À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du XIV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

L’actualité est troublante et angoissante dans le monde et dans notre pays. Nous venons de traverser une période d’émeutes dans plusieurs villes de France, on parle de 400 villes touchées en France, avec des dégâts énormes, des blessures, les tensions, des récupération politiques et polémiques. Je n’entrerai pas dans l’analyse des causes et conséquences de ce des émeutes. J’en reste au fait, au phénomène : ces émeutes nous font peur et nous inquiètent. La guerre est toujours aux portes de lEurope avec cette guerre entre l’Ukraine et la Russie s’enlise, un vrai faux coup d’Etat loupé à Moscou avec Prigogine et la milice Wagner… A la veille du départ en vacances, beaucoup sont inquiets. La peur, la peur et encore la peur !  Bref, dans un contexte aussi peu brillant et peu serein, nous courons le risque du découragement, d’entrer dans l’habituelle tentation de nous plaindre, de baisser les bras !

Jésus a vécu la même chose. Le contexte de l’évangile de ce dimanche est une période trouble, décourageante etéprouvante pour Jésus. Son cousin et précurseur Jean-Baptiste a été arrêté par Hérode et Hérodiade. L’adhésion populaire à son message attendu des juifs s’avère un vrai fiasco : ces derniers ont plutôt manifesté une grande hostilitéet une grande méfiance. Bref, pour Jésus, les choses vont très mal et sa mission prend une tournure malheureuse. Jésus voitse profiler à l’horizon un grand échec. Cela nous arrive aussi ! Ce sentiment d’échec et de découragement que nous pouvons vivre aussi dans l’Eglise, fatiguée de ramer à contre-courant, combattue de l’intérieure et à l’extérieure, honteuse et blessée de nombreux scandales, faisant parfois semblant que tout va bien en assumant un christianisme qui ne fait plus devrais disciples missionnaires mais qui se contente des habitudes, la routine sans se remettre en question.

Alors, que faire ? Certains dans l’Eglise crient à la victimisation et se protège par une sorte de fermeture idéologique, par un retour au passé, à la tradition, avec une certaine rigidité, l’enfermement dans les normes théologique, canoniques, liturgiques pour se protéger des attaques ! Ou alors, on s’agite, on panique en voulant faire de l’Eglise de Dieu une association démocratique qui décide à main levéequi s’accommode à la culture ambiante, embrassant toutes les mutations sociales en vogue qui sont loin de faire grandir l’humanité et de respecter la vie et la dignité humaine. Ces deux tendances de fermeture ou de démocratie associative à outrance ne sauveront pas l’Eglise et je ne crois que cela soitla volonté du Christ.

Dans un contexte de grand découragement, Jésus lui au lieu de se lamenter et de se plaindre, au contraire il fait de la louange. « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Jésus loue le Père parce que son rejet et le refus de son message de la part des religieux, des théologiens, des experts de la foi a permis aux plus petits, auxderniers, aux gens simples, aux paumés de la vie d’accueillir le Christ. C’est un renversement de logique. Aujourd’huiencore, parfois nous nous battons et nous divisons dans desdébats théologiques dans l’Eglise, nous exigeons des réformes liturgiques disciplinaires! Lorsque je rencontre les convertis ou nouveaux convertis qui demandent le baptême, la communion ou la confirmation, je trouve une fraicheur, loin des polémiques, une joie toute simple et intense d’avoir tout simplement été touché par le Christ. Ce sont ces gens-là qui sont l’objet de la louange du Christ dans l’évangile de ce dimanche. Dieu offre son alliance, son amitié, sa disponibilité et sa présence à tous, mais très peu de gens l’accueillent parce qu’ils posent des objections rationnelles et refusent ainsi de s’approcher de Lui parce que leur tête, leur intelligence abarricadé le cœur à l’Amour qui leur est donné. A trop réfléchir on ferme la porte à l’Amour.

Les derniers, les exclus, les perdants, les tout-petits s’émerveillent de Dieu. Jésus s’en réjouit en rendant grâce. Demandons à Jésus de nous donner la capacité de voir dans les échecs une opportunité. Croire, croire, croire encore, comme Jésus sait le faire, qu’à travers les péripéties parfois contradictoires, Dieu sait ouvrir de nouveaux chemins du salut. Nous pleurons parfois sur une fenêtre qui nous est fermée au lieu de nous réjouir et nous émerveiller sur la grande porte qui s’ouvre…tout simplement parce que nous avons les yeux braqués sur la fenêtre fermée. Dieu nous aime, et il nous aime de manière définitive. Nous autres, à cause de notre liberté et de notre intelligence, nous pouvons choisir de nous compliquer la vie, nous enfermer dans des raisonnements logiques qui créent en nous méfiance et préjugés ! La vie n’est pas toujours comme nous l’attendons et Dieu veut que nous laissions de la place à l’inattendu, l’imprévu qui porte toujours cette force de nous émerveiller avec Jésus dans cet évangile. Maintenant que vous avez fait le programme des vacances, que tout est calé, préciser le programme de chaque journée, voire le menu de chaque repas, ayant prévu de faire ceci, cela, tel jour, à telle heure, à telle endroit… je vous conseille de laisser aussi un peu de place à l’imprévu, l’inattendu, à la fantaisie pour en profiter vraiment et pouvoir louer Dieu.

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ! » Jésus insiste ! Allons à lui, rassemblons-nous autour de lui, apprenons de lui, devenons ses disciples. Apprenons de lui à faire confiance au Père, à nous abandonner, à croire, à lire l’histoire et la vie, notre histoire et notre vie avec un regard autre, le regard de Dieu. Allons à lui si nous sommes fatigués et opprimés, insatisfaits, déçus de la vie, non pas pour former un club des perdants et des gens aigris qui se lamentent et se plaignentensemble, incapables d’affronter le monde et qui finissent par s’enfermer sur eux-mêmes. Non, allons au Christ parce que la fatigue intérieure et l’angoisse nous éloignent de l’essentiel. Approchons-nous du Christ pour apprendre sa logique, embraser ses attitudes, sa mentalité. Apprenons à aimer, à s’aimer, à l’aimer, à nous laisser aimer.

Ne laissons pas dominer et s’installer en nous et entre-nous la logique de la chair, comme écrit saint Paul, c’est-à-dire, cette logique mondaine, hédoniste, narcissique, cynique qui porte notre monde au suicide. Accordons un peu de place au SaintEsprit, au spirituel, à l’âme, à l’intériorité, à la prière, à la méditation, au silence. L’été peut être pour nous une chance de nous approcher un peu plus du Christ, en prenant un peu plus de temps chaque jour pour prier parce que nous sommes moins pris par le travail. Puissions, pendant cet été, nous émerveiller, louer le Seigneur et profite de cette trêve pour nous approcher vraiment du Christ, lui qui est doux et humble de cœur. Amen

Homélie du Père Joseph du XIV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-07-09T11:26:28+02:00

Homélie du Père Joseph du XIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Dans le sport, on nous répète qu’il faut être fair-play : « Il faut savoir perdre ! On ne peut toujours gagner ! » Cette expression sportive est surtout utilisée par les vainqueurs pour humilier encore les vaincus, devenus en plus « mauvais perdants », doublement humiliés : vaincus et mauvais perdants…. Nous pouvons penser au Manager du Stade Rochelais lors de la finale du Top14 emportée par le Stade Toulousain : Ce manager a osé mépriser le Stade Toulousain, même s’il s’en est excusé plus tard. C’est difficile de perdre, surtout quand notre victoire était probable et presque certaine. Quand on est sur le point de réussir, perdre fait très mal. Nous savons pourtant qu’apprendre à « savoir perdre », accepter de ne pas toujours gagner est une loi fondamentale de la nature, de la vie humaine et de la croissance spirituelle !

