À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Edito : Une Eglise-Famille appelée à la sainteté !

Edito : Une Eglise-Famille appelée à la sainteté !

Au cœur de ce mois missionnaire qu’est le mois d’octobre, nous venons de vivre quelque chose d’extraordinaire dans le diocèse : l’assemblée diocésaine du 15 et 16. Nous étions un peu plus de mille personnes aux côtes de Saint Germaine de Pibrac. Accompagnée par la petite pauvre bergère de Pibrac, nous nous sommes rassemblés pour prier, discerner, écouter la Parole de Dieu, réfléchir, exprimer nos élans, nos rêves, nos envies, nos hésitations, nos doutes. La chose la plus importante de cette assemblée diocésaine, c’est le fait d’avoir été réunis, manifestant ainsi l’unité de l’Eglise diocésaine à travers la diversité de nos réalités humaines, spirituelles, ecclésiales.

A l’invitation de notre archevêque, il y avait tous les âges représentés, comme il y en a dans chaque famille : la joie de se retrouver en diocèse pour entendre l’appel du Seigneur qui nous invite à ne pas subir l’histoire mais prendre l’initiative, refonder les choses dans l’Eglise, dans cette nouvelle époque, tout en se rappelant toujours que cette Eglise est d’abord et avant tout fondée dans le Christ qui la sanctifie. C’est le même Jésus qui nous sanctifie dans l’Eglise par sa présence et celle du saint Esprit, par l’exemple et la prière de tous les saints et saintes qui sont nos frères et sœurs de l’Eglise céleste.  Notre Eglise-Famille, que le Père a confiée à Jésus, nous rappelle que nous sommes tous frères et sœurs en marche ensemble vers la Jérusalem céleste. En dépit des turbulences de l’histoire, surtout ces dernières années, avançons dans la confiance, gardons allumée la lumière de notre baptême, fermes dans la foi et l’espérance parce que le Christ est notre guide, le rocher inébranlable sur lequel nous sommes fondés.

Les 24 personnes de délégation paroissiale et les nombreux autres fidèles impliqués dans l’organisation et la logistique de l’assemblée diocésaine sommes revenus remplis de joie, d’élan, d’un désir immense et profond d’apporter le même état d’esprit au sein de nos paroisses. Nous avons prié, exprimés nos rêves pour l’Eglise d’aujourd’hui et de demain. L’Esprit saint retiendra nos rêves réalisables parce qu’ils correspondent au réel. Nos rêves doivent toujours coller au réel pour ne pas vivre dans l’illusion ou l’utopie. On appelle cela « le principe de réalité ».

Ne soyons pas pressés ! Patiemment, faisons chacun et chacune, à notre place, dans la mission qui est la nôtre, ce qu’il convient pour que notre Eglise locale-paroissiale soit vraiment une famille qui rassemble tous ses membres et les appelle à cheminer ensemble, en dépit de leurs diversités, dans la même direction, conduits par le Christ, soutenus par la prière de tous les saints qui nous entourent et que nous célébrons en la solennité de la Toussaint.

 

Edito : Une Eglise-Famille appelée à la sainteté !2022-10-20T18:14:05+02:00

Homélie du Père Joseph du XXXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

A quoi servirait de naître, vivre, d’aimer quelqu’un… si tout cela devrait s’écrouler et disparaitre avec la mort ? Quel sens aurait la bonté, l’amour, la joie, le courage, le travail, la famille, le mariage, le sacerdoce, toutes les valeurs auxquelles nous tenons, si tout cela se révélait simplement comme étant une très courte expérience de vie seulement ici-bas ?  A quelques jours de la fête de la Toussaint et de la commémoration des fidèles défunts que nous avons célébré en début de semaine, la parole de Dieu de ce dimanche revient sur cette question fondamentale qu’est le sens de la vie et de la mort, et ce qui nous arrivera après la mort.

Cette question est au cœur de la foi chrétienne. Elle est au cœur du mystère de notre foi et donne sens à tous les sacrements que nous célébrons. Sans cette question, on n’irait pas à la messe, on ne demanderait pas le baptême, la confirmation, la confession… Pour nous, seul Jésus donne véritablement réponse à cette question fondamentale ! C’est sa Résurrection, c’est-à-dire, la certitude qu’en vertu de sa victoire sur la mort, nous aussi, depuis notre baptême, nous sommes appelés à ressusciter et partager la vie pour l’éternité.

La résurrection est le grand mystère que nous proclamons dans l’anamnèse : « Proclamons le Mystère de notre foi ! Nous proclamons ta mort Seigneur, nous célébrons ta résurrection et nous attendons ta venue dans la gloire ! » C’est est au cœur de la foi chrétienne. C’est le cœur même de la foi chrétienne et c’est cela qui fait qu’aujourd’hui encore, il y a une bonne catégorie des baptisés qui sont comme de Saducéens, c’est-à-dire, qui ne croient pas en la résurrection des morts. Les statistiques disent qu’aujourd’hui, presque la moitié des baptisés catholiques en France ne croient pas en la résurrection des morts. Ils croient en la réincarnation qu’ils confondent et résurrection. On voit là l’influence et la grande mode des religions orientale dans nos pays d’ancienne chrétienté.

Si nous vivons aujourd’hui avec la certitude que, même avec la mort, la vie ne finira jamais mais connaîtra sa plénitude… alors, cela nous pousse à vivre pleinement la vie présente avec sérieux et responsabilité. Notre vie n’est pas une comédie, un jeu des rôles qu’on peut échanger avec les autres. Au théâtre, plusieurs acteurs peuvent jouer le même rôle !  Mais personne ne peut jouer le jeu de ma vie à ma place !  Personne ne peut vivre ni mourir de ma vie ou de ma propre mort. Quelqu’un peut donner sa vie pour moi, comme le père Maximilien Kolbe dans un camp de concentration. Mais, ma vie comme ma mort seront toujours miennes personnellement. C’est personnellement que j’en rendrai compte au Seigneur, dans les petites et grandes décisions que je pose chaque jour. Mais les Saducéens ne croyaient pas en la résurrection. Qui sont-ils ?

C’est une secte, parmi tant d’autres, dans le judaïsme du temps de Jésus. Ils faisaient partie de la très puissante classe d’aristocrate des descendants du prêtre Sadoq qui avait sacré le roi Salomon. C’est groupe religieux traditionnellement lié au pouvoir politique, influençant les élections et les nominations des gouverneurs, avec un fort pouvoir économique. Leur pouvoir politique me fait penser à tous ces patriarche et prêtre de l’Eglise Orthodoxe qui sont au service et aux ordres de Poutine actuellement.  Pour les Saducéens, la Bible se limitait au Pentateuque, c’est-à-dire aux 5 premiers livres de la Bible, c’est-à-dire, le Pentateuque ou la Loi de Moïse. Ils ignoraient le reste. Or, le Pentateuque n’aborde nulle part ma question de la résurrection.

Nous comprenons pourquoi les Saducéens se moquent de l’espérance quand ils s’approchent de Jésus avec leur histoire montée de toute pièce d’une femme qui reste veuve, après avoir épousé sept frères, sans avoir d’enfants !!!!! « Alors…Jésus, toi qui nous parles de la résurrection, de qui sera-t-elle l’épouse quand tous les 7 frères vont se retrouver là devant elle à la résurrection dont tu nous parles tellement ?»  Le problème, c’est que les Saducéens ont la conception qu’avaient les pharisiens de la résurrection comme étant le prolongement de la vie terrestre.

Réfléchissons un moment à la résurrection comme prolongement de la vie présente. Ainsi, si j’ai beaucoup souffert sur la terre, avec une maladie, un handicap, à un enfant qui souffert de famine…. Ca veut dire que la vie éternelle sera le prolongement et la reproduction éternelle de toutes ces misères dont j’ai souffert ici-bas. Jésus invite ses interlocuteurs à réfléchir, en prenant conscience que la vie éternelle n’est pas le prolongement de la vie terrestre avec ses joies et ses peines, mais elle est une nouveauté radicale dans laquelle nous nous reconnaîtrons véritablement en Dieu. Il ne s’agit pas de réincarnation bouddhiste dans laquelle nous sommes continuellement recyclés !

