À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Une rentrée entourée de ND de Lourdes et de Saint Joseph

Une rentrée entourée de ND de Lourdes et de Saint Joseph

Comment sera cette année pastorale ? Sera-t-elle différentes des deux dernières ? Allons-nous vivre normalement ? Pourrons-nous réaliser nos projets et plannings ? Allons-nous « progrannuler » (nouvelle expression née de la pandémie qui signifie programmer des évènements avec la possibilité de les annuler au dernier moment) ? Pourrons-nous nous réunir normalement ? etc…

Voilà toute une série des questions que nous nous posons et auxquelles malheureusement n’avons pas de réponses. Tout reste incertain. Après ces vacances durant lesquelles vous vous êtes reposés et avez profité de la famille et des proches, nous voici partis pour une nouvelle année pastorale. Les deux dernières années n’ont pas été évidentes. Je ne plains pas des difficultés éprouvées au niveau pastoral à cause de la pandémie car tout cela est insignifiant par rapport aux épreuves vécues au niveau mondial et que nous voyons autour de nous.  Bien au contraire, c’est dans l’action de grâce et la confiance que je vous invite à entrer dans cette nouvelle année. Malgré la pandémie et les épreuves, le Seigneur nous accompagne et il est à l’œuvre dans nos vies et au sein de notre grande communauté paroissiale. Il est à l’œuvre à travers ce qu’Il réalise grâce à la présence, l’engagement et l’action de chaque membre de la communauté que nous formons dans la diversité de nos sensibilités, mais appelés à vivre et travailler dans l’unité.

(suite…)

Une rentrée entourée de ND de Lourdes et de Saint Joseph2021-09-03T12:16:10+02:00

Homélie du Père Joseph du XXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains ». Avec cette citation du prophète Isaïe, Jésus nous renvoie nous ouvre son cœur et invite chacun de nous à regarder son propre cœur pour vérifier, si mon cœur est petit ou grand, large ou étroit, fait de chair, sensible ou dur comme une pierre.  Jésus me demande de regarder objectivement et en vérité ce qui sort de mon propre cœur, quels sont mes désirs les plus profonds, quelles questions sont fondamentales pour moi car elles sont au cœur de ma vie.

 Tout est parti du comportement des disciples, un agir qui scandalise et choque les scribes et les pharisiens car il est contraire à la tradition. La polémique tourne autour de l’halakah, c’est-à-dire la pratique des préceptes et prescriptions reçus de la tradition, et en l’occurrence, le fait que les disciples prennent leur repas (littéralement manger des pains) sans se laver les mains, c’est-à-dire avec des mains impures. Il s’agit ici d’hygiène. Imaginez un peu si nous étions en période Covid19 avec les gels et le lavement de mains à répétition ! Les disciples de Jésus auraient eu beaucoup de problèmes avec les défenseurs du respect des mesures barrières que sont les scribes et pharisiens ! Là, je fais de l’anachronisme qui ne veut pas dire que ceux qui respectent ou appellent à respecter les mesure barrières sont des scribes et pharisiens, car dans ce cas, j’en fais partie.

En réalité, dans la Torah, la Loi de Moïse exigeait de faire des ablutions rituelles des mains seulement aux prêtres, surtout lorsqu’ils offraient le sacrifice. Mais au temps de Jésus, il y avait quelques mouvements des radicaux. Des radicaux, il y en a à toutes les époques, comme aujourd’hui et dans tous les domaines : nous avons des radicaux politiques de gauche comme de droite, des radicaux écolo, des radicaux économiques, des radicaux en morale, des radicaux religieux, comme les talibans… et il y a même des talibans dans le christianisme ! Ces radicaux du légalisme religieux multipliaient les prescriptions de la Loi, avec une particulière obsession autour du thème de la pureté.

Jésus lui était totalement libre et laissait ses disciples libres de ces observances qui n’avaient pas été demandées par Dieu. Jésus fait une distinction entre ce qui est une volonté de Dieu de ce qui est une coutume humaine, forgée par des hommes qui se déclarent fidèles au Dieu d’Israël. En réalité, ces radicaux religieux, ces puritains appellent « tradition » tout ce qu’ils ont eux-mêmes réfléchi, inventé et mis en place au cours de l’histoire. Jésus dénonce cette hypocrisie de la distance entre cette adhésion des lèvres à Dieu et le cœur qui restent totalement éloignés de lui.  Ces scribes et pharisiens allaient certainement très fréquemment au culte, ils célébraient chaque semaine le Shabbat, étaient assidus à la liturgie, bref, des gens qui extérieurement étaient très croyants. Cependant il leur manquait une authentique adhésion du cœur, celle qui exige que l’on vive et agisse en cohérence avec ce que nous disons en parole. Jésus nous disait de nous méfier d’eux car ils disent mais ils ne font pas.

Croire et adhérer au Seigneur, c’est l’aimer vraiment et aimer son prochain. Saint Paul nous dit dans son « l’hymne à l’Amour », dans sa première lettre aux Corinthiens que j’ai beaucoup entendu lors des mariages célébrés cet été que c’est la Charité, c’est-à-dire l’Amour théologale qui est le critère ultime de vérification de ce qui est dans notre cœur, et non pas ces prescriptions que les scribes et pharisiens objectent à Jésus et à ses disciples en parlant de nourriture impure, des mains impures et des personnes impures avec lesquelles nous pouvons entrer en contact. Nous parlons très souvent actuellement cas-contact pour lutter contre la pandémie de la Covid19. De même, toute personne qui étaient cas-contact avec un lépreux à cette époque était considéré comme impure.

Chacun de nous devrait se demander s’il ne lui arrive pas de considérer certaines personnes comme impures, à mettre à part, avec qui il ne faut pas se mélanger parce que gens ne font pas les choses comme on le voudrait, parce que nous n’avons pas la même sensibilité politique, idéologique, ou pour des raisons sociales, philosophiques, sanitaires, religieuses ? Jésus nous invite à ne jamais traiter un frère ou une sœur d’impur, et cela interroge ma manière de regarder et de traiter ceux qui m’entourent. Dans ma vie, il y a un « toucher les autres » qui craint et fait mal, comme celui des scribes et des pharisiens, et un toucher qui aime et qui sauve, comme celui de Jésus. Comment touchons-nous les autres, comment regardons-nous les autres ? En ayant peur d’eux, en les écartant, en les traitant d’impurs comme les scribes et les pharisiens, ou en les accueillant, en les aimant comme le Seigneur ?

Jésus nous laisse libre ! La liberté est bien le grand thème qui est au cœur de l’évangile. En cette période rentrée, je pense à la communauté que nous formons. La paroisse, la communauté, c’est ce lieu dans lequel rien et personne ne peut nous rendre impur, lieu où rien et personne ne peut être considéré comme impur, car tout le monde doit trouver sa place au sein de la communauté.  N’oublions jamais qu’un scribe et un pharisien peut se cache en chacun de nous, avec leur hypocrisie qui sépare la foi en Dieu de l’Amour du prochain.  Les lois de la tradition humaine avec ses les lois ajoutées disaient qu’il fallait séparer l’amour de Dieu de l’amour du prochain. Jésus nous dit au contraire que le premier et le plus grand des commandements, inséparable, c’est aimer Dieu de tout son cœur, de toutes ses forces, de toute son âme, et d’aimer son prochain comme soi-même.

Jésus nous rappelle l’importance du cœur ! C’est du fond de notre cœur que sortent les intentions mauvaises. Le cœur est le centre des décisions et des sentiments.  Le cœur est le centre des intentions, pensées, sentiments et Jésus nous dit que peuvent être mauvais. Jésus dit dans l’évangile :« C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses :  inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.  Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »

Il nous arrive tous de pécher par intention, en pensées. Mes intentions mauvaises, je peux certes les cacher à tout le monde, mais Dieu sait et voit tout ce qui se passe dans mon coeur, tout ce qui pollue mon âme appelée pourtant à être sa demeure. Imaginez que quand on laisse ces intentions et pensée mauvaises s’entasser dans notre cœur, c’est comme quelqu’un qui laisse le désordre et la poussière, la saleté s’entasser dans sa maison au point que nos amis n’ont plus envie de se faire inviter chez nous à cause de cette poussière et mauvaises odeurs que dégage notre maison !

De la même manière, Dieu n’a plus envie d’habiter dans mon âme polluée par mes pensées et intentions mauvaises, cette rancœur que je laisse grandir, cette jalousie que je nourrie envers les autres. Le Seigneur nous connait plus intimement que nous même. Il sait de quoi nous sommes pétris. Il nous aime, non pas parce que nous sommes des gens bien, vertueux, pour nos qualités, mais bien parce qu’il est Amour et veut nous sanctifier si nous lui ouvrons notre cœur en lui demandant de le purifier par sa présence.

Puisse l’eucharistie que nous célébrons aujourd’hui nous donner la grâce d’un cœur pur et d’une âme purifiée de tous ses sentiments, pensées et intentions qui risquent de nous polluer. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-09-03T11:59:43+02:00

Homélie du Père Joseph du XXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis quelques dimanches, nous avons été nourris par le chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean, dans lequel Jésus nous livre son grand enseignement eucharistique sur le pain vivant descendu du ciel. Ce chapitre commence par le grand récit du miracle de la multiplication des pains. Il y a une grande pause dans cet enseignement avec la fête de l’assomption qui tombais un dimanche cette année.  Aujourd’hui, Jésus nous rappelle la radicalité de la foi car il nous demande de prendre position pour ou contre lui, décider de rester avec lui ou de partir comme les disciples dans l’évangile de ce dimanche.

