À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Message de Jacques Bonhomme, organiste de Plaisance-du-Touch

Message de Jacques Bonhomme, organiste à de Plaisance-du-Touch.

« Bonjour à tous, 

Merci pour cette attention à l’occasion de mon départ. C’est avec plaisir que je reviendrais de l’Ariège le 8 mai prochain. J’aimerais simplement exprimer mes remerciements à la paroisse de Plaisance-du-Touch et notamment à l’association des amis de l’orgue et sa présidente pour son accueil chaleureux il y a maintenant près de 5 ans; sans oublier Pierre Malaterre.

J’ai apprécié cet orgue et ses sonorités en osmose avec la belle église de Plaisance. J’ai aussi apprécié la simplicité de transmission des programmes du dimanche et la belle énergie des animateurs ainsi que de la chorale et de son dynamique chef. J’ai été organiste à divers endroits et croyezmoi, ce n’est pas toujours évident.

Ce fut également un plaisir de faire sonner cet instrument lors des journées du patrimoine ou d’une belle soirée comme le dernier concert de Noël.

Je garderai un excellent souvenir de mon passage à Plaisance du Touch ou j’ai eu toute liberté de faire sonner l’orgue à ma guise et d’accompagner le chant des paroissiens.

Merci à Chantal, présidente d’Orgatouch, et à vous également Père Joseph pour cette messe du 8 Mai qui bouclera cette belle collaboration entre une paroisse et un musicien et ouvrira j’espère à mon ami et collègue Christophe de nouveaux horizons.

Je continue quant à moi ma passion de l’orgue un peu plus au sud, en Ariège où j’espère continuer longtemps à faire chanter de beaux instruments. »

​​​​​​Jacques Bonhomme

NB : la communauté paroissiale de Plaisance-du-Touch rendra grâce avec Jacques le dimanche 8 mai au cours de la messe de 11h00 à l’église Saint-Barthélémy. Ce sera pour nous l’occasion de lui dire merci et d’accueillir Christophe Desnier qui prend la suite, comme organiste titulaire de l’orgue de l’église Saint-Barthélémy de Plaisance-du-Touch.

 

Message de Jacques Bonhomme, organiste de Plaisance-du-Touch2022-03-20T23:57:12+01:00

Homélie du Père Joseph du II° dimanche de Carême, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Les tentations au désert méditées dimanche dernier nous ont rassuré sur le fait, Jésus a lui aussi a été soumis à la tentation, comme nous, et comme lui, que nous ne sommes pas condamnés à céder et que nous pouvons vaincre le Malin nous aussi ! Au deuxième dimanche du carême, comme chaque année, c’est la transfiguration de Jésus sur le mont Tabor que l’Eglise nous appelle à contempler. Comme les tentations au désert, le récit de la transfiguration est repris par les trois évangiles synoptiques. C’est dire son importance ! Méditer la transfiguration en carême, c’est se rappeler que le mystère de la Passion et de la Résurrection est un seul et même mystère, inséparables, que la passion de Jésus conduit à sa résurrection, et c’est cela le cœur de notre foi. Au cœur du carême, ce récit est une sorte d’anticipation, un avant-goût de la résurrection.  Il s’agit d’un appel, une invitation, sur notre chemin vers Pâques, à ne pas nous décourager mais tenir ferme.

En ce deuxième dimanche de carême, je voudrais insister sur un des piliers du temps de Carême qu’est la prière. L’évangile nous dit : « En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier ». Saint Luc insiste beaucoup sur la prière de Jésus qu’il nous présente plusieurs fois en prière à certains moments clefs de sa vie.

A son baptême au Jourdain : « Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » (Lc 3,21-22). Rappelons-nous notre vocation et dignité sacerdotale acquise par le baptême. Cela veut dire que, par le baptême, nous sommes faits pour prier, pas seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour les autres. En ce temps de carême, nourrissons notre baptême par une vie de prière. Nous réalisons pleinement notre vocation sacerdotale en menant une vie intime avec Jésus par la prière.

Au moment de choisir les douze apôtres, saint Luc nous présente Jésus en prière : « En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres » (Lc 6, 12-13). Le choix de douze est un choix important pour Jésus car il devra s’appuyer sur eux pour annoncer la Bonne nouvelle. L’enseignement que nous pouvons tirer de cet épisode est fait de ne pas prendre nos décisions sur un coup de tête, mais de nous mettre toujours à l’écoute de Dieu, à travers un discernement fait toujours dans la prière. Si nous voulons faire la volonté de Dieu, c’est dans la prière, grâce à la lumière du Saint Esprit, que nous découvrons cette volonté et recevons la grâce nécessaire pour l’accomplir. En ce temps de carême, comme Jésus, il nous est possible et bienfaisant, de prendre, comme Jésus, un temps important de prière pour lui confier notre vie et lui demander conseil, dans les grandes et petites décisions que nous sommes appelés à prendre. Une journée de récollection, de désert ou de retraite ne sera pas de trop !

A la veille de sa mort, Jésus est en prière dans le Jardin des Olivier : « Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.  Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »  Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.  Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. » (Lc 22, 39-49)

Dans ce récit, Jésus rappelle que la prière est une arme contre les tentations et contre Satan. Une vie de prière suffisante nous aide faire la vérité sur notre vie que nous regardons avec la lumière du Seigneur, pour repérer les pièges du Malin et mener le combat spirituel. Négliger sa vie de prière, c’est se fragiliser devant les tentations que nous devons quotidiennement affronter dans notre vie.

Arrêtons-nous un peu au récit de l’évangile de ce dimanche.  La transfiguration se réalise au cours de la prière : « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire » Sur le mont Tabor, Jésus a un visage lumineux, enveloppé d’un vêtement resplendissant, et entouré par Moise et Elie, c’est-à-dire, la Loi et les Prophète.

Le récit de la transfiguration est rempli de plusieurs références bibliques. La montagne est le lieu de la rencontre du Seigneur. Cela est arrivé à Moïse et Elie. Leur présence sur le mont Tabor rappelle aussi la première et ancienne alliance de Dieu avec son Peuple, une alliance stipulée par la médiation de Moïse, et dont les prophètes, représentés ici par Elie, devaient défendre, rappeler et assurer la fidélité de la part du peuple. La présence de Jésus inaugure la nouvelle et éternelle alliance qui se réalise à travers sa mort et sa résurrection. Luc nous dit en effet : « Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. » C’est à Jérusalem que Jésus va sceller cette nouvelle alliance à travers son don total, par son corps livré et son sang versé par amour pour nous.

Les sacrements, et tout spécialement l’eucharistie, sont les modalités par lesquelles nous entrons, vivons e actualisons cette nouvelle alliance.  Si le Seigneur nous donne la vie par le baptême, c’est dans les autres sacrements et tout particulièrement dans l’eucharistie, que cette vie divine en nous se nourrit, se construit, grandit et s’affermit. Une sorte transfiguration se réalise pour chacun de nous chaque fois que nous célébrons l’eucharistie dans la foi. Pouvons-nous interroger sur notre manière de vivre l’eucharistie ? La messe est-elle vraiment la source et le sommet de notre vie ? Si la prière est importante, la messe (l’eucharistie) est prière par excellence, la source et le sommet pour la vie chrétienne. Ne pas participer à la messe, c’est se priver de ce qui est nécessaire et indispensable pour grandir et porter du fruit. Le mariage, comme la vie de prêtre, s’arrose et s’entretient par la vie eucharistique qui permet à cet amour que nous avons dans notre cœur de pouvoir grandit chaque jour, se déployer et porter du fruit. Jésus nous dit : « sans moi, vous ne pouvez rien faire ! » et aussi « la chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson ». Sans une vie de prière nourrie, nous sommes comme des sarments asséchés parce que pas attachés à la vigne.