Notre foi nous rappelle que nous sommes créés pour la Vie, une vie qui ne finit pas. Notre Dieu est le Dieu des vivants, non pas des morts.  Demande-toi si ta vie actuelle est réellement enracinée dans ce Dieu des vivants ? Croire en un Dieu des vivants nous invite à vivre pleinement, sérieusement, passionnément.

Croire en un Dieu des vivants invite à vivre sa foi comme étant un élan d’amour à la rencontre de Dieu et de mes frères et sœurs ! Oui, Dieu est vivant en moi si je cherche à le voir comme Zachée de dimanche dernier, comme cette foule saints, témoins de la foi, que nous avons célébré ensemble mardi, comme cette mère de la première lecture qui encourage ses enfants au martyre plutôt que de renier leur foi.

Être chrétien, c’est vivre en refusant de se laisser berner par toutes ces sirènes publicitaires et idéologiques qui nous promettent le bonheur seulement si nous possédons, produisons, gagnons, séduisons… Le chrétien est vivant et heureux véritablement quand il cherche Dieu, quand il pardonne, quand il aime, quand il voit Dieu dans chaque frère et sœur en humanité… car l’amour véritable nous fait passer de la mort à la vie. Que le Dieu des vivants affermisse dans l’espérance et nous donne de vivre pleinement aujourd’hui en préparant l’éternité bienheureuse que seul Jésus ressuscité peut nous donner si nous lui ouvrons noter cœur. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-11-07T23:16:50+01:00

Homélie du Père Joseph de la commémoration des fidèles défunts, année C (2022)

La foi dans le Ressuscité nous sauve de la mort.

La mort est forte et puissante, mais rappelons-nous que Dieu est plus fort et puissant que la mort. C’est cette évidence qui nous permet d’avancer quand nous traversons la dure épreuve du deuil. En mourant sur la croix et ressuscitant le troisième jour, Jésus nous montre qu’il est plus fort que la mort qu’il a vaincu par ce mystère de notre foi qui nous réunit aujourd’hui. En pensant ces derniers temps aux membres de ma propre famille et à mes amis qui sont morts cette année, à ces nombreuses personnes pour qui nous prions aujourd’hui en cette Commémoration des Fidèles défunts, nous réalisons combien la foi est une force, un grand soutien. C’est la plus grande richesse qui nous permet d’affronter « l’angoissante question du mystère » de la mort.

Toutes les sociétés au monde, à travers toute l’histoire de l’humanité, expriment chacune à sa manière, sa propre culture et croyance de la mort et de l’au-delà. A chaque époque de l’histoire de l’humanité, se pose la question du mystère de la mort, même si chaque société et culture en donnent une réponse différente. Quelle serait la meilleure réponse à ce grand mystère de la mort ? La réponse que nous donnons à la question du mystère de la mort est toujours en lien avec le sens que nous donnons à notre vie.  Notre vision de la vie conditionne forcément notre vision de la mort. « Dis-moi comment tu vis, je te dirais comment tu conçois la mort ! ». Plus nous donnons du sens à notre vie présente, moins la question de la mort est plus problématique.

Dans notre société avec ses multiples progrès qui nous permettent d’améliorer notre « qualité de la vie », prolonge de manière étonnante l’espérance de vie, la mort n’est plus considérée comme l’accomplissement d’une vie, aussi brève soit-elle.  Au contraire, dans nos sociétés développées, dans lesquelles tout nous promet une immortalité terrestre, la mort a perdu toute signification, mais elle est devenue aussi plus dramatique qu’à n’importe quelle époque de l’histoire. Plus que jamais, l’homme de notre temps, croyant ou non, cherche le sens de la vie d’ici-bas, et celle à venir.   C’est cela que nous rappelle le Concile Vatican II, dans Gaudium et Spes 10 : « Il en est d’autres qui, désespérant du sens de la vie, exaltent les audacieux qui, jugeant l’existence humaine dénuée par elle-même de toute signification, tentent de lui donner, par leur seule inspiration, toute sa signification. Néanmoins, le nombre croît de ceux qui, face à l’évolution présente du monde, se posent les questions les plus fondamentales ou les perçoivent avec une acuité nouvelle. Qu’est-ce que l’homme ? Que signifient la souffrance, le mal, la mort, qui subsistent malgré tant de progrès ? À quoi bon ces victoires payées d’un si grand prix ? Que peut apporter l’homme à la société ? Que peut-il en attendre ? Qu’adviendra-t-il après cette vie ? »

La culture actuelle nous pousse en considérer la mort comme un échec, le plus dramatique des échecs, l’échec total. Cependant, en regardant les sociétés dans nos villages il y a un peu plus de cinquante ans, chez les paysans dans les sociétés agricoles, celles dans lesquelles ont grandi la plupart des personnes du troisième âge d’aujourd’hui, ou celles où sont nées la plupart des défunts pour qui nous prions, nous nous rendons compte qu’il y avait une certaine familiarité avec la mort. Nous vivons cela aussi dans les sociétés qualifiées de « traditionnelles », en Afrique.

Ces anciens n’avaient pas toute la richesse et les progrès dont nous jouissons actuellement.  Leur mode de vie simple et empli de foi les aidait à ne pas considérer la mort comme un échec, même si elle a toujours été, même pour eux un drame, la cause de beaucoup de tristesse. Pour les anciens, la mort était, comme elle est pour nous aussi aujourd’hui, l’expression du caractère précaire et finie de l’existence humaine. Cependant, la mort était aussi perçue comme la porte, la condition nécessaire, l’opportunité pour aller dans cet au-delà de la vie présente, cette vie infiniment meilleure que celle à laquelle nous nous attachons ici-bas tellement, une vie dans laquelle, comme dit une oraison des funérailles, il n’y a plus ni deuil, ni larmes, ni douleur, mais seulement la paix et la joie avec le Christ et le saint Esprit. Nos grands-parents n’avaient pas nos canons actuels d’efficacité, de performance, de perfection, d’esthétique exaspérée, du plaisir immédiat et disponible à tout moment, du tout est possible ici et maintenant…et c’est pour cela qu’ils avaient moins peur de la mort que nous autres aujourd’hui.

Nos anciens avaient aussi un autre plus, celui de la foi chrétienne qui venait donner un sens nouveau et éclairer cette culture déjà très riche. C’est cela que nous demandons au Seigneur aujourd’hui « pour nous les vivants ». C’est seulement dans la foi personnelle en Jésus Christ Ressuscité que nous pouvons trouver une réponse à l’énigme de la mort. Loin de nous présenter une réponse conceptuelle, la foi chrétienne nous présente un Visage, celui du Crucifié, qui a aimé jusqu’au bout, et qui est Ressuscité. C’est le Christ Ressuscité qui nous rassure devant la mort, nous rappelant que devant la mort, il est avec nous et qu’avec lui, la mort qui était signe et manifestation de l’échec total, devient une porte ouverte à l’éternité.

Jésus Ressuscité nous dit que devant les échecs et les chutes de la vie, il y a toujours l’espérance en Dieu qui n’est pas Juge-justicier, mais Dieu Père plein d’amour et de miséricorde qui ne veut la perte d’aucun de ses enfants.

C’est vers ce Père plein d’Amour que nous nous tournons aujourd’hui, en lui demandant de prendre soin des défunts que nous pleurons. Lui qui est puissant dans son Amour, qu’Il leur donne de vivre ce que nos yeux de chair ne peuvent voir et que notre intelligence n’arrive pas encore à comprendre. Qu’Il nous donne la grâce de la Foi, de l’Espérance et de l’Amour, qui nous permettra de contempler son Visage, pour l’éternité, avec tous ceux qui nous ont précédés auprès de lui et pour qui nous prions aujourd’hui. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la commémoration des fidèles défunts, année C (2022)2022-10-31T19:37:46+01:00

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année C (2022)

Mes frères et sœurs ! Les saints sont de gens comme vous et moi !

Alors que dans nos sociétés actuellement, on veut de plus en plus de séparatisme, refusant le mélange entre peuples et culture, personnes des origines différentes, où il y la tentation du repli identitaire, tentés de rester avec les gens qui nous ressemblent, pensent comme nous, ont la même couleur de peau que nous, partageant la même sensibilité politique spirituelle et religieuse, la fête de la Toussaint nous présente un tableau différent. Il est difficile d’imaginer un monde plus coloré, plus varié, à la fois uni et différent que le Ciel qui accueille cette foule immense qu’on ne peut dénombrer.

