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Homélies des messes

Homélie du Père Joseph du XXI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis quelques dimanches, nous avons été nourris par le chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean qui est, comme je disais dimanche dernier, une véritable catéchèse eucharistique. Jésus nous y livre un enseignement sur le pain vivant descendu du ciel. Ce chapitre commence par le grand récit du miracle de la multiplication des pains. Aujourd’hui, Jésus nous appelle à un sursaut de foi car il nous demande de prendre position pour ou contre lui, décider de rester avec lui ou de partir comme les disciples dans l’évangile de ce dimanche.

Jésus ne nous retient pas ! Son message est exigeant et il nous faut sans cesse se décider de l’accueillir ou pas, donner son adhésion et s’en aller. Nous pouvons faire des discours sur Jésus, de thèses de théologie, faire partie d’une communauté… sans véritablement être disciple de Jésus…Un chrétien décide chaque jour de renouveler son oui à Jésus, Le choisit chaque matin dans l’obéissance de la foi malgré les péripéties éprouvantes de notre existence, le suit même quand il a du mal à certaines de ses exigences très dures à avaler dans les Evangiles, dans la Doctrine disciplinaire ou pastorales.

La foi est cette ouverture, cette décision inconditionnelle, à première vue irrationnelle, mais libre pour le Seigneur. Il n’est pas rationnellement possible de concevoir qu’un bout de pain puisse contenir le Fils de Dieu, Verbe Incarné. Il est difficile d’accepter une telle proposition contraire au bon sens de la raison humaine ! Ceci ne peut être possible que dans et par la Foi, si nous ouvrons notre cœur librement et spontanément au don que Jésus fait de lui-même, si nous ouvrons notre cœur et levons les yeux de notre cœur à ce mystère extraordinaire qui s’opère dans chaque eucharistie célébrée.

La foi est toujours un acte de courage, une aventure décisionnelle parce qu’elle comporte dans tous les cas un saut qualitatif comme celui d’Abraham, de la Vierge Marie, de Simon Pierre dans l’évangile d’aujourd’hui. Oui, se livrer totalement, faire confiance à Dieu peut être comparé à un saut dans le vide, mais en même temps, c’est à travers ce saut dans le vide, cette confiance dans les bras du Seigneur que nous faisons l’expérience de la certitude de son Amour. C’est un cercle vertueux paradoxal ! Comme on ne peut réaliser et bénéficier pleinement des bienfaits d’une piscine pendant la chaleur estivale qu’en décidant de s’y jeter, de même, on ne pourra bénéficier de l’Amour Infini que si l’on fait ce saut dans les bras de Dieu par la décision de la foi. En lui ouvrant notre cœur, Dieu se révèle à nous de manière progressive, simple, et parfois même foudroyante !

C’est ce saut de la foi qui manque aux disciples qui abandonnent Jésus dans l’évangile de ce dimanche. Ils l’abandonnent après avoir entendu de sa bouche un discours trop dur qui irrite ces bons juifs qui condamnent l’anthropophagie ou le cannibalisme : « Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson… Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous… ! »  Une des raisons de la persécutions des chrétiens des premiers siècles, c’est qu’on les accusait d’être de cannibales parce qu’ils disaient manger la chair de Jésus et boire son sang lors de leurs célébrations eucharistiques dans les maisons et la catacombe ! Ce difficile discours sur le pain de vie se conclut donc par une fracture. Beaucoup n’y croient pas et s’en vont. « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.  Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »  Jésus veut que ses disciples prennent une décision pour ne pas rester avec lui sans être convaincu, juste pour faire nombre !

Encore une fois, nous nous appuyons sur la Profession de Foi de Pierre, comme à Césarée de Philippe quand Pierre professe la foi au nom de tous les autres apôtres. Pierre répondit « Seigneur, à qui irions-nous ?  Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » En professant sa foi, Pierre se sauve lui-même et sauve les autres qui ont choisi de rester avec Jésus, et il sauve aussi le choix de l’Eglise, de tous les disciples de Jésus. Un chrétien est celui qui a l’humilité de reconnaitre qu’il est capable de trahir le Seigneur, qu’il le trahit souvent en abandonnant de vivre des nourritures et moyens de salut qui nous sont donnés dans et par l’Eglise pour rester uni à Jésus. Car si nous ne sommes pas unis au Christ, sans manger son Corps et boire son sang à travers les sacrements et l’eucharistie, nous risquons de dépérir et de mourir à petit feu.

L’amour de Dieu, comme tout vrai amour ne s’impose pas. Il se donne, se reçoit et se construit progressivement. Jésus nous a offert sa vie dans le baptême et il continue à nous nourrir aujourd’hui encore à travers l’eucharistie et les autres sacrements. Il est dramatique de voir beaucoup de baptisés qui soient privés ou se privent eux-mêmes de l’eucharistie. Il est important de se nourrir en grignotant par la prière, l’oraison, la lecture de la Bible, réciter le chapelet et autres formes de prière. Cependant, ne nous contentons de ça : cela devrait nous conduire au repas eucharistique sans lequel nous risquons de dépérir.

Dans l’eucharistie, c’est-à-dire la messe, nous avons la présence même de Christ, nous y trouvons toutes les vitamines nécessaires pour vivre déjà de la vie éternelle, comme dit Jésus dimanche dernier : « qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ! ». Pensons à ces hommes et femmes qui témoignent de la force extraordinaire de l’eucharistie, comme Mgr Nguyen Van Thuan qui pendant 13 ans de détention communiste au Vietnam a trouvé sa force en célébrant l’eucharistie avec un bout de pain et une goutte de vin ou tous ces saints qui ont puisé leur force et construit toute leur vie sur l’eucharistie.

Les disciples qui abandonnent Jésus sont ceux qui, aujourd’hui encore, malheureusement, s’éloignent de lui Christ à cause des péchés et de la fragilité de l’Eglise pécheresse dans ses prêtres et fidèles laïcs, dans certaines de ses positions morales ou doctrinales ! Aucune raison néanmoins ne devrait nous couper de la grâce extraordinaire que Jésus nous donne dans l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. Seigneur Jésus, toi qui t’offres à nous dans l’eucharistie, donne-nous la grâce de ne jamais t’abandonner, de ne jamais nous couper de toi qui es la vraie Vigne dont nous sommes les sarments, car sans toi, nous risquons sûrement nous dessécher en nous privant de ton Corps et de ton Sang la vraie nourriture et la vraie boisson qui nous donnent la Vraie Vie. Amen

Homélie du Père Joseph du XXI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-23T10:29:37+02:00

Homélie du Père Joseph du XX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

 Après la multiplication des pains, la relation entre Jésus, la foule et ses disciples se complique et devient difficile. Mais, devant cette difficulté Jésus reste très courageux et refuse de se résigner. Attristé par la réaction de la foule rassasiée, Jésus entre dans une sorte de tension, un conflit ouvert avec la foule qui l’a rejoint. Il leur rappelle leur hypocrisie, leurs ventres bien remplis et les invite à travailler pour le pain qui donne la vie éternelle. Il s’insurge contre cette foule qui veut manger gratuitement et n’a aucune envie de se convertir. Les gens ont douté après le signe de la multiplication des pains en demandant d’autres signes. Ils ont mis en cause le fait que Jésus se proclame être le Fils de Dieu, prétendant être plus grand que Moïse. En affirmant « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement », Jésus choque et accepte un conflit ouvert. « Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Pour accéder au Père et avoir la vie éternelle, il nous faut nous nourrir de Jésus, de ses paroles, de son enseignement, le prendre pour modèle, au point de dire, comme saint Paul, « ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi ». Cela nous permet de voir le monde et les autres avec les yeux même du Christ. Se rapprocher du Seigneur, écouter et méditer sa Parole, le prier en vérité change fondamentalement notre vie. Jésus devient alors notre pain quotidien, la nourriture qui nous fait vivre, le moteur qui nous permet d’avancer ! En nous nourrissant du Christ, nous devenons à notre tour nourriture pour les autres, pour faire face aux multiples et épineuses questions comme la pauvreté, la faim, la violence, la guerre ! C’est à nous de les résoudre, comme ce garçon qui avait donné son pique-nique lors du miracle de la multiplication des pains.

