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Homélies des messes

Homélie du Père Joseph de la Veillée de Noël, année B (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Enfin Noël ! Mais, comme à chaque fois, on dirait qu’il y a toujours quelque chose qui veut nous gâcher la joie et la magie de Noël, un truc qui s’interpose entre notre désir de profiter, nous réjouir, nous émerveiller et une réalité presque négative, agressive et obscure qui nous dit que ça ne sert à rien de fêter Noël. Ce soir, mes pensées vont vers les chrétiens de Terre Sainte, de Bethléem qui ne pourront pas célébrer Noël au lieu où il y eut le premier Noël, la naissance du Prince de Paix !

Pourtant, ce soir, je vous lance un appel : ne laissez rien, ni personne empêcher Jésus de naître dans votre cœur. Que personne ne nous empêche d’ouvrir notre cœur car c’est votre cœur qui doit devenir la crèche de Noël pour accueillir l’Enfant-Jésus, le Prince de la Paix qui veut entrer dans nos vies. Que ce Noël soit pour nous une occasion de changement, de conversion, de renaissance, de devenir les enfants de Marie et Joseph.

Alors, essayons de nous mettre en jeu, nous réveiller, nous émerveiller autour de ce nouveau-né de Bethléem. Cette semaine, j’ai eu quelques appels, entre-autre des gens qui demandaient les horaires de messes, comme si tout n’était pas affiché, mis dans le TU, sur le site internet et messes infos. Mais trois appels ont été comme un cadeau de Noël par la joie et l’émerveillement transmis : des paroissiens qui ont partagé leur joie de la naissance d’un bébé dans leur famille, ou un bébé qu’ils attendaient. L’émerveillement ! La joie ! « Le petit André est né ! » « Je vous présente mon fils Isaiah qui est né avec 3kg349 !! » « Les jeunes tourtereaux vont bien et attendent dans la joie la naissance…. »

Beaucoup de joie ! De l’action de grâce ! C’est cela Noël : un Dieu continue à naître chaque année. L’Enfant-Jésus nous provoque, nous dérange peut-être en nous demandant accueil et hospitalité. Gardons-lui une place, sa place ! Ne faisons pas l’erreur d’usurper sa place. Dieu ne s’est pas fait homme pour que l’homme prenne sa place ! Dieu s’est fait homme pour nous partager la vie divine. Nous voulons souvent prendre la place de Dieu, par exemple avec ces lois à travers lesquelles l’homme s’érige maître de la vie humaine, en décidant qui peut naître, qui ne doit pas naître, quand et comment mourir. C’est cette illusion qui risque de nous détruire et qui détruit déjà notre humanité à petit feu. Par son incarnation à travers la fragilité un tout petit bébé impuissant, Dieu nous guérit de l’illusion de la toute-puissance.

Dieu frappe de nouveau aux portes de nos cœurs et interrompt notre quotidien déjà trop rempli ! Jésus nous apporte cette joie que rien ne peut nous ravir ! Il désire naître en nous même si nous devons faire des longs trajets entre ce soir et demain, pour être dans la belle-famille ce soir et demain, au repas dans votre propre famille, ou alors ce soir chez papa et demain chez maman ! C’est notre réalité ! Pouvons-nous la changer ? Je ne sais pas ! La meilleure attitude est d’accueillir cette situation, l’accepter telle qu’elle s’impose à nous aujourd’hui et discerner comment y donner une place à l’Enfant-Jésus en dépit de toutes ces circonstances qui risqueraient d’assombrir la joie et la lumière de Noël.

Dieu naît dans notre Église qui discerne, réfléchit et se pose la question de ce qu’elle doit faire, des décisions à prendre dans une société en perpétuel bouleversement avec des mutations sociétales qui ne sont pas forcément des progrès sociaux et anthropologiques. C’est dans ce contexte pourtant, ici et maintenant que Jésus demande de renaître encore, en chacun de nous, comme il est né du sein de la Sainte Vierge Marie. Le soir du premier Noël comme pour nous aujourd’hui, les conditions n’étaient pas des plus idéales pour Joseph et Marie à Bethléem : parce qu’il n’y avait plus de place dans la salle commune, Marie et Joseph ont dû consentir à cette situation éprouvante qu’ils ne pouvaient changer pour accueillir l’enfant dans une crèche. Telle est la leçon de Noël : suivre Marie et faire comme Marie, c’est-à-dire accueillir Jésus dans notre histoire personnelle ou familiale pas toujours idéale idyllique

Dans son récit de Noël, saint Luc dit que les bergers sont les premiers à voir l’Enfant-Jésus. Des gens méprisés mais qui sont les premiers à contempler le Visage de Dieu à Bethléem. Ces bergers étaient exclus dans la société, considérés comme des voleurs et des criminels. Personne n’aime les bergers au temps de Jésus. Le Talmud, la grande tradition rabbinique, les considère comme non-personnes et si tu rencontres un berger dans un fossé, il ne faut pas le secourir, mais le laisser crever dedans. On les considérait comme l’emblème du pécheur impur, sans aucune possibilité de salut. Il était dit que quand viendrait le messie, les bergers et les publicains seraient les premiers à éliminer. Mais Noël dément cette idée d’un Dieu qui juge et châtie le pécheur. C’est une bonne nouvelle de Noël : quand Dieu rencontre les pécheurs, il les couvre d’Amour. Alors, si tu te sens exclu et méprisé, Noël est ta fête ! Dieu veut que tu contemples son visage car il t’aime d’un amour sans limite.

Quels sont ces gens méprisés de nos sociétés auxquels il nous faut apporter la bonne nouvelle de Noël, donner un peu plus d’amour. Pense ce Noël à quelqu’un que tu méprises, que tu exclus, que tu n’aimes pas voir. Dans ta famille ce soir, montre-toi un peu plus sympa avec celui ou celle que tu es obligé de voir parce que la réunion de famille t’y oblige. C’est cela Noël : Dieu touche et donne de l’amour à cette personne à travers tout geste, toute parole que tu poses envers elle et les autres.

A Noël, Dieu nous touche et nous embrasse ! Au moment où nous célébrons Noël, on parle du retour de la Covid, on nous dit qu’il faut faire attention, porter les masquer. On risque de nous dire de ne pas nous toucher, nous embrasser, se rapprocher corporellement ! Encore un truc pour nous gâcher la fête ! Quel traumatisme pour les petits-enfants de ne pas toucher, embrasser les parents, les grands-parents ! Ce que nous avons de plus profond passe à travers les gestes corporels, le toucher, nos embrassades ! Notre Dieu s’est incarné, il a pris un corps, il a embrassé notre nature par amour pour nous. Grâce à Noël, Dieu est devenu sensible, corporel, physique, proche de nous, a pris chair de notre chair, à travers la fragilité d’un bébé accueilli dans une crèche.

Dans cette crèche, Marie et Joseph accueillent et prennent soin du bébé. Nous aussi, ce soir, accueillons et prenons soin de Jésus, présent concrètement à travers nos frères et sœurs, ceux avec lesquels nous vivons, ceux avec qui nous allons passer la soirée ou le repas de demain. Il est aussi présent à travers ces autres, ces exclus qui risquent de se retrouver seuls, sans un appel, sans une carte postale, sans aucun cadeau. C’est à toi, à moi, à chacun de nous de voir en eux Jésus qui a besoin d’un peu d’attention, un peu d’affection de notre part. Joyeux Noël.

Homélie du Père Joseph de la Veillée de Noël, année B (2023)2023-12-27T18:54:38+01:00

Homélie du Père Joseph du IV° dimanche de l’Avent, année B (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Dans cet évangile, saint Luc parle de la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus. Il s’agit de deux annonciations au cours desquelles les messieurs ont du mal à croire (Zacharie qui va rester muet et Joseph qui va chercher à quitter Marie sans lui faire du mal !) alors que les femmes semblent plus ouvertes à la fantaisie de Dieu. C’est normal ! On le voit même aujourd’hui : la femme est plus ouverte à la foi. Faites les statistiques du nombre d’hommes et de femmes dans cette église et dans toutes les activités ecclésiales : messieurs, nous sommes en minorité ! Zacharie était prêtre du groupe d’Abias. Pendant l’office qu’il présidait au temple de Jérusalem, l’ange Gabriel lui annonce que son désir, sa prière d’avoir un fils a été exaucé ! Mais il n’y croit pas ! Comme quoi, nous pouvons prier sans croire vraiment, sans avoir la foi, désirer quelque chose, prier sans la certitude d’être exaucé ! Zacharie nous en donne l’exemple. Tu pries mais tu n’es pas confiant dans le Seigneur ! Comment veux-tu être exaucé dans ce cas ? À cause de son manque de foi, Zacharie restera muet jusqu’à la naissance.

Zacharie ignorait que quand Dieu t’appelle, il t’implique aussi, te demande de partir pour l’inconnu d’impossibles qu’il rend possibles ! Dieu ne demande jamais de choses possibles ! Les humains demandent aux autres des choses possibles, mais Dieu nous demande des choses qui paraissent humainement impossibles mais qui, grâce à lui, adviennent. Zacharie avait fait remarquer à l’ange que ses propos étaient quelque peu impossibles : « Alors Zacharie dit à l’ange : « Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Moi, en effet, je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge. »

L’ange Gabriel va ensuite à Nazareth, un petit village perdu de 400 habitants, méprisé de toute la Judée ! Cette fois-ci, l’ange Gabriel s’adresse à une femme. Là aussi, c’est une pure fantaisie, une folie. Comment Dieu a-t-il eu cette idée ? Dans l’AT, après le récit d’Adam et Eve, l’unique autre fois où Dieu s’est adressé directement à une femme (la première fois c’était pour la recadrer), c’était quand il a parlé à Sara, la femme d’Abraham. Depuis, Dieu n’a plus adressé sa parole à une femme.