Et je rêve du moment où il en sera de même dans nos communautés ecclésiales, c’est-à-dire, quand dans l’Eglise et dans nos communautés locales, il y aura vraiment un peu de tout, comme cette foule des saints que nous célébrons aujourd’hui. L’Eglise sera alors cette famille-de Dieu que notre archevêque appelle de tous ses vœux, une famille où il y a un peu de tout : de la personne manuelle à l’intellectuel-universitaire, de l’ingénieur au bricoleur, du grand patron ou le cadre sup au simple ouvrier en bâtiment, de bébé baptisé dimanche dernier à la personne âgée malade en soin palliatifs ou en fin de vie dans sa maison de retraite, laïcs et prêtres, des SGDF au Scouts d’Europe, du châtelain ou baron au « sans-domicile fixe », du petit blond  au petit noir d’origine sénégalaise….

Ce mélange serait une belle manifestation de ce que le Christ veut réaliser : faire de tous les peuples une seule famille des saints. Jésus ne veut pas que son Eglise soit une caste privilégiée, de quelques d’élus dont seraient exclues certaines personnes qui n’entrent pas dans les cases et ne répondent pas aux normes et conditions fixées.

Jésus a voulu que tous, sans exclusion ni discrimination, puissent trouver leur place dans l’Eglise, car tous sont appelés la sainteté par le baptême, tous appelés à entrer en communion avec Lui pour partager sa divinité parce qu’il a lui-même partagé notre humanité. Jésus nous montre la beauté de la diversité à partir du choix de ses disciples. Il est parti d’un groupe de quatre pêcheurs qui sont André, Pierre, Jacques et Jean, très différents les uns des autres mais proches Jean-Baptiste.  Ensuite, il se lance dans l’enseignement avec Nathanaël, un fils d’Israël en qui il n’y avait pas d’artifice, puis appelle Matthieu, un publicain, subalterne de Zachée que nous avons contemplé dimanche dernier. Il y ajoute quelques Zélotes (résistants contre les Romains) tel que Simon que nous avons fêté vendredi dernier et Judas Iscariote. Il a pris des juifs et grecs…et chose surprenante pour son époque et sa culture, il a aussi pris dans ce groupe des femmes-disciples dont des pécheresses, comme Marie Madeleine, la Samaritaine…. ! La Bible et toute l’histoire de salut sont remplies de ces visages d’hommes et de femmes, témoins de foi, d’amour et d’espérance. Chacun d’eux avait sa propre histoire, son propre tempérament, mais ils ont rendu témoignage à Dieu par leur vie.

Réjouissons-nous dans l’Eglise d’avoir tous ces saints, tous différents comme nous tous aujourd’hui, mais vivant de la même Bonne Nouvelle dont ils se sont nourris et dont ils ont témoigné, chacun à sa manière. Ils sont tellement différents qu’il nous semble même paradoxal de les savoir membres de la même grande famille. Les saints de Dieu sont comme nous parce que tous différents, mais, comme nous et avec nous, ils boivent tous à la même source.

A la profondeur de la pensée théologique de Saint Augustin fait écho la vie monastique de saint Benoît. Au tempérament fougueux du prédicateur saint Dominique correspond l’âme séraphique et humble de Saint François, le « Poverello d’Assise » et sainte Claire d’Assise. L’esprit bagarreur et rigoureux de saint Ignace de Loyola est atténué par la vie rebelle de saint Philippe Néri, l’infatigable zèle missionnaire de saint François Xavier trouve une âme dans le Carmel de Thérèse à Lisieux. A une sainte Mère Teresa vivant parmi les pauvres de Calcutta correspond Maximilien Kolbe dans les camps de concentration nazie. A la rigueur morale et à l’esprit d’affrontement d’un Padre Pion de Pietralcina fait écho l’humble figure d’un paysan plein d’humour qu’est saint Jean XXIII. La jeunesse du bienheureux Carlo Acutis mort à 15 ans, ou de sainte Germaine de Pibrac, de sainte Bernadette, des jeunes saints-martyrs jeunes d’Afrique Noir comme Kizito, Sebyera, Anuarite renvoie à d’autres saints et saintes morts très âgés après une longue vie de fidélité au Seigneur.

A travers ces quelques contrastes, nous sommes pleinement dans la variété de l’Eglise d’hier et d’aujourd’hui, une variété d’hommes et de femmes témoins du même Evangile du Christ, mais chacun avec son caractère, ses talents, ses limites et faiblesses comme chacun de nous. Cependant tous ces saints ont cherché une chose : aimer et à faire la volonté de Dieu.

Nous ne célébrons pas que les saints connus, et mentionnés sur le calendrier liturgique de l’Eglise.  Il y a beaucoup d’anonymes parmi eux. C’est cette foule immense d’inconnus que nous célébrons aujourd’hui. Ils ne sont connus de personne, mais dans le silence et cachés dans leur quotidien, ils ont dit oui au Seigneur, parfois même sans le savoir ni même s’en apercevoir.

La fête de la Toussaint me fait penser aux nombreuses grands-mères dont le pape François, comme la sienne qui lui disait que dans la vie, il faut chercher à progresser chaque jour ! Le pape aime rappeler leur importance dans la vie des enfants, les amoureux de la vie, les mères courageuses dans certains pays en guerre comme l’Ukraine ou le Kivu et même celles qui sont nos voisines de quartiers et dans nos propres familles… Pensons à tous les défenseurs de la vraie liberté, la vraie justice,  ceux qui luttent  pour l’unité et le développement humain et social, à tous ces pères de famille totalement donnés pour leurs enfants, à ces prêtres, simples et humbles curés de campagnes, parfois seul, dans la solitude dans ces territoires déserts, oubliés parfois de la hiérarchie mais qui, avec beaucoup de zèle missionnaire ont gardé et gardent et transmettent la lumière de la Foi. Je pense à toutes ces religieuses au service des enfants, des personnes âgées, des malades….

Nous célébrons tous ces saints d’aujourd’hui qui ne font rien d’extraordinaire que leur devoir de père, de mère, de fils ou fille, de religieux, de professionnel de santé… mais qui le font avec beaucoup d’amour, de simplicité et une grande joie.

Attention cependant ! Les saints ne sont pas des héros. Les héros n’ont pas de place dans l’Eglise ni dans le Ciel. Nous voulons des saints, hommes et femmes comme vous et moi, gens ordinaires qui auraient rougi s’ils se savaient célébrés solennellement dans cette grande fête de tous les Saints. Laissons-les rougir aujourd’hui au moins en leur faisant ce tort. Mais n’oublions pas que leur grand désir, c’est de nous aider à cheminer nous aussi, pour être en communion avec eux. Cherchons à les imiter, dans notre quotidien, en vivant simplement les chose, non pas par devoir mais par amour. Seigneur, donne-nous de nombreux saints ! Donne-nous de devenir des saints. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année C (2022)2022-10-31T19:37:39+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, le Seigneur nous donnait comme modèle un publicain qui priait dans le temple en implorant la miséricorde de Dieu, l’opposant au pharisien qui n’avait pas besoin de conversion.  Aujourd’hui, c’est un autre publicain que nous contemplons en la personne de Zachée grâce à qui nous voyons combien le Seigneur se fait proche des pécheurs que nous sommes. Une des caractéristiques de Zachée, c’est sa très petite taille ! Que ceux qui sont de petite taille ne se sentent pas visés par mes propos.  Zachée est un manager qui a tout réussi, un cadre sup pas du tout exemplaire dans la fonction publique : son compte bancaire est bien garni, grâce aux primes, mais surtout grâce à la corruption et parce qu’il mais surtout parce qu’il sait tricher et piquer dans la caisse du trésor public.

Pour Zachée, il n’y a que le profit et l’intérêt qui comptent. Tout le reste est relatif, valeur d’ajustement ! Zachée inspire la peur qu’il confond avec le respect. Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent, dit-il ! Il suffit qu’il vous balance à l’autorité romaine pour vous retrouver en prison, sans procès préalable. C’est un horrible collabo…. Ce chef des publicains est riche mais il est aussi détesté de tous. En tout cas, de l’extérieur, il a l’air d’avoir réussi sa vie et tous pensent qu’il est heureux.

