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Homélies des messes

Homélie du Père Joseph de la commémoration des fidèles défunts, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !
L’anniversaire d’un proche, d’un ami, un membre de notre famille est toujours une occasion spéciale pour lui dire et nous montrer combien nous l’aimons, combien nous tenons à lui. Le cadeau que nous lui offrons à cette occasion est une petite démonstration de l’amour et l’affection que nous avons envers lui. Ainsi, ce jour, qui est la commémoration des fidèles défunts, est une occasion spéciale pour montrer et dire à nos proches qui ont quitté ce monde avant nous que nous les aimons encore. Même s’ils sont partis depuis très longtemps ou il y a peu de temps, leur présence et l’amour que nous leur portons garde en nos coeurs, et surtout dans le cœur de Dieu, une marque indélébile. L’amour ne meurt jamais ! L’amour est plus fort que la mort !
La commémoration des fidèles défunts est, dans cette perspective, une fête de l’amour : l’amour partagé dans le passé, quand ils étaient encore pèlerins sur terre avec nous, mais aussi l’amour qui reste malgré l’absence physique causée par la séparation de la mort. Pour les chrétiens, la commémoration des fidèles défunts est la fête de l’amour parce que nous aimons nos morts et croyons aussi qu’ils sont plongés dans la vie éternelle, comme le rappelle Jésus dans l’évangile selon saint Jean : « Or la volonté de mon Père, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés mais que je les ressuscité tous au dernier jour ! »
Même si ce jour est abusivement appelé parfois, « le jour des morts », en réalité, c’est le jour des vivants : nous ne célébrons pas le souvenir des personnes qui ont disparu pour toujours, mais nous faisons mémoire des vivants, mais qui vivent dans une autre dimension. C’est cela que nous appelons « la communion des saints ». Quand nous parlons de nos défunts, rappelons-nous toujours que ce sont leurs corps qui ont disparu, mais que leurs âmes continuent à vivre.
La douleur que nous ressentons pour leur éloignement révèle la « beauté collatérale de la mort ». C’est le signe qu’il y a eu l’amour et que cet amour demeure. S’il n’y avait pas cette douleur, la souffrance et la tristesse, cela aurait signifié qu’il n’y a jamais eu d’amour entre nos défunts et nous. Mais, nous souffrons, nous sommes tristes parce que nous sentons au fond de nous cette absence, ce manque de d’amour que nous avons jadis reçu et partagé avec nos proches qui sont auprès du Père. Tel est le destin paradoxal de l’amour : celui de provoquer la tristesse au moment de la séparation, et le caractère inéluctable de cette tristesse est la condition même de l’amour. Refuser d’aimer pour ne pas souffrir, c’est la chose la plus triste que nous puissions faire. Ne peut aimer que celui qui souffre. Celui qui n’aime rien et personne ne peut savoir ce qu’est la douleur, et ne peut savoir ce qu’est l’amour.
C’est la beauté paradoxale de la mort. Non seulement elle révèle la dimension de notre amour, mais encore, elle révèle la grandeur de notre foi. Jésus a vaincu la mort. C’est le cœur de la foi chrétienne. La mort n’a pas le dernier mot. Un jour, nous nous retrouverons auprès du Père avec ceux qui nous ont précédé dans la mort. S’il n’en était pas ainsi, la vie aurait été le plus grand mensonge, une farce et un théâtre de l’absurde. Parce que nous savons qu’il existe la nouvelle et vraie vie future remplie de sens et de beauté parce qu’illuminée par la présence du Christ ressuscité, Vainqueur de la mort par sa mort et sa résurrection.
Notre participation à la messe de ce jour, la visite et le recueillement dans les cimetières, les intentions de messes que nous demandons pour les défunts ainsi que notre prière pour eux sont le plus cadeau que nous puissions leur offrir. En faisant ainsi, c’est comme si nous disions à chacun de nos défunts : « Non, nous ne t’oublions pas ! Nous continuons à t’aimer et à te recommander aux soins du Père Céleste qui t’aime d’un amour infini ». A travers la communion des saints, nous sentirons la douceur de chacun d’eux nous dire, en réponse : « Moi non plus, je ne vous oublie pas et je continue à t’aimer ». Seigneur, Consolateur des affligés, prends soin de nos défunts, en attendant le jour glorieux où nous nous reverrons avec eux auprès de toi, après notre pèlerinage sur la terre. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la commémoration des fidèles défunts, année B (2024)2024-11-04T13:45:30+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Dans la tradition religieuse juive, on recite chaque jour une prière appelée le « Shema Israël ! », c’est-à-dire « Ecoute Israël ».  C’est comme le crédo pour les catholiques ! Cette prière est donnée dans la première lecture et l’évangile de ce dimanche : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur.  Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé ; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville » (Dt 6, 4-9). Ce texte est le sujet de l’échange entre Jésus et un scribe dans l’évangile.

En étudiants la Torah, c’est-à-dire la Loi de Moïse, constituée par les 5 premiers livres de la Bible, appelée aussi le Pentateuque, les spécialistes juifs en avaient tiré plus de 600 préceptes plus ou moins importants les uns que les autres. Dans ce code de la Loi, les Dix Commandements donnés à Moïse étaient les plus importants. Pouvez-vous retenir 600 préceptes et s’en rappeler dans son comportement quotidien ? Ces préceptes sont pourtant le trésor législatif et religieux des juifs à l’époque de Jésus.

Etant donné la difficulté d’assumer et hiérarchiser ces 600 préceptes, le scribe de l’évangile de ce dimanche veut aller à l’essentiel. Il voudrait observer fidèlement l’essentiel et la substance de la Loi. C’est pour cette raison qu’il demande à Jésus quel est le principal commandement. Jésus lui répond en citant le « Shema Israël » qui souligne que le premier devoir du croyant est d’aimer Dieu de toute son âme, son cœur, son esprit et ses forces.

Mais Jésus ne s’arrête pas là ! Il ajoute immédiatement quelque chose qui ne lui est pas demandé, un deuxième commandement : « Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Par ce complément de réponse, Jésus rappelle le lien étroit et indissociable entre l’amour de Dieu et celui du prochain. C’est le cœur de morale chrétienne ! Chaque être humain est appelé à aimer Dieu, comme réponse à l’amour que Lui, le premier, a reversé et déverse dans cesse en nous.

            Aimer Dieu signifie le respecter, l’honorer, faire sa volonté, en particulier en aimant ceux que Lui-même aime, c’est-à-dire, tous ses enfants, nos prochains, nos frères et sœurs dont il est à la fois le Créateur et le Père. « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection » (1Jn 4, 10-12)

Celui qui n’aime pas son prochain ne peut pas prétendre aimer Dieu. C’est l’amour du prochain rend crédible notre amour pour Dieu.  Sans l’amour du prochain, notre foi, notre amour pour Dieu reste finalement quelque chose de purement conceptuel et cérébral. C’est cela que souligne saint Jean : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1Jn 4, 20-21).

Je revois encore une scène qui m’a maqué il y a quelques années : un enfant de 5 ans qui, lors d’une messe, était heureux donner le geste de paix à ses voisins. Il s’est retourné, grand sourire aux lèvres, pour donner la paix autour de lui… Quelle fut sa déception de voir le paroissien qui était à sa droite refuser de lui serrer. Vous savez pourquoi ?  Pour le paroissien, au moment du geste de la paix, le Christ est déjà présent dans le pain et le vain consacré…. et qu’il ne fallait plus faire du bruit,  mais se mettre à genou, aimer et adorer le Seigneur présent sur l’autel. C’est cela la contradiction entre penser aimer Dieu et manquer d’amour pour son prochain, un petit enfant qui découvre encore la dimension ecclésiale de l’eucharistie.