 « En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. » C’est l’élément délicat qui met en crise son auditoire et ses disciples. Jésus demande de nous nourrir de lui, de manger sa chair et boire son sang ! Sommes-nous appelés à devenir des cannibales ? C’est l’une des accusations portées contre les premiers chrétienspendant la persécution à Rome ? Le concept « chair » dans la tradition juive, signifie la plénitude de la personne. Il ne s’agit pas de nous nourrir seulement de sa Parole, de sa doctrine, mais de l’assumer dans sa totalité, même dans son aspect humain. Jésus se livre à nous totalement. Sa divinité est livrée à nous, totalement donnée dans l’eucharistie.

Le sang est le principe vital des êtres, ce qui les tient en vie ! Vous le savez, les juifs mangent seulement la viande kasher, des animaux dont le sang a été versé. En buvant son sang, Jésus nous donne son propre principe vital, son essence même. Manger la chair du Christ et boire son sang transfigure et divinise nos propres vies. C’est ce qui nous rend véritablement vivants, car même si nos corps sont appelés à dépérir, l’eucharistie nous plonge déjà dans l’éternité. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

 En écoutant cet évangile, comment ne pas penser à la dernière Cène ? Comment ne pas sentir dans ce discours le « faites ceci en mémoire de moi » prononcé à la veille de sa mort ? » Saint Jean n’a pas repris le récit de l’institution de l’eucharistie, préférant parler du lavement des pieds le soir de la Dernière Cène. Mais tout le chapitre 6 de son évangile est une véritable et profonde catéchèse sur l’eucharistie, sur le pain vivant.

Jésus parle de ce don simple mais intense qui nous invite à la foi, qui nous sort des habitudes ! Chaque dimanche, nous nous rassemblons pour répéter la Cène du Seigneur, un geste par lequel nous obéissons au Maître. Nous nous nourrissons du pain de la Parole et du pain eucharistique, nous gardons ce pain dans nos églises, dans le tabernacle, nous l’apportons aux malades. Nous nous mettons en adoration devant ce pain parce qu’en lui nous voyons en la présence réelle du Christ. C’est pour cette raisons que nous sommes là, rassemblés, parce que affamés, assoiffés de vie divine, de vie éternelle ! Nous avons un besoin de rassasier nos cœurs, nos âmes. Cela invite à croire finalement sans ambiguïté : croire de tout notre cœur et de toute notre âme que Jésus est là, présent, qu’il se donne totalement à nous dans son corps, sa chair qui est la vraie nourriture, son sang qui est la vraie boisson. Tel est le mystère de notre foi !

Réjouissons-nous de la chance que nous avons lorsque nous participons à l’eucharistie avec ferveur et foi. Nous n’en sommes pas dignes, mais c’est le Seigneur nous lui-même qui se donne à nous, par pure grâce, dans son infinie miséricorde. Alors, nourris et abreuvés par lui, il nous envoie aussi dans le monde pour devenir nourriture pour les autres. Si Jésus nous transmet sa vie, il nous invite aussi à transmettre et à donner sa vie au monde. Notre vie est appelée à devenir totalement eucharistique, c’est-à-dire donnée par amour aux autres et au monde. Une vie n’est féconde que si elle est donnée par amour. Si le Seigneur divinise nos vies dans l’eucharistie, c’est pour que nos vies soient les vecteurs de la vie même de Dieu partout où nous sommes, là où nous vivons !

« De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi ».  Seigneur, nous te remercions de te donner à nous dans l’eucharistie. Donne-nous de vivre de toi et de nous donner à notre tour à nos frères et sœurs, dans l’Eglise et dans le monde. Amen.

Homélie du Père Joseph du XX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-19T21:11:28+02:00

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

En Marie, nous contemplons la figure de la croyante la plusparfaite. Elle est la parfaite croyante parce qu’elle n’a pas abandonné les questions qu’elle se posait, n’a rien négligé de ce qui lui arrivait au quotidien, n’a pas considéré que tout luiétait acquis après sa rencontre avec l’ange Gabriel ! Face auxparoles de l’ange Gabriel, la sainte Vierge ne s’est pas tue :mais elle a posé des questions pour mieux comprendre ce message qui lui paraissait mystérieux : « Comment cela est-il possible parce que je suis vierge ? ». En dépit de l’apparition de l’Ange Gabriel, même si Dieu venait de luis parler par l’ange, parlé, la sainte Vierge a continué à poser des questions ! C’est un point qu’il est important de souligner pour nous qui rêvons d’une vie de foi dépouillée de doute et des questionnements. Méfiez-vous des chrétiens qui vous parlent leur foi bien installée ! Une foi assise dans des certitudes et dépourvue des doutes est en danger car elle oublie que le mystère de Dieu est insondable : Dieu se révèle à nousgraduellement son mystère jusqu’à ce que nous le rencontrionsface à face au Ciel, où la Vierge Marie nous a précédé.

« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » s’écrie Elisabeth en rencontrant la Vierge Marie. Heureuse celle qui a cru ! Heureux les miséricordieux ! Heureux les pauvres de cœur ! Heureux les doux ! Heureux ce qui sont persécuté pour la justice ! Aujourd’hui, sainte Elisabeth nous rappelle qu’il y a aussi la béatitude de la foi. Heureux ceux qui croient ! Jésus avait souligné cette béatitude 8 jours après sa résurrection en parlant à l’apôtre saint Thomas : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! ».  Méditons cette béatitude. Que veut dire croire ?  En nous mettant à l’école de la Vierge Marie, nous pouvons percevoir au moins 6 aspects significatifs d’une viecroyante.

Croire, c’est accueillir par le biais de l’écoute de la Parole de Dieu. Ici, sont importants à la fois l’accueil et la Parole accueillie. Pour un croyant, la Parole de Dieu devient alors la clef de lecture du vécu. La Parole accueillie nous aide à lire les faits, les rencontres, les intuitions, notre propre histoire. Mais avant d’être lue, comprise, accueillie, la Parole de Dieu nous invite à libérer un peu de place et de disponibilité ! S’il n’y a plus de place disponible dans ta vieremplie, parce que tout est occupé, programmé, l’agenda rempli, ta vie sera seulement une écoute de toi-même, Dieu et les autres restant en dehors de ta vie. Un agenda rempli ne laisse aucune place à l’imprévu !  Dans quelle mesure laissons-nous un peu d’espace disponible à Dieu dans nos journées et nos agendas tellement remplis ! Je vois la vie des enfants au KT et à l’aumônerie : leurs agendas sont tellement remplis par tout un tas d’activités que l’enfant n’a plus le temps de s’ennuyer, de rien faire, d’être un peu au calme et disponible pour une peu d’intériorité.

Dieu voudra bien nous parler, mais si nous sommes tous le temps occupé par mille choses plus ou moins importantes, il est impossible de l’accueillir, d’entendre ce qu’il veut nous dire. Le Covid et le confinement avait permis à beaucoup de personnes de retrouver la foi parce que nous avions un peu plus de temps, un peu plus de disponibilité pour écouter nos soifs les plus profonde et écouter Dieu qui nous parlait dans notre coeur. La Sainte Vierge accueille la Parole de Dieu parce qu’elle était disponible pour cela. Comme une mère qui accueille la vie en elle, ainsi, Marie accueille la Parole, le Verbe de Dieu qui, en elle, assume l’existence humaine. De même, le Seigneur prend place dans notre vie si nous accueillons sa Parole qui féconde notre vie, comme la pluie féconde la terre. La parole accueillie dans la foi ne peut rester sans effet dans la vie du croyant.

Croire, c’est garder la Parole écoutée ! La sainte Vierge nous apprend à garder dans notre coeur et méditer la Parole de Dieu pour ne pas la laisser partir, ne pas effacer, ne pas la perdre. Garder Jésus, c’est être capable de conserver chaque Parole qui vient de lui. Nous sommes dans une culture où l’on passe facilement d’une chose à l’autre, on zappe, on oublie ce qui a été dit il y a quelques minutes ! La sainte Vierge gardait tout ce qu’elle voyait et entendait de Jésus et les méditait dans son cœur ! Nous pouvons lui demander de nous obtenir cette grâce de ne pas laisser tomber facilement les messages que nous envoie le Seigneur.

