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Homélies des messes

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de Carême, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis le mercredi des cendres, nous avons commencé le Carême ! Moi j’ai commencé le Carême en quarantaine ! Ça m’a fait bizarre de célébrer seul la messe et de m’imposer moi-même les cendres ! Cette période de quarante jours nous conduira aux fêtes pascales.  Comme chaque année, le premier dimanche de Carême nous invite à écouter le récit des tentations de Jésus au désert, épisode est tellement important qu’il est rapporté par les trois évangiles synoptiques.  Au-delà de ces petites différences, ces trois récits ont quelque chose en commun :  le fait que même notre Seigneur Jésus fut soumis, comme nous, aux tentations, c’est-à-dire, à cette possibilité malheureuse d’agir contre Dieu, voire même, de plier Dieu à son propre avantage, l’instrumentaliser.

Cet épisode est à la fois inquiétant et rassurant. Inquiétant parce qu’il pose la mystérieuse question de savoir comment, en Jésus, pouvait coexister de manière paradoxale la perfection divine et la fragilité humaine. C’est un mystère présent dans beaucoup de pages de l’évangile. Comment est-ce possible que Celui qui manifestait la puissance divine dans la multiplication des pains et des poissons, celui qui guérissait les malades, ressusciter les morts…pouvait être fragile en ayant faim et soif, fatigue et angoisse, et toutes les manifestations de la fragilité humaine comme nous ?

Ce récit est aussi très rassurant pour nous parce qu’il rend Jésus encore plus proche de nous, semblable à nous en toute chose, même dans les tentations, mais lui n’a pas péché. Il a combattu et vaincu les tentations.  Au début de carême, Jésus nous appelle à nous mettre à son école et à entrer dans le même combat avec lui contre toutes les tentations du Malin.  Ne soyons pas scandalisés ni désespérés de nos propres tentations, car même le Seigneur n’y a pas échappé.

De la méditation du récit des tentations au désert, il en est ressorti, de mon point de vue, trois dimensions des tentations, de péchés possibles que nous devons affronter dans notre vie : péché contre nous-même, contre le prochain et contre Dieu.

Péché contre-nous-même : « Pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Ici, nous sommes devant la tentation de ne penser seulement qu’à nos besoins premiers et primaires, à nos pulsions les plus élémentaires, nos besoins physiques et corporels :  manger quand nous avons faim, boire quand nous avons soif, répondre à nos envies et pulsions corporelles et physiques. Rien de mystérieux ! Quand nous ressentons un besoin primaire, naturel et corporel, ceci parait tellement irrésistible et c’est cela que Satan veut faire croire à Jésus. Le marketing et les publicitaires savent bien nous attraper par nos 5 sens : une musique, des odeurs précises, un visuel adapté…dans une structure commerciale, un magasin pour susciter le besoin et inciter ceux qui passent ou osent entrer pour qu’ils achètent.…

La Bonne nouvelle, c’est que nous pouvons vaincre ce combat qui voudrait nous limiter à notre seule dimension corporelle et physique. Nous ne sommes condamnés et ni conditionnés que par nos besoins physiques. Nous sommes capables de résister aux tentations corporelles et physiques. Le remède, c’est la fameuse formule spirituelle à vivre pendant le carême : « jeûne et abstinence » pour nous ouvrir à notre dimension spirituelle, aux besoins de l’âme.  « Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. », ce qui veut dire que nous valons plus que nos besoins physiques et corporels. Pouvons-nous essayer pendant ce carême de lutter contre toutes ces tentations physiques et corporelles en cherchant à nourrir aussi nos âmes par la prière, la lecture de la Parole, le jeûne, la vie sacramentelle…

Ensuite péché contre les autres : « Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.   Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » J’imagine presque Poutine qui veut reconquérir le monde pour assouvir son orgueil !

C’est la deuxième catégorie des tentations, le pouvoir provoqué par notre orgueil et qui blesse les autres autour de nous : la tentation de dominer, de soumettre, commander les autres, de manipuler les autres. Cela se vit en politique, mais aussi en famille, dans les relations professionnelles ou dans les affaires, et dans tous les secteurs de la vie, même dans l’Eglise. Toutes les cruautés et horreurs dont on parle actuellement l’Eglise trouvent en partie leur racine dans ce pouvoir que nous pouvons avoir et dont nous pouvons abuser. En famille, tel conjoint qui veut montrer que c’est lui ou elle qui porte la culotte, l’autre qui manipule par un chantage en appuyant sur les faiblesses des autres, l’enfant qui terrorise ou manipule ses parents par ses larmes qui sont une arme redoutable de pouvoir, le manager ou le chef qui écrase les membres de son équipe par la pression et les menace de licenciement…Vendre son âme au diable pour avoir le pouvoir et garder ce pouvoir à tout prix !

Chacun de nous a une portion de pouvoir, et peut se demander combien et comment nous cherchons à nous imposer, à écraser les autres, de manière consciente ou inconsciente. Cela trouve sa racine dans l’orgueil. Pour en guérir, contemplons et imitons : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Phil 2, 6-8). Le jeudi saint, nous verrons Jésus laver les pieds de ses disciples et les appeler au service humble les uns envers les autres. Le vendredi saint, nous le verrons porter sa croix, accepter toutes les humiliations par amour pour nous. Allons à l’école de Jésus, doux et humble de cœur, demandons-lui la grâce de l’humilité en acceptant ces petites humiliations qui blessent notre orgueil. Les grands saints nous apprennent que nous ne pouvons pas grandir dans l’humilité et vaincre l’orgueil si nous n’acceptions les humiliations.

Enfin, le péché contre Dieu : « Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »

Cette troisième catégorie des tentations est cette sorte de vanité qui nous pousse à tenter même Dieu en le rendant responsable et coupable de tous nos malheurs et des conséquences de nos propres péchés. Dès le péché originel, Adam et Eve cherchaient à responsabiliser Dieu de leurs fautes. Adam répondit à Dieu en disant : « La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. » Le Seigneur Dieu dit à la femme : « Qu’as-tu fait là ? » La femme répondit : « Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé. » (Gn 3, 12-13) Bref, si nous en sommes là, c’est la faute de Dieu a créé Eve, ou alors qui a créé le Serpent ! Nous voulons nous dédouanons de toute responsabilité.

Dans cette tentation, le diable, ange déchu tente Jésus en citant la Parole de Dieu. C’est tellement sournois et malin. Le Diable cite quelques extraits du psaume 90, 8-13) : « Il suffit que tu ouvres les yeux, tu verras le salaire du méchant. Oui, le Seigneur est ton refuge ; tu as fait du Très-Haut ta forteresse. Le malheur ne pourra te toucher, ni le danger, approcher de ta demeure : il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins. Ils te porteront sur leurs mains pour que ton pied ne heurte les pierres ; tu marcheras sur la vipère et le scorpion, tu écraseras le lion et le Dragon. »  La classe ! Satan qui cite par cœur un psaume…pour mettre Dieu à l’épreuve et le culpabiliser ensuite.

Nous procédons parfois de la même manière : au lieu d’assumer nos comportements, nous accusons le Seigneur. Se jeter du haut du temple pour faire le beau, le fort, et prétendre que Dieu va nous sauver comme le suggère Satan, c’est vouloir éprouver Dieu, c’est chercher à le rendre responsables de toutes les conséquences de nos comportements à risque et dangereux. Par exemple, refuser toute mesure sanitaire contre la Covid19 parce que c’est Dieu qui va nous sauver ! Conduire sous influence d’alcool, de drogue et rendre Dieu responsable de l’accident parce qu’il ne m’a pas protégé ! Se lancer dans une guerre en pensant que Dieu me défendra. Tant de guerres, malheurs, de famine, d’injustice, de haine…et c’est toujours la faute de Dieu qui ne fait rien, passif, qui regarde, impassible sans rien faire ! Au lieu de penser à notre propre responsabilité, nos haines, égoïsme, vengeance, jalousies qui font naître et perpétuer ces malheurs.

En ce temps de carême, contemplons Jésus qui a été tenté comme chacun de nous, et qui nous montre que nous pouvons aussi vaincre ce combat contre le mal, car nous ne sommes jamais seuls. Depuis le baptême et dans les sacrements, le Saint Esprit nous est donné pour combattre le mal et le péché. Que ce temps de conversion nous permettre de mener fermement ce combat contre le Malin pour grandir dans l’Amour de Dieu.

 

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de Carême, année C (2022)2022-03-03T18:12:31+01:00

Homélie du Père Joseph du Mercredi des Cendres (2022)

L’imposition des cendres est un geste propre et spécifique de l’entrée en Carême ! Après l’homélie, le prêtre bénit les cendres et nous les impose sur la tête en disant : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle », ou bien « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ! » Ce rite nous fait comprendre le sens même de l’appel du prophète Joël dans la première lecture, appel toujours d’actualité et garde toute sa valeur salutaire pour nous aujourd’hui : nos gestes extérieurs de piété doivent correspondre à la sincérité de l’âme et la cohérence de nos actes : « oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux ! » A quoi sert, en effet, de déchirer ses habits si notre cœur reste loin du Seigneur et du prochain, c’est-à-dire, du bien et de la justice ? Ce qui compte, c’est de revenir à Dieu et au prochain, avec un cœur sincèrement repenti.

