test dans cette Eglise, très peu parmi nous, les fidèles catholiques, seront capables de répéter par cœur les 10 Commandement de Dieu (le Décalogue). Pourquoi ? Parce qu’à un certain moment dans l’histoire de notre pays, le catéchisme et l’aumônerie se sont transformés en un lieu convivial où l’on dessinait des petits cœurs…pour dire à Jésus combien nous l’aimons… mais sans se préoccuper de la transmission de la doctrine chrétienne aux jeunes. Un ancien séminariste de Lozère me partageait l’expérience infantilisante vécue en aumônerie de lycée quand il était en terminale où ils n’apprenaient rien de la foi chrétienne, sauf « littéralement apprendre quelques chansons de JC Giannada et de Yannick Noah et dessiner des cœurs ». Le résultat de cette méthode, c’est un grand déficit dans la connaissance doctrinale chrétienne chez beaucoup de Catholiques aujourd’hui….

Aujourd’hui encore, dans certains pays, comme jadis ici en France, au catéchisme, les enfants apprennent par cœur les commandements, les sacrements, les livres de la Bible… la connaissance d’un contenu doctrinal minimum est requise pour qu’un enfant ou un adulte soit admis aux sacrements de l’initiation chrétienne. Au bout du cheminement catéchuménal, les catéchumènes ou les enfants du catéchisme doivent faire un examen.  Il y a des aberrations dans cette méthode quand le catéchisme devient très scolaire, très intellectuel, comme ce curé d’une paroisse au Congo qui, à l’examen, demandait à un enfant de 9 ans le nom de famille du saint pape Jean Paul II.

Revenons aux 10 commandements. Ils ont été donnés au peuple d’Israël par Dieu, à travers Moïse…et tout le code législatif juif est une interprétation du Décalogue. Plusieurs fois d’ailleurs, Jésus lui-même a rappelé que tout juif devait respecter la Loi et les prophètes. Avant de mourir, Jésus laisse un testament à ses disciples, pendant la Dernière Cène : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » Ces paroles viennent expliciter une des deux facettes de l’unique commandement que Jésus a laissé à ses disciples. Vous vous rappelez bien qu’un jour, un scribe avait demandé à Jésus quel était le premier commandement : « Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.  Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Ceci nous est raconté dans l’évangile selon saint Marc (12, 29-31)

Il n’existe donc qu’un seul et unique commandement, dont le Décalogue est l’application concrète : aimer Dieu en aimant son prochain. En d’autres termes, il ne suffit pas de dire que nous aimons Dieu pour que cela soit vrai. Saint Jean nous le rappelle dans sa première lettre : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1 Jn 4, 20-21). Nous sommes appelés à vérifier la vérité de notre amour en aimant nos frères et sœurs que Jésus lui-même a aimés en premier, car ils sont tous les enfants bien-aimés de Dieu.

Dans la foi chrétienne, l’amour du prochain sera le critère du jugement dernier, comme Jésus nous le rappelle encore dans l’évangile selon saint Matthieu : « “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”…chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,34-36)

Bref, dans la foi chrétienne, ce qui compte vraiment, ce n’est pas la rhétorique, la théorie, mais bien la pratique, les preuves, des faits ! Saint Jean nous rappelle d’ailleurs que nous devons aimer non pas en parole et par des discours, mais en acte et en vérité. Un artiste congolais rappelle dans une de ses chansons que l’amour n’existe pas, mais qu’il n’y a que des preuves d’amour ! Avouons que nous disons et entendons à longueur des journées des gens qui se déclarent l’amour fou…mais incapables d’en donner la moindre preuve concrète.