Croire, c’est mettre Dieu à la première place dans notre vie. La place de Dieu est une seule : la première. Il ne doit pas être l’accessoire, le bouche-trou de nos agendas, c’est-à-dire, nous ne pouvons pas penser à Dieu seulement quand il reste un petit vide dans notre agenda. La sainte Vierge reconnait en Dieu l’une raison de vivre en vivant parfaitementle commandement du Sheema Israël : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.  Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé ; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville » (Dt 6, 4-9). C’est la profession de foi des Juifs. Comme juive croyante, la sainte Vierge a mis en pratique cette profession de foi qui demandait à tout juif de donner la première place à Yahvé. Et toi, quelle place donnes-tu à Dieu dans ta vie ?

Croire, c’est laisser pénétrer le Seigneur dans toutes les dimensions de notre vie. La sainte Vierge Marie nousinvite à ne jamais dire qu’il y a des espaces, des dimensions de notre vie qui échappent Dieu car il veut toucher tous les aspects de notre vie affective, professionnelle, familiale, ecclésiale…Ce que tu penses être quelque chose de vraiment privée et intime intéressent aussi Dieu. Soyons présents à Dieu avec tout notre être pour ne pas réduire la foi à quelque chose de mental, de cérébral.  Demandons à la S sainte Vierge de nous obtenir la grâce de ne jamais isoler et cacher à Dieu certaines dimensions de notre existence.

Croire, c’est donner la vie. La sainte Vierge a accueilli la Parole pour ne pas la garder pour elle, mais pour la faire naitre et la rendre disponible pour les autres. La sainte Vierge nous dit alors qu’accueillir la vie, c’est la donner aussi. Elle a donné Jésus à toute l’humanité. Cela veut dire que nous avons la responsabilité d’être, comme la sainte Vierge, la terre dans laquelle tombe la semence de la Parole. Cette semence est accueillie germe ensuite et grandit pour produire du fruit.La vie d’un chrétien doit être féconde, porteuse de vie pour les autres et pour le monde. Si tu crois vraiment, alors, fais confiance en Dieu et laisse la vie jaillir en toi.

Croire c’est faire de notre vie un don d’obéissance à Dieu et être au service des autres. Dieu se manifeste à travers les paroles et les gestes concrets de chacun de nous. Ce qui est advenu à la sainte Vierge est unique et exceptionnel mais cela peut se réaliser pour chacun de nous si nous laissons la Parole nous rejoindre. Lorsque nous croyons et obéissons à la Parole, notre vie, tout en restant profondément humaine, devient aussi « vie divine ». Puisqu’elle est devenue divine, elle est destinée à la résurrection, la participation à la vie éternelle.

Grâce à sa foi, la sainte Vierge s’est totalement laissé toucher par la grâce du Seigneur ; et par conséquent, elle nous a précédé au ciel où elle communie pleinement à la vie divineet intercède pour nous. En cette solennité de l’Assomption, la sainte Vierge nous invite à obéir à la Parole et nous laisser toucher par la grâce divine pour bénéficier avec elle, de la plénitude de la vie divine au ciel où elle nous a précédé. Amen.

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année B (2024)2024-08-15T11:34:04+02:00

Homélie du Père Joseph du XIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

La Parole de Dieu de ce dimanche nous propose de contempler deux parcours !

-D’abord le parcours du prophète Elie qui chemine entre triomphe et peur, jusqu’à la montagne de Dieu, et qui nous rappelle qu’un disciple du Seigneur n’est jamais un héros, une superstar ! C’est important de le souligner en cette période où les JO nous présentent des héros, des super stars comme Léon Marchant, Teddy Riner ou l’Américaine Simone Biles auxquels tout a réussi par exemple. Le disciple lui, ne retombe pas toujours sur ses deux pattes. C’est quelqu’un qui vacille, qui souffre et tombe parfois….voire même très souvent. Il n’est pas toujours sûr de lui-même. Il est habité par des doutes et des crises.  Il ne cherche pas à se nourrir des succès et acclamations, il n’est pas toujours « trop fort », toujours « capable » comme nous pouvons parfois l’imaginer ! Il disciple qui se nourrit que du succès et applaudissement finit par tomber du piédestal. Le vrai disciple est fragile, parfois hésitant, fatigué et doit sans cesse compter sur l’aide du Seigneur.

–  L’autre parcours est celui de Dieu, en Jésus, un chemin qui n’est pas une montée triomphale, passant de victoire en victoire mais bien une descente et abaissement : descente pour prendre notre humanité, abaissement dans la mort, descente aux Enfers comme nous le disons dans le Credo… et lui-même nous dit aujourd’hui : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »

Le prophète Elie chemine entre triomphe et peurs, entre exaltation-gloire et dépression. Il va devoir s’opposer au roi Acab et son épouse, la reine Jézabel qui favorisaient et sponsorisaient la diffusion du culte païen de Baal en Israël. Dans la première lecture, nous avons écouté le passage qui marque la rupture entre les deux parties de la vie du prophète Elie. La première phase est triomphale parce qu’elle représente certains grands miracles et prodiges, en particulier la victoire contre les 450 prêtres de Baal exécutés par lui sur le mont Carmel ! Elie a fait exécuter les prêtres de Baal et considère cela comme une victoire éclatante au nom de Dieu, mais cet horrible massacre des prêtres païens au nom de Dieu devient pour Elie le début de son propre calvaire et de sa chute. Déçu, amère, rempli de peur,   fatigué de sa mission et de vivre Elie, poursuivi par Acab et la reine Jézabel, Elie a peur et est obligé de fuir vers le mont Horeb, la montagne de l’Alliance pour sauver sa vie et s’en remettre à Dieu.

Dans cette phase difficile, Elie dit au Seigneur : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop !  Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » En ce moment de crise spirituelle, existentielle et de dépression, Dieu vient « toucher » Elie par l’intermédiaire d’un ange.  « Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! »  Toucher ici, dans le langage biblique, signifie : s’approcher, caresser ou alors frapper fort : c’est important comprendre ces trois significations qui veulent nous rappeler que l’intervention de Dieu dans notre vie est toujours de plusieurs niveaux : Dieu n’est pas effrayé par notre éloignement, mais il nous accompagne, nous console parfois en nous caressant et aussi, quand il le faut, Dieu nous secoue fermement, nous frappe fortement en nous demandant de nous bouger et de nous convertir.

Par deux fois, l’ange du Seigneur est contraint de « toucher » Elie qui est presque mort de sommeil. « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Cela veut dire que Dieu insiste même quand nous résistons, il nous nourrit, nous secoue, nous frappe… dans le but de nous faire comprendre que le ciel n’est pas fermé au-dessus de nous. Elie désespérait de la présence de Dieu dans sa vie, mais Dieu, à travers son ange, descend des cieux à la rencontre d’Elie. Le Seigneur ne nous abandonne jamais ! Il intervient en notre faveur dans notre vie de différentes manières, en particulier à travers les amis, les frères et sœurs qui nous accompagnent, nous réconfortent, nous conseillent, nous secouent parfois en nous demandant de nous bouger, en touchant là où ça fait mal pour nous pousser à réfléchir, ceux qui nous nourrissent et nous abreuvent…. comme Il le fait avec Elie par le biais de l’ange.

Elie est remis sur pied et devient de nouveau capable de marcher, non grâce à un banquet extraordinaire, un barbecue un bon repas comme ceux que nous partageons en cet temps de vacances, mais seulement grâce une « une galette cuite et un peu d’eau » c’est-à-dire grâce à très peu de chose mais qui nous rappelle que la puissance de Dieu se déploie à travers la faiblesse, la pauvreté des moyens, les choses simples et essentielles du quotidien !