Ce temps de Carême est un « temps favorable », une occasion propice pour reprendre un chemin de conversion, un ajustement de tout notre être à l’Amour de Dieu et du prochain.  IL nous appelle à rejeter toutes ces idoles séduisantes qui, en dépit d’une vie de foi, éloignent les chrétiens du Seigneur et du prochain. Le psaume pénitentielle 50 nous invite à regarder notre vie en reconnaissant ce qui nous éloigne concrètement de Dieu et des autres : « Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre toi, et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. »  On ne peut demander pardon que pour un péché précis et clair que nous reconnaissons. Il y a quelques jours, quelqu’un est venu me demander pardon mais il n’était pas en mesure de m’expliquer pour quelle faute il demandait pardon. Du coup, j’ai compris que c’était simplement une manière de tourner la page, sans désir et volonté réels de ne plus commettre la même faute ! La conversion est concrète !

Le vrai chrétien est conscient de ses fautes, de ses défauts, et le temps du carême comme temps de conversion nous appelle à regarder les concrètement pour y travailler et laisser le Seigneur nous remodeler comme il le fit à la création avant que le Malin ne nous coupe de Lui. La conversion fait de nous de nous une nouvelle création, comme dit le psalmiste : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face ne me reprends pas ton esprit saint ».

Un autre aspect important du carême est ce qui est exprimé dans la prière d’ouverture : « Accorde-nous, Seigneur, de savoir commencer saintement, par une journée de jeûne, notre entrainement au combat spirituel : que nos privations nous rendent plus fort pour lutter contre l’esprit du mal ». On parle ici d’être plus fort, de s’entraîner…. d’armes de pénitence et de combat contre l’esprit du mal…. Il ne s’agit pas des combats comme ceux auxquels on assiste impuissants en Ukraine, dans le Kivu en RDC ou au Sahel.  Ce que nous devons combattre pendant le carême, c’est le mal qui trouve sa racine dans notre cœur. Chaque jour, et pas seulement pendant le carême, (mais particulièrement), le chrétien doit lutter, comme le Christ lui-même l’a fait dans le désert où, pendant 40 jours où il fut tenté par le Diable, puis, dans le Jardin de Gethsémani quand il repoussa l’extrême tentation en acceptant jusqu’au bout de faire la volonté du Père. Ce combat spirituel est mené contre le péché et contre le prince du mal, et il touche tout notre être, corps et âme. C’est un combat qui demande une vigilance permanente.

Saint Augustin dit que celui qui veut avancer et grandir dans l’amour de Dieu et sa miséricorde ne peut se contenter de se libérer des péchés graves et mortels, mais il doit faire la vérité en reconnaissant aussi les péchés moins graves. Très souvent, lorsque quelqu’un veut se convertir, il focalise toutes ses forces sur les péchés capitaux, les plus grandes fautes, oubliant au passage tous des petits péchés qui peuvent aussi nous conduire à la mort. C’est comme le soldat qui s’attaque aux chars de combat, aux armements lourds, oubliant les petits soldats qui peuvent le tuer à bout portant. Nous pensons avoir fait le ménage en débarrassant notre maison de la poubelle qui sentait déjà mauvais, en amenant les encombrants à la déchetterie…. Mais nous oublions cette poussière qui, avec les jours, s’entasse, pollue et salit tout dans la maison au point de devenir un danger pour notre propre santé ! De même, nous aussi, pendant ce temps de carême, nous sommes appelés à nous convertir en s’attaquant aux grands défauts et vices, sans oublier les petits vices qui peuvent passer inaperçus.

C’est toute la vie chrétienne qui est un combat permanent. Restons vigilants sans jamais baisser la garde. Saint Pierre, nous le rappelle : « Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi ! » Nous sommes appelés à rester éveillés. Lutter contre toute formed’égoïsme, de haine, mourir à nous-même pour vivre en Dieu, tel est le programme que chaque disciple est appelé à embrasser avec humilité, patience, générosité et persévérance. Être disciple du Christ, c’est désirer et construire la paix autour de nous, dans nos communautés, nos familles, entre les peuples, avec Dieu et avec nos frères et sœurs parce que si Jésus a accepté de souffrir, c’est pour nous réconcilier les uns les autres. Devant une guerre qui menace notre monde actuellement, la réponse chrétienne est d’abord celle de la prière, de la solidarité, du partage.  Bâtissons des petits ponts quand nous sommes témoins de conflits autour de nous !

L’amour doit se traduire par des gestes concrets envers le prochain, et tout particulièrement envers les pauvres et ceux qui souffrent. Je me rappelle avec émotion nos « apostolats » quand nous étions au KT : mettre de côté quelques sous pendant le carême pour aller rendre visiter aux prisonniers et aux malades dans les dispensaires, hôpitaux et prisons de Bukavu, aller aider à restaurer et construire les maisons des pauvres dans les quartiers, bidonvilles et villages autour de la ville de Bukavu….! On se privait de pain, de petits loisirs, pas pour épargner, mais dans le but de partager concrètement avec les pauvres et ceux qui souffrent. Comme dit notre archevêque, Mgr Guy de Kérimel, dans son message de carême, le carême doit nous décentrer de nous-même pour nous ouvrir aux autres et à Dieu. Puissions-nous développer cette proximité avec Lui et avec nos frères et sœurs pendant ce temps qui nous conduit au plus Grand Mystère de notre Foi !

 

Homélie du Père Joseph du Mercredi des Cendres (2022)2022-03-02T19:32:44+01:00

Homélie du Père Joseph du VIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Poursuivons notre lecture du grand discours de Jésus dans l’évangile selon saint Luc. Dimanche dernier, il nous appelait à aimer nos ennemis et à souhaiter du bien à ceux qui nous haïssent, nous maudissent et nous persécutent. Aujourd’hui, s’attaque à un défaut qui nous colle tous à la peau et qui s’appelle « l’hypocrisie ».

Voici une petite histoire pour illustrer cela. Une jeune maman avait son fils de trois.  Cet enfant était très vif, agité, hyperactif. Il n’arrivait pas à dormir et empêchait tout le monde de dormir ! Soucieuse, cette jeune maman alla voir Gandhi pour demander conseil. Le Mahatma, après l’avoir écoutée, congédia la dame en lui demandant de revenir 15 jours plus tard. Tellement inquiète, la dame compta à rebours les jour jusqu’à son rendez-vous. Quand elle revint, Gandhi lui donna un conseil tellement simple et banal, et pourtant tellement profond et efficace : « Ton fils mange trop de sucre, voilà pourquoi il est trop vivace et agité. S’il vous plaît, arrêtez de lui donner des gâteaux et vous verrez qu’il sera beaucoup plus calme et moins agité ».

La dame fut déçue par la réponse de Gandhi et lui dit : « Mais, pourquoi m’avoir fait revenir ici ?  Pourquoi vous ne m’aviez pas donné ce conseil quand je suis venue la première fois il y a 15 jours ». Le Gandhi lui dit : « En fait, je vous ai faite revenir 15 jours plus tard parce qu’il y a 15 jours encore, je mangeais moi aussi beaucoup de gâteaux et de sucrerie et je ne pouvais pas vous donner un conseil que moi-même ne mettais pas en pratique ! ».  Cette histoire nous apprend que si nous voulons aider les autres de manière crédible par des conseils, nous devons en premier mettre en pratique ces conseils. Sinon, nous sommes un donneur de leçon comparable à un aveugle qui guide un autre aveugle. Jésus ne nous interdit pas de nous intéresser aux autres, de les accompagner par nos conseils. Jésus n’est pas contre l’entraide ou la correction fraternelle !

Par exemple, de plus en plus, je sens le besoin et les exigences des gens qui demandent que l’Eglise se réforme, que les structures se convertissent…Le pape François, dont personne ne peut mettre en doute la volonté de réformer l’Eglise entière, en appelle chaque jour à une conversion pastorale. Mais le pape nous rappelle que pour réformer l’Eglise, nous devons vivre une conversion personnelle !!! Si chacun de nous se convertit chaque jour, c’est toute la communauté qui va bouger en devenant meilleure en vivant l’Evangile. Le paradoxe, c’est que nous attendons toujours que ce soit les autres à se convertir en premier.

« Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : ‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère »

Esope raconte que chaque humain vient au monde à la naissance avec deux paniers (sacs) suspendus à son cou. Un sac devant, sous nos yeux, dans lequel se trouvent les défauts et les vices des autres. Ils sont tellement visibles. L’autre sac est derrière le dos et dans ce dernier se trouvent nos propres vices et défauts. Naturellement, nous ne voyons facilement que ce qui se trouvent dans le sac devant nous, sous nos yeux. Nous avons toujours les yeux fixés sur les défauts des autres alors que nous ne voyons quasiment jamais nos propres vices et défauts. Cette même réalité est rappelée par Jésus mais avec un enseignement nous invitant à regarder d’abord la poutre qui est dans notre œil avant de regarder la paille qui est dans l’œil du voisin. Pour conduire et aider les autres à avancer vers le bien ou le mieux, acceptons d’abord d’être guéris de nos aveuglements. Un aveugle ne peut guider un autre aveugle !