Face à la gratuité du don infini de Dieu présent dans le Pain de Vie qu’est Jésus en personne, nous ne pouvons pas rester passifs et ne pas prendre position, se décider de l’accueillir par la foi ou alors ne pas donner son adhésion et s’en aller. Nous pouvons faire des discours sur Jésus, faire de thèses de théologie dans ses différentes disciplines, dogmatique, spirituelle, morale, pratique… sans réellement être disciple de Jésus…Un chrétien est celui qui a décidé et décide chaque jour de renouveler son oui à Jésus, de Le choisir chaque matin dans l’obéissance de la foi malgré les péripéties éprouvantes de notre existence, de Le suivre même quand nous avons du mal à certains de ses exigences et propos qui sont très durs et difficiles dans les Evangiles, dans la Doctrine disciplinaire ou même dans la vie de l’Eglise.

La foi est cette ouverture, cette décision inconditionnelle, à première vue irrationnelle, mais libre pour le Seigneur. Il n’est pas rationnellement possible de concevoir qu’un bout de pain, (que les petits-enfants non-catéchisés peuvent abusivement comparer à une chips, je parle ici de la sainte hostie), puisse contenir le Fils de Dieu, Verbe Incarné, Vrai Dieu et vrai homme, qui a fait des miracles, qui est mort et ressuscité à Jérusalem. Il est difficile d’accepter une telle proposition contraire au bon sens de la raison humaine ! Ceci ne peut être possible que dans et par la Foi, si nous ouvrons notre cœur librement et spontanément au don que Jésus fait de lui-même, si nous ouvrons notre cœur et levons les yeux de notre cœur à ce mystère extraordinaire qui s’opère dans chaque eucharistie célébrée.

Cependant, la foi ne s’oppose pas à la raison humaine… D’ailleurs la foi chrétienne est même très rationnelle. C’est la science la plus étudié de l’histoire de l’humanité. Je me rappelle mon premier cours d’introduction à la théologie avec l’affirmation « Fides quaerens intellectum » soulignant que la foi précède la raison comme vertu théologale, mais qu’ensuite notre foi cherche et interroge la raison humaine pour être comprise et en rendre compte. La foi n’est pas une attitude passive, non critique et soumise, mais notre foi a besoin d’être nourrie et affermie par la raison. Sinon, à quoi servent toutes les études de théologie, la catéchèse…. N’oublions cependant pas que toute étude, tout discours théologique doit se faire à genou devant ce Mystère du Totalement-Autre et infiniment grand qu’est notre Dieu !

Soulignons cependant que la foi est toujours un acte de courage, une aventure décisionnelle parce qu’elle comporte dans tous les cas un saut qualitatif comme celui d’Abraham, de Marie, de Simon Pierre dans l’évangile d’aujourd’hui. Oui, se livrer totalement, faire confiance à Dieu peut être comparé à un saut dans le vide, mais en même temps, c’est à travers ce saut dans le vide, cette confiance dans les bras du Seigneur que nous faisons l’expérience de la certitude de son Amour. C’est un cercle vertueux paradoxal ! Comme on ne peut réaliser et bénéficierpleinement des bienfaits d’une piscine pendant la chaleur estivale qu’en décidant de s’y jeter, de même, on ne pourra réaliser et bénéficier de l’Amour Infini que si on fait ce saut dans les bras de Dieu par la décision de la foi. En lui ouvrant notre cœur, Dieu se révèle à nous de manière progressive, simple, et parfois même foudroyante !

Le saut de la foi et de la confiance, voilà ce qui manque aux disciples qui abandonnent Jésus dans l’évangile de ce dimanche. Ils L’abandonnent après avoir entendu de sa bouche un discours trop dur qui irrite ces bons juifs qui condamnent l’anthropophagie ou le cannibalisme : « Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson… Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous… ! »  Une des raisons de la persécutions des chrétiens des premiers siècles, c’est qu’on les accusait d’être de cannibales parce qu’ils disaient manger la chair de Jésus et boire son sang lors de leurs célébrations eucharistiques dans les maisons et la catacombe ! Ce difficile discours sur le pain de vie se conclut donc par une fracture. Beaucoup n’y croient pas et s’en vont. « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.  Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »

Encore une fois, nous nous appuyons sur la Profession de Foi de Pierre, comme à Césarée de Philippe quand Pierre professe la foi au nom de tous les autres apôtres que Jésus est le Christ. Il est comme le porte-parole des Douze. Pierre répondit à Jésus « Seigneur, à qui irions-nous ?  Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » En professant sa foi, Pierre se sauve lui-même et sauve les autres qui ont choisi de rester avec Jésus, et il sauve aussi le choix de l’Eglise, de tous les disciples de Jésus. Un chrétien est celui qui a l’humilité de reconnaitre qu’il est capable de trahir le Seigneur, qu’il le trahit souvent en abandonnant de vivre des nourritures et moyens de salut qui nous sont donnés dans et par l’Eglise pour rester uni à Jésus. Car si nous ne sommes pas unis au Christ, sans manger son Corps et boire son sang à travers les sacrements et l’eucharistie, nous risquons de dépérir et de mourir à petit feu.

L’amour de Dieu, comme tout vrai amour ne s’impose pas. Il se donne, se reçoit et se construit progressivement comme le jardinage. Jésus nous a offert sa vie dans le baptême et il continue à nous nourrir aujourd’hui encore à travers l’eucharistie. C’est dramatique que beaucoup de baptisés soient privés ou se privent eux-mêmes de l’eucharistie. Il est important de se nourrir en grignotant par la prière, faire oraison, lire la Bible, réciter le chapelet, comme on fait dans une journée. Cependant, nous ne pouvons pas nous contenter de ça : cela devrait nous conduire au repas eucharistique sans lequel nous risquons de dépérir.

Dans l’eucharistie, c’est-à-dire la messe, nous avons la présence même de Jésus, nous y trouvons toutes les vitamines nécessaires pour vivre, la force, la conversion, la sanctification, l’amour, la joie. Pensons à ces hommes et femmes qui témoignent de la force extraordinaire de l’eucharistie, comme Mgr Nguyen Van Thuan qui pendant 13 ans de détention communiste au Vietnam a  trouvé sa force en célébrant l’eucharistie avec un bout de pain et une goutte de vin, comme la  sœur  Elvire, la Mère des Drogués et toxicodépendants, fondatrice de la Communauté du Cenacolo, qui a sauvé et sauve encore aujourd’hui tant de jeunes perdus  dans la drogue en mettant l’eucharistie au centre de leur vie, ou saint Jean-Paul II qui a puisé sa force et construit toute sa vie sur l’eucharistie.

Ces disciples qui abandonnent Jésus sont ceux qui, aujourd’hui encore, malheureusement, s’éloignent de lui Christ à cause des péchés et de la fragilité de l’Eglise pécheresse dans ses prêtres et fidèles laïcs, dans certaines de ses positions morales ou doctrinales ! Aucune raison néanmoins ne devrait nous couper de la grâce extraordinaire que Jésus nous donne dans l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. Seigneur Jésus, toi qui t’offre à nous dans l’eucharistie, donne-nous la grâce de ne jamais nous couper de toi, la Vigne dont nous sommes les sarments, car sans toi, nous risquons sûrement nous dessécher en nous privant de ton Corps et de son Sang qui sont la vraie nourriture et la vraie boisson qui nous donnent la vraie vie qui ne finit pas. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-09-03T11:59:34+02:00

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Dieu élève Marie dans la gloire du ciel ! Telle est la signification la grande fête de l’Assomption que nous célébrons un dimanche cette année. Il y a certes un parallèle théologique de l’Assomption, qui nous invite à faire lien avec le mystère de la résurrection du Christ. C’est cela que nous contemplons dans la récitation et la méditation des mystères glorieux du Rosaire : Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption et le Couronnement de Marie.  Aujourd’hui cependant, je voudrais souligner la signification que Marie elle-même donne à cette fête dans le chant du Magnificat, quand elle crie : « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.  Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. ».

L’élévation, la glorification des humbles et des petits, voilà ce que le Seigneur a accompli pour Marie, son humble servante. Cette fille pieuse de Nazareth, humblement et dans la foi, a toujours été à l’écoute de la Parole de Dieu pour laisser le Verbe de Dieu prendre chair, s’incarner, prendre corps en elle, malgré sa petitesse. Dieu voulu la Vierge Marie à ses côtés, dans la gloire du ciel, parce que Marie l’a d’abord accueilli dans son cœur, un cœur qui croit. Ensuite Marie accueilli le Fils Unique du Père dans son sein maternel, avec toutes les douleurs de l’enfantement et de la maternité. Après la naissance à Bethléem, Marie a pris soin, nourri, élevé Jésus dans son humble et pauvre maison de Nazareth. Elle l’a fait sans orgueil mais avec un amour maternel infini et dans la foi. L’élévation de la Vierge Marie, la fille de Sion qui a cru en la Parole qui lui fut dite par l’ange de la part de Dieu, c’est aussi l’élévation des faibles, des humbles, de tous ceux qui vivent la foi profondément, mais dans la simplicité de leur cœur, les saints du voisinage, de la porte d’à côté comme aime le souligner le pape François.

Marie nous est donné comme le modèle et l’exemple d’une foi humble. Notre société nous fait parfois oublier que la vertu de l’humilité est une grâce qui n’est pas donnée à tout le monde. D’ailleurs, à partir d’Adam et Eve qui ont manifesté leur orgueil contre Dieu, nous nous constatons que nous les humains, nous ne sommes pas « naturellement humbles ». Un philosophe qualifie les humains comme étant naturellement des êtres en « compétition ». Nous désirons naturellement faire mieux et être meilleurs que les autres. Heureusement que l’histoire nous donne l’exemple de quelques grands hommes et femmes qui l’ont marqué grâce à l’humilité et la simplicité de leur vie. En cette fête de l’Assomption, nous pouvons demander une grâce particulière pour nous-même et pour les autres : devenir humble comme Marie.

