À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du XXX° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, nous avons parlé des impôts au Trésor Public, de laïcité véritable prônée par Jésus qui invitait à « rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Aujourd’hui, Jésus rappelle le primat de l’amour sur la Loi : l’amour envers Dieu et envers le prochain qui doit être au cœur de notre vie personnelle, familiale et ecclésiale.

L’amour de Dieu et du prochain est un binôme qu’on ne peut séparer. L’amour de Dieu n’est pas seulement le paradigme ou le modèle de l’amour du prochain. Il en est aussi la raison, l’origine, la source et le fondement. Le chrétien devrait aimer son prochain, quel qu’il soit, parce qu’il aime Jésus-Christ. Je ne peux aimer le prochain que parce que je me sais déjà aimé par le Christ, car pour aimer les autres, il faut se savoir aimé d’abord. Celui qui se croit mal-aimé aimera difficilement les autres. Vous verrez comment les gens qui sont frustrés en amour, sans ami, mal aimés en famille… et qui ont du mal à être aimant et aimables avec les autres, au travail comme en communauté. Vous verrez ces gens très durs avec les autres en se disant « qu’on me déteste pourvue qu’on me craigne »… parce qu’ils pensent qu’on ne les aime pas ! Même les psys le disent. Convaincu d’être aimé de Dieu de manière inconditionnelle, je peux alors me tourner vers les autres et les aimer moi aussi, car l’amour du Christ déborde en moi pour jaillir sur les autres.

C’est le syllogisme logique de l’amour chrétien. C’est cela que nous rappelle saint Jean « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui.  Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » (1Jn, 4, 7-11)

Si l’amour du Christ n’était pas la source de notre amour, nous serions dans l’habituelle distinction-séparation entre les gens que nous pouvons ou devons aimer d’un côté, et de l’autre côté, ceux que nous ne sommes pas obligés d’aimer et qui ne méritent pas notre amour. Vous savez que nous avons humainement dix mille raisons objectives et subjectives de haïr et ne pas aimer certaines personnes.

Tu penses à ton frère, ta sœur, ta tante, ton oncle qui t’a arnaqué au partage de l’héritage des grands-parents ou des parents, profitant d’un moment de faiblesse pour faire signer un testament contestable. Tu as du mal à l’aimer, et tu as raison humainement. Nous sommes témoins de tels déchirements en accompagnant les familles en deuil. Un fourbe-rusé comme celui-là, il n’est pas possible humainement de l’aimer. Tu penses à ce (ou cette) collège qui t’a piqué le poste dans l’entreprise en fayotant ou en faisant les beaux yeux au manager ! Tu occupais ce poste depuis plus de 10 ans, tu n’as pas failli et as atteint tous les objectifs, mais ce poste lui a été donné parce qu’il ou elle est pistonné (e), protégé (e), parachuté (e) par quelqu’un, parce que fils ou fille de quelqu’un là-haut. Pense à ton curé, à ce prêtre de ta paroisse dont tu penses, à tort ou à raison, qu’il déconstruit de que tu as mis en place depuis des décennies et dont tu désapprouves la vision pastorale, ou l’autre dont la soutane te donne presque mal au ventre ou un ulcère à l’estomac ! Pense à ton voisin retraité qui tond la pelouse exactement au moment où ton bébé doit faire sa sieste…. Vous pouvez poursuivre cette litanie des gens que nous trouvons objectivement, subjectivement, humainement détestables.

Heureusement que le Christ nous a aimé le premier ! Sommes-nous de cet Amour qui nous vient d’abord de Dieu, plus grand que tout autre amour, et qui suscite et soutient nos relations amoureuses ? Saint Jean connaît cependant les pièges, les contradictions et l’hypocrisie de la rhétorique de l’amour humain, qui dit parfois l’amour et son contraire. Il nous met en garde : « Si quelqu’un dit : « j’aime Dieu », mais qu’il hait son frère, celui-là est un menteur. Celui qui n’aime pas son propre frère qu’il voit ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère » (1Jn4, 20-21). Et encore il nous dit, « mes enfants, aimez-vous, non pas avec des discours et des paroles, mais en actes et en vérité ».

Un amour pur envers Dieu est un concept abstrait, et pire encore, c’est une illusion s’il n’est pas concret. L’amour envers Dieu doit s’incarner comme Dieu lui-même s’est incarné en prenant notre humanité pour nous montrer combien il nous aime. Ainsi, il nous rappelle que notre amour doit être concret. En chacun de nous, il y a ce besoin profond d’amour, d’être aimé. On ne peut pas se passer de l’amour des autres. Sans amour, notre vie est vraiment triste. Celui qui veut se passer de l’amour des autres se condamne forcément à la tristesse. Nous avons été créés comme êtres de relations et c’est dans la relation que nous nous réalisons.

Cela vaut aussi pour les prêtres, religieux et religieuses ! J’ai été interpellé par le fait que quand vous regardez la vie de certains prêtres, religieux ou religieuses, vous avez parfois l’impression de voir des gens sans cœur, incapables d’éprouver un minimum d’affection, d’avoir de masses de pierre devant vous. Le pape François disait un jour à des religieuses lors d’une audience à Rome que celles-ci ne devaient pas donner l’impression d’être tristes comme des vieilles filles aigries, mais d’être heureuses comme des mères grâce à la maternité spirituelle de leur cœur. Cela vaut pour les consacrés, mais aussi pour les fidèles laïcs : nous voyons parfois des gens, même dans nos églises, et nous nous demandons si leur cœur est de chair ou de marbre, s’ils sont capables de ressentir et d’exprimer un peu d’amour aux autres !

L’évangile de ce dimanche me fait penser au chap 25 de Matthieu dans lequel le Christ nous parle de sa venue dans la gloire pour le Jugement Dernier : Jésus dit aux uns et aux autres : « Ce que vous avez fait ou n’avez pas fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ou à moi non plus que vous ne l’avez fait ». C’est concrètement que nous manifestons notre amour ou non-amour envers Dieu.

L’incarnation du Christ nous dit que Dieu a pris chair pour révéler son amour, un amour qui souffre, pleure, rit, qui a connu la fatigue, a supporté les déceptions, la fuite des disciples, la trahison de Judas, le reniement de Pierre, a souffert des calculs pervers de la politique et de la religion, l’ambiguïté des alliances, la violence physique et morale…. Mais cet Amour-Dieu s’est donné jusqu’au bout ! Notre amour pour Dieu doit prendre corps, s’incarner à travers les visages donnés et concrets dans l’entourage familial, ecclésial, professionnel… Notre amour est appelé aussi à se donner jusqu’au bout, même si les conditions humaines familiales, professionnelles, sociales, ecclésiales y sont parfois défavorables.

Je vous propose un effort spirituel pour la semaine : penser à la personne (une seule) que nous détestons le plus ou que nous n’aimons pas assez (nous en avons tous, même moi qui vous parle) et poser un geste d’amour envers cette personne : un appel, un mail, un texto, une invitation à déjeuner, une salutation, petit sourire au travail, un mot gentil, un compliment…! Cela nous coûtera certainement. Demandons cette grâce au Seigneur pour nous y aider ! Ce n’est seulement par ces petits ou grands efforts que nous apprenons à aimer en vérité et concrètement ! Amen.

Homélie du Père Joseph du XXX° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-10-28T22:38:43+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Dans la première lecture, le prophète Isaïe nous rappelle une donnée fondamentale de notre foi : il n’y a qu’un seul Dieu et Seigneur devant qui chaque humain doit révérence et obéissance totale en se soumettant à sa volonté « que ta volonté soit faite sur terre comme au ciel » disons-nous dans le Notre Père. Yahvé dit en effet : « Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors moi, pas de Dieu. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. »

Ces paroles sont une invitation à observer la volonté de Dieu même quand celle-ci s’oppose à certaines opinions et lois sociales. C’est là que les choses se compliquent car elles posent la question du rapport entre la religion et la politique, débat qui existe depuis toujours, et dont on parle beaucoup surtout lorsque certaines lois s’opposent objectivement aux préceptes chrétiens. Je pense surtout aux lois autour de la vie humaine, de la conception à la mort. Pensons aux dernières lois bioéthiques, à la clause de conscience pour les médecins…. Il s’agit ici d’une question très difficile du rapport entre foi, conscience, religion et la loi civile ou politique. Il est évident que le chrétien doit être un bon citoyen, appelé à respecter la loi, mais nous savons aussi que parfois nous sommes confrontées à des lois qui ne sont pas moralement bonne. Ce n’est pas parce qu’une loi a été voté au parlement que celle-ci devient moralement acceptable. Il est inutile de vous donner des exemples, tellement ils sont nombreux.

L’évangile de ce dimanche nous rappelle que même Jésus a été mis face à ce même débat : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? » Pas facile de répondre à cette question pour Jésus : certains ont commencé à contester son autorité comme messie, nous sommes sous la domination romaine, avec l’empereur Tiber, qui exige de tous les citoyens de 14 à 65 ans de son empire de payer un impôt annuel qui était aussi une sorte de reconnaissance de la divinité de l’empereur. Cet impôt ne plaît pas à certains groupes nationalistes en Israël qui, au nom de l’Unique Dieu d’Israël à qui tous doivent obéissance et respect, faisaient de la résistance pour se libérer de la domination de l’empire Romain.