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous propose de cheminer dans la charité, dans l’Amour. Il souligne une chose très importante : ne faire obstacle à l’esprit de Dieu mais devenir chaque jour ce messager, cet ange qui remet à pied et redonne vigueur, qui encourage les vies pliées et blessées. Pour cela, saint Paul nous dit que nous devons faire disparaître et éliminer certaines choses : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. » Il nous déconseille de manière explicite d’être des gens qui répandent du venin ou du mépris.  Saint Paul nous donne aussi des conseils pour grandir dans la charité dans nos familles, nos communautés, avec les gens que nous côtoyons : « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. »

En imitant le Christ, le chrétien, son disciple déploie autour de lui les vertus de générosité, de tendresse et de pardon ! Le chrétien est celui qui devient bienveillant parce qu’il a découvert un Dieu infiniment bienveillant envers lui. Il devient miséricordieux, capable de pardonner parce qu’il se reconnait comme premier bénéficiaire du pardon et de la miséricorde de Dieu. Bienveillant, miséricordieux, capable de pardonner ! Nous pouvons être chaque jour l’ange ou le messager, l’ami envoyé par Dieu aux frères et sœurs, pour être une présence qui rassure et permet d’avancer au lieu de semer la rancœur, alimenter des querelles, des petites luttes de pouvoir. Nous sommes appelés à être une présence attentive qui se fait proche, conseille et aide les autres à retrouver la force, la volonté et le désir de vivre à nouveau.

« Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés » Le disciple est celui qui désire imiter le Maître, Jésus. Imiter Jésus, c’est l’écouter nous redire dans l’évangile : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.  Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. ».  Demandons la grâce de devenir nous aussi, autour de nous, dans nos familles, dans la communauté, du pain vivant, du soin, de l’attention, de la sérénité, de la gratuité, de la générosité pour les autres. Que cette eucharistie nous donne de devenir du pain, nourriture, présence, soutien, messager, ami et ange pour les autres comme celui que Dieu a envoyé pour sauver la vie du prophète Elie. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XIX° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-09T14:54:17+02:00

Homélie du Père Joseph du XVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Nous avons écouté, dimanche dernier, l’évangile du récit de la multiplication des pains. Ce dernier finissait par le fait que Jésus s’est enfui, échappant ainsi à la foule qui voulait l’enlever pour faire de lui leur roi. Quel succès, dirions-nous ! Cependant, comme vous le savez, après l’apogée, vient le déclin. Aujourd’hui, l’évangile qui nous est proposé sonne pour Jésus comme le début de la fin, la chute, le déclin de popularité, la baisse dans les sondages, mais Jésus n’a rien vu venir.

Jésus en prend conscience, il encaisse cet échec qui marque aussi un changement de cap, un tournant dans sa mission. Il faut tirer leçon de nos échecs. Jésus lui aussi profite de cet échec pour opérer un changement de stratégie pastorale : désormais, il ne s’adressera plus aux grandes foules venues de partout : son enseignement sera désormais destiné à un groupe plus intime, restreint, un noyau plus resserré constitué du petit groupe de ses disciples. Lors d’une formation pastorale faite aux prêtres, on nous avait fait remarquer le danger que nous avons, nous prêtres, à nous occuper de tout le monde, les nombreuses foules qui arrivent et viennent pour la messe le dimanche, aux funérailles, baptêmes, mariage… au point que cela peut nous faire oublier de prendre soin de ces groupes restreints, les équipes qui collaborent étroitement avec nous dans la mission. Les disciples ont aussi besoin que Jésus s’occupe d’eux.

Jésus avait espéré que les foules seraient prêtes à faire un saut de qualité, le saut de la foi après la multiplication des pains.  Il se rend compte malheureusement que cette foule n’a rien compris au message de la multiplication des pains. L’effet du miracle du partage et de la générosité qui nous appelait à faire de même dans notre quotidien est vite tombé à l’eau car la  foule a compris exactement le contraire de ce que voulait Jésus : pour les gens, Jésus ne leur servait que de nourricier, un faiseur des miracles, un Dieu qui les nourrit gratuitement tout simplement. Déçu, Jésus décide de s’en aller et d’échapper à ces gens qui veulent faire de lui un roi ! Qui ne voterait pas pour un président, un premier ministre qui, au lieu d’augmenter les impôts et de serrer les vices, fait des cadeaux à tout le monde, et pas seulement aux plus riches ? Voici pourquoi cette foule cherche Jésus et le rejoint pendant qu’il cherchait à s’isoler dans la prière.

Jésus a décelé leurs petits calculs hypocrites. Ils lui disent : « Oh Jésus, tu nous as tellement manqué ! Nous t’avons cherché partout ! » Une opération de séduction calculée et pas sincère comme celle à laquelle nous assistons quand nos enfants, le conjoint veut obtenir quelque chose…! Quand vous voyez votre adolescent toujours râleur et turbulent s’approcher de vous avec douceur, vous câliner alors qu’il ne fait jamais une bise à personne… vous vous dites bien qu’il y a anguille sous roche ! Jésus a du mal à accepter ce côté manipulateur parce qu’il voit bien que la foule veut l’instrumentaliser : Il leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ». Bref, ça suffit maintenant !  Je refuse de se faire avoir ! J’ai tout compris à votre petit jeu !

Vous le savez bien, spontanément, nous ne cherchons pas Dieu parce qu’Il nous indique le chemin pour grandir, pour aimer, mais pour qu’il résolve nos problèmes, sans nous fatiguer et nous faire attendre, le plus tôt possible. Nous avons parfois un comportement calculateur, commerçant et commercial avec le Seigneur.

Je vous donne un exemple ! Un jeune couple arrive au presbytère ! Ils habitent l’une de nos 5 paroisses ! Depuis mon arrivée, je ne les ai jamais vu à la messe ! Ils veulent se marier à l’église, et tout d’un coup, il se rappelle que Dieu existe, que se marier à l’église est quand même plus beaux que les 15 minutes passer devant monsieur le maire, entendre deux ou trois articles de lois et signer vite fait un bout de papier ! A un certain moment du dialogue, après avoir raconté leur histoire amoureuse, les péripéties et étapes de leur vie de couple, j’ose poser des questions touchant à la foi parce que c’est un sacrement qu’ils demandent. « C’est quand que vous avez été à l’église récemment ? » Leur réponse « Euh, je ne me rappelle plus ! C’était malheureusement aux funérailles de grands parents d’un copain… ! » et je poursuis « C’est quand est vous avez prié la dernière fois ?»  Réponse « Pour être honnête, je ne me souviens plus ! » Et pourtant vous voulez vous marier à l’Eglise, devant Dieu

En fait, Dieu n’a pas de place dans votre vie. Vous le cherchez parce que vous avez besoin de lui pour vous marier, comme cette foule qui cherche Jésus parce qu’elle veut manger. Ensuite, vous reviendrez à lui pour le baptême de votre enfant….et la dernière fois que vous reviendrez dans une église, c’est sera quand d’autres personnes vous y amèneront dans un cercueil pour les funérailles. Je caricature un peu mais il y a un peu de  pour ces gens qui ne se rappellent de Dieu et de l’Eglise que quand ils ont une demande à faire.

Pour beaucoup de gens malheureusement, Dieu existe seulement quand et s’il résout leurs problèmes. Nous arrivons à déterminer l’utilité de Dieu, à quoi il nous sert. C’est une vision utilitariste d’un Dieu au service de nos besoins.  Dans nos relations amicales et familiales, vous pouvez compter ceux qui s’approchent de vous, vous appellent, viennent vous voir que quand ils ont besoin de vos services ? A un certain moment, vous en avez marre et vous rayez cette personne de la liste de vos amis. Il en est de même pour le Seigneur, même si lui n’est pas capable de nous rayer sur la liste…car il est tellement grand dans son Amour que, même blessé par notre égoïsme, il nous appelle à nous convertir. On le voit dans l’attitude de Jésus. Il est déçu mais ne s’enferme pas dans sa déception ! Bien au contraire, il donne à la foule une voie de sortie digne par un enseignement qui rappelle ce qui est essentiel dans la vie.

« Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ». L’être humain est dévoré par la soif du succès, de la réussite, des biens matérielles.… Nous pouvons avoir tout l’agent du monde, tout le pouvoir et tous les succès… il restera toujours en nous une soif que rien, que personne ne pourra étancher. Et cette soif-là, seul Dieu peut l’étancher. Aujourd’hui, Jésus nous le dit : le seul pain qui rassasie vraiment, c’est moi qui peux vous le donner. Il nous dit qu’il est en personne le Pain vivant et vrai.