Pourtant, même si nous désirons et prions pour devenir humbles, pour grandir dans la vertu de l’humilité comme Marie, Mère de Dieu et notre Mère, curieusement personne parmi nous ne désire être humilié ni méprisé… L’humiliation est une chose négative qui nous vient de l’extérieur, une sorte d’agression de la vie, de l’histoire, des situations difficiles que nous sommes appelés à affronter, par la force des choses, sans le vouloir. Le chômage, la séparation, la maladie, la violence, la guerre, le mépris des autres… voilà différentes choses qui peuvent nous humilier, nous écraser sans pourtant nous faire grandir en humilité !

Marie, l’humble Servante du Seigneur, fille de Nazareth était aussi humiliée pour avoir dit oui au Seigneur. Nous pouvons imaginer tous les racontars dans le village, toutes les histoires et commérages ce qui se racontaient sur elle derrière son dos, tous ces doigts méchants et menaçants pointés sur elle, la probable condamnation à mort par lapidation qu’elle encourait pour avoir été enceinte avant le mariage…. parce que tout le monde croyait qu’elle avait trompé Joseph, alors qu’elle n’avait dit que oui à la Parole du Seigneur. Marie, humble servante du Seigneur, humiliée par les hommes, n’a pas gardé de rancœur, son cœur n’était que pureté et amour. En fait, nous pouvons demander la grâce de la pureté du cœur aussi en cette fête de l’assomption pour que le Seigneur nous libère des rancœurs et des pensées méchantes qui peuvent polluer notre cœur, en réaction des humiliations que nous pouvons subir dans la vie. Le cœur du baptisé est appelé à être ce lieu pur et purifié où Jésus veut être accueilli comme le fit dans le sein de la Vierge Marie.

Contrairement à Marie, quand nous sommes humiliés, quand notre moi et notre orgueil sont atteints et blessés, nous cherchons à nous défendre, à nous venger, à rendre coup pour coup. C’est cela qui qui fait naitre la haine et la guerre dans les cœurs, dans les familles, les communautés et dans le monde. Quand j’étais séminariste, l’un des formateurs le père Constantino Frisia (d’heureuse mémoire !) nous répétait quand on était frustré ou fâché parce que blessé injustement, que tous les grands saints nous enseignent que ce sont les humiliations qui nous apprennent à être humbles et à grandir en humilité. Celui qui refuse toujours d’être humilié aura du mal à être humble. Nous sommes serviteurs et disciples de Jésus Crucifié, du Fils de Dieu et de Marie, humilié et mort en croix. Suivre Jésus, c’est porter la croix pour le suivre, c’est accepter les humiliations, comme il nous le montre en mourant pour nous sur une croix comme un criminel.

Vierge Marie, humble et sainte Mère de Dieu, humiliée par les hommes sur la Terre mais glorifiée par Dieu au ciel, en cette fête de l’Assomption, intercède pour que tes enfants que nous sommes obtiennent toutes les grâces dont nous avons besoin pour partager un jour ta gloire, au Ciel, auprès de ton Fils Jésus notre Seigneur. Amen.

 

 

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année B (2021)2021-08-14T12:57:46+02:00

Homélie du Père Joseph du XIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

La Parole de Dieu de ce dimanche nous propose decontempler deux cheminements que je vais tenter de développer.

D’abord le parcours du prophète Elie qui chemine entre triomphe et peur, jusqu’à la montagne de Dieu. Ce cheminement du prophète Elie nous enseigne qu’un discipledu Seigneur n’est jamais un héros, une superstar. Le disciplene retombe pas toujours sur ses deux pattes comme un chat mais, c’est quelqu’un qui vacille, qui souffre et tombe parfois…. voire même très souvent. Le disciple n’est pas toujours sûr de lui-même mais quelqu’un qui est habité par des doutes et des crises. Le disciple ne cherche pas à se nourrir des succès et acclamations, il n’est pas toujours « trop fort », toujours « capable » comme nous pouvons parfois l’imaginer mais le prophète comme le disciple est fragile, parfois hésitant, fatigué et qui doit sans cesse compter sur l’aide du Seigneur.

Nous allons aussi contempler le cheminement de Dieu, en Jésus, un chemin qui n’est pas une montée pour conquérir, passer de victoire en victoire mais bien une descente et abaissement : descente pour prendre notre humanité, abaissement dans la mort, descente aux enfers comme nous le disons dans le Credo… et lui-même nous dit aujourd’hui : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »

Le prophète Elie chemine entre triomphe et peurs, entre exaltation-gloire et dépression. Il chemine entre la Transjordanie où il est né pour aller dans le Royaume du Nord, en Samarie. Dans cette région polluée par les divinités païennes après l’exil se vit un judaïsme mélangé aux religions païennes. C’est comme tous ceux, aujourd’hui qui se disent chrétiens mais qui se font en réalité leur propre religion : un peu de magie, d’horoscope, de bouddhisme, d’islam, de protestantisme et de catholicisme…qui se font une religion à leur sauce, le New Age qu’un théologien qualifie de vagabondage spirituel. C’est dans cette région au judaïsme pollué que le prophète Elie annonce avec passion le Dieu Unique en combattant le culte de Baal.

Elie doit s’opposer au roi Acab et sa reine Jézabel qui favorisaient et sponsorisaient la diffusion de ce culte païen.Acab et Jézabel me font penser à certains responsables politiques qui combattent ouvertement l’Eglise et le christianisme en se faisant les défenseurs d’une laïcité antichrétienne, mais en en faisant la promotion de la franc-maçonnerie

Dans la première lecture, nous avons écouté le passagequi marque la rupture entre les deux parties de la vie du prophète Elie. La première phase est triomphale parce qu’elle représente certains grands miracles et prodiges, en particulierla victoire contre les 450 prêtres de Baal exécutés par lui sur le mont Carmel ! Elie fait exécuter les prêtres de Baal et considère cela comme une victoire éclatante au nom de Dieu ! Ce massacre des prêtres païens au nom de Dieu devient en réalité pour Elie le début de la deuxième phase de sa vie qui est une chute, une crise profonde : déçu, amère, rempli de peur.  Fatigué de sa mission et de vivre Elie, a peur, il se renferme et prend la fuite vers le mont Horeb, la montagne de l’Alliance, comme une sorte de retour dans le sein maternel, à la genèse de la foi au service de la Parole.

Dans cette phase difficile, Elie dit au Seigneur : Casuffit ! Prends ma vie ! J’ai perdu le goût de vivre, je suis vide et je ne sais plus me dépenser pour toi, pour rien d’ailleurs. « Maintenant, Seigneur, c’en est trop !  Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » En ce moment crise spirituelle et existentielle et de dépression, Dieu vient « toucher » Elie par l’intermédiaire d’un ange.  « Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! »  Toucher ici, dans le langage biblique, signifie : s’approcher, caresser ou alors frapper fort : c’est important comprendreces trois significations qui veulent nous rappeler que l’intervention de Dieu dans notre vie est toujours de plusieurs niveaux : Dieu n’est pas effrayé par notre éloignement, mais il nous accompagne, nous console parfois en nous caressant et aussi, quand il le faut, Dieu nous secoue, nous frappe fortement en nous demandant de nous bouger et de nous convertir.

Par deux fois, l’ange du Seigneur est contraint de « toucher » Elie qui est presque mort de sommeil. « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Cela veut dire que Dieu insiste même quand nous résistons, il nous nourrit, nous secoue, nous frappe… dans le but de nous faire comprendre que le ciel n’est pas fermé au-dessus de nous. Elie désespérait de la présence de Dieu dans sa vie, mais Dieu, à travers son ange, descend des cieux à la rencontre d’Elie. Le Seigneur ne nous abandonne jamais ! Il intervient en notre faveur dans notre vie de différentes manières, en particulier à travers les amis, les frères et sœurs qui nous accompagnent, nous réconfortent, nous conseillent, nous secouent parfois en nous demandant de nous bouger, en touchant là où ça fait mal pour nous pousser à réfléchir, ceux qui nous nourrissent et nous abreuvent…. comme Il le fait avec Elie par le biais de l’ange.

Elie est remis sur pied et devient de nouveau capable de marcher, non grâce à un banquet extraordinaire, non pas un barbecue, … … mais seulement grâce une « une galette cuite et un peu d’eau » c’est-à-dire grâce à très peu de chose mais qui nous rappelle que la puissance de Dieu se déploie à travers la faiblesse, la pauvreté des moyens, dans les choses simpleset essentielles du quotidien : un peu de pain, un peu d’eau et juste un ami !