« Est-il permis oui ou non de payer l’impôt de César ? » Si Jésus répond par l’affirmatif, il aurait vu se déchaîner sur lui la colère de tout le peuple l’accusant de nier l’autorité exclusive du Dieu d’Israël. Si au contraire il avait répondu par le négatif, Jésus aurait été considéré comme un rebelle qui s’oppose à l’autorité de l’empereur. Jésus était bien piégé de part et d’autre Dans sa réponse : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. », Jésus expose le principe fondamental du rapport chrétien par rapport à l’autorité civile ou politique. La foi chrétienne ne dispense pas de l’obéissance aux autorités auxquelles elle reconnaît l’autonome légitimité dans leur domaine.

Notre prof de la Doctrine Sociale de l’Eglise rappelait que normalement, l’orsqu’un bon chrétien devait signer sa fiche d’impôt, il devait le faire avec le sourire car, il rendait service à son pays et à ses frères et sœurs. C’est la justice distributive qui fait que nous avons un bon système social en France. Je sais qu’il n’est pas parfait, mais il n’est pas mal… Vous n’avez qu’à aller dans les pays voisins ou ailleurs dans le monde pour vous en rendre compte. Nous ne nous en rendons compte que quand nous en sommes directement bénéficiaires, lorsque nous sommes malades par exemple. Je pense à cet ami, âgé de 40 ans, père de deux enfants, qui doit faire de la dialyse 5 jours par semaine et qui m’avoue être personnellement impressionné par tout le coût de ses soins pris intégralement en charge par la Sécu ! Sa sœur lui a donné son rein et il est presque sorti d’affaire…. Dieu merci !

Combien parmi nous, comme moi-même, ne nous rendons compte de ce à quoi servent nos impôts que quand nous sommes malades ou en difficulté ? De même, le Denier que vous donnez à l’Eglise ici sur l’ensemble paroissial est un geste de Solidarité (et un devoir) qui permet à toute l’Eglise de Toulouse de vivre, cela permet aux paroisses plus riches de porter et soutenir aussi l’action des paroisses plus pauvres car tout va dans la même caisse de solidarité. Il nous faut donc payer nos impôts et obéir aux lois de la République. Il nous faut aussi être solidaires en donnant généreusement au Denier de l’Eglise, surtout nous qui sommes pratiquants et chaque dimanche à la messe.

Parlons un peu de votre générosité au Denier de l’Eglise ! Si l’impôt au Trésor Public est un geste de solidarité, rappelons-nous aussi que le Denier est la principale ressource de l’Eglise catholique en France qui ne reçoit aucune subvention de l’Etat. Et quand vous donnez au Denier, qui est déductible des impôts, (65%) vous obligez l’Etat à soutenir la vie de l’Eglise. Mais, pour vous dire, je suis convaincu que même vous, qui êtes à la messe le dimanche, vous ne donnez pas au Denier. La preuve : à Tournefeuille nous avons seulement 340 donateurs, 140 à Lardenne, 101 à Saint Simon, 132 à Plaisance du Touch et 45 à La Salvetat. Au total, 600 donateurs sur un ensemble paroissial qui compte presque 85 000 habitants. Les 80% des donateurs sont âgés de plus de 65 ans. Où sont toutes ces jeunes familles qui ont des enfants au KT, au scoutisme, à l’aumônerie, baptêmes des petites enfants, les jeunes mariés, ces jeunes grands cadres dans les grosses boîtes qui ne sont pas payés au SMIC en plus… Il est temps que chacun de nous interroge sa propre générosité et son souci de faire vivre l’Eglise qui a besoin de vous, comme vous avez besoin d’elle. Notre famille ecclésiale ne vivra pas sans vous !

Jésus souligne dans cet évangile : « rendez à Dieu ce qui est à Dieu » et là, les choses sont plus compliquées car il ne s’agit pas d’un parallèle entre César et Dieu. Le changement est radical. La monnaie portait l’image et l’effigie de César, et donc lui appartenait. Nous, nous portons en nous l’image de Dieu car nous avons été faits à l’image et à la ressemblance de Dieu. En plus, grâce au baptême, nous sommes marqués par le saint Esprit qui fait de nous le temple du Seigneur. Saint Paul nous rappelle que nous appartenons au Seigneur. Dieu est celui en qui nous recevons l’être, la vie, l’agir, Celui qui nous donne d’exister et à qui nous devons tout. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu du Seigneur ? Et si tu as tout reçu du Seigneur, pourquoi en tirer orgueil ? » Notre relation avec le pouvoir public est celui du donner et recevoir, donner et avoir. On se rappelle tous du donnant-donnant de Ségolène Royal il y a quelques années.…

Une relation donnant-donnant est simplement impossible avec Dieu. Au Seigneur nous devons tout donner parce que tout ce que nous avons et plus encore, tout ce que nous sommes, vient de lui et tout lui appartient. Avec lui, nous ne pouvons pas entrer dans une relation de marchandage servile. « Seigneur, je ferai ceci pour toi si tu fais cela pour moi ». Du chantage ! Ça ne marche pas comme ça avec Dieu ! Si nous pouvons donner ou retirer le pouvoir à l’autorité politique par les urnes et le vote démocratique, nous ne pouvons rien donner ni retirer à Dieu car tout lui appartient et nous n’avons aucun pouvoir sur lui.

Très souvent, pourtant, nous nous comportons avec Dieu avec des calculs, des petits chantages. Les citoyens de l’empire romain obéissaient à l’empereur et lui versait les impôts tout en le détestant, comme nous parfois parce qu’il nous arrive d’obéir à l’Etat sans l’aimer vraiment.

Dieu lui est notre Père, il nous aime, nous donne tout et attend de nous une relation vraiment filiale, dans une joie et confiance totale. Puisse cette eucharistie nous faire grandir dans cette relation filiale, confiante, joyeuse et généreuse avec Dieu de qui nous tenons la vie, le mouvement et l’être. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-10-20T22:10:46+02:00

Homélie du Père Joseph du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

L’évangile de ce dimanche, nous pouvons l’intituler, « les occasions ratées ». Cet évangile m’a fait penser à une chanson de deux artistes toulousains, Big Flo et Oli, dont le titre est « Dommage ». Je vous en donne juste le début.

« Louis prend son bus, comme tous les matins. Il croisa cette même fille, avec son doux parfum. Qu’elle vienne lui parler, il espère tous les jours. Ce qu’il ressent au fond d’lui, c’est ce qu’on appelle l’amour. Mais Louis, il est timide. Et elle, elle est si belle. Il ne veut pas y aller, il est collé au fond d’son siège. Une fois elle lui a souri quand elle est descendue.Et depuis ce jour-là, il ne l’a jamais revu. Ah il aurait dû y aller. Il aurait dû le faire, crois-moi. On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage » C’est p’t’être la dernière fois.

Nous tous, nous avons des occasions ratées dans notre vie. Quand je regarde ma vie passée, il me vient à l’esprit des visages, des histoires des personnes rencontrées, de lieux visités, les expériences vécues… Prenez l’album de votre portable ou tablette, et faites glisser avec votre doigt ces photos souvenirs de votre vie passée.  Vous retrouvez certaines pages qui vous donnent des larmes de joie et des larmes de tristesse, des moments de beauté inouïe et de bonheur unique… Vous verrez aussi ces moments où vous avez raté des occasions qui auraient certainement changédéfinitivement le cours de votre vie. Vous vivez avec des regrets parce que cela est désormais irrécupérables. Ce sont là les pages vides qui auraient pu remplir notre vie, des occasion définitivement perdues !

Certaines occasions de notre vie sont comme un TGVqui passe en toute vitesse dans une gare qui est le quotidien de notre vie. Ce train s’arrête très peu de temps pour repartiraussitôt, nous embarquant, si nous sommes prêts et avons acheté notre billet ou alors nous laissant tristes sur le quai si nous sommes en retard. Mais attention, un autre train peut repasser et te laisser aussi là, sur le quai, si tu ne sautes pas sur l’occasion. Et toute la vie, tu peux rester là à valser sur les opportunités loupées. Tu t’en prends ensuite contre la vie, tu accuses le train de la vie intempestive, son excessive et frénétique vitesse, au fait que tu as eu moins de temps pour raisonner, pour te décider, pour sauter dans le train… La faute est toujours aux autres…  Entre-temps, les occasions perdues ne reviennent plus.

Nous faisons la même chose avec Dieu qui passe dans notre vie et nous offre tant d’opportunités de salut que nousrefusons, lui renvoyant ensuite la faute. C’est toujours plus facile de renvoyer la faute aux autres, et surtout à Dieu qui ne se défend jamais !

Dans l’évangile de ce dimanche, Dieu nous redit qu’il veut nous partager sa joie, parce que cela est le sens de sonRègne. Nous sommes invités au Banquet des noces de son Fils. Avant la communion, le prêtre dit : « Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui enlève les péchés du monde ! Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ». Cela veut dire que Dieu nous invite et veut entrer dans notre vie pour la transfigurer, faire de nous des gens meilleurs, nous remplir des valeurs, des richesses humaines et spirituelles, de joie, d’amour. Et nous, très souvent, au contraire, nous refusons son invitation.

Nous l’avons entendu dans l’évangile : « Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : ‘Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.’  Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. » Quelle occasion manquée !