Dans la tradition biblique, nous rencontrons un binôme contradictoire repris plusieurs fois sous différentes modalités : « perdre et gagner », « perdre et trouver », « mourir et ressusciter ». Par exemple, Marie et Joseph perdent leur fils adolescent Jésus âgé de 12 ans, lors d’un pèlerinage à Jérusalem et le retrouvent trois jours plus tard au Temple au milieu des docteurs de la Loi. Dans la parabole du fils prodigue, le père dit : « mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ». Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous dit : « Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. »

Dans notre culture moderne, nous acceptons de moins en moins les échecs, la perte de quelque-chose auquel nous tenons, et pire encore de quelqu’un que nous aimons… Perdre son amoureuse ou son amoureux est dramatique et déprimant. La peur de perdre notre travail nous angoisse. Sans sous-estimer ces épreuves, reconnaissons que savoir perdre est décisif et indispensable dans un processus de croissance et de maturation humaine et spirituelle.

Nous ne pouvons pas toujours tout maitriser, tout contrôler toujours et partout ! Il y aura certainement quelque chose qui nous échappe dans la vie ! Dans la vie, nous ne pouvons pas tout garder ou tout conserver ! Pensons un seul instant à la possibilité de garder tout de notre vie depuis notre naissance ! Pour que nous ayons de belles dents, il faut d’abord en perdre quelques-unes pour que d’autres plus belles et plus fortes puissent pousser ! Il est naturellement impossible, mais combien bénéfique de ne pas garder nos cheveux de bébé…

En cette fin d’année pastorale par exemple, perdre un prêtre pourrait être très difficile, pour une communauté, mais peut aussi être bénéfique et stimulant car cela permet d’en accueillir un nouveau, peut-être même deux, même si nous ne savons ni quand ni comment ! Confiance !! Je pense à toutes les questions que certains se posent de voir le père René repartir dans son pays et qui se demandent s’il sera remplacé ! Je l’espère de tout mon cœur et j’y travaille aussi. Par fatigue ou après discernement, on peut aussi « perdre » certains bénévoles dans certaines équipes qui souhaitent arrêter ou changer de mission après de longues années : cette perte apparente pourrait décourager… mais cela permet de gagner de nouveaux bénévoles qui apportent des idées nouvelles, un nouvel élan missionnaire…..Nous devons continuellement perdre quelque chose pour que quelque chose de nouveau puisse naître, croître, mûrir… En fin de compte, ces pertes naturelles et progressives sont au service de la vie car elles nous rendent plus grands, plus forts et meilleurs même si chaque perte, spécialement dans le domaine relationnel a le goût amère de l’abandon et provoque des déchirements, la solitude.

Revenons à la Parole de Dieu ! Dans la Bible, le verbe « perdre » comporte une signification très riche. Dans l’évangile d’aujourd’hui, « perdre sa vie » signifie en réalité « donner sa vie », comme Jésus l’a donnée par amour pour nous, se donner soi-même. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » nous dit-il. Donner dans une pure gratuité, sans rien attendre, donner par et avec plaisir comme on dit dans notre région toulousaine. Or, donner sans calcul, sans rien attendre est un autre grand déficit de notre époque !

Nous avons de plus en plus de mal à donner sans calcul ! Notre culture souffre d’un déficit de la gratuité du don, de ce don qui n’attend pas de celui qui reçoit un minimum de scrupule de nous devoir quelque chose, de nous renvoyer l’ascenseur à une occasion donnée. Nous avons naturellement besoin de signe de reconnaissance, de gratification.

L’évangile de ce dimanche nous invite à faire le contraire, à entrer dans une nouveauté radicale, un renouveau total dans notre mode de penser pour discerner la volonté de Dieu, ce Dieu qui est Bon et qui nous appelle à être bons et parfaits comme lui, même si cela parait paradoxal humainement. Avec et grâce à Jésus, comme dit Paul dans la deuxième lecture, nous pouvons aussi grandir dans une vie radicalement nouvelle : si nous sommes dans le Christ, nous sommes des créatures nouvelles, faire mourir le vieil-homme en nous pour laisser naitre l’homme nouveau. Cela suppose que nous acceptions de perdre notre vie, de porter cette croix scandaleuse qui nous pèse et nous humilie parfois, ces épreuves qui nous font désespérer de notre capacité de repartir, de rebondir de nouveau, de sortir de nos peurs et de nos échecs.

Quand le Christ parle de la croix, il ne s’agit pas simplement de l’épreuve et de la souffrance que nous subissons. Il ne suffit pas qu’une situation soit douloureuse pour qu’elle se transforme en croix salutaire. C’est seulement quand ces épreuves ne sont pas portées de manière stoïque, mais accueillies, assumées et embrassées qu’elles deviennent occasion de grandir dans l’Amour, dans la Foi et dans l’Espérance.

Ces épreuves deviennent ainsi une présence nouvelle, celle du ressuscité qui marche à nos côtés, portant lui aussi les marques des plaies de la croix, mais vivant à jamais et victorieux du Mal. Jésus ne nous appelle pas seulement à prendre la croix ! Il dit : « celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n’est pas digne de moi ». Nos souffrances ne deviennent véritablement des croix salutaires que quand nous acceptons de les porter en suivant Jésus, c’est-à-dire de les porter dans la Foi.

L’autre nouveauté radicale de la foi chrétienne, c’est ce Dieu qui nous invite à l’aimer plus que nos parents et nos enfants, un contre-courant des lois du cœur qui nous penche naturellement à aimer nos proches, ceux avec qui nous avons des liens de sang….Cela parait paradoxal mais la foi authentiquement chrétienne, n’est-elle pas une folie, un scandale, un aller à contre-courant et au-delà de la logique purement humaine.

Seigneur, en cette fin d’année scolaire et pastorale, apprends-nous à transformer nos croix pastorales, familiales, professionnelles, physiques, celles de l’âme et du corps… en instruments de salut parce que nous les vivons dans la Foi, l’Espérance et l’Amour. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-07-01T17:47:39+02:00

Edito : Un temps pour rendre grâce !

Il y a un temps pour tout ! Le mois de juin, avant de partir en vacances est un temps qui nous permet de regarder et relire ce que nous avons vécu au cours d’une année scolaire…. Et pastorale ! Depuis quelques jours, il y a chaque soir des rencontres de bilan et relecture de tous les groupes, services et mouvements. Sur l’agenda, cela est parfois lourd de passer presque tout le mois dans les réunions ! Mais quelle source de joie ! Je rends grâce avec vous de ce que j’entends lors de ces rencontres pendant lesquelles chacun exprime sa joie de servir. Nous avons entendu des frères et des sœurs exprimer parfois la fatigue, la lourdeur de la mission, surtout pour ceux qui sont en mission sur plusieurs fronts, et qui doivent trouver un équilibre entre vie personnelle, familiale, professionnelle, associative et les engagements dans l’Eglise. Mais, rien de tout cela n’a altéré la joie véritable qui a été reçue et vécue en mission grâce aux services que nous rendons à la communauté ecclésiale, tant dans l’annonce et la célébration de la foi que dans nos engagements dans le service envers nos frères et sœurs. Le Christ nous appelle dans son Eglise, par notre baptême, à être pour lui et avec lui des prêtres, des prophètes et des rois dans le monde. Toutes nos missions dans l’Eglise se résument à cette triple mission baptismale dans laquelle nous ne sommes jamais seuls car, en nous envoyant, Jésus nous promet aussi sa présence : « Je suis avec vous tous les jours de ma vie ! ».

Je vous invite donc, à l’instar de tous ces groupes, services et mouvements, en cette fin d’année scolaire, à prendre un peu de temps pour faire le point sur votre propre vie personnelle, professionnelle, familiale pour faire une relecture. Cet exercice est toujours bénéfique parce qu’il nous permet de voir le Seigneur à l’œuvre malgré les vicissitudes de notre vie. Ce sera l’occasion de l’action de grâce, de dire « merci » au Seigneur pour tout le beau, le bien, le merveilleux qu’il nous a permis de vivre et de faire. C’est aussi l’occasion de reconnaitre que nous n’avons pas toujours été à la hauteur, occasion de lui demander « pardon » et lui adresser nos « s’il te plait » en toute confiance, comme de tout-petits qui reconnaissent avoir besoin de Lui pour avancer, pour repartir de bon pied à la rentrée.