Zachée vit dans une grande solitude :  aucun vrai ami autour de lui. Ce petit homme complexé fait un transfert et veut compenser cela par l’argent, le pouvoir, les diplômes, le carnet d’adresse bien calculé ! Il a entendu parler d’un Galiléen appelé Jésus dont le monde raconte les miracles et les enseignements de qualité … Il est le seul à ne l’avoir pas encore vu. Alors, il met en place une stratégie pour voir à quoi ressemble ce Jésus dont tout le monde parle.  Dans la rue, à cause de la foule qui entoure Jésus, sa petite taille sera un vrai handicap, surtout qu’il veut le voir sans être vu. Il a appris que Jésus passerait dans la rue pas loin de chez lui. Alors, Zachée réfléchit sur le mécanisme à mettre en place pour voir Jésus.

Comme prévu, Jésus passe dans la rue, pas loin de la maison de Zachée. Il enseigne, entouré d’une grande foule suspendue à ses lèvres. Mais il y a trop de monde et la foule ne laisse pas passer Zachée ! Cette foule constitue un véritable mur pour cet homme de petite taille qui se sent écrasé et oppressé.

Parfois, même dans les communautés ecclésiales, la foule peut devenir un mur qui empêche de rejoindre l’Eglise, de rencontrer le Christ. Combien de gens voudraient prendre place dans nos communautés constituées, nos réseaux déjà formés, nos équipes déjà bien établies, nos structures vivant un entre-soi autarcique depuis des années et dont on ne peut modifier le fonctionnement quand arrivent des nouvelles personnes…. Nos réseaux, groupes, communautés, équipes… fermés et constitués deviennent ainsi des murs qui tiennent à l’écart et séparent, parce que nous empêchons à d’autres d’entrer, de prendre place pour voir Jésus parce que ces nouveaux venus sont de très petite taille par rapport à nos habitudes, notre ancienneté, notre jugement, les exclusions que nous mettons en place sans nous en rendre compte, et parfois en nous en rendant compte ! Demandons-nous si nous ne sommes pas parfois des murs pour ceux qui veulent voir Jésus mais que nous tenons….loin de l’Eglise.

Alors, Zachée a trouvé une solution parce qu’il est malin et tenace. Il sait toujours comment tourner les choses en sa faveur. Son astuce : courir, devancer la foule et monter dans un arbre.  Vous vous imaginer le chef des publicains dans un arbre ! La honte !!!!!!!

Quelle joie serait la mienne si notre communauté devenait cet arbre accueillant tous ces Zachéesd’aujourd’hui en quête et assoiffés de Dieu, d’amitié, de chaleur humaine et ecclésiales, ces gens désireux de s’engager et de servir dans l’Eglise. Grâce à cet arbre, l’inattendu survient, à la surprise de tous et de l’intéressé lui-même : Jésus lève les yeux et voit Zachée. Jésus lui sourit et lui parle : « Zachée, Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». Zachée n’y comprend rien ! Il se demande comment Jésus a fait pour connaître son nom ! « Mais, qu’est-ce qu’il me veut ? » Zachée pense que Jésus le confond avec quelqu’un d’autre ! Mais Jésus lui dit, « c’est bien à toi que je parle, Zachée ! »  Jésus ne nous confond jamais avec quelqu’un d’autre car il nous connait intimement dans nos joies, nos peines, nos soifs, nos fragilités et peurs enfouies en chacun de nous. Jésus veut nous guérir et nous invite seulement à le laisser entrer dans notre maison, dans notre cœur, siège de l’amour qu’Il désire tant voir devenir sa demeure.

Jésus n’a porté aucun jugement sur la vie de Zachée. Il ne craint pas non plus le jugement de tous ces bienpensants qui sont autour de lui et qui sont choquer de le voir entrer dans la maison d’un publicain, un pécheur public comme le rappelait le pharisien de l’évangile de dimanche dernier.  Jésus se fait inviter dans la maison de Zachée pour y apporter le salut. En dix minutes, la vie de Zachée a basculé et a radicalement changé. Le fameux Jésus de Nazareth est entré en chair et en os dans sa maison sans poser des conditions…

Dieu ne pose pas de conditions pour entrer dans notre vie. Jésus n’a même pas demandé à Zachée de se convertir !  Dieu s’invite dans nos vies, notre maison sans condition et sa seule présence y porte des fruits merveilleux.  Zachée prend des décisions courageuses et radicales : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus ». Jésus ne lui a rien demandé ! La richesse, le respect, la crainte, tout son prestige sont devenus de la paille pour Zachée. Il a trouvé la plus grande des richesses : le salut. Il est sauvé ! L’homme qui inspirait la haine et la peur, celui que détestait tout le monde est devenu ami et disciple, le plus improbable disciple de Jésus de Nazareth.

Mon frère, ma sœur ! Dieu te cherche toi aussi. Nous désirons voir Dieu mais rappelons-nous que c’est lui qui, le premier, nous cherche et désire nous rencontrer. Laissons-nous rejoindre par le Christ qui ne juge mais, ne nous condamne pas mais nous attend patiemment. L’amour de Dieu précède toujours notre conversion. C’est l’amour qui produit en nous conversion. Le Seigneur ne nous aime pas parce que nous sommes bons, mais c’est parce que nous nous laissons aimer par Dieu que nous lui permettons de nous rendre meilleurs. Si Jésus avait dit à Zachée : « Zachée, descends de ton arbre ! Je sais que tu es un voleur ! Alors, je te demande de rendre quatre fois ce que tu as volé pour que je puisse venir chez toi ! », je crois que Zachée serait resté dans son arbre, humilié ! Mais parce Jésus n’a pas posé de condition, la conversion est devenue possible

Comme et à la suite de Zachée, laissons Jésus entrer dans nos vies. Ouvrons-lui nos cœurs. Devant lui, acceptons nos petites tailles, nos différents handicaps, nos désirs les plus profonds ! Il entrera chez nous, guérira par sa présence en nous rendant meilleurs. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-10-30T20:09:50+01:00

Homélie du Père Joseph du XXX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

En ce dimanche qui est la Journée Missionnaire Mondiale, la Parole aborde un thème important qu’est la prière. En effet, la sainte qui nous accompagne en ce mois d’octobre, qui est le mois de la mission, c’est sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Elle est aussi la patronne des missionnaires. Et pourtant, comme je l’écrivais dans l’édito du TU d’octobre, la Petite Thérèse n’est jamais sortie de son Carmel : elle n’a fait que prier. Aujourd’hui, nous sommes appelés à prier pour tous les missionnaires et soutenir leurs œuvres. Un chrétien porte forcément le souci de la mission non seulement en la soutenant par ses moyens matériels, mais aussi en priant pour ceux qui quittent tout pour aller porter au monde le Trésor de la Bonne Nouvelle, afin que tout homme puisse entendre et rencontrer Jésus sauveur.

La liturgie de la Parole de ce dimanche de la mission revient sur le thème de la prière. Elle nous rappelle cependant qu’il y a prière et prière, celle qui plait à Dieu et celle qui nourrit notre orgueil.  Dimanche dernier, Jésus nous rappeler la nécessité de persévérer, de tenir bon de prier Dieu sans jamais se décourager. Il y a quinze jours, à travers l’histoire des dix lépreux, Jésus soulignait l’importance de la prière d’action de grâce. Souvent, nous pensons à Dieu seulement quand nous avons besoin de lui, nous lui demandons des choses, une guérison, un soutien, la réussite à un concours… et mais une fois exaucés, nous tournons la page, nous l’oublions jusqu’à la prochaine fois que nous avons besoin de lui.  C’est cela que j’appelle la relation-supermarché ou commerciale avec Dieu.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, en nous faisant contempler le pharisien et le publicain, Jésus nous met en garde contre la prière du « faux justes », du pharisien qui se cache en chacun de nous quand nous nous présentons devant Dieu en sachant que nous sommes justes et parfaits en tout. Le pharisien de l’évangile marche dans le temple, tellement orgueilleux qu’il se tient physiquement « debout devant Dieu » c’est-à-dire qu’il se met au même niveau que Dieu. On dirait même qu’il veut même dépasser Dieu en se tenant ainsi debout devant Lui.  Ce pharisien me fait penser aux petits enfants : vous êtes à la maison, assis dans des fauteuils et lui, avec ses 5 ans, vient se mettre debout sur le canapé en vous disant : « alors, qu’il est plus grand ! », et ça lui fait beaucoup de bien qu’on lui dise que c’est lui le plus grand ! Ça flatte son égo. Voilà l’attitude de notre pharisien. De l’autre côté, il y a ce pauvre publicain, qui, au contraire, se tient « à distance », loin du Seigneur. Il n’ose même pas lever les yeux vers Dieu car il se reconnaîtpécheur et indigne devant lui. Il se frappe la poitrine pour implorer la miséricorde, comme nous le faisons dans le « Je confesse » au moment du rite pénitentiel.