Nous perdons souvent des occasions d’accueillir l’Amour de Dieu, de rester avec lui, et nous avons toujours millesprétextes. Pensez aux excuses que nous avançons pour ne pas aller à la messe, par exemple (vous y êtes aujourd’hui ! bravo !) : je suis fatigué de la semaine (alors viens te reposer à l’église, surtout pendant l’homélie du prêtre !) ; ou c’est leseul jour que nous avons de rester en famille (alors, venez en profitez en famille), l’heure de la messe est pour moi la seule occasion pour faire du sport ( alors viens à l’église à vélo ou mais une petite marche en venant à l’église), faire la grasse-matinée ! Je ne vais pas à la messe parce que nosenfants bougent et risquent de déranger (vous voyez bien qu’il y en a d’autres qui bougent et c’est beau de voir une Eglise qui rajeunit) ; ou alors, je ne vais pas à la messe parce qu’il y a trop d’enfants qui bougent et font du bruit ( dans ce cas, tu pourrais aider à organiser l’accueil des enfants pendant la liturgie de la Parole).

Nous retenons nos affaires, nos loisirs, notre bien-êtrephysique plus importants que le rendez-vous avec Dieu, et c’est très dommage ! Certains pensent que les choses de Dieu sont pour les enfants ou les personnes âgées. Nous renvoyons à plus tard, dans quelques années, quand nous serons retraités ou quand nous « aurons plus de temps »pour prendre soin de notre vie spirituelle, affiner notre relation avec Dieu. Parfois même, tu es gêné et réagis avec violence àl’appel de Dieu. Pense à cette occasion où tu t’es fâché et as culpabilisé ton épouse, ton époux, tes parents ou tes enfants qui t’invitaient à aller à la messe dimanche matin, quand il ou elle est sorti (e) le soir pour aller à la prière, à une veillée de louange et adoration, à une réunion paroissiale ou associative…. Tu lui as fait le reproche, d’aimer l’Eglise plus que toi, de ne pas rester avec toi pour profiter ensemble decette soirée ou de cette matinée. Tu aurais dû sortir avec lui, avec elle, pour en profiter aussi. C’est dommage !

Ce sont là des occasions manquées, pour notre bien. Dieu est Amour et son seul désir, quand il nous invite est celui de nous combler d’amour, des bénédictions, des grâces. Chaque fois que nous refusons ces invitations, nous nous privons des occasions qui auraient certainement pu transfigurer et apporter plus de joie et de beauté dans notre vie. Pourtant, que nous acceptions ou non son invitation, Dieu continue son œuvre, il porte en avant le train de l’histoire, poursuit le projet de son Règne d’Amour malgré nos refus. Dieu ne s’arrête jamais !

Il passe de maison en maison, sonne à la porte de notre cœur, reste au seuil de notre maison où nous l’avons reléguépour éviter qu’il ne salisse notre pavement avec ses pieds poussiéreux ! Il est là, sur les routes et continue à offrir sajoie, à tendre la main à ceux qui veulent bien l’accueillir. Dieu va jusqu’au terminus, et quand son train sera au terminus, notre terminus, il n’y aura plus rien à faire. Nous risquons alors de dire ! « C’est dommage, j’aurais dû faire cela tel jour, j’aurais pu le faire ! J’aurais dû dire oui, J’aurais dû dire non à cette occasion précise de ma vie…. ».  Attention à ces occasions loupées que nous ne pouvons plus rattraper.

Alors, mes frères et sœurs, c’est le moment de grâce, du salut. C’est le kaïros, le moment de dire oui à l’Amour, au pardon, l’occasion d’ouvrir ton cœur à cet ami, ce frère, sœur, ce collègue avec qui tu t’es brouillé à cause d’une connerie qui a blessé ton égo, ton orgueil. Tu as envie de faire la paix, de retrouver son amitié mais l’orgueil te retient. Tu veux que ce soit lui ou elle à faire le premier pas, mais Dieu te dit aujourd’hui que c’est à toi de sauter sur l’occasion pour ne pas la perdre définitivement.

C’est le moment de tourner le dos à ces addictions que te rendent malheureux et pourrissent la vie de ta famille, de ton couple, de tes proches ! Tu n’arrives pas à t’en sortir, alors, saisis la main de Dieu, ne cherches pas d’excuses pour ne pas prendre les nombreuses mains qui te sont tendues ! C’est l’occasion de sauver ton âme. Ouvre ton cœur à Dieu, à tes frères et sœurs, à l’amour, à la vraie liberté, à l’engagement, à la générosité, à la solidarité, à une vie de foi, de prière…. Il serait tellement dommage que tu dises plus tard « dommage, j’aurais dû le faire » et le regretter pour le restant de ta vie. C’est l’heure de grâce, c’est le moment du salut ! Dieu t’appelle, il t’invite à sa fête, à partager sa vie, à vivre de lui et avec lui. Alors, saisis cet appel, saute sur l’occasion. C’est ton jour de chance ! Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-10-15T11:26:06+02:00

Homélie du Père Joseph du XXVII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Ce 4 octobre, à Rome, fête de saint François d’Assise, le saint patron des écolos, le pape François a ouvert la session ordinaire du synode des évêque sur la Synodalité. Je vous invite à prier pour ce synode afin que les participants puissent se laisser guider le saint Esprit, pour le bien de l’Eglise et du monde, et non pas motivés par des intérêts partisans et des idéologies néfastes pour l’Eglise. Le même 4 octobre, 8 ans après la parution de l’Exhortation Laudato si, le pape a publié une deuxième exhortation sur la sauvegarde de création. Le titre est Laudate Deum, dont la version française est « Louez Dieu pour toutes ses créatures. ». Tout ceci tombe en ce début d’octobre où nous avons clôturé un mois dédié à la prière pour la création, avec la fête de saint François d’Assise.

Dans la profession de Foi de l’Eglise, exprimée dans le Symbole de NicéeConstantinople, nous proclamons croireen « Dieu Créateur du ciel et de la terre, de l’Univers visible et invisible ». Ce Dieu Créateur nous parle de ses créatures visibles, des hommes et femmes avec leurs trajectoires parfois fascinantes, parfois tristes ! Des malheurs comme le Déluge, des guerres, encore présente dans le monde ( je pense en particulier au Proche Orient entre Israël et la Palestine), des maladies (on parle du retour de la Covid), la destruction de la création et le changement climatique (qui le nie n’a qu’à regarder la chaleur qu’il fait en plein automne).

Dans cette exhortation le pape François écrit : « Mais je me rends compte au fil du temps que nos réactions sont insuffisantes alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture. Quoi qu’il en soit de cette éventualité, il ne fait aucun doute que l’impact du changement climatique sera de plus en plus préjudiciable à la vie et aux familles de nombreuses personnes. Nous en ressentirons les effets dans les domaines de la santé, de l’emploi, de l’accès aux ressources, du logement, des migrations forcées, etc »

Cette destruction de la planète accidentelle ou du fait de notre responsabilité, nous met devant un défi à relever, défis d’une foi qui s’engage, défis de prendre soin les uns des autres, non pas dans un anthropocentrisme égoïste, mais un soin cosmique qui annonce aussi la Bonne nouvelle à toute la création.

La foi de notre baptême nous engage dans une triple mission : sacerdotale, prophétique et royale (prêtre, prophète et roi). Qu’est-ce que cela veut dire : que la fonction sacerdotale nous invite à prier ! Un chrétien qui ne nourrit pas sa vie par la prière est comme une voiture, électrique, hybride, à essence ou diesel… peu importe, mais une voiture qui n’a pas de batterie ou du carburant, d’huile moteur nécessaire et qui finit par casser son moteur qu’est notre âme. La foi nous engage à prier, pour nous-même évidemment, mais pas seulement ! Nous devons prier pour et avec les autres humains, devenir des intercesseurs pour et avec ceux qui habitent la même planète que nous. Nous ne pouvons pas prétendre aimer la création si nous méprisons l’humain de sa conception à sa mort, ou si nous n’aimons que certains humains et pas les autres, ceux des pays du Sudqui sont ou peuvent être des victimes innocentes de nos choix de vie. C’est cela l’Ecologie humaine intégrale à laquelle nous invite le pape François. Être chrétien, c’est aussi prier pour toutes les autres créatures…même les moustiques, les araignées, les serpents, toutes ces bestioles qui nous font peur, qui nous piquent : le récit de la création dans Genèse nous dit que « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, c’était très bon ! »

La foi de notre baptême fait de nous des prophètes ! Le prophète annonce et témoigne. Il rassure, console, encourage, réconforte. Parfois il doit dénoncer le mal. Il annonce la Bonne nouvelle à toute la création et loue Dieu pour la beauté harmonieuse de ses créatures.

Être prophète, c’est annoncer la Bonne nouvelle, celle de la conversion du cœur pour passer du mal au bien, du vieil homme à l’homme nouveau, la bonne nouvelle de la vraie conversion écologique, une écologie pleine d’espérance, pas celle pessimiste et déprimante de l’effondrement de la création mais de son relèvement progressif, pas d’une écologie égoïste, toujours punitive et culpabilisante, car Jésus nous montre toujours la route à suivre, nous accompagne sur ce chemin qui est long et difficile. Nous pouvons y arriver si nous acceptons de nous mettre en route.

L’important est de nous lancer, de commencer, à petit pas, chacun à son rythme jusqu’au jour où nous retrouverons cette harmonie céleste quand le Seigneur restaurera toute la création, comme dit le prophète Isaïe :

« Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins. Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. » (Is 11, 3-9) Nous sommes loin la haine et des meurtres de cet évangile des vignerons homicides, haine et violence dont nous sommes à la fois responsables et victimes vis-à-vis des frères et sœurs humains et de toute la création.

Enfin par le baptême, nous participons à la fonction royale du Christ Serviteur qui touche et se laisse toucher par les lépreux, les pauvres, les exclus, les marginaux. Nous ne servons pas parce que nous sommes chrétiens !  Il y a des non-chrétiens qui s’engagent dans le service et qui le font bien mieux que nous, de manière professionnelle même.  Le chrétien lui se met au service de ses frères et sœurs, et toute la création parce qu’il sait qu’à travers ce service, il imite le Christ serviteur et grandit en humanité, dans l’Amour, l’Espérance et la Foi.