En ce temps de carême, demandons la grâce d’être les témoins de la grandeur extraordinaire de l’eucharistie en y participant avec foi, et en invitant nos familles, amis et proches à y prendre part. Que l’eucharistie de ce jour transfigure notre vie pour la rendre semblable à celle de Jésus qui se donne à nous et s’est totalement livré pour notre salut. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du II° dimanche de Carême, année C (2022)2022-03-13T18:31:52+01:00

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de Carême, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis le mercredi des cendres, nous avons commencé le Carême ! Moi j’ai commencé le Carême en quarantaine ! Ça m’a fait bizarre de célébrer seul la messe et de m’imposer moi-même les cendres ! Cette période de quarante jours nous conduira aux fêtes pascales.  Comme chaque année, le premier dimanche de Carême nous invite à écouter le récit des tentations de Jésus au désert, épisode est tellement important qu’il est rapporté par les trois évangiles synoptiques.  Au-delà de ces petites différences, ces trois récits ont quelque chose en commun :  le fait que même notre Seigneur Jésus fut soumis, comme nous, aux tentations, c’est-à-dire, à cette possibilité malheureuse d’agir contre Dieu, voire même, de plier Dieu à son propre avantage, l’instrumentaliser.

Cet épisode est à la fois inquiétant et rassurant. Inquiétant parce qu’il pose la mystérieuse question de savoir comment, en Jésus, pouvait coexister de manière paradoxale la perfection divine et la fragilité humaine. C’est un mystère présent dans beaucoup de pages de l’évangile. Comment est-ce possible que Celui qui manifestait la puissance divine dans la multiplication des pains et des poissons, celui qui guérissait les malades, ressusciter les morts…pouvait être fragile en ayant faim et soif, fatigue et angoisse, et toutes les manifestations de la fragilité humaine comme nous ?

Ce récit est aussi très rassurant pour nous parce qu’il rend Jésus encore plus proche de nous, semblable à nous en toute chose, même dans les tentations, mais lui n’a pas péché. Il a combattu et vaincu les tentations.  Au début de carême, Jésus nous appelle à nous mettre à son école et à entrer dans le même combat avec lui contre toutes les tentations du Malin.  Ne soyons pas scandalisés ni désespérés de nos propres tentations, car même le Seigneur n’y a pas échappé.

De la méditation du récit des tentations au désert, il en est ressorti, de mon point de vue, trois dimensions des tentations, de péchés possibles que nous devons affronter dans notre vie : péché contre nous-même, contre le prochain et contre Dieu.

Péché contre-nous-même : « Pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Ici, nous sommes devant la tentation de ne penser seulement qu’à nos besoins premiers et primaires, à nos pulsions les plus élémentaires, nos besoins physiques et corporels :  manger quand nous avons faim, boire quand nous avons soif, répondre à nos envies et pulsions corporelles et physiques. Rien de mystérieux ! Quand nous ressentons un besoin primaire, naturel et corporel, ceci parait tellement irrésistible et c’est cela que Satan veut faire croire à Jésus. Le marketing et les publicitaires savent bien nous attraper par nos 5 sens : une musique, des odeurs précises, un visuel adapté…dans une structure commerciale, un magasin pour susciter le besoin et inciter ceux qui passent ou osent entrer pour qu’ils achètent.…

La Bonne nouvelle, c’est que nous pouvons vaincre ce combat qui voudrait nous limiter à notre seule dimension corporelle et physique. Nous ne sommes condamnés et ni conditionnés que par nos besoins physiques. Nous sommes capables de résister aux tentations corporelles et physiques. Le remède, c’est la fameuse formule spirituelle à vivre pendant le carême : « jeûne et abstinence » pour nous ouvrir à notre dimension spirituelle, aux besoins de l’âme.  « Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. », ce qui veut dire que nous valons plus que nos besoins physiques et corporels. Pouvons-nous essayer pendant ce carême de lutter contre toutes ces tentations physiques et corporelles en cherchant à nourrir aussi nos âmes par la prière, la lecture de la Parole, le jeûne, la vie sacramentelle…

Ensuite péché contre les autres : « Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.   Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » J’imagine presque Poutine qui veut reconquérir le monde pour assouvir son orgueil !

C’est la deuxième catégorie des tentations, le pouvoir provoqué par notre orgueil et qui blesse les autres autour de nous : la tentation de dominer, de soumettre, commander les autres, de manipuler les autres. Cela se vit en politique, mais aussi en famille, dans les relations professionnelles ou dans les affaires, et dans tous les secteurs de la vie, même dans l’Eglise. Toutes les cruautés et horreurs dont on parle actuellement l’Eglise trouvent en partie leur racine dans ce pouvoir que nous pouvons avoir et dont nous pouvons abuser. En famille, tel conjoint qui veut montrer que c’est lui ou elle qui porte la culotte, l’autre qui manipule par un chantage en appuyant sur les faiblesses des autres, l’enfant qui terrorise ou manipule ses parents par ses larmes qui sont une arme redoutable de pouvoir, le manager ou le chef qui écrase les membres de son équipe par la pression et les menace de licenciement…Vendre son âme au diable pour avoir le pouvoir et garder ce pouvoir à tout prix !

Chacun de nous a une portion de pouvoir, et peut se demander combien et comment nous cherchons à nous imposer, à écraser les autres, de manière consciente ou inconsciente. Cela trouve sa racine dans l’orgueil. Pour en guérir, contemplons et imitons : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Phil 2, 6-8). Le jeudi saint, nous verrons Jésus laver les pieds de ses disciples et les appeler au service humble les uns envers les autres. Le vendredi saint, nous le verrons porter sa croix, accepter toutes les humiliations par amour pour nous. Allons à l’école de Jésus, doux et humble de cœur, demandons-lui la grâce de l’humilité en acceptant ces petites humiliations qui blessent notre orgueil. Les grands saints nous apprennent que nous ne pouvons pas grandir dans l’humilité et vaincre l’orgueil si nous n’acceptions les humiliations.

Enfin, le péché contre Dieu : « Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »

Cette troisième catégorie des tentations est cette sorte de vanité qui nous pousse à tenter même Dieu en le rendant responsable et coupable de tous nos malheurs et des conséquences de nos propres péchés. Dès le péché originel, Adam et Eve cherchaient à responsabiliser Dieu de leurs fautes. Adam répondit à Dieu en disant : « La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. » Le Seigneur Dieu dit à la femme : « Qu’as-tu fait là ? » La femme répondit : « Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé. » (Gn 3, 12-13) Bref, si nous en sommes là, c’est la faute de Dieu a créé Eve, ou alors qui a créé le Serpent ! Nous voulons nous dédouanons de toute responsabilité.

Dans cette tentation, le diable, ange déchu tente Jésus en citant la Parole de Dieu. C’est tellement sournois et malin. Le Diable cite quelques extraits du psaume 90, 8-13) : « Il suffit que tu ouvres les yeux, tu verras le salaire du méchant. Oui, le Seigneur est ton refuge ; tu as fait du Très-Haut ta forteresse. Le malheur ne pourra te toucher, ni le danger, approcher de ta demeure : il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins. Ils te porteront sur leurs mains pour que ton pied ne heurte les pierres ; tu marcheras sur la vipère et le scorpion, tu écraseras le lion et le Dragon. »  La classe ! Satan qui cite par cœur un psaume…pour mettre Dieu à l’épreuve et le culpabiliser ensuite.

