À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Congrès Mission Toulouse – Réveiller notre vocation missionnaire.

Congrès Mission Toulouse – Réveiller notre vocation missionnaire.

Le début du mois d’octobre est marqué, dans une dizaine des villes en France, et à Toulouse en particulier, par le Congrès Mission, du 1-3 octobre. C’est une chance pour chacun de nous, pour nos communautés et pour toute l’Eglise. Personnellement, il me tarde d’y participer ! Avec l’Equipe d’Animation Pastorale, nous invitons les membres engagés dans les différents services, mouvements, groupes de préparation aux sacrements, catéchèse, aumônerie…à participer à ce Congrès. Même vous qui n’êtes pas engagés ou impliqués, cette invitation est pour vous aussi ! C’est véritablement une chance, une opportunité pour revivifier, dynamiser la foi et l’élan missionnaire en vous. Vous ne pourrez certainement pas participer à tous les forums ou ateliers : choisissez-en quelques-uns, ceux qui vous intéressent le plus. Si vous n’avez pas la possibilité de participer aux deux jours, faites-en un. Mais dans tous les cas, ne laissez pas passer cette occasion !

Le mois d’octobre, au cours du quel nous célébrons la « Semaine Missionnaire mondiale » du 17 au 24 octobre, est une invitation aux baptisés à prendre conscience de leur vocation missionnaire. Un baptisé est disciple du Christ ! Or, chaque disciple appelé par le Christ, est aussi envoyé par lui à annoncer la Bonne Nouvelle. Nous ne pouvons pas être disciples sans être missionnaire. Le pape François, depuis le début de son pontificat, nous rappelle sans cesse que l’Eglise, par sa vocation, doit être en sortie pour annoncer et témoigner de la Joie de l’Evangile. C’est cela que vous invite chaque à vivre, personnellement et ecclésialement. Il ne s’agit pas de faire du prosélytisme, parce que la foi chrétienne n’est pas un produit à vendre. C’est un trésor, une richesse à donner, une joie à partager avec ceux qui nous entourent, en particulier avec ceux qui ne connaissent pas le « Trésor, la Perle » par excellence, qu’est Jésus. Si nous aimons notre monde, si nous aimons réellement nos contemporains, nous devons sortir pour aller à leur rencontre et leur partager la joie que nous apporte Jésus.

Au début de son ministère public, Jésus est allé d’abord en Galilée, d’après l’évangéliste saint Marc : « Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ». Nous sommes loin de l’Institution religieuse qu’est Jérusalem. Aujourd’hui encore, c’est loin des murs de nos églises, presbytères et maisons paroissiales que Jésus nous envoie. Le pape parle des périphéries !  Comment les atteindre ? Il suffit de désirer sortir pour les atteindre. La sortie, « l’aller vers », est la première attitude missionnaire. Jésus est sorti du sein du Père pour se faire l’un de nous et nous apporter le salut. Après sa mort et sa résurrection, avec le Père, il a envoyé (sorti) le Saint Esprit sur les apôtres réunis au Cénacle avec Marie. Ces apôtres enfermés par peur des juifs, poussés à la sortie par le Saint Esprit à la Pentecôte, les apôtres sont sortis de la maison pour annoncer, à Jérusalem, que Jésus est ressuscité. Cet événement marque la naissance de l’Eglise. Cette petite Eglise naissante à Jérusalem est sortie petit à petit de la Palestine pour aller aux extrémités du monde annoncer la Bonne Nouvelle du salut. Depuis plus de deux mille ans, l’Eglise vit et grandit grâce à sa sortie et élan missionnaires de ses filles et fils que nous sommes. Privée de sa dimension missionnaire, l’Eglise est condamnée à mourir !

En ce mois d’octobre, je lance un appel à chaque membre de notre communauté, à vous qui lisez ces quelques lignes : de grâce, réveillez en vous le missionnaire qui s’endort ! Rallumez et manifestez la lumière du Christ de votre baptême ! Annoncez au monde les merveilles de ce Dieu qui vous a appelés des ténèbres à son admirable Lumière !  Là où vous êtes, témoignez et partagez la Joie de l’Evangile.  Je vous souhaite un bon mois missionnaire !

 

Congrès Mission Toulouse – Réveiller notre vocation missionnaire.2021-09-23T19:12:53+02:00

Homélie du Père Joseph du XXV° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, lors de notre belle rentrée paroissiale, nous avons médité sur la première annonce de sa Passion par le Christ à ses disciples. Cela se passait dans la ville de Césarée-de Philippe. Une semaine plus tard, Jésus nous fait une deuxième annonce de sa Passion. Mais pourquoi ? Quel besoin avait-il de faire de nouveau une annonce de sa Passion ? Voulait-il déprimer ses disciples en leur parlant de ses souffrance, mort et résurrection à venir ?  En effet, si Jésus fait une nouvelle annonce de sa Passion, cela veut dire que la première annonce, celle de Césarée-de-Philippe n’a pas suffi ! Vous vous rappelez qu’après que Jésus ait annoncé sa Passion dimanche dernier, Simon Pierre,assoiffé de pouvoir et de gloire sans effort, avait reproché à Jésus de prendre un chemin d’humiliation, au lieu de suivre celui du pouvoir et de la gloire. Nous nous rappelons le recadrage, quand Jésus remet Pierre à sa place en le qualifiant de Satan car il refusait le projet de Dieu. Ensuite, Jésus s’adressa à Pierre et à nous tous en nous disant : « Celui que veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ».

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus est toujours en route vers Jérusalem. Il traverse la Galilée comme un inconnu, il évite les foules, les scribes et les pharisiens parce qu’il veut se consacrer exclusivement au service du petit groupe d’apôtres, son staff, son conseil de groupe, appelé à partager avec lui toute sa mission. Il veut créer la cohésion dans le groupe. Il veut que dans son équipe, les gens aient des relations fraternelles et confiantes. Quand on travaille en équipe, en groupe, on ne peut pas se contenter d’être simplement des individualités juxtaposées. Il faut qu’il y ait des relations fraternelles, conviviales, de cohésion de groupe, la connaissance mutuelle des qualités et limites des uns et des autres. Une équipe de rugby, de foot, de basket, ou une autre équipe où les joueurs ne se connaissent pas, où chacun ne pense qu’à soit …est vouée à perdre tous ses matchs. Un groupe scout où chacun « se la joue solo » ne peut pas grandir.

C’est pour cette raison que Jésus s’attelle à former une vraie équipe des disciples missionnaires. Il sait qu’après sa mort, c’est cette équipe qui poursuivra la mission d’annoncer sa mort et sa résurrection, en partant de Jérusalem pour atteindre les extrémités du monde. Jésus leur ouvre son cœur et les fait entrer dans son intimité, leur partage le poids de ce qu’il porte en ce moment : « il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera.» Il y a beaucoup de tristessedans les paroles de Jésus, mais il y a aussi beaucoup de confiance.

C’est la deuxième annonce de la Passion, et comme pour la première, les disciples ne comprennent toujours rien. Ils ne posent pas de question.  On dirait que cela ne les touche pas. Ils sont ailleurs, à l’ouest ! Leur intérêt est ailleurs ! Imaginez que vous vous vivez une grosse épreuve, et que vous vous confiez, presque en larmes à quelqu’un lui disant ce qui vous pèse, et lui, devant toi, tu le vois envoyer des textos sur son portable, comme si ce qui te fait souffrir ne le touchait pas.  Mercredi matin, un fidèle d’une paroisse de Toulouse m’appelle pour me partager ses difficultés à avec son curé qu’il trouvait un peu raciste dans ses attitudes. J’ai longuement écouté la personne, évitant d’alimenter ses ressentiments. A un certain moment, j’ai dû lui dire : « Bon courage vraiment ! » et la personne qui m’interpelle en me disant : « Père Joseph, c’est tout, j’ai besoin que tu me dises quelque chose s’il te plait. Son interpellation a permis à ce que je lui donne quelques conseils, lui suggérant surtout de prendre le téléphone pour prendre rendez-vous avec son curé et pouvoir échanger et lui expliquer son ressenti basé sur des faits.  En terminant, je lui ai dit que nous allions ensemble confier sa douleur à Notre-Dame de Douleur que nous fêtions mercredi. Il parait que cela lui avait fait beaucoup de bien ! Exprimer sa douleur devant quelqu’un qui ne semble pas être touché, cela la douleur plus éprouvante encore !

Les disciples ne comprennent pas, mais ils ne posent aucune question. On dirait qu’ils s’en fichent complétement. Ils pensaient à autre chose : au pouvoir, à leur positionnement. Qui va être le candidat du PS, des verts, des Républicains ? Qui sera le prochain président de la République ? Macron ? Marine Le Pen, Mélanchon ? Xavier Bertrand ? Valérie Pécresse, ect…? Nous y sommes presque actuellement avec les échéances électorales à venir.Pendant qu’il leur parlait de cohésion, d’esprit d’équipe, de don de soi, d’attention à l’autre, de solidarité, de renoncement pour le bien du groupe… Jésus découvre la triste réalité de la soif du pouvoir et des divisions parmi ses disciples. En effet, sur la route, les disciples se disputaient pour les premières places. « Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. » Ils ont essayé de faire leurs petits arrangements, en cherchant comment se partager le pouvoir… en excluant Jésus de leurs négociations… mais ça n’a pas marché. L’amitié et les alliances basées sur le pouvoir et les intérêts ne durent jamais. Vous n’avez qu’à regarder ce qui se passe dans les partis politiques : les alliances se font et se défont selon les intérêts du moment et on peut facilement retourner sa veste, se donner au plus offrant. Aujourd’hui je suis de gauche, demain de droite, après-demain d’extrême droite, selon où souffle le vent et les sondages du moment….