Cet été, nous voyons repartir le père René Kouamé dans son pays ! Il vient de passer six ans en France comme prêtre fidei domun, c’est-à-dire des prêtres qui viennent pour une entraide entre deux diocèses pour un contrat de trois ans renouvelables. Sur les six années de présence dans le diocèse, le père René a passé cinq ans au service de notre ensemble paroissial, résidant au presbytère de Lardenne. Nous nous réjouissons de sa présence et de tout ce que Dieu a semé en nous et avec nous, grâce à son ministère. Prions pour lui afin que son ministère soit fécond et heureux dans son diocèse, en Côte d’Ivoire.

Sera-t-il remplacé ? Certainement ! Dans tous les cas, notre ensemble paroissial a besoin d’une présence sacerdotale d’au moins trois prêtres ! Notre archevêque le sait et il essaye de trouver une solution. Mais, comme vous les savez, les prêtres deviennent une denrée rare ! Je rends grâce pour vous tous fidèles qui portez la mission dans l’Eglise grâce à votre générosité dans les différents engagements. Nous avons besoin de vous ! Oui, nous avons besoin de vous et de votre aide ! Mais priez aussi pour que nous ayons de nombreux et saints prêtres qui soient donnés pour le service dans l’Eglise et dans le monde. Il est possible que le remplaçant du père René ne soit pas là dès la rentrée de septembre ! Mais patience ! Pas de panique ! Il y en aura au moins un qui nous sera envoyé mais nous ne savons pas quand il sera là. Ainsi, pensez que si un vicaire supplémentaire ne vient pas dès septembre, il nous faudra nous adapter et réorganiser notre fonctionnement, en particulier les horaires des messes pour un temps qui, j’espère, restera très limité.

A partir du 1er septembre, je serai totalement au service de l’ensemble paroissial comme curé. Après 9 années comme vicaire épiscopal, membre du conseil épiscopal et responsable d’un service diocésain, il est temps de rendre grâce pour ce que j’ai vécu dans ces responsabilités diocésaines qui m’ont permis de connaître, servir et aimer l’Eglise diocésaine. Je remercie Mgr Robert Le Gall et Mgr Guy de Kerimel pour leur confiance et leur soutient dans l’accomplissement de ces missions. Parfois je me suis senti écartelé entre les responsabilités diocésaines et ma charge curiale en paroisse. Je suis donc soulagé et très heureux de pouvoir me consacrer à plein temps pour la vie paroissiale comme curé, avec une bonne charge mentale en moins et plus de temps à consacrer à la vie paroissiale dans mon agenda.

Cet été, vous allez croiser des prêtres venus nous aider. Ce sera tantôt le père Etienne qui reste juillet et aout, tantôt le père Théodore en juillet ou père Alphonse en août. Ils viennent nous aider pour pallier l’absence du père Josselin qui prend un peu des vacances et accompagne nos jeunes aux JMJ à Lisbonne et l’absence du père René qui prépare son retour. Je sais que je peux compter sur vous pour un accueil chaleureux de ces trois prêtres de passage parmi nous. N’hésitez pas à m’inviter avec eux ou à les inviter seuls pour faire connaissance. Ces rencontres plus familiales, plus détendues et conviviales sont toujours une source de grande joie !

En concluant, je vous redis encore toute ma joie d’être en mission et au service de l’Eglise avec vous. Nous avons besoin de vous ! Sachez que l’Eglise a besoin de vous pour être plus vivante. Moi aussi, votre curé, j’ai besoin de vous ! N’hésitez pas à mettre vos talents et charismes au service de notre communauté paroissiale. « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ! » Passez des vacances belles et reposantes, en vous ressourçant pour être en pleine forme à la rentrée. Bel été !

Edito : Un temps pour rendre grâce !2023-08-23T18:57:34+02:00

Homélie du Père Etienne du XII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Nous venons à l’Eucharistie pour connaître Dieu et nous connaître nous même à la lumière de Dieu. Aujourd’hui Dieu se montre comme un Père plein d’amour pour ses enfants persécutés. Son amour infini va jusqu’au détail même de nos cheveux. Il connaît nos besoins, nos soucis et nos espoirs, nos joies et nos peines, nos angoisses et nos aspirations. Au-delà des désolations du monde il nous réserve toujours une consolation.

Le monde dans lequel nous vivons nous présente une page sombre de la vie. Partout on pleure, partout on meurt. L’homme vit dans une persécution quotidienne. Notre monde a horreur de la vérité. Il veut plonger tout le monde dans la peur et nous rendre témoin et complice de son mensonge. Comment garder sa joie et sa foi dans un monde qui nous fait peur ? Comment devenir témoin de la vérité du Christ dans ce monde qui nous fait peur ? À l’époque de l’empereur Nerva Trajan, être chrétien était un crime: nomen crimen. Aujourd’hui être chrétien est devenu un motif de persécution. Il existe en France une Association internationale de l’Aide à l’Eglise en détresse: AED. Elle contribue à la formation des prêtres et religieux, à envoyer en mission là où l’Eglise est en détresse. Pourquoi est-elle en détresse ? Parce que les chrétiens y sont persécutés par le simple motif qu’ils confessent le nom de Jésus Christ. Plus de 360 millions de chrétiens ont été « fortement persécutés et discriminés » en raison de leur foi dans le monde en 2022.

Le Seigneur nous dit, j’ai fait de toi la lumière des nations pour que mon salut soit porté jusqu’au bout du monde. Le monde ne supporte pas la vérité, nos amis aiment qu’on les flattent. Or notre mission est de dire la vérité aux hommes. Hier nous avons célébré la naissance de Jean Baptiste. Nous savons comment il fini sa vie, décapité pour la vérité. Aujourd’hui, Jérémie est persécuté par ses amis parce qu’il prévient ses frères sur le malheur qui les attend s’ils ne se convertissent pas. Depuis longtemps les hommes ne supportent pas qu’on leur disent qu’ils ont tort ou qu’ils sont en égarement. Et pourtant notre mission est d’être la lumière du monde. Aujourd’hui comme hier, l’annonce de la parole de Dieu n’est pas tâche facile.

Mais au-delà de cette persécution, nous devons garder confiance en Dieu. Nous devons mettre notre confiance en celui qui nous a appelé des ténèbres à son admirable lumière. La confiance, c’est l’espérance théologale tout imprégnée d’amour; l’abandon à Dieu, c’est la confiance qui a créé une attitude d’âme. L’amour parfait est caractérisé par cette confiance qui nous aide à fixer l’invisible lumière qui se dérobe à notre foi, à croire que Jésus est toujours là même quand tout devient sombre autour de nous. La confiance ouvre la porte de la miséricorde divine. L’espérance nous sauve : spe salvi.

Dans ce combat de la vallée des larmes, Dieu ne nous abandonne jamais. Il est toujours avec nous. Il nous rassure, il nous console. Il nous dit toujours n’ayez pas peur. N’ayez pas peur parce que je suis là. N’ayez pas peur parce j’ai vaincu le monde. N’ayez pas pas peur parce ce combat n’est pas le vôtre, c’est le combat du Seigneur. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persecute ; réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse car vos noms sont inscrits dans le Royaume de Dieu.

Chers frères et soeurs, le grand démon contre lequel nous devons lutter c’est la PEUR. Une maxime des Bashi dit: ENAMA ERHAHA MOBA. C’est-à-dire, quand on a peur on ne peut rien faire. Luttons vigoureusement contre le découragement, contre la déception, ayons un goût du risque. Never give up. Qui ne risque rien n’a rien. Soyons comme le petit oiseau dans l’hiver, il supporte le froid avec ferme confiance que le soleil est là et il ne bouge bas. L’hiver passera, et il verra le soleil. Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil finit par apparaître.


Père Etienne

Homélie du Père Etienne du XII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-06-29T21:37:50+02:00

Homélie du Père Joseph du XII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Nous nous souvenons tous encore de ce grand cri, comme une très forte invitation, lancée par celui qui n’était encore qu’un pape depuis quelques jours, et que nous vénérons aujourd’hui comme saint, le saint pape Jean-Paul II au début de son pontificat. Il lança alors : « N’ayez pas peur ! ». Le monde entier fut surpris par cette exhortation inattendue qui suffit à elle seule pour marquer et manifester la vigoureuse personnalité du tout nouveau pape : un homme déjà éprouvé par la vie, par des expériences très dures dans sa vie et histoire personnelles, dans son pays natal, la Pologne qui a tant souffert des guerres et totalitarisme, comme le communisme….