Et pourtant, dans la petite ville de Nazareth, Dieu choisit de trouver la mère du Sauveur ! Il ne pouvait trouver pire. Nous aurions probablement choisi une ville importante, Jérusalem par exemple ! Mais Dieu ne juge pas comme nous. Pourquoi Dieu n’a pas choisi un autre moyen pour son incarnation, pour se faire connaître ? Il choisit un petit village, jamais mentionné dans la Bible et va trouver une adolescente inconnue de 13 ans environ appelée Marie. D’ailleurs, le nom de Marie n’est pas de bonne augure dans l’AT. Dans la Bible, il y a une autre Marie (Myriam, la sœur de Moïse) : celle-ci fut maudite par Dieu, punie avec la lèpre parce qu’elle était raciste et s’était moquée de Séphora, sa belle-sœur, la femme de Moïse, seulement parce que celle-ci était noire. Donc, en plus d’être une femme, trop jeune, le prénom de Marie n’est pas de bonne augure (pour nous, c’est le plus beau des prénoms !)

L’ange arrive chez elle et la salue : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. ». Marie est pleine de grâces, pas pleine de mérites personnels. Elle n’a rien fait pour mériter ce qui lui arrive : les choses de Dieu ne se méritent pas, elles s’accueillent et se reçoivent ! Nous vivons dans une culture du mérite ! Même dans l’Eglise ! Cette semaine, j’ai rencontré une dame bien investie dans l’Eglise qui m’a fait la liste de tout ce qu’elle fait dans et pour l’Eglise, simplement pour me rappeler que je ne dois lui faire aucun reproche, même quand elle blesse les autres dans la communauté.

Au cœur de la foi chrétienne, il y a la gratuité de Dieu, le gratis dans lequel tout devient possible grâce à Dieu. Les appels de Dieu ne sont pas une prime, une récompense pour nos capacités, nos mérites mais des appels à s’ouvrir à sa grâce imprévisible. Alors, si tu es convaincu d’avoir des mérites devant Dieu, détends-toi un peu ! Calme-toi ! Mais si tu te sens incapable et petit, lève la tête et laisse-toi rejoindre par l’Amour car Dieu ne veut personne d’autre à part toi ! Il ne veut que toi parce que tu sais, comme Marie, que Dieu ne peut rien faire sans ton oui et que tu ne peux rien faire sans lui. Ton oui, comme celui de Marie permet à Dieu de tout faire, de réaliser des choses extraordinaires. Devant Dieu, nous ne sommes pas appelés à être les meilleurs. Devant lui, il suffit seulement d’être disponible et ouvert à sa grâce et se laisser façonner par sa main, comme l’argile dans les mains du potier.

« Ne crains pas ! » dit l’ange Gabriel à Marie ! « Ne crains pas Marie si Dieu ne prend pas la voie de la grandeur, ne crains pas si Dieu, l’infiniment Grand se cache dans un petit embryon ! Ne crains pas Marie si Dieu se montre loin de l’encens du temple et des lumières des grandes villes ! » Comme avec Marie, l’ange nous rassure ! Il rassure chacun de nous.  « Ne crains pas ! » Ne crains pas ces retrouvailles familiales de Noël qui te donne déjà la boule au ventre depuis quelques jours ! Ça va bien se passer ! Fais confiance !

Ne crains pas ! Les exégètes disent que cette expression revient 365 fois dans la Bible, on dirait une invitation pour chaque jour de l’année. Le matin, à peine réveillés, avant toute chose, écoutons dans notre cœur Dieu qui nous dit personnellement : « Ne crains pas ! Quoiqu’il t’arrive, ne crains pas. Ne crains pas de pardonner même si ton pardon ne sera pas accepté ! Ne crains pas de semer l’amour toujours, partout et malgré tout ! Ne crains pas de recommencer ! Tu n’es pas enfermé dans tes erreurs. Ne crains pas de dire oui ! Ne crains pas parce que je suis avec toi ! »

L’ange Gabriel a une discussion avec Marie qui est bouleversée et veut comprendre ! Marie ne dit pas oui tout de suite. Comme toute juive, elle sait que dans le judaïsme Dieu ne peut pas avoir d’enfant. C’est un blasphème dire que Dieu a un enfant, sauf si tout le peuple d’Israël dans son ensemble approuve. Alors, Marie doute, est déconcertée et cherche à comprendre ce qui lui arrive et la manière dont se réaliseront les choses que lui raconte l’ange Gabriel. C’est curieux de voir cette petite adolescente tenir tête à un archange qui probablement ne s’attendait pas à toutes ces questions. La virginité de Marie n’est pas simplement une question de nature sexuelle : il s’agit aussi d’une virginité du cœur ! Marie sait qu’aucun homme ne peut avoir avec elle un enfant comme celui décrit par l’ange : le Fils de Dieu. C’est beau et rassurant pour nos doutes et nos questionnements de voir que même la Mère de Dieu n’a pas dit oui tout de suite !

Marie fait confiance ! Elle ignore son futur mais elle vit pleinement le présent. « Serais-je capable ? Serais-je en mesure d’être la mère du Fils de Dieu ? Je ne sais pas, mais, me voici Seigneur ! » Apprenons à dire « me voici » avec Marie, chaque jour, plusieurs fois dans une journée, en toute occasion ! Dans la joie comme dans la tristesse, disons avec Marie « Me voici », c’est-à-dire, je fais confiance. Tout ne m’est pas clair mais je mets tout ce que je suis dans ce que je vis maintenant. Le premier miracle de Marie est de n’avoir pas pris la fuite à l’annonce de l’ange. Jésus vient au monde grâce à la Vierge Marie qui dit « oui », tout en ne comprenant pas tout de ce qui est posé devant elle.

Dieu demande ton « oui », ton « me voici, » sans t’expliquer tous les pourquoi ! Aujourd’hui encore, l’ange répète pour nous ces paroles essentielles : Ne craignez pas ! Le Seigneur vient et vous remplira de vie divine. Laissons-nous émerveiller et surprendre par ce Dieu qui vient habiter parmi nous. Alors, comme Marie, disons oui au Seigneur, offrons notre disponibilité pour que Jésus, le Fils de Dieu, fils de la Vierge Marie naisse vraiment dans nos cœurs, nos familles, notre communauté. Amen.

Homélie du Père Joseph du IV° dimanche de l’Avent, année B (2023)2023-12-24T14:26:44+01:00

Homélie du Père Joseph du II° dimanche de l’Avent, année B (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Commencement de l’évangile de Jésus-Christ, avons-nous écouté ! Il s’agit d’un commencement, d’une nouvelle Genèse, une nouvelle Création. Saint Marc n’a pas écrit un traité de théologie, mais un « petit catéchisme ». On appelle son évangile, « celui du catéchiste ». Nous pouvons aussi appeler, avec l’entrée en catéchuménat « l’évangile de l’accompagnateur des catéchumènes » : un évangile court, pas compliqué, dont le but est de nous conduire petit à petit au Christ, pour le connaître, pour l’aimer, pour le faire aimer. Saint Marc présente Jésus comme la Bonne Nouvelle pour notre monde, pour notre vie, pour ta vie, toi qui as choisi de le suivre en demandant le baptême.

Pour saint Marc, l’évangile est véritablement une bonne nouvelle à travers laquelle Dieu fait de nous des créaturesnouvelles, une nouvelle Genèse à travers laquelle Dieu nous reconstruit, nous façonne et nous restaure de nouveau aprèsla blessure du péché. Pour saint Marc, suivre Jésus fait de nous une nouvelle création et nous offre un nouveau départ dont le Christ est le centre, le moteur et le sens. Pour rappel, s’il en était encore besoin : tout ce que nous faisons, comme chrétiens, comme Eglise s’oriente dans cette direction : proclamer que Jésus venu dans l’Histoire, est le Christ de la Gloire, Celui qui révèle le vrai Dieu.

Notre mission de baptisé, celle de l’Eglise, est d’être transparents pour que le Christ soit visible, pour indiquer, comme Jean-Baptiste que Jésus est le Messie, celui qui sauve le monde. Chers catéchumènes, n’attendez pas d’être baptisés pour montrer le Christ aux autres, pour témoigner de lui : c’est dès maintenant que nous devons l’annoncer. Vendredi, nous étions en réunion des prêtres de doyenné à Pibrac, et nous avons constaté que, contrairement aux adultes, les adolescents aujourd’hui n’hésitent pas à parler du Christ, à le montrer aux autres ! A l’aumônerie de collège ou lycées, nous avons de plus en plus des jeunes qui arrivent parce qu’amenés par les copains et copines, grâce à leur témoignage. De cette manière, ces jeunes sont pour ainsi dire des Jean-Baptiste auprès de leurs camarades.

Nous sommes à mi-chemin d’un Noël qui s’annonce déjà différent, fatiguant, angoissant à cause ces guerres que nous ne sommes plus capables de faire la liste, la violence qui grandit, des querelles politiques, des peuples qui se chirentet ces polarisations qui accroissent le mal, la nostalgie des choix drastiques, chacun exhibant ses gros muscles pourécraser l’ennemi en faceCela laisse prévaloir les émotions, parfois très excessives, des solutions illogiques, toutes faites, radicales plutôt que réfléchir et prendre de la hauteur. Dans ce contexte, chacun de nous est appelé à être une lumière afinque ce Noël illumine véritablement le cœur de chaque humain. Pour cela, il nous faut aussi crier avec Jean-Baptiste : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »

Peut-être même, nous faut-il rompre avec le passé,rompre avec certains schémas passés, quitter les vieilles habitudes, bref, nous convertir ! Suivre Jésus demande de faire des ruptures, défaire nos chaînes, s’éloigner de ce qui nous éloigne du Christ. Jean Baptiste a aussi vécu des ruptures !