Alors, profitons des joies que la vie nous offre, des amours, les satisfactions, les vacances, plaisirs, les petits et grands succès…sans oublier que la plénitude du bonheur est ailleurs.  N’oublions pas chercher Dieu. Que le Seigneur nous convertisse et nous donne de le chercher, sans calculs, sans égoïsme, gratuitement, pour lui-même, lui qui est le Pain Vivant et Vrai qui nous donne la Vie.

 

 

Homélie du Père Joseph du XVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-08-02T16:16:03+02:00

Homélie du Père Joseph du XVII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœur !

Au comment de préparer cette homélie hier soir, je m’attendais à récit qui fasse une sorte de suite d’évangile deux dimanches précédents : Il y a 15 jours, Jésus avait envoyé ses disciples deux par deux, et dimanche dernier, il les invitait à se mettre à l’écart et à se reposer, à prendre un peu de vacances !

J’aurais bien préféré que l’évangile de ce dimanche nous dise que les disciples se sont réellement reposés et ont pris des vacances… Mais non ! Jésus et ses disciples sont poursuivis par une foule immense qui les empêchent de se reposer, comme ceux parmi vous qui êtes poursuivi par le boulot même pendant les vacances, avec le téléphone, les mails… …qui vous rappellent que vous devez être accessibles et joignables, même en vacances, pour gérer les urgences !

L’évangile nous décrit une grosse urgence à résoudre : « Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? ».  Jésus est saisi de compassion pour cette foule affamée et il faut urgemment trouver une solution.  Mais la solution proposée par les disciples est celle que nous proposons aussi très spontanément devant la misère dans le monde. Leur réponse en gros : « Ils n’ont qu’à se débrouiller !» C’est la réponse de Philippe : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain ».

Le raisonnement des disciples et la solution bien pratique, logique, la seule économiquement tenable qu’ils proposent est de renvoyer la foule affamée. Devant certains les drames, comme la famine, la guerre dans certains pays, la misère croissante… nous préférons parfois fermer les yeux pour ne pas voir… car voir et toucher réellement la souffrance de l’autre nous obligerait à faire quelque chose.

Prenons un exemple, tellement flagrant et actuel : l’immigration. Nous en  avons tellement parlé lors des dernières élections européennes et législatives après la dissulution. Devant la crise migratoire, nous avons des solutions logiques toute faites et prêtes ! La France, l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! L’UE est prête à payer des milliards à la Turquie, à la Lybie, à la Tunisie juste pour que ces pays empêchent ces migrants d’arriver nos territoires.  Le dernier premier ministre britannique avait même proposé au Rwanda, en échange de quelques centaines de s millions de dollars, d’être un « pays de transit » pour les demandeurs d’Asile ! Imaginez le Rwanda : un pays minuscule, avec la plus forte densité d’Afrique, où les gens se marchent presque dessus ; et là, c’est à ce petit pays qui étouffe déjà qu’on demande et qui accepte d’accueillir encore des demandeurs d’asile, simplement pour que cette misère migratoire ne nous atteigne pas, pour ne pas la voir de nos yeux, car voir cette misère nous obligerait forcément à faire quelque chose.

Nous n’avons qu’à les renvoyer chez eux en Afrique, en Syrie, en Irak, au Liban…tant pis s’ils meurent dans cette guerre et ces conflits même si c’est aussi nous qui les avons provoqués chez eux directement ou indirectement ! Nous oublions que ce sont certaines de nos politiques qui parfois provoquent ce chaos dans ces pays !

« Faites-les asseoir et donne-leur vous-même à manger ! » Jésus nous responsabilise. Inutile de chercher à qui la faute ! Nous sommes là devant un drame, et au lieu de disserter des heures et des heures, Jésus demande de réagir avec notre cœur et de tenter des solutions de cœur ! Tout d’un coup, devant l’insistance de Jésus, voici que les disciples cherchent d’autres solutions ! Ils auraient quand pu y penser avant !  André a une tentative de solution : « André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Voilà comment devrait réagir un chrétien : essayer de trouver une solution, d’être généreux, même si nos solutions sont être limitées.

Devant la souffrance qui nous entoure, essayons chacun de faire notre part, de manière généreuse et responsable. Dieu fera sa part ensuite. En effet, pour 5 mille hommes et tant de femmes et d’enfants, 5 pains et deux poissons ne sont pas grand-chose, juste une misère ! C’est le pique-nique d’un enfant perdu au milieu de la foule.  Un adage dit que ce sont les petits ruisseaux qui dont des grands fleuves.  Nous aussi, faisons notre part, comme dans la « légende du colibri » : Un incendie se produit dans une forêt où il y a tous grands et petits animaux. Quelle tragédie qui provoque un sauve-qui-peut ! Mais le colibri, petit oiseau, s’en va à la mer et de bon bec, amène une goutte d’eau qu’il déverse sur le feu pour éteindre l’incendie, puis revient. Les gros animaux, lion, éléphants… se moquent de lui en lui faisant comprendre que le mieux est de se sauver, au lieu de vouloir éteindre un grand feu avec goutte d’eau alors que les canadairs n’y arrivent pas. Le colibri leur rétorqua : « moi je fais ma part et j’essaye de trouver une solution ! Peut-être que si vous aussi vous vous y mettez, vous qui êtes plus grands et plus forts que moi, nous pouvons arriver à éteindre ou au moins à ralentir l’incendie »

Cet enfant de l’évangile a accepté de mettre son pique-nique à la disposition de tous. Le miracle que l’on appelle souvent « la multiplication des pains » pourrait être appelé aussi le « miracle du partage et du coeur généreux ». Cet enfant n’a pas encore la tête et le cœur bourrés et pollués par tous les calculs politiques et macro-économiques ! Il a simplement accepté de partager parce qu’il a un cœur et c’est cela qui provoque un miracle. Aujourd’hui encore, Jésus se sert de notre générosité pour manifester sa puissance.

Je n’entrerai pas aujourd’hui dans les considérations théologiques de ce miracle avec sa symbolique eucharistique. Voyons simplement, dans le geste de cet enfant, une invitation au partage dans notre société et dans notre monde devenu de plus en plus individualiste et égoïste.  Au moment où nous parlons des vacances, de voyage, cet évangile est un appel à penser à ceux qui, autour de nous, n’ont pas les moyens de prendre des vacances ou de pouvoir voyager ! Nos mains, notre pain, nos pieds, notre bouche, notre cœur généreux…sont les outils au service du Seigneur pour nourrir, guérir et prendre soin de nos contemporains souffrants. Que cette eucharistie nous obtienne la grâce d’un cœur généreux, attentif, compatissant, comme le Christ, comme ce jeune garçon de l’évangile. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XVII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-26T10:43:15+02:00

Homélie du Père Joseph du XVI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, Jésus nous a envoyé en mission deux par deux, en équipe, nous rappelant l’annonce de l’Evangile et la mission en Eglise se fait toujours avec les autres. Il nous invitait aussi à accepter les déplacements qu’impose la mission, à nous bouger, à nous donner toujours de nouveaux objectifs et à ne jamais rester statiques. Cela nous rappelle que ce que Jésus nous demande de faire et de vivre, nous pouvons certes le faire seul, mais si nous voulons être fécond, il nous faut travailler avec les autres, en équipe. Jésus nous commande de le faire en équipe ! Ce dimanche, Jésus aborde d’autres thématiques pour nous inviter à la conversion.

Dans la première lecture, Dieu n’emploie pas une méthode douce pour appeler à la conversion, mais il le fait à travers des paroles dures que nous n’aimerions peut-être pas entendre, comme ces paroles du prophète Jérémie contre les pasteurs d’Israël. Ces pasteurs sont coupables d’avoir mal conduit le peuple et de l’avoir conduit à sa perte : « Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage ». Ce qui est beau et rassurant, c’est de voir comment un oracle qui a commencé avec une menace se conclut par la révélation de la tendresse et miséricorde de Dieu pour son peuple : « Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur. » Cette promesse va se réaliser plus tard en Jésus, le Bon Berger.