Pendant tout son pontificat, saint Jean-Paul II n’a pas été épargné par des épreuves. On pense en particulier à cet attentat dont il fut miraculeusement sauvé, et miracle que beaucoup attribuent à la prière de la sainte Vierge Marie. Saint Jean Paul II a aussi été éprouvé par des turbulences internes au sein même de l’Eglise et par cette maladie qu’il a enduré courageusement jusqu’à la mort… Dans tout cela, il a été un grand témoin de courage, d’optimisme et de confiance.

Alors, quand il dit « N’ayez pas peur ! », ces paroles ne sont pas une simple formule, un petit refrain de campagne électorale. Il s’agit du cri d’un cœur qui croit profondément. Quand le tout nouveau pape Jean-Paul II lance cet appel à toute l’Eglise et au monde entier, il ne fait que reprendre les paroles de Jésus dont il venait d’être élu Vicaire sur la Terre. Dans l’évangile de ce XII° dimanche, par trois fois, le Seigneur nous invite à ne pas avoir peur : « Ne craignez pas les hommes », « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme », « Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux ».

Cette invitation est d’actualité aujourd’hui encore ! Sans chercher quelles étaient les raisons historiques qui avaient poussé le pape à lancer cet appel, nous pouvons voir comment, par rapport à la situation du monde à cette époque, il y a presque 50 ans, l’actualité du monde d’aujourd’hui alimente nos peurs et fait de nous de grands pessimistes. On nous parle de choc de culture ! Le terrorisme peut arriver partout dans le monde. La guerre entre la Russie et l’Ukraine, les tensions entre les puissances, la menace nucléaire et toutes les autres questions sociétales, personnelles, ecclésiales qui peuvent nous inquiéter.

Les injustices de toute sorte nous révoltent, les guerres civiles et économiques, la destruction de la planète, la crise écologique, la crise migratoire, l’arrivée de tous les migrants fuyant guerre et misère de toute sorte, et notre Mer Méditerranée que le pape François comparait à un grand cimetière qui engloutit des centaines de morts chaque semaine… Récemment encore, un bâteau avec des centaines de personnes s’est échoué dans la méditerranée sans aucun secours ! Et avant-hier, quels moyens mis en œuvre pour aller sauver le petit sous-marin, le Titan, avec ses deux touristes de luxe qui allait visiter l’épave du Titanic… Il y a aussi l’incertitude pour l’avenir, la méfiance vis-à-vis des politiques, la crise dans l’Eglise…

Une analyse très attentive de tous ces éléments prouverait que nos peurs parfois sont infondées ! Pourquoi ? Parce que ces peurs sont souvent causées par un bombardement médiatique et un cumul d’informations que nous avons de manière instantanée, en direct… et surtout parce que les médias ont pris désormais l’option de ne donner que les mauvaises nouvelles. Je vous mets au défi de me donner une ou deux bonnes nouvelles données au journal de 20h00 d’hier… Il y a 50 ans encore, les problèmes étaient certainement différents, mais non moins graves que ceux que nous vivons actuellement. La différence réside dans le fait qu’avant nous n’étions pas au courant de tout ce qui se passait dans le monde, et tous les problèmes n’étaient pas condensés et répétés à longueur de journée sur tous les médias et réseaux sociaux pour nous déprimer…. Alors, ne me dites pas, comme de vieux nostalgiques, que tout allait bien dans le passé ! Pensez aux guerres, attentats, maladies et calamités… et autres problèmes que les plus anciens parmi nous ont vécus le siècle dernier et dont nous faisons mémoire chaque année…

Dans ce contexte, se lamenter seulement est stérile. Une attitude responsable devant les problèmes du monde devrait être l’engagement de la part de chacun de nous pour les résoudre.  Pleurer et se lamenter sans s’engager ne sert à rien. Comme le saint pape Jean Paul II qui s’est beaucoup engager pour lutter contre les structures et systèmes du mal, nous aussi, nous devons nous engager. Après cet appel à ne pas avoir peur, le saint pape Jean-Paul II ajouta « Ouvrez largement les portes aux Christ ». Le pape était convaincu que si les hommes et les femmes mettent en pratique les exemples et les enseignements du Christ et essaient de vivre chaque jour de l’Evangile, beaucoup des problèmes qui nous font peur pourraient disparaitre.

Parmi les risques et les terribles situations dont nous nous inquiétons aujourd’hui, la majeure partie n’incluent pas le danger dont parle l’Evangile d’aujourd’hui : l’unique vrai danger d’une vie qui est destinée à finir… avec l’avènement de la mort. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme, craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. » Oh la la, c’est horrible ! diront certains. Jésus nous parle de l’enfer, de la Géhenne…

Aujourd’hui, parler de l’Enfer suscite des sourires moqueurs et des critiques, même au sein de l’Eglise… Dans le passé, cela invitait à réfléchir au sens de notre vie et aux choix que nous posons aujourd’hui. On peut mourir dans un accident de route par malheur, non pas parce qu’on est en faute… car nous pouvons, par malheur, croiser sur notre route un chauffard ivre et drogué… Mais, personne de nous ne pourra aller en enfer par malheur, par simple punition de Dieu.

L’avertissement du Christ aujourd’hui est basique pour tout chrétien qui a conscience que notre vie ne finit pas ici-bas, mais que c’est ici-bas que nous devons nous préparer à la vie éternelle en usant de notre liberté, faire le saut de la foi, de la confiance en Dieu qui nous sauve et nous appelle à partager sa vie en plénitude. Dieu ne nous obligera jamais à aller au ciel, mais Dieu veut que chacun de nous, déjà ici-bas, use pleinement de sa liberté en saisissant sa main tendue… Dieu nous sauve par amour, mais il ne peut nous sauver contre notre volonté. Le salut, un don généreux et gratuit de Dieu mais qui suppose d’être accueilli dans la Foi.

Cependant attention ! Etre chrétien en négligeant la vie présente parce que seule compte la vie après la mort serait une grande erreur. Un chrétien qui ne s’intéresse pas au monde présent se trompe terriblement ! La vie éternelle, notre vie future dépend du présent. Elle dépend de comment nous vivons aujourd’hui. D’où l’engagement des chrétiens pour changer notre monde, construire aujourd’hui le royaume de Dieu, faire tout ce qui est dans nos possibilités pour que notre monde soit plus juste, plus sûr, plus solidaire, plus fraternel….C’est seulement dans cette perspective que nous pouvons préparer la vie éternelle pour nous-mêmes et pour les autres. Seigneur, apprends-nous à désirer la vie éternelle et la rechercher dès ici-bas. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-06-24T16:05:01+02:00

Homélie du Père Joseph du XI° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Le publicain Lévi, qui était collecteur d’impôts pour les Romains est devenu l’apôtre et l’évangéliste saint Matthieu. Un jour, il a rencontré Jésus ! Il a vu dans son regard la possibilité d’une vie nouvelle, une vie différente et libre. La miséricorde de Jésus l’a converti : il a vu cette miséricorde au fond du regard de Jésus qui l’a appelé à quitter sa table de bureau pour le suivre ! Il ne s’attendait pas à ce que Jésus puisse appeler un pécheur public comme lui. Il a découvert que Jésus l’aimait d’un amour infini. Mais trente années sont passées depuis leur première rencontre. Saint Matthieu, avec beaucoup d’émotion, s’est résolu à témoigner par écrit à la communauté chrétienne des juifs convertis de sa propre expérience avec le Christ.

Matthieu n’est pas le seul à avoir fait cette expérience. Il nous raconte que Jésus avait le regard identique sur chaque humain, sur la foule entière. Dieu éprouve pour toute humanité un amour sans limite. Saint Matthieu nous dit que ce jour-là : Jésus fut saisi de compassion envers les foules parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Jésus a de la pitié et de la compassion envers nous parce qu’il nous connaît. Il voit toute l’angoisse et les soucis que nous portons dans nos cœurs, notre besoin infini de donner sens à notre vie, la soif de bonheur enfoui dans nos cœurs. Jésus sait que nous avons du mal à trouver ou donner une réponse à nos inquiétudes les plus profondes. Il sait que nous sommes prêts à vendre notre âme pour être aimé, pour l’amour vrai et le bonheur. C’est cela qui rend semblables et égaux les humains, tout humain, de tout temps et de tout lieu. Mais Jésus voit bien que nous sommes perdus, abattus comme des brebis sans berger, parce que nous n’avons pas toujours les réponses par nous-mêmes !