Jean-Baptiste est fils d’un prêtre, Zacharie qui officiait au temple ; mais ce fils de prêtre est devenu prophète. Il a vécu à Jérusalem, la grande ville, mais il s’est réfugié dans le désert, fuyant la vie citadine, comme ces jeunes qui font le choix de quitter les grandes villes pour trouver une vie saine en campagne, dans les montagnes, pour une vie simple et plus austère. Pendant que tout le monde veut faire des sacrifices au temple de Jérusalem, Jean Baptiste propose autre chose : la conversion. Il fait déplacer les gens à travers le désert de Juda au Jourdain, comme un nouvel Exode.

Il ne propose pas les ablutions rituelles mais un baptême par immersion, symbole de changement radical de vie. « Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés ». Jean-Baptiste ne propose pas des petits ajustements, du colmatagemais un nouveau chemin à parcourir : chemin de vérité, au-delà des apparences, de la déco, comme celle que nous adoubons autour de Noël, au risque de suffoquer et d’étouffer le véritable sens de Noël par trop de déco extérieure au lieu de décorer et d’illuminer nos cœurs.

On verra s’il y aura de la substance à la fin ! Oui, probablement, mais à une condition : nous faire accompagnerpar un Jean-Baptiste exigeant qui ne fait pas une proposition au rabais. Il nous dit que le salut apporté par le Messie n’accepte ni rabais de solde. Nous aimons tous achetons les choses soldées pour faire des économies, mais le salut n’accepte pas cette logique. Le salut est gratuit mais exigeant ! Il nous faut y aller fort, plus fort, sans demi-mesure, donner, se donner, abaisser notre orgueil pour accueillir ce Dieu qui vient nous offrir un nouveau départ et veut faire de nous des créations nouvelles. Alors, il nous faut préparer la route, changer nos cœurs, aplanir les sentiersintérieurs de notre orgueil, nos jalousies, nos haines, nos égoïsmes, nos paresses spirituelles !

Jésus est déjà né dans l’Histoire et il reviendra dans la gloire. Mais ici et maintenant, Jésus demande à chacun de nous de l’accueillir, le laisser naître en nous, dans nos familles, notre communauté. Nous nous préparons à accueillir un Dieu qui bouscule, qui est signe de contradiction. Nous n’attendons pas d’un Dieu-jouet, un Dieu de la déco, un Dieu inutile, un Dieu que nous pouvons sortir de la poche de notre manteau, pas un Dieu que nous mettons simplementnotre service. Nous attendons un Dieu qui, fatigué de ne pas être compris, a voulu venir au milieu de nous en devenant l’un de nous pour que chaque être humain puisse l’accueilliret le connaître, un Dieu qui peut être rencontré, rejoint, aimé. Un Dieu qui aime, qui nous aime infiniment ! Cela se produit en nous à chaque Noël si nous osons lever le regard et ouvrir nos cœurs.

Jean-Baptiste est le protagoniste du temps d’Avent. Un grand homme, le plus grand des enfants de l’homme. Il aurait pu se faire passer pour le Messie, parce tout le monde pensaient qu’il l’était. Il aurait pu se prendre pour Dieu,chose que beaucoup de personnes font aujourd’hui. Mais Jean-Baptiste sait qu’il n’est pas la lumière. Il l’a découvert, l’a compris, a accepté de prendre sa place, de répondre à sa vocation, de remplir sa mission dans l’histoire, répondre au dessein de Dieu. Et toi baptisé, confirmé de longue date, toi qui demandes le baptême aujourd’hui, quelle est ta vocation ? Quelle est ta place dans l’Eglise, dans le monde ? A quelle mission es-tu appelé personnellement ? Que l’eucharistie que nous célébrons et le témoignage de Jean Baptiste aide chacun de nous à découvrir et répondre à sa propre vocation etprendre réellement notre place dans l’Eglise et dans le monde. Amen.

Homélie du Père Joseph du II° dimanche de l’Avent, année B (2023)2023-12-10T11:21:48+01:00

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de l’Avent, année B (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Ce premier dimanche de l’Avent nous introduit dans une nouvelle année liturgique, et l’évangile qui va nous accompagner dans cette année est celui de saint Marc. C’est leplus court des 4 évangiles, écrit dans un langage simple qu’on appelle aussi « l’évangile du catéchiste », parce que, comme un catéchiste, saint Marc, de manière progressive et simple a comme intention de nous mettre en compagnie de Jésus pour mieux le connaître et mieux l’aimer. Mettons-nous en route, ce temps de l’Avent, en compagnie de saint Marc, pour accueillir ce Jésus qui vient nous sauver.

L’Avent nous invite à un accueil actif et dynamique de Jésus.  Plusieurs modalités nous sont proposées pour nous y aider. Accueillir Jésus, c’est apprendre à nous accueillir mutuellement dans nos familles, et au sein de la communauté paroissiale. Le pasteur que je suis ressens d’entendre que tel jeune couple ne vient plus à la messe parce qu’ils ont des réflexions désagréables de la part des certains paroissiens au cours d’une messe dominicale, parce que leur enfant bougeait beaucoup ou faisait trop de bruit. Vendredi, au cours de notre réunion hebdomadaire des prêtres, le père Josselin nous a partagé la peine d’un autre couple à qui quelqu’un a fait une réflexion parce que leur enfant bougeait beaucoup. Comment voulez-vous que ces enfants connaissent Jésus si nous leur interdisons l’accès à la messe, que des jeunes parents viennent à la messe si nous refusons d’accueillir leurs enfants ?

Il nous faut accueillir Jésus à travers le dérangement des enfants. Jésus nous déranger pour nous convertir, surtout quand nous voulons rester dans notre confort liturgique, spirituel. Jean-Baptiste a beaucoup dérangé la tranquillité des scribes, des pharisiens, du pouvoir religieux et politique au point d’être décapité par Hérode !  A la journée des EAP, Mgr de Kerimel nous a rappelé que même le pape François dérange certains dans l’Eglise aujourd’hui parce qu’il nous sort de nos zones de confort. Jésus nous invite à accueillir les enfants, à les laisser venir à lui et nous les présente comme modèle. Leurs pas, les pleurs, leurs rires, leurs cris, leurs voix nous rappellent la vie, le mouvement, signe que nous sommes une communauté vivante, et pas morte ! Une famille en manque d’enfant est sur un chemin de fin de vie.

IL nous faut nous accueillir les uns les autres. Il est encore difficile pour nous, membres habituels de la même communauté dominicale, du même quartier, de la même équipe, mouvement, du même ensemble paroissial de nous accueillir simplement, dans la foi, en dépit de nos différences, en nous reconnaissant comme fils et filles d’un même Père ! Accueillir ce voisin sur le banc dans l’église, qui attend de moi un sourire, une poignée de main, un geste de paix franc et chaleureux…. Nous avons communié à la même Parole de Dieu et partagerons dans quelques instants le même Pain et la même Coupe, parce que nous avons une seule et même foi, tous enfants d’un même Père. Attendre et accueillirJésus de manière active, c’est apprendre à nous accueillir mutuellement dans nos diversités.

Accueillir ces nouveaux venus, de plus en plus nombreux qui arrivent dans nos banlieues et quartiers qui se densifient. L’avent, c’est aussi accueillir tous ces adultes qui demandent le baptême, la confirmation et l’eucharistie, ces recommençants à croire, ces chercheurs de Dieu qui sont au milieu de nous de manière timide, presque en se cachant, pensant qu’ils ne sont pas légitimes dans nos communautés. Accueillir Jésus qui vient, c’est aussi le voir quand il s’identifie à l’étranger, le pauvre, le malade, la personne isolée… comme il nous l’a rappelé dimanche dernier « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».

LAvent est un temps favorable pour accueillir le salut.  Quatre semaines que l’Eglise nous demande de vivre, comme un kaïros, temps favorable, en compagnie de Marie qui accueillie le salut dans son cœur et dans son sein. Nous aussi, laissons le Saint Esprit féconder nos cœurs pour faire grandir et enfanter Jésus, le laisser naître chaque jour en nous, dans nos cœurs, nos communautés, nos familles… En effet, Jésus est déjà venu il y a plus de 2000 ans et nous attendons encore sa venue glorieuse, comme nous le disons dans l’anamnèse : « nous attendons ta venue dans la gloire ».  Mais entre sa première venue et sa venue définitive dans la gloire, il y a le cœur chacun de nous, dans son histoire personnelle et dans notre histoire commune que Jésus veut habiter et transfigurer si chacun d’accueille dans la joie.

Quand l’attente est longue, il y a le risque dudécouragement. Nous devons donc rester éveillés et lutter contre tout découragement. Dans la première lecture, le peuple d’Israël est découragé parce que l’Exil à Babylone est long et douloureux. La souffrance du peuple a atteint le paroxysme. Le peuple a perdu ses certitudes et tout ce qui faisait la fierté ! Il se demande où sont passées les promesses de Dieu faites aux patriarches. Le roi a été réduit à l’esclavage, Jérusalem et son temple, ont été détruits, il a perdu sa Terre Promise … Bref, tout s’est écroulé et la perspective du messie politique semble illusoire. Il ne reste au peuple qu’une chose : compter seulement mais fermement sur Dieu : « Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. Car tu nous as caché ton visage, tu nous as livrés au pouvoir de nos fautes. Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main ». Cette épreuve a purifié la foi du peuple qui reconnait humblement ses fautes et confesse avoir besoin de Dieu comme seul et unique Rédempteur !