Personne parmi nous n’est immaculé ! Nous avons Marie, l’Immaculée Conception qui est apparu à la petite Bernadette Soubirous à Lourdes. Nous l’avons fêtée le 11 févier. Seule Marie est Immaculée et sans tâche !! Mais tous, nous avons des défauts et vices que nous trainons comme des boulets, et Dieu sait combien nous avons du mal à nous en débarrasser. Contrairement à Esope qui est pessimiste, Jésus nous invite à ne pas désespérer de nous-mêmes ni des autres parce qu’il nous donne toujours la possibilité de nous convertir et de recommencer. Pensez à la femme adultère trainée à terre et que tout le monde voulait lapider. Il a suffi d’une question de Jésus qui appelle à regarder sa propre vie en vérité pour que cette femme soit sauvée parce que tous les accusateurs vont partir un à un : « Que celui parmi vous qui n’a jamais péché soit le premier à lui jeter la pierre ! »

On éviterait beaucoup de médisance, de calomnies, de désir de vengeances, de méchancetés si nous avions conscience des pailles, troncs d’arbres, poutres et pourritures que nous portons en nous. Nous sommes enclins à montrer même le plus petit défaut des autres sans reconnaitre que nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Parfois nous critiquons les autres en relevant leurs défauts, pensant que cela nous rend meilleurs que ceux que nous critiquons !  Cela empire notre état et nous rend presque diabolique. Même quand cela part d’une bonne intention, dans le but de les corriger, nous devons faire extrêmement attention : ne prétendons pas guider les autres, si nous ne sommes pas sûrs de parler que selon nos opinions personnelles et notre jugement qui peut être très subjectif et partial. Autrement, comme dit l’évangile, nous serons comme cet aveugle qui veut conduire un autre aveugle, et tous deux tombent dans un fossé.

Un chrétien sincère est celui qui, dans un effort permanent, essaye de faire correspondre son comportement et ses paroles par rapport à ce que Jésus nous enseigne : sans prétention d’avoir atteint la perfection, il est aussi indulgent et compréhensif vis-à-vis des défauts des autres qu’il cherche à corriger avant tout par l’exemple, et si c’est nécessaire, par des reproches qu’il fait avec un sourire, sans se comporter en juge inquisiteur. Dans la foi chrétienne, nous avons un seul Maître, Jésus qui nous appelle à nous regarder avec amour et miséricorde à l’exemple de son Père qui regarde avec une miséricorde infinie les pauvres pécheurs que nous sommes.

L’exemple de l’aveugle qui conduit est un autre aveugle et qui tombent tous les deux dans un fossé veut rappeler le fait que certaines personnes, tout en étant conscientes de ses propres limites, prétendent s’ériger en maîtres et donneurs de leçons dans tous les domaines. Au temps de Jésus, ce sont les pharisiens qui prétendaient être parfaits dans la stricte observance de la Loi et qui passaient leur temps à mépriser et à critiquer sans appel ceux qui étaient différents d’eux. Pensez à la parabole du pharisien et du publicain priant au même moment au temple.  Aujourd’hui, les pharisiens sont ces chrétiens qui sont toujours prêts à juger les autres sans miséricorde, oubliant pourtant combien eux aussi ont besoin de la miséricorde de Dieu. Et méfiez-vous car, à notre insu, un pharisien peut se cache en moi, toi, et en chacun de nous. Puisse Jésus nous purifier de nos aveuglements et nous ouvrir à sa miséricorde infinie. Amen.

Homélie du Père Joseph du VIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-02-25T20:52:03+01:00

Homélie du Père Joseph du VII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

On pourrait faire une petite enquête qui n’a pas d’ennemi parmi nous, c’est-à-dire, quelqu’un que vous n’aimez pas ou qui ne vous aime pas, et avec qui vous gardez une certaine haine ! Peut-être même que vous désirez la mort de cette personne comme dans certains psaumes imprécatoires dans lesquels le psalmiste prie pour la mort de ses ennemis. Le psaume 108 est un exemple pour l’illustrer :

« Dieu de ma louange, sors de ton silence ! La bouche de l’impie, la bouche du fourbe, s’ouvrent contre moi : * ils parlent de moi pour dire des mensonges ; ils me cernent de propos haineux, ils m’attaquent sans raison. Pour prix de mon amitié, ils m’accusent, moi qui ne suis que prière. Ils me rendent le mal pour le bien, ils paient mon amitié de leur haine. « Chargeons un impie de l’attaquer : qu’un accusateur se tienne à sa droite.  A son procès, qu’on le déclare impie, que sa prière soit comptée comme une faute. « Que les jours de sa vie soient écourtés, qu’un autre prenne sa charge. Que ses fils deviennent orphelins, que sa femme soit veuve. « Qu’ils soient errants, vagabonds, ses fils, qu’ils mendient, expulsés de leurs ruines. Qu’un usurier saisisse tout son bien, que d’autres s’emparent du fruit de son travail. « Que nul ne lui reste fidèle, que nul n’ait pitié de ses orphelins. Que soit retranchée sa descendance, que son nom s’efface avec ses enfants. » (Ps108, 1-13).

J’espère que personne ne nourrit de tels sentiments envers vous, et que vous n’en nourrissez envers personne ! Pourtant, je sais que si nous regardons nos relations avec un peu d’objectivité, nous trouverons dans notre entourage familial, professionnel, ecclésial, politique….une personne que nous n’aimons pas vraiment et à qui nous pouvons souhaiter le malheur. C’est humain, même si ce n’est pas chrétien.

Le roi Saül et le jeune David sont ennemis. Saül nourrit une jalousie meurtrière envers David qu’il persécute jusqu’à vouloir l’assassiner. Ce dernier est obligé de fuir et changer très souvent de lieu de refuge.  A un certain moment, David trouve une caverne où il se cache tranquillement et se trouve presque en position de force par rapport au roi Saül. Il a l’occasion de tuer, ce qui mettrait fin à son calvaire. Qu’aurais-je fait à la place de David ? David a une attitude qui nous parait humainement impossible : non seulement il empêche à ses amis d’assassiner Saül, parce que consacré et oint par Yahvé. Plus encore, David lui fait un grand acte de déférence en l’appelant pour se mettre à genou devant lui. Nous trouvons cet épisode dans 1 Sam 24.  L’histoire décrite dans la première lecture nous montre combien David a, une fois de plus, la possibilité que de s’emparer de la lance de Saül qui s’endort.  Mais là encore, David épargne la vie de Saül et renouvelle son allégeance envers celui qu’il considère toujours comme son roi.

Dans la mentalité juive de l’époque, un ennemi devait être éliminé immédiatement quand on en avait l’occasion. Avoir la possibilité de tuer son ennemi signifiait que c’était Dieu lui-même qui nous en donnait l’autorisation de nous débarrasser de notre ennemi, surtout si ce dernier en voulait à notre vie. David pardonne au roi Saül de lui en vouloir à mort, et au lieu de l’assassiner, il cherche les moyens de discuter, de dialoguer avec lui dans le but de comprendre les raisons véritables de l’hostilité qu’il lui voue. Il ne veut pas céder à la haine mais veut se réconcilier avec celui qu’il considère toujours comme son roi.

C’est ainsi que Dieu agit envers nous ! Nous sommes pécheurs et Dieu a des milliers des raisons de nous condamner. C’est à nous de nous humilier devant Dieu et de demander pardon. Et pourtant, au cœur de la foi chrétienne, il y a cette initiative unilatérale de Dieu qui s’humilie en voulant se réconcilier avec nous en offrant sa vie sur la croix.  Jésus sait que nous avons le cœur endurci que c’est lui qui vient vers nous pour nous donner définitivement son pardon, alors que nous mériterions un châtiment. Nous sommes bénéficiaires d’une telle grâce non méritée de la part du Seigneur qui nous demande à notre tour d’essayer d’avoir la même attitude envers ceux qui nous haïssent et nous persécutent. Jésus nous invite à pardonner soixante-sept fois sept fois, c’est-à-dire, toujours. Nous devons pardonner à ceux qui nous offensent, parce que nos dettes envers Dieu sont plus colossales et plus insoutenables.

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous porte au sommet paradoxal de la doctrine chrétienne : aimer nos ennemis, ceux qui nous persécutent, de répondre à la violence par l’amour et non pas par la haine : « aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient !  Nous aimerions peut-être arracher cette page des évangiles, parce que nous considérons ceci comme exagéré, utopique pour les pauvres mortels que nous sommes. Jésus nous rappelle que ceci est la mesure plus haute de l’Evangile et c’est vers ce sommet qu’il veut nous amener, vers la perfection de l’amour.

Aimer nos ennemis est la voie extraordinaire que Jésus nous a voulu nous montrer. Avant de mourir, c’est lui qui s’adresse au Père en demandant pardon pour ceux qui lui ôtait la vie : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! »  Lors de son martyr, saint Etienne, fera la même prière pour ses assassins avant de mourir. Jésus nous dit : « si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, que faites-vous d’extraordinaire ? » Si notre humanité nous pousse naturellement à aimer ceux qui nous aiment, à faire du bien à ceux qui nous en font, Jésus veut nous tirer vers le haut en nous revêtant de sa divinité, pour ressembler à notre Père céleste qui fait du bien aux bons comme aux mauvais. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». Tout l’évangile selon saint Luc est une déclinaison de cette miséricorde infinie du Père envers nous, et dont nous sommes appelés à témoigner.

Être miséricordieux, c’est se laisser toucher le cœur par ceux qui souffrent. C’est pour cela que dans la bible le mot « miséricorde » est avant tout un sentiment maternel, celui qu’une femme éprouve quand il porte un enfant dans son ventre. Devant une souffrance, nous éprouvons tous ce sentiment qui nous pousse à agir, à faire quelque chose, si du moins notre cœur n’est pas devenu un cœur de pierre !

Nous sommes attachés à la logique : péché-châtiment, pénitence-pardon. Mais Jésus nous amène ailleurs en nous rappelant que le pardon précède la conversion. On se convertit, on se repent parce qu’on a été pardonné. Aucun personnage de l’évangile n’a été pardonné après s’être repenti, mais tous se sont repentis seulement après avoir été pardonnés. Pensez à Zachée, à la femme pécheresse… C’est l’amour de Dieu qui rend possible notre conversion, et l’amour de nos ennemis peut désarmer leur cœur rempli de haine comme essaye de le David envers Saül.