Donc, en matière d’amour, ce qui compte, c’est la pratique, les faits, du concret. Alors, demandons-nous : jusqu’à quel point ce commandement de l’amour doit-il nous engager ?  Quelle est la mesure de l’amour ? Quand est-ce que je peux aimer ? Qui suis-je appelé à aimer ? Il ne suffit donc pas d’aimer nos parents, nos amis, nos proches, les personnes sympathiques, notre équipe favorite comme le Stade Toulousain… Jésus a donné une réponse claire à toutes ces questions : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ! ». La mesure de l’amour, c’est Jésus lui-même. C’est lui qui, en premier, a aimé tous les hommes. Ensuite, Jésus n’a pas aimé par convenance, par calcul, par intérêt personnel. En troisième lieu, il a aimé de tout son être jusqu’à donner sa propre vie, comme il nous dit : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ! »

C’est seulement dans cette perspective que son commandement devient vraiment nouveau. En effet, avant Jésus, les humains savaient aimer, et même aujourd’hui encore, sans être chrétien, l’être humain est capable d’aimer.  Le seul problème, c’est que de nous-même, nous ne pouvons aimer qu’avec quelques réserves, un peu de calculs, d’égoïsme… ! Humainement, notre amour est toujours intéressé.  Pour nous, c’est souvent : « J’aime un tel, mais pas l’autre ! J’aime, quand ça me convient, quand cela ne me coute pas, quand je veux ». La nouveauté de Jésus est dans l’abolition de la réserve, des frontières, des conditions, du petit calcul pour vivre l’amour comme un don total de soi. Cela n’est certes pas facile pour nous tous qui devons composer avec notre humanité fragile et égoïste. Pour cela, Jésus nous a laissé son aide dans sa Parole, les sacrements, son exemple et tous les saints qui, avant nous, ont essayé de l’imiter. Si d’autres ont su aimer comme Jésus, pourquoi ne le puis-je pas moi aussi ?

Pour finir, écoutons encore le Seigneur nous dire ceci : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Si nous avons de l’amour les uns envers les autres, l’Eglise, notre communauté paroissiale, devient réellement une belle communauté, qui donne envie, attrayante et rayonnante. Récemment, j’ai rencontré quelqu’un qui avait fui sa communauté paroissiale pour une communauté plus petite en disant que là, il avait trouvé des chrétiens qui lui donnaient envie car ils s’aiment et savent accueillir les nouveaux qui arrivent, comme donner place et accueillir ces adultes nouveaux baptisés, ces confirmands pour qu’ils ne disparaissent pas après le baptême, mais deviennent réellement des pierres vivantes pour la communauté, y prenant même des responsabilités.

On disait des premiers chrétiens à Jérusalem : « Voyez comme ils s’aiment ». Nous pourrons faire les catéchèses les plus intelligentes et les plus savantes, mais si nous ne nous aimons pas, notre communauté ne sera jamais attrayante. Saint Paul nous dit que sans amour notre foi qui transporte les montagnes n’est rien, même si je me fais bruler vif pour la foi ! Le pape François nous rappelle que l’Eglise grandit par attraction et non pas par prosélytisme. C’est par l’amour que nous serons reconnus comme disciples missionnaires, non pas par nos dévotions, nos prières, nos signes extérieurs, nos organisations et nos structures. Que cette eucharistie nous donne nous aimer les uns les autres comme Jésus que nous allons recevoir dans l’eucharistie afin de le glorifier par notre vie concrète et quotidienne qui sera un témoignage d’amour fraternel. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du V° Dimanche de Pâques, année C (2022)2022-05-16T23:15:14+02:00

Homélie du Père Joseph du IV° Dimanche de Pâques, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs,

« Mes brebis écoutent ma voix » ! Il ne s’agit pas d’ordre ni d’injonction ! Il s’agit simplement d’une voix. Je l’imagine douce, tendre, unique, impossible à confondre. C’est du Vrai Berger, Jésus l’Unique Bon Pasteur. La voix raconte une relation et révèle une intimité, fait émerger une présence et exprime des sentiments. La voix touche le cœur avant même les choses qu’elle explicite. Un bébé reconnait sa maman à sa voix, lui exprime une émotion, lui tend les bras et le cœur est déjà heureux avant même de comprendre le sens des paroles exprimée par la voix de la mère. La voix de m’amoureux qui fait battre le cœur de l’amoureuse et inversement, comme nous pouvons le lire dans le livre du Cantiques des cantiques : « La voix de mon bien-aimé ! C’est lui, il vient… Il bondit sur les montagnes, il court sur les collines… Ma colombe, dans les fentes du rocher, dans les retraites escarpées, que je voie ton visage, que j’entende ta voix ! Ta voix est douce, » (Ct 2,8. 14) Quand la Vierge Marie arrive dans la maison de Zacharie, elle salue Elisabeth. En entendant sa voix Jean-Baptiste trésaille d’allégresse dans le sein d’Elisabeth. « Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. » (Lc1, 44).