Celui qui n’aime pas le prochain ne peut en réalité aimer Dieu, et celui qui n’aime pas Dieu ne trouvera jamais les motivations les plus fortes pour aimer le prochain. Quand Dieu nous remplit d’amour, cet amour déborde et doit se déverse sur ceux qui nous entourent. C’est un binôme que nous sommes appelés à tenir.

Mais alors, en quoi consiste l’amour du prochain ? Cela ne signifie pas tout accepter, tout avaler, mais tirer l’autre vers le haut et chercher son salut et non pas le garder dans ce qui risque de le perdre. Aimer le prochain, c’est aussi vivre les béatitudes entendues à la Toussaint : être pauvre de cœur, être doux, être artisan de paix… Aimer, c’est aussi incarner certaines paraboles, comme celle du Bon Samaritain, le Jugement dernier dans l’évangile de Mt : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». L’amour est concret !

Pour aimer l’autre, il faut le connaitre. Alors, cherchons à connaitre le Seigneur un peu plus chaque jour pour mieux l’aimer. Pour aimer le prochain, il nous faut nous approcher de lui, comme le bon samaritain qui se penche sur le mourant tombé entre les mains des brigands.  Seigneur, donne-nous de chercher à te connaitre pour mieux t’aimer et aimer en vérité notre prochain. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXXI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:02:19+01:00

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Je vais choquer certains parmi vous !  Si vous êtes habitués à vénérer les saints, à les auréoler, à penser qu’on ne peut pas s’en approcher, tellement intouchables, tellement irréprochables, parfait depuis le sein maternel jusqu’à leur mort, mon propos va vous choquer. Il nous faut présenter les saints, ces champions de la foi, en les descendant parfois de leurs autels, du piédestal, en soulignant le fait que la sainteté n’est pas réservée aux supermen, mais que c’est quelque chose qui est destinée et à la portée des tous ! On devient saint seulement si l’on dispose et on ouvre son cœur à la grâce infinie de Dieu. Que d’erreurs commises par ceux qui veulent parlent des saints en voulant les présenter comme des femmes hommes forts dans la vertu, tellement irréprochables, impeccables en tout blancs comme neige. En faisant ainsi, on a rendu la sainteté tellement lointaine, inatteignable pour le commun de mortel que nous formons vous et moi.

Par exemple, quelqu’un a écrit la vie à saint Louis de Gonzague. Il voulait tellement le purifier de tout défaut et édifier les lecteurs et les fidèles qu’il a affirmé que ce saint, encore bébé qui, refusait de s’alimenter et de prendre le lait maternel tous les vendredis de carême ! Ça fait rire ! Un bébé qui jeûne pendant le carême, alors que les adultes n’essayent même pas de le faire ! C’est édifiant non ! Arrêtons l’hypocrisie ! Je ne crois pas à cette sainteté.  Mais lorsque les saints parlent d’eux-mêmes, sans intermédiaires, là, ils nous mettent à l’école de la sainteté parce que les saints sont capables de mettre le doigts sur leurs défauts et nous montrer comment ils se sont laissé toucher par la Miséricorde infinie de Dieu.

Les saints nous montrent que leurs vies sont remplies de quelques vices.  Padre Pio qui pouvait parfois être insupportable ou Saint Jérôme était très colérique ! Saint Augustin aimait tellement la bonne chair dans tous les sens… L’orgueil et la violence de saint Paul ! Pensons à tout le mal qu’il a fait au x premiers chrétiens avant de rencontrer Jésus sur le chemin de Damas, ou à ses conflits et querelles avec saint Pierre. Certains saints ont même eu des pensées suicidaires ! Sainte Elisabeth Anne Seton tenta même de se suicider avant sa conversion ! Saint Ignace de Loyola a découvert ont découvert que sa santé mentale s’était dégradée après leur changement de vie et pris de scrupule, il s’était à un certain moment convaincu qu’il n’y avait plus d’espérance pour lui et seule la peur d’offenser Dieu l’a empêché de se jeter de la fenêtre. Une belle figure de sainteté très les jeunes, vénérée à l’abbaye de Boulaur, Claire de Castelbajac allait même en boite de nuit au cours de ses études à Rome, avant sa conversion. On peut allonger la liste !! Oui, les saints avaient des défauts et des vices, marqués par le péché, comme vous et moi.

Il suffit de reconnaitre qu’on n’est pas toujours honnête, que nous sommes même souvent malhonnêtes, pas toujours purs et impeccables dans nos actes, nos paroles et nos pensées, et que malgré notre foi, nous sommes des hommes et femme conscients d’avoir fauté, de fauter souvent et que nous sommes encore en chemin, un chemin qui reste long mais que le Seigneur nous accompagne, nous appelant à reconnaitre nos fautes et de fournir des efforts pour changer de vie. C’est cela le chemin de la sainteté.  Sainte Bernadette de Lourdes dit : « Je voudrais qu’on nous dise les défauts des saints et comment ils ont fait pour les corriger, cela nous aiderait plus que leurs miracles et leurs extases ! »

La fête de la Toussaint nous appelle à regarder notre vie et d’essayer graduellement, pas à pas, de corriger nos défauts, à la lumière de béatitudes qui sont le programme qui nous est donné par Jésus pour devenir saint.

Heureux les pauvres de cœur ! Il est temps de devenir pauvre de cœur, c’est-à-dire, si jusque-là tu es égoïse, centré sur toi-même, ton cœur attaché aux choses de ce monde, il est temps de commencer à t’en détacher petit à petit et de t’ouvrir à la grâce Dieu et aux autres.

Heureux les doux ! Retrouve la douceur du cœur, si tu as un caractère arrogant, écrasant et agressif, cherche à être doux et gentil avec les autres, au travail, en famille, dans la rue.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice ! Deviens juste, et si tu as commis des injustices, arrête d’être l’ami du mensonge et de la corruption ! Bats-toi pour la justice !

Heureux les miséricordieux ! Tu as assez maltraité les autres ! Ne sois plus violent et sans pitié envers eux. Souviens-toi que, comme ton collègue, tu n’es pas parfait et que tu as aussi des défauts. Alors, sois un peu plus indulgent envers les autres.

Heureux les cœurs purs ! Tu t’es tellement abimé le corps et l’âme avec toutes ces addictions qui te rendent impurs, avec les médias, l’internet et les réseaux sociaux : il est temps de purifier ton corps et ton âme qui sont le temple du saint Esprit. Ne laisse plus le mal abîmer ton âme.

Heureux les artisans de paix ! Tu as trop fait la guerre aux autres, tu les as maltraités avec ton caractère tyrannique et bagarreur ! Sois désormais patient envers eux et cherche à te réconcilier avec tes proches, ton entourage, tes collègues.

Jésus n’exige pas que nous soyons saints et immaculés depuis notre enfance, mais que nous devenions des saints, progressivement, même si nous sommes blessés par beaucoup de défaut et des péchés dans notre histoire personnelle. Alors, même si tu ne l’es pas encore, sache que Jésus t’appelle à le devenir. Amen.

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année B (2024)2024-10-31T10:26:27+01:00

Homélie du Père Justin du XXX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mc 10,46-52

Chers frères et sœurs, vous vous souvenez des paroles de Jésus en conclusion de l’Évangile que nous avons proclamé dimanche dernier : Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir ; et il enseigne à ses disciples que celui parmi eux qui veut être grand sera le dernier et le serviteur de tous.

Et l’Évangile que nous avons proclamé aujourd’hui – et qui suit immédiatement ces paroles de Jésus – est là pour illustrer ce que cela signifie servir et non être servi, être le dernier et le serviteur de tous…

L’Évangile trouve important d’illustrer les paroles de Jésus, puisque nous pouvons très bien entendre ces paroles, les trouver belles et les appliquer, mais tout en nous cherchant nous-mêmes, notre gloire personnelle dans le service, tout en cherchant à nous donner le beau rôle.