Certains parmi nous sont peut-être en train de se dire : tout ceci est bien beau, mais impossible et utopique. Comment aimer nos ennemis alors que nous avons déjà beaucoup de mal à aimer les personnes avec lesquelles nous vivons, l’homme ou la femme que j’ai moi-même choisi dans le mariage, le frère ou la sœur avec qui je partage le sang… Nous nous disons qu’il n’est pas humainement possible de survivre à cette logique folle proposée par Jésus ! La première étape pour y arriver, c’est de désirer d’abord y arriver. Ensuite, demandons chaque jour à Jésus de nous donner la grâce en nous revêtant de la sainteté à laquelle il nous appelle. Que cette eucharistie nous aide vaincre notre humanité fragile et pécheresse, pour nous revêtir de la miséricorde de ce Dieu qui nous appelle à être semblable à lui. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du VII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-02-20T16:36:29+01:00

Homélie du Père Joseph pour le dimanche de la Sainte Famille, année C (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Cette année, à l’occasion de la fête de la Sainte Famille de Nazareth (Jésus, Marie et Joseph), je voudrais parler un peu plus de saint de Joseph.  Nous venons de clôturer l’année sainte dédiée à saint Joseph par le pape François, ce qui me pousse à parler de saint Joseph en tant que père et chef de la petite famille de Nazareth, cet homme silencieux dans les évangiles et qui n’a fait que très peu d’apparition dans l’histoire. Mon propos risque de heurter les adeptes de cette l’idéologie qui veut que les hommes soient « déconstruits » au jourd’hui, que les pères et mères aient indifféremment les mêmes rôles au sein de la famille et dans l’éducation des enfants. Pendant tout le temps de l’Avent et de Noël, j’ai beaucoup parlé beaucoup Marie et l’Enfant Jésus. Parlons donc aujourd’hui de saint Joseph grâce à qui Jésus « est le Messie dans la lignée et la descendance du roi David ».

Que nous apprend saint Joseph au-delà de tout moralisme ? La culture actuelle, avec la montée d’un féminisme, parfois très idéologique, et pas toujours humaniste, tend ou voudrait détruire « l’image de l’autorité du père ». En détruisant l’autorité du père, notre culture risque aussi d’éliminer l’esprit, l’autorité et la crédibilité du père de famille. Certains de nos enfants manquent de repère et se perdent à cause de ce déficit d’une « culture paternelle ». Il y a quelques années, une enquête faite aux Etats-Unis d’Amérique démontrait l’importance de la présence de la figure du père. Cette enquête, qui n’est pas parole d’évangile mais un tableau factuel à un moment donné, disait que :  90% desenfants de la rue ou sans domicile fixe proviennent des familles monoparentales sans père (c’est-à-dire avec mère célibataire), 70% de crimes commis par les mineurs faits par les enfants dont les pères sont absents, 85% des jeunes en prison ont grandi dans des familles sans père, 63% des tentatives de suicide chez les ados sont faits par les enfants dont les pères étaient absents. Cette enquête n’est pas à avaler sans discernement. Elle montre néanmoins combien la figure et l’autorité du père est importante. C’est vouloir détruire la famille et la société quand on veut idéologiquement « déconstruire » des familles et éduquer les enfants sans la figure paternelle.

Saint Joseph est un homme d’il y a plus de deux mille ans mais qui reste d’actualité, et   les pères de famille devraient le prendre pour modèle et se mettre à son école. Voici quelques traits qui caractérisent saint Joseph.

  1. Joseph est un homme déterminé: devant un problème complexe, il décide et agit avec détermination, et parfois contre l’opinion commune. Il épouse Marie, une femme enceinte avant le mariage et que tout le monde voulait lapider. Il accepte d’élever, dans une culture légaliste, un enfant qu’il n’a pas engendré. Cela est une nouveauté radicale dans la culture juive. Nous sommes très loin de nos familles composées ou recomposées dans lesquelles beaux-enfants vivent plus ou moins en harmonie avec les beaux-parents.

Avec un père adoptif aussi déterminé et novateur, il n’est pas étonnant que Jésus soit porteur de la Bonne nouvelle, la véritable nouveauté pour le monde. Pas étonnant qu’il soit aussi déterminé, décidé, résolu, devant toutes les oppositions qu’il rencontrera en grandissant, jusqu’à donner sa vie en croix.  Et moi père de famille aujourd’hui, comment suis-je présent dans la vie de mes enfants dans toutes ses dimensions. Pourquoi devrais-je me fâcher devant l’échec scolaire de mes enfants quand c’est à ma femme que je demande d’aller chaque fois toute seule aux réunions des parents d’élèves parce que « je n’ai pas envie d’y aller ou je suis fatigué ». Nos enfants voient tout cela et cela les façonne dans la construction de leur personnalité.

  1. Joseph est courageux: Quand Hérode par jalousie veut tuer tous les enfants, Joseph prend sa famille pour la protéger en Egypte. Voilà pourquoi Jésus est courageux, intrépide, sachant défier même les grands de la politique et de la religion quand ils étaient dans l’erreur. Imaginez un peu cette scène. Vous êtes dans un bar avec votre fils en train de prendre un café et lui une glace. A côté de vous, deux hommes ont trop bu et se battent. Le papa dit à son fils : « allons-nous-en, ce ne sont pas nos affaires ! Ne faisons surtout rien pour ne pas avoir d’histoires ! » Ou alors, un papa qui se promène avec son enfant le long du Touch ou au lac de la Ramée. Ils voient cet homme allongé par terre, immobile, qui est soit mort, soit ivre… ou alors simplement très malade. Le papa dit : « c’est dangereux, laissons les autres s’occuper de lui. Rentrons rapidement à la maison». Qu’on ne s’étonne pas que notre enfant devienne plus tard quelqu’un de lâche et peureux devant les défis de la vie…  parce qu’il a vécu avec un papa peureux et lâche !
  2. Quand Jésus, adolescent dépasse les bornes et se perd dans le temple de Jérusalem, ses parents lui font des reproches. Jésus leur répond de manière qui pourrait nous paraître inappropriée comme le font tous les adolescents. Mais l’évangile nous dit « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes» (Lc 2, 51-52). Jésus lui aussi a été façonné à travers l’éducation, la discipline, les valeurs, le travail, les relations, et le cadre reçu grâce à saint Joseph qui a certainement dû lui dire, comme tant de parents à leur adolescent qui veut devenir « le roi dans la maison » : « écoute Jésus, aussi longtemps que tu seras dans cette maison, c’est moi qui fais la loi. C’est moi qui fixe les règles ». Certains évangiles apocryphes disent que saint Joseph a parfois tiré les oreilles de Jésus. Comme tous les enfants, Jésus a appris progressivement à respecter les règles, à ne pas dépasser les limites. C’est pour cette raison que plus tard il a été capable de nous fixer des régler et des limites à ne pas franchir.

Certains parents pensent qu’imposer des règles, punir son enfant est incompatible avec l’amour parental ! L’amour pour nos enfants nous invite à ne pas les laisser faire n’importe quoi, pour ne pas en arriver à ce que nous voyons dans notre société des enfants-rois, pourris, gâtés et sans repères qui peuvent tout se permettre au nom de la liberté toute-puissante.

  1. Joseph a certainement dit à Jésus, avec autorité: « Tu l’as fait une fois, mais là, ça suffit et c’est non-négociable ». Cela sera très utile à Jésus plus tard avec les scribes et les pharisiens. Il est parfois inutile de discuter avec quelqu’un qui ne veut rien comprendre ! Dans l’éducation de nos enfants, l’autorité exige qu’on dise parfois : « Ça suffit, on n’en parle plus!». On ne peut pas toujours répondre aux désirs irrésistibles, capricieux et égocentriques de nos enfants. Aimer son enfant, c’est aussi savoir lui dire « non » fermement parfois !
  2. Joseph aime au féminin: dans une culture juive très machiste où les femmes sont méprisées, Joseph est un père et un mari respectueux : il prend soin de Marie pendant tout le voyage de Nazareth à Bethléem, il est à ses côté au moment de l’accouchement, il accomplit avec Marie les devoirs religieux de la purification de Jésus au temple. Quand Jésus se perd au temple au milieu des docteurs de la Loi, Joseph laisse Marie prendre le devant pour recadrer Jésus. Joseph accueille avec tendresse et amour une femme éprouvée par ce qui lui arrive…pour l’aimer, la chérir et la rassurer

Jésus  a été témoin de cela et  on le voir transparaitre dans l’amour, la tendresse, la délicatesse, le tact qui caractérisent ses relations, en particulier avec les femmes, comme la femme pécheresse, Marie-Madeleine, à la Samaritaine…

  1. Joseph reconnaît Jésus et donne le nom à son fils. Dans l’évangile de Matthieu, l’ange Gabriel dit à Joseph : « elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés» Le fait de se sentir pleinement fils accueilli par Joseph rend Jésus capable d’accueillir tous les humains comme frères et sœurs, nous donnant son Père qui devient aussi notre Père. En lui donnant le nom, Joseph apprend aussi son métier à Jésus, qui sera aussi appelé « charpentier et fils du charpentier» de Nazareth.