Jésus qui est l’Unique Vrai Berger et l’Unique Bon Pasteur, et nous faisons tous partie de son troupeau. Il connait chacun de nous par son prénom, et nous aime dès le sein maternel.  Jésus, notre Unique Berger nous offre la plus grande des motivations pour le suivre et écouter sa voix : il donne sa vie pour nous. Ce qui compte dans la relation avec le Bon Pasteur, ce n’est pas tant ce que, nous brebis, arrivons à faire. C’est plutôt ce que le Bon Pasteur fait pour moi. Le coeur de la foi chrétienne, ce n’est pas d’abord mon comportement moral ou mon éthique, mais c’est l’action et l’Amour de Dieu pour moi. La vie chrétienne ne se fonde pas sur les devoirs mais sur le don de la vie de Dieu reversée en moi avant même que j’ai pu faire quelque chose pour la mériter. Avant mon oui de ma liberté, Die m’a m’aimé et a donné sa vie pour que j’aie la vie en plénitude.

Jésus explique ensuite ce que veut dire être pasteur : « Mes brebis écoutent ma voix ;
moi, je les connais, et elles me suivent.  Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront,
et personne ne les arrachera de ma main
. ». Paroles pleines d’espérance. Les brebis dont Jésus est le pasteur ne sont pas une masse inconsciente, réagissant par instinct grégaire, mais des personnes conscientes, responsables et libres, qui ont décidé d’écouter avec confiance la voix du Christ Pasteur qui les guide en leur garantissant la vie éternelle comme l’exprime la deuxième lecture : « Voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main….Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, ni le soleil ni la chaleur ne les accablera,  puisque l’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »

La vie éternelle est le terminus où le Bon Pasteur guide et conduit ceux qui écoutent sa voix. Le Bon Pasteur est et reste toujours Jésus. Cependant, comme on l’a vu dans l’évangile de dimanche dernier, il a donné charge et missionà d’autres hommes pour remplir cette sur terre ce devoir. Il a dit à Pierre en effet, « soit le pasteur de mes brebis » A travers Simon Pierre, c’est à tous ses successeurs et collaborateurs que Jésus confie cette mission d’être des pasteurs pour ses brebis. Jésus demande à ces pasteurs, comme nous le dit le pape François, d’être au milieu et parmi les brebis pour sentir leur odeur du troupeau, partager les joies et les peines du troupeau. Le prêtre donne sa vie pour tous, et pas seulement pour une catégorie des fidèles ou des paroissiens. Mais le pasteur est aussi à être derrière les brebis, pour les contempler et voir comment avance le troupeau. Cela lui permet aussi de prendre de la hauteur, du recul !  Mais, le pasteur est aussi devant le troupeau, avec une lampe, pour indiquer la direction à prendre, orienter le troupeau, pour éviter toute débandade et confusion. Ceux-là que le Vrai Pasteur appelle, à sa suite, à devenir des pasteurs sont invités à être attentifs à la voix de Jésus, l’Unique Bon Pasteur. C’est ainsi que chaque année, le quatrième dimanche de Pâques, dimanche du Bon Pasteur est aussi la journée de prière pour les vocations sacerdotales.