Nous procédons parfois de la même manière : au lieu d’assumer nos comportements, nous accusons le Seigneur. Se jeter du haut du temple pour faire le beau, le fort, et prétendre que Dieu va nous sauver comme le suggère Satan, c’est vouloir éprouver Dieu, c’est chercher à le rendre responsables de toutes les conséquences de nos comportements à risque et dangereux. Par exemple, refuser toute mesure sanitaire contre la Covid19 parce que c’est Dieu qui va nous sauver ! Conduire sous influence d’alcool, de drogue et rendre Dieu responsable de l’accident parce qu’il ne m’a pas protégé ! Se lancer dans une guerre en pensant que Dieu me défendra. Tant de guerres, malheurs, de famine, d’injustice, de haine…et c’est toujours la faute de Dieu qui ne fait rien, passif, qui regarde, impassible sans rien faire ! Au lieu de penser à notre propre responsabilité, nos haines, égoïsme, vengeance, jalousies qui font naître et perpétuer ces malheurs.

En ce temps de carême, contemplons Jésus qui a été tenté comme chacun de nous, et qui nous montre que nous pouvons aussi vaincre ce combat contre le mal, car nous ne sommes jamais seuls. Depuis le baptême et dans les sacrements, le Saint Esprit nous est donné pour combattre le mal et le péché. Que ce temps de conversion nous permettre de mener fermement ce combat contre le Malin pour grandir dans l’Amour de Dieu.

 

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de Carême, année C (2022)2022-03-03T18:12:31+01:00

Conseil Pastoral du Doyenné Sainte Germaine du 14 février

Conseil Pastoral du Doyenné Sainte Germaine

14 février 2022

Le Conseil pastoral de notre doyenné s’est réuni le lundi 14 février.

Vie dans nos paroisses

Un tour de table a d’abord permis de faire connaître certains des événements marquants qu’a vécus chaque paroisse depuis plusieurs mois. On retiendra, parmi d’autres : à Colomiers, le travail de la plateforme des migrants, une série de conférences sur le climat, une rencontre avec l’Église Évangélique ou encore une collecte pour bébés ; à Tournefeuille, l’inauguration de l’orgue ainsi qu’une journée des fiancés ; à Saint-Simon, le concert et la pastorale de Noël ; à Brax, le projet de construction d’une « maison partagée » Simon de Cyrène où personnes handicapées et personnes valides vivront ensemble (ouverture prévue à la fin de 2024) ; une aide aux migrants à Léguevin sous la forme de distribution de cadeaux pour Noël.

Toutes paroisses confondues, on s’accorde à reconnaître que le récent rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église a créé un état de sidération chez les fidèles et les croyants, profondément choqués par le fait que certains membres de l’Église aient trahi le message évangélique qu’ils sont censés porter.

Le Synode : état des lieux

Le Pape François a récemment lancé le Synode «Pour une Eglise Synodale : Communion, Participation et Mission »  avec pour idée de faire entendre toutes les voix et de prendre en compte toutes les diversités qui peuplent nos églises. Dans chacune de nos paroisses, différents groupes de réflexion se sont mis en place. Quelle appréciation peut-on avoir de ce travail en cours ?

Les débuts ont été prometteurs. Cependant traiter plusieurs thèmes dans chaque groupe s’avère difficile. Il est également difficile de mobiliser des personnes qui osent exprimer ce qu’elles croient et comment elles croient. Rappelons que les rapports de synthèse des différents groupes de chaque diocèse seront communiqués à notre évêque le 1er avril 2022.

Le problème majeur est la réaction au rapport Sauvé. Comment par une série de réflexions créer des liens et une impulsion nouvelle qui montrent que l’Église en crise a toujours un message à délivrer à l’attention de celles et ceux qui l’aiment et qui souffrent de la voir défigurée ? Ces réflexions toutefois n’auront de valeur que si elles aboutissent à des actes. Les initiatives de terrain revêtent en cela une grande importance, à condition qu’elles soient connues – d’où la nécessité d’une meilleure communication. Un exemple : sait-on quelles améliorations la réflexion liée au projet « Diaconia » ou « Service de la charité » (projet des années 2013-2016) a apportées dans notre diocèse ?

Qu’aurions-nous à dire au nouvel archevêque de Toulouse ?

Monseigneur Guy de Kérimel vient de prendre ses fonctions d’archevêque de Toulouse. Cette nomination peut être une opportunité à saisir pour faire valoir nos attentes pour l’Église. Après des échanges, les membres du Conseil pastoral expriment les requêtes suivantes :

  • être davantage à l’écoute des jeunes, des migrants, des plus fragiles
  • mettre l’accent sur les questions d’écologie (Église verte, entre autres projets)
  • avoir un état des lieux concernant le diocèse de Toulouse sur les questions de la pédocriminalité. Combien de religieux sont concernés ? Qu’en est-il de la cellule d’écoute ? La formation des prêtres a-t-elle changé et en quoi ?

Par ailleurs,   certains ont trouvé que les nouvelles formulations de la nouvelle traduction du Missel romain  obscures et peu  expliquées.

Partage de points de vue autour d’un thème du Synode : « Autorité et participation »

L’Église est-elle suffisamment à l’écoute de ses fidèles ou est-elle plutôt « coupée » de sa base ? Dans nos paroisses, encourageons-nous le travail et les prises de décisions en équipe ?

Il y a à la fois une très forte attente vis-à-vis de l’Église et une attitude passive, que l’on pourrait qualifier de « consommatrice » envers elle. Beaucoup cependant sont motivés, mais le bénévolat est difficile quand les deux membres dans un couple doivent travailler. On s’accorde sur le fait que les rencontres personnelles sont décisives.

Une expérience d’organisation originale existe à Léguevin et pourrait être appliquée dans d’autres paroisses. Un « conseil pastoral » (différent de l’EAP) composé de neuf personnes ayant un mandat d’un an renouvelable se réunit une fois par mois pour prendre des décisions collégiales concernant tous les sujets liés à la communauté. Ce conseil original contribue à faire connaître la vie de la paroisse aux fidèles et peut avoir un effet de levier.

L’idée majeure qui découle des échanges est qu’il faut encourager la prise de décisions en équipes et améliorer la diffusion de ce qui se fait dans chaque paroisse. Ainsi serait-il pertinent de publier le projet pastoral pour notre ensemble paroissial.

Un prochain Conseil pastoral de doyenné est fixé pour le 31 mai 2022 à l’Oustal.

 

Conseil Pastoral du Doyenné Sainte Germaine du 14 février2022-03-03T19:46:50+01:00

Vivre intensément la montée vers Pâques !

Vivre intensément la montée vers Pâques !