Telle est la douloureuse expérience de Jésus, entouré des gens assoiffés de pouvoir. Ils ont fait leurs arrangements, ont voulu l’exclure, ils se sont disputés et à présent ils boudent, personne ne veut parler à l’autre.  Jésus s’approche d’eux et leur pose la question qui fâche : « Expliquez-moi la cause de votre dispute en chemin, pourquoi vous boudez les uns contre les autres ». Tous sont muets et personne n’ouvre la bouche. Embarrassés, ils ont tellement honte de leur comportement. Certains auraient peut-être que Jésus se fâche à son tour pour leur remonter les bretelles ! Mais, avec docilité et amour, Jésus profite de ce malaise pour apprendre à ses disciples le sens de la mission et de la responsabilité évangélique : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Pour Jésus, l’autorité consiste dans le service. Servir, toujours servir ! Il le montrera plus tard au lavement des pieds ! : « Vous m’appelez maître et Seigneur et vous avez raison car vraiment je le suis. Si moi, maître et Seigneur je vous ai lavé les pieds, c’est pour que vous fassiez de même les uns aux autres ».

Pour Jésus, le vrai pouvoir consiste à ne pas en avoir, comme un enfant qui obéit (il s’agit d’un enfant à l’âge où il ne dit pas non à tout »). Le vrai pouvoir est l’amour parce que l’amour n’a ni pouvoir ni domination sur les autres. Dans le monde, avoir le pouvoir, c’est manipuler les autres, les avoir sous contrôle, les maîtriser autour de soi. Le pouvoir se fait sentir. Le pouvoir, c’est parfois faire du chantage, comme l’enfant qui fait plier les parents à ses désidératas à force de pleurer et de crier. Le pouvoir, c’est parfois faire la victime, « on m’en veut, personne ne m’accueille, personne ne m’aime ! ». Le pouvoir, c’est parfois humilier les autres, les rabaisser en pointant leurs limites et faiblesses : « T’es vraiment un incapable ! Ce travail qui t’a pris une semaine, vois que je l’ai fait en une soirée ! » Tel est le pouvoir du monde !

Aujourd’hui, Jésus nous demande de passer du pouvoir à l’amour, car l’amour vrai n’a pas de pouvoir. L’amour rend service et est sans orgueil. Seigneur donne-nous de mettre du cœur, c’est-à-dire, de l’amour dans les missions et responsabilités qu’il nous a confiées, de servir sans rien attendre en retour, à donner sans compter, comme dit la prière scoute, quel que soit le niveau de notre responsabilité en Eglise, en paroisse, dans le mouvement, en famille, en société. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXV° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-09-18T12:34:45+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIV° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs, chers paroissiens !

L’évangile proposé par l’Eglise en ce dimanche de notre rentrée paroissiale est une invitation à méditer ce lien tellement paradoxal mais ô combien fondamental entre la croix et la gloire.  La providence divine a voulu que cet évangile soit lu et médité ce dimanche, alors que mardi, le 14 sept, nous allons célébrer la fête de la Croix Glorieuse et mercredi 15 sept ( une petite pensée à la communauté de la Croix glorieuse de la paroisse de l’Immaculée conception qui a fêté 40 ans d’existence qui a fêté hier samedi) ; nous célébrerons ensuite la fête de Notre-Dame des Douleurs, occasion pour nous de confier à la Vierge Marie les croix plus ou moins lourdes que nous portons ou devons porter dans nos vie personnelle, professionnelle, familiale et ecclésiale….  Dans la tradition biblique, la croix est l’instrument de l’extrême humiliation. Dans le judaïsme, c’est scandaleux de concevoir un Dieu crucifié.  Pourtant, avec Jésus, la croix devient l’étape nécessaire d’élévation et de glorification pour les chrétiens. « Si nous souffrons avec lui, si nous mourons avec lui, avec lui nous vivrons, avec lui nous régnerons », rappelle saint Paul. Soren Kierkergaard, un philosophe et théologien protestant Danois que j’aime beaucoup, dit dans un de ses ouvrages que l’on ne peut concevoir, envisager, penser une vie « authentiquement chrétienne sans la dimension de la croix »

Pourtant, nous venons de l’entendre de l’évangile, Simon Pierre, le premier des apôtres, a du mal à accepter cette voie que Jésus lui-même a choisie pour nous sauver. En s’adressant aux disciples marchant derrière lui et qui autour de lui à Césarée de Philippe, c’est à nous paroissiens de l’ensemble paroissial de Tournefeuille que Jésus s’adresse et interroge sur la connaissance qu’ont les gens de lui et que nous avons-nous-mêmes de lui. « Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? »

Il ne s’agit pas du tout de cette curiosité, qui trouve sa source dans notre orgueil et qui nous pousse à savoir tout ce que les gens peuvent sur nous, ce qu’ils disent de nous, quelle opinion, quel jugement ils portent sur nous. D’ailleurs, vous remarquerez que Jésus ne demande pas « ce que » les gens disent (quoi). Il s’agit « de qui il est », de son identité profonde.  Voyez bien la différence entre « qu’est-ce que les gens disent de moi » et « qui suis-je aux dire des gens ? ». Dans sa question, Jésus veut rencontrer les gens sur le terrain de leurs convictions, ce qu’ils croient vraiment. C’est sur le terrain de nos convictions profondes que le Seigneur veut nous rencontrer pour nous montrer qu’il s’intéresse à la personne, et non pas à l’idée ou l’opinion que nous pouvons avoir de nous-même ou des autres. Dans la vie de nos paroisses, nous ne pouvons pas annoncer le Christ aux gens que nous rencontrons ou qui frappent aux portes de nos maisons, presbytères et églises si nous ne cherchons pas à savoir qui ils sont réellement, quelles convictions font vivre et fait bouger leur vie.

En cette année nouvelle où nous sommes encore appelés à grandir dans la dimension missionnaire, Jésus nous rappelle que c’est lui que nous devons suivre et annoncer, mais en partant des convictions des gens que nous rencontrons. Les apôtres répondent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. » La réponse donnée par les apôtres est, dans une certaine mesure, comparable à ce que nous entendons souvent. Pour beaucoup de gens que nous rencontrons, Jésus est parfois considéré comme un grand homme, un prophète, (même les musulmans reconnaissent Jésus est un prophète !) quelqu’un qui sort du lot, presque superman, un grand personnagede l’histoire de l’humanité. J’ai même entendu, de mes propres oreilles, dans un autre ensemble paroissial, une catéchiste qui parlait aux enfants de Jésus comme d’un homme extraordinaire qui a fait beaucoup de bien, porteur de grandes valeurs, des super-pouvoirs pour faire des miracles, qui a fait tellement de bien aux gens, qu’il nous faut imiter… mais cette brave catéchiste avait du mal à leur dire et expliquer que Jésus est Dieu, comme le Père !

Quand vous lisez les Actes des Apôtres, lorsque Pierre et les autres apôtres commencent leur mission, le contenu de leur message, qu’on appelle le Kérygme, « c’est que Jésus, cet homme juste qui n’a fait que du bien, il a été condamné injustement, a été crucifié, est mort en croix, mais il est ressuscité, c’est lui le Christ, le Sauveur, nous en sommes témoins ». Dans tous nos services, groupes et mouvements, c’est cela qui doit être le contenu de notre message et de notre témoignage. Nous pouvons faire des choses tellement gentilles et sympathiques dans toutes les pastorales, catéchèses et préparation sacramentelle, mais si nous n’annonçons pas que Jésus est le Christ, le Sauveur, nous passons à côté du cœur du message chrétien.

« J’ai la foi, j’ai mes croyances, même si je ne vais pas à la messe, je suis croyant, mais pas pratiquant ! » Voilà un refrain que j’entends à longueur des journées ! En cette rentrée pastorale, nous pouvons demander la grâce de passer de cette foi conceptuelle, un peu hasardeuse à une réelle rencontre personnelle avec la personne Jésus. C’est cela que nous sommes appelés à vivre pendant cette année pastorale qui commence : grandir chaque jour dans la rencontre et la connaissance avec Jésus, aller chercher et accueillir nos frères et sœurs qui s’approchent de l’Eglise pour qu’ils grandissent et approfondissent leur propre relation personnelle avec le Christ en le découvrant à vraiment l’œuvre dans leur vie.

C’est facile de mettre des étiquettes sur les autres, de les enfermer dans une boîte parce qu’on entend dire ceci ou cela.  On ne peut pas connaître l’autre et savoir qui il est si l’on n’a pas fait l’effort d’entrer véritablement en relation avec lui. Une communauté paroissiale comme la nôtre, risque toujours de s’appauvrir si nous n’accueillons pas, si n’allons pas vers les autres, à la rencontre de l’autre pour l’accueillir, pour découvrir qui il est vraiment.  Il est vrai que rencontrer et accueillir en vérité est couteux et demande fournir des efforts… Mais celui qui fait le choix de la rencontre vraie et de l’accueil authentique découvre tout le trésor que l’autre peut lui apporter. Nous nous trompons très souvent sur le Seigneur, sur les gens, les membres de la communauté, nos voisins de palier, de l’immeuble, du quartier ou du village, les membres de nos équipes, parce que nous n’avons pas fait le choix de les rencontrer et de les connaître vraiment. Ce qui vaut pour ceux qui nous entourent dans nos communes, communautés et équipes, vaut aussi pour notre relation avec le Seigneur.