Et quand nous lisons l’Évangile – je fais cette remarque générale – nous devons nous intéresser aux personnes présentes, pas directement à Jésus, si nous voulons comprendre le comportement de Jésus et ses paroles, nous devons nous intéresser avant tout aux personnes présentes, avec lesquelles Jésus est en relation.

Si nous allons directement à Jésus en réalité nous formons des malentendus, nous allons dans le mur, comme on dit familièrement.

Nous nous trouvons en présence de Jésus et d’une foule considérable, des disciples et de Bartimée, nous dit l’Évangile.

Nous devons nous intéresser à la foule, aux personnes de cette foule, l’Évangile nous donne des indications, il nous donne toujours des indications. Il nous dit que quand Bartimée demande aux personnes de cette foule quelle est la cause de cette agitation on lui répond que c’est Jésus le Nazaréen qui passe, Jésus de Nazareth.

Jésus de Nazareth c’est une formule très sobre, neutre, comme on appellerait n’importe qui d’autre avec son nom et la ville d’origine.

Si on parle d’un homme de notre ville on dit Un tel fils de, comme Bartimée fils de Timée, si on parle d’un homme d’une autre ville on dit Un tel de telle ville, c’est la désignation à minima.

Tandis que Bartimée de son côté appelle Jésus : Fils de David, c’est-à-dire le Messie, et il dit : Aies pitié de moi, il lui adresse une prière. Le contraste est saisissant !

Cela veut dire que pour la foule Jésus n’est pas le Messie.

Alors pourquoi le suit-elle ? il faut imaginer que c’est par curiosité. Il est célèbre et surtout il est sur le point d’entrer à Jérusalem, et la curiosité croit à mesure qu’il s’approche de la capitale religieuse, il y a une tension et avec elle une curiosité croissante.

Donc c’est une foule qui n’est pas bienveillante et qui n’est pas malveillante non plus, qui est curieuse. Et Jésus va répondre à cette curiosité avec les paroles de la profession de foi de Bartimée.

Quand Bartimée crie : Fils de David, accompagné de la prière qu’il lui adresse, Jésus demeure sans réaction non pas par indifférence mais pour faire entendre à tous la profession de foi de Bartimée, qui coopère et crie de plus en plus fort. Jésus et Bartimée font entendre cette profession de foi à ceux qui dans la foule voudront l’entendre et commencer à réagir.

Et puis quand il dit Appelez-le, pour qu’ils aillent le chercher, ce n’est pas par froideur que Jésus ne va pas à lui mais pour impliquer les personnes qui le veulent dans la foule, pour les faire participer personnellement à la requête de Bartimée et au salut donné par Jésus.

Et en effet il y a des personnes qui s’avancent et qui vont chercher Bartimée avec enthousiasme !

Donc on commence à voir ce que cela signifie être au service. Cela signifie manifester la confiance envers les personnes, leur faire entendre une profession de foi sincère et leur donner de participer, d’être actifs dans le salut.

Et nous voyons aussi ce que cela signifie ne pas être servi. Nous voyons que le comportement de Jésus peut être compris de travers, il peut être mal jugé. Jésus peut être considéré comme indifférent alors qu’il est tout sauf indifférent.

Il peut être jugé comme froid et distant alors qu’il veut laisser la place à d’autres d’agir et de s’exprimer dans le salut que lui-même donne et lui seul peut donner.

C’est un malentendu qui se retrouve souvent parmi les personnes qui sont loin de la foi et même parmi les disciples du Seigneur, le sentiment que Dieu est indifférent, qu’il ne répond pas à nos appels, qu’il n’intervient pas pour faire cesser les injustices. Donc même s’il existe, ce Dieu ne nous intéresse pas.

Et parfois on trouve ce malentendu même dans des commentaires de l’Écriture – je le dis pour montrer à quel point Jésus s’expose à être mal compris. Des théologiens ont parfois dit que Jésus ne va pas vers Bartimée et fait venir Bartimée à lui parce qu’il est Dieu et il ne convient pas que ce soit lui qui vienne à Bartimée mais le contraire.

Donc Jésus s’expose aux malentendus – mais avec lui tous ses disciples sont exposés aux malentendus, tous connaissent des moments où leur comportement est mal interprété.

Donc voilà ce que cela signifie servir et ne pas être servi, c’est être souvent mécompris…

Et puis nous devons regarder le comportement de Bartimée parce qu’il est pour nous l’exemple du disciple, celui qui est pleinement disciple, qui est le dernier et le serviteur de tous.

Sa profession de foi est très forte, il dit de Jésus qu’il est le Messie, et puis il le prie : Aie pitié de moi. Lui qui est aveugle – paradoxalement – c’est lui qui reconnait en Jésus Dieu qui est présent parmi nous, qui vient au-devant de nos nécessités.

Et puis il répète sa profession de foi sans se décourager, sans prendre le silence de Jésus pour de l’indifférence, et en pressentant que sa profession de foi a une raison d’être qui va au-delà de lui.

Et quand il arrive auprès de Jésus il l’appelle maître mais avec un terme affectueux, Rabbouni, qui démontre qu’il n’a vu dans le comportement de Jésus aucune froideur et qu’il comprend que Jésus est en train d’agir et d’enseigner.

C’est cela qui représente un témoignage de foi, ce ne sont pas les prodiges. C’est d’une part la confiance que Jésus manifeste envers chaque personne sans exception. Il voit en chacun une personne créée à image de Dieu, destinée à devenir fils et fille de Dieu, il a confiance dans la bonté et la profondeur de vérité de chaque personne, malgré tous les malentendus que son apparente passivité peut engendrer.

Il fait confiance à chaque personne pour cheminer, pour entendre les professions de foi des disciples et participer, quand est donnée l’occasion, à l’œuvre du salut.

Et puis à cette confiance du Seigneur correspond la confiance des disciples, la confiance qu’ils partagent envers leur Seigneur et envers son œuvre, la confiance dans l’œuvre de la grâce dans la vie de chacun par le moyen d’eux-mêmes, de leur coopération et de leur profession de foi.

 

Homélie du Père Justin du XXX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:15:21+01:00

Homélie du Père Justin du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Chers frères et sœurs, nous critiquons beaucoup les disciples, ces dernières semaines particulièrement, dans l’Évangile, nous voyons les défauts des disciples et nous les critiquons. Et ceci est vrai aussi entre nous. Nous nous critiquons beaucoup les uns les autres, nous nous critiquons nous-mêmes, nous voyons seulement nos défauts.

Et pourtant les disciples du Christ sont très beaux, vraiment, leur parcours est très beau, aujourd’hui, hier, et réjouit le Seigneur. Bien sûr il y a des loups qui se glissent parmi les disciples mais les disciples en tant que tels sont très beaux, leurs sentiments sont beaux aussi. Et il faut sans doute commencer par le voir dans les disciples tels qu’ils apparaissent dans l’Évangile.

Certes on aperçoit leurs défauts, mais aussi la noblesse de leurs sentiments, on voit leur parcours avec ses difficultés et ses beautés. Il faut que nous voyions davantage cet ensemble quand nous parlons des disciples…

Ces dernières semaines par exemple, nous avons entendu les disciples discuter entre eux de savoir qui était le plus grand. Et nous nous précipitons à les critiquer : ils sont avec Jésus depuis un an, deux ans et ils sont encore aussi orgueilleux !

Mais les disciples sont comme des enfants, ils sont même vraiment des enfants. Qui a jamais été enfant comme les premiers disciples du Christ ont été enfants ?