Notre montée vers Pâques a commencé ! Nous allons vivre quarante jours qui nous préparent à ce qui est le centre, le cœur de notre foi : le mystère de Pâques.  Au cours de ce temps de grâce, nous entendrons plusieurs appels : la conversion, la pénitence, le partage, le jeûne, la prière…. Ces appels peuvent être résumés dans un appel plus important encore : la liberté. Dieu vient nous libérer de la mort et du péché. Jésus a donné sa vie pour faire de nous des hommes et des femmes libres et libérés, et c’est dans cette liberté que nous vivions tous ces autres appels.  La pénitence nous invite à reconnaitre qu’il y a dans notre vie des « idoles » qui nous attirent et nous enchaînent, nous faisant vivre dans une illusion de bonheur alors qu’en réalité, elles nous rendent esclaves. Le jeûne ne peut être imposé de l’extérieur : c’est librement que nous le choisissons dans le désir de nous purifier pour viser ce qui est essentiel, non seulement pour notre corps, mais aussi pour notre âme qui est le temple du saint Esprit. Le jeûne trouve tout son sens quand il est librement motivé par le désir de partager avec les autres, surtout les pauvres. La conversion, c’est cet ajustement de notre vie à l’Amour et à la volonté de Dieu, pour vivre pleinement notre vie en communion avec Jésus :  un regard sincère et honnête sur notre vie nous montre toutes nos zones d’ombres qui ne sont pas ajustées par rapport à l’Amour de Dieu.

Pour vivre pleinement le Carême, il n’est pas nécessaire d’imaginer des grands gestes. Il nous suffit de regarder notre quotidien pour le vivre dans la vraie liberté. Quand nous nous levons par exemple, où vont nos premières pensées ? Sont-elles orientées par l’Amour de Dieu et celui du prochain ? Mettons au centre de notre quotidien, non pas les « choses à faire », mais « pour qui et comment nous les faisons ». La liberté nous appelle à faire de notre vie un arbre qui, nourrie de la Parole de Dieu, germe et grandit en portant du fruit pour soi-même et pour les autres.

Pendant ce temps de Carême, voici quelques propositions paroissiales que je vous invite à vivre, toujours dans cette liberté qui nous fait grandir dans l’amour. Notez-les dès maintenant dans nos agendas.

*Former de groupes de partage de la Parole de Dieu dans nos paroisses : Se réunir pendant une heure (horaire et jour à votre choix), par la semaine. La Parole de Dieu est une lampe sur notre chemin, une nourriture qui nous fait grandir et dont les fruits sont plus grands quand elle est partagée avec les autres. Vous pouvez vous appuyer sur l’évangile selon saint Luc ou l’un des textes de dimanche.

*Donner un peu plus de temps à la prière personnelle, communautaire et à la messe. Dieu nous attend ! Quel dommage de louper ces rendez-vous avec ce Dieu qui nous veut toujours plus libre, plus heureux, plus vivants.

*L’ICT nous propose une belle conférence avec le père Jean-Michel Poirrier le 8 mars à 20h30 à L’Oustal. En méditant les crises du peuple d’Israël pendant l’Exode, nous découvrirons comment les crises peuvent nous aider à avancer et grandir dans la liberté.

* Une expérience de solidarité internationale le lundi 28 mars 20h30 salle saint Pierre à Tournefeuille : Accueil d’un partenaire du CCFD-Terre Solidaire Heriberta Fernandez est membre du Centre Montalvo, en République Dominicaine. Cette ONG œuvre dans deux directions : accueil et défense des migrants haïtiens dans cette partie de l’ile, soutien à des projets d’agroforesterie et lutte contre la déforestation. Nous vivons ce moment en lien avec toutes les paroisses du doyenné Sainte Germaine.

*Une grande soirée de louange et réconciliation le mercredi 6 avril à 20h00 à l’église de Saint Simon.  Vivre la grâce de la Miséricorde de Dieu à travers la louange et la confession. Le groupe de Louange-Adoration de l’ensemble paroissial, en collaboration avec le groupe Lèv animeront cette soirée au cours de laquelle nous recevrons le sacrement du Pardon grâce la présence des plusieurs prêtres du doyenné et du diocèse.

Au cours de ce temps de Carême, nous confions à votre prière personnelle et communautaire les nombreux adultes et jeunes de notre ensemble paroissial qui seront baptisés à Pâques. Ils sont appelés officiellement au baptême par notre archevêque ce dimanche 6 mars à 15h30 à la basilique sainte Germaine de Pibrac. Bon et saint Carême ! Belle montée vers Pâques à chacun et chacune.

 

 

Vivre intensément la montée vers Pâques !2022-03-03T19:49:34+01:00

Homélie du Père Joseph du Mercredi des Cendres (2022)

L’imposition des cendres est un geste propre et spécifique de l’entrée en Carême ! Après l’homélie, le prêtre bénit les cendres et nous les impose sur la tête en disant : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle », ou bien « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ! » Ce rite nous fait comprendre le sens même de l’appel du prophète Joël dans la première lecture, appel toujours d’actualité et garde toute sa valeur salutaire pour nous aujourd’hui : nos gestes extérieurs de piété doivent correspondre à la sincérité de l’âme et la cohérence de nos actes : « oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux ! » A quoi sert, en effet, de déchirer ses habits si notre cœur reste loin du Seigneur et du prochain, c’est-à-dire, du bien et de la justice ? Ce qui compte, c’est de revenir à Dieu et au prochain, avec un cœur sincèrement repenti.

Ce temps de Carême est un « temps favorable », une occasion propice pour reprendre un chemin de conversion, un ajustement de tout notre être à l’Amour de Dieu et du prochain.  IL nous appelle à rejeter toutes ces idoles séduisantes qui, en dépit d’une vie de foi, éloignent les chrétiens du Seigneur et du prochain. Le psaume pénitentielle 50 nous invite à regarder notre vie en reconnaissant ce qui nous éloigne concrètement de Dieu et des autres : « Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre toi, et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. »  On ne peut demander pardon que pour un péché précis et clair que nous reconnaissons. Il y a quelques jours, quelqu’un est venu me demander pardon mais il n’était pas en mesure de m’expliquer pour quelle faute il demandait pardon. Du coup, j’ai compris que c’était simplement une manière de tourner la page, sans désir et volonté réels de ne plus commettre la même faute ! La conversion est concrète !

Le vrai chrétien est conscient de ses fautes, de ses défauts, et le temps du carême comme temps de conversion nous appelle à regarder les concrètement pour y travailler et laisser le Seigneur nous remodeler comme il le fit à la création avant que le Malin ne nous coupe de Lui. La conversion fait de nous de nous une nouvelle création, comme dit le psalmiste : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face ne me reprends pas ton esprit saint ».

Un autre aspect important du carême est ce qui est exprimé dans la prière d’ouverture : « Accorde-nous, Seigneur, de savoir commencer saintement, par une journée de jeûne, notre entrainement au combat spirituel : que nos privations nous rendent plus fort pour lutter contre l’esprit du mal ». On parle ici d’être plus fort, de s’entraîner…. d’armes de pénitence et de combat contre l’esprit du mal…. Il ne s’agit pas des combats comme ceux auxquels on assiste impuissants en Ukraine, dans le Kivu en RDC ou au Sahel.  Ce que nous devons combattre pendant le carême, c’est le mal qui trouve sa racine dans notre cœur. Chaque jour, et pas seulement pendant le carême, (mais particulièrement), le chrétien doit lutter, comme le Christ lui-même l’a fait dans le désert où, pendant 40 jours où il fut tenté par le Diable, puis, dans le Jardin de Gethsémani quand il repoussa l’extrême tentation en acceptant jusqu’au bout de faire la volonté du Père. Ce combat spirituel est mené contre le péché et contre le prince du mal, et il touche tout notre être, corps et âme. C’est un combat qui demande une vigilance permanente.