Un baptisé qui n’a pas encore tissé une relation personnelle avec Jésus ne peut pas se dire chrétien. C’est pour cela que Jésus vérifie si ses disciples le connaissent, au-delà des sondages d’opinions. C’est pourquoi il les interroge pour avoir une réponse personnelle et engageante : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » C’est beau d’entendre Simon Pierre toujours spontanée dans ses réponses, confesser : « Tu es le Christ ». Il dit la vérité. Jésus est le Christ, le Messie. Mais là encore, les disciples, et Pierre en particulier, doivent grandir dans leur foi. Pour les juifs, le Messie qu’il attendait devait être puissant pour les libérer de la domination des oppresseurs Romains.

Jésus profite donc de la révélation de son identité par Pierre pour parler à ses disciples de sa croix, sa mort et sa Résurrection. Pierre, qui venait de faire une belle profession de foi refuse le projet de Jésus qui passe par la Croix. Lui qui avait abandonné son bateau de pêche et ses filets pour suivre Jésus, le voilà qui veut prendre la place de son maître. Pierre n’accueille pas le projet du Christ parce qu’il veut une gloire sans épreuve, sans souffrance ni douleur ! On ne peut pas réussir sans travailler, obtenir un succès sans faire efforts. Ca vaut pour le travail, les études, les affaires… et sa vaut aussi pour la sainteté, pour la mission dans l’Eglise.   Pierre veut décider à la place de Jésus et se permet même de lui donner des leçons de morale, de recadrer le Messie dont il vient de professer la foi : « Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : non Seigneur, cela ne t’arrivera pas ». Combien cela nous arrive souvent.

La réponse de Jésus à Pierre s’adresse à nous aussi en cette rentrée paroissiale : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Notre place est derrière le Seigneur, et notre mission est de Le suivre, d’emboiter ses pas en non pas de prendre sa place.  Pape, évêque, vicaire épiscopal, curé de paroisse, vicaire, prêtre, diacre, membre de l’EAP, fidèle laïc, responsable de tel service, groupe, mouvement … nous sommes tous disciples, c’est-à-dire, tous derrière le Christ qui nous appelle à le suivre au service de la mission d’annonce de la Bonne Nouvelle.  Méfions-nous car les apôtres de Jésus, dont le premier, Simon Pierre, ont été attiréspar le pouvoir, la gloire facile sans passer par la croix, le simple chrétien comme vous et moi, n’est pas vacciné contre la tentation du pouvoir dans l’Eglise à tout niveau, et même au niveau d’une paroisse.

En ce début d’année pastorale, la remontrance de Jésus à Pierre est un appel à la conversion pour chacun de nous. « Passe derrière-moi Satan ! »  De grâce, chers confrères et chers paroissiens, ne donnons jamais à Satan la possibilité de se glorifier au sein de notre communauté en semant le trouble, en cherchant le pouvoir, en créant des divisions ou des clans, en construisant des murs et barrières entre-nous, en répandant des mensonges, en refusant d’accueillir l’appel et le projet de Dieu comme tente de le faire Pierre dans l’évangile de ce dimanche. Que toute notre communauté dans son ensemble, et chacun de ses membres, nous accueillons ces paroles de Jésus pour en faire notre programme de communauté : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » Être chrétien, c’est suivre le Crucifié, Serviteur portant sa croix, mais Vainqueur et Victorieux de la Croix et de la Mort par son Amour. Que le Seigneur nous donne la grâce de nous mettre au service les uns des autres, dans la gratuité généreuse de notre présence et de nos engagements pour la mission. Amen

Homélie du Père Joseph du XXIV° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-09-11T16:47:24+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

La surdité, dans l’Ancien Testament, signifie exclusion du salut parce qu’un sourd ne peut pas entendre tous les messages et appel du salut qui lui sont adressés par les prophètes, les prêtres…les messagers de Dieu. Mais très souvent dans l’AT, les prophètes ont accusé le peuple d’Israël d’être sourd, c’est-à-dire, d’être fermé, bloqué, comme une tombe, aux appels de Dieu qui l’appelle à la conversion. Isaïe y fait allusion dans la première lecture : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds ». Dans notre pays et à notre époque, nous sommes tellement sollicités et préoccupés par tellement des choses à faire, de bruits qui nous viennent de partout, des bavardages, rumeurs et opinions venant de la rue, des tous les médias, les réseaux sociaux, la musique à fond, bruits de la circulation automobile…. au point d’être devenus presque sourds à nous-même, à la planète, aux autres  et Dieu, incapables d’entendre et d’écouter le désir profond de notre cœur, cette soif profonde qui est en nous et que rien ne peut étancher à part Dieu. Ce n’est pas pour rien que se développe toutes ces méthodes de méditations, Yoga…pour apprendre à s’écouter soi-même, écouter son propre corps, son être profond.

Le protagoniste de l’évangile est un sourd. On parle, à défaut qu’un c’est un sourd muet mais ce n’est pas exactement ça. Il est sourd parce qu’il n’entend pas, mais il n’est pas totalement muet. Il a juste du mal à articuler, à communiquer correctement, à se faire comprendre. Ne pas entendre et ne pas se faire comprendre, signifie, ne pas être capable d’entrer en relation. Un sourd-muet risque de s’enfermer sur soi-même, sur son handicap et de se couper du monde extérieur. Combien des gens aujourd’hui se coupent des autres pour ne pas s’exposer, surtout quand on porte un handicap, un défaut physique…, aussi parce que les autres peuvent être impitoyable et horrible. Essayez de demander aux collégiens et lycéens ! .Si nous sommes dans ce cas de figure, l’évangile de ce dimanche est un cadeau pour nous car Jésus veut nous toucher pour nous ouvrir les oreilles et nous délier la langue, et nous aider à entrer ou à entretenir une relation vraie et authentique avec Dieu et avec les autres au sein de la communauté et dans le monde. Notre salut, notre vrai bonheur, dépend fondamentalement de la qualité de relation que nous tissons avec Dieu et les autres. Quelqu’un d’isolé, sans ami ni relation ne peut être heureux.

Au temps de Jésus, le salut était conçu par rapport à Jérusalem. Les juifs de Jérusalem étaient naturellement sauvés car ils habitaient la ville sainte. C’est comme Paris et les provinciaux ! Et plus on s’éloignait de Jérusalem, plus on s’éloignait du salut. Au-delà de Jérusalem, tout est perdu ! Rien de bon ! Au-delà du périphérique, rien de bon ! en dehors de Tournefeuille, de Lardenne, de Plaisance, de Saint Simon, de La Salvetat….il n’y plus grand-chose ! Vous ne pouvez pas imaginer combien le curé que je suis doit sans cesse rappeler qu’il ne doit pas y avoir des rivalités entre paroisses. Il parait qu’il y a plusieurs villages en France qui se réclament comme étant le vrai centre de la France.

La ville de Jérusalem était comme le centre du monde. Ceux qui habitaient dans les villes païennes étaient condamnés d’avance car il y avait chez eux un mélange culturel pas du tout orthodoxe, pas du goût de Scribes et Pharisiens. Alors, habiter la Décapole (les10 villes situées au-delà de la Samarie), celle-ci considérée elle-même comme ville hérétique et impure, cela voulait signifier qu’on était complétement perdu. Et pourtant, c’est là que va Jésus pour commencer sa mission. Il va chez les païens, chez ceux qui sont condamnés de prime à bord. Oui, la mission, pour les chrétiens, est une option préférentielle pour ceux qui sont exclus : les pauvres, les malades, les prisonniers, les sourds et les muets, porteurs de handicap, ceux qu’on peut facilement abandonner au cours du chemin parce qu’ils ne se suffisent pas matériellement, humainement, pastoralement… tous ceux qui étaient considérés comme impurs. Jésus est venu d’abord pour les pauvres et les malades, ceux qui reconnaissent avoir besoin de lui.

La guérison du sourd-muet pousse le peuple à faire une action de grâce : « Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. » Jésus les sauve au moment où ils s’y attendaient le moins. Dans la vie, seuls les gens qui n’attendent pas à un cadeau savent rendre grâce et reconnaître la grande valeur de ce qui leur est donné. La foi chrétienne nous redit que nous ne méritons pas le salut ni l’amour de Dieu. C’est donné gratuitement, comme ce sourd-muet sauvé de manière inattendue par le Christ.

Le sourd-muet de cet évangile est conduit par les autres auprès de Jésus… « Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, et supplient Jésus de poser la main sur lui. » Ceci veut nous rappeler que nous avons toujours besoin des autres pour être conduit au Christ, pour entendre parler du Christ. Ce sont les autres qui nous indiquent le Christ. L’Eglise, est une famille, une grande communauté où nous avons des frères et des sœurs qui nous conduisent au Christ. Un chrétien qui veut se couper des autres, qui veut vivre sa foi sans les autres, dans la solitude (« je suis croyant mais pas pratiquant !!! je n’ai pas besoin de la communauté pour prier, pour croire »…combien de fois je l’entends), ce chrétien  orgueilleux et solitaire est  sur le voie de la  perte de sa foi. Que le Christ nous guérisse de cette arrogance spirituelle et pastorale qui nous fait croire que nous savons tout, pouvons tout faire tout seul, sans avoir besoin des autres. La fermeture aux autres, à la communauté est la grande surdité dont Jésus veut nous guérir en cette rentrée pastorale.

