À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du XXXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs,

Nous pouvons nous imaginer la scène : nous sommes dans le temple de Jérusalem, le cœur de la ville, comme nos églises, jadis en France (ou encore aujourd’hui j’espère) étaient au cœur des villes. Jésus est assis et discute avec nous. Dimanche dernier, le thème de la discussion était le plus grand commandement : l’amour de Dieu et celui du prochain. Aujourd’hui, Jésus poursuit son enseignement en abordant une autre thématique : la simplicité et la générosité.

Comme tout le monde, Jésus regarde l’assemblée réunie dans le temple et remarque une chose : une catégorie des gens qui sont comme dans une sorte de défilé de mode, certains voulant, on dirait, faire remarquer qui est le plus riche, qui est le mieux habillé, les chaussures ou habits de marque, qui porte les habits les plus couteux… : dans cette catégorie, il y a des prêtres, des scribes, des docteurs de la Loi qui sont en réalité victime de la « la mondanité ». Ils vont au temple, pas tellement pour Dieu mais pour leur gloire et les honneurs dans une exhibition mondaine de leurs richesses, leurs vêtements, leurs titres. Ce « défilé mondain » dans le temple permet à Jésus de nous adresser un enseignement : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners ».

Ces scribes, avec leur amour démesuré pour les plus habits couteux me font penser à ces gens qui passent leur temps à faire du shopping et dépensent seulement pour le plaisir (je sais que ça crée des tensions dans les couples !),  gens qui n’acceptent pas de ne pas avoir le dernier vêtement à la mode, le dernier IPhone qui vous coûte une plombe alors que l’autre fonctionne encore… J’en profite au passage pour  rappeler  que dimanche prochain, 14 novembre est la 5è Journée Mondiale des pauvres, voulu depuis 2017 par le pape François. C’est l’occasion de penser aux plus pauvres, en apportant toutes ces choses dont vous ne vous servez pas pour les mettre au service des pauvres, en faisant la collecte des habits, téléphones, ordinateurs, jouets, électroménager aux bénéfices des pauvres accompagnés le Secours Catholique. Vous pouvez les apporter à la messe dimanche prochain, et cela fera des heureux, en particulier au moment où nous commençons à penser aux cadeaux de Noël !

Revenons aux scribes ! Jésus nous met en garde contre ces scribes qui, en voulant les premières places veulent symboliquement prendre la place de Dieu.  Ces derniers n’aiment ni Dieu ni le prochain. Il y a quelque chose de plus pernicieux encore dans leur comportement : ces scribe sont avides de richesses, qu’ils  obtiennent en plus en utilisant des méthodes illégales et peu recommandables : « Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. », c’est-à-dire qu’ils volent et exploitent les personnes les plus vulnérables et sans défense alors que, dans la Bible, qu’ils connaissent très bien, Dieu nous invite à défendre et à prendre soin de la veuve et l’orphelin. Les scribes et pharisiens ont un double visage : ils passent beaucoup de temps en prière pour donner l’impression qu’ils sont des gens très religieux, tout en exploitant les pauvres…le comble de l’hypocrisie.

Le deuxième enseignement de Jésus est une expérience que tout le monde peut reconnaitre : la générosité des gens pauvres. Il y a quelques années, un été, je suis parti en vacances au Congo en amenant au Congo un groupe d’amis qui ont passé 15 jours à Bukavu, au milieu des gens devenus pauvres à cause de cette guerre qui dure depuis 1996. Parmi les choses qui les ont impressionnés, c’est l’accueil généreux de ces gens pauvres qui sont capables de secouer ciel et terre pour mieux accueillir ces visiteurs venus de loin : la table était toujours ouverte… Tous ceux qui voyagent un peu dans ces pays que nous qualifions de pauvres ou Tiers-Monde ou pays du Sud, peuvent témoigner de la générosité des gens.

Mais, pas besoin d’aller en Asie, en Afrique, en Amérique latine pour faire l’expérience de la générositédes gens pauvres. Il suffit de regarder autour de nous, dans nos familles, nos quartiers et communautés ! Nous le voyons à travers le témoignage de ces deux veuves, celle de la première lecture qui partage ce qui lui restait avec le prophète Elie et celle que Jésus nous présente comme modèle dans l’évangile : « Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Je n’ai pas l’habitude de parler d’argent, mais parce que l’évangile s’y prête aujourd’hui, je vais me lâcher par quelques exemples. J’en fais l’expérience comme curé de paroisse : des gens simples, vivant d’énormes difficultés économiques, très petits salaires ou de petites retraites, mais qui sont des exemples de générosité pour les voisins, pour les associations humanitaires et solidaires ! Ces gens soutiennent l’Eglise non seulement par leur présence physique mais par leur générosité au Denier du Culte ou à la quête pendant la messe… !