Toute cette semaine, j’ai entendu parler de l’intelligence artificielle comme si c’était elle qui allait être notre salut, la solution à tous nos problèmes ! Quelle illusion ! C’est signe que nous sommes perdus voulant nous sauver par nous-même ! Nous n’y arrivons pas, et cela accentue notre angoisse existentielle. Du coup le bonheur nous est vendu à très cher prix par le système ! Perdus et désespérés, nous finissons par croire à l’idée séduisante que le bonheur peut s’acheter. Nous comblons alors notre soif de bonheur par tout un tas de choses superficielles et sans consistance. Et Jésus voit en cela que nous sommes perdus.

Qui sait ? Peut-être que Dieu regrette de nous avoir créés libres et raisonnables ! Ce que nous vivons n’était pas son projet initial à Dieu, quand il nous a créés libres ! La liberté est un don compliqué à gérer, une force qui nous dépasse parfois. Elle nous conduit à suivre volontiers l’enchanteur du moment, l’influenceur des réseaux sociaux dont les catéchèses ont remplacé l’Evangile pour beaucoup de gens. C’est la preuve que nous sommes perdus, comme des brebis sans berger ! Alors Jésus a pitié de nous parce qu’il veut notre bonheur.

Pour nous libérer, nous aurions voulu que Jésus se propose lui-même comme solution, lui qui est le Vrai Berger. Mais non ! Pris de compassion, Jésus invente l’Eglise. Comme c’est difficile de parler de l’Eglise aujourd’hui, surtout dans notre pays. Beaucoup parmi nous ont une expérience ecclésiale pauvre, contradictoire et parfois douloureuse. Vous vous êtes déjà confrontés à une Eglise parfois incohérente et sévère. Et pourtant, l’Eglise est la réponse que donne Jésus aujourd’hui : des compagnons de route envoyés ensemble, dans une recherche commune, regardant dans la même direction, des disciples capables ensemble de chercher la plénitude et le sens à la vie.

Je sais qu’il n’est pas toujours facile de comprendre et d’aimer l’Eglise, parfois fragilité, blessée et blessante à cause de trop de contre-témoignages, trop de chrétiens qui vivent sans un minimum d’humanité, trop d’incohérences, d’erreurs passées, récentes (désolé de vous décevoir, futures aussi !!!) pour ne pas être méfiants quand on nous parle de l’Eglise. Et pourtant, Jésus la choisit à travers ces douze apôtres pour commencer à construire le Règne, douze qui sont d’abord avec lui et qui nous conduisent à lui qui est notre Bonheur. La mission de l’Eglise est de conduire au Christ. Aucun Manager n’aurait osé faire ce que Jésus fait : mettre ensemble douze personnes aussi radicalement différentes pour réaliser un projet aussi ambitieux. Parmi eux, il y a des pêcheurs, des gens concrets et pragmatiques habitués à la dureté de la vie ; des intellectuels comme Matthieu ou Jean ; des traditionnalistes comme Jacques, des pécheurs publics et notoires comme ces publicains, des extrémistes partisans de la libération violente come Simon le Zélote, prêts à partir en guerre contre les romains.

Tout Israël est représenté dans ce groupe, l’entière humanité figure dans la diversité des douze. L’Eglise est la communauté des disciples, différents entre eux mais unis dans leur désir commun d’aimer Jésus et appelés ensemble à annoncer l’Evangile avec simplicité et vérité. A notre humanité blessée, fragile et perdue qui a besoin de guide et de Berger, Jésus propose une partie d’humanité, tout aussi fragile et blessée, mais transfigurée par l’Amour qu’est l’Eglise.

La mission des Douze est déconcertante. Ils doivent s’adresser d’abord aux brebis perdues d’Israël. L’invitation actuelle et urgente. L’Eglise a besoin de témoins qui la conduisent au Père ! Les premiers destinataires de l’annonce de l’Evangile sont d’abord les chrétiens. Nous sommes parfois trop catholiques, tellement convaincus d’être de bons cathos que nous avons du mal à être des vrais disciples, tellement convaincus que nous sommes devenus incapables d’écouter l’Evangile, trop enfermés dans un christianisme socio-culturel et refusant la rencontre véritable avec Jésus. Trop des chrétiens qui visitent les églises au cours des voyages et vacances, mais qui ne savent rien sur l’évangile, qui ne connaissent aucune parabole, ont du mal à aller à la messe ! Nous célébrons les fêtes chrétiennes (Noël, la Toussaint…) tout en oubliant le Christ qui est célébré dans ces fêtes ! C’est à nous que l’Eglise est envoyé pour recevoir, encore et encore la bonne nouvelle d’un Dieu proche et concret qui nous appelle au bonheur parce qu’il voit que nous sommes perdus. Les premiers destinataires d’Evangile ne sont pas en dehors de l’Eglise. Il s’agit de nous qui sommes là, appelés à devenir sel de la terre et lumière du monde, comme disait l’évangile de mardi dernier : « De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »

J’aime l’Eglise… même si elle n’est pas parfaite parce qu’elle est ce rêve de Dieu que nous sommes appelés à vivre et à réaliser ensemble. Il ne s’agit pas de cette Eglise caricaturée par Mediapart, tel journal et réseaux sociaux ! Il s’agit de la communauté des gens pardonnés qui se reconnaissent fils et filles de Dieu, et donc frères et sœurs ! Il ne s’agit pas de ces gens parfaits qui deviennent insupportables, mais de gens différents comme les Douze apôtres, qui cherchent cependant tous à suivre Jésus. Des compagnons de route, des gens ordinaires, inconstants, imparfaits, qui doutent, comme vous et moi mais qui cheminent en prenant soin les uns des autres et qui rendent présent le Bon Berger par leurs gestes et leurs paroles qu’ils recherchent continuellement à réformer et convertir. Puisse cette eucharistie nous aider à cheminer ensemble, à faire ensemble Eglise, conduits par le Christ et au service de notre monde, à la suite des douze apôtres. Amen.

Homélie du Père Joseph du XI° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-06-18T09:34:40+02:00

Homélie du Père Joseph du Saint Sacrement, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs

Après la fête de la Sainte Trinité, nous contemplons un autre mystère tellement grand, mais tellement familier à tel point que nous risquons de le sous-estimer ! Toute chose que nous vivons au quotidien, qui devient familier court le danger de devenir banal. Parce que nous le vivons chaque dimanche, ou même chaque jour (parce qu’il y a des gens qui vont à la messe même chaque jour !), nous courons le risque de banaliser la messe et tout ce que nous y vivons. Prions pour que le Saint Esprit nous aide à comprendre et accueillir le mystère que nous célébrons dans chaque messe : la présence réelle du Christ de l’eucharistie, c’est-à-dire celle du pain et du vin consacré. C’est cette réalité extraordinaire que nous célébrons dans chaque messe, un repas répété avec fidélité au Christ qui a dit, lors de la Dernière Cène, la première eucharistie : « Ceci est mon corps livré pour vous, ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude : faites-ceci en mémoire de moi ».

Malheureusement, cet acte répété souvent risque de devenir banal, trop familier, posé par pure habitude et perdre sa saveur et sa profondeur. Prions et faisons attention pour que l’eucharistie ne devienne jamais pour nous, pour notre communauté un geste mécanique, routinier et banal. La messe est toujours cette rencontre joyeuse avec ce Jésus, Fils de Dieu, qui se donne, de manière spéciale mais réelle dans le Pain et le Vin qui, après la consécration, deviennent « réellement corps et sang du Christ ». C’est l’extraordinaire miracle de la messe ! Dans l’eucharistie, c’est Jésus lui-même qui se rend présent et se donne à nous dans le pain rompu et le vin consacrés par un prêtre. C’est parce que Jésus est réellement présent au moment de la consécration que l’Eglise invite les fidèles à se mettre à genoux, dans la mesure du possible.