Mes amis, soyons heureux d’être chrétiens. C’est une grande chance pour nous d’appartenir au Christ. La joie chrétienne, nous ne pouvons pas ne pas en témoigner. Un chrétien vit dans l’action de grâce, il témoigne forcément de sa joie d’être sauvé et d’appartenir au Christ.  Pour annoncer la Bonne Nouvelle au monde, Jésus a besoin des chrétiens guéris, apaisés, sereins et heureux, qui rayonnent et qui crient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets » pour que nos contemporains l’entendent et puissent, à leur tour Le suivre et lui ouvrir les cœurs. Si le monde d’aujourd’hui a perdu le Seigneur, s’il a perdu la foi, c’est parce que ce monde a d’abord perdu des chrétiens missionnaires et crédibles qui témoignent vraiment de la Joie de leur foi, cette joie qui est le premier signe d’un disciple missionnaire du Christ. Seigneur, ouvre nos oreilles pour entendre ta parole, pour écouter les cris de joie et de souffrance nos frères et sœurs !  Délie nos langues, pour dire le bien autour de nous, pour dire du bien des autres, pour te bénir et témoigner de la Joie que tu nous donnes.

 

Homélie du Père Joseph du XXIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-09-03T12:18:32+02:00

Une rentrée entourée de ND de Lourdes et de Saint Joseph

Une rentrée entourée de ND de Lourdes et de Saint Joseph

Comment sera cette année pastorale ? Sera-t-elle différentes des deux dernières ? Allons-nous vivre normalement ? Pourrons-nous réaliser nos projets et plannings ? Allons-nous « progrannuler » (nouvelle expression née de la pandémie qui signifie programmer des évènements avec la possibilité de les annuler au dernier moment) ? Pourrons-nous nous réunir normalement ? etc…

Voilà toute une série des questions que nous nous posons et auxquelles malheureusement n’avons pas de réponses. Tout reste incertain. Après ces vacances durant lesquelles vous vous êtes reposés et avez profité de la famille et des proches, nous voici partis pour une nouvelle année pastorale. Les deux dernières années n’ont pas été évidentes. Je ne plains pas des difficultés éprouvées au niveau pastoral à cause de la pandémie car tout cela est insignifiant par rapport aux épreuves vécues au niveau mondial et que nous voyons autour de nous.  Bien au contraire, c’est dans l’action de grâce et la confiance que je vous invite à entrer dans cette nouvelle année. Malgré la pandémie et les épreuves, le Seigneur nous accompagne et il est à l’œuvre dans nos vies et au sein de notre grande communauté paroissiale. Il est à l’œuvre à travers ce qu’Il réalise grâce à la présence, l’engagement et l’action de chaque membre de la communauté que nous formons dans la diversité de nos sensibilités, mais appelés à vivre et travailler dans l’unité.

(suite…)

Une rentrée entourée de ND de Lourdes et de Saint Joseph2021-09-03T12:16:10+02:00

Homélie du Père Joseph du XXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains ». Avec cette citation du prophète Isaïe, Jésus nous renvoie nous ouvre son cœur et invite chacun de nous à regarder son propre cœur pour vérifier, si mon cœur est petit ou grand, large ou étroit, fait de chair, sensible ou dur comme une pierre.  Jésus me demande de regarder objectivement et en vérité ce qui sort de mon propre cœur, quels sont mes désirs les plus profonds, quelles questions sont fondamentales pour moi car elles sont au cœur de ma vie.

 Tout est parti du comportement des disciples, un agir qui scandalise et choque les scribes et les pharisiens car il est contraire à la tradition. La polémique tourne autour de l’halakah, c’est-à-dire la pratique des préceptes et prescriptions reçus de la tradition, et en l’occurrence, le fait que les disciples prennent leur repas (littéralement manger des pains) sans se laver les mains, c’est-à-dire avec des mains impures. Il s’agit ici d’hygiène. Imaginez un peu si nous étions en période Covid19 avec les gels et le lavement de mains à répétition ! Les disciples de Jésus auraient eu beaucoup de problèmes avec les défenseurs du respect des mesures barrières que sont les scribes et pharisiens ! Là, je fais de l’anachronisme qui ne veut pas dire que ceux qui respectent ou appellent à respecter les mesure barrières sont des scribes et pharisiens, car dans ce cas, j’en fais partie.

En réalité, dans la Torah, la Loi de Moïse exigeait de faire des ablutions rituelles des mains seulement aux prêtres, surtout lorsqu’ils offraient le sacrifice. Mais au temps de Jésus, il y avait quelques mouvements des radicaux. Des radicaux, il y en a à toutes les époques, comme aujourd’hui et dans tous les domaines : nous avons des radicaux politiques de gauche comme de droite, des radicaux écolo, des radicaux économiques, des radicaux en morale, des radicaux religieux, comme les talibans… et il y a même des talibans dans le christianisme ! Ces radicaux du légalisme religieux multipliaient les prescriptions de la Loi, avec une particulière obsession autour du thème de la pureté.

Jésus lui était totalement libre et laissait ses disciples libres de ces observances qui n’avaient pas été demandées par Dieu. Jésus fait une distinction entre ce qui est une volonté de Dieu de ce qui est une coutume humaine, forgée par des hommes qui se déclarent fidèles au Dieu d’Israël. En réalité, ces radicaux religieux, ces puritains appellent « tradition » tout ce qu’ils ont eux-mêmes réfléchi, inventé et mis en place au cours de l’histoire. Jésus dénonce cette hypocrisie de la distance entre cette adhésion des lèvres à Dieu et le cœur qui restent totalement éloignés de lui.  Ces scribes et pharisiens allaient certainement très fréquemment au culte, ils célébraient chaque semaine le Shabbat, étaient assidus à la liturgie, bref, des gens qui extérieurement étaient très croyants. Cependant il leur manquait une authentique adhésion du cœur, celle qui exige que l’on vive et agisse en cohérence avec ce que nous disons en parole. Jésus nous disait de nous méfier d’eux car ils disent mais ils ne font pas.

Croire et adhérer au Seigneur, c’est l’aimer vraiment et aimer son prochain. Saint Paul nous dit dans son « l’hymne à l’Amour », dans sa première lettre aux Corinthiens que j’ai beaucoup entendu lors des mariages célébrés cet été que c’est la Charité, c’est-à-dire l’Amour théologale qui est le critère ultime de vérification de ce qui est dans notre cœur, et non pas ces prescriptions que les scribes et pharisiens objectent à Jésus et à ses disciples en parlant de nourriture impure, des mains impures et des personnes impures avec lesquelles nous pouvons entrer en contact. Nous parlons très souvent actuellement cas-contact pour lutter contre la pandémie de la Covid19. De même, toute personne qui étaient cas-contact avec un lépreux à cette époque était considéré comme impure.

Chacun de nous devrait se demander s’il ne lui arrive pas de considérer certaines personnes comme impures, à mettre à part, avec qui il ne faut pas se mélanger parce que gens ne font pas les choses comme on le voudrait, parce que nous n’avons pas la même sensibilité politique, idéologique, ou pour des raisons sociales, philosophiques, sanitaires, religieuses ? Jésus nous invite à ne jamais traiter un frère ou une sœur d’impur, et cela interroge ma manière de regarder et de traiter ceux qui m’entourent. Dans ma vie, il y a un « toucher les autres » qui craint et fait mal, comme celui des scribes et des pharisiens, et un toucher qui aime et qui sauve, comme celui de Jésus. Comment touchons-nous les autres, comment regardons-nous les autres ? En ayant peur d’eux, en les écartant, en les traitant d’impurs comme les scribes et les pharisiens, ou en les accueillant, en les aimant comme le Seigneur ?

Jésus nous laisse libre ! La liberté est bien le grand thème qui est au cœur de l’évangile. En cette période rentrée, je pense à la communauté que nous formons. La paroisse, la communauté, c’est ce lieu dans lequel rien et personne ne peut nous rendre impur, lieu où rien et personne ne peut être considéré comme impur, car tout le monde doit trouver sa place au sein de la communauté.  N’oublions jamais qu’un scribe et un pharisien peut se cache en chacun de nous, avec leur hypocrisie qui sépare la foi en Dieu de l’Amour du prochain.  Les lois de la tradition humaine avec ses les lois ajoutées disaient qu’il fallait séparer l’amour de Dieu de l’amour du prochain. Jésus nous dit au contraire que le premier et le plus grand des commandements, inséparable, c’est aimer Dieu de tout son cœur, de toutes ses forces, de toute son âme, et d’aimer son prochain comme soi-même.

Jésus nous rappelle l’importance du cœur ! C’est du fond de notre cœur que sortent les intentions mauvaises. Le cœur est le centre des décisions et des sentiments.  Le cœur est le centre des intentions, pensées, sentiments et Jésus nous dit que peuvent être mauvais. Jésus dit dans l’évangile :« C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses :  inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.  Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »

Il nous arrive tous de pécher par intention, en pensées. Mes intentions mauvaises, je peux certes les cacher à tout le monde, mais Dieu sait et voit tout ce qui se passe dans mon coeur, tout ce qui pollue mon âme appelée pourtant à être sa demeure. Imaginez que quand on laisse ces intentions et pensée mauvaises s’entasser dans notre cœur, c’est comme quelqu’un qui laisse le désordre et la poussière, la saleté s’entasser dans sa maison au point que nos amis n’ont plus envie de se faire inviter chez nous à cause de cette poussière et mauvaises odeurs que dégage notre maison !