En écoutant cette parole, nous pouvons faire comme tous les bons paroissiens qui écoutent l’évangile et les homélies des prêtres pour les autres d’abord, mais jamais ou alors très rarement pour leur propre conversion. « Chéri, chérie, t’as entendu ce que le prêtre pendant l’homélie ! On dirait qu’il s’adressait vraiment à toi !  Si mon collègue mon manager, mon responsable pouvait entendre ce que le prêtre a dit aujourd’hui ! » Pour nous parfois, c’est comme si l’appel à la conversion était d’abord adressé aux autres, et pas à nous.  Cette tentation nous guette de penser que ces paroles dures de Dieu, prononcées par le prophète Jérémie ne nous concernent pas parce qu’elles s’adressent aux pasteurs, aux prêtres, aux autorités, à ceux qui sont responsable et qui gouvernent. Non, la parole de Dieu s’adresse d’abord à nous, personnellement.

Petits et les grands, nous sommes tous disciples du Christ qui ont, dans notre vie familiale, professionnelle, associative, ecclésiale des rôles, responsabilités et des missions. Le Seigneur nous demande de remplir des rôles et mission avec le cœur. Demande-toi dans quel état d’esprit, quelle quantité et qualité d’amour tu mets dans tes missions et responsabilités. N’y a-t-il pas trop d’égo dans ma manière de remplir mes missions ? Regardons ce qui se passe au niveau politique dans notre pays : finalement, nous remarquons qu’il y a aucun projet, ou de très peu de projet, mais seulement la guerre des égos et le positionnement personnel dans tous les partis !  Et le bien du peuple vient en dernier lieu. Nous ne sommes pas vaccinés contre cette dérive d’orgueil dans nos missions ecclésiales et professionnelles, d’où l’appel à la conversion.

L’Evangile rappelle qu’un chrétien, disciple du Christ est d’abord appelé pour « être avec Lui, à part ». C’est ce que Jésus demande à ses disciples qui reviennent d’une mission, tous heureux de leur réussite et succès. « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ». Se mettre à l’écart pour rendre compte au Seigneur, pour se ressourcer…C’est Jésus qui les avait envoyés annoncer la Bonne Nouvelle. Au retour, c’est vers Lui qu’ils vont en premier, pour rendre compte et relire avec Lui leur mission. Il y a des gens pensent être dépositaires d’une mission et qui refusent de rendre des comptes aux responsables. En fait, dans l’Eglise comme dans le monde professionnel, nous avons tous des responsables et nous avons toujours à rendre compte, à relire ce que nous faisons.

Cet évangile voudrait aussi nous fait réfléchir sur la manière dont nous exerçons nos missions et services dans l’Eglise. Au niveau ecclésial, une responsabilité est toujours est reçue ! On ne décide pas d’être curé d’une paroisse, évêque d’un diocèse ! C’est toujours un appel, une mission confiée par quelqu’un d’autre, comme service à rendre, mission à accomplir. Même le pape est élu par d’autres évêques ! Pape, évêque, curé de paroisse, formateur de séminaire, vicaire, simple prêtre, membre l’EAP, du conseil pastoral, de l’équipe liturgique, SEM aumônerie, catéchisme, Secours catholique, préparation aux sacrements… Aucune de ces missions n’est une initiative personnelle, une question d’envie, de besoin d’autoréalisation personnelle : c’est d’abord notre réponse à Dieu qui appelle, confie et envoie en mission. Cela veut dire aussi que, comme les disciples du Christ dans l’évangile de ce dimanche, nous devons rendre compte au Seigneur des missions qu’il nous confie.

Cet évangile me rappelle le souvenir d’un de mes formateurs pendant mes années de séminaire à Rome. Le père Mario Gadda était supérieur de la maison et en même temps, aumônier de prison. Le matin, quand nous allions à l’université, il partait aussi à son apostolat dans la grande prison romaine de Regina Caelli. Chaque matin, avant de partir à la prison, le père Mario passait une demi-heure d’adoration devant le saint sacrement pour être d’abord avec le Seigneur qui l’envoie à la rencontre des prisonniers. A son retour, le soir, il passait directement à la chapelle pour une autre demi-heure d’adoration pour rendre compte au Seigneur de sa mission et lui présenter les visages des prisonniers rencontrés. Pour moi en formation, c’est un témoignage qui m’avait beaucoup marqué.

Cet évangile est un beau cadeau au moment où nous sommes déjà ou nous nous apprêtons à partir en vacances. Heureux de retrouver nos proches et amis, nous poser, de nous reposer, de couper avec la routine et les tralalas professionnels pour refaire nos forces, être reboostés… Comme les disciples revenus de mission, mettons-nous un peu à l’écart de temps en temps avec le Seigneur pour faire le point sur notre vie personnelle, professionnelle, spirituelle, familiale, ecclésiale. Dans la mesure du possible, profitons de l’été pour vivre une halte spirituelle, un petite de retraite, tout seul, en couple, en famille ou avec des amis. Ce repos physique sera ainsi accompagné de grâces spirituelles pour affermir notre relation avec le Seigneur sans lequel nous ne pouvons rien faire. Amen.

 

 

Homélie du Père Joseph du XVI° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-24T11:00:19+02:00

Homélie du Père Joseph du XV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs

Dimanche dernier, l’évangile nous rappelait la mission quasi impossible et les difficultés que rencontre un prophètequi veut témoigner dans un milieu connu et familier. Il nous disait lors de son passage à Nazareth « un prophète n’est méprisé que dans sa maison, sa parenté, sa propre famille ». Mais difficulté ne veut pas dire impossibilité ! Cesobstacles ne doivent pas nous empêcher d’oser annoncer la Bonne Nouvelle et témoigner dans nos familles, villages, villes, et cercles trop familiers.

Les plus jeunes, les adolescents aujourd’hui son moins timorée que nous les adultes pour parler de leur foi entre eux. Même si ce n’est pas évident, il nous faut annoncer la Parole qui, accueillie ou rejetée, elle garde toute sa puissance même si nous ne constatons pas des résultats immédiats. Les fruits arrivent parfois longtemps après, même si ce sont d’autres personnes qui les récolteront : certains sèment, d’autre arrosent, et plus tard, ce sont d’autres qui récoltent les fruits, mais dans tout cela, c’est Dieu qui est à l’œuvre car c’est lui qui donne la croissance !  

Pour illustrer le fait qu’il ne faut jamais baisser les bras ni se décourager après un échec, quelque chose qui n’a pas marché, Jésus nous dit qu’il faut changer de stratégie et de méthode, et surtout, se faire aider par les autres. Voilà pourquoi il envoie ses disciples en mission deux par deux. La vie chrétienne est un appel à cheminer, à voyager ! Au cours de ce voyage, nous sommes parfois bousculés, nous pouvons échouer, il nous faut nous réinventer, se renouveler fixer denouveaux objectifs, franchir des étapes, faire de pauses….

Le pape François nous appelle sans arrêt à être disciples-missionnaires qui vivent une conversion à la fois personnelle et pastorale, dans une mission toujours nouvelle dont le message est le même hier, aujourd’hui et demain : le Christ Ressuscité. Penser la vie humaine, chrétienne et ecclésiale de manière statique, immuable, nostalgique, figée dans le passénous conduit à la mort. La mission nous oblige forcément à faire des déplacements, des conversions, et à tenir compte du contexte spatio-temporel en mutation dans lequel le Christ se donne.

Jésus envoie ses disciples deux à deux, et non pas seulparce qu’il sait que nous avons besoin du soutien des autres dans la vie et dans la mission ! La première mission est sans parole. C’est d’abord le témoignage d’être, de marcher et de travailler ensemble, l’un à côté de l’autre en unissant lesforces. Chez les religieux, une communauté est constituée au minimum de trois personnes. C’est pour cette raison que les congrégations n’envoient jamais un seul membre quelque part, dans une paroisse. Je vais vous faire un scoop et vous demander de prier pour un projet : Il se peut quà la rentrée, notre ensemble paroissial accueille une nouvelles congrégation religieuse : trois franciscains de l’Immaculéequi viendront s’implanter dans le diocèse  et que l’archevêque nous confie. Il y a 10 jours j’ai rencontré deux d’entre eux venus en repérage. Ils sont motivés mais la décision définitive doit être prise par leur supérieur général qui est à Rome. Il nous faut donc prier pour que cette communauté vienne chez nous  Dieu le veut.