Saint Augustin dit que celui qui veut avancer et grandir dans l’amour de Dieu et sa miséricorde ne peut se contenter de se libérer des péchés graves et mortels, mais il doit faire la vérité en reconnaissant aussi les péchés moins graves. Très souvent, lorsque quelqu’un veut se convertir, il focalise toutes ses forces sur les péchés capitaux, les plus grandes fautes, oubliant au passage tous des petits péchés qui peuvent aussi nous conduire à la mort. C’est comme le soldat qui s’attaque aux chars de combat, aux armements lourds, oubliant les petits soldats qui peuvent le tuer à bout portant. Nous pensons avoir fait le ménage en débarrassant notre maison de la poubelle qui sentait déjà mauvais, en amenant les encombrants à la déchetterie…. Mais nous oublions cette poussière qui, avec les jours, s’entasse, pollue et salit tout dans la maison au point de devenir un danger pour notre propre santé ! De même, nous aussi, pendant ce temps de carême, nous sommes appelés à nous convertir en s’attaquant aux grands défauts et vices, sans oublier les petits vices qui peuvent passer inaperçus.

C’est toute la vie chrétienne qui est un combat permanent. Restons vigilants sans jamais baisser la garde. Saint Pierre, nous le rappelle : « Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi ! » Nous sommes appelés à rester éveillés. Lutter contre toute formed’égoïsme, de haine, mourir à nous-même pour vivre en Dieu, tel est le programme que chaque disciple est appelé à embrasser avec humilité, patience, générosité et persévérance. Être disciple du Christ, c’est désirer et construire la paix autour de nous, dans nos communautés, nos familles, entre les peuples, avec Dieu et avec nos frères et sœurs parce que si Jésus a accepté de souffrir, c’est pour nous réconcilier les uns les autres. Devant une guerre qui menace notre monde actuellement, la réponse chrétienne est d’abord celle de la prière, de la solidarité, du partage.  Bâtissons des petits ponts quand nous sommes témoins de conflits autour de nous !

L’amour doit se traduire par des gestes concrets envers le prochain, et tout particulièrement envers les pauvres et ceux qui souffrent. Je me rappelle avec émotion nos « apostolats » quand nous étions au KT : mettre de côté quelques sous pendant le carême pour aller rendre visiter aux prisonniers et aux malades dans les dispensaires, hôpitaux et prisons de Bukavu, aller aider à restaurer et construire les maisons des pauvres dans les quartiers, bidonvilles et villages autour de la ville de Bukavu….! On se privait de pain, de petits loisirs, pas pour épargner, mais dans le but de partager concrètement avec les pauvres et ceux qui souffrent. Comme dit notre archevêque, Mgr Guy de Kérimel, dans son message de carême, le carême doit nous décentrer de nous-même pour nous ouvrir aux autres et à Dieu. Puissions-nous développer cette proximité avec Lui et avec nos frères et sœurs pendant ce temps qui nous conduit au plus Grand Mystère de notre Foi !

 

Homélie du Père Joseph du Mercredi des Cendres (2022)2022-03-02T19:32:44+01:00

Homélie du Père Joseph du VIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Poursuivons notre lecture du grand discours de Jésus dans l’évangile selon saint Luc. Dimanche dernier, il nous appelait à aimer nos ennemis et à souhaiter du bien à ceux qui nous haïssent, nous maudissent et nous persécutent. Aujourd’hui, s’attaque à un défaut qui nous colle tous à la peau et qui s’appelle « l’hypocrisie ».

Voici une petite histoire pour illustrer cela. Une jeune maman avait son fils de trois.  Cet enfant était très vif, agité, hyperactif. Il n’arrivait pas à dormir et empêchait tout le monde de dormir ! Soucieuse, cette jeune maman alla voir Gandhi pour demander conseil. Le Mahatma, après l’avoir écoutée, congédia la dame en lui demandant de revenir 15 jours plus tard. Tellement inquiète, la dame compta à rebours les jour jusqu’à son rendez-vous. Quand elle revint, Gandhi lui donna un conseil tellement simple et banal, et pourtant tellement profond et efficace : « Ton fils mange trop de sucre, voilà pourquoi il est trop vivace et agité. S’il vous plaît, arrêtez de lui donner des gâteaux et vous verrez qu’il sera beaucoup plus calme et moins agité ».

La dame fut déçue par la réponse de Gandhi et lui dit : « Mais, pourquoi m’avoir fait revenir ici ?  Pourquoi vous ne m’aviez pas donné ce conseil quand je suis venue la première fois il y a 15 jours ». Le Gandhi lui dit : « En fait, je vous ai faite revenir 15 jours plus tard parce qu’il y a 15 jours encore, je mangeais moi aussi beaucoup de gâteaux et de sucrerie et je ne pouvais pas vous donner un conseil que moi-même ne mettais pas en pratique ! ».  Cette histoire nous apprend que si nous voulons aider les autres de manière crédible par des conseils, nous devons en premier mettre en pratique ces conseils. Sinon, nous sommes un donneur de leçon comparable à un aveugle qui guide un autre aveugle. Jésus ne nous interdit pas de nous intéresser aux autres, de les accompagner par nos conseils. Jésus n’est pas contre l’entraide ou la correction fraternelle !

Par exemple, de plus en plus, je sens le besoin et les exigences des gens qui demandent que l’Eglise se réforme, que les structures se convertissent…Le pape François, dont personne ne peut mettre en doute la volonté de réformer l’Eglise entière, en appelle chaque jour à une conversion pastorale. Mais le pape nous rappelle que pour réformer l’Eglise, nous devons vivre une conversion personnelle !!! Si chacun de nous se convertit chaque jour, c’est toute la communauté qui va bouger en devenant meilleure en vivant l’Evangile. Le paradoxe, c’est que nous attendons toujours que ce soit les autres à se convertir en premier.

« Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : ‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère »

Esope raconte que chaque humain vient au monde à la naissance avec deux paniers (sacs) suspendus à son cou. Un sac devant, sous nos yeux, dans lequel se trouvent les défauts et les vices des autres. Ils sont tellement visibles. L’autre sac est derrière le dos et dans ce dernier se trouvent nos propres vices et défauts. Naturellement, nous ne voyons facilement que ce qui se trouvent dans le sac devant nous, sous nos yeux. Nous avons toujours les yeux fixés sur les défauts des autres alors que nous ne voyons quasiment jamais nos propres vices et défauts. Cette même réalité est rappelée par Jésus mais avec un enseignement nous invitant à regarder d’abord la poutre qui est dans notre œil avant de regarder la paille qui est dans l’œil du voisin. Pour conduire et aider les autres à avancer vers le bien ou le mieux, acceptons d’abord d’être guéris de nos aveuglements. Un aveugle ne peut guider un autre aveugle !