De la même manière, Dieu n’a plus envie d’habiter dans mon âme polluée par mes pensées et intentions mauvaises, cette rancœur que je laisse grandir, cette jalousie que je nourrie envers les autres. Le Seigneur nous connait plus intimement que nous même. Il sait de quoi nous sommes pétris. Il nous aime, non pas parce que nous sommes des gens bien, vertueux, pour nos qualités, mais bien parce qu’il est Amour et veut nous sanctifier si nous lui ouvrons notre cœur en lui demandant de le purifier par sa présence.

Puisse l’eucharistie que nous célébrons aujourd’hui nous donner la grâce d’un cœur pur et d’une âme purifiée de tous ses sentiments, pensées et intentions qui risquent de nous polluer. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-09-03T11:59:43+02:00

Homélie du Père Joseph du XXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis quelques dimanches, nous avons été nourris par le chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean, dans lequel Jésus nous livre son grand enseignement eucharistique sur le pain vivant descendu du ciel. Ce chapitre commence par le grand récit du miracle de la multiplication des pains. Il y a une grande pause dans cet enseignement avec la fête de l’assomption qui tombais un dimanche cette année.  Aujourd’hui, Jésus nous rappelle la radicalité de la foi car il nous demande de prendre position pour ou contre lui, décider de rester avec lui ou de partir comme les disciples dans l’évangile de ce dimanche.

Face à la gratuité du don infini de Dieu présent dans le Pain de Vie qu’est Jésus en personne, nous ne pouvons pas rester passifs et ne pas prendre position, se décider de l’accueillir par la foi ou alors ne pas donner son adhésion et s’en aller. Nous pouvons faire des discours sur Jésus, faire de thèses de théologie dans ses différentes disciplines, dogmatique, spirituelle, morale, pratique… sans réellement être disciple de Jésus…Un chrétien est celui qui a décidé et décide chaque jour de renouveler son oui à Jésus, de Le choisir chaque matin dans l’obéissance de la foi malgré les péripéties éprouvantes de notre existence, de Le suivre même quand nous avons du mal à certains de ses exigences et propos qui sont très durs et difficiles dans les Evangiles, dans la Doctrine disciplinaire ou même dans la vie de l’Eglise.

La foi est cette ouverture, cette décision inconditionnelle, à première vue irrationnelle, mais libre pour le Seigneur. Il n’est pas rationnellement possible de concevoir qu’un bout de pain, (que les petits-enfants non-catéchisés peuvent abusivement comparer à une chips, je parle ici de la sainte hostie), puisse contenir le Fils de Dieu, Verbe Incarné, Vrai Dieu et vrai homme, qui a fait des miracles, qui est mort et ressuscité à Jérusalem. Il est difficile d’accepter une telle proposition contraire au bon sens de la raison humaine ! Ceci ne peut être possible que dans et par la Foi, si nous ouvrons notre cœur librement et spontanément au don que Jésus fait de lui-même, si nous ouvrons notre cœur et levons les yeux de notre cœur à ce mystère extraordinaire qui s’opère dans chaque eucharistie célébrée.

Cependant, la foi ne s’oppose pas à la raison humaine… D’ailleurs la foi chrétienne est même très rationnelle. C’est la science la plus étudié de l’histoire de l’humanité. Je me rappelle mon premier cours d’introduction à la théologie avec l’affirmation « Fides quaerens intellectum » soulignant que la foi précède la raison comme vertu théologale, mais qu’ensuite notre foi cherche et interroge la raison humaine pour être comprise et en rendre compte. La foi n’est pas une attitude passive, non critique et soumise, mais notre foi a besoin d’être nourrie et affermie par la raison. Sinon, à quoi servent toutes les études de théologie, la catéchèse…. N’oublions cependant pas que toute étude, tout discours théologique doit se faire à genou devant ce Mystère du Totalement-Autre et infiniment grand qu’est notre Dieu !

Soulignons cependant que la foi est toujours un acte de courage, une aventure décisionnelle parce qu’elle comporte dans tous les cas un saut qualitatif comme celui d’Abraham, de Marie, de Simon Pierre dans l’évangile d’aujourd’hui. Oui, se livrer totalement, faire confiance à Dieu peut être comparé à un saut dans le vide, mais en même temps, c’est à travers ce saut dans le vide, cette confiance dans les bras du Seigneur que nous faisons l’expérience de la certitude de son Amour. C’est un cercle vertueux paradoxal ! Comme on ne peut réaliser et bénéficierpleinement des bienfaits d’une piscine pendant la chaleur estivale qu’en décidant de s’y jeter, de même, on ne pourra réaliser et bénéficier de l’Amour Infini que si on fait ce saut dans les bras de Dieu par la décision de la foi. En lui ouvrant notre cœur, Dieu se révèle à nous de manière progressive, simple, et parfois même foudroyante !

Le saut de la foi et de la confiance, voilà ce qui manque aux disciples qui abandonnent Jésus dans l’évangile de ce dimanche. Ils L’abandonnent après avoir entendu de sa bouche un discours trop dur qui irrite ces bons juifs qui condamnent l’anthropophagie ou le cannibalisme : « Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson… Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous… ! »  Une des raisons de la persécutions des chrétiens des premiers siècles, c’est qu’on les accusait d’être de cannibales parce qu’ils disaient manger la chair de Jésus et boire son sang lors de leurs célébrations eucharistiques dans les maisons et la catacombe ! Ce difficile discours sur le pain de vie se conclut donc par une fracture. Beaucoup n’y croient pas et s’en vont. « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.  Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »

Encore une fois, nous nous appuyons sur la Profession de Foi de Pierre, comme à Césarée de Philippe quand Pierre professe la foi au nom de tous les autres apôtres que Jésus est le Christ. Il est comme le porte-parole des Douze. Pierre répondit à Jésus « Seigneur, à qui irions-nous ?  Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » En professant sa foi, Pierre se sauve lui-même et sauve les autres qui ont choisi de rester avec Jésus, et il sauve aussi le choix de l’Eglise, de tous les disciples de Jésus. Un chrétien est celui qui a l’humilité de reconnaitre qu’il est capable de trahir le Seigneur, qu’il le trahit souvent en abandonnant de vivre des nourritures et moyens de salut qui nous sont donnés dans et par l’Eglise pour rester uni à Jésus. Car si nous ne sommes pas unis au Christ, sans manger son Corps et boire son sang à travers les sacrements et l’eucharistie, nous risquons de dépérir et de mourir à petit feu.

L’amour de Dieu, comme tout vrai amour ne s’impose pas. Il se donne, se reçoit et se construit progressivement comme le jardinage. Jésus nous a offert sa vie dans le baptême et il continue à nous nourrir aujourd’hui encore à travers l’eucharistie. C’est dramatique que beaucoup de baptisés soient privés ou se privent eux-mêmes de l’eucharistie. Il est important de se nourrir en grignotant par la prière, faire oraison, lire la Bible, réciter le chapelet, comme on fait dans une journée. Cependant, nous ne pouvons pas nous contenter de ça : cela devrait nous conduire au repas eucharistique sans lequel nous risquons de dépérir.

Dans l’eucharistie, c’est-à-dire la messe, nous avons la présence même de Jésus, nous y trouvons toutes les vitamines nécessaires pour vivre, la force, la conversion, la sanctification, l’amour, la joie. Pensons à ces hommes et femmes qui témoignent de la force extraordinaire de l’eucharistie, comme Mgr Nguyen Van Thuan qui pendant 13 ans de détention communiste au Vietnam a  trouvé sa force en célébrant l’eucharistie avec un bout de pain et une goutte de vin, comme la  sœur  Elvire, la Mère des Drogués et toxicodépendants, fondatrice de la Communauté du Cenacolo, qui a sauvé et sauve encore aujourd’hui tant de jeunes perdus  dans la drogue en mettant l’eucharistie au centre de leur vie, ou saint Jean-Paul II qui a puisé sa force et construit toute sa vie sur l’eucharistie.

Ces disciples qui abandonnent Jésus sont ceux qui, aujourd’hui encore, malheureusement, s’éloignent de lui Christ à cause des péchés et de la fragilité de l’Eglise pécheresse dans ses prêtres et fidèles laïcs, dans certaines de ses positions morales ou doctrinales ! Aucune raison néanmoins ne devrait nous couper de la grâce extraordinaire que Jésus nous donne dans l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. Seigneur Jésus, toi qui t’offre à nous dans l’eucharistie, donne-nous la grâce de ne jamais nous couper de toi, la Vigne dont nous sommes les sarments, car sans toi, nous risquons sûrement nous dessécher en nous privant de ton Corps et de son Sang qui sont la vraie nourriture et la vraie boisson qui nous donnent la vraie vie qui ne finit pas. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-09-03T11:59:34+02:00

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Dieu élève Marie dans la gloire du ciel ! Telle est la signification la grande fête de l’Assomption que nous célébrons un dimanche cette année. Il y a certes un parallèle théologique de l’Assomption, qui nous invite à faire lien avec le mystère de la résurrection du Christ. C’est cela que nous contemplons dans la récitation et la méditation des mystères glorieux du Rosaire : Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption et le Couronnement de Marie.  Aujourd’hui cependant, je voudrais souligner la signification que Marie elle-même donne à cette fête dans le chant du Magnificat, quand elle crie : « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.  Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. ».