De même que la foi qui n’est pas nourrie par la prière dépérit, de même, celle qui ne se met pas au service des autres et de la création, celle qui ne s’engage pas risque petit à petit de s’éteindre et perdre sa vigueur. Engageons-nous pour rendre notre monde plus habitable, plus fraternel, plus juste, plus solidaire, pour construire déjà ici-bas le Royaume de Dieu. Le Ciel est certes un don de Dieu mais c’est ici et maintenant, par notre liberté engagée et servante que nous le construisons, le préparons en prenant soin de toute la créature qui nous invite à louer Dieu à travers toutes ses créatures.

Les lectures de ce dimanche nous parlent beaucoup de la Vigne et des vignerons, dans la première lecture, le psaume et l’évangile. N’oublions jamais que c’est Dieu le Père qui est le Vigneron et notre monde est sa vigne. Jésus nous le dit dans l’évangile selon saint Jean : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15, 1-5)

Puissent nos engagements pour la Création, pour un monde plus solidaire, dans l’Eglise, dans la société, nous enraciner et nous attacher comme des sarments, en Jésus qui est la Vigne car sans Lui, nous ne pourrons rien faire ! Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXVII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-10-08T11:30:22+02:00

La Joie d’accueillir

Le thème de l’accueil revient très souvent en ce mois de septembre et marque ce début d’année pastorale. Vous avez probablement rencontré des personnes nouvellement arrivées dans vos quartiers, de nouveaux collègues de travail, nouveaux membres au sein de notre communauté paroissiale. Nous avons accueilli quelques-uns lors de notre messe de rentrée au Phare le 17 septembre. Si vous êtes anciens, rappelez-vous la joie ressentie en vous sentant accueilli à votre arrivée. Et vous les nouveaux, faites l’effort d’aller vers, à la rencontre de ceux que vous rencontrez dans ce nouveau contexte familial, professionnel, ecclésial… Notre communauté est très heureuse de vous accueillir et compte aussi sur vous.

Le diocèse a eu la joie d’accueillir Mgr Jean-Pierre Battut, nouvel évêque auxiliaire de Toulouse, au cours de la messe du 9 septembre à la cathédrale. Notre communauté espère avoir la joie de pouvoir l’accueillir prochainement. Nous accueillerons notre archevêque, Mgr Guy de Kerimel qui viendra célébrer la confirmation des jeunes le 12 novembre à Plaisance du Touch, ce sera sa première visite officielle de notre ensemble paroissial. Avec l’EAP nous réfléchissons à la forme que prendra cet accueil.

Septembre a été marqué en France par l’accueil de la coupe du monde de rugby, un sport que nous aimons beaucoup dans notre pays. Nous avons aussi accueilli le pape François à Marseille. Quel grand moment ! La ville de Marseille et son mythique stade du Vélodrome ont vibré, non pas au football, mais au cœur d’une Eglise heureuse d’accueillir le Saint Père. Ce dernier nous a invité à l’accueil de l’immigré et à tout faire pour que la mer Méditerranée cesse d’être l’immense cimetière qu’elle est devenue. Accueillir l’immigré est tout simplement un devoir d’humanité, avant même d’être un devoir chrétien. La question est complexe et compliquée ! J’en suis conscient ! Cette problématique fait pourtant appel à notre cœur, au-delà de nos positionnements politiques. Une civilisation vraiment humaine est accueillante et sensible au faible, à l’étranger, au pauvre, au malade, à l’immigré….

Depuis quelques jours, notre joie est grande d’accueillir les pères Willy NGOYI et Vital MUDIMBE qui viennent du diocèse de Kabinda, en RD Congo. J’ai eu la chance d’être présent à l’ordination presbytérale de Willy en janvier dernier quand l’archevêque m’avait envoyé en mission pour visiter de diocèse de Kabinda qui désirait nouer un partenariat pastoral avec le diocèse de Toulouse. Dans un premier temps, les deux pères sont accueillis à la maison diocésaine où la Cellule d’Accueil s’occupe de leurs démarches administratives. Ils s’installeront ensuite parmi nous, au service de l’ensemble paroissial. Vital sera à plein temps, tandis que Willy est d’abord en mission d’étude. Leur arrivée est un soulagement !

Ma gratitude va à l’équipe qui s’active depuis quelques jours pour préparer le presbytère de Lardenne où ils résideront. Un grand merci à vous tous pour ce que vous pouvez et allez faire afin de les accueillir dans de meilleures conditions ! Ils vivent un choc multidimensionnel : culturel, climatique, ecclésial, gastronomique… mais je sais que je peux compter sur chacun de vous et sur votre indulgence pour atténuer le choc et réussir leur intégration parmi nous et dans le diocèse. Nous leur souhaitons la bienvenue et un ministère fécond au milieu de nous.

La Joie d’accueillir2023-09-30T19:36:19+02:00

Homélie du Père Joseph du XXV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Savez-vous que Dieu nous aime tellement qu’il aime nous déranger. Il me fait penser à un enfant qui voit son papa ou sa mère bien tranquille, un peu endormi, heureux de faire une petite sieste qu’il vient se jeter sur le ou la réveiller et lui faire un lecture.  C’est ainsi que  nous dérange quand nous sommes tranquille et assez  au clair avec notre conception de « justice sociale » et «  Droit du travail ». J’imagine combien la lecture de cet évangile est choquant et déstabilisant pour ceux qui sont sur le  marché du travail et qui n’arrive pas à se faire embaucher depuis des mois.

La parabole de ce dimanche nous parle de travail, de salaire, de durée de travail, des primes, de signe de reconnaissance au travail, le salaire minimum…. Au temps de Jésus, le droit du travail fixait le SMIC à 1 pièce d’argent. C’est la raison pour laquelle le patron de la parabole ne donne pas moins d’une pièce à ses ouvriers. Il essaye de respecter le droit du travail. Mais tous ces thèmes autour du travail et de justice sociale, Jésus nous les fait voir sous une autre perspective. Il nous invite à quitter et aller au-delà d’un droit purement humain, au-delà des revendications syndicales purement économiques. Le vrai sujet de la parabole c’est la « bonté généreuse » de Dieu. Au représentant syndical des ouvrier, grande gueule et « râleur »,  trouvant injuste que tous ouvrier, même ceux de la dernière heure, aient le même salaire que ceux qui ont commencé très tôt le matin, le patron répond : « Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ? »

A travers cette tension entre critiques et revendications syndicales des ouvriers contre le propriétaire de la Vigne, – ce qui est humainement justifié-, et la réponse du patron, le Jésus veut nous expliquer  ce que signifie «  la justice du cœur du Dieu ». La justice de Dieu n’est pas comme nous l’entendons. Elle est toujours liée à sa bonté infini, à son Amour sans limite et sa compassion : trois éléments qui sont au coeur de l’agir de Dieu pour chacun de nous.

Dieu n’est pas un juge qui ne fait qu’appliquer la Loi ni un DRH. Un DRH est aussi parfois obligé à faire des choses contre son cœur et ses valeurs, mais seulement selon ce que dit le Droit et la politique de l’entreprise. Beaucoup de personnes qui travaillent dans les ressources humaines finissent par démissionner, soit parce qu’on les oblique à faire des choses avec lesquelles ils ne sont pas d’accord, pour faire respecter la politique de la boite, parfois humaine, ou soit à cause des revendications excessives des employés. Une amie qui est dans les RH dans une grosse boite toulousaine me parle parfois de ces employés qui ont des salaires énormes mais qui pinaillent et cassent les pieds pour de très petits avantages de rien de tout, sur les déplacements, la restauration… en faisant presque ce qu’on peut appeler l’optimisation des avantages et des primes. C’est cela notre fonctionnement.

Dieu lui a un fonctionnement différent avec nous ! Et c’est normal parce qu’il est Dieu. Il est un Père plein d’amour, de bonté, de miséricorde et de compassion pour nous. Remarquez  que dans notre vie, chaque fois que nous laissons nos tripes et notre coeur prendre le dessus sur notre raison et les considérations juridiques et légales, chaque fois que nous écoutons plus nos tripes, notre cœur plutôt que le Droit, la loiet raison la logique, il nous arrive alors de poser des actes qui sont socialement, rationnellement, légalement et juridiquement anormales.

C’est ainsi que Dieu agit envers nous ! Il agit avec son cœur. Le prophète Isaïe rappelle dans la première lecture que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées ! Les voies du Seigneur sont humainement impénétrables, insondables. Certaines paroles de Jésus resteront toujours humainement incompréhensibles et incomprises aussi longtemps que nous n’entrerons pas dans la logique de son cœur, de sa justice compatissante et miséricordieuse.

Humainement, nous sommes choqués par le patron de la parabole. Nous pensons qu’il est injuste. Mais, remarquez qu’il a donné aux premiers ouvriers le salaire qu’il leur avait promis, à savoir, un denier !  Mais je comprends qu’il est tout à fait logique et humainement juste que chacun de nous ici se sente solidaire des ouvriers de la première heure qui ont enduré un travail sous une chaleur caniculaire. Il n’est pas humainement juste de donner le même salaire à ceux qui travaillent sans compter les heures, qui ne pensent jamais au RTT, qui passent leurs soirées et même les weekends à répondre aux mails pros, qui ne voient plus beaucoup meurs enfants à causes des voyages professionnels, qui doivent resterréactifs, mobiles et disponible 24 heures sur 24….  Logiquement, ces gens ne peuvent pas avoir le même traitement que ceux qui pinaillent sur les 35 heures légales !