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous propose de cheminer dans la charité, dans l’Amour. Il souligne une chosetrès importante : nous ne pouvons pas faire obstacle à l’esprit de Dieu. Nous pouvons devenir chaque jour ce messager, cet ange qui remet à pied et redonne vigueur, qui encourage lesvies pliées et blessées. Pour cela, saint Paul nous dit que nous devons faire disparaître et éliminer certaines choses : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. » Il nous déconseille de manière explicite d’êtredes gens qui répandent du venin ou du mépris. Dans un conflit, il nous est demandé d’écouter l’autre et pas de la frapper et l’écraser avec notre supériorité vocale. S’il est interdit de blasphémer contre Dieu, saint Paul nous rappelle qu’il est aussi interdit de blasphémer contre nos frères et sœurs.  Saint Paul nous donne aussi des conseils pour grandir dans la charité dans nos familles, nos communautés, avec les gens que nous côtoyons : « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. » 

Imitons le Christ en aimant ceux qui sont autour de nous,en déployant les vertus de générosité, de tendresse et de pardon ! Le chrétien est celui qui devient bienveillant parce qu’il a découvert un Dieu infiniment bienveillant envers lui. Il devient miséricordieux, capable de pardonner parce qu’il se reconnait comme premier bénéficiaire du pardon et de la miséricorde de Dieu. Bienveillant, miséricordieux, capable de pardonner ! Nous pouvons être chaque jour l’ange ou le messager, l’ami envoyé par Dieu aux frères et sœurs, pour être une présence qui ne juge pas, qui ne fait pas que sermonner les autres, un donneur des leçons, mais une présence attentive qui se fait proche, conseille et aide les autres à retrouver la force, la volonté et le désir de vivre à nouveau.

« Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés » Le disciple est celui qui désire imiter le Maître, Jésus. C’est un maître qui fuit le spectacle, la folie de grandeur. Imiter Jésus, c’est l’écouter nous redire dans l’évangile : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.  Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde.» Demandons la grâce de devenir nous aussi, autour de nous, dans nos familles, dans la communauté, du pain vivant, du soin, de l’attention, de la gratuité, de la générosité pour les autres. Que cette eucharistie nous donne de devenir du pain, nourriture, présence, soutien, messager, ami et ange pour les autres comme celui qu’Il envoie pour sauver la vie du prophète Elie. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-08-14T12:56:02+02:00

Homélie du Père Joseph du XVIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, nous avons écouté et médité sur l’un des plus connus récits des évangiles : celui de la multiplication des pains, un miracle repris plusieurs fois, le seul repris 6 foiset qui marque une sorte d’apogée du ministère de Jésus. Il fait tellement de bien… qu’on veut l’enlever pour faire de lui un roi. Cependant, comme vous le savez, après l’apogée, vient le déclin. En ce début du mois d’aout, nous venons d’écouter un passage de l’évangile qui sonne comme le début de la fin, le début de la chute mais Jésus ne voit rien venir. Nous commençons la pente descendante, celui de la baisse de popularité de Jésus.

Jésus en prend conscience, il encaisse cet échec et celamarque aussi un changement de cap, un tournant dans sa mission : un changement de stratégie pastorale : désormais, Jésus ne s’adressera plus aux grandes foules venues de partout : son enseignement sera désormais destiné à un groupe plus intime, un petit noyau plus resserré, réduit et restreint : le petit groupe de ses disciples. Lors d’une formation pastorale faite aux prêtres, on nous avait fait remarquer le danger que nous avons, nous prêtres, à nous occuper de toute le monde, les nombreuses foules qui arrivent et viennent pour la messe le dimanche, aux funérailles, baptêmes, mariage… au point que cela peut nous faire oublier de prendre soin, de nous occuper aussi de ces petits groupes restreints, les équipes qui collaborent étroitement avec nous dans la mission. Les disciples ont aussi besoin que Jésus s’occupe d’eux.

Jésus avait espéré que les foules soient prêtes à faire un saut de qualité, le saut de la foi après la multiplication des pains. Mais malheureusement, elle n’a pas compris le message de la multiplication des pains. L’effet du miracle du partage et de la générosité d’un jeune homme qui nous appelait à faire de même dans notre quotidien est vite tombé à l’eau. Les foules ont compris exactement le contraire de ce que voulait Jésus : pour les gens, Jésus ne leur servait que de nourricier,un faiseur des miracles, un Dieu qui les nourrit gratuitementtout simplement.

Déçu, Jésus décide de s’en aller, de fuir cette situationdont le contrôle lui échappe désormais. Les gens veulent faire de lui un roi ! Qui ne voterait pas pour un président qui, au lieu d’augmenter les impôts et de décréter l’austérité, fait des cadeaux à tout le monde, et pas seulement aux plus riches ? Jésus est énormément blessé, mais personne, ni la foule, ni ses disciples ne se rendent compte du poids de sa souffrance.  Pour eux, tellement pris et plongés dans les calculs mondains et égoïstes, c’est comme si Jésus faisait compagne, qu’il recherchait les compliments et les applaudissements de la foule. Voici alors cette foule qui cherche Jésus, le rejoint et le trouve en pleine réflexion et en prière.

Mais Jésus voit bien petits calculs hypocrites. On le voit à ses propos qui peuvent nous paraître durs aujourd’hui. Bref, ces hypocrites disent à Jésus : « Oh Jésus, tu nous astellement manqué ! Nous t’avons cherché partout ! » Une opération de séduction, pas sincère, à laquelle nous assistons avec nos enfants, notre conjoint quand ils veulent obtenir quelque chose… ! Quand vous voyez votre adolescent toujours râleur et turbulent s’approcher de vous avec douceur, vous faire un câlin alors qu’il ne fait jamais une bise à personne… vous vous dites bien qu’il y a anguille sous roche ! Un vrai calcul, une mentalité séductrice que Jésus a du mal à accepter parce qu’il voit bien que la foule veut l’instrumentaliser : Il leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ». Bref, ça suffit maintenant ! Je refuse de me faire avoir ! J’ai tout compris à votre petit jeu ! Arrêtez votre petit baratin.

Vous le savez bien, spontanément, nous ne cherchons pasDieu parce qu’Il nous indique le chemin pour grandir, pour aimer, mais pour qu’il résolve nos problèmes, sans nous fatiguer et nous faire attendre, le plus tôt possible. Nous avons parfois un comportement calculateur, commerçant et commercial avec le Seigneur.

Je vous donne un exemple ! Un jeune couple arrive au presbytère ! Ils habitent l’une de nos 5 paroisses ! Depuis deux ans je ne les ai jamais vu à la messe ! Ils veulent se marier à l’église, et tout d’un coup, il se rappelle que Dieu existe, que se marier à l’église est quand même plus beaux, fun que passer 15 minutes devant monsieur le maire, entendre deux ou trois articles de lois et signer vite fait un bout de papier ! A un certain moment du dialogue, après avoir raconté leur histoire amoureuse, les péripéties et étapes de leur vie de couple, j’ose poser des questions touchant à la foi parce que c’est un sacrement qu’ils demandent. « C’est quand que vous avez été à l’église récemment ? » Leur réponse « Euh, je ne me rappelle plus ! C’était malheureusement aux funérailles de grands parents d’un copain… ! » et je poursuis « C’est quand est vous avez prié la dernière fois ?»  Réponse « Pour être honnête, je ne me souviens plus ! » Et pourtant vous voulez vous marier à l’Eglise, devant Dieu

En fait, Dieu n’a pas de place dans votre vie. Vous le cherchez parce que vous avez besoin de lui pour vous marier, comme cette foule qui cherche Jésus parce qu’elle veut manger. Ensuite, vous reviendrez à lui pour le baptême de votre enfant…. et la dernière fois que vous reviendrez dans une église, c’est sera quand d’autres personnes vous y amèneront dans un cercueil pour vos funérailles…J’ai conscience d’être dur dans mes propos, mais comment ne pas faire cette comparaison et râler quand on voit des gens qui ne se rappellent de Dieu et de l’Eglise que quand ils ont besoin de demander quelque chose, mariage, baptême ou malheureusement un réconfort lors des funérailles.

Pour beaucoup de gens malheureusement, Dieu existe seulement quand et s’il résout leurs problèmes, leurs malheurs.Nous arrivons à déterminer l’utilité de Dieu, à quoi il nous sert. C’est une vision égoïste et utilitariste d’un Dieu au service de nos besoins. Même humainement, pouvez-vous compter parmi vos amis celui ou celle qui ne s’approche de vous que quand il ou elle a besoin de vos services ? Il ne vous appelle que quand il a besoin de vous ! A un certain moment, vous en avez marre et vous rayez cette personne de la liste de vos amis. Il en est de même pour le Seigneur, même si lui n’est pas capable de nous rayer sur la liste…car il est tellement grand dans son Amour que, même blessé par notre égoïsme, il nous appelle à nous convertir. On le voit dans l’attitude de Jésus. Il est déçu mais ne s’enferme pas dans sa déception ! Il ne se bloque pas.  Bien au contraire, il donne à la foule une voix de sortie digne par un enseignement qui rappelle ce qui est essentiel dans la vie.

« Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ». L’être humain est dévoré par une faim, une soif, un désir, celui du succès, de la réussite, de l’argent, de la gratification, de bonheur…  Nous pouvons avoir tout l’agent du monde, tout le pouvoir et tous les succès… il restera toujours en nous une soif que rien, que personne ne pourra étancher. Et cette soif-là, seul Dieu peut l’étancher.  Aujourd’hui, Jésus nous le dit : le seul pain qui rassasie vraiment, c’est moi qui peux vous le donner. Il nous dit qu’il est en personne le Pain vivant et vrai.  

Alors, profitons des joies que la vie nous offre, des amours, les satisfactions, les vacances, plaisirs, les petits et grands succès…sans oublier que la plénitude du bonheur est ailleurs. N’oublions jamais de chercher Dieu. Que le Seigneur nous convertisse et nous donne de le chercher, sans calculs, sans égoïsme, gratuitement, pour lui-même, lui qui est le Pain Vivant et Vrai qui nous donne la Vie.Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, nous avons écouté et médité sur l’un des plus connus récits des évangiles : celui de la multiplication des pains, un miracle repris plusieurs fois, le seul repris 6 fois et qui marque une sorte d’apogée du ministère de Jésus. Il fait tellement de bien… qu’on veut l’enlever pour faire de lui un roi. Cependant, comme vous le savez, après l’apogée, vient le déclin. En ce début du mois d’aout, nous venons d’écouter un passage de l’évangile qui sonne comme le début de la fin, le début de la chute mais Jésus ne voit rien venir. Nous commençons la pente descendante, celui de la baisse de popularité de Jésus.