L’élévation, la glorification des humbles et des petits, voilà ce que le Seigneur a accompli pour Marie, son humble servante. Cette fille pieuse de Nazareth, humblement et dans la foi, a toujours été à l’écoute de la Parole de Dieu pour laisser le Verbe de Dieu prendre chair, s’incarner, prendre corps en elle, malgré sa petitesse. Dieu voulu la Vierge Marie à ses côtés, dans la gloire du ciel, parce que Marie l’a d’abord accueilli dans son cœur, un cœur qui croit. Ensuite Marie accueilli le Fils Unique du Père dans son sein maternel, avec toutes les douleurs de l’enfantement et de la maternité. Après la naissance à Bethléem, Marie a pris soin, nourri, élevé Jésus dans son humble et pauvre maison de Nazareth. Elle l’a fait sans orgueil mais avec un amour maternel infini et dans la foi. L’élévation de la Vierge Marie, la fille de Sion qui a cru en la Parole qui lui fut dite par l’ange de la part de Dieu, c’est aussi l’élévation des faibles, des humbles, de tous ceux qui vivent la foi profondément, mais dans la simplicité de leur cœur, les saints du voisinage, de la porte d’à côté comme aime le souligner le pape François.

Marie nous est donné comme le modèle et l’exemple d’une foi humble. Notre société nous fait parfois oublier que la vertu de l’humilité est une grâce qui n’est pas donnée à tout le monde. D’ailleurs, à partir d’Adam et Eve qui ont manifesté leur orgueil contre Dieu, nous nous constatons que nous les humains, nous ne sommes pas « naturellement humbles ». Un philosophe qualifie les humains comme étant naturellement des êtres en « compétition ». Nous désirons naturellement faire mieux et être meilleurs que les autres. Heureusement que l’histoire nous donne l’exemple de quelques grands hommes et femmes qui l’ont marqué grâce à l’humilité et la simplicité de leur vie. En cette fête de l’Assomption, nous pouvons demander une grâce particulière pour nous-même et pour les autres : devenir humble comme Marie.

Pourtant, même si nous désirons et prions pour devenir humbles, pour grandir dans la vertu de l’humilité comme Marie, Mère de Dieu et notre Mère, curieusement personne parmi nous ne désire être humilié ni méprisé… L’humiliation est une chose négative qui nous vient de l’extérieur, une sorte d’agression de la vie, de l’histoire, des situations difficiles que nous sommes appelés à affronter, par la force des choses, sans le vouloir. Le chômage, la séparation, la maladie, la violence, la guerre, le mépris des autres… voilà différentes choses qui peuvent nous humilier, nous écraser sans pourtant nous faire grandir en humilité !

Marie, l’humble Servante du Seigneur, fille de Nazareth était aussi humiliée pour avoir dit oui au Seigneur. Nous pouvons imaginer tous les racontars dans le village, toutes les histoires et commérages ce qui se racontaient sur elle derrière son dos, tous ces doigts méchants et menaçants pointés sur elle, la probable condamnation à mort par lapidation qu’elle encourait pour avoir été enceinte avant le mariage…. parce que tout le monde croyait qu’elle avait trompé Joseph, alors qu’elle n’avait dit que oui à la Parole du Seigneur. Marie, humble servante du Seigneur, humiliée par les hommes, n’a pas gardé de rancœur, son cœur n’était que pureté et amour. En fait, nous pouvons demander la grâce de la pureté du cœur aussi en cette fête de l’assomption pour que le Seigneur nous libère des rancœurs et des pensées méchantes qui peuvent polluer notre cœur, en réaction des humiliations que nous pouvons subir dans la vie. Le cœur du baptisé est appelé à être ce lieu pur et purifié où Jésus veut être accueilli comme le fit dans le sein de la Vierge Marie.

Contrairement à Marie, quand nous sommes humiliés, quand notre moi et notre orgueil sont atteints et blessés, nous cherchons à nous défendre, à nous venger, à rendre coup pour coup. C’est cela qui qui fait naitre la haine et la guerre dans les cœurs, dans les familles, les communautés et dans le monde. Quand j’étais séminariste, l’un des formateurs le père Constantino Frisia (d’heureuse mémoire !) nous répétait quand on était frustré ou fâché parce que blessé injustement, que tous les grands saints nous enseignent que ce sont les humiliations qui nous apprennent à être humbles et à grandir en humilité. Celui qui refuse toujours d’être humilié aura du mal à être humble. Nous sommes serviteurs et disciples de Jésus Crucifié, du Fils de Dieu et de Marie, humilié et mort en croix. Suivre Jésus, c’est porter la croix pour le suivre, c’est accepter les humiliations, comme il nous le montre en mourant pour nous sur une croix comme un criminel.

Vierge Marie, humble et sainte Mère de Dieu, humiliée par les hommes sur la Terre mais glorifiée par Dieu au ciel, en cette fête de l’Assomption, intercède pour que tes enfants que nous sommes obtiennent toutes les grâces dont nous avons besoin pour partager un jour ta gloire, au Ciel, auprès de ton Fils Jésus notre Seigneur. Amen.

 

 

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année B (2021)2021-08-14T12:57:46+02:00

Homélie du Père Joseph du XIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

La Parole de Dieu de ce dimanche nous propose decontempler deux cheminements que je vais tenter de développer.

D’abord le parcours du prophète Elie qui chemine entre triomphe et peur, jusqu’à la montagne de Dieu. Ce cheminement du prophète Elie nous enseigne qu’un discipledu Seigneur n’est jamais un héros, une superstar. Le disciplene retombe pas toujours sur ses deux pattes comme un chat mais, c’est quelqu’un qui vacille, qui souffre et tombe parfois…. voire même très souvent. Le disciple n’est pas toujours sûr de lui-même mais quelqu’un qui est habité par des doutes et des crises. Le disciple ne cherche pas à se nourrir des succès et acclamations, il n’est pas toujours « trop fort », toujours « capable » comme nous pouvons parfois l’imaginer mais le prophète comme le disciple est fragile, parfois hésitant, fatigué et qui doit sans cesse compter sur l’aide du Seigneur.

Nous allons aussi contempler le cheminement de Dieu, en Jésus, un chemin qui n’est pas une montée pour conquérir, passer de victoire en victoire mais bien une descente et abaissement : descente pour prendre notre humanité, abaissement dans la mort, descente aux enfers comme nous le disons dans le Credo… et lui-même nous dit aujourd’hui : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »

Le prophète Elie chemine entre triomphe et peurs, entre exaltation-gloire et dépression. Il chemine entre la Transjordanie où il est né pour aller dans le Royaume du Nord, en Samarie. Dans cette région polluée par les divinités païennes après l’exil se vit un judaïsme mélangé aux religions païennes. C’est comme tous ceux, aujourd’hui qui se disent chrétiens mais qui se font en réalité leur propre religion : un peu de magie, d’horoscope, de bouddhisme, d’islam, de protestantisme et de catholicisme…qui se font une religion à leur sauce, le New Age qu’un théologien qualifie de vagabondage spirituel. C’est dans cette région au judaïsme pollué que le prophète Elie annonce avec passion le Dieu Unique en combattant le culte de Baal.

Elie doit s’opposer au roi Acab et sa reine Jézabel qui favorisaient et sponsorisaient la diffusion de ce culte païen.Acab et Jézabel me font penser à certains responsables politiques qui combattent ouvertement l’Eglise et le christianisme en se faisant les défenseurs d’une laïcité antichrétienne, mais en en faisant la promotion de la franc-maçonnerie

Dans la première lecture, nous avons écouté le passagequi marque la rupture entre les deux parties de la vie du prophète Elie. La première phase est triomphale parce qu’elle représente certains grands miracles et prodiges, en particulierla victoire contre les 450 prêtres de Baal exécutés par lui sur le mont Carmel ! Elie fait exécuter les prêtres de Baal et considère cela comme une victoire éclatante au nom de Dieu ! Ce massacre des prêtres païens au nom de Dieu devient en réalité pour Elie le début de la deuxième phase de sa vie qui est une chute, une crise profonde : déçu, amère, rempli de peur.  Fatigué de sa mission et de vivre Elie, a peur, il se renferme et prend la fuite vers le mont Horeb, la montagne de l’Alliance, comme une sorte de retour dans le sein maternel, à la genèse de la foi au service de la Parole.

Dans cette phase difficile, Elie dit au Seigneur : Casuffit ! Prends ma vie ! J’ai perdu le goût de vivre, je suis vide et je ne sais plus me dépenser pour toi, pour rien d’ailleurs. « Maintenant, Seigneur, c’en est trop !  Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » En ce moment crise spirituelle et existentielle et de dépression, Dieu vient « toucher » Elie par l’intermédiaire d’un ange.  « Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! »  Toucher ici, dans le langage biblique, signifie : s’approcher, caresser ou alors frapper fort : c’est important comprendreces trois significations qui veulent nous rappeler que l’intervention de Dieu dans notre vie est toujours de plusieurs niveaux : Dieu n’est pas effrayé par notre éloignement, mais il nous accompagne, nous console parfois en nous caressant et aussi, quand il le faut, Dieu nous secoue, nous frappe fortement en nous demandant de nous bouger et de nous convertir.