Dans la vie, dans la société et dans l’Eglise, vous trouverez toujours des gens qui se croient et s’estiment « plus que » les autres. Ils se sentent supérieurs par leurs savoirs (plus intelligents), par leurs richesses (plus riches), par leur expérience (plus expérimentés), par leur vie de foi (plus spirituels, ceux qui se prennent pour les super chrétiens)… Ces gens ont l’intime conviction d’être meilleurs et « supérieurs en tout » passent leur temps à se comparer aux autres. Leurs comparaisons écrasantes ciblent certaines personnes, certaines catégories précises qu’ils méprisent sans s’en rendre compte. Mon collègue au travail est moins instruit, moins diplômé, moins expérimenté….

Lorsque nous commençons à nous considérer supérieurs aux autres en soulignant nos qualités morales et religieuses aux mépris des autres, nous sommes comme le pharisien de l’évangile se tient debout devant Dieu, lui rappelant la litanie de tout ce qu’il fait de bien par rapport aux autres. Symboliquement, rester debout devant quelqu’un, c’est refuser de s’écraser devant lui, c’est montrer sa dignité, sa propre grandeur… Quel humain pourrait honnêtement se sentir l’égal de Dieu au point de lui tenir tête ?  C’est le Diable, Lucifer qui était tellement fier de lui-même au point de vouloir prendre la place de Dieu ! Chaque fois que l’orgueil spirituel prend le dessus en nous considérant parfaits et supérieurs aux autres, nous sommes disciples de Lucifer.  Jésus lui, tout en étant l’égal de Dieu ne s’est pas considéré comme tel, mais il s’est anéanti en s’abaissant jusqu’à mourir sur une croix par amour pour nous.

« Mon voisin, ma grand-mère, ma tante, mon collègue…est une grenouille de bénitier ! Ma mère est une « brave chrétienne » ! C’est cela le pharisaïsme. Par son appartenance à ce mouvement spirituel de stricte observance de la Loi, le pharisien était « séparé et supérieur » des autres. Pour lui, même en matière de foi et de morale, on ne mélange pas les torchons et les serviettes ! Le pharisien se sait meilleur par rapport à ceux qui sont moins que lui, ceux qu’il considère comme « pécheurs », comme ce publicain qui ose même se retrouver au temple en même temps que lui : quelle horreur ! Comment ose-t-il ? Devant Dieu, le pharisien ne loupe pas l’occasion pour rappeler sasupériorité religieuse et spirituelle, avec tous les records : sa grande capacité à jeûner deux fois par semaine alors que la Loi de Moïse n’exigeait qu’un jeûne par an ! Il rappelle à Dieu sa grande générosité car il donne le dixième de tout ce qu’il possède, pendant que la Loi de Moïse n’exigeait ce dixième que sur certains produits de la terre.

L’évangile nous dit que Dieu ne regarde pas tous ces records du pharisien, mais au « rien » de ce publicain qui n’a rien à donner que soi-même, que son cœur contrit qui fait pénitence, sans la prétention d’avoir quelque chose d’autre à donner. Il sait qu’il a tout à recevoir de Dieu ! C’est pour cela qu’il en appelle à la pitié de Dieu : « prends pitié de moi, pécheur ».

L’évangile nous dit que publicain sort du temple justifié, sauvé, et non le pharisien qui n’a pas besoin de Dieu, pas de besoin de conversion : « Je ne suis pas venu pour les justes et les bien portants. Je suis venu pour les malades et les pécheurs ».  Un vrai chrétien, disciple du Christ, est humble en reconnaissant ses propres faiblesses et fragilités. Il n’est pas obsédé par ce souci de soigner seulement les apparences, à donner une image différente de ce qu’il est. Un chrétien se reconnaît forcément pécheur, et comme tel, il sait qu’il besoin d’être sauvé par le Christ parce qu’il ne peut se sauver lui-même. C’est le Christ qui, en donnant sa vie, nous sauve et nous justifie dans sa mort et sa résurrection.

Dans cet évangile, Jésus nous fait aussi comprendre l’importance de la prière sincère, celle qui plaît à Dieu : celle-ci exprime essentiellement notre besoin de conversion et de repentir. La vraie prière refuse le mépris des autres. Ce que le Christ reprouve dans la vie du pharisien, l’hypocrisie qui caractérise son quotidien et sa vie de foi.  Le pharisien est devenu un comédien qui joue un rôle pour être vu et applaudi mais son cœur n’y est pas.

On peut transposer cette parabole d’une religion d’il y a plus 2000 ans à notre vie chrétienne d’aujourd’hui, dans nos sociétés et nos communautés ecclésiales actuelles. Les vices et les vertus de la natures humaines restent les mêmes à travers l’histoire. Aujourd’hui aussi, comme à l’époque de Jésus, Dieu reprouve ceux qui se croient parfaits et justes en soulignant leurs mérites, ceux qui savent qu’ils sont « en ordre » parce qu’ils ne sont pas voleurs, injustes, adultères, ou peut-être parce qu’ils ont fait un pèlerinage à Lourdes, à Fatima ou à Méjugorge, à Taize, parce qu’ils disent le rosaire chaque jour, parce qu’ils font partie de tel mouvement de spiritualité tel que l’Opus Dei, les END, la communauté de l’Emmanuel, le Renouveau charismatique…

Tout cela est bien et louable quand c’est sincère, vient du cœur et n’est pas source de mépris pour les autres ! On ne peut s’en vanter devant Dieu au point de mépriser les autres. Quand nous regardons notre vie en vérité, avec la lumière de Dieu, nous nous rendons compte des pas énormes que nous avons encore à faire. Les saints nous rappellent que plus nous grandissons dans la foi, plus nous nous approchons du Seigneur sa lumière éblouissante nous fait voir combien notre vie est encore remplie des ténèbres par rapport à la sainteté de Dieu. Jésus, plein d’amour et de miséricorde, sauve-nous et guéris-nous de l’hypocrisie et de l’orgueil spirituel. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-10-30T20:08:38+01:00

Homélie du Père Joseph du XXIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Aujourd’hui, je voudrais vous inciter au harcèlement….! Attention ! Je ne parle pas de ce harcèlement qui tue, qui brise des vies, torture la victime, comme celui dont sont victimes de plus en plus d’enfants dans nos écoles.  Il ne s’agit pas du harcèlement de votre secrétaire, manager, collègue, conjoint, voisin de palier, vos enfants ou votre curé !  Le harcèlement que je recommande a pour unique objet et seule victime Dieu. Oui, je vous conseille fortement de harceler le Seigneur, surtout dans notre vie de prière, au point de ne lui laisser même pas une minute de repos ! C’est lui-même lui-même qui, nous incite lui-même à le harceler sans nous arrêter dans les lectures de ce dimanche.

Nous nous sommes tous retrouvés un jour dans une situation où demandons quelque chose à Dieu avec insistance. Nous avons à ce moment-là besoin d’une grâce spirituelle particulière, ou une aide, une faveur, un soutien et du réconfort au moment d’un deuil, soutien et courage pour notre couple qui allait mal, la guérison de cette maladie, pour nous-mêmes ou pour un proche… et cela nous a paru trop long !