Le Concile Vatican II rappelle que l’eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne. Notre vie chrétienne, reçue dans le baptême, puise sa force et sa vitalité dans l’eucharistie. C’est cette force vitale qui soutient notre vie dans le monde pour rendre témoignage du Christ vivant en nous et faire ainsi de nouveaux disciples qui viennent se nourrir et s’abreuver à la même source. L’eucharistie, la modalité par excellence où Jésus se donne à nous au quotidien. Si tel est le cas, je me suis toujours demandé pourquoi les fidèles ne participent pas massivement aux messes ! Parmi les excuses ou les raisons, j’entends des gens qui trouvent que les messes sont ennuyeuses ! (les enfants), que les assemblées ne sont pas toujours sympathiques et accueillantes ( les étrangers, les jeunes parents qui ont des enfants qui courent partout et qui se font regarder de travers par quelques mamies qui n’aiment pas des bruits d’enfants à la messe), que les homélies sont trop longues et pas toujours de bonne qualité, (je pense aux intellos qui critiquent tout le temps les homélies des prêtres ! Ce serait intéressant de faire les homélies à tour de rôle pour que chacun de vous se mette un peu à notre place !), que les chants ne sont pas assez joyeux, (Dieu merci nous avons la chance d’avoir Lèv aujourd’hui et des bons animateurs et musiciens dans nos paroisses le dimanche !) ou d’autres raisons telles que le repos dominical après une semaine chargée et stressante….

Toutes ces excuses sont compréhensibles, mais insuffisantes par rapport à ce qui se joue à la messe qui est le lieu où Jésus lui-même se donne, indépendamment des chants, de l’assemblée, de l’homélie, de l’accueil des assemblées habituelles…. Pour me faire l’avocat de ceux qui ne viennent pas pour ces raisons évoquées, rappelons-nous toujours que c’est parce que ce qui se joue à la messe est tellement important qu’il nous faut soigner, préparer, célébrer avec joie, par la beauté de nos chants et nos gestes. Notre participation active doit être à la hauteur de Dieu qui se donne dans la messe…

Au désert, le peuple Hébreu qui mourrait de famine avait été nourri avec la manne et la caille tombé. Quand le peuple mourrait de soif, il a été abreuvé par l’eau de Massa et Mériba ! Cela manifestait la présence de Dieu qui prend soin de son peuple. Nous sommes le peuple de la Nouvelle Alliance nourri par le corps du Christ et abreuvé par son sang. La vraie nourriture qu’est la chair du Christ, la vraie boisson qu’est le sang du Christ nous nourrissent et nous abreuvent pour avancer, grandir en vue de la fécondité de la vie chrétienne en nous. Rappelons-nous toujours qu’un chrétien qui ne se nourrit pas de l’eucharistie court le risque de voir mourir sa vie baptismale. De même qu’un corps qui ne se nourrit pas risque de mourir, de même, une âme chrétienne qui n’est pas nourrie par l’eucharistie risque de dépérir.

Il m’arrive très souvent de rencontrer des fiancés venus demander le mariage à l’église, des parents qui demandent le baptême pour leur enfant dire : « j’ai la foi, mais je n’ai pas besoin ou je ne sens pas le besoin d’aller à la messe ! ». C’est là que je pense à l’anorexie spirituelle : la personne malade d’anorexie ne sent pas le besoin de manger ayant perdu toute envie de manger… Son corps privé de nourriture est amaigri et dépérit petit à petit, mais la personne ne s’en rend pas compte.… Il suffit alors de manger un peu pour avoir encore un peu de force et de vigueur. De même, sans s’en rendre compte, des chrétiens baptisés sont devenus des « anorexiques spirituels » parce qu’ils ont perdu l’envie et le besoin de participer à l’eucharistie, se privant ainsi de ce qui ressource et requinque la vie chrétienne.

Dans la deuxième lecture, saint Paul s’adresse à une communauté secouée par les divisions à cause des personnalités fortes et de leurs conditions sociales très différentes, exactement comme notre communauté paroissiale. Saint Paul leur rappelle que l’eucharistie fonde et cimente la communion et l’unité entre eux malgré leurs différences. Aujourd’hui encore, dans certaines communautés, groupes, services … les membres sont divisés à cause de leurs fortes personnalités, leur responsabilité, les petites jalousies et querelles de pouvoir, les appartenances politiques… ! Tout cela n’a plus de place quand nous célébrons l’eucharistie parce que c’est Jésus qui nous réunit. Nous communions à son corps pour être en communion entre nous. L’eucharistie appelle et construit l’unité, invite à remettre le Christ au centre de notre vie communautaire. L’Eglise n’est pas un club de gens parfaits et intelligents…mais une communauté de gens différents appelés et réunis autour du Christ, et qui sont nourris par le même pain et abreuvés à la même coupe. L’eucharistie devient ainsi le catalyseur de notre unité et de notre communion, malgré nos différences réelles.

C’est le sens de la fête du Corps et du Sang du Christ. La question n’est pas la langue, la formulation, le rite, de forme liturgiquemais la foi. C’est vrai qu’il serait mille fois mieux si nos assemblées étaient plus accueillantes, plus joyeuses, nos chants plus beaux, nos églises propres, nos homélies brillantes.… Mais, ne nous faisons pas d’illusions ! Beaucoup ne viennent pas à la messe surtout parce qu’il leur manque la grâce de la foi que c’est Jésus lui-même qui est réellement présent et qui se donne à nous dans le pain et le vin consacrés. Que cette eucharistie nous obtienne la grâce de la fraîcheur de foi et d’une passion amoureuse pour l’eucharistie. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du Saint Sacrement, année A (2023)2023-06-09T21:46:52+02:00

Homélie du Père Joseph de la Sainte Trinité, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Après la Pentecôte, nous célébrons la solennité de la sainte Trinité. Celle-ci, avec l’Incarnation de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, constituent les deux mystères centraux de la foi chrétienne. La Trinité n’est pas une doctrine abstraite et éloignée de la vie. C’est un mystère qui nous rappelle que le Dieu chrétien n’est pas un dieu-spray, un Dieu qui s’évapore, mais bien au contraire, il s’agit d’un Dieu bien concret qui s’appelle Amour. Il ne s’agit pas de l’amour sentimental, émotif, mais de l’Amour du Père qui est à la Source de toute vie, l’Amour du Fils mort et ressuscité, l’Amour du Saint Esprit qui renouvelle nos vies. Ce Dieu Unique qui nous appelle à entrer dans cet Amour infini pour en témoigner autour de nous.

L’expression « Trinité » ne se trouve nulle part dans la Bible. Sa réalité existe pourtant dans la Bible. Nous croyons en un seul Dieu en trois Personnes. C’est le monothéisme trinitaire, propre aux chrétiens : le Père, le Fils et le Saint Esprit. Ce n’est pas une invention du prêtre, du pape, d’un théologien ni de l’Eglise.  C’est un mystère révélé par Dieu lui-même. Par l’incarnation de Jésus, Dieu nous parle de lui de manière compréhensible, concrète, en utilisant nos paroles, notre langage qui nous sont parvenus à travers l’Evangile.

Jésus a dit de lui-même qu’il est non seulement le Fils de Dieu, mais qu’il est Dieu lui-même. Il le montre par ses enseignements, ses paroles, ses signes, les miracles et prodiges, par le pardon des péchés, en ressuscitant les morts jusqu’à sa propre résurrection après sa mort sur la croix. Tout cela se fait au nom du Père et dans l’Esprit. L’évangile nous dit même que c’est la revendication de sa propre divinité qui a été le motif principal de la condamnation à mort de Jésus : « toi qui n’es qu’un homme, tu te fais l’égal de Dieu » (Jn10, 33). Jésus nous a parlé de Dieu Père, qui est le principe de tout. Il nous a parlé d’une troisième Personne divine, le saint Esprit, envoyé d’auprès du Père. La personne du saint Esprit sanctifie et conduit l’Eglise et chaque baptisé.