Pour eux tout est nouveau, ils étaient pécheurs dans la mer de Galilée pour certains d’entre eux ou publicains et ils se retrouvent apôtres du Christ, ils vivent dans la compagnie de Dieu fait homme…

Tout est nouveau pour eux, tout est entièrement renouvelé, leur vision du monde, de Dieu, d’eux-mêmes. Ils ont soif de reconnaissance, d’être grands, de se réaliser – et ils ont peur. Ils ont tous ces sentiments à la fois, et ils manquent certainement de maturité. Mais c’est normal et c’est beau.

Et le Seigneur ne leur fait aucun reproche. Il met un enfant au milieu d’eux et leur enseigne : Vous devez vous reconnaître comme des enfants, qui ont besoin de l’aide de Dieu et les uns des autres, alors vous pourrez grandir. Et le Seigneur leur enseigne dans quelle direction grandir.

Et maintenant nous arrivons à l’Évangile d’aujourd’hui où nous risquons aussi de nous précipiter à critiquer les disciples.

Jacques et Jean s’avancent et ils demandent au Seigneur de siéger à sa droite et à sa gauche dans sa gloire. Ils disent Fais ce que nous te demandons…

Ces paroles doivent nous rappeler le dialogue entre Hérode et la fille d’Hérodiade, quand celle-ci a dansé devant le roi et celui-ci lui dit : Demande-moi tout ce que tu veux et je te le donnerai, fut-ce la moitié de mon règne.

L’expression d’Hérode, comme roi, est celle de la toute-puissance. Je suis tout-puissant donc tu peux me demander quoique ce soit, je suis tellement puissant que si je te donne la moitié de mon règne il m’en restera tellement que ça ne paraitra pas… Hérode bien entendu est présomptueux.

Mais c’est cette image que Jacques et Jean renvoient à Jésus : Tu es tout-puissant, et si tu ne nous accordes pas ce qu’on va te demander alors tu n’es pas vraiment tout-puissant.

On doit surtout se demander d’où vient cette idée de toute-puissance…

L’Évangile nous donne un indice, il appelle Jacques et Jean « les fils de Zébédée » comme pour suggérer que cette requête vient peut-être plus de leur père que d’eux-mêmes. L’Évangile de Matthieu si vous vous en souvenez est plus clair, puisque chez Matthieu c’est la mère de Jacques et de Jean qui demande la gloire pour ses fils. Et l’Évangile de Matthieu l’appelle « la mère des fils de Zébédée », la mère des fils de leur père : ils disparaissent complètement derrière leurs parents !

Je ne suis pas en train de dire qu’au lieu de critiquer les disciples, nous allons nous mettre à critiquer leurs parents. Mais savoir d’où vient la requête de gloire nous permet d’approfondir.

Pourquoi les parents sont intéressés par cette toute-puissance et par cette gloire ?

Parce qu’ils veulent éviter à leurs enfants des souffrances, celles qu’ils ont connues eux-mêmes, celles que leurs ancêtres ont connues, celles qu’ils craignent pour une raison ou pour une autre.

Là aussi nous trouvons un sentiment très noble que nous aurions tort de critiquer trop fortement, mais un sentiment qui n’est pas très bien vécu.

Comment Jésus réagit-il ?

Il interroge Jacques et Jean bien entendu et non leurs parents. Et il leur demande : La coupe que je vais boire, vous la pouvez boire ? le baptême que je vais recevoir, vous le pouvez recevoir ? Et ils disent Oui, et le Seigneur le leur confirme.

Le Seigneur a interrogé leur cœur, eux-mêmes ont interrogé leur cœur et ils ont répondu avec générosité.

Nous voyons que dans notre cœur, dans le cœur d’un fils, d’une fille, dans notre cœur à tous on ne trouve pas le refus de la souffrance.

On trouve un sentiment profond de solidarité avec toute l’humanité, qui avant tout est naturel, et on trouve l’acceptation généreuse de la peine du moment que cette peine a un sens. Et ce sens n’est jamais aussi grand que dans le Christ.

Et si on vit cette peine en solidarité avec autrui, pour sauver ou plutôt contribuer à sauver autrui, eh bien on devient un père et une mère envers autrui à notre tour. Sur un plan biologique, existentiel ou spirituel.

Le Seigneur continue son enseignement et dit que Lui il ne recherche pas la toute-puissance, ni son Père qui a « préparé » telle ou telle gloire et telle ou telle mission pour l’un ou pour l’autre. Il l’a préparée, elle n’est pas imposée, elle peut être accueillie ou ne pas être accueillie par les intéressés.

Et puis surtout il nous dit qu’elle est préparée dans le sens où du moment que nous écoutons vraiment notre cœur, nous pouvons entendre aussi la voix du Seigneur qui petit à petit nous fait connaître ce qu’il a préparé pour nous.

Et quand nous le découvrons nous ne découvrons pas des attentes d’autres personnes à qui nous répondons, mais nous découvrons des nécessités que les personnes ont et auxquelles le Seigneur nous appelle à répondre.

Ce n’est pas la même chose, souvent nous avons des attentes mais nous ne connaissons pas nos véritables nécessités, elles sont même antagonistes.

Le Seigneur nous enseigne que répondre aux attentes des autres, même s’ils sont bien intentionnés, peut suffoquer l’œuvre de la grâce en nous, suffoquer la nouveauté d’un appel personnel.

Il faut bien écouter son cœur. On peut penser à l’exemple de Marthe et de Marie qui est assez parlant. Marie est assise au pied de Jésus et elle écoute sa Parole. C’est-à-dire qu’elle écoute avant tout son cœur, elle a envie d’écouter Jésus, et ce faisant elle se dispose aussi à entendre la Parole de Dieu.

Tandis que Marthe pense être spirituelle en répondant aux attentes des autres – en tout cas ce qu’elle imagine comme étant leurs attentes, comme nous le faisons souvent – elle pense qu’être spirituel c’est s’oublier soi-même.

Le Seigneur nous enseigne à suivre le chemin de Marie…

Cependant il faut aussi parfois répondre aux attentes d’autrui, c’est un acte de charité qui est important.

Je prends l’exemple fameux de saint Paul quand il enseigne aux Corinthiens à ne pas manger la viande sacrifiée aux idoles pour ne pas choquer les membres de la communauté que manger cette viande scandalise. Donc il répond à leurs attentes et interdit de manger la viande – c’est clairement un acte de charité.

Cependant quand il fait cela en réalité, en profondeur, il est en train de répondre aux nécessités de ces personnes, puisqu’il évite de les scandaliser pour pouvoir progressivement les former à une doctrine plus saine.

 

Homélie du Père Justin du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:14:49+01:00

Homélie du Père Clément du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Chers frères et sœurs en Christ,

Les textes de ce jour nous plongent dans une des réalités les plus profondes du mystère chrétien : la vraie grandeur selon Dieu. Une grandeur qui, aux yeux du monde, semble souvent incompréhensible, car elle passe par la souffrance, l’humilité, et le service. C’est la leçon que Jésus veut nous donner dans cet Évangile de saint Marc, où nous voyons la demande des apôtres Jacques et Jean. Ils viennent avec ambition, désirant occuper les premières places dans le Royaume de Dieu. Mais Jésus les rappelle à une vérité essentielle : « Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45).

  1. Le Serviteur souffrant

Dans la Première Lecture tirée du prophète Isaïe (53,10-11), nous sommes confrontés à la figure du « Serviteur souffrant », une figure qui préfigure le Christ. Ce passage nous décrit un Serviteur qui accepte la souffrance pour le salut de beaucoup. Cette image bouleversante de la souffrance innocente nous renvoie directement à la Passion du Christ, lui qui a été « écrasé par la souffrance », mais qui, par cette offrande, apporte la justification à une multitude. Il ne s’agit pas ici de glorifier la souffrance en elle-même, mais de voir en elle un chemin de salut, quand elle est acceptée dans l’amour et l’obéissance à la volonté de Dieu. Le véritable triomphe du Christ ne s’est pas accompli par la force des armes ou la domination, mais par la Croix, symbole ultime du don de soi.