Ces quelques traits de la personnalité de Joseph comme père de famille nous invitent à prier pour tous les pères dont il est le modèle.  Nous pouvons prier chacun pour le papa que nous avons ou que nous avons eu dans notre vie, et rendre grâce pour tout ce qu’ils nous ont donné et nous donnent chaque jour, malgré leurs limites humaines.  Amen.

 

Homélie du Père Joseph pour le dimanche de la Sainte Famille, année C (2021)2021-12-24T11:41:49+01:00

Homélie du Père Joseph du Jour de Noël (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Dans un monde où nous rêvons de paix, et où nous voyons la guerre de déchainer comme en Ethiopie, des morts, des massacres chaque nuit dans certaines régions du monde comme mon Kivu natal, dans un monde où le risque attentat est permanent… nous aurions voulu accueillir un Dieu fort, défenseur des faibles, présence qui sécurise nos vies exposées aux périls de toute sorte.

Dans un monde où nous observons et subissons un dérèglement climatique sans précédent, où nous voyons la planète de détruire, où inondations et sécheresse apparaissent dans des coins jadis improbables, où des gens meurent de famine, de soif et de froid, nous aurions besoin d’un Dieu Créateur du ciel et de la terre, impeccable horloger qui régule cet univers que nous n’arrivons plus à contrôler ni à maitriser.

Dans un monde où un virus sème la terreur et paralyse tout depuis deux ans maintenant, où nous ne savons plus à quel saint se vouer, où les variants se multiplient à côté d’autres maladies beaucoup plus graves encore dont nous souffrons et beaucoup souffrent autour de nous, nous aurions besoin d’un Dieu qui assainit l’atmosphère, un thaumaturge et médecin qui nous prescrits des médicaments miracles qui nous sortent de nos tâtonnements et nous libère de cette angoisse quasi permanente depuis deux ans.

Dans une Eglise qui n’a pas encore compris qu’il est temps d’en finir avec quelques jeux de pouvoir, éclaboussée par des crimes adieux d’un très petit nombre de ses membres, mais crimes qui  blessent beaucoup trop de victimes et défigurent le visage du Corps Mystique du Christ, dans une Eglise qui devraient ouvrir largement les portes au monde avec des attitudes d’écoute et de miséricorde, au lieu de se replier sur elle-même, nous aurions besoin d’un Dieu Réformateur qui secoue chaque baptisé, chaque prêtre, chaque évêque jusqu’au pape, bref, nous aurions besoin d’un Dieu-Maître qui nous secoue une fois pour toute en mettant fin à la  récréation ambiante.

Au milieu du chaos ambiant, il faudrait un Dieu, comme au commencement, qui fasse un peu d’ordre en remettant chaque chose à sa place.  Au contraire, pour revenir au « comme il était au commencement », l’évangile de ce jour nous dit que Dieu est le Verbe, la Parole, une Parole qui crée et ordonne les choses, certes, mais qui le fait « en se faisant chair ». C’est le message du prologue selon saint Jean que nous venons d’écouter. Le Verbe se fait chair, c’est-à-dire, prend la faiblesse totale, limite, mortalité, élément tellement humain qu’on ne trouve pas plus faible que la chair ! Jésus lui-même dira plus tard à ses disciples au Jardin de Gethsémani que la « chair et faible mais que l’esprit est ardent ! »

Celui qui semblait être le Dieu tout-puissant par sa force, Créateur et Seigneur de l’univers, le Dieu de l’Exode qui fait taire le pharaon, celui qui fait traverser les Hébreux la Mer Rouge à pied-sec, le Dieu de l’histoire et des armées, le Dieu immortel se fait chair et vient habiter parmi les hommes ! Ce Dieu-là ne résout pas nos problèmes de départ. Nous aurions aimé qu’il se révèle et se manifeste d’une manière un peu plus forte ! Pourquoi ne vient-il pas une fois pour toute arranger les choses et mettre un terme au chaos ambiant au lieu de laisser tous ces hommes et femmes politiques nous proposer chacun, à sa sauce, une solution-miracle qui ne fonctionne d’ailleurs presque jamais. Dieu aurait pu venir sur les nuées des cieux pour instaurer et proclamer son Règle, un règne de paix, de justice, sans égoïsme ni racisme de tout genre !  Cela aurait plus efficace et imposerait à tous de croire en lui !

Au contraire, « le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous ». Par con incarnation, Dieu s’affaiblit, il se vide de sa puissance, pour devenir faible comme nous et partager nos fragilités. Et c’est là que Dieu nous surprend ! A Noël, Dieu nous dit que nous ne sommes pas seuls. Notre chair n’est plus abandonnée à elle-même. Quelqu’un en prend soin, quelqu’un se fait proche, quelqu’un se fait tellement notre égal pour nous rendre totalement ses égaux : en prenant notre humanité en Jésus, Dieu désirait que nous devenions vraiment semblables à lui.  Le message de Noël est qu’en Jésus, Dieu a choisi de se faire semblable à nous et d’habiter parmi nous, au milieu de nous, pour que nous devenions semblables à lui. Ainsi, nous pouvons alors lui demander de venir prendre place au milieu de nous, au milieu de nos proches, au sein nos familles réunies pour les fêtes, de prendre cette place à table qu’on garde pour l’inconnu ou l’étranger ! Parce que Dieu a choisi d’assumer notre faiblesse, nous pouvons en toute confiance lui demander de nous sauver des faiblesses et fragilités.

Jésus, Fils de Marie, Fils de David, fils adoptif de Joseph, viens sauver notre humanité. Soulage la solitude de tant de personnes âgées isolées dans domicile ou dans nos maisons de retraite, ceux qui risquent de n’entendre un Joyeux Noël que celui de la Radio ou de la présentation du journal télévisé. Sauve-nous aujourd’hui de nos disputesentre voisins et encore entre parents lors de nos retrouvailles. Fais-nous échanger des vœux de joie, de bonheur, avec un sourire sincère et non feint. Enfant-Jésus, donne l’Amour à ceux qui sont en maque d’amour, du travail à ceux qui sont au chômage. Jésus, toi qui as assumé véritablement un corps humain, pose ta main et viens guérir nos corps et ceux de nos proches qui souffrent de tant de maladie graves et moins grave.

En ce jour de Noël, apprend-nous à supporter l’ingratitude de nos enfants ! Aide-nous à les laisser libres dans leurs choix de vie. Apprends-nous à écouter avec patience les lamentations, les récriminations de nos parents ou grands-parents âgés, à ne pas boucher nos oreilles quand ils nous font la litanie des maux et maladies vraies ou supposés dont ils souffrent et qui les rends toujours aigris.

Jésus, aide-nous à construire une société qui s’occupe vraiment de nous, à avoir des politiques qui ne se moquent pas de nous chaque fois que nous réclamons nos droits. Apprends-nous à ne pas barricader nos portes, surtout celles de nos cœurs, à ceux qui sont différents de nous, par leur religion, la couleur de leur peau, leur culture, sensibilité liturgique, pastorale ou politique ! Ne permets pas que nous soyons comme ceux qui ont refusé de t’accueillir dans leur maisons et auberges cette nuit-là à Bethléem, obligeant ta mère à te donner naissance dans une étable. Apprends-nous à ne pas rester scandalisé par une Eglise pécheresse qui refuse de se réformer, mais donne-nous le courage et la grâce de la changer de l’intérieur, en nous convertissant d’abord nous-même, afin que ton Eglise ne soit pas cette communauté monolithique et exclusive, mais une véritable ouverte à tous, missionnaire et heureuse d’annoncer chaque jour la joie que tu nous apporte depuis que tu as pris chair et habité parmi nous. Amen !

 

Homélie du Père Joseph du Jour de Noël (2021)2021-12-24T11:41:55+01:00

Homélie du Père Joseph de la Veillée de Noël (2021)

Mes chers frères et sœurs, chers enfants !

Quelle joie de célébrer ensemble noël au Phare ! Ca fait tellement de bien. Ce soir, je voudrais méditer avec vous 4 points que l’évangile de la veillée de Noël nous propose de contempler : le contexte historique du premier noël à Bethléem, la mangeoire, l’ange et les bergers.

Le contexte historique du premier noël est. Comme nous l’avons entendu dans l’évangile, Jésus naît pendant que César Auguste décide de faire un recenser ses sujets sur lesquels il impose son pouvoir pour fixer et augmenterdes impôts ! On parle beaucoup des impôts au cours de cette période préélectorale en France. Eric Zemmour, Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Yannick Jado, Melançon, Marine Le Pen, Christiane Taubira… bref, chaque candidat parle des taxes et des impôts dans son programme ! L’empereur César Auguste veut compter ses soldats, policiers, gendarmes, les fonctionnaires sur toute l’étendue de son empire… Le hasard historique fait que pendant que César Auguste mesure son pouvoir et veut imposer son poids dans l’histoire, c’est au à ce moment-là même que Jésus va naître pour donner un autre sens de l’histoire de l’humanité. Chrétien ou pas, que vous soyez de gauche ou de droite, quelle que soit votre religion et sensibilité politique, nous savons tous combien ce premier Noël va définitivement marquer l’histoire de l’humanité : nous regardons l’histoire et comptons les années avant et après Jésus Christ !

César Auguste pense guider l’histoire mais il vit dans l’illusion car c’est ce petit bébé qui vient de naitre en pleine nuit, dans un dépouillement total, avec ses pleurs de bébé affamé, allaité du lait maternel de la Vierge Marie, ce bébé avec ses petits sourires sans malice ni hypocrisie, c’est lui, l’Enfant-Jésus qui donne une nouvelle orientation à l’histoire de l’humanité. Comme la naissance d’un nouveau-né pour un jeune couple donne un nouveau cap et une nouvelle orientation pour la vie de famille, de même, la naissance de Jésus change forcément l’histoire de l’humanité, et surtout, notre petite histoire personnelle si nous acceptions qu’il naisse dans notre vie personnelle.