Jésus en prend conscience, il encaisse cet échec et cela marque aussi un changement de cap, un tournant dans sa mission : un changement de stratégie pastorale : désormais, Jésus ne s’adressera plus aux grandes foules venues de partout : son enseignement sera désormais destiné à un groupe plus intime, un petit noyau plus resserré, réduit et restreint : le petit groupe de ses disciples. Lors d’une formation pastorale faite aux prêtres, on nous avait fait remarquer le danger que nous avons, nous prêtres, à nous occuper de toute le monde, les nombreuses foules qui arrivent et viennent pour la messe le dimanche, aux funérailles, baptêmes, mariage… au point que cela peut nous faire oublier de prendre soin, de nous occuper aussi de ces petits groupes restreints, les équipes qui collaborent étroitement avec nous dans la mission. Les disciples ont aussi besoin que Jésus s’occupe d’eux.

Jésus avait espéré que les foules soient prêtes à faire un saut de qualité, le saut de la foi après la multiplication des pains. Mais malheureusement, elle n’a pas compris le message de la multiplication des pains. L’effet du miracle du partage et de la générosité d’un jeune homme qui nous appelait à faire de même dans notre quotidien est vite tombé à l’eau. Les foules ont compris exactement le contraire de ce que voulait Jésus : pour les gens, Jésus ne leur servait que de nourricier, un faiseur des miracles, un Dieu qui les nourrit gratuitement tout simplement.

Déçu, Jésus décide de s’en aller, de fuir cette situation dont le contrôle lui échappe désormais. Les gens veulent faire de lui un roi ! Qui ne voterait pas pour un président qui, au lieu d’augmenter les impôts et de décréter l’austérité, fait des cadeaux à tout le monde, et pas seulement aux plus riches ? Jésus est énormément blessé, mais personne, ni la foule, ni ses disciples ne se rendent compte du poids de sa souffrance. Pour eux, tellement pris et plongés dans les calculs mondains et égoïstes, c’est comme si Jésus faisait compagne, qu’il recherchait les compliments et les applaudissements de la foule. Voici alors cette foule qui cherche Jésus, le rejoint et le trouve en pleine réflexion et en prière.

Mais Jésus voit bien petits calculs hypocrites. On le voit à ses propos qui peuvent nous paraître durs aujourd’hui. Bref, ces hypocrites disent à Jésus : « Oh Jésus, tu nous as tellement manqué ! Nous t’avons cherché partout ! » Une opération de séduction, pas sincère, à laquelle nous assistons avec nos enfants, notre conjoint quand ils veulent obtenir quelque chose… ! Quand vous voyez votre adolescent toujours râleur et turbulent s’approcher de vous avec douceur, vous faire un câlin alors qu’il ne fait jamais une bise à personne… vous vous dites bien qu’il y a anguille sous roche ! Un vrai calcul, une mentalité séductrice que Jésus a du mal à accepter parce qu’il voit bien que la foule veut l’instrumentaliser : Il leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ». Bref, ça suffit maintenant ! Je refuse de me faire avoir ! J’ai tout compris à votre petit jeu ! Arrêtez votre petit baratin.

Vous le savez bien, spontanément, nous ne cherchons pas Dieu parce qu’Il nous indique le chemin pour grandir, pour aimer, mais pour qu’il résolve nos problèmes, sans nous fatiguer et nous faire attendre, le plus tôt possible. Nous avons parfois un comportement calculateur, commerçant et commercial avec le Seigneur.

Je vous donne un exemple ! Un jeune couple arrive au presbytère ! Ils habitent l’une de nos 5 paroisses ! Depuis deux ans je ne les ai jamais vu à la messe ! Ils veulent se marier à l’église, et tout d’un coup, il se rappelle que Dieu existe, que se marier à l’église est quand même plus beaux, fun que passer 15 minutes devant monsieur le maire, entendre deux ou trois articles de lois et signer vite fait un bout de papier ! A un certain moment du dialogue, après avoir raconté leur histoire amoureuse, les péripéties et étapes de leur vie de couple, j’ose poser des questions touchant à la foi parce que c’est un sacrement qu’ils demandent. « C’est quand que vous avez été à l’église récemment ? » Leur réponse « Euh, je ne me rappelle plus ! C’était malheureusement aux funérailles de grands parents d’un copain… ! » et je poursuis « C’est quand est vous avez prié la dernière fois ?» Réponse « Pour être honnête, je ne me souviens plus ! » Et pourtant vous voulez vous marier à l’Eglise, devant Dieu…

En fait, Dieu n’a pas de place dans votre vie. Vous le cherchez parce que vous avez besoin de lui pour vous marier, comme cette foule qui cherche Jésus parce qu’elle veut manger. Ensuite, vous reviendrez à lui pour le baptême de votre enfant…. et la dernière fois que vous reviendrez dans une église, c’est sera quand d’autres personnes vous y amèneront dans un cercueil pour vos funérailles…J’ai conscience d’être dur dans mes propos, mais comment ne pas faire cette comparaison et râler quand on voit des gens qui ne se rappellent de Dieu et de l’Eglise que quand ils ont besoin de demander quelque chose, mariage, baptême ou malheureusement un réconfort lors des funérailles.

Pour beaucoup de gens malheureusement, Dieu existe seulement quand et s’il résout leurs problèmes, leurs malheurs. Nous arrivons à déterminer l’utilité de Dieu, à quoi il nous sert. C’est une vision égoïste et utilitariste d’un Dieu au service de nos besoins. Même humainement, pouvez-vous compter parmi vos amis celui ou celle qui ne s’approche de vous que quand il ou elle a besoin de vos services ? Il ne vous appelle que quand il a besoin de vous ! A un certain moment, vous en avez marre et vous rayez cette personne de la liste de vos amis. Il en est de même pour le Seigneur, même si lui n’est pas capable de nous rayer sur la liste…car il est tellement grand dans son Amour que, même blessé par notre égoïsme, il nous appelle à nous convertir. On le voit dans l’attitude de Jésus. Il est déçu mais ne s’enferme pas dans sa déception ! Il ne se bloque pas. Bien au contraire, il donne à la foule une voix de sortie digne par un enseignement qui rappelle ce qui est essentiel dans la vie.

« Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ». L’être humain est dévoré par une faim, une soif, un désir, celui du succès, de la réussite, de l’argent, de la gratification, de bonheur… Nous pouvons avoir tout l’agent du monde, tout le pouvoir et tous les succès… il restera toujours en nous une soif que rien, que personne ne pourra étancher. Et cette soif-là, seul Dieu peut l’étancher. Aujourd’hui, Jésus nous le dit : le seul pain qui rassasie vraiment, c’est moi qui peux vous le donner. Il nous dit qu’il est en personne le Pain vivant et vrai.  

Alors, profitons des joies que la vie nous offre, des amours, les satisfactions, les vacances, plaisirs, les petits et grands succès…sans oublier que la plénitude du bonheur est ailleurs. N’oublions jamais de chercher Dieu. Que le Seigneur nous convertisse et nous donne de le chercher, sans calculs, sans égoïsme, gratuitement, pour lui-même, lui qui est le Pain Vivant et Vrai qui nous donne la Vie.

Homélie du Père Joseph du XVIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-08-14T12:56:16+02:00

Homélie du Père Joseph du XVII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœur !

Au comment de préparer cette homélie hier soir, j’ai eu un petit malaise liturgique ! Je m’attendais à récit d’évangile dans la logique des récits deux dimanches précédents : Il y a 15 jours, c’était des disciples deux par deux, et dimanche dernier Jésus invitait ses disciples à se mettre à l’écart et à se reposer un peu, bref, à prendre un peu des vacances.… !

Au fond de moi, j’aurais bien préféré de lire un évangile qui nous dise que les disciples se sont réellement reposés et ont vraiment pris des vacances… Ce n’est pas le cas. Ce dimanche, nous contemplons Jésus et ses disciples poursuivis par une foule immense qui les empêchent de prendre un peu de repos. Combien parmi nous ici sont aussi poursuivis par le boulot même pendant leurs vacances à cause du téléphone portable, de l’ordinateur…qui nous obligent à rester accessibles et joignables, même en vacances ! L’entreprise de Dieu, dont la mission est de s’occuper de cette foule assoiffée et affamée a besoin, à tout moment, du PDG Jésus et de tous ses cadres. Quelqu’un m’a dit récemment que quand on est un grand cadre, on est presque condamné à rester joignable tout le temps !

L’évangile de ce jour nous décrit une grosse urgence à la laquelle il faut trouver une solution. « Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? ».  Jésus a pitié et   est saisis de compassion pour cette foule affamée. Pour lui, il faut urgemmentfaire quelque chose. Devant cette foule affamée, il demande à ses disciples de trouver une solution.  Mais la solution proposée par les disciples est celle que nous proposons aussi très spontanément devant la misère dans le monde. Leur réponse en gros : « Qu’ils se démerdent ! Ils n’ont qu’à se débrouiller !» Pardon d’être aussi vulgaire ! C’est la réponse de Philippe : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain ».