C’est la foi de notre baptême, un mystère que nous accueillons par et dans la foi, loin des spéculations théologiques et philosophiques. Il reste cependant une grande question : S’ils sont trois personnes, comment font-ils pour être un seul Dieu ? D’abord, nous devons croire que Dieu est unique, un seul parce qu’il est une unité profonde : « Ces trois personnes sont un seul Dieu et non trois dieux, puisque ces trois sont Un seul Dieu, c’est-à-dire une seule substance, une seule essence, une seule nature, une seule divinité. Par cette unité, le Père est tout dans le Fils, tout dans le Saint Esprit ; le Fils est tout dans le Père, tout dans le Saint Esprit ; et le saint Esprit est tout dans le Père et tout dans le Fils, comme nous enseigne l’Eglise à travers les différents conciles. »

Mais comment font-ils pour être un seul Dieu ? Dieu dépasse infiniment nos représentations et catégories spatio-temporelles. Dieu Trinité est un être relationnel, doté d’intelligence, de volonté et capable d’aimer, donc, de se donner et accueillir totalement l’autre, de vivre pour l’autre. Dieu est Amour. Dans la Trinité, chaque personne divine vit pour l’autre, elles s’aiment tellement au point d’être une seule substance, et c’est cela le grand calcul mathématique pour la trinité. Il ne s’agit pas d’ajout, d’addition qui ferait trois dieux mais bien de multiplication d’un qui fait toujours un : Un multiplié par un multiplié par un fait un !

Dans son essence, le Dieu chrétien est l’Amour qui se donne et se reçoit. Le Père est le Don infini, le Fils se reçoit totalement du Père et se donne à lui. Ce mouvement se réalise par le Saint Esprit qui se reçoit du Père et du Fils, et en même temps se donne à son tour. Quelqu’un disait que la relation trinitaire, par analogie dans le mariage est : l’Amant, l’Aimé et l’Amour. Chacun des époux est l’amant qui se donne à l’autre, l’aimé qui se reçoit de l’autre et c’est l’Amour qui facilite ce don de soi et cette réception de soi de l’autre. L’amour humain devrait être une analogie de l’amour trinitaire.

L’amour vrai comporte toujours une distinction et une communion de personnes, dans une réciprocité de don et d’accueil. Saint Augustin dit que « quand tu vois le vrai amour, tu vois la Trinité sainte ».  Les trois Personnes Divines sont distinctes, sans changement, sans fusion ni confusion. Aujourd’hui, se repend l’idée que quand on est fusionnel on est plus amoureux, comme me le disent les fiancés qui affirment, pour manifester la solidité de leur amour : « entre nous, c’est la fusion ! Notre amour est vraiment fusionnel ! ». Or, dans une fusion, il a disparition, il y a confusion.  Il y a même le risque que cela se fasse au détriment de l’autre ! Vous êtes tellement fusionnels que votre identité s’est dissolue, a disparu.

Le livre de la Genèse dit que Dieu nous crée à son image et sa ressemblance. C’est-à-dire, pas dans la solitude, mais dans la relation et la communion. Si tel est le visage de Dieu, quelles en sont les conséquences existentielles dans mon quotidien ? Si Dieu est communion, c’est en lui que nous avons été baptisés, ce la veut que nous sommes appelés à vivre en communion avec lui et avec les autres.

Cela veut dire que l’individualisme et la solitude sont insupportables parce qu’inconcevables dans une logique de communion et de relation. Beaucoup d’humains se jouent leur vie comme un jeu solitaire, coupés de Dieu et des autres ! Résultat, ils n’arrivent jamais à la plénitude de la vie parce que l’être humain est fait pour être en relation avec Dieu et avec les autres.  Jean-Paul Sartres dit que l’Enfer c’est les autres, Jésus nous dit au contraire que notre bonheur est dans la relation, dans communion, dans le don de soi aux autres, dans la réception de l’amour qui nous est donné par Dieu et par ceux qui nous entourent. L’être humain se construit dans sa capacité à se laisser aimer par Dieu et à donner de l’amour autour de soi.

La fête de la Sainte Trinité rappelle que Dieu a un rêve pour nous, pour la famille humaine et ecclésiale : nous garder dans sa communion et voir cette communion se déployer et grandir entre nous sur la terre. L’Eglise, Corps du Christ et familles des enfants de Dieu se bâtit et se reçoit de la communion trinitaire. Notre bonheur se trouve dans notre capacité à se laisser aimer par Dieu pour se donner aux autres, pour témoigner de cet Amour autour de nous et entre nous. Cela se fait grâce à l’œuvre du saint Esprit. Demandons à l’Esprit saint de nous façonner à l’image de Dieu, nous plonger dans la communion bienheureuse du Père et du Fils. Nous sommes le temple et la demeure de la Sainte Trinité par le baptême ! Que cette eucharistie conforme notre vie à ce Dieu d’Amour qui nous unit et nous rassemble dans cette même foi dans laquelle nous avons été baptisés au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit. Amen.

Homélie du Père Joseph de la Sainte Trinité, année A (2023)2023-06-02T21:37:10+02:00

Edito : Ensemble, témoins du Christ.

Par le Père René Kouamé

Apres sept années pastorales passées dans le diocèse de Toulouse (2016-23), où j’ai découvert plusieurs réalités et diverses formes de transmission de l’évangile, en obéissance à l’esprit de Pentecôte et à l’Église, il me faut « aller dans d’autres territoires pour témoigner ». En effet, depuis le souffle de la Pentecôte, rien n’est jamais figé dans l’Église de Dieu, ni suspendu pour longtemps. Le temps de nous faire nos adieux est donc arrivé. Ces années passées dans l’ensemble paroissial Cazères-Carbonne, à la Cathédrale saint Etienne et dans l’ensemble paroissial de Tournefeuille ont été pour moi des moments d’observation, d’études et j’espère de témoignage de la joie baptismale. J’ai essayé avec mes faiblesses et lacunes d’être au service de tous et de l’Eglise selon mes possibilités. Au cours de cette présence, j’ai peut-être blessé, offensé certaines personnes par mes actes. Je voudrais ici leur présenter toutes mes excuses et demander leur miséricorde.

Cinq ans dans l’ensemble paroissial de Tournefeuille, à l’échelle de la vie humaine n’est pas une valeur négligeable. En arrivant à Lardenne, j’ai aimé dire ces mots : « Les pasteurs changent. Un prêtre passe. Un autre arrive. Ils sont différents les uns des autres. Mais le Christ demeure, et c’est toujours le même Seigneur. L’appui de nos vies, c’est le Christ ». Oui, Jésus Christ est le seul et unique Pasteur qui nous conduit au Père. C’est Lui : le Chemin, la Vérité et la Vie. Ma première mission était d’annoncer sa parole de vie, d’amour, de compassion et d’espérance…Ceux qui ont écouté la Parole que j’aime partager ont peut-être un peu compris le sens de la vie chrétienne et y ont trouvé le pain pour la route de vie…L’Eglise, c’est cette communion de personnes qui partagent la même foi et le même amour de Dieu. C’est bon d’être chrétien ! Avec vous, j’ai vécu les joies et les peines de notre communauté, rappelant l’espérance chrétienne, annonçant Jésus-Christ et célébrant les sacrements. Merci à vous tous qui m’avez aidé et m’avez soutenu pendant ces années à tenir le cap dans les vents parfois contraires…. Merci de votre fidélité dans la prière et de votre amitié. Que le Seigneur vous garde précieusement dans son Amour. Le temps passé à vos côtés restera gravé dans ma mémoire et dans mon histoire. Bonne route avec vos pasteurs.