En ces jours de fête de Noël, rappelle-toi que Dieu a un grand rêve pour toi. Jésus rêve de naître dans ta propre histoire. Il veut donner sens à ta vie, te libérer de tes illusions de pouvoir, de joie, de bonheur. Il rêve de te libérer de tes angoisses pour faire jaillir la vraie joie, pour que ta vie soit plus joyeuse et pour que cette joie contagieuse se répande dans ta famille, auprès des amis et proches qui célèbrent avec toi ce soir, demain et pendant ces temps de fête. N’oublie pas qu’avant tous les cadeaux, le plus beaux des cadeaux que Jésus te demande d’offrir à ta famille, tes proches et aux amis, autour du sapin, de la table… ou alors, autour de la crèche, c’est ta Joie et ton Amour, surtout en cette période angoissante que nous traversons.

Le deuxième que je voudrais méditer, c’est la mangeoire ! Contrairement à l’opinion communément répandue, la mangeoire est la partie la plus sûre et la plus chaude d’une étable ! Aujourd’hui, la mangeoire, ce lieu où naquit Jésus est moins idéalisé, et en parle avec un peu de tristesse. On aime redire que Jésus est né dans un endroit très froid… ! Cela renforce le côté doloriste de certains chrétiens qui aiment rappeler que la souffrance est très importante dans la foi chrétienne, et que nous devons accepter nos souffrances, oubliant que Jésus est venu nous libérer et nous sauver de toutes nos souffrances. En réalité, lors du premier Noël, dans cette étable où Marie et Joseph sont accueillis, le petit Jésus naît dans la partie la plus sûre et la plus chaude. Qu’y a-t-il dans une mangeoire ? De la nourriturepour les animaux !

En fait, nous oublions parfois que Jésus est né dans une mangeoire pour les animaux parce qu’il veut devenir lui-même nourriture pour chacun de nous.  Cet enfant qui vient de naître de la Vierge Marie, plus tard, il nourrira les foules affamées. Aujourd’hui, Jésus se donne en nourriture pour chacun et chacune, une nourriture qui fait grandir en nous la vie éternelle. Qui mange ma chair et boit mon sang vivra par moi. Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson. Que cette mangeoire de Bethléem nous rappelle que Jésus est la vraie nourriture dont nous avons besoin pour vivre de la vraie Vie.

Malheureusement, très souvent, nous pensons que nous n’avons pas besoin d’être nourris par Jésus, parce que nos vies sont déjà remplies par tant de choses, comme ceux qui ceux qui vont se remplir le ventre de chips, cacahuètes, coca-cola au moment de l’apéro au point de manquer de place pour le bon plat et le bon vin qui est servi ensuite pendant le repas. En cette fête de Noël, regardons de quoi sont remplies nos vies, de quelles nourritures et boissons sont remplies nos âmes !  S’il vous plaît, à l’occasion de ces fêtes, et parce qu’on prend des bonnes résolutions pour l’année nouvelle, je vous conseille fortement de vous offrir personnellement cadeau de vous laisser nourrir un peu plus chaque jour par Jésus lui-même, en lui laissant un peu plus d’espace dans notre cœur affamé et assoiffé de joie, d’amour et de bonheur !

Le troisième élément, c’est l’ange et puis les autres anges : « il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu » L’ange, c’est le messager de la bonne nouvelle. L’ange fait irruption dans la vie des bergers endormis pour leur annoncer une bonne nouvelle, et chanter la gloire de Dieu au Ciel et la paix aux hommes sur la terre. Très souvent, j’entends des amoureux, des époux, des parents, des gens s’appelant mutuellement « mon ange », comme une sorte de refrain ! Pouvons-nous nous engager dans nos familles, dans nos communautés, dans notre vie de couple, auprès de nos amis… de devenir des anges les uns pour les autres, c’est-à-dire qu’au lieu d’être ces pessimistes lourds qui dépriment, découragent, pourrissent l’ambiance, qui voient toujours et d’abord les mauvaises nouvelles ou le mauvais côté des choses… nous pouvons devenir des messagers de joie, d’espérance, des gens qui prennent soin les uns de autres, qui rassurent par leur optimisme et leur joie. Commençons dès aujourd’hui, quand nous allons nous retrouver en famille !

Le dernier élément, mais pas le moindre, ces sont les bergers. Méprisés dans la culture et la religion juives à cause de leur style de vie qui ne leur permettait pas de respecter les règles et prescriptions de la Loi de Moïse.  Les bergers sont tellement en contact avec les animaux qu’ils n’étaient presque « jamais en état de pureté légale et religieuse ». Ils étaient ainsi classés au bas de l’échelle religieuse juive. Ceux qui étaient méprisés dans la religion juive sont devenus les premiers destinataires et bénéficiaires du message de Joie de Noël et de la naissance de Jésus, le sauveur du monde. Jésus dira plus tard aux pharisiens et aux scribes qu’il est venu pour les pauvres, pécheurs, les malades, les exclus…. En ce jour de Noël, que chacun de nous regarde autour pour voir l’exclu de la communauté, de la famille, de la fratrie, du quartier… celui que personne ne veut inviter, celui qui ne recevra aucun cadeau parce personne ne pense à lui…  A nous de lui montrer un peu plus d’attention, de tendresse, pour qu’il soit comme ces bergers exclus de tous, mais premiers bénéficiaires de la Bonne Nouvelle de Noël portée par les anges.

Puisse l’Enfant-Jésus naître dans nos cœurs, nos familles, notre communauté, dans l’Eglise en cheminement synodal et dans notre monde pour nous rassasier de sa douce présence, comme dans la nuit du premier Noël à Bethléem. Joyeux Noël à vous tous ! Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la Veillée de Noël (2021)2021-12-24T11:42:01+01:00

Homélie du Père Joseph du IV° Dimanche de l’Avent, année C (2021)

Mes chers et sœurs !

Au temps de Jésus, en Israël, tout le monde, attendait le messie. Mais, personne alors n’aurait pu s’imaginer que le messie puisse venir d’un petit village paumé comme Nazareth ! Rien de bon ne pouvait provenir de ce petit village de Galilée, et moins encore, un prophète ! Ce mépris pour Nazareth est exprimé clairement dans la discussion entre les premiers disciples de Jésus, Philippe et Nathanaël (Barthelemy), qui étaient alors disciples de Jean le Baptiste : « Philippe trouve Nathanaël et lui dit : « Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. » Nathanaël répliqua : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens, et vois. » (Jn 1, 45-46).

On le verra aussi dans la discussion entre Nicodème et les pharisiens qui veulent arrêter Jésus mais n’y arrivent pas à cause de la foule. « Les pharisiens leur répliquèrent : « Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé égarer ? Parmi les chefs du peuple et les pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui ? Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits ! » Nicodème, l’un d’entre eux, celui qui était allé précédemment trouver Jésus, leur dit : « Notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? » Ils lui répondirent : « Serais-tu, toi aussi, de Galilée ? Cherche bien, et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! » (Jn 7, 48-52)

Le Messie attendu devait être quelqu’un de puissant, apportant un changement à la fois politique, miliaire et spirituel. Il était absurde, inaudible et invraisemblable de l’imaginer d’humble condition, née d’une femme très humble et être soumis aux soins d’une famille pauvre. Le peuple avait déjà oublié, comme nous le rappelait le père Cyprien Comte jeudi soir lors de notre conférence de l’Avent, que le prophète Michée avait déjà explicitement affirmé que le Messie serait de condition extrêmement humbles, au point naître, non pas à Nazareth, mais dans un coin plus perdu encore de la Judée, un village presque invisible sur la carte géographique et absents des références toponymiques : « Et toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, aux jours d’autrefois. Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom du Seigneur, son Dieu. Ils habiteront en sécurité, car désormais il sera grand jusqu’aux lointains de la terre » (Michée 5, 1, 3)

Bethléem, une petite bourgade perdue devient le centre de l’histoire du salut. Un solitaire logement de fortune, la mangeoire d’une ferme devient le symbole que nous avons tous dans nos maisons, la crèche de Noël qui rappelle ce lieu humble qui vit naître le roi de l’univers. Le temps de l’Avent montre comment Dieu transforme et donne une valeur inestimable aux petites choses, comme il exalte ce qui est communément méprisé. C’est cela que Marie chante dans le Magnificat : « Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !  Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.  Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. » (Lc1, 48-52).

Bethléem, un village insignifiant et abandonné, devient un lieu de pèlerinage où vont converger à la fois les bergers, les anges ainsi que les rois mages. Marie et Joseph, jusque-là ignorés des villageois qui n’ont pas voulu les accueillir dans leurs maisons et ou auberges, deviennent le centre de l’attention de tous parce que leur enfant, Jésus-Seigneur, les rend objets d’une admirable attention. Dieu est grand, non pas parce qu’il est impérieux et imposant, mais parce qu’il est capable de se faire petit sans réserve et qu’il donne grandeur et valeur inestimable aux choses petites et insignifiantes en apparence.