Tout cela n’est pas juste, si l’argent et les lois de l’économie sont nos critères de justice ! Mais si nous entrons dans la logique de Dieu, voici que s’ouvre pour nous une nouvelle perspective. Oui, il y a un contrat entre le patron et les ouvriers ! Mais le contrat de Dieu avec nous est d’un autre ordre. Il est tout à fait spécial parce que Dieu est différent de nous, en nous donnant son Esprit, il nous dit que nous pouvons nous aussi agir comme lui.

Dieu nous appelle encore aujourd’hui à travailler dans sa Vigne qu’est l’Eglise, qu’est le monde ! La moisson est d’ailleurs très abondante mais les ouvriers sont très peu nombreux. Il n’est pas dans une logique de détachement, de distance avec nous, comme certains patrons qui n’ont que des relations professionnelles avec leurs employés et pour lesquels ne compte que le travail exigé et réalisé. Dieu nous appelle dans sa vigne et il sait de quoi chacun de nous a besoin. Il nous donne même au delà de nos attentes. Dieu nous aime à tel point qu’il se donne lui-même les sacrements. Dieu donne sa personne comme salaire, mais salaire gratuit.Nous sommes sauvés gratuitement par Dieu et pas parce que nous le méritons. Le salut, le Bonheur éternel, l’Amour infini,voilà le salaire que Dieu promet, dans mérite de notre part.Dans le domaine de la foi, nous devons sortir de la méritocratie car tout est gratuitement donné, notre liberté étant la limite : nous pouvons accepter ou refuser ce que Dieu veut nous donner.

Vous sentez vous loin de Dieu ? Vous n’avez jamais pensé travailler pour lui ? Vous vous considérez comme ces ouvriers de la dernière heure ? Dieu vous aime et il vous appelle à bosser pour lui, à vous investir, à vous engager.  Dites oui au Seigneur ! C’est votre heure de chance. Décidez-vous à le suivre, à lui dire oui. Ouvrez-lui votre cœur ! Il n’est jamais tard pour dire oui au Seigneur. Jamais tard de recevoir les sacrements, comme le baptême, la confirmation, la communion, quel que soit votre âge. Vous sentez que notre vie manque de saveur, éloignée de l’essentiel, de Dieu, de nos proches ! Prenez la décision d’ouvrir votre cœur à Jésus ! C’est votre moment de grâce à ne pas louper !

Par rapport au salut que Dieu donne, évitons des comparaisons et des jalousies. Ce qui blesse les ouvriers qui se sont levé tôt et qui ont enduré tout le poids du jour, c’est la comparaison avec ceux qui sont venus tard dans l’après-midi.  Se comparer aux autres crée inévitablement des rivalités, des jalousies. Dieu aime chacun d’un amour spécial. Pas besoin de nous nous faire la guerre car dans le cœur de Dieu, il y a de place pour chacun.

Celui prétend être le super-chrétien de la première heure, exemplaire et modèle, réclamant de Dieu un salaire bienmérité, celui-là risque d’être très déçu ! Nous n’avons aucun droit devant Dieu. Le droit à l’Amour n’existe pas car l’Amour vrai est gratuit, il se donne et se reçoit gratuitement. Il m’arrive de rencontrer des chrétiens qui me rappellent toute leur vie donnée et consacrée au service de Dieu et de l’Eglise, trouvant injuste de ne pas être traité de manière privilégiée…. Non, Dieu n’a pas d’enfantsprivilégiés, car chacun de ses enfants est particulier, unique à ses yeux.

Si au contraire, avec humilité, tu te ranges parmi les ouvriers de la 5è heure, qui n’ont pas signé de contrat salarial avec Dieu, mais qui lui font confiance en se faisant embaucher par lui, alors, aux côtés des pécheurs comme Marie-Madeleine ou le Bonlarron, si tu arrêtes de regarder tes mérites pour ne compter que sur bonté infinie de Dieu… alors, tu ne seras pas déçu parce que le salut est un don gratuit. Béni sois-tu Seigneur pour ta justice qui nous qui nous déstabilise, pour ta générosité et ton infini envers nous. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-09-24T11:26:30+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Hier samedi, en fin de matinée, notre évêque nous a envoyé sa première lettre pastorale, dans l’élan de l’assemblée diocésaine que nous avons vécu l’an dernier à Pibrac. Le titre de cette lettre pastorale est « l’Eglise de Toulouse, famille de Dieu, envoyée en mission ». Tout est donnée dans ce titre. J’espère que chacun de nous pourra s’approprier cette lettre pastorale, la travailler et échanger sur elle dans nos équipes, groupes, mouvements et fraternités que notre archevêque nous invite à former et à multiplier dans nos paroisses en particulier cette année. Inspiré à la fois par cette lettre pastorale et la Parole de Dieu de ce XXIV dimanche ordinaire, j’aimerais que notre projet de l’année soit vraiment la construction, sur les 5 clochers de notre ensemble paroissial, former véritablement une Eglise famille dont la seule raison d’être est la mission d’annonce du Christ au monde.

En effet, c’est la foi qui nous unit. Nous avons répondu à l’invitation du Christ qui est le Chef, la Tête de l’Eglise dont nous sommes tous membres, chacun à part entière, chacun à sa place, importants les uns pour les autres et tous au service de la même mission : connaître et faire connaître le Christ Jésus qui sauve chacun de nous personnellement. Nous formons donc une famille, non pas parce que ce sont des liens de sang qui nous unissent, mais bien par la foi, celle que professe les disciples du Christ depuis la naissance de l’Eglise, en commençant par le premier des apôtres, Simon Pierre qui avait confessé à Césarée de Philippe : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! ». La famille que nous formons est donc fondée sur la foi, une foi qui casse toute forme de murs et de barrière entre nous.

Engageons-nous donc à construire cette Eglise famille au sein de nos communautés en accueillant la parole de Dieu qui nous appelle à mettre le pardon au cœur de nos relations. Dans la première lecture, Ben Sirac le Sage nous dit : « Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître. Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis…  Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ?  S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? »

Pensez à l’Eglise comme famille des pécheurs, regardez d’abord notre famille biologique ! Est-elle parfaite ? Je ne crois pas ! En regardant ma propre famille, et en écoutant ce qui se passe dans nos familles, et cela depuis la nuit des temps, nous constatons des blessures que nous nous infligeons mutuellement, consciemment ou inconsciemment parce que nous sommes tous pécheurs. Vous savez combien le refus de pardonner fait des dégâts dans les familles. De même, une communauté ecclésiale qui n’a pas mis le pardon au cœur de ses relations est une communauté appelée à s’éclater et à dépérir. Regardez sur vos têtes, et sur la mienne : nous ne portons pas d’auréole ! Un jour, j’espère, il y en aura ! Mais ce sera quand nous serons au ciel. Au début de la messe, nous implorons ensemble la miséricorde de Dieu, en sollicitant le soutien de nos frères et sœurs, pécheurs comme nous, et de tous les saints. Par cet acte liturgique, nous reconnaissons que nous sommes tous pécheurs.

Construisons donc ensemble cette Eglise-famille des pécheurs pardonnés et appelés à se pardonner mutuellement comme nous y invite Jésus dans l’Evangile. Essayons, dans nos familles, les équipes, groupes, services et mouvements…à nous aider mutuellement à avoir une approche véritablement chrétienne du péché et du pardon, dans une perspective de conversion personnelle et communautaire, comme nous y invite notre archevêque dans sa lettre pastorale. Il s’agit de reconnaître que chacun de nous personnellement porte des failles et que notre communauté aussi est loin d’être parfaite, qu’elle chemine et qui dit cheminement dit aussi chutes et relèvements. Dimanche dernier, Jésus nous appelait à nous soucier du salut de chacun à travers la correction fraternelle.

Vivons véritablement le pardon et la miséricorde de Dieu entre nous. Seule la découverte de la miséricorde permet de guérir des blessures qui peuvent nous diviser et nous éloigner les uns des autres, en se servant de nos différences légitimes de sensibilité spirituelle, liturgique, pastorale, de couleur de peau, de clocher, d’engagement politique ou ecclésial. Accueillons-nous dans la miséricorde parce que tous enfants d’un même Père miséricordieux qui nous appelle à former une seule et même famille, et tous membres du Corps du Christ. Accueillons chaque membre de notre famille ecclésiale, tout en sachant que ce n’est pas un saint que nous accueillons, mais un frère, une sœur qui, comme chacun de nous, porte des failles, des fragilités mais aussi des talents qu’il peut apporter à la communauté ecclésiale parce que chacun se sent responsable de la vie paroissiale.

Dans une famille, on apprend à pardonner. Nous savons néanmoins combien le pardon est un exercice très difficile ? Peut-on tout pardonner ? Doit-on tout pardonner ? Et si l’autre abuse de mon pardon ? Combien de fois faut-il pardonner une offense ?… Ces questions, qui risquent de poser des limites au pardon sont déjà présentes dans la Bible ! La réponse est la même : « toujours, pardonner toujours ! ». Vous allez dire c’est plus facile à dire qu’à faire ! Je sais. Quand le pardon est enraciné dans le cœur miséricordieux de Jésus, il est toujours donné parce que c’est Jésus qui pardonne toujours en nous et par nous, quand le pardon est demandé de manière sincère ! Rappelle-toi que tu es pardonné par Jésus chaque fois que tu viens lui demander pardon sincèrement.