Par deux fois, l’ange du Seigneur est contraint de « toucher » Elie qui est presque mort de sommeil. « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Cela veut dire que Dieu insiste même quand nous résistons, il nous nourrit, nous secoue, nous frappe… dans le but de nous faire comprendre que le ciel n’est pas fermé au-dessus de nous. Elie désespérait de la présence de Dieu dans sa vie, mais Dieu, à travers son ange, descend des cieux à la rencontre d’Elie. Le Seigneur ne nous abandonne jamais ! Il intervient en notre faveur dans notre vie de différentes manières, en particulier à travers les amis, les frères et sœurs qui nous accompagnent, nous réconfortent, nous conseillent, nous secouent parfois en nous demandant de nous bouger, en touchant là où ça fait mal pour nous pousser à réfléchir, ceux qui nous nourrissent et nous abreuvent…. comme Il le fait avec Elie par le biais de l’ange.

Elie est remis sur pied et devient de nouveau capable de marcher, non grâce à un banquet extraordinaire, non pas un barbecue, … … mais seulement grâce une « une galette cuite et un peu d’eau » c’est-à-dire grâce à très peu de chose mais qui nous rappelle que la puissance de Dieu se déploie à travers la faiblesse, la pauvreté des moyens, dans les choses simpleset essentielles du quotidien : un peu de pain, un peu d’eau et juste un ami !

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous propose de cheminer dans la charité, dans l’Amour. Il souligne une chosetrès importante : nous ne pouvons pas faire obstacle à l’esprit de Dieu. Nous pouvons devenir chaque jour ce messager, cet ange qui remet à pied et redonne vigueur, qui encourage lesvies pliées et blessées. Pour cela, saint Paul nous dit que nous devons faire disparaître et éliminer certaines choses : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. » Il nous déconseille de manière explicite d’êtredes gens qui répandent du venin ou du mépris. Dans un conflit, il nous est demandé d’écouter l’autre et pas de la frapper et l’écraser avec notre supériorité vocale. S’il est interdit de blasphémer contre Dieu, saint Paul nous rappelle qu’il est aussi interdit de blasphémer contre nos frères et sœurs.  Saint Paul nous donne aussi des conseils pour grandir dans la charité dans nos familles, nos communautés, avec les gens que nous côtoyons : « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. » 

Imitons le Christ en aimant ceux qui sont autour de nous,en déployant les vertus de générosité, de tendresse et de pardon ! Le chrétien est celui qui devient bienveillant parce qu’il a découvert un Dieu infiniment bienveillant envers lui. Il devient miséricordieux, capable de pardonner parce qu’il se reconnait comme premier bénéficiaire du pardon et de la miséricorde de Dieu. Bienveillant, miséricordieux, capable de pardonner ! Nous pouvons être chaque jour l’ange ou le messager, l’ami envoyé par Dieu aux frères et sœurs, pour être une présence qui ne juge pas, qui ne fait pas que sermonner les autres, un donneur des leçons, mais une présence attentive qui se fait proche, conseille et aide les autres à retrouver la force, la volonté et le désir de vivre à nouveau.

« Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés » Le disciple est celui qui désire imiter le Maître, Jésus. C’est un maître qui fuit le spectacle, la folie de grandeur. Imiter Jésus, c’est l’écouter nous redire dans l’évangile : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.  Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde.» Demandons la grâce de devenir nous aussi, autour de nous, dans nos familles, dans la communauté, du pain vivant, du soin, de l’attention, de la gratuité, de la générosité pour les autres. Que cette eucharistie nous donne de devenir du pain, nourriture, présence, soutien, messager, ami et ange pour les autres comme celui qu’Il envoie pour sauver la vie du prophète Elie. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-08-14T12:56:02+02:00

Homélie du Père Joseph du XVIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, nous avons écouté et médité sur l’un des plus connus récits des évangiles : celui de la multiplication des pains, un miracle repris plusieurs fois, le seul repris 6 foiset qui marque une sorte d’apogée du ministère de Jésus. Il fait tellement de bien… qu’on veut l’enlever pour faire de lui un roi. Cependant, comme vous le savez, après l’apogée, vient le déclin. En ce début du mois d’aout, nous venons d’écouter un passage de l’évangile qui sonne comme le début de la fin, le début de la chute mais Jésus ne voit rien venir. Nous commençons la pente descendante, celui de la baisse de popularité de Jésus.

Jésus en prend conscience, il encaisse cet échec et celamarque aussi un changement de cap, un tournant dans sa mission : un changement de stratégie pastorale : désormais, Jésus ne s’adressera plus aux grandes foules venues de partout : son enseignement sera désormais destiné à un groupe plus intime, un petit noyau plus resserré, réduit et restreint : le petit groupe de ses disciples. Lors d’une formation pastorale faite aux prêtres, on nous avait fait remarquer le danger que nous avons, nous prêtres, à nous occuper de toute le monde, les nombreuses foules qui arrivent et viennent pour la messe le dimanche, aux funérailles, baptêmes, mariage… au point que cela peut nous faire oublier de prendre soin, de nous occuper aussi de ces petits groupes restreints, les équipes qui collaborent étroitement avec nous dans la mission. Les disciples ont aussi besoin que Jésus s’occupe d’eux.

Jésus avait espéré que les foules soient prêtes à faire un saut de qualité, le saut de la foi après la multiplication des pains. Mais malheureusement, elle n’a pas compris le message de la multiplication des pains. L’effet du miracle du partage et de la générosité d’un jeune homme qui nous appelait à faire de même dans notre quotidien est vite tombé à l’eau. Les foules ont compris exactement le contraire de ce que voulait Jésus : pour les gens, Jésus ne leur servait que de nourricier,un faiseur des miracles, un Dieu qui les nourrit gratuitementtout simplement.

Déçu, Jésus décide de s’en aller, de fuir cette situationdont le contrôle lui échappe désormais. Les gens veulent faire de lui un roi ! Qui ne voterait pas pour un président qui, au lieu d’augmenter les impôts et de décréter l’austérité, fait des cadeaux à tout le monde, et pas seulement aux plus riches ? Jésus est énormément blessé, mais personne, ni la foule, ni ses disciples ne se rendent compte du poids de sa souffrance.  Pour eux, tellement pris et plongés dans les calculs mondains et égoïstes, c’est comme si Jésus faisait compagne, qu’il recherchait les compliments et les applaudissements de la foule. Voici alors cette foule qui cherche Jésus, le rejoint et le trouve en pleine réflexion et en prière.

Mais Jésus voit bien petits calculs hypocrites. On le voit à ses propos qui peuvent nous paraître durs aujourd’hui. Bref, ces hypocrites disent à Jésus : « Oh Jésus, tu nous astellement manqué ! Nous t’avons cherché partout ! » Une opération de séduction, pas sincère, à laquelle nous assistons avec nos enfants, notre conjoint quand ils veulent obtenir quelque chose… ! Quand vous voyez votre adolescent toujours râleur et turbulent s’approcher de vous avec douceur, vous faire un câlin alors qu’il ne fait jamais une bise à personne… vous vous dites bien qu’il y a anguille sous roche ! Un vrai calcul, une mentalité séductrice que Jésus a du mal à accepter parce qu’il voit bien que la foule veut l’instrumentaliser : Il leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ». Bref, ça suffit maintenant ! Je refuse de me faire avoir ! J’ai tout compris à votre petit jeu ! Arrêtez votre petit baratin.

Vous le savez bien, spontanément, nous ne cherchons pasDieu parce qu’Il nous indique le chemin pour grandir, pour aimer, mais pour qu’il résolve nos problèmes, sans nous fatiguer et nous faire attendre, le plus tôt possible. Nous avons parfois un comportement calculateur, commerçant et commercial avec le Seigneur.

Je vous donne un exemple ! Un jeune couple arrive au presbytère ! Ils habitent l’une de nos 5 paroisses ! Depuis deux ans je ne les ai jamais vu à la messe ! Ils veulent se marier à l’église, et tout d’un coup, il se rappelle que Dieu existe, que se marier à l’église est quand même plus beaux, fun que passer 15 minutes devant monsieur le maire, entendre deux ou trois articles de lois et signer vite fait un bout de papier ! A un certain moment du dialogue, après avoir raconté leur histoire amoureuse, les péripéties et étapes de leur vie de couple, j’ose poser des questions touchant à la foi parce que c’est un sacrement qu’ils demandent. « C’est quand que vous avez été à l’église récemment ? » Leur réponse « Euh, je ne me rappelle plus ! C’était malheureusement aux funérailles de grands parents d’un copain… ! » et je poursuis « C’est quand est vous avez prié la dernière fois ?»  Réponse « Pour être honnête, je ne me souviens plus ! » Et pourtant vous voulez vous marier à l’Eglise, devant Dieu

En fait, Dieu n’a pas de place dans votre vie. Vous le cherchez parce que vous avez besoin de lui pour vous marier, comme cette foule qui cherche Jésus parce qu’elle veut manger. Ensuite, vous reviendrez à lui pour le baptême de votre enfant…. et la dernière fois que vous reviendrez dans une église, c’est sera quand d’autres personnes vous y amèneront dans un cercueil pour vos funérailles…J’ai conscience d’être dur dans mes propos, mais comment ne pas faire cette comparaison et râler quand on voit des gens qui ne se rappellent de Dieu et de l’Eglise que quand ils ont besoin de demander quelque chose, mariage, baptême ou malheureusement un réconfort lors des funérailles.