A une semaine de Noël, c’est le message que je vous donne: la joie de la fête de Noël ne dépendra pas du prix des cadeaux que vous allez vous échanger dans vos familles, avec vous amis, ni de la durée et la quantité de votre repas de Noël, ni des bouteilles de champagne que vous allez finir. Ce qui redonnera à Noël tout son sens, c’est l’amour avec lequel nous allez vous retrouver, les sentiments de joie simple, de pardon accordé, de réconciliation possible, de bienveillance décidée, d’orgueil maitrisé… Tels sont les cadeaux que Jésus nous apporte et qu’il nous demande de partager avec nos proches, comme nous le contemplons dans le mystère joyeux de la Visitation, la rencontre entre Marie et Elisabeth. On y voit transparaitre la joie partagée, la foi exprimée, l’humilité non feinte, la reconnaissance et la mise en valeur de l’autre !

Marie et Elisabeth partagent la joie de se retrouver, toutes deux reconnaissantes d’être destinataires d’une grâce extraordinaire à travers les enfants qu’elles portent, Jésus et Jean-Baptiste qui exultent de joie quand leurs mères se rencontrent. Est-ce que nous grands-parents et parents auront la même joie avec nos enfants heureux de se retrouver à Noël après tant d’éloignement dû aux conditions sanitaires ?  J’imagine, malgré l’attention qu’on nous appelle à avoir pendant les fêtes à cause de la Covid, votre famille se retrouver : les petits enfants qui vont crier, courir dans tous les sens, chanter à tue-tête dans la maison familiale ou celle que vous avez louer en campagne pour vous réunir. Peut-être que ces cris et remue-ménage vont déranger certains parmi vous, surtout les grands ou arrière-grands-parents ?  Mais, n’est-ce pas cela la manifestation de la vie lors de nos retrouvailles joyeuses en famille.

C’est comme à la messe le dimanche.  Chaque eucharistie est comme une visitation. Nous nous retrouvons dans la joie, et les bruits, les cris, les pleurs, les courses, le remue-ménage des bébés et enfants sont le signe que l’Eglise est vraiment une famille rassemblée. Quand on parle de famille réunie dans la joie, il y a toujours cette possibilité que les enfants fassent un peu ou beaucoup de bruit. Je ne dis pas que le bruit des enfants est toujours agréable pendant la messe ! Mais leur bruit est signe de la vie et réjouissons-nous d’avoir ces enfants parmi nous ! En fait, si nous n’acceptons pas les tout-petits dans nos messes à causes de leurs bruits, cris et pleurs, nous risquons de ne plus jamais les revoir, et d’exclure de nombreuses familles de nos assemblées dominicales. Alors, comme Jésus et Jean-Baptiste qui se réjouissent lors de la rencontre de Marie et Elisabeth, soyons heureux de nous retrouver à la messe, dans la diversité de nos âges et sensibilités, avec la vie manifestée dans les bruits et cris des enfants.

La rencontre de Marie et Elisabeth me fait penser à un autre point. Ces deux femmes vivent en des lieux éloignés. Elisabeth vivant dans une région montagneuse, est plus âgée, à tel point qu’on pensait qu’elle était stérile à cause de son âge avancé. En plus, elle est enceinte ! Son âge et le fait qu’elle soit enceinte ne lui permettent pas de se déplacer, surtout pour de longue distance. Alors, c’est Marie, plus jeune, plus en forme qui se déplace et va rendre visite à Elisabeth. En plus, Marie reste avec Elisabeth pendant quelques mois pour pouvoir l’aider pendant ce temps où elle est fatiguée et attend l’accouchement.

Ceci me fait penser à nos familles ! En fait, les personnes âgées que sont nos parents et grands-parents ont naturellement du mal à se déplacer, à faire de grands voyages pour aller voir les enfants et petits-enfants. C’est aux plus jeunes dans nos familles de prendre l’initiative pour aller à la rencontre des plus âgés et d’aller les aider.  Si nous ne pouvons pas nous déplacer pour aller à leur rencontre, n’oublions pas de manifester notre présence auprès de nos parents et grands-parents d’une manière ou d’une autre : une carte envoyée, un coup de téléphone… J’ai pu rencontrer ces derniers jours des personnes âgées vivant déjà l’angoisse terrible de la solitude des fêtes. Puissent les plus jeunes parmi nous imiter Marie qui rend visite à Elisabeth, plus fragile, plus âgés en lui apportant joie et soutien fatigué ! Puisse la joie de la visitation entre Marie, Elisabeth et leurs deux enfants rejaillir sur nos retrouvailles familiales pendant ces grandes fêtes qui approchent. Amen.

Homélie du Père Joseph du IV° Dimanche de l’Avent, année C (2021)2021-12-19T15:11:57+01:00

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de l’Avent, année C (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Au cours de la première du mandat de Joe Biden aux Etats-Unis d’Amérique, quelques jours après la déclaration d’Eric Zemour comme candidat aux élections présidentielles en France, Vladimir Putin était le président de la Fédération de la Russie, Angela Merkel venait de terminer son long mandat de chancelière en Allemagne, Boris Johson, premier ministre Outre-Manche, et France, Emmanuel Macron, le jeune président de la République, mettait en place une stratégie pour affronter la cinquième vague de la Conv19, après l’apparition d’un nouveau variant appelé Omicron. Dans l’Eglise Catholique, le pape François appelait les fidèles à vivre un « Synode sur la synodalité » alors que l’archevêque de Toulouse attendait son successeur, alors qu’à l’église de Tournefeuille, au cours de la messe de dimanche, toute la communauté paroissiale était heureuse d’accueillir des adultes faisant leur entrée en catéchuménat.

Des détails historiques, des précisions de l’actualité semblables à ce qui nous est décrit dans l’évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent. « L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. »

Saint Luc soucieux des précisions historiques, nous situe le personnage et le message du précurseur Jean-Baptiste dont la mission est de préparer le peuple d’Israël à la venue du Messie. Le premier enseignement de ces détails précis est celui-ci : le Christ Jésus n’est pas le produit d’une fantaisie, un mythe ! En Jésus, Dieu s’est réellement fait homme, et il est venu au monde dans un lieu et un temps précis de l’histoire de l’humanité, pour une mission bien précise que tout l’évangile s’efforce de raconter.

Ces précisions historiques ont un autre objectif. Toutes les autorités politiques et religieuses mentionnées se situent dans une région, une religion et un peuple qui attendait un Messie, c’est-à-dire Israël. Mais la mention de l’empereur romain représenté par le gouverneur de Judée Ponce Pilate, veut nous rappeler que l’avènement du Messie dépasse la simple Judée et le peuple d’Israël pour embrasser l’histoire universelle de l’humanité connue à cette époque.

Les Juifs étaient convaincus que le Messie devait venir seulement pour eux, le Peuple élu. Le prophète Jean-Baptiste corrige cette vision, en s’appuyant sur l’un des grands prophètes de l’histoire juive, Isaïe qui affirme que par le Messie attendu par Israël : « tout homme verra le salut de Dieu » Chaque humain, et pas seulement les Juifs. Le salut apporté Jésus, le Fils de Marie, l’Immaculée Conception que nous fêtons mercredi 8 décembre, ce Jésus dont nous préparons l’accueil en cette période liturgique de l’Avent, vient sauver tout être humain, sans distinction ni de race, de culture, de condition sociale… L’évangile affirme ainsi, dès le début de la vie publique de Jésus, que par son incarnation, en devenant homme semblable à nous, c’est toute l’humanité qu’il vient sauver et que chacun peut bénéficier de la grâce du salut du Christ.

Cependant rappelons-nous que le salut ne peut nous atteindre comme la pluie ou le soleil. Ceux-ci ne dépendent ni de notre volonté ni de notre liberté. Qu’on le veuille ou pas, quand il neige, il pleut ou il fait beau dans une région, c’est tout le monde qui en bénéficie. Qu’on soit de gauche ou de droite, croyant ou athée, nous sommes tous de la même façon bénéficiaires ou victimes des conditions climatiques. En ce qui concerne le salut, les choses sont très différentes : Jésus ne nous impose jamais le salut. S’il veut nous sauver, Jésus ne peut pas le faire sans notre liberté et notre adhésion. Dieu veut nous sauver, mais il ne peut pas le faire sans nous et contre nous car il respecte profondément les êtres libres que nous sommes et dont il attend accueil, adhésion et acceptation des grâces qu’Il nous apporte avec l’avènement de Noël. Nous pouvons, en toute liberté, accueillir ou refuser le salut qu’il nous apporte. L’entrée en catéchuménat, demander officiellement le baptême, surtout pour les adultes, est la manifestation de cette liberté qui accueille le salut apporté par le Christ.

Le salut, c’est comme un cadeau ! Parce que la période de Noël est propice aux cadeaux, je peux me permettre de faire cette analogie, bien qu’imparfaite parce que le cadeau dont je parle n’a pas de prix. Quand on donne un cadeau, celui qui le reçoit, tend les mains pour le recevoir, et si c’est possible, faire une bise (attention aux mesures barrières !), verser quelques larmes de joie…. Il remercie ensuite, surtout s’il est heureux et que le cadeau lui fait plaisir. Mais on peut aussi refuser un cadeau. Il m’est arrivé re refuser le cadeau de quelqu’un parce que j’avais compris qu’il voulait m’attraper en se servant d’un cadeau. Hier on m’a parlé d’un collègue qui, pour son pot de départ, avait refusé le cadeau que les autres lui avait offert parce que ce cadeau-là lui rappelait trop son boulot….alors qu’il voulait vraiment tourner la page et ne plus penser à ce boulot dans lequel il n’était pas très heureux. Quand on attend un ami, un parent, on prépare sa maison, le repas….Ce sont là des signes qui montrent notre joie d’accueillir librement un cadeau, un ami…

En reprenant les paroles du prophète Isaïe, Jean-Baptiste proclame : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Le temps de l’Avent est une invitation à la conversion : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers, Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis »

L’Avent est un appel à la conversion pour accueillir comme il se doit l’hôte extraordinaire qui vient nous visiter. Il s’agit de quitter l’égoïsme, notre tiédeur, le mensonge, élargir et aplanir son cœur pour faire place au Christ et à nos frères et sœurs. Jésus, vraie lumière, vient illuminer notre vie pour la libérer de toutes ses ténèbres et zones d’ombres. Qui parmi nous pourrait honnêtement dire, en se regardant à travers pure lumière du Christ que sa vie est parfaite et qu’il n’a rien à se reprocher, rien à convertir dans sa vie ? Personne ! Surtout pas celui qui vous parle. C’est dans ce sens que Jean Baptiste nous appelle à vivre l’Avent comme un temps de conversion.