Tenir bon et insister dans la prière, harceler Dieu est un signe de bonne santé spirituelle, de confiance et de foien Dieu. Vous ne vous êtes pas senti exaucés par Dieu et vous vous dites, avec raison : « Mais, Seigneur, pourquoi restes-tu à rien faire ? Tu sais que nous sommes pauvres, limités dans nos moyens, incapables devant certaines épreuves de la vie… et alors, tu dois nous aider, il faut que tu viennes à notre secours ! »

Si nous faisons l’expérience d’un certain silence de la part de Dieu, ne baissons pas les bras. Contemplons Jésus sur la croix. Il fait l’expérience du même silence et de la même solitude. Il prie mais ne trouve pas de réponse immédiate mais la résurrection sera la réponse du Père. Il dit à son Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », mais il ne reçoit aucune réponse ! Pourtant, cela n’atteint pas sa confiance dans le Père car il dit, avant de mourir : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ! ».  Cette confiance tenue jusqu’au bout trouvera la réponse trois jours plus tard, dans le mystère de la résurrection.

Nous devons tenir bon et insister comme Moïse et la veuve de l’évangile. La veuve de l’évangile est devant un juge qui « juge sans justice » et qui refuse de lui rendre justice. Mais elle a tenu bon jusqu’au bout ! Sa persévérancefinit par décider ce mauvais juge à lui faire justice. « Il y avait une veuve qui venait lui dire : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire. Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer. »  Ce juge dur, sans pitié, sans compassion et ne craignant pas Dieu a cédé devant la ténacité et la persévérance de la veuve.

Contemplons cette veuve qui nous est donnée comme modèle. Dans la tradition biblique, la veuve et l’orphelin, (et l’étranger) sont une catégorie abandonnée et méprisée de la société, tellement fragiles et sans défense que tout le monde pouvait abuser d’eux, les écraser. En effet, c’est le mari qui défend son épouse ! C’est le papa qui défend et protège son enfant. Perdre le mari pour une femme ou le papa pour une enfant, c’est se trouver en situation de grande fragilité. Du coup, la veuve et l’orphelin ne pouvaient compter que sur Dieu seul. Dans cet évangile, vous voyez bien que cette veuve ne demande pas des passe-droits ! Elle ne demande pas de la pitié ni une faveur particulière…. Elle réclame tout simplement son droit : qu’on lui fasse justice, rien de plus ! Même cela, personne ne veut le lui accorder.

Normalement, la justice, dans sa nature même, est sensée défendre tout le monde. Ne lit-on pas, même dans nos tribunaux « que nous sommes tous égaux devant la Loi et que la justice est égale pour tous ! Le juge, en principe, doit être impartial. Parfois, comme vous le voyez, cela est une conception de la justice est contredite par la réalité : beaucoup d’exemples montrent malheureusement que que nous ne sommes pas tous traités de la même manière par la justice humaine qui peut paraître parfois cynique et injuste ! Un de mes chanteurs préférés, Lucky Dube, dit dans une de ses chansons, que notre société est tellement corrompue qu’elle cherche à acheter l’amour et la justice, et qu’amour et justice s’achètent… et qu’une enveloppe de dollars peut faire changer la décision d’un juge à la vitessed’une roquette ». Ceci n’est pas nouveau ! Je ne vais pas m’attirer la colère des magistrats, avocats et juristes !

La veuve croyait en la justice et elle n’a pas baissé les bras ! Elle a lutté jusqu’au bout, tenant tête au juge sans justice. Le changement d’attitude du juge n’est rien d’autre qu’une preuve supplémentaire de son égoïsme : il accepte de faire justice, non parce qu’il croit en la vertu de la justice mais bien parce qu’il veut être tranquille, sans cette casse-pied de veuve de le harcèle et l’importune.

Faisons attention ! Quand nous prions, nous ne nous adressons pas à un juge sans justice et sans pitié mais à un Père, plein de tendresse et de miséricorde, un juge plein justice et bonté. Même quand Il semble silencieux parce qu’il n’obéit pas à nos requêtes dans un temps et dans un espace bien précis, notre Dieu est toujours fidèle. Il ne ferme ni ses oreilles, ni son cœur à ses enfants. Nous le voyons dans la première lecture. Moïse prie Yahvé pendant que Josué est allé combattre les Amalécites en vue de la conquête de la Terre Promise. Le temps devient trop long. Moïse se fatigue. Mais il ne baisse pas les bras parce qu’il sait que Dieu écoute toujours nos prières. C’est ainsi qu’il demande à Aron et Hour de soutenir ses bras en prière.

Cette demande de soutien me fait penser à toutes ces personnes qui demandent de prier en communion, ensemble avec elle pour telle ou telle personne. Soutenons-nous dans la prière. Prier les uns pour les autres est un geste de solidarité, une entraide fraternelle. L’union fait la force… et cela vaut plus encore dans la prière. Les chrétiens sont appelés à se porter mutuellement et ensemble dans la prière. C’est une grande richesse de pouvoir compter sur la prière des autres.  Le Seigneur nous demander de prier ensemble et avec insistance.

Prier avec insistance est une preuve de la solidité de notre foi. Baisser les bras devant ce qui semble le silence ou manque de réponse de Dieu, même devant nos lourdes épreuves, est un signe que nous sommes, au niveau de la foi, comme nos enfants qui veulent parfois « tout ici et maintenant », et qui sont capables de nous dire : « papa, maman, je ne t’aime plus parce que je tu ne me donnes pas ce que je demande ! » C’est un chantage que nous entendons souvent ! « Je ne crois plus en Dieu parce qu’il n’a pas exaucé ma prière quand je lui demandé de guérir mon enfant, mes parents, tel ami, mes grands-parents… et qui sont mort depuis ! » Je ne sous-estime pas la douleur ou la révolte de ne pas se sentir entendu par Dieu… Mais, la foi tenace nous dit que ce silence de Dieu, comme celui expérimenté par que le Christ a en croix, trouve la réponse dans la résurrection.

Saint Paul nous rappelait dimanche dernier que le Seigneur est toujours fidèle, qu’il ne peut se renier lui-même. Demandons-lui de faire grandir et de purifier notre foi, pour que rien ne vienne ébranler notre confiance totale en Lui. Même quand nous sommes dans l’épreuve, crucifiés par et sur les croix des épreuves de notre vie, Jésus est crucifié avec nous et porte sa croix avec nous, nous promettant la victoire dans la résurrection si nous lui faisons totalement confiance. Seigneur, augmente et affermis notre foi qui est parfois fragile et vacillante. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-10-20T18:10:39+02:00

Edito : Missionnaires dans les pas de sainte Thérèse de Lisieux

Edito : Missionnaires dans les pas de sainte Thérèse de Lisieux

Octobre est un mois missionnaire et interroge notre désir et manière de participer à la mission du Christ et dans l’Eglise. Pour nous accompagner, une grande figure de missionnaire nous est donnée comme modèle. C’est celle de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face que nous fêtons le 1er octobre ! Une sainte Française, monialemais que l’Eglise reconnait comme patronne universelle des Missions.  En ce mois missionnaire, pouvons-nous regarder et prier cette sainte qui nous apprend comment être disciples-missionnaires aujourd’hui !

La figure de la Petite Thérèse montre l’inconsistance de l’opposition entre vie active et vie contemplative, entre Marthe et Marie ! En elle, la vocation carmélitaine n’est jamais séparée du souci apostolique qui a pour horizon l’humanité entière. Elle désirait être missionnaire, non pas seulement pour quelques années, mais jusqu’à la fin des temps. Son désir semblait se concrétiser quand on lui demanda de participer à la fondation d’un Carmel à Hanoï, mais c’est à ce moment là qu’apparaissent les premiers symptômes de la tuberculose dont elle mourut en peu de temps. Sauver les âmes, voilà le désir dont brulait le cœur de la Petite Thérèse ! Aimer Jésus et le faire aimer ! Elle demandait sans cesse la grâce d’être attirée par le Christ pour attirer à Lui les autres. Elle a compris d’une part que « Dieu nous fait désirer ce qu’Il veut nous donner » et que seule de la rencontre et de l’amour pour le Christ peut naître la sollicitude apostolique.