Comme le dit saint Jean Chrysostome : « Il n’y a pas de couronne sans combat, pas de victoire sans lutte, pas de gloire sans Croix. »

  1. Le prêtre compatissant

Dans la Deuxième Lecture, saint Paul nous montre le Christ comme notre grand prêtre, un prêtre capable de « compatir à nos faiblesses » (He 4,14-16). Jésus, en s’incarnant, a pris sur lui nos souffrances et nos limites humaines. Il ne s’est pas contenté de nous sauver de loin, il est venu partager notre condition. Ainsi, il ne nous regarde pas de haut, mais il nous rejoint dans nos difficultés, nos angoisses, nos faiblesses. Ce grand prêtre, qui est assis à la droite du Père, continue d’intercéder pour nous. Dans notre faiblesse, il nous invite à « nous approcher avec assurance du trône de la grâce », car en lui, nous trouvons toujours la miséricorde et le pardon.

Saint Augustin disait : « Dieu n’a pas dit que nous n’aurions pas de tribulations, mais il a promis que dans ces tribulations, il serait avec nous. »

  1. Le service comme chemin de grandeur

Revenons à l’Évangile. Jacques et Jean cherchent la gloire humaine, mais Jésus les réoriente vers une autre vision de la grandeur. Ils doivent d’abord passer par la coupe du sacrifice, par la participation à la souffrance du Christ. Jésus rappelle que la vraie grandeur, dans le Royaume de Dieu, ne consiste pas à dominer ou à être servi, mais à se faire serviteur. Le service devient ici le chemin vers la plénitude du Royaume.

Le Pape François, dans sa simplicité, nous l’a souvent rappelé : « Le pouvoir, c’est le service. […] Il faut servir les autres. » Cette perspective nous bouleverse, car elle bouleverse nos schémas mondains : pour être grand, il faut se faire petit. Pour gouverner, il faut d’abord savoir se mettre à genoux devant son frère. L’humilité, c’est le propre des cœurs grands.

Permettez-moi de vous raconter une petite anecdote que j’ai écouté une fois d’un évêque :

Louis Pasteur et son chapelet

En 1892, un homme âgé voyageait en train, assis tranquillement en priant son chapelet. Un jeune étudiant en sciences médicales s’installa à ses côtés et remarqua le chapelet entre ses mains. Saisissant l’occasion, l’étudiant, avec un ton légèrement condescendant, lui dit :

« Monsieur, à notre époque moderne, il est vraiment dommage de voir des personnes comme vous s’attacher à ces pratiques démodées. La science a tellement progressé que ces superstitions n’ont plus leur place aujourd’hui. »

Le vieil homme, serein, écouta patiemment le jeune qui continuait à lui parler des avancées scientifiques, tentant de le convaincre d’abandonner ces « croyances dépassées ». À la fin de leur conversation, l’étudiant, certain de lui, proposa d’envoyer au vieil homme des documents pour lui démontrer comment la science rendait la foi obsolète. Il lui demanda alors sa carte de visite pour pouvoir lui faire parvenir ces informations.

Le vieil homme sourit doucement, sortit une carte de sa poche et la tendit au jeune étudiant. Celui-ci la prit et lut avec stupéfaction :

LOUIS PASTEUR

Microbiologiste, naturaliste, biologiste, membre de l’Académie française.

Le jeune homme réalisa alors qu’il avait passé tout ce temps à prêcher les mérites de la science à l’un des plus grands scientifiques de son époque, celui qui avait révolutionné la médecine grâce à ses découvertes sur les vaccins et les micro-organismes.

Abasourdi, il leva les yeux vers Pasteur, qui, avec une bienveillance profonde, lui dit : « Plus j’étudie la science, plus je crois en Dieu. Le chapelet est pour moi un moyen de rester en contact avec Celui qui est à l’origine de toute vie et de toute création. »

Cette anecdote illustre la simplicité et l’humilité de Louis Pasteur, tout en mettant en lumière la façon dont il alliait science et foi dans sa vie quotidienne. Elle nous rappelle que la véritable sagesse réside dans l’équilibre entre la connaissance et la foi, et que l’une n’exclut pas l’autre. Ce récit nous montre aussi la grande valeur de l’humilité.

  1. Le chemin du disciple

Frères et sœurs, cette Parole d’aujourd’hui nous invite à revoir notre conception de la grandeur et de la réussite. Le monde nous enseigne que la grandeur se trouve dans le prestige, le pouvoir, ou l’influence. Mais Jésus nous enseigne que la véritable grandeur se trouve dans le service humble et désintéressé, dans le don de soi pour les autres, à l’image de son propre don sur la Croix. ( funérailles de Reine…du service )

Le psaume de ce jour (Ps 32) nous rappelle que « l’amour du Seigneur remplit la terre » (Ps 32,5). C’est cet amour qui soutient le serviteur dans ses moments de sacrifice et de souffrance. C’est cet amour qui le conduit à la gloire, non celle des hommes, mais celle de Dieu.

En conclusion, demandons à Dieu la grâce d’imiter son Fils, Jésus-Christ, dans le service de nos frères et sœurs. Que nous puissions, à son exemple, nous dépouiller de tout désir de domination pour embrasser avec foi et courage notre mission de serviteurs. Car c’est en servant que nous trouvons la vraie joie et que nous découvrons la grandeur de l’amour divin.

***Je termine avec LA PRIERE DE ST IGNACE, dite « Prière Scoute »….une prière qui a accompagné mon adolescence et ma jeunesse.

Seigneur Jésus, Apprenez-nous à être généreux, A Vous servir comme Vous le méritez A donner sans compter, A combattre sans souci des blessures, A travailler sans chercher le repos, A nous dépenser, sans attendre d’autre récompense, que celle de savoir que nous faisons Votre Sainte Volonté. Amen.

Homélie du Père Clément du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:14:26+01:00

Homélie du Père Joseph du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

Dimanche dernier, avec l’histoire du jeune homme riche qi voulait suivre Jésus, l’évangile nous expliquant en quoi consiste le fait de devenir disciple du Christ.  Mais malgré les explications de Jésus, les disciples ont, soit du mal à comprendre, ou ne veulent pas du tout comprendre le message de Jésus.  Ils ont du mal à renoncer à la soif de pouvoir et leur grand besoin de reconnaissance.

Sur la route qui les mènent à Jérusalem pour la troisième fois, Jésus annonce sa Passion aux disciples. En cours de route, les disciples se disputent les postes ministériels. L’évangile nous dit que les disciples discutaient entres eux pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Là encore, la réponse de Jésus rappelle le sens du service : « celui parmi vous qui veut être le plus grand, qu’il se fasse le serviteur de tous. Celui qui veut être le premier, qu’il se fasse le dernier de tous », avec l’exemple d’un enfant comme modèle. Mais là encore, cela n’a pas suffi pour que les disciples comprennent que suivre Jésus, c’est renoncer à la logique du monde, celle du pouvoir.

L’évangile de ce dimanche nous souligne encore combien les disciples étaient, comme nous tous parfois, obsédés par pouvoir. C’est rassurant pour nous : si c’est arrivé aux apôtres, il est normal que cela se passe dans nos petites communautés paroissiales aussi, où il y a parfois des quelques petites luttes de pouvoir. Pas besoin d’aller chercher les exemples, chez les politiques ou dans la hiérarchie de l’Eglise.