Le raisonnement des disciples et leur solution toute-faite, bien pratique, logique, la seule économiquement tenable qu’ils proposent est de renvoyer la foule affamée. Cela me fait penser certaines solutions que la Communauté Internationale, l’Union Européenne, le FMI, la Banque Mondiale ou la BCE donnent à certains drames et tragédies de l’humanité. Devant certains les drames, comme la famine, la guerre dans certains pays, la misère croissante… nous préférons parfois fermer les yeux pour ne pas voir… car voir et toucher réellement la souffrance de l’autre nous obligerait à faire quelque chose.

Prenons un exemple, tellement flagrant, qu’est celui de ces migrants qui meurent dans les embarcations de fortune sur la Méditerranée, ou dont les bateaux de sauvetage sont parfois interdits d’accoster par les différents pays. Ils fuient des zones des conflits, persécutés en Libye, en Tunisie, en Turquie par les réseaux criminels des passeurs. Les pays européens les rejettent. Récemment, un ami du réseau Welcome m’a parlé d’un Afgan qu’il accueillait et qui a dû se suicider devant le refus de sa demande d’asile et l’OQTF (Ordre de quitter le territoire Français !  Quel drame !). Devant la crise migratoire, nous avons des solutions logiques toute faites et prêtes ! La France, l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! L’Union européenne est prête à payer des milliards à la Turquie juste pour qu’elle empêche à ces migrants d’arriver nos son territoire. J’ai même appris récemment que certains pays de l’UE proposent à des pays africains comme le Rwanda   pour être un « pays de transit » pour les demandeurs d’Asile ! Je ne sais pas si vous pouvez l’imaginer le Rwanda !  Le Rwanda est un pays minuscule, tellement dense, le plus dense d’Afrique, où les gens se marchent presque dessus ; et là, c’est à ce petit pays qui étouffe déjà qu’on demande et qui accepte d’accueillir encore des demandeurs d’asile qui veulent aller en Europe….simplement pour que cette misère migratoire ne nous atteigne pas, pour ne pas la voir de nos yeux, car voir cette misère nous obligerait forcément à faire quelque chose.

Nous n’avons qu’à les renvoyer chez eux en Afrique, en Syrie, en Irak, au Liban…tant pis s’ils meurent dans cette guerre et ces conflits même si c’est aussi nous qui les avons provoqués chez eux directement ou indirectement ! Nous oublions que ce sont certaines de nos politiques qui parfois provoquent ce chaos dans ces pays ! Certaines solutions proposées vont même plus loin : J’avais entendu un politique qui avait proposé de bombarder en pleine mer toutes ces embarcations pour qu’elles n’atteignent pas nos côtes méditerranéennes ! C’est très cynique et diabolique, mais ô combien pratique !

« Faites-les asseoir et donne-leur vous-même à manger ! » Jésus nous responsabilise. Inutile de chercher à qui la faute ! Nous sommes là devant un drame, et au lieu de disserter des heures et des heures, Jésus nous demande de réagir avec notre cœur et de tenter des solutions de cœur ! Tout d’un coup, devant l’insistance de Jésus, voici que les disciples cherchent d’autres solutions ! Ils auraient quand même pu se bouger plus tôt ! André a une tentative de solution généreuse : « Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »  Voilà comment devrait réagir un chrétien : essayer de trouver une solution, essayer d’être généreux, même si nos solutions sont être limitées.

Devant la souffrance qui nous entoure, sous sommes appelés à faire notre part, de manière généreuse et responsable et ensuite Dieu fera sa part. En effet, pour 5 mille hommes et tant de femmes et d’enfants, 5 pains et deux poissons sont « rien », un simple petit pique-nique d’un enfant perdu au milieu de la foule.  Un adage dit que ce sont les petits ruisseaux qui dont des grands fleuves. La générosité de ce jeune-garçon me fait penser à la légende du Colibri dont j’ai discuté récemment avec un couple de fiancés qui se marient en bientôt. La fiancée, travaille dans une banque, et elle n’en peut plus, elle est scandalisée de voir la misère s’accroitre alors que quelques personnes deviennent de plus en plus riches. Pour que cela puisse changer et vivre dans un monde plus juste et plus solidaire, cette demoiselle pense aux solutions politiques, structurelles et globales. Je lui parlé de cet évangile, avec ce pique-niqued’un jeune garçon qui permet à Jésus de faire le miracle le plus connu du Nouveau Testament, car le récit de la multiplication des pains est repris 6 fois dans les quatre évangiles. Pour changer le monde, nous ne pouvons pas attendre que les autres réagissent.

Nous sommes appelés à faire notre part, comme dans la « légende du colibri » : Un incendie se produit dans une forêt où il y a tous grands et petits animaux. Quelle tragédie qui provoque un sauve-qui-peut ! Mais le colibri, petit oiseau, s’en va à la mer et de bon bec, amène une goutte d’eau qu’il déverse sur le feu pour éteindre l’incendie, puis revient. Les gros animaux, lion, éléphants… se moquent de lui en lui faisant comprendre que le mieux est de se sauver, au lieu de vouloir éteindre un grand feu avec goutte d’eau alors que les canadairs n’y arrivent pas. Le colibri leur rétorqua : « moi je fais ma part et j’essaye de trouver une solution ! Peut-être que si vous aussi vous vous y mettez, vous qui êtes plus grands et plus forts que moi, nous pouvons arriver à éteindre ou au moins à ralentir l’incendie »

Cet enfant de l’évangile a accepté de mettre son pique-nique à la disposition de tous. Le miracle que l’on appelle souvent « la multiplication des pains », appelons-le aussi le « miracle du partage et du coeur généreux ». Cet enfant n’a pas encore la tête et le cœur bourrés et pollués par tous les calculs macro-économiques ! Il a simplement accepté de partager parce qu’il a un cœur et c’est cela qui provoque un miracle. Aujourd’hui encore, Jésus se sert de notre générosité de pour manifester sa puissance.

Je ne voudrais pas entrer aujourd’hui dans les considérations théologiques de ce miracle en parlant de sa symbolique eucharistique. Je voulais simplement voir, dans le geste de cet enfant, une invitation au partage dans notre société et dans notre monde devenu de plus en plus individualiste et égoïste.  Peut-être, cet évangile est un appel à penser à partager avec ceux autour de nous qui ne peuvent pas avoir les moyens de partir de vacances ! Nos mains, notre pain, nos pieds, notre bouche, notre  cœur généreux…sont les outils dont le Seigneur veut se servir pour nourrir, guérir et prendre soin de nos contemporains souffrant. Que cette eucharistie nous obtienne à chacun de nous la grâce chacun d’avoir un cœur généreux comme ce jeune garçon de l’évangile. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XVII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-07-23T19:12:42+02:00

Homélie du Père Joseph du XVI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, nous avons contemplé Jésus nous envoyant en mission deux par deux, en équipe, et nous invitant à vivre toujours des déplacements, à nous bouger, à nous donner de nouveaux objectifs et à ne jamais rester statiques. Cela nous rappelle que ce que Jésus nous demande de faire et de vivre, nous pouvons certes le faire seul, mais si nous voulons produire du fruit, Jésus nous commande de le faire en équipe ! Le hasard fait que nous venons de vivre une Coupe d’Europe de Football. La France a été éliminée très tôt, alors que nous avons des stars (Mbapé, Griezman, Girou, Kpogba, Benzema), des individualités très talentueuses mais qui n’ont pas su vraiment travailler en équipe, en cohésion. L’Italie, championne d’Europe, a su miser, non pas sur des stars – car elle n’en avait pas, mais sur le collectif, en jouant vraiment en cohésion, en équipe compacte comptant sur chacun de joueurs…. Après la leçon de dimanche dernier sur le travail et  la mission portée en équipe, Jésus  aborde aujourd’hui  d’autres thématiques  pour nous inviter à la conversion.

Dans la première lecture, le Seigneur n’emploie pas une méthode douce pour appeler à la conversion. Il le fait à travers des paroles dures que nous n’aimerions peut-être pas entendre comme ces paroles du prophète Jérémie contre les pasteurs d’Israël. Pour Dieu, parlant à travers le prophète Jérémie, les pasteurs sont coupables d’avoir mal conduit le peuple et de l’avoir conduit à sa perte : « Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage ». Ce qui est beau dans cette Parole de Dieu, c’est de voir comment l’oracle qui a commencé avec une menace se conclut par la révélation de la tendresse et miséricorde de Dieu pour son peuple : « Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur. » Cette promesse va se réaliser plus tard en Jésus Christ, le Bon Berger, le seul Vrai Pasteur.

En écoutant la parole de Dieu de ce dimanche, nous pouvons faire comme tous les bons paroissiens qui écoutent l’évangile et les homélies des prêtres pour les autres d’abord, mais jamais ou alors très rarement pour leur propre conversion. « Chéri, chérie, t’as entendu ce que le prêtre a pendant l’homélie ! On dirait qu’il s’adressait vraiment à toi !  Si mon collègue pouvait entendre ce que le prêtre a dit aujourd’hui » Pour certains chrétiens souvent, c’est comme si l’appel à la conversion n’était pas d’abord adressé à eux.  Il y a toujours cette tentation qui nous guette de penser que ces paroles dures de Dieu, prononcées par le prophète Jérémie ne nous concernent pas parce qu’elles s’adressent aux pasteurs, aux prêtres, aux autorités, à ceux qui gouvernent. Non, la parole de Dieu s’adresse d’abord à chacun de nous, personnellement.

Petits et les grands, nous sommes tous disciples du Christ qui ont, dans notre vie familiale, professionnelle, associative, ecclésiale des rôles, responsabilités et des missions. Le Seigneur nous demande de remplir des rôles avec le cœur. Chacun de nous devrait se poser en conscience la question de l’état d’esprit, la quantité et qualité d’amour avec lesquels il accomplit ses missions et responsabilités.  Dans tout ce que nous faisons, la Parole de Dieu nous invite à regarder Jésus, le seul bon pasteur que nous devons tous imiter si nous voulons remplir nos missions comme disciples.