Nous passons parfois trop de temps en mettre en place des stratégies d’efficacité missionnaire, oubliant ce que nous apprend sainte Thérèse de Lisieux : l’efficacité apostolique et missionnaire est d’abord un don de Dieu que nous devons demander d’abord dans la prière. Vouloir sauver les âmes, sans l’aide de Dieu, c’est comme vouloir faire resplendir le soleil en pleine nuit, ce qui n’est pas possible. Elle nous apprend que seul le Christ vivant et agissant peut attirer à lui les âmes et que sans Lui, toute activité apostolique et missionnaire est inutile et vouée à l’échec.

Par conséquent, sainte Thérèse a cherché chaque jour à s’unir au Christ dans la prière, lui demandant de sauver les âmes. C’est cela la finalité de la mission : que toute âme soit touchée et sauvée par Jésus. La première attitude du baptisé appelé à devenir un disciple- missionnaire est de se mettre dans les pas de sainte Thérèse en s’unissant chaque jour au Christ pour lui confier notre monde dont nous désirons ardemment le salut. Le Christ lui-même dit à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Mt 9, 37-38).

En ce mois d’octobre où notre archevêque nous invite à vivre une assemblée diocésaine à Pibrac pour nous prier et réfléchir ensemble à la vie et mission dans notre diocèse, où nous nous préparons le lancement d’un parcours Alpha dont la finalité est l’évangélisation, où nous mettons en place des propositions et équipes en vue de la mission dans nos paroisses, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui nous accompagne pendant tout le mois d’octobre ( et pas que) nous rappelle que pour être missionnaires, nous devons d’abord être des hommes et femmes de prière. Elle nous invite à nous unir chaque jour au Christ Sauveur de toutes les âmes ! Puisse Sainte Thérèse nous obtenir la grâce de désirer le salut des âmes pour nous unir davantage au Christ qui nous appelle et nous envoie en mission. Attirés par le Christ, Il pourra alors attirer à Lui toutes âmes grâce à notre témoignage de vie. Le pape François rappelle que c’est d’abord par attraction et non par prosélytisme que grandit la mission ! Unis au Christ et attirés par Lui, nous pourrons attirer à lui nos frères et sœurs. Bon mois missionnaire !

Edito : Missionnaires dans les pas de sainte Thérèse de Lisieux2022-10-13T19:45:45+02:00

Homélie du Père Joseph du XXVIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes cher frères et sœurs

L’événement relaté dans cet évangile se déroule à la frontière entre la Samarie et la Galilée. C’est un récit propre à l’évangile selon saint Luc, que les autres évangélistes n’ont pas rapporté. Saint Luc situe ce récit entre celui du « serviteur quelconque » que nous avons écouté dimanche dernier et le discours eschatologique sur le Règne à venir. Par cette traversée géographique difficile qu’est le passage entre la Samarie et la Galilée, saint Luc nous apprend que dans la traversée de notre vie, le passage de la foi à l’entrée dans le Royaume de Dieu, est un passage tortueux et difficile. C’est notre propre histoire et celle de l’Eglise. Au cours de cette traversée, de la Samarie à la Galilée, il y a une histoire, comme la grande histoire de l’humanité et l’histoire de chacun de nous sont traversées par de petites histoires qui nous nous choquent, nous émeuvent et nous scandalisent…mais qui donnent sens à notre propre histoire.

L’histoire de ces lépreux me fait penser d’abord à l’histoire de toutes les personnes qui sont mises à l’écart, exclues de la communauté, de la société… Pensons à certaines personnes âgées isolées, privées de contact extérieur et mourant parfois de solitude. Me reviens à l’esprit cette dame, Micheline Emile, dont j’ai célébré les funérailles à Lardenne mercredi après-midi : sans famille, j’étais seul devant son cercueil, avec 4 membres de l’équipe des funérailles… et seulement deux personnes d’une société des pompes funèbres musulmanes qui devaient ensuite rapatrier son corps pour être enterré en Algérie, car bien qu’elle soit chrétienne, elle était mariée à un algérien et avait deux enfants tous morts et enterré en Algérie. Aucun ami, aucune connaissance ! Mourir dans une grande solitude.  Je pense aussi aux personnes exclues parce que pauvres, chômeurs, vivant avec un handicap, ou des gens simplement différents par la race, la culture, la religion… C’est l’histoire d’une petite collégienne de 6è qui doit manger seule au self du collège parce que personne ne veut se mettre à côté d’elle parce qu’une bande d’élèves (déjà en 6è !) lui font subir un horrible harcèlement.

C’est l’histoire des lépreux de l’évangile qui, tout en vivant dans un village habité, sont pourtant séparés des autres villageois et tenus à bonne distance. Cette distance de séparation prescrite par la Loi de Moïse, devenue une sorte de mur de séparation, une Loi qui, paradoxalement, tout en défendant certaines personnes, en exclut d’autres. Cette image est très actuelle : nous habitons la même planète, le même monde globalisé devenu un grand village, mais nous sommes séparés les uns des autres, parce que nous cohabitons dans la séparation, les uns à côté des autres à cause des différentes lèpres qui provoquent des multiples blessures sanitaires, sociales, économique, psychologiques, religieuses et politiques… Mais les conséquences de certaines catastrophes comme la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique nous rappellent que nous sommes dans une même maison, embarqués dans la même barque même si nous cherchons à nous séparer en construisant certains murs entre-nous.

C’est la société, c’est-à-dire nous-mêmes, qui produisons ces lèpres portant divers noms : l’exclusion, pauvreté, misère, famine, hérésie, idéologie, race, intégrisme, guerre, immigration… Il y a une longue liste des situations, des dynamiques, de structures, d’implications devant lesquelles un chrétien ne peut rester indifférent, car cela nous touche, de près ou de loin, qu’on le veuille ou non.

Toutes ces lèpres nécessitent d’abord un cœur, des tripes, avant les politiques et stratégies. Une politique qui ne regarde pas l’humain dans ses yeux, ses malheurs, ses larmes et ses cris, est vouée à l’échec. Nous devons revenir à la vérité de l’homme dans sa simple capacité relationnelle : la relation du cœur, la compassion, la tendresse, la miséricorde…La relation du cœur, comme le rappelle souvent le pape François, est plus efficace que tous les devoirs, politiques et stratégies étudiées dans les plus grands bureaux. C’est cette relation du cœur que Jésus nous montre dans l’évangile d’aujourd’hui.

Il entre dans un village et y rencontre un monde des gens séparés. Dix (10), c’est nombre exigé pour former une communauté synagogale dans l’AT. Il y a donc ici une communauté religieuse des lépreux qui vivent dans un village, mais qui en est séparée, comme une église vivant dans un monde dont elle a pourtant pris ses distances, en refusant de vivre son histoire et ses expériences. C’est une Eglise malade qui pourtant connaît Jésus, l’appelle par son nom, l’appelle « maître » et crie à haute voix comme nous, dans le rite pénitentiel, au début de la messe « pitié Seigneur ». Cette prière faite à haute voix demande seulement la pitié, pas la guérison. Cette communauté des lépreux ne demande pas la communion. Au contraire, en criant, elle respecte la règle de la distance, même avec Jésus.

Saint Luc nous dit qu’à peine vus, Jésus les envoie voir les prêtres à Jérusalem. C’est-à-dire que Jésus demande aux lépreux de poser un geste interdit par la Loi. Les lépreux doivent faire un forcing interdit : se présenter aux prêtres alors qu’ils sont toujours chargés de la lèpre qui les rend impurs et qui leur demande de ne pas s’approcher des gens normaux.  C’est un beau message que nous livre Jésus à travers cet ordre.  N’attendons pas d’être beaux, propres, sains et saints, purs, parfaits…pour nous mettre en route.  « Je suis venu pour les malades et les pécheurs » nous dit Jésus. Et c’est en route, en chemin que les dix lépreux sont purifiés et guéris de leur lèpre !

Les lépreux sont guéris, non pas parce qu’ils ont demandé la pitié, mais parce qu’ils ont accepté de se mettre en route pour aller à Jérusalem en obéissant à la parole donnée par Jésus. La dynamique de la vie est revenue dans ce monde des « séparés, des exclus, des prisonniers volontaires d’un village, prisonniers de la Loi, de leur infirmité ». Cela s’est produit parce qu’ils ont fait confiance ! Notre monde aurait un autre visage si les peuples, les cultures, les religions se faisaient mutuellement confiance, en acceptant de s’approcher les uns des autres sans préjugés.