La première chose qui donne envie de rejoindre à une équipe, un groupe associatif ou pastoral, c’est la qualité des relations entre les membres. « Voyez comme ils s’aiment », disait-on des premiers chrétiens à Jérusalem. Jésus disait à ses disciples en les envoyant : « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples ». Une mission ecclésiale ne peut se vivre dans la solitude, seul dans son coin. Les disciples sont envoyésdeux par deux parce que différents, ils doivent mettre leurs différences au service du même projet, se soutenir pour faire face aux fragilités mutuelles et profiter des charismes les uns des autres. Saint Paul nous rappelle que nous sommes tous membres du même corps et que chaque membre est appelé à travailler pour le bien du corps entier, et c’est l’harmonie entre les différents membres qui permet au corps d’être en bonne santé. Vouloir travailler seul, c’est courir le risque de s’épuiser, de faire mourir la mission et empêcher la croissance de Parole de Dieu et de l’Eglise.

Un autre point important dans cette pédagogie missionnaire est la confiance en la providence de Dieu : « il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton » ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Non seulement il y a l’ami qui nous soutient, mais Jésus nous conseille aussi de nous appuyer sur le bâton du pèlerin et du missionnaire, un bâton pour s’y appuyer quand nous sommes fatigués. Les disciples partent dépouillés !

Quand je devais quitter mon ancienne paroisse pour venir ici, je me suis rendu compte combien il est difficile de déménager, et surtout faire les cartons ! J’ai réalisé qu’en 9 ans où j’étais curé, j’avais tellement accumulé des choses dont je ne m’étais jamais servi. D’où le besoin de faire le tri, donner aux autres et jeter aussi pour se dépouiller un peu. S’encombrer des choses, accumuler, acheter pour acheter sans discernement… tout cela peut reflète notre manque de confiance. Pensons à toutes les assurances et garanties que nous souscrivons : assurance vie, assurance voyage, annulation, panne, garantie pour tel appareil… Le Seigneur nous appelle à lui faire confiance et faire confiance en la générosité des gens qui nous entourent : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien », dit le psaume 22.

Très souvent, par orgueil sûrement, nous pensons que la mission dépend principalement de nos grands moyens au point d’oublier que c’est le Seigneur qui est le premier protagoniste de la mission qu’il nous confie. La pauvre, même en pastorale, est une belle la grâce ! Quand on sait qu’on est pauvre, on est modeste et humble, on cherche de l’aide, on appelle les gens au secours, on leur dit qu’on besoin d’eux, on sait s’appuyer sur les autres. Combien des gens sont allés s’investir dans une autre paroisse parce que, quand ils ont proposé leurs services dans leur paroisses territoriales, on leur a dit qu’on n’avait pas besoin d’eux…. Plus on est riche, plus on croit n’avoir besoin de rien et ni de personne, dans la vie etcome en pastorale, on étouffe les charismes et on appauvrit l’Eglise.

Puisse le Seigneur nous donner cette grâce de la confiance, du dépouillement et de cette pauvreté qui nous rendent tellement riches de Dieu et des autres. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-14T11:25:16+02:00

Homélie du Père Joseph du XIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Jésus est un missionnaire infatigable, se donnant sans compter, parcourant villages et villes pour enseigner, guérir, annoncer la Bonne nouvelle. Pour reprendre l’expression chère au pape François, Jésus est un missionnaire qui allait dans les périphéries d’Israël sans se fatiguer, passant de ville en ville, de village en village. Cependant, même les grands travailleurs et missionnaires ont besoin de repos, de retrouver la famille, revenir aux sources, Jésus aussi revient de temps en temps à la maison. Le père Vital est parti aussi en vacances, et Willy y sera en août. Pour aider, Théodore et Rodrigue sont arrivés depuis mardi. Je pense aussi à vous tous qui, en cette période des vacances, allez pouvoir vous reposer en famille ou retrouver des amis.

Dans l’évangile, il est beau de voir Jésus revenir à la maison ! Cela nous montre qu’il est profondément humain et que rien de ce que nous pouvons vivre ne lui est étranger ! Ce retour à Nazareth est une leçon pour ceux qui ne pensent ou ne peuvent prendre des vacances, faute de temps ou parce qu’ils pensent qu’il y a trop de boulot. En ce temps de vacances, pensons et prions toutes ces personnes qui vont partir ou revenir dans les lieux familiers, lieu de leur naissance, de leur enfance, lieu de souvenirs familiaux, des cousinades…. cesrassemblements familiaux que l’été nous donne l’occasion de vivre, mais  qui sont aussi parfois source de tension dans  nos familles.

Mais, même là aussi, annonçons la Bonne Nouvelle comme Jésus le fait à Nazareth ! Pour Jésus, tout lieu, même la famille, son village, sont des occasions et lieuxd’évangélisation. Nous savons toutefois qu’évangéliser et témoigner de sa foi en famille et dans les lieux familiers peut être rude. Jésus qui suscitait enthousiasme, admiration et foi adu mal à passer dans son propre village natal : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Si cela est arrivé à Jésus, pas étonnant que cela nous arrive dans nos familles. Je me rappelle quand je suis revenu, après la profession religieuse, dans mon quartier habillé en soutane blanche, en été 2000. Je rencontre une camarade de lycée qui me dit : « Non, Joseph, tu es prêtre ! On aura tout vu ! ». Rassurez-vous je n’étais pas un mauvais garçon ! Mais pour cette collègue, c’était inconcevable de voir un camarade de classe devenir un religieux…. Pensez à un journaliste, un grand patron ou un homme politique qui ose avouer publiquement, à la radio ou sur un plateau de télévision qu’il est chrétien, en France ! Il aura signé sa mort médiatique et politique !

Dans la première lecture, le prophète Ezéchiel est marquée dans sa mission aussi par le refus de Dieu de la partdu peuple. Il se rend compte très rapidement que Dieul’appelle à prendre sa part au refus même de Dieu : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi.  Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi.  Les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné ; c’est à eux que je t’envoie. »

Chaque prophète (nous sommes prophètes par le baptême) est appelé pour porter et sentir dans sa propre chair le refus de Dieu, de la part des hommes et des femmes de son temps, au point d’être nous-même rejetés. C’est une manière de porter sa croix, de participer à humiliation subie parJésus.

L’évangile nous dit que dans la synagogue de Nazareth, « nombreux étaient frappaient d’étonnement ». Ils se rendent compte qu’il y a quelque chose de nouveau. C’est comme quand nous allez proposer, en rentrant chez vous pour le déjeuner de faire un bénédicité, ou ce soir, en sollicitant toute la famille pour faire une petite prière avant d’aller au lit. Cette demande va en émerveiller certains, mais d’autresrisquent de vous prendre pour un fanatique surtout si les gens prétendent vous connaître trop bien ! « Non, ce n’est pas lui. Il doit être sous la coupe, sous l’emprise du curé, d’un groupe chrétien ! », encore si l’on ne dit pas que vous faites partie d’une secte ! Trop connu pour être un prophète ! La prétendue connaissance que les habitants de Nazareth ont de l‘enfant du pays devient un obstacle à la réception de l’Evangile.  Saint Marc conclut par une formule lapidaire : « Et ils étaient profondément choqués à son sujet. »

Pour la première fois, Jésus est appelé « charpentier » dans l’évangile de saint Marc. Ce qualificatif, dans la bouche de ses concitoyens exprime plus qu’un simple attribut : En Israël, presque tous possédaient un petit lopin de terre à cultiver pour se nourrir. Celui qui l’avait perdu pour diversesraisons, pour survivre, devait faire de petits boulots modestes. Parmi ces petits boulots, il y avait des petites réparations, du bricolage avec du bois : un travail d’artisan qui ne gagnait pas beaucoup d’argent et que personne n’avait envie de faire. Ce boulot, Jésus l’avait appris de son père Joseph.