L’Evangile de ce dimanche rappelle qu’un chrétien, disciple du Christ est d’abord appelé pour « être avec Lui, à part ». C’est ce que Jésus demande à ses disciples qui reviennent d’une mission, tous heureux de leur réussite et succès. « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ». Se mettre à l’écart pour rendre compte au Seigneur, pour se ressourcer…C’est Jésus qui les avait envoyés pour aller annoncer la Bonne Nouvelle. Au retour, c’est vers Lui qu’ils vont en premier, pour rendre compte et relire avec Lui leur mission.

Cet évangile voudrait aussi nous fait réfléchir sur la manière dont nous exerçons nos missions et services dans l’Eglise.  Au niveau ecclésial, une responsabilité est toujours est reçue : Je n’ai jamais décidé d’être curé de l’ensemble paroissial de Tournefeuille. Le pape François a été élu par les autres cardinaux. Un évêque est nommé par le pape… comme service à rendre, pas comme un pouvoir. Cela veut qu’être pape, évêque, vicaire épiscopal, formateur de séminaire, simple prêtre ou curé de paroisse, membre l’EAP, de l’équipe liturgique, SEM aumônerie, catéchisme, Secours catholique, préparation aux sacrements… Aucune de ces missions n’est une initiative personnelle, une question d’envie, de besoin d’autoréalisation personnelle : c’est d’abord notre réponse à Dieu qui appelle, confie et envoie en mission. Cela veut dire aussi que, comme les disciples du Christ dans l’évangile de ce dimanche, nous devons rendre compte au Seigneur des missions qu’il nous confie.

Cet évangile me rappelle un beau souvenir de ma vie de séminariste en théologie à Rome.   Il s’agit d’un beau témoignage de l’un des prêtres formateurs que j’ai eu la chance de rencontrer à Rome. Le père Mario Gadda était supérieur de la maison de formation. Mais il était en même temps aumônier de prison. Le matin, quand nous allions à l’université, le père Mario partait aussi à son apostolat dans la grande prison romaine de Regina Caelli. C’est la prison où le pape François est allé parfois laver les pieds des prisonniers, au point de choquer certains catholiques.  Chaque matin, avant son de partir à la prison, le père Mario passait une demi-heure d’adoration eucharistique pour être avec le Seigneur qui l’envoie à la rencontre des prisonniers.  De même, à son retour, il allait directement à la chapelle pour une autre demi-heure devant le Saint Sacrement pour rendre compte au Seigneur de sa mission et lui présenter tous les visages des prisonniers qu’il avait rencontrés.

Cet évangile est un beau cadeau que Dieu au moment où nous sommes déjà ou nous nous apprêtons à partir en vacances d’été.   Heureux de retrouver nos proches et amis après une année éprouvante à cause de cette pandémie, nous sentons le besoin de nous poser, de nous reposer, de couper avec les tralalas professionnels. Nous méritons ce repos et ces retrouvailles pour refaire nos forces, être boosté afin de mieux servir à la rentrée… Alors, nous aussi, comme les disciples revenus de leur mission, mettons-nous un peu à l’écart de temps en temps avec le Seigneur pour faire le point sur notre vie personnelle, professionnelle, spirituelle, familiale, ecclésiale. Si possible, profitez de l’été pour vivre une halte spirituelle, un petite de retraite, tout seul ou en couple, en famille ou avec des amis. Ce repos physique sera ainsi accompagné de beaucoup de grâces spirituelles pour approfondir notre relation avec le Seigneur sans lequel notre vie risque de rester fade et sans saveur. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XVI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-07-14T20:59:23+02:00

Homélie du Père Joseph du XV° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs

Dimanche dernier, Jésus nous rappelait la série des difficultés et les fiascos auxquels s’attend un prophète qui témoigne et prêche dans un milieu trop connu « un prophète n’est méprisé que dans sa maison, sa parenté, sa propre famille ». Pourtant, ce mépris dont nous pouvons être victimes et autres obstacles ne doivent pas nous empêcher d’annoncer la Bonne Nouvelle dans nos familles, villages, villes, et cercles trop familiers. Accueillie ou rejetée, la Parole de Dieu que nous proclamons garde toute sa puissance même si nous ne constatons pas des résultats immédiats, car, comme dit le pape François, le temps est plus important que l’espace. Les fruits arrivent parfois longtemps après, même si ce sont d’autres personnes qui les récolteront : certains sèment, d’autre arrosent, et plus tard, ce sont d’autres qui récoltent les fruits, mais dans tout cela, c’est Dieu qui est à l’œuvre car c’est lui qui donne la croissance !

Pour nous montrer qu’il ne faut jamais baisser les bras ni se décourager, ce même Jésus qui a fait l’expérience de l’échec dimanche dernier dans son propre village, aujourd’hui il nous donne une leçon : quand vous avez fait une expérience et que vous avez trouvé que cela ne marche pas, au lieu de laisser tomber et de vous décourager, il nous faut changer de stratégie, tester une autre méthode et se faire aider.

Aujourd’hui, Jésus appelle les Douze et les envoie en mission deux par deux. Chaque fois que Dieu nous appelle, il nous met sur un chemin, nous fait voyager. Un chrétien ne s’installe jamais dans une vie bien tranquille, mais il doit cheminer, se bousculer, avoir toujours de perspectives, des objectifs nouveaux, ouvrir de nouveaux sentiers parce que la mission ne peut vieillir mais se renouvelle car le Dieu que nous annonçons est une actualité toujours nouvelle. Le pape François nous rappelle sans arrêt que si nous voulons que le Christ soit connu et aimé, nous devons être des disciples-missionnaires qui vivent une conversion à la fois personnelle et pastorale. La mission qui nous est confiée est toujours nouvelle même si son contenu est le même hier, aujourd’hui et demain : le Christ Ressuscité. Penser la vie chrétienne, pastorale et ecclésiale de manière statique, immuable, nostalgique, figée dans le passé risque faire mourir l’Eglise. La mission nous oblige forcément à faire des déplacements, des conversions, et à tenir compte du contexte spatio-temporel en mutation dans lequel le Christ se donne.

Jésus envoie ses disciples deux à deux, et non pas seul, un à un ! La première mission est sans parole. C’est d’abord le témoignage d’être, de marcher et de travailler ensemble, l’un à côté de l’autre en unissant les forces.  Quand nous étions séminaristes, lors de nos sorties de dimanche après-midi, on nous disait de respecter ce principe : ne jamais sortir seul, mais toujours en groupe, au moins à deux. C’est pour cette raison que les congrégations n’envoient jamais un seul membre quelque part, dans une paroisse, mais toujours à deux ou trois.  Un scoop !  Il se peut qu’il y ait une communauté de trois religieuses qui s’installe à Saint Simon, sur notre ensemble paroissial dans les prochains mois. Priez pour cela. Les démarches sont en cours par le diocèse.

La première chose qui donne envie de se joindre à une équipe en pastorale, quelle qu’elle soit, c’est la qualité des relations fraternelles entre les membres. Voyez comme ils s’aiment, disaient les gens quand ils voyaient les premiers chrétiens à Jérusalem. Une mission vraiment chrétienne et ecclésiale ne peut se vivre dans la solitude, seul dans son coin. Jésus envoie ses apôtres deux par deux parce qu’il sait qu’ils sont différents et qu’ils doivent mettre leurs différences au service du même projet, se soutenir pour pallier aux fragilités mutuelles et profiter des charismes et dons les uns des autres. Saint Paul nous rappelle que nous sommes tous membres du même corps et que chaque membre est appelé à travailler pour le bien du corps entier, et c’est l’harmonie entre les différents membres qui permet au corps d’être en bonne santé.

Travailler seul, c’est courir le risque de faire mourir la mission et faire obstacle à la croissance de Parole de Dieu et de l’Eglise. Le père François Chaubet, curé de Cugnaux et Villeneuve parle souvent des chrétiens engagés qui font la pastorale du Pin parasol : seul, efficace, qui fait de l’ombre surtout quand il fait chaud… mais qui ne laisse rien pousser à côté de lui. J’entends parfois des paroissiens pleurer et se plaindre du manque de nouveaux membres, de la pauvreté des équipes et services… mais en même temps, ces mêmes gens sont incapables de laisser une petite place à un nouveau qui arrive pour aider. Nous faisons ainsi fuir tous ceux qui voudraient s’engager.

Un autre point important dans cette pédagogie missionnaire est celui-ci : « il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton » ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Non seulement il y a l’ami qui nous soutient, mais Jésus nous conseille aussi de nous appuyer sur le bâton du pèlerin et du missionnaire, un bâton pour s’y appuyer quand nous sommes fatigués. Ces disciples partent sans rien, dépouillés. La semaine dernière, je discutais avec le père Joseph Dao qui fait les cartons actuellement. Il me disait : « C’est difficile et compliqué de faire les cartons quand on a fait 13 ans quelque part : on accumule ! » Et pourtant, nous savons tous combien il vit simplement et de très peu. Il nous faut faire le tri, jeter… Même les prêtres ne sont pas vaccinés contre la tentation d’amasser habits, livres, meubles… J’ai fait la même expérience il y a deux ans, après avoir passé 9 ans dans une paroisse : on amasse sans le savoir et on se rend compte que nous avons des choses qui encombrent et que nous n’avons pas touchées depuis des années. Cela reflète notre manque de confiance. Pensez à toutes les assurances et garanties que nous souscrivons : assurance vie, assurance voyage, annulation, panne, garantie pour tel appareil… Le Seigneur nous appelle à lui faire confiance et faire confiance en la générosité des gens qui nous entourent. Je sais par expérience que qui fait confiance au Seigneur ne manque de rien : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ». Même pendant ces vacances d’été, essayons d’être légers.