L’Eglise appelle aujourd’hui tous les fidèles à prier pour qu’il y ait de nouveaux prêtres. Je sais combien cela peut paraître inopportun après les récentes affaires d’abus dans l’Eglise, le rapport de la CIASE. Quelques éléments de la synthèse des groupes synodaux qui ont se sont réunis montre combien la figure du prêtre est mal perçue et défigurée chez certaines personnes. Oui, le rapport de la CIASE a révélé qu’il y a 2% des prêtres ont commis des crimes horribles, faisant tomber l’opprobre sur les 98% autres. C’est vrai aussi que beaucoup de prêtres, pétris d’humanité, eux aussi, trainent des défauts manifeste dans l’exercice de leur mission, de leur autorité…

C’est d’ailleurs à cause de tout ce qui nous blesse chez nos pasteurs que nous devons encore plus prier pourque nous ayons, comme le demande le saint curé d’Ars, de prêtres, de nombreux prêtres, des nombreux et saints prêtres.  Parce que nous avons besoin de prêtres et que pour recevoir la vie divine, à travers les sacrements, l’Eglise a besoin des prêtres, les fidèles sont appelés à travailler, à aider et prier pour leur sainteté, leur équilibre humain et spirituel, leur conversion afin que chaque jour la vie des prêtres s’ajuste à celle de Jésus, et non pas sur celle du monde. Si le Christ est le seul Bon Pasteur, le seul vrai Berger, les prêtres sont appelés à vivre à la manière du Christ au nom de qui ils agissent surtout lorsqu’ils célèbrent les sacrements.

Oui, les prêtres ont des défauts, parfois de très gros défauts. Et cela n’est pas une nouveauté. Je ne veux pas ici me faire l’avocat de moi-même et de tous mes confrères dans le sacerdoce ! L’histoire de l’Eglise a commencé avec les apôtres, mais au moment crucial, seul l’un d’eux a suivi Jésus jusqu’au pied de la croix, l’un d’eux l’avait trahi, un autre l’avait renié et tous les autres ont pris la fuite. Et pourtant, comme nous l’avons vu dimanche dernier, Jésus leur a renouvelé sa confiance en leur confiant la mission de conduire son Eglise. Ceux qui sont venus après, c’est-à-dire, les papes, les cardinaux, les évêques et les prêtres restent des humains comme tels, et par définition, un humain est pécheur, portant son lot des qualités et des défauts.

Depuis quelques années, malheureusement, j’ai souvent entendu, même de la part des fidèles, ne parler que des défauts des pasteurs, rappelé les crimes horribles commis par un très petit nombre parmi eux. J’ai rarement entendu du don total de leur vie, de leur générosité dans la mission, leur abnégation, leur fatigue parfois, et même le martyre de certains parmi eux dans certains pays. Aussi, n’oublions jamais que les prêtres ne sont que des instruments entre les mains de l’Unique Pasteur qu’est Jésus. C’est au Christ que nous devons adresser notre louange et notre action de grâce pour les biens que nous recevons de lui à travers le ministère des prêtres.  Nous ne venons pas à la messe pour les prêtres ! Si c’est le cas, nous risquons d’être souvent déçus et découragés. Nous venons pour le Christ, qui nous ouvre ses bras et qui se donne à nous en donnant sa vie pour nous dans chaque eucharistie.

Homélie du Père Joseph du IV° Dimanche de Pâques, année C (2022)2022-05-16T23:18:56+02:00

Homélie du Père Joseph du III° Dimanche de Pâques, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs,

La dernière fois que Jésus Ressuscité apparait aux disciples, dans l’évangile selon saint Jean, c’est sur le lac de Tibériade. Le contexte est difficile pour les disciples.  Leurs coeurs sont remplis non seulement de souvenirs de tout ce qu’ils ont vécu et partagé avec Jésus, mais aussi d’amertume, de regret et de culpabilité, surtout de la part de Simon Pierre qui n’a aucun doute sur le fait que Jésus est ressuscité, mais cet événement extraordinaire n’a pas redonné paix et sérénité à son cœur ! Malgré la résurrection de Jésus, Simon Pierre ne s’autorise pas d’être dans la joie.  Il porte lourdement dans son cœur le poids de sa trahison, son reniement qu’il a du mal à se pardonner.