Pour beaucoup de gens malheureusement, Dieu existe seulement quand et s’il résout leurs problèmes, leurs malheurs.Nous arrivons à déterminer l’utilité de Dieu, à quoi il nous sert. C’est une vision égoïste et utilitariste d’un Dieu au service de nos besoins. Même humainement, pouvez-vous compter parmi vos amis celui ou celle qui ne s’approche de vous que quand il ou elle a besoin de vos services ? Il ne vous appelle que quand il a besoin de vous ! A un certain moment, vous en avez marre et vous rayez cette personne de la liste de vos amis. Il en est de même pour le Seigneur, même si lui n’est pas capable de nous rayer sur la liste…car il est tellement grand dans son Amour que, même blessé par notre égoïsme, il nous appelle à nous convertir. On le voit dans l’attitude de Jésus. Il est déçu mais ne s’enferme pas dans sa déception ! Il ne se bloque pas.  Bien au contraire, il donne à la foule une voix de sortie digne par un enseignement qui rappelle ce qui est essentiel dans la vie.

« Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ». L’être humain est dévoré par une faim, une soif, un désir, celui du succès, de la réussite, de l’argent, de la gratification, de bonheur…  Nous pouvons avoir tout l’agent du monde, tout le pouvoir et tous les succès… il restera toujours en nous une soif que rien, que personne ne pourra étancher. Et cette soif-là, seul Dieu peut l’étancher.  Aujourd’hui, Jésus nous le dit : le seul pain qui rassasie vraiment, c’est moi qui peux vous le donner. Il nous dit qu’il est en personne le Pain vivant et vrai.  

Alors, profitons des joies que la vie nous offre, des amours, les satisfactions, les vacances, plaisirs, les petits et grands succès…sans oublier que la plénitude du bonheur est ailleurs. N’oublions jamais de chercher Dieu. Que le Seigneur nous convertisse et nous donne de le chercher, sans calculs, sans égoïsme, gratuitement, pour lui-même, lui qui est le Pain Vivant et Vrai qui nous donne la Vie.Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, nous avons écouté et médité sur l’un des plus connus récits des évangiles : celui de la multiplication des pains, un miracle repris plusieurs fois, le seul repris 6 fois et qui marque une sorte d’apogée du ministère de Jésus. Il fait tellement de bien… qu’on veut l’enlever pour faire de lui un roi. Cependant, comme vous le savez, après l’apogée, vient le déclin. En ce début du mois d’aout, nous venons d’écouter un passage de l’évangile qui sonne comme le début de la fin, le début de la chute mais Jésus ne voit rien venir. Nous commençons la pente descendante, celui de la baisse de popularité de Jésus.

Jésus en prend conscience, il encaisse cet échec et cela marque aussi un changement de cap, un tournant dans sa mission : un changement de stratégie pastorale : désormais, Jésus ne s’adressera plus aux grandes foules venues de partout : son enseignement sera désormais destiné à un groupe plus intime, un petit noyau plus resserré, réduit et restreint : le petit groupe de ses disciples. Lors d’une formation pastorale faite aux prêtres, on nous avait fait remarquer le danger que nous avons, nous prêtres, à nous occuper de toute le monde, les nombreuses foules qui arrivent et viennent pour la messe le dimanche, aux funérailles, baptêmes, mariage… au point que cela peut nous faire oublier de prendre soin, de nous occuper aussi de ces petits groupes restreints, les équipes qui collaborent étroitement avec nous dans la mission. Les disciples ont aussi besoin que Jésus s’occupe d’eux.

Jésus avait espéré que les foules soient prêtes à faire un saut de qualité, le saut de la foi après la multiplication des pains. Mais malheureusement, elle n’a pas compris le message de la multiplication des pains. L’effet du miracle du partage et de la générosité d’un jeune homme qui nous appelait à faire de même dans notre quotidien est vite tombé à l’eau. Les foules ont compris exactement le contraire de ce que voulait Jésus : pour les gens, Jésus ne leur servait que de nourricier, un faiseur des miracles, un Dieu qui les nourrit gratuitement tout simplement.

Déçu, Jésus décide de s’en aller, de fuir cette situation dont le contrôle lui échappe désormais. Les gens veulent faire de lui un roi ! Qui ne voterait pas pour un président qui, au lieu d’augmenter les impôts et de décréter l’austérité, fait des cadeaux à tout le monde, et pas seulement aux plus riches ? Jésus est énormément blessé, mais personne, ni la foule, ni ses disciples ne se rendent compte du poids de sa souffrance. Pour eux, tellement pris et plongés dans les calculs mondains et égoïstes, c’est comme si Jésus faisait compagne, qu’il recherchait les compliments et les applaudissements de la foule. Voici alors cette foule qui cherche Jésus, le rejoint et le trouve en pleine réflexion et en prière.

Mais Jésus voit bien petits calculs hypocrites. On le voit à ses propos qui peuvent nous paraître durs aujourd’hui. Bref, ces hypocrites disent à Jésus : « Oh Jésus, tu nous as tellement manqué ! Nous t’avons cherché partout ! » Une opération de séduction, pas sincère, à laquelle nous assistons avec nos enfants, notre conjoint quand ils veulent obtenir quelque chose… ! Quand vous voyez votre adolescent toujours râleur et turbulent s’approcher de vous avec douceur, vous faire un câlin alors qu’il ne fait jamais une bise à personne… vous vous dites bien qu’il y a anguille sous roche ! Un vrai calcul, une mentalité séductrice que Jésus a du mal à accepter parce qu’il voit bien que la foule veut l’instrumentaliser : Il leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ». Bref, ça suffit maintenant ! Je refuse de me faire avoir ! J’ai tout compris à votre petit jeu ! Arrêtez votre petit baratin.

Vous le savez bien, spontanément, nous ne cherchons pas Dieu parce qu’Il nous indique le chemin pour grandir, pour aimer, mais pour qu’il résolve nos problèmes, sans nous fatiguer et nous faire attendre, le plus tôt possible. Nous avons parfois un comportement calculateur, commerçant et commercial avec le Seigneur.

Je vous donne un exemple ! Un jeune couple arrive au presbytère ! Ils habitent l’une de nos 5 paroisses ! Depuis deux ans je ne les ai jamais vu à la messe ! Ils veulent se marier à l’église, et tout d’un coup, il se rappelle que Dieu existe, que se marier à l’église est quand même plus beaux, fun que passer 15 minutes devant monsieur le maire, entendre deux ou trois articles de lois et signer vite fait un bout de papier ! A un certain moment du dialogue, après avoir raconté leur histoire amoureuse, les péripéties et étapes de leur vie de couple, j’ose poser des questions touchant à la foi parce que c’est un sacrement qu’ils demandent. « C’est quand que vous avez été à l’église récemment ? » Leur réponse « Euh, je ne me rappelle plus ! C’était malheureusement aux funérailles de grands parents d’un copain… ! » et je poursuis « C’est quand est vous avez prié la dernière fois ?» Réponse « Pour être honnête, je ne me souviens plus ! » Et pourtant vous voulez vous marier à l’Eglise, devant Dieu…

En fait, Dieu n’a pas de place dans votre vie. Vous le cherchez parce que vous avez besoin de lui pour vous marier, comme cette foule qui cherche Jésus parce qu’elle veut manger. Ensuite, vous reviendrez à lui pour le baptême de votre enfant…. et la dernière fois que vous reviendrez dans une église, c’est sera quand d’autres personnes vous y amèneront dans un cercueil pour vos funérailles…J’ai conscience d’être dur dans mes propos, mais comment ne pas faire cette comparaison et râler quand on voit des gens qui ne se rappellent de Dieu et de l’Eglise que quand ils ont besoin de demander quelque chose, mariage, baptême ou malheureusement un réconfort lors des funérailles.

Pour beaucoup de gens malheureusement, Dieu existe seulement quand et s’il résout leurs problèmes, leurs malheurs. Nous arrivons à déterminer l’utilité de Dieu, à quoi il nous sert. C’est une vision égoïste et utilitariste d’un Dieu au service de nos besoins. Même humainement, pouvez-vous compter parmi vos amis celui ou celle qui ne s’approche de vous que quand il ou elle a besoin de vos services ? Il ne vous appelle que quand il a besoin de vous ! A un certain moment, vous en avez marre et vous rayez cette personne de la liste de vos amis. Il en est de même pour le Seigneur, même si lui n’est pas capable de nous rayer sur la liste…car il est tellement grand dans son Amour que, même blessé par notre égoïsme, il nous appelle à nous convertir. On le voit dans l’attitude de Jésus. Il est déçu mais ne s’enferme pas dans sa déception ! Il ne se bloque pas. Bien au contraire, il donne à la foule une voix de sortie digne par un enseignement qui rappelle ce qui est essentiel dans la vie.

« Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ». L’être humain est dévoré par une faim, une soif, un désir, celui du succès, de la réussite, de l’argent, de la gratification, de bonheur… Nous pouvons avoir tout l’agent du monde, tout le pouvoir et tous les succès… il restera toujours en nous une soif que rien, que personne ne pourra étancher. Et cette soif-là, seul Dieu peut l’étancher. Aujourd’hui, Jésus nous le dit : le seul pain qui rassasie vraiment, c’est moi qui peux vous le donner. Il nous dit qu’il est en personne le Pain vivant et vrai.  

Alors, profitons des joies que la vie nous offre, des amours, les satisfactions, les vacances, plaisirs, les petits et grands succès…sans oublier que la plénitude du bonheur est ailleurs. N’oublions jamais de chercher Dieu. Que le Seigneur nous convertisse et nous donne de le chercher, sans calculs, sans égoïsme, gratuitement, pour lui-même, lui qui est le Pain Vivant et Vrai qui nous donne la Vie.

Homélie du Père Joseph du XVIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-08-14T12:56:16+02:00
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