Cet évangile finit par un paradoxe, à la fois beau et douloureux. Tous les dix lépreux sont guéris sur leur chemin, mais un seul revient sur ses pas. Ce dernier est un étranger, un samaritain considéré comme hérétique dans le judaïsme ! Il revient sur ses pas pour rendre grâce. Cet étranger à la foi juive reconnaît l’intervention de Dieu dans son histoire personnelle. Pour lui, être purifié, reprendre sa place en société et dans la religion ne suffisent pas : il sent le besoin infini de grâce et de louer Dieu par sa vie. Il revient sur ses pas et se jette aux pieds de Jésus pour manifester sa gratitude.

Par ce geste, le Samaritain purifié a brisé la distance et la séparation qui le liait au groupe de dix mais le séparait du salut en touchant les pieds de Jésus. Les autres 9 sont toujours en route vers Jérusalem. Ils sont purifiés, soumis à la Loi, ils ont peut-être rejoint le temple de Jérusalem et ont rencontré probablement les prêtres…. Peu importe ! Ils ont pourtant perdu la relation avec le Seigneur. Seul le Samaritain, en revenant sur ses pas, a retrouvé la relation avec Jésus. Il a compris que ce qui compte et donne sens à son histoire c’est d’être avec le Seigneur.

Nous sommes aujourd’hui, nous aussi, mis directement devant des nouvelles manifestations de la même lèpre, pour nous même et pour les autres, avec tous ces étrangers de religion, de culture, de peau, de statut social, de niveau intellectuel, d’appartenance ecclésiale ou communautaire… N’oublions jamais que tous ces étrangers que nous sommes, vous et moi, ceux d’ici et ceux d’ailleurs, sont devenus nos voisins dans ce monde globalisé.  Demandons au Seigneur d’ouvrir nos yeux à toutes les formes de séparation, de division et d’exclusion.  Que le Seigneur nous donne de ne pas construire ni entretenir des murs de séparation, mais d’avoir le courage de les briser en construisant des ponts entre les personnes et les peuples. Seigneur, guéris-nous de toutes ces lèpres qui nous séparent. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXVIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-10-20T18:09:03+02:00

Homélie du Père Joseph du XXVII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs

Si les derniers dimanches le Seigneur nous a parlé de la précarité et de la dimension éphémère de la richesse, c’est comme si l’évangile d’aujourd’hui venait nous dire que le Seigneur n’avait prêché dans le vide, et que les disciples ont bien compris son message. Nous contemplons les disciples, le cœur rempli d’un désir, mais des biens terrestres mais de la seule richesse qui compte comme cela est exprimé dans leur demande, qui est en réalité une prière que je vous invite à faire nôtre chaque jour : « Seigneur, augmente en nous la foi ! »

Demandons aussi le don de la foi ainsi que sa croissance ! Ces mêmes disciples qui demandent de grandir dans la foi avaient auparavant douté : ce qui leur avait valu ce « grand reproche » de Jésus qui les a appelés « hommes de peu de foi ». A présent, ils veulent grandir dans la foi, ce qui est une véritable conversion : passer du doute au désir de croire et de grandir dans de la foi. Il y a tellement de monde qui désirent croire mais qui ne le demandent pas ! Alors, c’est à nous, peuple croyant de prier pour la croissance de notre propre foi et pour ces hommes et femmes en recherchequi, après une vie de doute ou de non-foi, découvrent ou redécouvrent le chemin de la foi, les convertis, les « recommençants » qui deviennent ensuite de grands témoins d’une foi authentique et solide.

Nous avons besoin de la foi, surtout dans les situations difficiles car « rien n’est impossible à celui qui croit ». La foi qui est capable déplacer les montagnes ! Dans l’évangile, le Seigneur se refusant d’utiliser une telle expression… prend un exemple simple et humble : une graine de moutarde, plante pas très appréciée à l’époque en Palestine.  Une parenthèse, il parait que nous reprenons la production de la moutarde à Dijon en France et n’avons plus besoin de l’importer en Ukraine ou au Canada ! Bref, au lieu de prendre une image impressionnante pour parler de la force de la foi, comme le Cèdre du Liban, par exemple, Jésus choisit l’image de la graine de moutarde qui n’impressionne personne en Palestine.

Cette image pose un premier enseignement !  Ce qui nous réunit en ce moment pour l’eucharistie, c’est la grâce de la foi. Chacun de nous est conscient que l’eucharistie est source et sommet pour sa vie. Et nous avons raison de le croire ! Cependant prenant l’exemple de la graine de moutarde, le Seigneur nous rappelle que la vraie foi nous dépouille de toute tentation de suffisance et ne doit pas être orgueilleuse.  La foi appelle à l’humilité. Plus nous croyons, plus nous nous rendons compte combien nous sommes petits et éloignés de Dieu. D’où l’impératif pour le chrétien de chercher Dieu sans se lasser et faire un petit pas vers lui chaque jour. Un vrai chrétien ne peut avoir une foi assise, confortable et assurée dans un fauteuil parce que le mystère de Dieu restera toujours inépuisable, insondable… aussi longtemps que nous ne sommes pas devant Lui, contemplant son Visage… !

La foi appelle à l’humilité ! Une foi orgueilleuse, qui prétend être dépouillée de tout doute, bien assise dans les certitudes, celle qui méprise et humilie les autres, en particulier ceux qui ne croient pas…n’en est pas une ! Foi véritable et humilité vont de pair comme nous dit Marie dans le Magnificat : « Il s’est penché sur son humble servante ». Quand nous lisons la vie des saints, nous nous rendons compte qu’à un moment donné de leur vie, ils ont traversé quelques nuits obscures, de doutes et grands questionnements sur la foi.

Une autre caractéristique de la foi, c’est le témoignage ! Jésus dit qu’une lumière est faite pour éclairer et pas pour être cachée : « Vous êtes la lumière du monde, vous êtes le sel de la terre » nous dit Jésus. Nous ne pouvons pas taire notre foi, notre joie d’avoir rencontré le Jésus.  Mais pour que notre témoignage soit crédible, il ne peut se contenter des paroles ou des formules, des concepts, de grandes démonstrations dogmatico-théologiques, d’une série des règles, des lois et doctrine bien définies derrière lesquelles nous nous cachons confortablement. Nous confondons dans notre société la religion et la foi. La foi des concepts théologiques, de précisions catéchétiques, de formules et gestes liturgiques bien exécutés…est la religion des pharisiens que Jésus a combattue jusqu’à en payer de sa propre vie !

Certains se disent chrétiens parce que baptisés, leurs noms figurant dans un registre de baptême d’une paroisse quelque part ou, parce que faisant partie d’une culture occidentale fondamentalement enracinée dans le christianisme ! Mais il y a des baptisés qui ne sont plus chrétiens parce qu’ils n’ont plus re relation personnelle avec le Christ. Le pape Benoît XVI rappelait que la foi chrétienne n’est pas d’abord une adhésion à une doctrine, un ensemble des dogmes. Notre témoignage de foi est simplement le rayonnement de cette rencontre et relation personnelle et existentielle avec Jésus, comme dit saint Jean dans sa première lettre : « Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ. Et nous écrivons cela, afin que notre joie soit parfaite » (1Jn 2-4).

La foi ne peut pas être timorée. L’essence même de la foi nous envoie vers les autres pour leur témoigner de cette joie qui nous habite. Dans la Joie de l’Evangile, le pape François invite à témoigner de cette joie de la foi quijaillit de la relation personnelle avec le Christ : « J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que « personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur ».

Il est temps de quitter cette peur et timidité caractéristiques des chrétiens en France, peut et timidité qui nous interdisent d’affirmer notre foi au tour de nous dans nos cercles amicaux, professionnels, familiaux. Saint Paul nous rappelle que : « ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur ». Demandons la grâce d’une foi qui grandisse chaque jour et dont nous témoignons autour de nous, humblement et sans agressivité. Comme tes disciples, nous te prions « Seigneur augmente en nous la foi ! » Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXVII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-10-20T18:07:45+02:00
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