Ce Sauveur quIsraël attendait est venu. Cependant, il n’a pas été reconnu, comme nous dit saint Jean : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu ». Le peuple était dans la nuit, endormi et n’a pas reconnu son Sauveur. D’où l’invitation de ce dimanche : « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

L’Avent est un temps de réveil intérieur, pour que Noël se réalise, encore et encore. Jésus est déjà né dans ton cœur parce que tu es là pour la messe. Jésus naîtra dans ton cœur si tu as déjà pris la décision de te libérer d’une foi tiède qui n’agit pas concrètement. Jésus naîtra si tu as pris la résolutionde te convertir à la Joie, à l’accueil, au courage dans les épreuves, à la persévérance, à la confiance dans la vie. Jésusnaîtra en toi, si tu te mets à chercher Dieu de tout ton cœur.

L’Avent, c’est aussi veiller pendant ces 4 courtessemaines de l’Avent en mettant la Parole de Dieu au cœur de nos journées. Veillez dans la prière en lui consacrant un peu plus de temps dans nos journées remplies, à une vie qui se nourrit des sacrements ! Veiller aux cris des pauvres et des petits à travers, entre autres, le Réveillon solidaire qu’on organise chaque année pour les personnes qui sont seules ou pauvres. Veiller à cette planète magnifique que Dieu nous a confiée et que nous détruisons par une vie de convoitise et d’égoïsme, en espérant que cette COP28 de Doubai puisse produire quelques bonnes résolutions pour la sauvegarde de la planète.

Il ne s’agit pas de passer la nuit sans dormir, mais de ne pas laisser le quotidien nous endormir, pour être prêt à accueillir l’imprévu de ce Dieu qui vient chaque jour à notre rencontre. Restons éveillés par la force de la Foi, l’Espérance et l’Amour donnés par ce Dieu qui embrasse notre humanité pour nous sauver. Seigneur, donne-nous la grâce de vivre un temps d’Avent qui nous engage, nous rends actifs et acteurs dela construction du Royaume de Dieu. Amen.

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de l’Avent, année B (2023)2023-12-03T11:27:32+01:00

Homélie du Père Joseph du Christ Roi de l’Univers, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Nous concluons l’année liturgique avec le chapitre 25 de l’évangile selon saint Matthieu qui nous accompagné depuis le premier dimanche de l’Avent. Pendant les trois derniersdimanches, nous avons écoutés trois paraboles, celle de dix vierges avec leurs lampes attendant l’époux, nous rappelant que nous devons garder nos lampes allumées et avoir de l’amour en réserve dans nos cœurs pour attendre vraiment le Christ. Dimanche dernier, le Christ nous a rappelé que chacun de nous a reçu des talents à faire fructifier, et le talent par excellence, c’est l’amour que nous devons donner autour de nous : plus nous le donnons, plus il porte du fruit et si nous le cachons en terre ou le gardons pour nous seul, il ne donne pas de fruit.  Et aujourd’hui, pour la fête du Christ-Roi de l’Univers, c’est encore l’amour qui nous est donné comme critère de jugement.

Pourquoi la fête du Christ-Roi de l’Univers ? En célébrant cette fête, l’Eglise ne manifeste aucune nostalgiemonarchiste ! Il parait dans les milieux catho en France, il y a pas mal de monde qui rêvent encore de monarchie. En parlant d’eux, quelqu’un les invitait à se tourner plus au Palais de l’Elysée qu’au Château de Versailles. Un opposant politique disait, pour provoquer : « inutile de vouloir restaurer la monarchie en France, car nous avons déjà un Roi Jupiter à l’Elysée ! »  Je laisse un peu de côté la politique pour la laisser aux professionnels de la politique.

L’image du Christ Roi de l’Univers, un peu vieillotte, veut réaffirmer une donnée importante de la  foi chrétienne : Jésus-Christ, le charpentier de Nazareth, ce juif marginal qui a vécu il y a plus de deux mille ans,  condamné à mort et crucifié sous Ponce Pilate, ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, c’est vraiment lui le Roi de l’Univers, l’Alphaet l’Oméga, le Premier et le Dernier, le début et celui qui a la dernière Parole qui donne la mesure et le sens à toute existence humaine. Cette fête nous rappelle que notre vie a un sens, une direction et que c’est un Roi plein d’amour, les bras ouverts que nous attendons !  Affirmer que Jésus est mon Roi, le Roi de l’Univers, cela pose la question de la place qu’il occupe dans mon quotidien ! Est-ce que je laisse Jésus, mon Roi, contrôler et gouverner ma propre vie ?

L’évangile de ce dimanche peut être choquant pour certains. Le climat décrit est tendu ! Nous avons un peu de mal avec cette vision d’un Dieu Juge implacable. Certains peintres, comme Michel-Ange dans la chapelle Sixtine, unChrist-Roi imposant et puissant. Qu’on le veuille ou pas, cet évangile qui parle du Jugement Dernier est une donnéeimportante de notre foi. Nous le disons chaque dimanche : « Il viendra dans la gloire juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin ».  Nous avons parfois tendance à oublier parce que nous désirons inconsciemment professer la foi en un Dieu qui ne nous juge pas, mais qui est plein d’amour et de tendresse envers nous, qui nous caresse dans le sens du poil.  L’évangile nous rappelle que Dieu nous aime, certes, mais qu’il nous jugera aussi sur l’amour dont nous témoignons au cours de notre vie ici-bas.

La clef de lecture de cet évangile est une donnée fondamentale de tout l’enseignement de Jésus et de l’Eglise. C’est ce que l’on appelle « option préférentielle » pour les plus faibles. Jésus, Bon Berger et Roi par excellence accueille les brebis qui l’ont reconnu à travers le visage du plus pauvre, du plus faible, du persécuté, de l’affamé, du malade, de l’assoiffé, de l’étranger. La Bible met en valeur sans cesse les gestes de compassion envers les petits, les faibles et les pauvres. Jésus dit explicitement que c’est de lui dont nous prenons soin en étant attentifs aux pauvres et aux faibles, à l’étranger, au prisonnier, à l’affamé… Jésus s’identifie lui-même à la personne écrasée par la vie. Nous voyons que cette identification est méconnue par ces gens tout surpris d’avoir fait du bien à Dieu, à travers le bien fait aux pauvres, sans le savoir. Le message de cet évangile est clair : la foi véritablement chrétienne doit changer notre mode de voir les autres et de vivre avec eux. Dieu est présent dans le visage défiguré du pauvre, de nos frères et sœurs. Et voyez bien que Jésus ne parle pas de « bons pauvres », « des pauvres gentils » ou des prisonniers innocents victimes d’une erreur judiciaire.  Même dans le pauvre qui a tout perdu à cause de sa propre faute parce qu’il a trop dilapidé sa richesse ou dans le prisonnier meurtrier condamné à perpétuité, nous pouvons toujours reconnaitre quelques traces du visage de Dieu.

Dans cet évangile, il y a la répétition de la même idée au positif et au négatif. Dans la  deuxième partie, (que nous préférons éviter d’entendre si nous avons le choix…et qui est laissée de côté par les familles en deuil en lors des célébrations des funérailles quand cette parabole est prise, pour ne mentionner que les côtés lumineux du défunt, au lieu de réaliser que ce même défunt a eu quelques zones d’ombres), Jésus affirme que celui qui ne le reconnait pas dans le pauvre, l’étranger, l’assoiffé, le malade et l’affamé sera jeté dans le feu de la Géhenne ! Oh, pardon ! Je sais que jechoque certains en parlant de la Géhenne, du feu de l’Enfer ! Il parait que beaucoup de chrétiens ne croient pas que l’Enfer existe ! Oui, il existe ! Jésus parle beaucoup dans les paraboles de la Géhenne de feu qui ne s’éteint pas, là où il y a les pleurs et des grincements de dents ! Mais de volonté est que personne naille en Enfer, mais au Paradis avec lui : « Or la volonté de mon père, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a confié, mais que je les ressuscite tous au dernier jour ». Si nous refusons librement de reconnaître et d’aimer Dieu à travers le frère et la sœur, l’Enfer est la destinée que nous choisissons.

Que va-t-il donc se produire à la fin des temps quand Jésus viendra juger les vivants et les morts, comme nous le disons dans le Credo ? Cela est écrit noir sur blanc dans l’évangile ! Mettons de côté ce petit tableau comptable où nous avons mentionné seulement le compte des messescélébrées ou vécues, d’heures de prières, des pèlerinages, des confessions, louanges et adorations, des rosaires…. Tout cela est bien, mais Jésus nous rappelle que cela est insuffisant. Le Roi de l’Univers et Juge nous demandera si pendant notre vie, nous l’avons reconnu dans le pauvre, le faible, la personne fragile, la personne âgée abandonnée dans une maison de retraite ou dans son appartement, le parent insupportable, l’étranger qui, de surcroit, n’est pas de votre religion… Oui, vous l’avez bien compris : le jugement dernier se fera sur les gestes d’amour posés ou pas au cours de notre pèlerinage sur terre.

La foi chrétienne est concrète et transforme notre vie. Il ne s’agit plus des paroles et des concepts, des grands discours théologiques, doctrinaux et spirituels. La prière véritable contamine et irrigue notre vie. Elle nous convertit en nous incitant à faire le bien autour de nous. La célébration eucharistique ne s’arrête pas à la sortie de l’église, mais elle se poursuit par le témoignage concret d’une vie donnée qui glorifie Jésus dans le quotidien avec la famille, les voisins, les collègues de travail, les membres de la communauté… Alors, oui, la prière, l’eucharistie, la confession, le rosaire, les pèlerinages, le jeûne, … sont des instruments de communion avec Jésus et avec nos frères et sœurs. Leur finalité est de faire de notre vie un lieu et  un témoignage concret de foi. Si nous savons porter notre foi de l’intérieur d’une église à la vie dans la société, de l’intérieur à l’extérieur du cœur, du lointain au plus près en reconnaissant le visage de Jésus contemplé et adoré dans l’eucharistie dans les visages de nos frères et sœurs en humanité, alors, oui nous serons sauvés !