Simon Pierre me fait penser à la vie de tant de personnes marquées par des actes ou des péchés graves commis dans leur passé, qui font ensuite l’expérience de la résurrection à travers une conversion, parfois foudroyante, mais qui ont du mal être vraiment sereins et joyeux parce qu’ils trainent le poids de ce passé douloureux qui les a marqués. Il m’est souvent arrivé de confesser une personne, parfois très âgée qui, pour la énième fois, vient confesser un péché commis dans la jeunesse et dont le souvenir hante toujours comme un cauchemar. C’est vrai que Simon Pierre a renié le Seigneur, il a bien avoué à trois reprises le vendredi saint qu’il ne le connaissait pas Jésus, se laissant intimidé par une servante. A présent, Simon Pierre est convaincu au fond de lui d’être un bon a rien, d’avoir loupé sa vie, d’avoir tout échoué et se considère simplement comme un traitre impardonnable.

Simon Pierre est aigri, triste et est revenu à sa vie passée, à son métier d’avant sa rencontre avec Jésus, ce métier de pêcheur qu’il avait abandonné pour suivre Jésus. La belle aventure avec Jésus s’est terminée !  Retour à la dure réalité. Les trois ans passés avec Jésus étaient une très extraordinaires et inoubliables, mais à présent, c’est fini tout ca, il faut tourner la page, reprendre une vie normale.  Nous faisons parfois la même expérience ! Après un beau pèlerinage, de JMJ, un séjour à Taizé, une retraite dans un monastère ou un mois d’exercices de Saint Ignace, un grand Jamborée ou un méga camp scout, un séjour à Paray Le Monial avec la communauté de l’Emmanuel… et puis, revenir à la vie normale et se rendre compte que nous avons toujours les mêmes fragilités et les mêmes doutes. Le quotidien est tellement différent de toutes ces fortes expériences ecclésiales et spirituelles. Il faut s’accrocher au quotidien : « Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien. »

C’est dans cette ambiance que Jésus rencontre sur le rivage ce groupe de pêcheurs fatigués et découragés. « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Un silence ! Une hésitation ! « Qu’est-ce qu’il a dit ? Mais c’est qui celui-là ? » C’est le disciple que Jésus aimait, celui qui était resté au pied de la croix avec Marie, qui reconnait le premier le Ressuscité ! « C’est le Seigneur ! » Notre vie commence réellement à changer le jour où, rempli de stupeur et d’émerveillement nous reconnaissons et percevons le Seigneur dans ces petites histoires de notre propre histoire personnelle. Beaucoup cherchent Dieu dans les apparitions, les miracles parce qu’ils ont du mal à le voir et le percevoir dans leur quotidien.  On le cherche dehors alors que Dieu nous apparait et nous rencontre toujours dans la chapelle de notre cœur au quotidien. Chercher Dieu toujours dans les miracles, et les manifestations extraordinaires peut être plus un manque de foi qu’un vrai désir de Dieu.

Saint Jean est le seul à reconnaitre Jésus ressuscité, comme au matin de Pâques, en découvrant le tombeau vide : « il vit et il crut ». Les idées, sans l’amour, ne voient jamais le Seigneur. C’est parce que nous aimons le Seigneur que nous pouvons le voir présent et agissant dans notre vie. Aucune idée sur Dieu ne nous fera faire l’expérience de sa présence. Simon Pierre est l’Eglise qui, avec beaucoup de mal, va à la pêche, mais n’arrive à rien prendre parce que cette Eglise dans la routine. Combien de fois nous avons fait le constat que notre manière de « vivre et de faire Eglise » ne marche plus, que nous sommes depuis des années dans la routine mais nous résistons au changement, nous refusons de faire autrement, parce que prisonniers de la routine, du « on a toujours fait comme ça depuis des années et on ne voit pas pourquoi changer… », alors qu’en réalité nous voyons que notre vieux système ne marche plus aujourd’hui.