Au temps de Jésus, il était suggéré de pardonner jusqu’à trois fois une offense subite pour manifester la clémence et la miséricorde. Dans l’évangile, Simon Pierre pense être un héros en proposant de pardonner 7 fois ! Pardonner 7 fois, c’est énorme ! Pense à ta voisine, ton collègue, ou à l’autre paroissien que tu n’aimes pas beaucoup. Tu crois qu’il (qu’elle) ne t’aime pas, tu en es même convaincu d’ailleurs ! Tu as beaucoup de peine à lui pardonner ses critiques méchantes, ses commérages, ses médisances qu’elle répand sur toi chaque fois que l’occasion lui est donnée…Vous le lui pardonnez vraiment ? Non, n’exagérons pas ! N’abusons pas du pardon. Mais voici la réponse de Jésus ! A cette collègue qui vous déteste et vous tue par ses paroles et son regard, Jésus ne vous demande pas de pardonner, comme Pierre, 7 fois seulement…mais bien soixante-dix-sept fois sept fois… c’est-à-dire toujours pardonner !

Nous pardonnons parce que le Seigneur nous invite à passer de l’attitude de Juge à celui de d’accusé et de condamné ! Dans la foi chrétienne, nous sommes tous pécheurs, mais tous pardonnés par une telle largesse et générosité de Dieu que nous ne pouvons pas ne pas pardonner. La petite dette que nous avons envers nos frères, ou que nos frères ont envers nous n’est rien par rapport à la dette infinie que nous avons envers Dieu. Mais Jésus, du haut de sa croix nous regarde avec amour, s’adressant au Père, il dit : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Il a effacé toutes nos dettes ! Telle est la raison du pardon vraiment chrétien : je suis appelé à pardonner à ceux qui m’offense parce que moi, je suis le premier bénéficiaire du pardon de Dieu. Nous disons bien dans le Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé ! » Le pardon me met dans une situation nouvelle qui me rend semblable à Dieu qui fait tomber la pluie sur les justes et les injustes, et qui nous appelle à être parfaits comme lui-même est parfait.

Un chrétien ne pardonne pas parce qu’il est meilleur. Le pardon n’est pas une amnésie, l’oubli total de l’offense subie. Bien au contraire, je pardonne parce que je fais le choix de l’amour à la haine, à la rancœur. Te revoir, toi qui m’as blessé, rouvre en moi la plaie de la blessure… mais je choisis le pardon dans l’amour pour ne pas laisser la rancœur polluer mon âme et pourrir nos relations.

N’attendons pas un pardon parfait, angélique…! Nous pardonnons comme nous pouvons, au meilleur de nos capacités et de nos forces spirituelles et psychologiques…. Prions pour obtenir la grâce de savoir pardonner et demander pardon. Et si l’autre considère le pardon comme une faiblesse ? C’est un risque à prendre, un risque que Jésus a pris en pardonnant à ceux qui le crucifiaient. Et pourtant, ce paradoxe transforme les cœurs, peut-être pas tous les cœurs, mais beaucoup de cœurs sont transfigurés par le pardon inconditionnel qu’ils reçoivent.

En cette année pastorale qui s’ouvre, accueillons-nous comme frères et sœurs pécheurs, mais infiniment aimés de Dieu et pardonnés. Apprenons à pardonner pour savoir nous accueillir, en communauté ecclésiale, comme des êtres fragiles, imparfaits, mais riches et enrichis de cette miséricorde infinie de Dieu qui nous appelle à aimer et à pardonner comme Lui. Que nos familles, groupes, services, équipes, mouvements et paroisses…soient nourris et transfigurés par le pardon reçu et donné. Le chemin de sainteté commence par la prise de conscience de nos péchés que le Père pardonne toujours et sans compter chaque fois que nous revenons vers lui, nous appelant à notre tour à lui ressembler en donnant, en pardonnant sans compter, comme lui! Belle rentrée paroissiale…. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXIV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-09-17T14:25:29+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Il y a 20 ans, j’étais encore étudiant séminariste à Rome, il y avait, sur la Rai (la télévision publique italienne) une série qui faisait le plein d’audimat, un succès fou, même dans les communautés religieuses. Il ne fallait louper aucun épisode. Cette série s’appelait Don Matteo avec comme acteur principal Terence Hill qui jouait le rôle d’un curé très populaire. Dans la série, le prêtre Don Matteo jouait à l’enquêteur dans certaines affaires criminelles, des enquêtes menées en même temps que la Polizia ou les Carabinieri (la gendarmerie italienne). Don Matteo exploitait des informations qu’une taupe dans la Police lui fournissait en secret. Grâce à cela, Don Matteo arrivait à résoudre des cas compliqués, en poussant le coupable dans ses retranchements jusqu’au point d’avouer son crime commis. Mais ce qui était plus beau encore, c’est que Don Matteo avait aussi cette capacité à trouver une voie de sortie au mal, au criminel en lui faisant faire l’expérience de la pénitence et du pardon de Dieu au-delà de la justice humaine qui devait poursuivre son cours normal. Cela veut dire que, la justice de Dieu n’efface pas nos crimes et délits devant la justice humaine. Le père Jean-Marie Hary me disait que souvent, dans l’aumônerie de prison, il faut faire attention car certains criminels peuvent penser que leur crime est effacé automatiquement parce qu’ils se sont confessés devant un prêtre. Ce que faisait Don Matteo est en quelque sorte thème principal de la liturgie de la Parole de Dieu de ce dimanche, c’est-à-dire : la correction fraternelle.

Disons de prime abord que la correction fraternelle est un art d’amour très difficile. Elle est une très haute manifestation de la charité fraternelle. Cependant, nous devons faire très attention et éviter toute confusion dans cette matière importante. D’abord, la correction fraternelle n’est possible que quand, dans une communauté donnée, chacun est accueilli en premier lieu de manière inconditionnelle avec ses limites et ses fragilités, là où l’on est pas jugé ni enfermé dans ses erreurs passées ou présentes. La charité, l’amour est le préalable incontournable d’une correction fraternelle. Dans la deuxième lecture, saint Paul rappelle ce principe important de la vie ecclésiale : « Frères, n’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. »

Aussi, la correction fraternelle dont on parle ici est celle qui concerne les péchés graves, comme Jésus le dit lui-même dans les textes qui précèdent celui que nous avons écouté : « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer. » ( Mt 18, 6). L’objet de la correction fraternelle n’est pas une offense personnelle. Une offense personnelle est à pardonner sans calcul et à oublier. C’est ce que Jésus dit dans la suite de l’évangile de ce dimanche : « Alors Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. » (Mt 18, 21). Ca, nous allons le méditer dimanche lors de la messe de rentrée paroissiale.

L’objet de la correction fraternelle est le péché, dans la mesure où ce dernier nuit à la personne qui le commet. La finalité de cette démarche est de regagner la sœur ou le frère pécheur à lui-même et à la vie fraternelle. Il nous faut tout tenter, tout essayer pour ramener à la maison, à la raison, à la communion fraternelle celui qui se perd. Avant de se lancer dans l’exercice de la correction fraternelle, il est très important de regarder nos motivations profondes, ce qui nous pousse à aller faire des reproches à notre prochain. Suis-je motivé par l’amour envers celui qui se perd, en faisant le mal à soi-même et aux autres, en détruisant la vie fraternelle ou alors, suis-je motivé par le désir d’une justice purement humaine avec mes jugements personnels et ces critiques qui n’ont d’autre but que de rabaisser, blesser, mépriser ou humilier l’autre.

Pour y arriver, Jésus nous montre le process. Voici le protocole fondamental à suivre pour un meilleur exercice de la correction fraternelle.

D’abord, on aborde la personne d’égal à égal, en privé, par respect pour lui. On n’alerte pas les autres d’abord en disant, « vous allez voir, moi je vais aller le voir pour lui dire ses 4 vérités » ! Je suis étonné de voir, à travers des gens qui viennent me parler, de telle personne du service ! Quelqu’un était venu me parler d’un confrère qui le blessait par un certain côté. Je lui ai dit : « as-tu osé aller le voir pour en discuter, peut-être même autour d’un café ? » La personne a joué le jeu et leurs relations se sont apaisées. On ne balance pas quelqu’un, on ne fait pas de la délation en pensant ainsi faire la correction fraternelle. Non, la correction fraternelle commence en privé, dans l’intimité, dans le secret. Celui qui se sent accueilli sans condition, pas jugé, ni humilié est généralement disposé à recevoir des observations négatives.

Cependant, étant donné que la nature humaine est parfois compliquée, si la première approche n’a pas marché, Jésus suggère de recourir à la médiation de 2 ou 3 témoins. Une rencontre en petit comité. C’est une tentative d’amener l’autre à la vérité grâce à l’aide des autres. Pourquoi ? Parce qu’on peut aller, plein de bonne volonté, faire une correction fraternelle tout en étant maladroit soi-même, ne pas savoir comment s’y prendre au point de blesser la personne que nous voulons ramener à la raison. Ainsi, Jésus nous suggère de nous faire aider par les autres. Là où une personne ne réussit pas, peut-être à cause des limites personnelles, il se peut qu’on y arrive grâce au soutien de deux ou trois personnes. Mais je rappelle que ces deux ou trois autres doivent être motivés par l’amour et non par un esprit de vengeance.