Personne parmi nous n’est immaculé ! Nous avons Marie, l’Immaculée Conception qui est apparu à la petite Bernadette Soubirous à Lourdes. Nous l’avons fêtée le 11 févier. Seule Marie est Immaculée et sans tâche !! Mais tous, nous avons des défauts et vices que nous trainons comme des boulets, et Dieu sait combien nous avons du mal à nous en débarrasser. Contrairement à Esope qui est pessimiste, Jésus nous invite à ne pas désespérer de nous-mêmes ni des autres parce qu’il nous donne toujours la possibilité de nous convertir et de recommencer. Pensez à la femme adultère trainée à terre et que tout le monde voulait lapider. Il a suffi d’une question de Jésus qui appelle à regarder sa propre vie en vérité pour que cette femme soit sauvée parce que tous les accusateurs vont partir un à un : « Que celui parmi vous qui n’a jamais péché soit le premier à lui jeter la pierre ! »

On éviterait beaucoup de médisance, de calomnies, de désir de vengeances, de méchancetés si nous avions conscience des pailles, troncs d’arbres, poutres et pourritures que nous portons en nous. Nous sommes enclins à montrer même le plus petit défaut des autres sans reconnaitre que nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Parfois nous critiquons les autres en relevant leurs défauts, pensant que cela nous rend meilleurs que ceux que nous critiquons !  Cela empire notre état et nous rend presque diabolique. Même quand cela part d’une bonne intention, dans le but de les corriger, nous devons faire extrêmement attention : ne prétendons pas guider les autres, si nous ne sommes pas sûrs de parler que selon nos opinions personnelles et notre jugement qui peut être très subjectif et partial. Autrement, comme dit l’évangile, nous serons comme cet aveugle qui veut conduire un autre aveugle, et tous deux tombent dans un fossé.

Un chrétien sincère est celui qui, dans un effort permanent, essaye de faire correspondre son comportement et ses paroles par rapport à ce que Jésus nous enseigne : sans prétention d’avoir atteint la perfection, il est aussi indulgent et compréhensif vis-à-vis des défauts des autres qu’il cherche à corriger avant tout par l’exemple, et si c’est nécessaire, par des reproches qu’il fait avec un sourire, sans se comporter en juge inquisiteur. Dans la foi chrétienne, nous avons un seul Maître, Jésus qui nous appelle à nous regarder avec amour et miséricorde à l’exemple de son Père qui regarde avec une miséricorde infinie les pauvres pécheurs que nous sommes.

L’exemple de l’aveugle qui conduit est un autre aveugle et qui tombent tous les deux dans un fossé veut rappeler le fait que certaines personnes, tout en étant conscientes de ses propres limites, prétendent s’ériger en maîtres et donneurs de leçons dans tous les domaines. Au temps de Jésus, ce sont les pharisiens qui prétendaient être parfaits dans la stricte observance de la Loi et qui passaient leur temps à mépriser et à critiquer sans appel ceux qui étaient différents d’eux. Pensez à la parabole du pharisien et du publicain priant au même moment au temple.  Aujourd’hui, les pharisiens sont ces chrétiens qui sont toujours prêts à juger les autres sans miséricorde, oubliant pourtant combien eux aussi ont besoin de la miséricorde de Dieu. Et méfiez-vous car, à notre insu, un pharisien peut se cache en moi, toi, et en chacun de nous. Puisse Jésus nous purifier de nos aveuglements et nous ouvrir à sa miséricorde infinie. Amen.

Homélie du Père Joseph du VIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-02-25T20:52:03+01:00

Homélie du Père Joseph du VII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

On pourrait faire une petite enquête qui n’a pas d’ennemi parmi nous, c’est-à-dire, quelqu’un que vous n’aimez pas ou qui ne vous aime pas, et avec qui vous gardez une certaine haine ! Peut-être même que vous désirez la mort de cette personne comme dans certains psaumes imprécatoires dans lesquels le psalmiste prie pour la mort de ses ennemis. Le psaume 108 est un exemple pour l’illustrer :

« Dieu de ma louange, sors de ton silence ! La bouche de l’impie, la bouche du fourbe, s’ouvrent contre moi : * ils parlent de moi pour dire des mensonges ; ils me cernent de propos haineux, ils m’attaquent sans raison. Pour prix de mon amitié, ils m’accusent, moi qui ne suis que prière. Ils me rendent le mal pour le bien, ils paient mon amitié de leur haine. « Chargeons un impie de l’attaquer : qu’un accusateur se tienne à sa droite.  A son procès, qu’on le déclare impie, que sa prière soit comptée comme une faute. « Que les jours de sa vie soient écourtés, qu’un autre prenne sa charge. Que ses fils deviennent orphelins, que sa femme soit veuve. « Qu’ils soient errants, vagabonds, ses fils, qu’ils mendient, expulsés de leurs ruines. Qu’un usurier saisisse tout son bien, que d’autres s’emparent du fruit de son travail. « Que nul ne lui reste fidèle, que nul n’ait pitié de ses orphelins. Que soit retranchée sa descendance, que son nom s’efface avec ses enfants. » (Ps108, 1-13).

J’espère que personne ne nourrit de tels sentiments envers vous, et que vous n’en nourrissez envers personne ! Pourtant, je sais que si nous regardons nos relations avec un peu d’objectivité, nous trouverons dans notre entourage familial, professionnel, ecclésial, politique….une personne que nous n’aimons pas vraiment et à qui nous pouvons souhaiter le malheur. C’est humain, même si ce n’est pas chrétien.

Le roi Saül et le jeune David sont ennemis. Saül nourrit une jalousie meurtrière envers David qu’il persécute jusqu’à vouloir l’assassiner. Ce dernier est obligé de fuir et changer très souvent de lieu de refuge.  A un certain moment, David trouve une caverne où il se cache tranquillement et se trouve presque en position de force par rapport au roi Saül. Il a l’occasion de tuer, ce qui mettrait fin à son calvaire. Qu’aurais-je fait à la place de David ? David a une attitude qui nous parait humainement impossible : non seulement il empêche à ses amis d’assassiner Saül, parce que consacré et oint par Yahvé. Plus encore, David lui fait un grand acte de déférence en l’appelant pour se mettre à genou devant lui. Nous trouvons cet épisode dans 1 Sam 24.  L’histoire décrite dans la première lecture nous montre combien David a, une fois de plus, la possibilité que de s’emparer de la lance de Saül qui s’endort.  Mais là encore, David épargne la vie de Saül et renouvelle son allégeance envers celui qu’il considère toujours comme son roi.

Dans la mentalité juive de l’époque, un ennemi devait être éliminé immédiatement quand on en avait l’occasion. Avoir la possibilité de tuer son ennemi signifiait que c’était Dieu lui-même qui nous en donnait l’autorisation de nous débarrasser de notre ennemi, surtout si ce dernier en voulait à notre vie. David pardonne au roi Saül de lui en vouloir à mort, et au lieu de l’assassiner, il cherche les moyens de discuter, de dialoguer avec lui dans le but de comprendre les raisons véritables de l’hostilité qu’il lui voue. Il ne veut pas céder à la haine mais veut se réconcilier avec celui qu’il considère toujours comme son roi.

C’est ainsi que Dieu agit envers nous ! Nous sommes pécheurs et Dieu a des milliers des raisons de nous condamner. C’est à nous de nous humilier devant Dieu et de demander pardon. Et pourtant, au cœur de la foi chrétienne, il y a cette initiative unilatérale de Dieu qui s’humilie en voulant se réconcilier avec nous en offrant sa vie sur la croix.  Jésus sait que nous avons le cœur endurci que c’est lui qui vient vers nous pour nous donner définitivement son pardon, alors que nous mériterions un châtiment. Nous sommes bénéficiaires d’une telle grâce non méritée de la part du Seigneur qui nous demande à notre tour d’essayer d’avoir la même attitude envers ceux qui nous haïssent et nous persécutent. Jésus nous invite à pardonner soixante-sept fois sept fois, c’est-à-dire, toujours. Nous devons pardonner à ceux qui nous offensent, parce que nos dettes envers Dieu sont plus colossales et plus insoutenables.