La royauté du Christ, Roi de l’Univers se manifeste dans nos gestes concrets à travers lesquels nous le construisons déjà ici et maintenant, en vivant notre vocation de baptisé car, à travers le baptême, nous partageons la dignité royale du Christ, serviteur et aimant. La royauté du Christ grandit chaque fois que nous savons aimer nos frères en étant des miroirs d’amour de Dieu et témoins crédibles de sa compassion pour nos frères et sœurs. Que cette eucharistie nous aide à avoir une foi concrète et aimante. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du Christ Roi de l’Univers, année A (2023)2023-11-26T11:31:04+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Il est difficile de comprendre la logique évangélique dans la parabole des talents par rapport aux fruits et aux résultats que le patron attend de ses serviteurs. A chacun des serviteurs, il est simplement demandé de les faire fructifier, sans donner un chiffre d’affaires à attendre. Nous sommes loin de ce que nous vivons dans les entreprises où on nous dit par avance l’objectif à atteindre, le chiffre d’affaires à réaliser pour mériter de rester à notre poste, et pour que la boîte soit rentable. En spiritualité comme en pastorale au contraire, ce n’est pas l’abondance, le chiffre qui caractérise la fécondité de l’action de Dieu dans notre vie. L’évêque ne donne jamais aux prêtres des objectifs chiffrés !

Une autre chose étonnante dans cette parabole, c’est le type de relation entre le patron et ses trois serviteurs. On nous parle bien de patron et serviteur ! Dans l’évangile, Jésus nous met en garde et nous rappelle que nous sommes des fils et filles de Dieu, nous ne sommes pas des serviteurs mais des amis. Avant de mourir, Jésus dit bien à ses disciples « je ne vous appelle plus serviteur, mais je vous appelle mes amis ».

Nous sommes donc, depuis le baptême des fils et filles aimés, et appelés à aimer notre Père. Tout ce que le Père nous donne, il nous appelle à le faire fructifier avec un cœur de fils et de fille, sans nous mettre la pression mais en toute confiance. Ce que Dieu nous a donné à la naissance, c’est un cœur capable d’aimer. Plus nous aimons, plus nous portons des fruits en abondance dans notre vie et autour de nous, et si nous gardons cet amour en l’enfouissant en nous, sans le donner aux autres, cet amour dépérit et ne porte pas de fruit. Chacun de nous a reçu cela de Dieu et personne ne pourra aimer à ma place ni a votre place, et c’est par cet élément que Jésus nous juge véritablement. L’amour est le capital que nous sommes appelés à faire fructifier chaque jour.

Dans cette parabole, celui qui n’avait reçu qu’un seul talent, essaye de justifier sa négligence, sa paresse en faisant tomber la faute sur son patron : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient ». On perçoit ici la grande remise en cause du patron par le serviteur. Dès le départ, ce serviteur a jugé son patron comme étant un homme dur, comme quelqu’un qui ne cherche que de profiter du travail des autres… Ce serviteur est convaincu au fond de lui que son maître ne veut pas son bien. En plus, ce serviteur est caractérisé par la jalousie : il passe son temps à regarder ce que les autres ont reçu au lieu de rendre grâce pour ce qu’il a personnellement reçu. Du coup, il est sans amour, contre le maître et jaloux envers les autres. Très souvent, notre jalousie est la conséquence de notre incapacité à regarder tout ce que Dieu nous a donné : nous devenons aigris parce que nous regardons trop les autres, les prenant pour plus chanceux que nous-même au lieu de rendre grâce pour ce que nous avons. Cela pourrit nos relations avec les autres et avec Dieu.

Il n’est donc pas étonnant que ce serveur soit tétanisé par la peur et le réflexe qui toujours accompagne la peur, c’est-à-dire, le repli sur soi, l’enfermement sur soi, se protéger, se cacher comme nous le voyons dès le départ. On voit bien la peur d’Adam et Eve qui se cachent du Seigneur dès le début de la Genèse après leur péché, après s’être coupé de l’amour du Créateur. Ils ont peur et sont tétanisés, ils se cachent. On le voit aussi dans la dernière phrase prononcée par le Serviteur mauvais : « Le voici. Tu as ce qui t’appartient ». Nous savons tous qu’en amour, la peur n’a pas de place. On ne peut véritablement aimer quand on a peur. L’amour véritable suppose la confiance, la liberté. Dieu veut que chacun de ses enfants puisse l’aimer en toute liberté et en toute confiance.

Le serviteur mauvais établit une différence entre ce qui lui appartient en propre et ce qui appartient à son patron. Il instaure une différence et une séparation. C’est le refus de la relation, de la coopération, de la communion. Un tel comportement nous invite à réfléchir profondément sur l’image que nous nous faisons de Dieu, comment nous le percevons, quel type de relation nous établissons avec lui. Il y a une grande différence entre avoir peur de Dieu, cette peur dont parle le serviteur mauvais, et la crainte de Dieu évoqué dans la première lecture dans le livre de Proverbe : « Le charme est trompeur et la beauté s’évanouit ; seule, la femme qui craint le Seigneur mérite la louange », et le psaume 127 : « Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies….Voilà comment sera béni l’homme qui craint le Seigneur ».

La peur de Dieu nous paralyse, renferme sur soi, nous rend sec à son égard. La peur nous rend mesquin et infécond alors que la crainte de Dieu nous rend heureux ! « Heureux qui craint le Seigneur », nous dit le psaume. La crainte de Dieu nous rend fécond. La crainte du Seigneur nous rend opérateurs, collaborateurs, inventifs, forts et courageux, comme cette femme de la première lecture que nous voyions travailler, tendre la main au pauvre et susciter la louange de toute la ville. La crainte de Dieu provoque en nous respect, louange et émerveillement.

Il y a un parallèle entre la crainte de Dieu et la bénédiction qui en résulte. Le psaume nous dit en effet : « voici comme est béni l’homme qui craint le Seigneur ! » Celui qui craint le Seigneur est béni par lui. Il est rendu fécond, est aimé de Dieu et récompensé par lui. Celui qui sait qu’il est béni par le Seigneur le bénit à son tour, il dit du bien de Dieu et fait du bien pour Lui. Il l’adore, vit de sa vie dans un flux de gratitude qui lui donne des ailes d’aigles, se sent porté, soutenu comme quand nous avons conscience d’être aimé. Quand on se sait aimé, on ne marche plus, on est sur un petit nuage et on vole, on se sent léger. Alors, la crainte du Seigneur est une sorte de gratitude. Je reconnais que j’ai tout reçu de Dieu, que tout ce que j’ai et tout ce que je suis, je l’ai reçu gratuitement de Dieu et je lui rends grâce par toute ma vie. La crainte du Seigneur provoque en nous joie, gratitude et louange. Se savoir aimé de cette manière, se savoir comblé, voir quel prix infini j’ai aux yeux de Dieu. Tout cela donne sens et légèreté à ma vie, me donne une direction, un dynamisme toujours nouveau.

Les deux autres serviteurs ont compris que leur patron était en réalité un père et que les talents qui leur étaient confiés n’étaient pas un investissement dont le patron attendait quelque chose, mais était « peu de chose ». Le patron dit en effet : « Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur ». Mais ce peu est très important, parce que ces talents étaient seulement l’occasion que le père leur avait accordée pour manifester un petit signe de leur fidélité, de leur amour, de leur gratitude.

Le Seigneur ne nous demande pas de faire de grandes choses. Il est heureux de petits signes d’amour que nous pouvons lui envoyer au quotidien, comme le dit un psaume : « Seigneur, je ne poursuis pas grands destins ni merveille qui me dépassent, mais je garde mon âme égale et silencieuse, mon âme est en moi comme un enfant, un petit enfant contre sa mère » (131). Demandons cette grâce de la confiance ! Montrons à Dieu que nous faisons chacun un peu, un tout petit peu pour lui montrer notre joie, notre amour et notre gratitude. Un enfant est toujours fier de manifester son amour aux parents, par des petits gestes, comme cet enfant qui te fait simplement un petit dessin, par amour, pour te le donner quand tu rentres d’un voyage, pour te dire son amour. Donne-nous Seigneur la grâce de ta crainte et de la gratitude pour tout ce que tu nous donnes. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-11-19T17:29:48+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

La parabole de ce dimanche se situe dans la dernière partie du discours eschatologique de Jésus dans l’évangile selon saint Matthieu. C’est le chapitre 25 qui nous parle de la venue de Jésus et du jugement dernier. Cette parabole parle d’un mariage, comme cela se déroulait dans la Palestine au premier siècle ap. J-C. L’époux allait à la maison de l’épouse, la prenait avec lui et l’amenait définitivement dans sa propre maison. Les jeunes filles restaient à la maison de l’époux pour accueillir le couple avec des lampes allumées. Mais ce récit parle d’un mariage un peu étrange, avec des situations bizarres ! Pourquoi l’époux arrive en pleine nuit ? Ensuite, on ne parle pas de l’épouse (chez nous ce sont les épouses qui arrivent souvent en retard le jour du mariage… maquillage et habillement obligent !) qui n’est jamais mentionnée ! C’est peut-être encore le côté macho de culture sémitique ! A quoi sert d’aller acheter de l’huile en pleine nuit quand les commerces sont fermés ? Bref, il y a quelques détails qui ne cadrent pas.