Quand les deux premières tentatives n’ont pas marché, Jésus nous suggère une troisième voie : l’aide de toute la communauté. Attention ! Il ne s’agit pas de jeter l’autre en pâture. Hier comme aujourd’hui, des graves blessures et des humiliations sont provoquées à cause des confusions autour de cette troisième étape, prise à la lettre. Aujourd’hui encore, certains groupes, mouvements ou même confessions poussent la personne à avouer publiquement son péché. Vous êtes dans un groupe de prière, et vous devez dire devant tout le monde (confession publique !) tout péché que vous avez commis. Rendez-vous compte de l’humiliation que cela peut être, et des dégâts et traumatismes que cela peut produire dans la vie de quelqu’un. La correction fraternelle ne doit pas être une humiliation, mais une manière de montrer au frère que nous nous soucions de son salut, de sa conversion, par amour pour lui et pour le bien de toute la communauté ecclésiale.

Mais, nous devons aller plus loin dans la correction fraternelle et ne pas la limiter dans une sphère purement ecclésiale. Ce sont toutes nos relations amicales, familiales, professionnelles qui doivent être caractérisé par cet amour qui se manifeste dans la correction fraternelle.

Un adage sage dit que « si tu n’as pas un ami qui t’alerte sur tes défauts, paies-toi rapidement un ennemi qui puisse le faire ». Il est important de considérer avec attention et objectivité nos propres lacunes, nos défauts, carences…parce que tout défaut peur devenir un danger pour nous-même et pour les autres. Mais parfois, nous ne voyons pas nos lacunes, nos défauts. Les autres sont des miroirs pour aider à nous connaître ! Ne négligeons jamais les remarques désagréables que peuvent nous faire les gens qui nous aiment. Vous savez pourtant combien nous n’aimons pas les gens qui nous rappellent nos défauts, préférant naturellement ceux qui nous caressent dans le sens du poil. Si un parent ne dit pas à son enfant ses erreurs, l’enfant risque de s’enfermer et devenir un enfant-roi à qui on ne peut faire aucun reproche. Nous en arrivons enfin à des sociétés où tout le monde fait ce qu’il veut, sans tenir compte du bien commun. On a toujours raison et on est le centre du monde.

Le père Daeren, principal de mon lycée au Congo, ne tolérait pas une minute de retard en classe. Un tout petit retard impliquait 1 heure de colle après les cours. Il nous disait : « Je dois être exigeant avec vous car si je laisse passer ces petits retards, demain, vous risquez de vous complaire à aller en retard au travail, ou même d’arriver en retard au rendez-vous d’embauche et gâcher votre vie professionnelle ! »

Si tu aimes vraiment quelqu’un, ne le laisse pas sombrer dans le mal. Ne cherche pas à l’humilier, à l’écraser mais cherche à le sauver, par tes conseils, ton regard bienveillant, tes paroles ! Sois dur avec lui s’il le faut, mais toujours avec amour. Ne reste pas indifférent devant celui qui agresse quelqu’un en ta présence, qui mets ses pieds sur les sièges dans le train… Cette indifférence ou lâcheté est un manque de charité pour la personne et pour la société entière. Mais je sais que la correction fraternelle demande aussi du courage parfois ! Jésus dit à la femme pécheresse : « personne ne t’a condamnée ! Moi non plus je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus » ! Dans un autre évangile il dit : « va et évite le mal, il pourrait t’arriver pire encore ! » Demandons au Seigneur de nous apprendre à nous regarder avec amour, à nous soucier de la conversion et du salut les uns des autres à travers une vraie correction fraternelle. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-09-09T19:43:34+02:00

Homélie du Père Joseph du XXII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis quelques dimanches, nous sommes accompagnés par Simon, fils de Yonas qui a reçu de Jésus, depuis une semaine, un nouveau nom : celui de Pierre. Nous l’avons vu perdre confiance et douter lors de l’épisode de la tempête apaisée et la marche de Jésus sur la mer. Dimanche dernier, Simon Pierre s’est montré le porte-parole des croyants lors de la profession de Foi à Césarée de Philippe quand il a reconnu que Jésus est le Messie, le Fils du Dieu vivant. Aujourd’hui, l’évangile nous fait découvrir un autre regard de Simon Pierre sur le messie. Pour Simon Pierre, comme pour les Juifs, le messie devait être un homme fort, glorieux, identifié au nouveau grand roi, avec la mission de restaurer la gloire d’Israël en le libérant de la domination Romaine.

Dans cet évangile, c’est Jésus lui-même qui nous explique ce que veut dire pour lui être le messie et en quoi consiste sa mission : « Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter…. Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Être messie signifie : pas de gloire, pas de pouvoir, pas de compromis ou de compromission ! Un choix radical que Jésus assume, disposé à mourir en donnant sa vie sur la croix.

Ces explications ne sont pas du goût des disciples qui sont atterrés. Il y a encore une heure, sur le long du chemin, les disciples faisaient une sorte de mini-sommet pour savoir qui parmi eux était le plus grand, comment ils allaient s’organiser au niveau politique, qui devait occuper le poste le plus important, se mettre à gauche ou à droite de Jésus. Jésus avait mis fin à la discussion en donnant le poste de Matignon à Simon Pierre lors de la profession de foi à Césarée de Philippe. Tous les calculs étant faits, les accords signés, gouvernement révolutionnaire de combat était presque à pied d’œuvre ! Mais retournement de situation : maintenant, Jésus leur parle de douleur, de souffrance et de mort. Ça ne va plus du tout !

Ça m’a fait penser aux coups d’Etat comme on en voit depuis plusieurs mois dans certains pays d’ancienne influence française en Afrique, comme la Guinée, le Mali, le Burkina et récemment le Gabon : Ali Bongo qui organise des élections qu’il gagne évidemment haut les mains avec 62% : tous ses acolytes font la fête et s’imaginer régner encore pendant très longtemps alors que la famille est au pouvoir depuis 55 ans, et oups, des militaires qui mettent fin au régime par un coup d’Etat… C’est la désillusion. Les disciples qui écoutent Jésus dans cet évangile sont abasourdis et pensent que le messie a perdu le nord et il faut dans l’urgence faire quelque chose pour sauver le régime en place en danger.

C’est encore Simon Pierre qui intervient et prend les choses en main ! Il appelle Jésus à part pour l’interpeler et lui faire une petite leçon de politique : « Ecoute Rabbi, tu dois changer de langage et ta manière de parler aux troupes, aux adhérents. En politique, la communication est importante. Il faut la soigner. Ce que tu viens de dire a brouillé le message et démotive les troupes qui risquent de démissionner un par un. Tu vas te retrouver tout seul avec une telle manière de communiquer ». J’essaye de reformuler et actualiser le message de Pierre. Parfois, nous aussi, nous nous comportons comme Simon Pierre : nous faisons la leçon à Dieu en lui disant que faire, quand le faire, comment le faire, comment le dire, comment gérer…. Jésus ne se laisse pas faire : il recadre Pierre et le remet à sa place de disciple et l’appelle à se convertir : « passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Parfois, nous aussi, au lieu de nous mettre derrière le Seigneur pour le suivre, comme disciples, nous nous mettons devant lui pour que ce soit lui qui nous suive dans nos désirs et décisions, notre volonté. Au lieu de dire, comme dans le Notre Père « Que ta volonté soit faite ! », nous disons « que ma volonté soit faite ! ». Au lieu de suivre le chemin que Dieu nous trace, nous voulons lui indiquer le chemin qu’il doit suivre. Nous lui suggérons les solutions à nos problèmes, au lieu de lui faire confiance. Nous prétendons ainsi que c’est à Dieu de devenir notre disciple. Nous nous fâchons contre Dieu parce qu’Il n’a pas réalisé ce que nous désirions avoir. C’est le problème du prophète Jérémie, dans la première lecture. Il se plaint et se lamente contre Dieu parce qu’il l’oblige à suivre un chemin qu’il ne voulait pas personnellement. « Seigneur tu m’as séduit, et je me suis laissé séduire, tu m’as maîtrisé, tu as été le plus fort ».

Jérémie voulait être le prophète annonçant que de bonnes nouvelles. Mais Dieu a voulu faire de lui un prophète parfois casse-pied, détesté de tous, même de sa famille parce qu’il doit appeler à la conversion et annoncer parfois de mauvaises nouvelles. Jérémie n’en peut plus et veut tout laisser tomber. Mais, grâce à la prière, le prophète Jérémie comprend qu’il doit revenir à la source de sa vocation. Il s’est rappelé l’Amour de ce Dieu qui l’avait séduit et à qui il n’a pas pu résister. Il comprend qu’il doit poursuivre sa mission, et cette fois, selon la méthode de Dieu.

Après avoir remis Pierre à sa place, Jésus précise ce qu’il attend des disciples, de nous. Il ne nous fait pas de la démagogie, de la publicité mensongère, du marketing professionnel comme un chasseur de têtes ou un RH qui veut séduire son candidat en nous disant : « Vous allez voir, c’est super ! Ce poste est vraiment fait pour vous. Vous allez vous éclater professionnellement car votre mission est passionnante, dans cette entreprise à la pointe. Vous aurez des primes chaque année, une augmentation de salaire selon vos performances annuels, des vacances payées par le CE…». Non, Jésus ne promet pas la facilité à ses disciples et sa proposition d’embauche est lourde à assumer. Il nous rappelle qu’être son disciple se résume en trois impératifs : « renoncer à soi-même », « porter la croix » et « le suivre».