Regardons simplement autour de nous, dans nos petites communautés où, sournoisement, malheureusement, le Malin peut injecter le virus de la soif du pouvoir à travers les petits ou grands services que nous rendons à la communauté : le pouvoir pour faire les lectures à la messe le dimanche, animer les chants, la gestion des fleurs, de l’orgue, de la sacristie, l’animation de tel groupe de prière ou service…pour telle ou telle autre petite responsabilité…. Ce sont des services que nous rendons gratuitement et généreusement à la communauté ou dans le monde associatif mais parfois le Malin les utilise pour faire naître en nous une sorte de quête de pouvoir.

Mais, rassurez-vous, c’est normal ! Il s’agit d’une attitude pleinement humaine.  L’évangile de ce dimanche nous montre d’autres victimes de cette même tentation : l’apôtre Jean, le mystique, le disciple bien-aimé, l’homme de l’intériorité, l’aigle qui nous a laissé le quatrième évangile, ainsi son frère Jacques…. Mais plus tard, ces deux apôtres ont donné leur vie pour le Christ. Cela veut dire qu’ils se sont convertis et ont dû abandonner l’obsession du pouvoir pour embrasser la logique du service et de la croix.

Marc souligne comment Jean et Jacques ont fait la demande au Christ : « En ce temps-là, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire ». Concrètement, la famille ou les deux fils de Zébédée veulent mettre la main sur l’Eglise, dominer les autres, les tirer par le bout du nez. Ils veulent occuper, l’un Matignon et l’autre le Quai d’Orsay. Pensez à la querelle politique que nous avons vécu après la dissolution et que nous vivons encore dans notre pays actuellement.

On se serait attendu à une sorte de honte ou d’embarras de la part des autres disciples, devant une demande aussi déplacée. Mais non, au lieu d’avoir honte, les autres disciples sont jaloux, car ils avaient la même envie de pouvoir, comme Jacques et Jean qui les ont doublés en faisant la demande en premier. Jean et Jacques ont été plus malins que les autres, et cela les met dans une colère folle ! « Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. »  La guerre du pouvoir est ouverte entre les disciples.  La jalousie règne en maître, et va faire ses dégâts. La recherche du pouvoir fait forcément naître de la jalousie, les rivalités qui produisent inévitablement ensuite des querelles, la haine, la rancœur, les divisions… Les disciples sont dans une guerre d’égo, et oublient l’immensité de la mission, la grande multitude de ceux qui ont faim et soif de Bonne nouvelle.

Accueillons comme une grâce pour notre communauté les paroles du Christ rappelant à l’ordre ses disciples et soulignant la logique de leur mission : « Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.  Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ».

Rendons grâce pour ces hommes et femmes, discrets, invisibles, humbles, ne prenant jamais le devant, mais qui sont toujours disponibles et qui, dans l’ombre, discrètement et généreusement font vivre nos paroisses, sans rien réclamer, dans un véritable esprit service. Ces petites mains servantes et discrètes, Jésus nous les présente comme modèles à imiter.

Puisse le Seigneur donner à chaque membre de notre communauté la grâce du service pour que dans toute mission, nous soyons toujours dans un véritable esprit de service et de don de soi aux autres, à l’Eglise, au monde… libérés de toute tentation de pouvoir et de domination ! Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:14:05+01:00

Homélie du Père Joseph du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Qui est Jésus ? Voilà la question posée au début de l’évangile selon saint Marc. Simon Pierre y répondra à Césarée de Philippe. Ce dimanche, saint Marc veut nous expliquer qui est disciple de Jésus. C’est quoi être disciple du Christ ?  Le candidat de ce dimanche semble parfait et coche toutes les cases pour celui qui fait passer l’entretien d’embauche ! Le jeune homme riche, comme nous aimons l’appeler, semble être amplement en règle. Mais, il se révèle par la suite ne pas être à la hauteur.

La démarche du jeune est édifiante. Il s’approche, à genou, plein de zèle et pose une question est théologiquement irréprochable : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Il reconnait en Jésus un Rabbi, s’engage à rendre concrète, tangible et agissante sa foi dans sa vie et sait que la vie éternelle ne se mérite pas mais s’accueille, se reçoit. On le reçoit en héritage ! Jésus est merveilleusement surpris. Il trouve seulement que le terme « Bon Maître » est un peu trop excessif, mais il accueille l’enthousiasme et le zèle de ce jeune homme. Il lui propose alors de suivre les commandements, ceux de Moïse. « Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. » L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. »

Jésus ne pas un anarchiste qui propose des parcours inhabituels, étranges et révolutionnaires.  Il n’est pas venu abolir une seule virgule au parcours de foi du peuple d’Israël, mais pour le conduire à ses racines.

A un moment où notre jeunesse est tentée par la « cancel culture » et « la culture woke » qui veut effacer le passé, les racines et l’histoire, Jésus nous rappelle qu’il nous faut proposer à nos jeunes des parcours simples, liés à la tradition, à l’appartenance à une communauté, à une histoire, à une culture, avec ses joies, ses réussites, ses blessures, ses plaies et ses erreurs. Nous sommes toujours enracinés dans une histoire.  A nos jeunes du KT, de l’aumônerie, MEJ, du scoutisme, proposons une vie intérieure et un parcours sacramentel enracinés dans l’histoire, la tradition et la Parole de Dieu.

Le jeune homme de l’évangile a bien appris ses leçons de KT et d’aumônerie. Il maîtrise la doctrine juive. C’est un peu différent de la pratique d’il y a quelques décennies dans notre pays où l’on n’a pas appris la doctrine de notre foi aux enfants et jeunes du KT et de l’aumônerie. Fabrice, un séminariste de Lozère que j’avais en stage il y a quelques années me disait comment en aumônerie de lycée, on leur faisait dessiner des cœurs et chanter des chants de JC Giannada et de Yannick Noah au lieu de lire la Bible ou le catéchisme ! Résultat : des adultes et de jeunes qui ne savent vraiment pas grand-chose de Jésus ni de la foi catholique. Ce jeune homme de l’évangile a appris les commandements, sait en rendre compte et essaye de les mettre en pratique depuis son enfance. Que c’est beau !

Nous dirions : C’est une « belle âme ! » ou alors, « quel prétentieux ! » ce jeune homme ! Jésus préfère la première option ! Il voit toujours le côté lumineux de nos vies, le verre moitié plein de nos vies, de ma vie. Il sait que ce garçon est sincère et chemine avec enthousiasme sur la voie des commandements de Dieu. Surpris, Jésus lui adresse un regard rempli d’amour et de bienveillance : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima ».

C’est ce même regard qu’il posa un jour sur Simon, devenu Pierre et Lévi devenu Matthieu. Chaque disciple d’hier et d’aujourd’hui a vu se poser sur lui ce même regard plein d’amour et de bienveillance. Il ne suffit pas de suivre les règles. Il nous faut aussi faire l’expérience de ce regard du Seigneur posé sur nous pour le suivre. Pas besoin d’apparition ni de miracle, mais seulement un regard qui transforme, convertit et appelle à faire un pas de plus. C’est l’expérience concrète du Seigneur nous qui rejoint dans la prière, l’oraison, l’adoration, la lectio Divina, la louange… Une expérience qui change la vie : le regard de Jésus posé sur nous, plein d’amour et de tendresse, un regard qui ne nous juge pas mais qui nous appelle à accueillir la vérité de notre propre vie pour ensuite suivre Jésus. Tu es aimé, au-delà de tout, infiniment aimé de Dieu et son Amour donne la vraie joie, car il est la source d’Amour.