Pierre doit mouiller sa propre sécurité ! Tellement enfermé dans ses schémas mentaux ! Quand nous sommes enfermés dans nos vielles idées fixes, nous devenons immobiles, engourdis spirituellement et mourrons de l’intérieur parce que nous refusons de changer. Toute rigidité, toute raideur tue parce que la vie demande de la souplesse et de la légèreté.  Simon Pierre est encore dans ses rigidités, il tient à son autorité, symbolisée ici par le vêtement ! Il met un vêtement avant de se jeter à l’eau ! « Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau. » Pierre doit affronter encore une fois ses peurs et reconnaître ses propres rigidités.

Sur le lac de Tibériade, Jésus revient voir ceux qui l’avaient abandonnée. Au lieu de leur demander de se mettre à genou, de lui demander pardon, c’est Jésus qui se met à genou devant le feu de bois et qui, une fois encore se met au service de ses disciples fragiles, fatigués et découragés. Aucun reproche. Il ne leur reproche même pas leur retour à la vie d’avant, à leur métier de pêcheur. C’est le style de Dieu : tendresse, humilité et miséricorde. Jésus ne nous fait pas de reproches, ne nous accuse pas, ne nous demande pas des explications ! Pour Dieu, aucun humain ne peut être identifié ni enfermé dans son péché ou sa faute. La sainteté ne consiste pas dans le fait de n’avoir jamais commis de péché ou de n’avoir jamais trahi, mais dans la capacité à renouveler notre amitié au Seigneur. Et c’est Jésus qui demande : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »

C’est dans ce climat d’amitié et de simplicité que se déroule le dialogue entre Jésus et Simon Pierre. « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »  Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. » Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? ». Jésus abaisse le tir, il s’adapte. Peu importe la trahison, le reniement et la fragilité de de Pierre. Il lui demande simplement de l’aimer comme il peu ! Cela suffit !

Maintenant que Pierre a accepté et reconnu ses peurs, ses fragilités et ses faiblesses, il devient capable d’être le berger, le pasteur pour conduire les autres. Jésus lui demande de le suivre car Simon Pierre sait désormais que suivre le Christ ne signifie pas faire carrière, régner, avoir le pouvoir mais être simplement au service et passer parfois à travers l’épreuve de la croix.

Saint Augustin, commentant ce passage nous rappelle que Jésus, en interrogeant Simon Pierre, pose la même question à chacun de nous, nous demandant si nous l’aimons. La bonne nouvelle de ce dimanche c’est qu’au dernier jour, après avoir trahi et renié le Seigneur des centaines de milliers de fois, il me demandera de centaines de milliers de fois de lui renouveler mon amour. Et j’espère que chacun répondra sincèrement, peut-être, les larmes aux yeux, mais comme Simon Pierre : « Oui, Seigneur tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ».

Homélie du Père Joseph du III° Dimanche de Pâques, année C (2022)2022-05-16T23:15:21+02:00

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de Pâques, Divine Miséricorde, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Pour nous aujourd’hui, la foi en la résurrection est presque évidente ! Quoique ! Il parait que plus de 50% des catholiques pratiquants en France ne croient pas en la résurrection, qu’ils confondent parfois avec la réincarnation. Nous en avons parlé jeudi soir lors de notre conférence sur l’eschatologie chrétienne. Mais, ça, c’est un autre débat ! Je suppose que comme moi, ce qui fonde votre foi, c’est la mort et la résurrection de Jésus. Cependant, mettons-nous un peu à la place des apôtres pour comprendre leur désarroi. Après la dernière Cène, ils ont vu Jésus arrêté, jugé, condamné, flagellé, crucifié et mis à mort au Golgota. Personne parmi eux n’a pu ni eu le courage de le suivre, le réconforter, sauf le plus jeune parmi eux avec quelques femmes restées au pied de la croix. Alors, dans leur cœur, il y a beaucoup de culpabilité, de remord et de tristesse.