Le disciple doit renoncer à la tentation de vouloir être toujours le centre de l’univers, renoncer à cette tentation de vouloir les meilleures places pour être vu. Le chrétien est convaincu d’être unique, spécial, précieux, aux yeux de Dieu et n’a plus besoin de se battre pour le démontrer ou le prouver aux autres. Nous sommes chacun infiniment précieux aux yeux de Dieu. Au lieu de se battre pour le pouvoir en écrasant les autres, un chrétien est appelé à prendre à cœur le bonheur de ceux qui sont autour de lui, en donnant sa vie pour les autres, comme Jésus l’a fait pour nous. Suivre Jésus, c’est risquer sa vie par amour pour les autres !

Toi aussi au lieu de chercher la gloire à tout prix, prends ta croix car la croix est la mesure de l’amour. Si tu n’es pas encore capable de souffrir pour ton conjoint, tes enfants, tes parents, ta communauté, ton pays…. Cela veut dire que tu ne les aimes pas encore vraiment assez.

Cet amour fou qui se donne jusqu’au bout, Dieu nous dit que nous pouvons le vivre avec lui dans nos maisons, nos vies familiales, professionnelles, nos missions ecclésiales et associatives parfois ingrates. Cet évangile exigeant écouté en cette rentrée est un envoi en mission. Il nous rappelle que, dans tout ce qu’au cours de cette année, nous serons, ferons, vivrons, chercherons dans cette nouvelle année pastorale que nous commençons, nous n’avons rien d’autre à faire qu’être simplement à la suite du Christ, lui laisser la première place, donner notre vie en nous mettant au service les uns des autres ! Amen.

Homélie du Père Joseph du XXII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-09-02T16:44:31+02:00

Homélie du Père Joseph du XXI° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis sa naissance, l’Eglise nous a transmis des milliers des visages du Christ, celle tirées des évangiles et celles transmises à travers les apparitions du Christ dans l’histoire. Selon les pays et les cultures, certaines images peuvent même intriguer et poser questions. Je me souviens enfants comment j’étais impressionné par le Christ en croix dans église paroissial : un Jésus très beau, blond, les yeux bleus ! Ça ferait penser à un nordique plutôt qu’à un sémite du bassin méditerranéen. Jésus est représenté en croix (c’est la représentation ordinaire) mais nous pouvons aussi le voir autour de Noël dans la crèche, dans les bras de la Vierge Marie ou de saint Joseph, le voir jeune charpentier apprenant à travailler dans l’atelier de saint Joseph, parfois Jésus assis devant les foules auxquelles il enseigne comme dans le sermon sur la montagne. D’autres représentations plus ordinaires, tel que Jésus Bon Berger portant une brebis sur ses épaules ou sur sa poitrine, ou marchant devant ou au milieu d’un troupeau de brebis… Il y a aussi Jésus de la Divine Miséricorde que nous a transmis sainte Faustine, Jésus Pantocrator, tout en majesté, bénissant.

Plus tard, j’ai découvert des représentations de Jésus asiatique, latino, africain, rappelant finalement que chaque culture peut s’approprier le Christ étant donné qu’il est venu sauver tout le genre humain ! D’ailleurs c’est chacun de nous, selon sa propre histoire et son expérience spirituelle qui devrait se faire sa propre représentation du Christ.

Vous pouvez vous demander aujourd’hui quelle est votre image forte du Christ. Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand vous devez parler du Christ à quelqu’un qui ne le connaît pas ? Certains parlerons du Jésus des années du KT, voire de l’éveil à la Foi, de l’aumônerie, de l’Action Catholique ou dans la Pastorale Etudiante…. Parfois nous entendons tous ces gens qui parlent de Jésus en nourrissant à son égard une méfiance certaine parce qu’ils l’associent à la religieuse très sévère et rigide du primaire, du collège ou du pensionnat, ou alors aux mauvais souvenirs de leur curé d’enfance qui prêchait un Jésus, certes bon, mais tellement sévère à tel point que sa justice de justicier a pris le dessus sur sa miséricorde infinie. Aujourd’hui, il serait peut-être bon que chacun de nous s’interroge sur sa propre représentation du Christ !

Réjouissons-nous que l’on parle encore de Jésus en dehors de nos églises. Quoiqu’on dise, la figure de Jésus intéresse encore nos contemporains. Il suffit de faire un petit tour en librairie pour se rendre compte du nombre des livres qui parlent, pas toujours dans le bien, évidemment, de ce juif marginal appelé Jésus de Nazareth. Des écrivains, des comédiens, des cinéastes parlent encore de Jésus.

Qui était vraiment Jésus ? Tout le monde a une réponse ! Un grand prophète ? Un illuminé ? Un révolutionnaire ? Un idéaliste ?… un grand homme qui a marqué l’histoire ? Etait-il marié ? Etait-il fils unique de Marie ? Avait-il des frères et sœurs ? Quoiqu’il en soit, toutes ces questions, même posées sur Jésus en dehors de nos églises devraient nous réjouir. Cela montre que Jésus pose question à l’homme d’aujourd’hui.

Il serait tellement mieux aussi que les chrétiens d’aujourd’hui prennent le temps de Le chercher, de Le connaître un peu plus , en lui consacrant un peu plus de lecture spirituelle, d’études, pour comprendre son message, sa vie… sans donner trop de poids aux nombreuses visions partiales tellement à la mode, données par des spécialistes des médias qui prônent un christianisme sans attachement à la personne du Christ.

Quoiqu’il en soit, après le Jésus que nous rencontrons dans les livres, les dévotions, les films et documentaires, nous sommes forcément confronter à cette question terrible qui s’adresse à chacun personnellement. Jésus la pose aujourd’hui en s’adressant aux disciples « Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?», « Pour toi personnellement, qui suis-je?». Nous ne pouvons pas y répondre de manière hypocrite ou par la fuite. Cette question nous touche personnellement. Elle secoue nos certitudes et nous demande une réponse personnelle ! « Qui est Jésus pour moi ? ». C’est la question de toutes les questions qu’un chrétien doit se poser !

« Pour vous qui suis-je ? » demande Jésus aux disciples. Cette question, nous permet de contempler, Simon, fils de Yonas prenant la parole et répondant au nom de tous ses frères : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant ». Pour nous aujourd’hui, avec un recul de 2000 ans, de nombreuses études de théologie, le catéchisme, l’affirmation de Pierre nous paraît évidente. Mais pour les disciples qui étaient autour de Jésus, ce Charpentier de Nazareth, il s’agit d’une affirmation déconcertante et inattendue. En disant que Jésus est le Christ, le Messie, Pierre fait un saut mortel. « Tu es le Messie que nous attendions en Israël ! » Il est déconcertant que les Juifs attendent toujours la venue du messie. La profession de foi de Pierre est belle et originale. En reconnaissant comme messie le Charpentier de Nazareth, Pierre fait un saut de qualité qui sera déterminant dans toute sa vie. Cette profession de foi change toute sa vie, car la foi vraie en Jésus change forcément notre vie. Pour Pierre, il y aura désormais un avant et un après la profession de foi de Césarée de Philippe.

« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux ». Simon ne sait pas qu’il s’appelle Pierre. En reconnaissant que Jésus est le messie, Simon découvre son nouveau nom et son vrai visage. Il découvre une nouvelle dimension qui lui était inconnue, une mission qui fera de lui le garant de la solidité et de la vérité de la foi de ses frères.

Jésus édifie l’Eglise sur la foi de Pierre, mais cette façon de faire de Dieu nous étonne. Comment peut-il fonder son Eglise sur une pierre aussi fragile, sur un homme comme Pierre, de peu de culture, capable d’élans instinctifs, comme quand il dit «  je ne t’abandonnerai pas, et s’il le faut, je mourrai avec toi », mais aussi de graves et grandes déceptions ? Comment peut-il être la pierre qui fonde la foi de l’Eglise du Christ et la protéger contre toutes les tempêtes alors que cet homme est en mesure de renier le Christ, de dire par trois fois qu’il ne le connaît pas, au moment crucial de sa vie ?

Et pourtant, plus deux mille ans sont passés, et cette Eglise est là. Elle a traversé vagues et tempêtes dans l’histoire…, a été secouée, mais elle est encore debout ! Si elle a tenu pendant les siècles avec Pierre et ses différents successeurs, les meilleurs comme les pires, les saints comme ceux à une moralité décevante…. si l’Eglise tient malgré la fragilité humaine de ses pasteurs et de ses enfants, les chrétiens que nous sommes, cela montre bien que l’Eglise n’est fondée sur rien d’autre que le Christ lui-même qui l’a voulue, l’a fondée, et continue à la soutenir en soutenant ses pasteurs malgré leur fragilité. Aujourd’hui, nous pouvons prier pour nos pasteurs, en particulier le pape François et les évêques. Est-ce que nous aimons nos pasteurs, est-ce que nous prions pour eux, ou nous attendons qu’ils se plantent pour les critiquer et exploser au grand jour leur fragilités et faiblesses ?

Avec cette profession de Foi de Césarée de Philippe, la foi de Pierre est prête désormais ! Il pourra désormais assurer la foi de l’Eglise. Il a en main les clefs. Mais si Jésus lui a donné les clefs du royaume, ce n’est pas pour fermer les portes du royaume. Pierre a reçu les clefs du royaume pour l’ouvrir largement grandement et permettre à une multitude d’hommes et de femmes de se mettre en chemin, pour y entrer librement.

« Qui est Jésus pour moi? » Qui est-il vraiment pour nous ? La place, la confiance, le temps, les services….que nous lui accordons dans notre vie nous aidera à comprendre qui Il est vraiment pour nous, car l’identité du Christ pour nous ne peut pas ne pas marquer et modeler notre existence quotidienne !

 

Homélie du Père Joseph du XXI° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-08-27T09:14:04+02:00
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