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous porte au sommet paradoxal de la doctrine chrétienne : aimer nos ennemis, ceux qui nous persécutent, de répondre à la violence par l’amour et non pas par la haine : « aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient !  Nous aimerions peut-être arracher cette page des évangiles, parce que nous considérons ceci comme exagéré, utopique pour les pauvres mortels que nous sommes. Jésus nous rappelle que ceci est la mesure plus haute de l’Evangile et c’est vers ce sommet qu’il veut nous amener, vers la perfection de l’amour.

Aimer nos ennemis est la voie extraordinaire que Jésus nous a voulu nous montrer. Avant de mourir, c’est lui qui s’adresse au Père en demandant pardon pour ceux qui lui ôtait la vie : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! »  Lors de son martyr, saint Etienne, fera la même prière pour ses assassins avant de mourir. Jésus nous dit : « si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, que faites-vous d’extraordinaire ? » Si notre humanité nous pousse naturellement à aimer ceux qui nous aiment, à faire du bien à ceux qui nous en font, Jésus veut nous tirer vers le haut en nous revêtant de sa divinité, pour ressembler à notre Père céleste qui fait du bien aux bons comme aux mauvais. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». Tout l’évangile selon saint Luc est une déclinaison de cette miséricorde infinie du Père envers nous, et dont nous sommes appelés à témoigner.

Être miséricordieux, c’est se laisser toucher le cœur par ceux qui souffrent. C’est pour cela que dans la bible le mot « miséricorde » est avant tout un sentiment maternel, celui qu’une femme éprouve quand il porte un enfant dans son ventre. Devant une souffrance, nous éprouvons tous ce sentiment qui nous pousse à agir, à faire quelque chose, si du moins notre cœur n’est pas devenu un cœur de pierre !

Nous sommes attachés à la logique : péché-châtiment, pénitence-pardon. Mais Jésus nous amène ailleurs en nous rappelant que le pardon précède la conversion. On se convertit, on se repent parce qu’on a été pardonné. Aucun personnage de l’évangile n’a été pardonné après s’être repenti, mais tous se sont repentis seulement après avoir été pardonnés. Pensez à Zachée, à la femme pécheresse… C’est l’amour de Dieu qui rend possible notre conversion, et l’amour de nos ennemis peut désarmer leur cœur rempli de haine comme essaye de le David envers Saül.

Certains parmi nous sont peut-être en train de se dire : tout ceci est bien beau, mais impossible et utopique. Comment aimer nos ennemis alors que nous avons déjà beaucoup de mal à aimer les personnes avec lesquelles nous vivons, l’homme ou la femme que j’ai moi-même choisi dans le mariage, le frère ou la sœur avec qui je partage le sang… Nous nous disons qu’il n’est pas humainement possible de survivre à cette logique folle proposée par Jésus ! La première étape pour y arriver, c’est de désirer d’abord y arriver. Ensuite, demandons chaque jour à Jésus de nous donner la grâce en nous revêtant de la sainteté à laquelle il nous appelle. Que cette eucharistie nous aide vaincre notre humanité fragile et pécheresse, pour nous revêtir de la miséricorde de ce Dieu qui nous appelle à être semblable à lui. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du VII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-02-20T16:36:29+01:00

 « Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous »

 « Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous »

Par son incarnation, Dieu s’affaiblit, il se vide de sa puissance, pour devenir faible comme nous et partager nos fragilités. Dieu nous surprend par son incarnation et nous dit que nous ne sommes pas seuls. Notre chair n’est plus abandonnée à elle-même car Dieu prend soin de nous et se fait proche, se fait tellement notre égal pour nous rendre totalement ses égaux : en prenant notre humanité en Jésus, Dieu désirait que nous devenions vraiment semblables à lui. Ainsi, nous pouvons alors nous mettre à son école, suivre ses pas et lui demander de venir prendre place au milieu de nous, au sein de nos familles, de notre communauté ! Parce que Dieu a choisi d’assumer notre faiblesse, nous pouvons en toute confiance lui demander de nous sauver des faiblesses et fragilités, surtout celles dont nous souffrons depuis deux ans.

Jésus, Fils de Marie, Fils de David, fils adoptif de Joseph, viens sauver notre humanité. Soulage la solitude de tant de personnes âgées isolées dans leur domicile ou dans nos maisons de retraite. Sauve-nous de nos disputes entre voisins et encore entre parents. Fais-nous échanger des vœux de joie, de fraternité, de vraie liberté, de bonheur, avec un sourire sincère et non feint. Donne l’Amour à ceux qui sont en manque d’amour, du travail à ceux qui sont au chômage. Jésus, toi qui as assumé véritablement un corps humain, pose ta main et viens guérir nos corps et ceux de nos proches qui souffrent de tant de maladies graves et moins graves.

Avec cette année nouvelle, apprends-nous à supporter l’ingratitude de nos enfants ! Aide-nous à les laisser libres dans leurs choix de vie. Apprends-nous à écouter avec patience les lamentations, les récriminations de nos parents ou grands-parents âgés, à mieux les accompagner, à ne pas boucher nos oreilles quand ils nous font la litanie des maux et maladies vraies ou supposées dont ils souffrent et qui les rend toujours aigris.

Aide-nous à construire une société plus juste et donne-nous des politiques qui ne se moquent pas de nous chaque fois que nous réclamons nos droits. Apprends-nous à ne pas barricader nos portes, surtout celles de nos cœurs, à ceux qui sont différents de nous, par leur religion, la couleur de leur peau, leur culture, sensibilité liturgique, pastorale ou politique ! Apprends-nous à ne pas rester scandalisés par une Eglise qui refuse de se réformer, mais donne-nous le courage et la grâce de la changer de l’intérieur, en nous convertissant d’abord nous-mêmes, afin que ton Eglise ne soit pas cette communauté monolithique et exclusive mais une véritable famille ouverte à tous, missionnaire et heureuse d’annoncer chaque jour la joie que tu nous apportes depuis que tu as pris chair et habité parmi nous ! Jésus, nous voulons que tu sois encore plus présent dans nos vies en 2022.

 « Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous »2023-02-20T19:28:26+01:00

Homélie du Père Joseph pour le dimanche de la Sainte Famille, année C (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Cette année, à l’occasion de la fête de la Sainte Famille de Nazareth (Jésus, Marie et Joseph), je voudrais parler un peu plus de saint de Joseph.  Nous venons de clôturer l’année sainte dédiée à saint Joseph par le pape François, ce qui me pousse à parler de saint Joseph en tant que père et chef de la petite famille de Nazareth, cet homme silencieux dans les évangiles et qui n’a fait que très peu d’apparition dans l’histoire. Mon propos risque de heurter les adeptes de cette l’idéologie qui veut que les hommes soient « déconstruits » au jourd’hui, que les pères et mères aient indifféremment les mêmes rôles au sein de la famille et dans l’éducation des enfants. Pendant tout le temps de l’Avent et de Noël, j’ai beaucoup parlé beaucoup Marie et l’Enfant Jésus. Parlons donc aujourd’hui de saint Joseph grâce à qui Jésus « est le Messie dans la lignée et la descendance du roi David ».