Mais au matin de Pâques, une rumeur commence petit à petit à se répandre disant qu’il est ressuscité. Le tombeau a été retrouvé vide par quelques femmes y sont allé tôt le matin, Pierre et Jean ont aussi fait le constat d’un tombeau vide mais ils n’ont pas trouvé le corps. Les disciples ne savent que penser. Leur moral vacille entre des sentiments de joie, d’enthousiasme et des doutes, de la fatigue. Tout ceci les perturbe. Ils ont tellement peur au point aller s’enfermer dans la même maison où ils avaient célébré le dernier repas, le soir avant la l’arrestation de Jésus. C’en est trop tout ça ! Les disciples n’en peuvent plus ! La nouvelle de la résurrection de Jésus ?  La ficelle est tellement grosse. C’est tellement radical, nouveau, inattendu, excessif pour être vrai !

Il est vraiment ressuscité ? Mais alors ! Les femmes leur ont raconté leur rencontre avec des anges au matin de Pâques, mais les disciples ne les ont pas cru ! Difficile de croire tout ce que peuvent raconter les femmes qui s’imaginent souvent des choses. Pour les disciples marqués par une culture juive assez machiste, les femmes sont tellement instables émotionnellement qu’il faut prendre cette nouvelle avec des pincettes. Mais, Cléophas et son compagnon d’Emmaüs ont aussi parlé de leur étrange rencontre sur la route. Simon Pierre, peu enclin aux bavardages, est fermé dans ce mutisme qui le caractérise depuis l’arrestation de Jésus et son reniement. Il leur a pourtant dit qu’il a rencontré Jésus vivant. La ficelle est trop grosse ! Les apôtres sont dans une sorte de débat et de discussion sans fin, enfermés !

C’est à ce moment-même que Jésus leur apparaît ! Inutile de parler de foi ! Tellement évident et massif ! Plus de discussion possible ! C’est bien lui, Jésus. Nous sommes là devant une donnée solide et évidente devant laquelle on s’incline et on obéit. Jésus est là présent physiquement, vivant, et leur parle. Sa présence n’appelle pas la foi, mais à la constatation, quelque chose de phénoménologique qui refuse le doute.

Et pourtant, la foi est le protagoniste du dimanche de la Divine Miséricorde, avec un acteur d’exception : l’apôtre saint Thomas, le croyant, pas l’incrédule comme on l’appelle souvent. Mais que veut vraiment dire « croire » ! En Français, ce concept est ambigu car il peut signifier « doute ».  Par exemple, « je crois qu’il fera beau demain », « je crois qu’il, qu’elle, qu’il m’aime » qui signifie que je ne suis pas si sûr, que j’ai quelques doutes.  Dans la Bible par contre, pour décrire l’acte de foi, on utilise en hébreu deux verbes « Aman » et « hatah » qui indiquent un point d’appui sûr, une certitude absolue. Ce qui a donné naissance à notre affirmation « amen » qui signifie « j’en suis certain ». Croire signifie s’appuyer sur quelque chose de solide, faire confiance à quelqu’un qui est digne de confiance. En ce sens, Thomas ne croit pas, pas plus que les autres apôtres !

Ce sur quoi Thomas s’appuyait s’est écroulé le vendredi saint. Son enthousiasme s’est éteint ! Tout semble avoir été perdu, le Royaume attendu devient une illusion. Il n’a plus des certitudes parce que la mort en croix les a toutes balayées !  Cela nous arrive parfois. Cela veut dire qu’il est parfois providentiel, nécessaire et préférable que certaines certitudes sur lesquelles nous appuyons notre foi puissent s’écrouler parce que trop fragiles et inconsistantes. Thomas ne le sait pas encore, mais bientôt sa foi va renaitre, une renaissance qui s’appuiera sur la prédication de Jésus et non plus sur les projets que Thomas lui-même avait élaborés.