Jésus nous aime bien avant de nous demander quoi que ce soit, avant de nous demander un parcours qui engage.  Jésus se dit : « Si vraiment ce jeune veut la vie éternelle, il peut alors faire quelque chose de plus grand, dépasser les règles, avoir de l’audace ». Jésus est sur le point de tout laisser. Alors, Jésus appelle le jeune homme à faire ce sauf de la confiance en Dieu : « Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. »

Le sourire s’éteint sur le visage du jeune homme ! Non, il ne le sent pas. Il refuse de lâcher prise. Il veut tout garder et contrôler la situation. Il veut aussi garder sous contrôle sa propre foi.  Il se dit : « C’est trop ce Jésus me demande. C’est réservé à une élite, aux religieux, aux saints ! N’exagérons pas ! » Il s’en va, triste. Quel dommage ! Ce n’est pas un happy-end, comme dans les films romantiques.

Jésus nous aime d’un amour fou mais nous avons du mal à tout lâcher pour lui.  Il a tout donné pour nous mais nous n’arrivons pas à lâcher priser pour lui, à abandonner un peu de toutes ces richesses matérielles, affectives, intellectuelles (qu’il nous a donné d’ailleurs) qui nous bloquent et nous empêchent de le suivre. On peut être chrétien sans véritablement être disciple du Christ.

Dans une formation, on nous rappelait que dans l’Eglise en général, et en France en particulier, nous avons des chrétiens de culture, de tradition… mais qui ne sont pas devenus disciples du Christ. L’ex-président, Nicolas Sarkozy lors d’une émission télé, disait récemment que, lui, le chrétien de culture et de tradition, pas pratiquant, savait pourtant que la personne la plus importante qu’il aimerait avoir à sa table, c’est Jésus Christ.

Quand pourrons suivre le Seigneur pour celui qu’il est vraiment, et pas seulement pour ce qu’il nous donne. La foi à quelque chose de commun avec l’amour ! Pour l’amour d’un homme ou d’une femme, on est capable de prendre de grandes décisions, quitter son pays, son boulot, faire des km… Quand pourrons-nous croire et aimer le Seigneur au point de prendre de grandes décisions qui nous coûtent par amour pour lui ? Fixons notre regard sur Jésus qui nous regarde et nous aime, et demandons-lui la grâce de la confiance, du lâcher prise et de l’abandon à son Amour. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:13:43+01:00

Homélie du Père Justin du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Chers frères et sœurs, l’Évangile que nous avons proclamé nous enseigne avant tout que recevoir la vie éternelle c’est entrer dans une relation personnelle avec le Seigneur, une relation autonome, volontaire, de personne à personne.

Cette relation est appelée à croître dans l’éternité dans une joie parfaite, dans un bonheur infini.

Et cette relation commence avec l’observance des commandements, elle commence et recommence avec cette observance. Quand nous nous sommes attiédis, quand nous nous sommes éloignés du Seigneur, nous retournons à Lui en redoublant de zèle dans l’observance de ses préceptes.

La relation avec le Seigneur ne peut commencer ni recommencer sans l’observance de ses commandements.

Cependant la relation avec Lui ne se réduit pas à cela, la relation continue et se développe quand nous le considérons comme le bien suprême, quand nous vivons nos joies et nos peines avec Lui, quand nous le suivons dans toutes ses voies jusqu’à avoir part à sa mission, quand nous avons part à toute son existence…

L’homme que nous rencontrons dans cet Évangile, qui nous est décrit comme possédant beaucoup de biens, manifestement connaît les commandements mais il ne les connaît pas encore comme relation avec le Seigneur.

Il les connaît comme relation avec ses parents, certainement, depuis son enfance, pour leur obéir ou leur plaire, et il les connaît comme relation avec les autorités religieuses.

Mais il ne les connaît pas comme base d’une relation entièrement personnelle avec Dieu, comme commencement d’une relation unique qui est entièrement à découvrir.

C’est cette découverte que le Seigneur lui faire faire avant tout.

Le don de la vie éternelle est un don gratuit que l’on accueille dans une relation filiale qui se développe dans le don de soi. C’est tout nouveau pour cet homme ! Et le Seigneur lui demande de vendre tous ses biens…

Il faut bien comprendre ce que fait le Seigneur. Il fait en sorte que cet homme voit ces biens comme ses propres biens, puisqu’il peut en disposer, les vendre et en distribuer le prix.

Jusqu’à ce moment ces biens pour lui étaient des réalités purement familiales, comme pour les commandements. Il en jouissait comme d’une part qui était la sienne au sein d’une propriété familiale.

A présent il prend conscience que ces biens sont à lui, et ce faisant il prend possession de lui-même, il prend conscience de lui-même et notamment de ses limites, de ses faiblesses.

Il entre dans la tristesse mais cette tristesse n’est pas négative. Elle n’est pas stérile.

Il est vrai que la rencontre avec le Seigneur a comme caractère la joie. Mais cette joie – nous devons nous en souvenir – est toujours précédée d’une tristesse, d’une pesanteur, d’une difficulté existentielle.

C’est le moment de la vérité. Nous prenons conscience de nous-mêmes et du monde qui nous entoure, dans notre jeunesse ou à d’autres moments de notre vie, lors de tournants de notre vie.

Nous avons alors comme cet homme la possibilité de voir et de choisir le monde avec ce qu’il nous propose et de nous étourdir avec lui, ou bien de choisir la relation personnelle avec Dieu, en partageant tous les moments de notre vie avec Lui.

Il faut bien comprendre que pour cet homme tout est possible, rien n’est encore décidé. Le Seigneur fait en sorte qu’il se possède lui-même de manière à pouvoir se donner lui-même dans la vérité.

Tout est ouvert. Peut-être vendra-t-il tous ses biens pour les donner aux pauvres, ou les conservera-t-il pour les donner en aumônes ponctuelles durant toute son existence… Il est libre, et sans cette liberté il ne pourrait pas exister de relation véritable avec notre Seigneur.

Il est libre notamment de conserver ses richesses.

Nous devons faire attention à ne pas mésinterpréter les paroles du Seigneur quand il dit qu’il est impossible pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu.

Le Seigneur n’est pas du tout en train de déclarer que les biens de ce monde sont mauvais et qu’il faut les mépriser pour entrer dans son Royaume.

Lui s’est fait l’un de nous, dans sa vie, sa mort et sa résurrection. Il s’est uni réellement et mystérieusement à toute la Création, à tous les biens quels qu’ils soient, d’abord comme Créateur et ensuite et surtout comme Rédempteur.

Il ne peut en aucune manière nous faire voir les biens de monde par eux-mêmes comme mauvais ou suspects.

Quand il dit qu’il est aussi difficile pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu que pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille, il parle vraiment d’un riche.

Il ne parle pas de quelqu’un qui devrait se débarrasser de tous ses biens, mais de quelqu’un qui conserve tous ses biens et entre dans le Royaume de Dieu.

Il entre dans le Royaume de Dieu avec tous ses biens, c’est-à-dire qu’il entre dans une relation personnelle avec le Seigneur, à part entière, comme fils ou fille de Dieu, avec ses biens et pas sans ses biens.

Tous ses biens entrent à part entière dans cette relation et servent à la croissance du Royaume de Dieu déjà sur cette terre, tout en préfigurant mystérieusement et réellement les biens à venir.

Il ne s’agit absolument pas de se démunir pour se démunir, en aucune manière. Tout est bon, tout est saint, tout est pur. Seul notre regard, notre cœur peuvent receler de l’impureté.

Avec l’œuvre de sa Rédemption le Seigneur a entièrement transfiguré ce monde, les personnes et les biens de ce monde, et cette transfiguration passe par notre libre participation à son œuvre en union avec toute la Création.