Que nous apprend saint Joseph au-delà de tout moralisme ? La culture actuelle, avec la montée d’un féminisme, parfois très idéologique, et pas toujours humaniste, tend ou voudrait détruire « l’image de l’autorité du père ». En détruisant l’autorité du père, notre culture risque aussi d’éliminer l’esprit, l’autorité et la crédibilité du père de famille. Certains de nos enfants manquent de repère et se perdent à cause de ce déficit d’une « culture paternelle ». Il y a quelques années, une enquête faite aux Etats-Unis d’Amérique démontrait l’importance de la présence de la figure du père. Cette enquête, qui n’est pas parole d’évangile mais un tableau factuel à un moment donné, disait que :  90% desenfants de la rue ou sans domicile fixe proviennent des familles monoparentales sans père (c’est-à-dire avec mère célibataire), 70% de crimes commis par les mineurs faits par les enfants dont les pères sont absents, 85% des jeunes en prison ont grandi dans des familles sans père, 63% des tentatives de suicide chez les ados sont faits par les enfants dont les pères étaient absents. Cette enquête n’est pas à avaler sans discernement. Elle montre néanmoins combien la figure et l’autorité du père est importante. C’est vouloir détruire la famille et la société quand on veut idéologiquement « déconstruire » des familles et éduquer les enfants sans la figure paternelle.

Saint Joseph est un homme d’il y a plus de deux mille ans mais qui reste d’actualité, et   les pères de famille devraient le prendre pour modèle et se mettre à son école. Voici quelques traits qui caractérisent saint Joseph.

  1. Joseph est un homme déterminé: devant un problème complexe, il décide et agit avec détermination, et parfois contre l’opinion commune. Il épouse Marie, une femme enceinte avant le mariage et que tout le monde voulait lapider. Il accepte d’élever, dans une culture légaliste, un enfant qu’il n’a pas engendré. Cela est une nouveauté radicale dans la culture juive. Nous sommes très loin de nos familles composées ou recomposées dans lesquelles beaux-enfants vivent plus ou moins en harmonie avec les beaux-parents.

Avec un père adoptif aussi déterminé et novateur, il n’est pas étonnant que Jésus soit porteur de la Bonne nouvelle, la véritable nouveauté pour le monde. Pas étonnant qu’il soit aussi déterminé, décidé, résolu, devant toutes les oppositions qu’il rencontrera en grandissant, jusqu’à donner sa vie en croix.  Et moi père de famille aujourd’hui, comment suis-je présent dans la vie de mes enfants dans toutes ses dimensions. Pourquoi devrais-je me fâcher devant l’échec scolaire de mes enfants quand c’est à ma femme que je demande d’aller chaque fois toute seule aux réunions des parents d’élèves parce que « je n’ai pas envie d’y aller ou je suis fatigué ». Nos enfants voient tout cela et cela les façonne dans la construction de leur personnalité.

  1. Joseph est courageux: Quand Hérode par jalousie veut tuer tous les enfants, Joseph prend sa famille pour la protéger en Egypte. Voilà pourquoi Jésus est courageux, intrépide, sachant défier même les grands de la politique et de la religion quand ils étaient dans l’erreur. Imaginez un peu cette scène. Vous êtes dans un bar avec votre fils en train de prendre un café et lui une glace. A côté de vous, deux hommes ont trop bu et se battent. Le papa dit à son fils : « allons-nous-en, ce ne sont pas nos affaires ! Ne faisons surtout rien pour ne pas avoir d’histoires ! » Ou alors, un papa qui se promène avec son enfant le long du Touch ou au lac de la Ramée. Ils voient cet homme allongé par terre, immobile, qui est soit mort, soit ivre… ou alors simplement très malade. Le papa dit : « c’est dangereux, laissons les autres s’occuper de lui. Rentrons rapidement à la maison». Qu’on ne s’étonne pas que notre enfant devienne plus tard quelqu’un de lâche et peureux devant les défis de la vie…  parce qu’il a vécu avec un papa peureux et lâche !
  2. Quand Jésus, adolescent dépasse les bornes et se perd dans le temple de Jérusalem, ses parents lui font des reproches. Jésus leur répond de manière qui pourrait nous paraître inappropriée comme le font tous les adolescents. Mais l’évangile nous dit « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes» (Lc 2, 51-52). Jésus lui aussi a été façonné à travers l’éducation, la discipline, les valeurs, le travail, les relations, et le cadre reçu grâce à saint Joseph qui a certainement dû lui dire, comme tant de parents à leur adolescent qui veut devenir « le roi dans la maison » : « écoute Jésus, aussi longtemps que tu seras dans cette maison, c’est moi qui fais la loi. C’est moi qui fixe les règles ». Certains évangiles apocryphes disent que saint Joseph a parfois tiré les oreilles de Jésus. Comme tous les enfants, Jésus a appris progressivement à respecter les règles, à ne pas dépasser les limites. C’est pour cette raison que plus tard il a été capable de nous fixer des régler et des limites à ne pas franchir.

Certains parents pensent qu’imposer des règles, punir son enfant est incompatible avec l’amour parental ! L’amour pour nos enfants nous invite à ne pas les laisser faire n’importe quoi, pour ne pas en arriver à ce que nous voyons dans notre société des enfants-rois, pourris, gâtés et sans repères qui peuvent tout se permettre au nom de la liberté toute-puissante.

  1. Joseph a certainement dit à Jésus, avec autorité: « Tu l’as fait une fois, mais là, ça suffit et c’est non-négociable ». Cela sera très utile à Jésus plus tard avec les scribes et les pharisiens. Il est parfois inutile de discuter avec quelqu’un qui ne veut rien comprendre ! Dans l’éducation de nos enfants, l’autorité exige qu’on dise parfois : « Ça suffit, on n’en parle plus!». On ne peut pas toujours répondre aux désirs irrésistibles, capricieux et égocentriques de nos enfants. Aimer son enfant, c’est aussi savoir lui dire « non » fermement parfois !
  2. Joseph aime au féminin: dans une culture juive très machiste où les femmes sont méprisées, Joseph est un père et un mari respectueux : il prend soin de Marie pendant tout le voyage de Nazareth à Bethléem, il est à ses côté au moment de l’accouchement, il accomplit avec Marie les devoirs religieux de la purification de Jésus au temple. Quand Jésus se perd au temple au milieu des docteurs de la Loi, Joseph laisse Marie prendre le devant pour recadrer Jésus. Joseph accueille avec tendresse et amour une femme éprouvée par ce qui lui arrive…pour l’aimer, la chérir et la rassurer

Jésus  a été témoin de cela et  on le voir transparaitre dans l’amour, la tendresse, la délicatesse, le tact qui caractérisent ses relations, en particulier avec les femmes, comme la femme pécheresse, Marie-Madeleine, à la Samaritaine…

  1. Joseph reconnaît Jésus et donne le nom à son fils. Dans l’évangile de Matthieu, l’ange Gabriel dit à Joseph : « elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés» Le fait de se sentir pleinement fils accueilli par Joseph rend Jésus capable d’accueillir tous les humains comme frères et sœurs, nous donnant son Père qui devient aussi notre Père. En lui donnant le nom, Joseph apprend aussi son métier à Jésus, qui sera aussi appelé « charpentier et fils du charpentier» de Nazareth.

Ces quelques traits de la personnalité de Joseph comme père de famille nous invitent à prier pour tous les pères dont il est le modèle.  Nous pouvons prier chacun pour le papa que nous avons ou que nous avons eu dans notre vie, et rendre grâce pour tout ce qu’ils nous ont donné et nous donnent chaque jour, malgré leurs limites humaines.  Amen.

 

Homélie du Père Joseph pour le dimanche de la Sainte Famille, année C (2021)2021-12-24T11:41:49+01:00
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