Cette parabole ne parle pas d’un mariage quelconque. C’est le mariage, dont l’Epoux est le Christ lui-même et l’Epouse est l’humanité en chemin et tout particulièrement les baptisés qui marchent à la rencontre du Christ. C’est l’invitation du rite du baptême lors de la remise de la lumière : « c’est à vous, parents, parrain et marraine que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir pour que le nouveau baptisé, illuminé par le Christ avance et grandisse en enfant de lumière. Ainsi, quand le Christ paraîtra, il pourra aller à sa rencontre dans son royaume, avec tous les saints du ciel. Amen ».

Revenons à ce fameux mariage avec 10 filles qui sont armées seulement d’un peu de lumière mais en pleine nuit. Ces filles sont réparties en deux groupes : « cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile » Cette répartition en deux groupes me fait penser aussi aux deux groupes d’une autre parabole : ceux qui construisent leur maison sur le roc et ceux qui la construisent sur du sable et qui doivent affronter les intempéries ! Jésus aurait pu nous faciliter les choses en parlant de 10 femmes, 5 vierges et 5 prostituées par exemple. Mais Jésus insiste sur le fait que toutes les 10 filles sont vierges ! Ce qui les différencie n’est pas la virginité mais bien la sagesse (prévoyance) et l’insouciance (folie, la stupidité, selon les versions).

Les insouciantes sont considérées comme telles parce qu’elles n’ont pas prévu la possibilité que l’époux puisse être en retard en emportant assez d’huile en réserve. Ce n’est pas la vigilance, la capacité à rester éveillé qui distingue les deux groupes mais la capacité à penser l’imprévu, à penser le futur. L’évangile souligne « Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. » La sagesse est la capacité à prévoir ce qui pourrait arriver, prévenir. C’est la sagesse de la Fourmi qui travaille tout l’été pendant que la Cigale chante, puis, quand arrive l’hiver, l’affaire se complique, dans la fable de Lafontaine. Le contraste dans la parabole est sur la réserve d’huile. Toutes ces filles sont endormies quand arrivent l’époux.

Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ! Jésus sait que nous sommes tous faibles, comment notre quotidien peut être pénible et rude pour chacun de nous. Il sait combien notre bonne volonté, notre enthousiasme se confronte à la dure réalité de la vie quotidienne. Il se peut que notre foi s’assoupisse aussi, qu’il y ait des périodes de fatigue et de découragement spirituel, physique et moral dans notre vie. Jésus sait que nous ne pouvons pas toujours être au top, et il voit que nous ne sommes pas toujours au top ! Même le pape n’est pas toujours au top ! La semaine dernière, au cours d’une rencontre avec les rabbins d’Europe, le pape François a avoué être fatigué, il n’était pas au top et n’a pas pu finir la lecture de son discours. Tout ça est normal et Jésus le sait bien. Parfois la vie nous éprouve et nous sommes épuisés, lessivés comme ces filles qui s’endorment et s’assoupissent toutes, sans exception.

L’enseignement de cette parabole est le rappel d’une autre exigence de la vie chrétienne : quelle quantité d’amour avons-nous à mettre dans nos lampes au quotidien ? Combien d’amour avons-nous pour pouvoir rallumer la fatigue et éviter que le sommeil ne devienne chronique ? Ça me fait penser à ma petite sœur : je la vois, épuisée à la fin de la journée, des cernes sur le visage, mais quand elle arrive, il faut gérer les trois enfants (et même le mari parfois) et je me demande où elle tire cette énergie ! Mais cette énergie, cette huile s’appelle l’amour. C’est la petite voie de sainte Thérèse de Lisieux : l’amour rend grande chacune de nos actions. Je pense aussi à ma propre mère ! J’ai été élevé par une mère (seule, veuve, ayant perdu son mari très jeune) quand j’avais 12 ans ! C’est une veuve qui a élevé 7 enfants. Je l’ai vu très souvent fatiguée, épuisée, nous l’avons parfois tournée en bourrique mais elle n’a jamais baissé les bras ! Je me suis toujours demandé comment elle faisait pour rester debout…? La réponse : l’amour pour ses enfants boostait sa vie et lui redonnait la force d’une lionne alors que nous la croyions vraiment lessivée et épuisée de tout !

Alors, toi aussi, mon frère, ma sœur ! Si tu n’as pas fait ta réserve d’huile, ta réserve d’amour, tu as beaucoup de mal à sortir de cette épreuve conjugale, familiale, personnelle, professionnelle qui t’écrase. Cette réserve d’amour consiste en un travail quotidien sur soi, sur notre propre cœur, notre propre temps et se joue dans le soin que nous mettons dans les petites choses du quotidien. Ces vierges qui n’ont pas prévu d’huile, saint Matthieu les appellent folles, stupides, indifférentes, sans intelligence ! Comment pensaient-elles allumer des lampes sans huile ? C’est évident qu’une lampe sans huile ne s’allume pas. Les vierges folles ou insouciantes, ce sont les personnes qui vivent à la journée, sans se soucier de l’avenir, de la vie éternelle. Vivre sans huile, c’est vivre au quotidien, sans regarder autour de soi ni penser à demain. C’est être sans amour et ne faire du bien à personne. Dans un autre passage d’évangile de saint Matthieu, Jésus nous dit : « De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » Nos œuvres bonnes et pleines d’amour sont une lumière ! L’amour concret donné pendant notre vie terrestre est une réserve d’huile quand viendra l’obscurité de la mort.

Personne ne peut aimer à notre place. Réveillées du sommeil à l’annonce de l’arrivée de l’époux, les 10 vierges préparent leurs lampes. Les insouciantes se rendent compte qu’elles n’ont pas assez d’huile, en demandent aux sages qui refusent sèchement : cela n’est pas possible ni raisonnable. Ce refus est un appel à la responsabilité. Personne ne peut aimer à ma place. L’expérience de l’amour est personnelle et nous met seul responsable devant Dieu et devant les autres. Ne soyons pas inquiets de nous endormir mais soyons inquiets du peu d’amour que nous avons dans notre cœur ! Sages et insouciants, nous vivons tous des épreuves et nous pouvons nous endormir ! Cependant, chacun de nous naît avec un cœur capable d’aimer et personne ne pourra aimer à notre place. Personne d’autre n’aimera mes paroissiens à ma place, n’aimera ton enfant à ta place ! Ton amour est unique, libre et irremplaçable.

Nous cheminons vers la fin de l’année liturgique qui nous appelle à penser à la parousie, la venue de Jésus dans la gloire « quand il viendra juger les vivants et les morts ». Le chapitre 25 de saint Matthieu nous rappelle, à travers différentes paraboles, que le Seigneur jugera chacun sur l’amour : symbolisé dans l’huile pour allumer la lampe dans la parabole des 10 vierges, l’amour que Dieu nous a donné à faire fructifier dans la parabole des talents et l’amour concret envers nos frères et sœurs qui ont faim ou soif, qui sont nus ou malades dans la parabole du Jugement dernier.

Mais, la bonne nouvelle de ce dimanche, c’est que Dieu nous a tous donné un cœur capable d’aimer, et nous sommes tous libres, d’aimer ou de ne pas aimer, nous sommes responsables de nos actions ici et maintenant. La vie éternelle en dépend. Ouvrons nos cœurs au Seigneur pour qu’il les remplisse de son Amour afin de nous rendre capable de l’aimer et d’aimer nos frères et sœurs. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXXII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-11-11T19:54:28+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXI° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Il y a quelques années, j’étais dans un groupe de partage de la Parole de Dieu. Chaque jeudi, nous nous retrouvions pour partager sur l’évangile du dimanche suivant. Et ce jeudi-là, nous devions partager sur l’évangile de ce dimanche. Lors de nos partages, nous cherchions le sens spirituel de chaque évangile, ce que la parole de Dieu disait et comment elle nous touchait personnellement. Quelqu’un dans le groupe avait proposé, exceptionnellement, de choisir un autre évangile, parce que lui ne voyait pas en quoi cet évangile pouvait le concerner personnellement. Pour lui, cet évangile parlait des autres, surtout pas de lui.

Nous pensons parfois aussi qu’il y a des évangiles qui ne nous concernent pas, ceux qui parlent des autres, les gens que nous pouvons regarder avec suffisance, du haut de notre grande humilité ou de la splendeur de notre spiritualité. Nous sommes tentés de faire un tri dans la Parole de Dieu, de ne prendre que ce qui nous convient et laisser de côté ce qui nous bouscule et nous dérange. Et pourtant, saint Matthieu est précis et direct. Jésus ne s’adresse pas aux incroyants, aux mauvais ni aux païens mais à vous et à moi ses disciples. Alors, si tu es de mauvaise humeur et ne veux pas être dérangé, cet évangile ne te concerne pas. Mais si tu veux te convertir, te remettre en cause, alors, laisse cet évangile bousculer et brûler tes certitudes.

Je fais aussi partie de ceux qui disent mais ne font pas, comme nous dit l’évangile! Ceux qui aiment parler pour être applaudi. C’est peut-être votre cas aussi ! Est-ce que tu vis ce que tu dis ? Est-ce que tu pratiques les grands principes que tu déclames sans arrêt ? Dans le rite de l’ordination diaconale, une monition de l’évêque appelle le nouveau diacre à la cohérence dans son ministère. Il lui dit en effet : « Recevez l’évangile du Christ, que vous avez la mission d’annoncer. Soyez attentif à croire à la Parole que vous lirez, à enseigner ce que vous avez cru, à vivre ce que vous aurez enseigné. » Vivre ce que nous enseignons. Nous savons tous combien nous avons du mal à vivre toujours ce que nous enseignons.