« N’est-il pas le charpentier ? » Cette expression nous dit aussi ce que furent les 30 ans de la vie cachée de Jésus à Nazareth avant sa mission publique : une existence absolument anonyme comme n’importe qui, à tel point que, pour les Nazaréens, cela est incompatible avec le fait queJésus fasse des miracles, enseigne avec assurance et autorité. Ils n’ont jamais vu les grands rabbins, bien connus etbeaucoup mieux instruits, faire cela, et ce ne peut être possible pour un simple charpentier. En plus, les gens savent bien de quelle famille il provient. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ?  Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » 

L’émerveillement du départ s’efface devant cette connaissance trop commune et familière. Les cœurs se ferment au lieu de s’ouvrir à la foi.  Ne laissons pas Dieudevenir trop familier, tellement habituel et commun au point de nous fermer à toute nouveauté qu’il peut apporter dans nos vies. Nous courons le risque que Dieu devienne tellement familier de nous, par nos missions, l’eucharistie, les études, la lecture de sa Parole au point de bloquer en nous la disponibilité intérieure à toute nouveauté qu’il veut nous proposer pour nous émerveiller. Ne devenons pas de experts de la religion, du rite liturgique, de la pastorale, de l’eucharistie dominicale ou quotidienne, de la prière communautaire, mais ouvrons-nous à ce Dieu tellement proche, mais toujours nouveau et dont l’amour se renouvelle chaque matin.

Que cette eucharistie nous obtienne la grâce de ne pas nous habituer au Seigneur, mais de nous émerveiller sans cesse de la nouveauté de son Amour, dans l’actualitépermanente de sa Parole et de tout qu’il fait en nous, par nous, pour nous et autour de nous. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIV° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-07T11:25:12+02:00

Homélie du Père Joseph du XIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Voilà une des plus belles pages de l’évangile de saint Marc. D’habitude bref, timide et concis dans ses récits, il se lâche un peu plus dans la narration des faits où il mêle plusieurs histoires. On dirait qu’il veut nous faire vivre les sensations et les émotions intérieures, comme celui qui veut parler et raconter le doublé du Stade Toulousain, la Champions Cup il y a trois semaines et 23è Bouclier de Brennus. Nous avons vu la joie, l’allégresse, l’exultation, l’euphorie des Toulousains, alors que les voisins Bordelais étaient dépités, tristes, en larmes, découragés…. Dans cet évangile de ce dimanche, saint Marc nous fait vivre les sentiments, les émotions et les perceptions de ceux qui sont autour de Jésus, pour nous conduire sur un chemin de foi à la rencontre de Jésus qui nous libère et nous guérit. Il nous explique en quoi consiste la vraie foi et le fait de manière sensible et charnelle !

La foi n’est pas une doctrine qui s’adresse à la tête ni une éthique qui ne s’adresse qu’à la volonté, mais rencontre avec Jésus, Dieu fait homme, un Dieu sensible comme cette femme courageuse qui est privée de vie sociale et relationnelle à cause ses pertes de sang la rendant impure, un Dieu blesse et éprouvé comme ce chef de synagogue désespéré qui s’approche de Jésus pour demander la guérison de sa fille mourante.  Jésus est le Dieu des relations sociales libérées et libres des préjugés et exclusions. En Jésus, Dieu s’est incarné et notre foi a une dimension sensible, matérielle et corporelle car notre corps est appelé à être touché par la divinité de Jésus. La liturgie a une forte dimension corporelle comme, chanter, danser, se mettre debout, à genou, s’asseoir, taper dans les mains, pleurer, crier de joie…. Une foi véritablement chrétienne et sans idéologie ne peut faire fi de la dimension corporelle et sensible. Malheureusement il y a des chrétiens dénigrent le corps, soulignant le primat de l’âme à sauver, en oubliant que Dieu s’est incarné en Jésus.

Le récit de ce dimanche commence par l’amour d’un papa qui fait face l’enfermement religieux. Jaïre est chef d’une synagogue et fille est mourante. De quoi souffre-t-elle ? Nous ne savons pas ! A sa supplication, Jésus ne dit rien mais accepte de marcher et cheminer avec lui.

Sur la route, Jésus croise une femme. Contrairement à Jaïre qui est riche (chef de la synagogue et qui a peur de perdre ce qu’il possède, la femme est pauvre et n’a même pas de nom et a perdu toute sa richesse dans les soins. Elle n’a pas et ne peut même pas avoir d’enfant à cause de sa maladie. Elle est doublement condamnée à l’exclusion et à la solitude imposées par la Loi qui la considère comme impure, ne pouvant ni se marier ni avoir des relations intimes à cause sa maladie. Dans son cœur pourtant, cette femme a un grand désir de vivre ! Elle est courageuse et lutte de toutes ses forces malgré la dégradation progressive de sa santé.

Elle a entendu parler de Jésus et cela a fait naître en elle l’espérance ! Témoigner, parler de Jésus autour de nous, annoncer les merveilles qu’il a accomplies pour nous et autour de nous est une façon extraordinaire d’évangéliser et peut donner courage et espoir à beaucoup de monde. L’évangile nous plonge dans la tête et le cœur de la femme : « Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »  Ensuite, de la pensée, elle passe à l’acte : affronter la foule, passer par derrière et toucher le manteau de Jésus. « À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal ».

Jésus a senti une force sortir de lui. Chacun peut aussi faire l’expérience de cette force de Jésus qui guérit, libère et apaise…. La foi a une dimension communautaire et ecclésiale, comm aller à la messe, faire partie d’un groupe, un mouvement. Mais la foi, c’est d’abord rencontrer, aimer, sentir, toucher, vivre quelque chose personnel avec Jésus, comme cette femme de l’évangile Ne nous contentons pas d’une vie chrétienne qui soit seulement communautaire ou sociale. Il nous faut développer aussi la dimension personnelle. La femme cherchait à toucher l’habit de Jésus pour guérir, mais à un certain moment, c’est Jésus qui la cherche et veut la rencontrer.  « Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal ».

Jésus poursuit son chemin vers la maison de Jaïre, mais sur la route, il y a un obstacle : les prophètes des malheurs, les mauvaises langues, les pessimistes, les critiques négatives et les médisants qui veulent nous décourager : « comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » Ça ne sert plus à rien !   Certains vous disent que la foi, le baptême, le mariage, la messe, tout ça ne sert à rien. Pourquoi votre Dieu ne fait rien pour tous les malheurs du monde ? Pourquoi Dieu ne t’a pas épargné de cette maladie, de cette épreuve parce que tu crois en lui ?

Ces annonceurs de malheurs ont même un côté culpabilisant quand ils parlent à Jaïre : ta fille est déjà morte et tu n’étais même pas présent ! Mais Jésus fait renaitre l’espérance : « Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. ». Ne te laisse pas manipuler par la peur, l’angoisse et tes fragilités. Crois seulement, abandonne-toi, laisse-toi aimer et tu apprendras à aimer à ton tour.

A ce moment, nous notons quelque chose d’important : Jésus construit une communauté resserrée avec Pierre, Jacques et Jean qu’il sort de cette foule qui le bouscule, qui pleure, critique, fait des reproches. Il prend le père et la mère pour les conduire là-où se trouve la jeune fille. Il saisit la main de l’enfant (encore un geste sensible), et lui dit : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher. Elle avait douze ans ».

Chez les Juifs du temps de Jésus, à douze ans, on est presque majeur ! Ce n’est donc pas une petite fille comme la décrivait son père, symbole tous ces parents qui considèrent leurs enfants comme des éternels bébés, leur refusant de devenir autonomes, les appelant « mon bébé » même à 40 ans alors qu’ils sont déjà mariés. Ça crée des conflits avec les belles-filles et les gendres ! Cette jeune femme est confiée aux deux parents pour former une nouvelle communauté créée par Jésus :  la famille est la première communauté ecclésiale. Si l’Eglise est une famille, elle se fonde et s’appuie sur la cellule familiale, parents et enfants qui constituent une Eglise domestique. En cette période estivale où nous allons nous retrouver en famille, puisse Jésus venir soigner nos relations, nos blessures et faire de nous familles des véritables Eglises domestiques. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIII° dimanche du Temps Ordinaire, année B (2024)2024-07-01T15:09:06+02:00
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