Partir c’est poursuivre en étant armé de son vécu et de l’enseignement des expériences passés. Suivre le Christ est avant tout un appel à marcher à sa suite et à devenir l’écho de l’évènement de Jérusalem. Témoigner c’est se mettre en route vers l’autre, l’inconnu. « Sortons, sortons », dit le pape François, « pour offrir à tous la vie de Jésus Christ » (Evangelii Gaudium, no. 49). Nous sommes tous appelés à être des témoins de Jésus-Christ. Nous sommes tous invités à sortir pour nous mettre en pèlerinage le 2 juillet. À la suite des apôtres, rendez-vous nous est donné en Galilée (ND d’Alet) pour nous laisser imprégner de l’Esprit Saint, à travers la prière, le partage de la parole et la communion fraternelle, afin de pouvoir accomplir pleinement et jusqu’au bout notre mission de témoin. Comme le dit à ce propos le pape François, « […] aucun chrétien ne peut rendre un témoignage complet et authentique […] sans l’inspiration et l’aide de l’Esprit. […] L’Esprit est donc le véritable protagoniste de la mission : c’est lui qui donne la parole juste, au bon moment et de juste manière ». (Pape François, Message pour la journée mondiale des missions, 2022). Un témoignage aussi fort ne peut être apporté que si l’on a une relation profonde avec Dieu. Une rencontre entre le disciple et le maître est nécessaire avant l’entrée en mission, comme en témoigne la vie de Jésus, qui commençait toujours ses journées missionnaires en se retirant d’abord pour prier son Père. Après la prière, il allait alors vers les gens, exprimant sa solidarité et sa compassion. On voit donc que Jésus ne s’éloigne pas de la souffrance des gens, elle ne le laisse pas indifférent. Ses yeux, ses oreilles et ses mains ont toujours porté leur attention sur l’histoire des gens, sur leur souffrance, leur espoir et leur peur. C’est pourquoi, en tant qu’Église, nous devons « connaître et comprendre le monde dans lequel nous vivons, avec ses attentes, ses idéaux et ses traits souvent dramatiques » (Gaudium et Spes 4). C’est alors seulement que nous pourrons agir ou réagir de manière appropriée. Le pape François, s’adressant aux jeunes, souligne que «l’Église sans le témoignage, n’est que du vent parce que  là où il n’y a pas de témoignage, il n’y a pas l’Esprit-Saint » (14 août 2018). Et il ajoute, dans son message pour la Journée missionnaire mondiale 2022 : « l’Église, communauté des disciples du Christ, n’a d’autre mission que celle d’évangéliser le monde en témoignant du Christ. L’identité de l’Église est d’évangéliser». C’est un appel à être une Église en sortie, qui porte la Bonne Nouvelle. L’Église est née, grandit et vit du témoignage. Le pape Paul VI écrit : « Celui qui a été évangélisé évangélise à son tour. C’est là le test de vérité : il est impensable qu’un homme ait accueilli la Parole … sans devenir quelqu’un qui témoigne et annonce à son tour» (Evangelii Nuntiandi 5,24).

Chers sœurs et frères en Jésus-Christ, chers paroissiens, je crois que l’on ne naît pas témoin de Jésus-Christ, mais qu’on le devient ! Tout d’abord, dans les Actes des apôtres, les témoins apparaissent partout où la Parole peut rencontrer les hommes, dans des lieux variés, aussi bien au tribunal qu’au temple. Il n’y a donc pas de lieu de prédilection, ni de lieu inadéquat, pour témoigner de sa foi en Dieu. Dans les Actes des apôtres, les témoins, à l’exemple de Témoins d’ici et témoins d’ailleurs, nous sommes pétris de la même pâte humaine ; capables des mêmes erreurs, mais appelés malgré tout à devenir ensemble des artisans de paix. Nous sommes appelés à sortir de nos rituels pour découvrir des horizons nouveaux, où rencontrer d’autres personnes en chemin et chercher ensemble la justice et la paix. Nous avons reçu vocation, par le baptême, de montrer que la vie est possible et qu’elle n’est possible qu’en relation, en Eglise. Nous avons reçu vocation de le montrer par des gestes et des paroles qui touchent, à l’image de Jésus. Cette communion se construit dans une dynamique de formation continuelle. En y participant activement, nous montrons que nous sommes, ensemble, en mission ! Notre vocation de devenir témoins du Christ n’est pas assortie d’une obligation de résultat. Car personne parmi nous ne saurait maîtriser les effets de la Parole de Dieu que nous sommes invités à annoncer. Jésus, seul, a le pouvoir de toucher les cœurs. Nous, ses disciples et témoins, nous sommes appelés à dire à notre tour les paroles et les actes qu’une multitude d’êtres humains ont reçus comme étant Parole de Dieu. Ils l’ont laissé agir en eux pour y discerner l’appel à se mettre en marche, à devenir témoins d’un amour qui les dépassait, à s’aventurer avec leurs forces et leurs faiblesses sur un chemin de service. Libérés de toute obligation de résultat, Dieu nous invite à devenir ses témoins. Dans cette tâche, constitutive de notre identité chrétienne, nous pouvons compter sur sa promesse : « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Amen.

Edito : Ensemble, témoins du Christ.2023-11-29T11:33:48+01:00

Edito : Renouvelés dans l’Esprit !

Chaque dimanche, dans le Credo, nous professons ensemble « Je crois en l’Esprit saint ».  Je crains malheureusement que beaucoup de chrétiens, pratiquants en l’occurrence, aient encore du mal à saisir toute la profondeur de cette assertion et son impact concret et existentiel dans notre vie personnelle et ecclésiale. Nous répétons que nous croyons au saint Esprit mais nous avons du mal à le voir à l’œuvre. Il est à l’œuvre mais nous ne faisons pas attention à lui. Nous sommes comme ces enfants qui voient les parents tellement à leur service, aux petits soins qu’ils en deviennent presque ingrats, ne percevant plus rien de tout ce qu’ils reçoivent des parents. Pour beaucoup de chrétiens aujourd’hui encore, le saint Esprit reste la Personne la plus méconnue de la Sainte Trinité. C’est l’occasion ici de rendre grâce pour tous ces courants, mouvements et nouvelles communautés (charismatiques) qui, dans l’Eglise, de nos jours, et plus particulière dans notre pays, nous aident à redécouvrir l’œuvre et l’action du saint Esprit.

A la fin de ce mois de mai, nous célébrerons la solennité de la Pentecôte ; occasion pour chacun de nous de prendre conscience de la présence du saint Esprit, cet Amour qui procède du Père et du Fils comme Don.  Il a été donné aux apôtres afin qu’ils deviennent « Eglise » et sortent pour aller annoncer la Bonne Nouvelle. Les apôtres le font, parlant d’autres langues, c’est-à-dire, en devenant capables de s’adresser et d’aller à la rencontre d’autres personnes, de différentes cultures, pour former ensemble une Eglise-communion, enracinée en Jésus ressuscité.  En effet, le saint Esprit, tout en n’abolissant pas nos différences, fait naître en nous amour et communion. La fécondité de l’Eglise naissante à Jérusalem a été rendue possible par la présence du saint Esprit. De même, la fécondité de notre vie personnelle et ecclésiale, dans ses différentes dimensions, dépend forcément de notre capacité à laisser le saint Esprit agir dans nos vies.

Depuis sa naissance, l’Eglise vit du et par le saint Esprit. Elle tire sa sainteté de la présence et de l’action du saint Esprit. Chaque fois qu’elle a été à son écoute et s’est laissée façonner par lui, l’Eglise a été rayonnante et resplendissante de la gloire de Dieu. De même, pour chaque baptisé ayant reçu le saint Esprit, la vitalité, le rayonnement, la sainteté de notre vie, la fécondité de notre mission, de notre ministère, de notre travail dépendent de notre docilité à l’Esprit saint, de notre capacité à rester à l’écoute de ce que veut le saint Esprit et à le laisser agir et déployer son œuvre en nous et à travers nous. Les témoignages qui sont dans ce numéro de notre bulletin paroissial sont la manifestation de ce que peut produire dans notre vie le saint Esprit qui nous renouvelle profondément. Je remercie Florence, Christine et le « Prisonnier » qui ont accepté de partager leurs témoignages.

J’invite chacun de nous à prier plus intensément le saint Esprit en ce mois de mai. Nous pouvons lui recommander en particulier tous ceux qui vont recevoir différents sacrements, œuvres du saint Esprit ou vont vivre un temps fort, une étape importante dans leur vie de foi dans les prochaines semaines.  Sur tous ces enfants, ces adolescents et ces adultes, nous implorons l’abondance des dons de Dieu par la présence du saint Esprit. Qu’il nous renouvelle en profondeur pour devenir chaque jour des créatures nouvelles, dans le Christ Ressuscité. Que la Vierge Marie, docile à présence du saint Esprit intercède pour nous et nous entraine à son école.

 

 

Edito : Renouvelés dans l’Esprit !2023-08-23T19:01:51+02:00
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