Très souvent, entre la théorie et la vie concrète, il y a un océan. Le pape Paul VI s’adressant aux laïcs en 1974 leur disait : « Les hommes d’aujourd’hui ont plus besoin de témoins que de maîtres. Et lorsqu’ils suivent des maîtres, c’est parce que leurs maîtres sont devenus des témoins ». Donc, aux ministres ordonnés comme aux fidèles laïcs, Jésus nous appelle à la cohérence. Parmi les choses que Jésus ne supporte pas, il y a l’hypocrisie ! Dans les évangiles, Jésus accueille les pécheurs qu’il appelle à la conversion, il mange chez les publicains, les prostituées…que tout le monde pouvait pointer du doigt comme étant des pécheurs de notoriété publique…. mais il ne supportait pas l’hypocrisie des scribes et pharisiens, ceux qui se présentaient devant lui en soignant leur fausse apparence de sainteté extérieure, seulement pour être vus et admirés. Des scribes et pharisiens, il y en a aujourd’hui.

Nos incohérences font trop de mal à l’évangile, à l’Eglise. Combien de gens nous éloignons de Dieu à cause de notre apparence très sûre, nos jugements sévères, nos regards durs. Nos voisins, nos collègues, nos cousins, frères et sœurs savent que nous sommes cathos, nous sommes reconnus comme tels, mais nous faisons une très mauvaise publicité à Dieu parce que nous sommes insupportables et sans pitié envers les autres. Nous respectons en apparence les préceptes, les lois, la doctrine de Dieu et de l’Eglise, parfois nous sommes plus catholiques que le pape dans nos paroles et rappel à l’ordre… et nous oublions que nous sommes devenus ennemis de Dieu par cette rude et difficile vie que nous rendons aux autres, au travail, dans le quartier parce que nous sommes sans amour avec nos voisins, nos frères et sœurs. Je ne veux blesser personne parce que je ne pense à personne concrètement sauf à moi ! Nous portons des croix tellement visibles, nous allons à la messe, faisons des neuvaines…et pourtant nous vivons en ennemis de la croix du Christ qui, par amour pour nous, a porté la croix et y a donné sa vie pour nous.

Être prêtre, diacre, prêcher la parole de Dieu, aller à la messe, porter le clergyman ou la soutane, la croix, faire des neuvaines, réciter le chapelet, chanter pour le Seigneur… tout cela est beau et bon et je vous le recommande fortement. Mais si nous le faisons, Jésus nous appelle aujourd’hui la cohérence et abandonner toute hypocrisie. Le pape François dit souvent qu’il préfère certains athées à certains chrétiens qui se comportent en ennemis de Dieu dans leurs paroles et comportements.

La tentation de l’orgueil et de l’hypocrisie est toujours là, devant moi, devant toi ! Elle nous rend un peu narcissiques pour admirer les dons et talents reçus de Dieu comme si cela ne dépendait que de nous. Saint Paul nous rappelle que même le bien que nous faisons, c’est la grâce de Dieu qui nous le permet et que nous ne devons pas en tirer orgueil. Alors, rendons grâce à Dieu pour tel don spirituel, tel talent : il nous permet d’aimer la prière, d’aller à la messe, d’avoir telle dévotion pour les saints, pour la sainte Vierge, de faire des retraites ou des pèlerinages, de nous nourrir de la Parole de Dieu au quotidien. Cela fait que nos frères et sœurs, nos enfants, nos parents nous regardent avec admiration et enthousiasme !

Mais c’est là aussi que le Malin s’incruste de manière sournoise pour nourrir notre orgueil, notre narcissisme en faisant naître l’hypocrisie et ce culte de soi que Jésus dénonce dans l’évangile. Ce qui nous fait vivre et agir désormais dans le seul but de soigner notre petite image lisse, pour apparaître saint ou sainte extérieurement alors que notre cœur est sans amour pour nos frères et loin de Dieu. Jésus nous rappelle que ceux qui font le bien seulement par pure hypocrisie ont déjà leur récompense ici-bas :

« Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense… Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense…» Ce sont là les mises en garde de chaque début de carême, et qui rejoignent l’évangile de ce dimanche.

Demandons-nous si le moteur de notre comportement n’est pas ce désir d’être admiré, que nous confondons avec notre désir d’être aimé. Le père Michel Dagras, quelques jours avant sa mort, m’avait dit : « Joseph tu sais, Dieu est vraiment notre ami parce qu’il nous connaît très bien et nous aime quand même !» Dieu ne nous admire pas mais nous aime, contrairement à ceux qui nous admirent à cause de notre hypocrisie, parlent bien de nous en notre présence mais au fond, ne nous supportent plus. Dieu nous aime, nous connaît tels que nous sommes, avec nos qualités, nos défauts et nos travers que nous sommes capables de cacher à tous, mais pas à lui. Nous sommes aimés de Dieu d’un amour qui ne juge pas et qui nous laisse le temps de nous convertir.

Demandons-nous honnêtement si notre comportement n’a pas comme moteur le désir d’être admiré, reconnu. Posons un regard de vérité sur notre propre vie pour nous convertir car la finalité de cet évangile est de nous rendre meilleur. Alors, s’il nous arrive d’attacher, d’imposer de pesants fardeaux aux autres, si nous chargeons les épaules des autres alors que nous ne voulons pas les remuer du doigt, par nos exigences, nos manipulations, nos chantages…cet évangile est un cadeau pour nous. Si tu m’aimes, tu dois faire ceci ! Je suis ton père, ta mère, donc du dois faire ceci. Si tu veux vraiment collaborer, tu devrais faire ceci…. Je suis bénévole et je prends de mon temps pour servir la communauté… donc je dois faire les choses comme je l’entends sinon je laisse tomber.

Ce sont-là des manières subtiles de manipuler, de contrôler les autres, de rester maître ! Tu veux faire les choses seulement quand tu es au premier plan, tu ne peux pas agir si tu n’es pas en première responsabilité, tu t’engages avec les autres seulement pour être vu…! Il est temps de quitter cette hypocrisie que Jésus dénonce pour chacun de nous, pour moi dans ma mission de curé, pour chacun de nous, dans nos missions ecclésiales, dans nos relations professionnelles, amicales, familiales. Demandons au Christ de nous donner sa lumière, nous guérir de toute hypocrisie pour être réellement ses témoins. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXXI° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-11-05T14:36:30+01:00

Homélie du Père Joseph pour la commémoration des fidèles défunts, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Hier, en la fête de la Toussaint, nous avons contemplé « la Cité sainte, la Jérusalem Céleste avec cette foule innombrable de bienheureux ». Au lendemain de cette célébration solennelle et joyeuse, nous avons le cœur encore tourné vers le ciel, entourés de tous les saints qui prient pour nous et nous soutiennent, nous qui sommes encore en marche sur terre. Mais nos cœurs sont remplis de douleur parce que nous commémorons tous les fidèles défunts qui nous ont précédé auprès du Seigneur. Leur présence nous manque, et leur absence est vécue avec douleur. Cependant, notre célébration est la manifestation de la foi et de l’Espérance chrétienne, un signe de gratitude pour ce que le Seigneur nous a donné à travers ce que nous avons partagé avec nos proches défunts.

Prier pour les morts est une nécessité pour nous, les vivants. Cela nous permet de maintenir et entretenir le lien, dans la foi, avec nos défunts, en regardant la réalité de la mort à travers la lumière de la foi. Saint Paul nous exhorte « à ne pas être tristes, à ne pas rester abattus comme ceux qui n’ont pas d’espérance ». Il nous rassure et nous console en soulignant que « si en effet, nous croyons que le Christ est mort et ressuscité, de même nous devons croire que Dieu, par Jésus mort et ressuscité, réunira ceux qui sont morts » (1Thes 4, 13-14). Nous sommes donc dans cette dialectique : la douleur de la séparation par la mort mais la joie de la promesse de l’immortalité, de la résurrection qui soutient notre espérance.

Plus que jamais, il est urgent et nécessaire aujourd’hui d’évangéliser la réalité de la mort et de la vie éternelle. Ces deux réalités sont sujettes à beaucoup de croyances superstitieuses et au syncrétisme qui masquent et dénaturent la vérité de notre foi. Nous n’avons qu’à voir le nombre croissant de ceux qui confondent résurrection et réincarnation. Trop de confusion autour de la mort et de la vie après la mort, l’au-delà. La déchristianisation de nos sociétés et les nouvelles croyances du New-Age ne font qu’amplifier cette confusion.

Il nous faut redécouvrir l’Espérance chrétienne pour en témoigner auprès des hommes et femmes de notre temps parce que la foi chrétienne doit transformer concrètement notre vie au quotidien. Dieu veut que nous vivions en hommes et femmes d’espérance et en témoigner au milieu des aléas de la vie quotidienne. En regardant nos sociétés, je me demande si les hommes et les femmes de notre temps ont encore un minimum de désir pour la vie éternelle ! Pour beaucoup de nos contemporains, l’existence terrestre est devenue la seule et l’unique perspective, une vraie impasse. Pire encore, nous voyons que notre existence est parfois caractérisée par des épreuves, des douleurs, une insatisfaction permanente qui rend parfois la vie insupportable. Dans ce contexte, l’absence de foi en la résurrection et de l’espérance en la vie éternelle conduit beaucoup de nos contemporains à concevoir la vie comme une fatalité.