Homélie du Père Justin du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:13:21+01:00

Homélie du Père Clément du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Frères et sœurs en Christ,

Les textes de ce jour nous invitent à une réflexion sur ce qui compte vraiment dans la vie, sur ce que nous devons rechercher avec tout notre cœur et notre esprit. La question du bonheur traverse toute l’histoire humaine. Chaque époque, chaque culture, chaque société cherche à définir ce qui rend l’homme heureux. Pourtant, il existe une vérité fondamentale : le bonheur véritable ne se trouve pas dans les choses éphémères, mais dans la relation intime avec Dieu et dans l’amour du prochain. Les lectures de ce dimanche nous éclairent sur les clés du vrai bonheur selon l’Évangile. J’en trouve trois que je voudrais proposer à notre méditation.

  • La sagesse : clé première du bonheur

Dans la première lecture, le Livre de la Sagesse (Sg 7,7-11) nous présente le roi Salomon, qui préfère la sagesse à toutes les richesses du monde. Il dit : « Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse. » Cette sagesse, que Salomon considère plus précieuse que l’or et l’argent, est une connaissance intime de Dieu. C’est la première clé du bonheur évangélique.

Saint Augustin nous rappelle la nature du vrai bonheur lorsqu’il dit : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi. » Le bonheur authentique n’est possible que dans la quête de Dieu, qui seul peut combler les aspirations profondes de notre âme.

  • Le détachement : libérer son cœur pour le bonheur véritable

L’Évangile (Mc 10,17-30) nous présente un jeune homme riche qui cherche la vie éternelle mais qui s’en va tout triste, incapable de se détacher de ses biens matériels. Jésus ne condamne pas la richesse en elle-même, mais il met en garde contre l’attachement aux biens matériels qui empêche d’atteindre le bonheur véritable.

Saint François d’Assise, qui a tout abandonné pour suivre le Christ, déclare : « Ce que nous laisse la pauvreté volontaire est riche, très riche. Le Seigneur nous offre les cieux si nous rejetons les biens terrestres. » Le détachement est la deuxième clé du vrai bonheur, car il libère le cœur pour se donner pleinement à Dieu et à ses frères.

  • L’amour de Dieu et du prochain : chemin vers la joie éternelle

La deuxième lecture (He 4,12-13) nous rappelle que « la parole de Dieu est vivante, plus coupante qu’une épée à deux tranchants. » Cette parole éclaire nos cœurs, nous appelle à l’amour véritable, celui de Dieu et de notre prochain. Saint Jean de la Croix affirme : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour. » Cet amour désintéressé est la source du bonheur véritable. C’est la troisième clé.

Jésus lui-même nous enseigne que « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35). C’est dans le don de soi, dans le service du prochain, que l’homme trouve la vraie joie. Saint Vincent de Paul, apôtre de la charité, disait : « Si Dieu est le centre de ta vie, nul besoin de chercher le bonheur ailleurs. »

Vendredi dernier à la belle soirée de témoignage des jeunes à Tournefeuille, les organisateurs ont mis sur l’écran une belle phrase du Bienheureux Carlo ACUTIS : « Le bonheur c’est d’avoir le regard tourné vers Dieu. La tristesse c’est d’avoir le regard tourné vers soi-même ».

Le bonheur évangélique : une quête intérieure et divine

Le psaume 89, que nous chantons aujourd’hui, résume parfaitement ce chemin vers le bonheur : « Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants. » Le bonheur véritable, la joie durable, ne peuvent venir que de Dieu.

Saint Thomas d’Aquin nous enseigne que : « L’homme ne peut pas vivre sans joie ; c’est pourquoi quelqu’un privé de la joie spirituelle ira chercher la satisfaction dans les plaisirs terrestres. » C’est en mettant Dieu au centre de nos vies que nous expérimentons cette joie spirituelle, plus profonde et durable que toutes les satisfactions matérielles.

J’aime bien cette belle expression du P.Guy Gilbert, le prêtre des loubards comme on l’appelle : « Vivez de telle façon qu’à votre seule manière de vivre, on puisse croire qu’il est impossible que Dieu n’existe pas ».

Application concrète : comment vivre ce bonheur ?

Frères et sœurs, dans notre monde moderne, on nous propose une multitude de voies pour atteindre le bonheur : la réussite professionnelle, la possession de biens, le prestige social. Mais l’Évangile nous rappelle que le vrai bonheur ne se trouve pas dans ces biens éphémères.

J’ai trouvé très beau un texte que j’ai déjà utilisé dans une homélie en Afrique il y a quelques semaines. L’auteur est inconnu. Ce texte dit ceci… souffrez que je vous le lise :

Texte :L’argent n’est pas tout dans la vie:

 

L’argent peut acheter une maison…… mais pas un foyer.

L’argent peut acheter un lit,………….. mais pas le sommeil.

L’argent peut acheter une horloge,………….. mais le temps.

L’argent peut acheter une position,……………. mais pas le respect.

L’argent peut acheter du sang,………….. mais pas la vie.

L’argent peut acheter le plaisir,…………… mais pas l’amour.

L’argent peut acheter un spectacle,…………… mais pas la joie.

L’argent peut acheter un esclave,…………. mais pas un ami.

L’argent peut acheter une femme, ………….mais pas une épouse.

L’argent peut acheter des aliments,………….. mais pas l’appétit.

L’argent peut acheter des médicaments,……….. mais pas la santé.

L’argent peut acheter des diplômes,……… mais pas la culture.

L’argent peut acheter des gardes du corps,…… mais pas la sécurité.

L’argent peut acheter des livres,………… mais pas l’intelligence.

L’argent peut acheter des tranquillisants,……….. mais pas la paix.

L’argent peut acheter des indulgences,……….. mais pas le pardon.

L’argent peut acheter la terre, ………….mais pas le ciel.

 

Saint Jean Chrysostome disait : « Nous ne possédons rien dans ce monde, ni maison, ni terre, ni bien : tout cela est étranger à notre nature. Le seul vrai bien est de rester attaché à Dieu. »

Chacun de nous peut se poser ces questions essentielles :

  • Où est mon trésor ? Dans les choses matérielles ou dans ma relation avec Dieu ?
  • Est-ce que je suis prêt à tout laisser pour suivre le Christ, comme il l’a demandé à l’homme riche ?
  • Est-ce que je vis dans le détachement, en servant les autres avec un cœur libre et généreux ?

Conclusion : le bonheur est en Dieu seul/ Pour conclure, chers frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous donner cette sagesse qui ouvre les portes du vrai bonheur. Que sa Parole vivante transforme nos cœurs et nous apprenne à aimer comme Lui aime. Le bonheur véritable ne se trouve pas dans ce monde, mais dans l’union avec Dieu et le service du prochain.

Comme le dit si bien Saint François de Sales : « Dieu seul suffit pour notre bonheur. »

Ce beau texte de Mère Térèsa pour conclure :La vie est la vie

 

La vie est beauté, admire-la
La vie est félicité, profites-en.
La vie est un rêve, réalise-le.
La vie est un défi, relève-le.
La vie et un devoir, fais-le.
La vie est un jeu, joue-le.
La vie est précieuse, soigne-la bien.
La vie est richesse, conserve-la.
La vie est amour, jouis-en.
La vie est un mystère, pénètre-le.
La vie est une promesse, tiens-la.
La vie est tristesse, dépasse-la.
La vie est un hymne, chante-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, lutte avec elle.
La vie est une aventure, ose-la.
La vie est bonheur, mérite-le.
La vie est la vie, défends-la.

 

Que la Vierge Marie, modèle de détachement et d’amour, nous aide à chercher le bonheur là où il se trouve réellement : dans l’union avec son Fils, dans l’amour et le service du prochain.

Amen.

Clément M. BONOU,fi.

Homélie du Père Clément du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-10-31T10:12:39+01:00
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