Très souvent, par orgueil sûrement, nous pensons que la mission dépend principalement de nos grands moyens au point d’oublier que c’est le Seigneur qui nous envoie qui est le premier protagoniste de la mission qu’il nous confie. C’est d’abord son œuvre. La pauvreté, même en pastorale, est une belle la grâce ! Quand on sait qu’on est pauvre, on est modeste et humble, on cherche de l’aide, on appelle les gens, on sait s’appuyer sur les autres. Combien des gens sont allés s’investir dans une autre paroisse parce que, quand ils ont proposé leurs services dans leur paroisses territoriales, on leur a dit qu’on n’avait pas besoin d’eux…. Plus on est riche, plus on croit n’avoir besoin de rien et ni de personne, dans la vie et en pastorale, on étouffe les charismes et on appauvrit l’Eglise. Puisse le Seigneur nous donner cette grâce de la confiance, du dépouillement et de cette pauvreté qui nous rendent tellement riches de Dieu et des autres. Amen.

Homélie du Père Joseph du XV° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-07-11T20:51:35+02:00

Homélie du Père Joseph du XIV° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Jésus est un missionnaire infatigable, qui se donnait sans compter, parcourant villages et villes pour enseignerguérir, annoncer la Bonne nouvelle du Royaume. Pour reprendre l’expression chère au pape François, Jésus est un missionnaire qui allait dans les périphéries d’Israël sans se fatiguer, passant de ville en ville, de village en village. Il fait infiniment plus qu’un prêtre de campagne qui doit couvrir une dizaine des villages, comme le père Joseph Dao qui s’en va dans le rural où il doit servir 17 clochers. Jésus ne compte pas les kilomètres. Cependant, même les grands travailleurs et missionnaires ont besoin de repos, de retrouver la famille, revenir aux sources, Jésus aussi revient à la maison.  Bientôt le père Josselin et Kouamé vont partir en vacances. Moi j’y était en janvier. Je pense aussi à tous ceux qui, en cette période des vacances, vont pouvoir se reposer un peu en famille, avec les amis, retrouver des gens qui vous n’avez pas vu depuis longtemps en plus à cause du la pandémie.

Dans l’évangile de ce dimanche, il est instructif de voir Jésus revenir à la maison ! Cela nous montre qu’il est profondément humain et que rien de ce que nous pouvons vivre ne lui est étranger ! Ce retour à Nazareth est une leçon pour ceux qui ne pensent ou ne peuvent prendre des vacances, faute de temps ou parce qu’ils pensent qu’il y a trop de boulot. En ce temps de vacances, pensons et prions toutes ces personnes qui vont partir ou revenir dans les lieux familiers, lieu de leur naissance, de leur enfance, lieu de souvenirs familiaux, des cousinades…. ces rassemblements familiaux que l’été nous donne l’occasion de vivre, mais  qui sont aussi parfois source de tension dans  nos familles.

Mais, même là aussi, nous devons annoncer la Bonne Nouvelle comme Jésus nous le montre à Nazareth ! Pour Jésus, tout lieu, même la famille, son village, sont aussi les lieux et les occasions favorable d’évangélisation.  Il a prêché dans sa Nazareth natale. Toutefois, l’évangile nous rappelle qu’évangéliser et témoigner de sa foi en famille et dans les lieux familiers n’est pas une tâche facile. Jésus qui suscitait enthousiasme, admiration et foi, celui devant qui s’émerveillaient les foules dans les autres villes, lui-même et son message ont du mal à passer dans son village natal. C’est l’occasion de formuler la célèbre maxime qui concerne tous les prophètes : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Si cela est arrivé à Jésus, le plus grand des prophètes, ce n’est pas étonnant que cela arrive aux prophètes lamda que nous sommes dans nos familles et nos Nazareth propres. Je me rappelle quand je suis revenu, après la profession religieuse, dans mon quartier habillé en soutane blanche, en été 2000. Je rencontre une camarade de lycée qui me dit : « Non, Joseph, tu es prêtre ! On aura tout vu ! ». Rassurez-vous je n’étais pas un mauvais garçon ! Mais pour cette collègue, c’était inconcevable de voir un camarade de classe devenir un religieux… et pourtant Dieu sait que je n’étais pas un mauvais garçon au lycée. Pensez à un journaliste, un grand patron ou un homme politique qui ose avouer publiquement, à la radio ou sur un plateau de télévision qu’il est chrétien, en France ! Il a signé sa mort médiatique et politique !

Dans la première lecture, nous contemplons la vocation du prophète Ezéchiel est qui marquée aussi par le refus du peuple. Le prophète Ezéchiel se rend compte très rapidement que Dieu l’appelle à prendre sa part au refus même de Dieu : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi.  Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi.  Les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné ; c’est à eux que je t’envoie. »

Cela veut dire que chaque prophète est appelé pour porter et sentir dans sa propre chair le refus de Dieu, de la part des hommes et des femmes de son temps, au point d’être nous-même rejetés. C’est une manière de porter sa croix, de participer à humiliation que Jésus a subie. Si nous n’en avez pas encore fait l’expérience du refus, cela veut dire que votre maturité prophétique n’est pas encore arrivée. En observant les habitants de Nazareth devant les miracles, la sagesse et la prédication de Jésus, nous recevons quelques leçons pour nous aujourd’hui, en ce moment où Jésus nous redit que nous devons témoigner de lui chez nos amis et dans nos familles en cette période d’été.

L’évangile nous dit que dans la synagogue de Nazareth, « nombreux étaient frappaient d’étonnement ». Ils se rendent compte qu’il y a quelque chose de nouveau. C’est comme quand nous allez proposer, en rentrant chez vous pour le déjeuner de faire un bénédicité, ou bien ce soir, en sollicitant toute la famille pour faire une petite prière avant d’aller au lit. Cette demande va en émerveiller certains, mais d’autres risquent de vous prendre pour un fanatique.surtout si  les gens prétendent vous connaître trop bien ! « Non, ce n’est pas lui. Il doit être sous la coupe du curé, d’un groupe chrétien », encore si l’on ne dit pas que vous faites partie d’une secte ! Trop connu pour être un prophète ! La prétendue connaissance que les habitants de Nazareth ont de l‘enfant du pays devient un obstacle à la réception de la nouveauté de ses paroles et de ses actions. Marc conclut par une formule lapidaire : « Et ils étaient profondément choqués à son sujet. »

Pour la première fois, Jésus est appelé « charpentier » dans l’évangile de saint Marc. Ce qualificatif, dans la bouche de ses concitoyens exprime plus qu’un simple attribut : En Israël, presque tous possédaient un petit lopin de terre à cultiver pour se nourrir. Celui qui l’avait perdu pour diverses raisons, pour survivre, devait faire faire de petits boulots modestes. Parmi ces petits boulots, il y avait des petites réparations, du bricolage avec du bois : un travail d’artisan qui ne gagnait pas beaucoup d’argent et que personne n’avait envie de faire. Ce boulot, Jésus l’avait appris de son père Joseph. Aujourd’hui, pensons à tous ces métiers et travaux qui sont méprisés, qui laissent à désirer et que personne ne voudrait voir faire son enfant. La pandémie nous a révélé tous ces métiers, jadis méprisés, mais que nous avons découvert comme essentiel. Lors de notre dernier conseil pastoral de doyenné, un monsieur travaillant chez Airbus nous a rappelé que grâce à la pandémie, ils ont finalement pu connaitre, échanger et remercier la personne qui nettoyait les chaises dans le self de l’entreprise.

« N’est-il pas le charpentier ? » Cette expression nous dit aussi ce que furent les 30 ans de la vie cachée de Jésus à Nazareth avant sa mission publique : une existence absolument anonyme comme n’importe qui, à tel point que, pour les Nazaréens, cela est incompatible avec ce que Jésus fait des miracles, enseigne avec assurance et autorité. Ils n’ont jamais vu les grands rabbins, bien connus et beaucoup mieux instruits, faire cela, et ce ne peut être possible pour un simple charpentier. En plus, les gens savent bien de quelle famille il provient. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ?  Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? »

L’émerveillement du départ s’efface devant cette connaissance trop commune et familière. Les cœurs se ferment au lieu de s’ouvrir à la foi.  Ne laissons pas Dieu devenir trop familier, tellement habituel, tellement proche, tellement commun au point de nous fermer à toute nouveauté qu’il peut apporter dans nos vies. Nous courons le risque que Dieu devienne tellement familier de nous, par nos missions, l’eucharistie, les études, la lecture de sa Parole au point de bloquer en nous la disponibilité intérieure à toute nouveauté qu’il veut nous proposer pour nous émerveiller. Ne devenons pas de experts de la religion, du rite liturgique, de la pastorale, de l’eucharistie dominicale ou quotidienne, de la prière communautaire, mais ouvrons-nous à ce Dieu tellement proche, mais toujours nouveau et dont l’amour se renouvelle pour nous chaque matin.

Que cette eucharistie nous obtienne la grâce de ne pas nous habituer au Seigneur, mais de nous émerveiller sans cesse de la nouveauté de son Amour, de l’actualité permanente de sa Parole et de qu’il fait en nous, par nous, pour nous et autour de nous. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XIV° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-07-02T19:13:40+02:00
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