Nous sommes tous conscients de ce vide, de cette soif qu’il y a en chacun de nous et qui nous fait aspirer à un bonheur infini que la vie terrestre, sous toutes ses dimensions, n’arrive et n’arrivera jamais à nous donner ! La peur, l’angoisse, l’incertitude que nous éprouvons devant la mort est signe que Dieu nous a fait pour la Vie. Nous désirons vivre pleinement, nous aspirons à la vie heureuse, la béatitude comme dit saint Augustin, à la félicité éternelle. Nous ne savons pas encore ce que c’est ni comment c’est, mais nous nous sentons attirés par cette félicité infinie. Saint Augustin dit « tu nous as fait pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi ! »

Il s’agit là d’une espérance universelle, enracinée dans le cœur de tout humain, de tous temps et de tout lieu. Il ne s’agit cependant pas d’une succession sans fin, le passage infini d’un état à un autre, bref, il ne s’agit pas de réincarnation. La vie éternelle est quelque chose de définitif : la plongée définitive dans l’Amour infini de Dieu, en Jésus qui nous a dit, avant de mourir : « je pars vous préparer une place, et là où je suis, vous serez vous aussi ! ». Il s’agit d’une plénitude de vie et de joie auprès de Jésus ! C’est cela que nous espérons et attendons du Christ, car il nous l’a lui-même promis. Nous l’attendons nous qui sommes encore pèlerins en ce monde, et nous le désirons, le prions pour nos frères et sœurs qui ont fini leur pèlerinage en ce monde, et dont le souvenir nous plonge toujours dans la tristesse. Pour certains parmi nous, la tristesse est très récente et pour d’autre, les années n’ont pas réussi à alléger nos cœurs de cette douleur toujours aussi présente.

Nous sommes cependant tous appelés à renouveler ce soir notre espérance dans la vie éternelle fondée dans la mort et la résurrection du Christ. Redisons au Christ mort et ressuscité notre joie, notre action de grâce d’avoir été touchés concrètement par son Amour à travers la vie concrète et l’amour dont nous avons été bénéficiaires de la part de nos frères et sœurs défunts avec qui nous avons partagé un bout de la vie. Malgré leurs fragilités, chacun d’eux nous a donné de goûter un peu à une dimension de l’Amour de Dieu. N’oublions jamais de recommander nos défunts au Seigneur de la Vie. Prier pour les défunts, les recommander au Christ, Maître de la Vie, Vainqueur de la mort par sa résurrection, est signe de gratitude, une marque d’amour pour tout ce qu’ils nous ont donnés. Prier pour les défunts est un devoir pour les chrétiens, un acte de miséricorde, la manifestation de l’amour qui est plus fort que la mort.

Seigneur Jésus, dans la douleur de notre deuil, mais pleins d’espérance en toi, nous venons te recommander nos frères et sœurs défunts, dans l’espérance de les retrouver un jour, auprès de Toi, en ce lieu où il n’y a plus du deuil, ni douleur, mais la joie et la paix. Qu’ils reposent en paix. Amen

Homélie du Père Joseph pour la commémoration des fidèles défunts, année A (2023)2023-11-02T20:29:55+01:00

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Chaque civilisation, société a ses hommes illustres, ses héros. Pour certains, il s’agit de personnes qui ont donné naissance à un peuple. Pour d’autres, il s’agit de ceux qui ont écrits leurs noms dans les pages de l’histoire d’un peuple, lui donnant une terre, une organisation civile, une liberté lors d’une situation d’oppression, une splendeur, un prestige devant les peuples voisins. Leurs noms, visages ou gestes restent inscrits dans la mémoire collective. Certains ont traversé l’histoire pour devenir un patrimoine presque pour toute l’humanité.

Hier matin, par un pur hasard sur Facebook, j’ai entendu dans un discours que même Mélenchon s’appropriait un Patrice Lumumba, une grande figure de l’histoire du Congo. En allant à Pibrac, nous découvrons construit le nouveau lycée Nelson Mandela. Nos rues et nos places portent des noms fameux : Gaston Doumergue, Vincent Auriol, Jaurès, Charles De Gaulle, Mitterrand, Martin Luther King, Garibaldi, Napoléon, Clovis, Claude Nougaro… Nous leur avons construit un monument. Nous les commémorons ces gens illustres chaque année, à des dates fixes qui correspondent à leur naissance ou leur mort. Mais le caractère unanime de leur place dans l’histoire peut être mise en cause au cours de l’histoire, surtout lorsque nous jugeons les personnages historiques avec nos critères et paramètres actuels. Pour cela, il suffit de se rapprocher des idées du wokisme ou de la cancel culture pour se rendre compte de la tentation très actuelle de réécrire l’histoire. Pourtant, il nous faut nous approprier notre histoire et l’accueillir, avec ses hommes et femmes qui ont fait la France, l’Europe, l’Afrique, le Congo, même si nous ne pouvons pas tout prendre de la vie de ces héros de l’histoire humaine, car ce qui jadis était une valeur peut nous paraître une antivaleur aujourd’hui.

Aujourd’hui, c’est un peuple tout particulier, le « peuple des enfants de Dieu, l’Eglise », qui fait aussi mémoire des ses hommes et femmes illustres, de ses héros. Nous le faisons de manière tout à fait particulière parce que nous les célébrons tous ensemble. Parmi eux, il y en a qui ont des monuments, des images, des statues dans nos églises, nos places, nos maisons…. Il y a des saints qui sont presque des stars, connus de tous et pour lesquels nous avons une dévotion presque démesurée. Sainte Rita, saint Antoine de Padoue, saint Joseph, la très Sainte Vierge Marie, Saint Augustin, sainte Bernadette, sainte Germaine, saint Saturnin… Ces saint nous sont très proches, spirituellement ou localement. Nous tenons à leur fête chaque année, et c’est beau. Mais à la fête de la Toussaint, l’Eglise célèbre aussi tous les saints dont nous ne savons presque rien. Ils sont inconnus de tous, mais connus de Dieu et leurs noms sont inscrits dans le cœur de Dieu. La fête de tous les saints (La Toussaint) nous rappelle que la multitude des héros et héroïnes de Dieu n’ont rien fait d’éclatant, rien qui soit digne d’être gravé dans la mémoire collective, rien qui vaille la peine que leurs noms soient inscrits dans un livre d’histoire ou de spiritualité populaire, ou sur un calendrier liturgique.

D’ailleurs, la grande majorité de ces saints n’apprécieraient pas que nous leur fassions de la publicité parce qu’ils ont été fondamentalement humbles, discrets, silencieux, cachés. Ils sont de toutes les races de la terre, toutes les cultures, toutes les classes sociales et sont de toutes les époques. L’auteur du livre de l’Apocalypse l’avait déjà compris en multipliant le nombre des 12 tribus du peuple d’Israël par le nombre des 12 apôtres, et en le multipliant ensuite par 1000 le nombre biblique signifiant l’éternité pour arriver à 144 000 comme nombre de ceux qui ont servi Dieu, non à travers les gestes épiques de tous les héros, mais à travers les épreuves, le martyre, la dureté de la vie de chaque jour…

Alors, aujourd’hui, dans cette foule immense, nous célébrons tous ceux qui n’ont rien fait d’héroïque ni d’exaltant dans la vie, ceux qui n’ont rien accompli d’extraordinaire mais que nous vénérons parce qu’ils ont été et sont des saints aux yeux de Dieu. Célébrer la Toussaint, c’est se rappeler que le désir de Dieu est que chacun de ses enfants devienne un saint, une sainte. C’est l’appel du baptême ! Qui que nous soyons, Dieu veut faire de nous des saints, des saintes si nous le laissons nous aimer et si nous désirons aimer comme lui. Pour cela, il nous faut vivre notre propre vocation baptismale, à travers notre vocation particulière qui n’en est que la réalisation. C’est dans le baptême que nous recevons l’appel de Dieu à devenir des saints, en vivant concrètement de l’Amour qui vient de Lui.

C’est pour cette raison que j’aimerais terminer cette homélie par les paroles du pape François dans son Exhortation apostolique Gaudete et Exultate ( Soyez dans la joie et l’allégresse), nous rappelant que nous sommes tous appelés à la sainteté.

« Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels.

Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie (cf. Ga 5, 22-23). Quand tu sens la tentation de t’enliser dans ta fragilité, lève les yeux vers le Crucifié et dis-lui : ‘‘Seigneur, je suis un pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur’’. Dans l’Église, sainte et composée de pécheurs, tu trouveras tout ce dont tu as besoin pour progresser vers la sainteté. Le Seigneur l’a remplie de dons par sa Parole, par les sacrements, les sanctuaires, la vie des communautés, le témoignage de ses saints, et par une beauté multiforme qui provient de l’amour du Seigneur, « comme la fiancée qui se pare de ses bijoux » (Is 61, 10).

Cette sainteté à laquelle le Seigneur t’appelle grandira par de petits gestes. Par exemple : une dame va au marché pour faire des achats, elle rencontre une voisine et commence à parler, et les critiques arrivent. Mais cette femme se dit en elle-même : « Non, je ne dirai du mal de personne ». Voilà un pas dans la sainteté ! Ensuite, à la maison, son enfant a besoin de parler de ses rêves, et, bien qu’elle soit fatiguée, elle s’assoit à côté de lui et l’écoute avec patience et affection. Voilà une autre offrande qui sanctifie ! Ensuite, elle connaît un moment d’angoisse, mais elle se souvient de l’amour de la Vierge Marie, prend le chapelet et prie avec foi. Voilà une autre voie de sainteté ! Elle sort après dans la rue, rencontre un pauvre et s’arrête pour échanger avec lui avec affection. Voilà un autre pas ! »

Les saints que nous célébrons sont le signe du projet que Dieu veut réaliser pour l’humanité à travers son Eglise : dans leur variété, les saints redisent que la sainteté n’est pas une utopie, mais bien une possibilité pour chaque humain, en tout temps et en tout lieu. Toute l’humanité est appelée à connaitre Jésus qui donne à chacun la grâce de partager sa vie en plénitude, et c’est cela qui est la sainteté, le Vrai Bonheur. Puisse chacun de nous nourrir le désir de sainteté pour lui-même et pour les autres. Amen.

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année A (2023)2023-11-02T20:19:33+01:00
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