Préparer la route au Seigneur, c’est se convertir notre cœur et mener une vie qui soit authentiquement chrétienne dans sa substance et par sa force de témoignage. Préparer le chemin du Seigneur, c’est construire des ponts de paix, de joie, de réconciliation dans nos familles en cette période où nous préparons les fêtes familiales, s’accueillir mutuellement dans nos familles, nos communautés et nos milieux professionnels. Seigneur, donne-nous de t’accueillir en nous, de Te laisser les habiter pour nos coeur convertir par ta présence. Amen.

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de l’Avent, année C (2021)2021-12-05T11:34:55+01:00

Homélie du Père Joseph du I° Dimanche de l’Avent, année C (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Nous commençons cette nouvelle année liturgique, avec ce premier dimanche de l’Avent dans une ambiance de peur et de psychose générale qui me rappelle celle dans laquelle nous étions en février-mars 2020 lorsque la pandémie a commencé. Il y avait une ambiance de fin du monde. Toute la journée, à la radio, à la TV, dans les journaux, il y avait cette morbide litanie des statistiques des contaminations et des morts dans chaque pays, comme si on voulait savoir où il y avait eu plus de morts. Confinés, on avait peur de mettre son nez dehors, peur de croiser quelqu’un, comme si toute rencontre était susceptible de nous transmettre le virus !  Confinés, nous avions cependant le temps d’être en famille, de lire, de prier, d’écouter la parole de Dieu… Mais globalement, c’était la psychose et ça sentait presque la fin du monde. Au début de l’Avent, l’évangile que saint Luc nous propose me fait penser à cette ambiance morbide de fin du monde du début de la pandémie, parce que nous vivons presque la même chose. Malgré la vaccination, il y a une montée fulgurante du nombre de contaminations, les hôpitaux qui sont saturés, le manque de lits, la peur d’être confinés, et surtout, un nouveau variant « Omicron » venu d’Afrique du Sud et beaucoup plus contagieux… ! On se demande alors comment nous allons nous en sortir ? Est-ce que la troisième dose suffira ! Bref, psychose et peur encore une fois !

La communauté chrétienne à laquelle saint Luc écrit cet évangile vit aussi dans une ambiance de psychose et de peur. C’est une communauté fragile, dans un contexte de guerre, de lutte de pouvoir, de migrations, de misère dans l’Empire Romain. C’est ce que nous vivons aussi plus ou moins, avec notre litanie de mauvaises nouvelles, de lamentations, de violence, d’incompréhension croissante, de problèmes mondiaux non résolus, de crise écologique, de difficulté et baisse de pouvoir d’achat, de tension entre les puissances, même entre les voisins comme la France et le Royaume Uni, avec la Manche qui devient aussi un vaste cimetière pour les migrants, la montée de cette pandémie qui a mis en lumière nos illusions…. Bref, rien de nouveau sous le soleil. La communauté primitive a vécu, à sa mesure, ces difficultés que nous vivons aujourd’hui.

Pourtant, au cœur de ces difficultés et de ces événements douleureux, Jésus nous appelle à l’espérance. Tel est le message du temps de l’Avent : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ». Saint Luc, s’adressant à une communauté en souffrance, ne veut cependant pas céder au pessimisme. Pour lui, il faut se bouger, relever la tête, ne pas baisser les bras ! Oui, la vie est un combat et on ne peut l’emporter que si on décide de se battre et de ne pas céder à la tentation du défaitisme ni endosser toujours le rôle des victimes. Devant le chaos, les épreuves, les souffrances qui nous entourent, le message du temps de l’Avent est un appel à être des hommes et femmes d’espérance, des acteurs d’un monde meilleur.

Jésus ne nous demande pas d’être les derniers défenseurs de la foi dans un monde en perte de vitesse. Il nous appelle simplement à nous mettre debout, à nous relever, à redresser la tête, c’est-à-dire, à être pro-actifs, non pas passifs, à nous bouger, à voir ce qui germe de beau dans notre monde, autour de nous, à percevoir la lumière de Noël qui est déjà présente dans notre monde, dans l’Eglise, dans nos familles, en dépit des situations éprouvantes et ténébreuses que nous traversons. C’est cela le mystère de l’histoire : un paradoxe mêlant événements éprouvants et des merveilles, comme l’être humain qui est modelé à partir de la boue mais qui porte en soi le souffle de Dieu, ce qui nous appelle à regarder l’histoire au-delà des apparences, des événements. Nous devons agir, ne pas rester les bras croisés.

Jésus nous donne aussi un autre conseil pendant ce temps de l’Avent : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie ». Evitons de surcharger notre vie ! Allons vers Noël le cœur léger, tenons notre pensée et notre âme au-dessus du chaos ambiant. Ne dilapidons pas le temps, les émotions. Le peu que nous avons, que nous portons dans notre cœur, ne le dissipons pas, mais orientons toute notre vie vers la venue de Celui qui vient nous sauver.

Le temps de l’Avent, avec l’approche de Noël et des fêtes de fin d’année porte en soi un risque : faire simplement la fête ! Jésus parle de beuverie. Il y en a qui ne vont penser simplement qu’aux bouteilles de champagne, de vin blanc que nous allons associer au foie gras, aux lumières excessives qui nous empêchent de contempler les belles petites lumières autour de nous ! Quand je vois ou écoute les publicités, je suis impressionné par tout le « bonheur » qui nous est proposé par le marketing : Black Friday, les soldes de Noël… bref, tous ceux qui veulent nous vendre un bonheur à acheter dans les commerces ou sur internet ! L’Avent est un temps d’éveil, de lucidité ! Ne permettons pas à toutes ces sollicitations matérielles d’occuper totalement notre cœur. Nous devons laisser de l’espace à celui qui vient nous sauver, à Jésus qui se fait l’un de nous et qui a besoin que nous l’attendions dans la vraie joie et non pas dans les illusions de joie.

Nous avons un mois pour nous préparer à Noël, pour accorder un peu d’espace au Seigneur, conscients que Noël est la fête de ce Dieu qui veut entrer dans notre vie et naître dans nos choix quotidiens. Veiller signifie ne pas dormir, rester attentif et lucide, toujours sur le qui-vive pour ne pas être pris à l’improviste. Nous devons garder notre cœur éveillé. Le temps de l’Avent n’est-ce pas un temps pour contempler quelques grandes figures qui nous accompagnent et nous préparent à Noël :

Le prophète Isaïe qui exprime l’espérance messianique et annonce la naissance de l’Emmanuel.  Isaïe incarne à la fois la préparation de Dieu et les désirs de l’humanité.

Jean-Baptiste annonce la venue proche du Messie et invite à un baptême de conversion pour s’y préparer. Il est le précurseur. Dès son enfance, puis adulte, il désigne Jésus. L’Avent est un temps de conversion, rabaisser les montagnes en nous, ajuster les sentiers de notre cœur à Dieu et aux autres, rendre droite notre vie.

L’autre figure est Marie qui accepte de porter en elle Jésus et d’être sa mère. Elle est le symbole de l’habitation de Dieu en nous. Quels moyens mettons-nous en œuvre pour que Jésus naisse dans nos vies, dans nos cœurs, dans nos familles ?

Saint Joseph accepte d’aimer et de prendre soin d’un enfant et d’une épouse qui lui sont confiés par Dieu. Puissions-nous aussi prendre soin de ceux qui nous entourent dans nos familles pendant ce temps de l’Avent. Nous pouvons aussi contempler d’autres visages, Elisabeth qui se réjouit avec Marie : comment allons-nous partager la joie de Noël avec les autres ?

Les chrétiens se préparent à Noël en n’oubliant pas l’aspect spirituel et liturgique. Au point de vue pratique, il y a bien des manières pour un chrétien de préparer Noël. On installe la crèche chez soi et souvent on achète de nouveaux santons. On achète aussi un arbre que l’on place près de la crèche. On met sur sa porte une couronne d’accueil.

Comment préparer Noël spirituellement ? C’est l’occasion d’un réveil, une période que l’on vit dans l’espérance d’un nouveau départ, par la prière personnelle, l’écoute de la Parole de Dieu, comme Marie ! La fidélité à la messe dominicale nous prédispose à la venue du Sauveur. N’oublions pas le sacrement de pardon et réconciliation qui permet de faire un petit ou un grand ménage dans notre cœur, car en définitive, c’est notre cœur qui est appelé à devenir la demeure, la crèche où Jésus veut naître chaque jour.  Belle route vers Noël ! Amen.

Homélie du Père Joseph du I° Dimanche de l’Avent, année C (2021)2021-12-05T11:29:28+01:00
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