Une fois écroulée, nous voici prêt pour la vraie foi qui signifie aussi faire confiance en quelqu’un. Thomas ne fait plus confiance en ses compagnons, ni dans l’Eglise. Pourtant, c’est à ses compagnons et à cette Eglise auxquels il ne fait plus confiance et dont il se méfie, comme beaucoup parmi nous aujourd’hui, que l’annonce de la résurrection est confiée. Mais comment croire au message des apôtres, qui lui annoncent que Jésus est ressuscité, alors qu’ils s’étaient tous montrés lâches et incohérents comme lui-même la veille ! Ils s’étaient tous enfui, le plus grand parmi eux, en la personne de Simon Pierre allant même jusqu’à renier Jésus. C’est vrai, Thomas a raison ! Comment croire en l’évangile si les apôtres, les chrétiens, les fidèles l’Eglise qui le proclament et l’enseignent n’en témoigne pas dans sa vie, quand ils posent parfois carrément des actes contraires à l’Evangile ? Si nous voulons être crédibles, le monde attend de nous une cohérence de vie, en dépit de nos fragilités. Le monde actuel a plus besoin de témoins crédibles que des maîtres.

Une chose importante est à souligner ici. Thomas ne s’en va pas du groupe ! Il ne quitte pas la barque même si le message de la résurrection est confié à une Eglise, une communauté ecclésiale et à des disciples trop fragiles et incohérents. L’apôtre Thomas ne comprend pas, mais il reste là, avec les autres. Il ne va pas chercher une communauté ailleurs, une qui lui corresponde. Il ne part pas pour fonder une Eglise alternative comme les pasteurs des certaines confessions protestante ou sectes qui vont de schisme en schismes, fondent une nouvelle secte ou communauté chaque fois qu’ils ne sont plus d’accord.

Ne se sentant pas meilleur que les autres, Thomas reste avec eux. Le fait de rester dans l’Eglise, au sein de la communauté, avec les autres, même quand on est blessé, est une des meilleures décisions prises par Thomas parce que 8 jours après, le Maître revient seulement pour lui. Voici le Ressuscité présent, léger, splendide, le visage radieux et serein dont émane une grâce qui apaise : « La paix soit avec vous ! », dit-il à cette communauté réunie. Les autres le reconnaissent et vibrent de joie ! Il y a huit jours, ils l’ont vu en l’absence de Thomas. Ce dernier lui, encore blessé, le regarde abasourdi. Le Seigneur s’approche de Thomas, lui montre ses mains et son côté transpercé ! Thomas craque ! Sa colère, sa douleur, sa peur, tout cela fond comme la neige au contact de la chaleur du soleil. Le voici à genou, en adoration, embrassant les plaies du Seigneur. Il pleure de joie, de foi et rit : « Mon Seigneur et mon Dieu »

Saint Thomas est le saint patron de tous les enthousiastes dont le cœur bat fort au-delà des obstacles et des blessures, ceux qui croient que Jésus vient en notre secours quand nous sommes perdus, quand nous sommes tombés plus bas dans notre vie. Saint Thomas est le saint patron de ceux qui, comme aujourd’hui, tout en étant profondément blessés et scandalisés, ceux qui ont perdu confiance dans les disciples et dans l’Eglise… ont choisi quand même de ne pas être débaptisés, de ne pas enfermer ni l’Eglise, ni les disciples dans leurs fragilités, mais qui fixent leur regard sur le Ressuscité dont ils professent la foi, avec et au milieu des autres chrétiens, tous pécheurs et indignes les uns que les autres.

Saint Thomas est le saint patron de ceux qui ne se sentent pas meilleurs même quand ils s’aperçoivent des fragilités des autres, en matière de foi ou de morale, mais qui choisissent de rester, d’aimer la communauté, la famille ecclésiale, fidèles au Christ Jésus qui nous appelle à nous convertir. Il est saint le patron des disciples qui aiment l’adoration, comme ceux qui vont vivre l’heure de la miséricorde cet après-midi ! Il est le premier, parmi les apôtres, à avoir professé la divinité du Christ Ressuscité « Mon Seigneur et mon Dieu » et qui nous invite à la spontanéité dans la profession de notre foi en Jésus Ressuscité, vivant à jamais. Amen.

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de Pâques, Divine Miséricorde, année C (2022)2022-04-22T20:47:23+02:00
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