Au sein de notre communauté paroissiale, je voudrais remercier toutes ces personnes généreuses qui, par leur présence pastorale, leur engagement et leur soutien, font vivre la paroisse qui ne peut pas vivre que du Saint Esprit ! J’avoue cependant que quand je regarde la liste des Donateurs au Denier du Culte dans nos 5 paroisses, je me demande comment se fait-il que beaucoup de paroissiens, surtout parmi les pratiquants de la messe dominicale, ne donnent pas toujours au Denier de l’Eglise. Parfois, il arrive à Lucette ou Marie-Claude de me montrer les pièces jaunes, des boutons et les pièces des cadis d’Auchan dans la quête. Il y en a d’autres, qui, en venant à la messe, s’assurent d’avoir bien pris quelques pièces jaunes, une pièce de 50 centimes ou d’1 euro pour la donner à la quête…pour ne pas donner plus !

Un ami me parlait du caractère radin de sa grand-mère : un jour, elle a donné au Denier et au lieu de mettre 20 euros, elle s’est trompée mettant un zéro de plus…. Quand elle s’en est rendu compte, elle est allée faire une réclamation auprès du curé pour qu’on lui rende son chèque… Mais le chèque était déjà encaissé. Je pense à ce couple de fiancés qui avait dépensé pour le mariage 14 000 euros et qui avaient trouvé que c’est quand même cher payer de donner 300 euros à la paroisse …. Dans l’ancienne paroisse où j’étais, la comptable avait reçu d’une jeune femme, un chèque de 5000 euros de Denier. Elle était tellement choquée qu’elle m’a appelé pour me demander si je connaissais cette jeune femme : la comptable pensait que la généreuse donatrice avait mis un 0 de trop, car pas habituée à voir une somme pareille au Denier. J’ai pris quand même la précaution de demander à la dame si c’est bien 5000 euros qu’elle avait voulu donner au Denier… Un comédien disait, pour faire réfléchir les gens qui accumulent au lieu d’être généreux et de partager qu’on ne voit jamais un coffre-fort ou un déménageur accompagner le défunt au cimetière ni pour ses funérailles. N’oubliez de donner au Denier du Culte : il ne nous reste qu’un mois et demi avant la clôture de l’année fiscale.

J’arrête de parler d’argent pour revenir à la veuve de l’évangile. Notre vie est faite pour être donnée généreusement dans le mariage, en famille, avec nos frères et sœurs les plus démunis, les plus fragiles. Que Jésus, qui s’est fait pauvre en devenant semblable à nous dans son incarnation nous donne de nous enrichir chaque jour de la seule richesse qui vaille la peine : l’Amour. Ce qui restera de nous, après notre passage en ce monde, c’est l’amour dont nous aurons été témoins au milieu de nos frères et sœurs…

 

Homélie du Père Joseph du XXXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-11-07T15:37:00+01:00

Homélie du Père Joseph de la commémoration des fidèles défunts, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs

Il est tellement naturel et normal que la commémoration de nos fidèles défunts provoque en nous deuil, souffrance et larmes. Hier après la messe et dans l’après-midi et aujourd’hui, nous sommes allés au cimetière pour fleurir les tombes, prier et honorer nos défunts. En faisant un tour dans nos cimetières ce weekend, j’ai été impressionné par leur beauté en cette période : des fleurs partout ! Si on pouvait les fleurir aussi souvent, et pas seulement à cette occasion.  Nous ne pouvons pas mettre en parenthèse l’amour de nos défunts, car la communion des saints nous unit à jamais grâce à Jésus qui est leur et notre Vie par sa mort et sa résurrection.

En dépit de la foi et de l’espérance chrétienne qui nous animent, la célébration des fidèles défunts est toujours une épreuve. Elle nous fait revivre, dans une certaine mesure le deuil, la douleur de la perte et de la séparation d’avec les personnes que nous aimons. Nous revivons le deuil des souvenirs vécus et laissés, le sens de culpabilité, comme ces parents qui ont perdu leur fils qui s’est suicidé, ou ce proche mort dans un accident de circulation alors qu’on était ensemble dans la voiture… ou simplement parce que nous nous posons la question de ce que nous avions ou pas fait envers nos proches décédés, pendant leur maladie, deuil des joies que nous leur avons données ou qu’ils nous ont procurées pendant leur vie.

Pourtant, malgré la douleur, notre foi chrétienne nous rappelle, à cette occasion que nous sommes tous des citoyens du ciel car nous sommes disciples du Ressuscité, qui est monté au Ciel à l’Ascension. Il nous y a précédés et nous y attend, Lui qui siège à la droite du Père. Notre corps peut bien se reposer dans cette terre d’où nous avons étés tirés, dans cette boue que Dieu a utilisée pour nous modeler avant de nous donner le souffle de Vie… mais nous sommes appelés à vivre avec le Christ, Dieu fait homme, mort sur la croix mais ressuscité, c’est-à-dire, toujours et éternellement vivant. C’est cette espérance dans une joie et vie éternelles, même pour nos pauvres corps mortels, qui nous permet de recommander nos défunts au Christ Ressuscité, aujourd’hui, et chaque fois que nous prions pour eux, ou que nous demandons de messes pour eux.

La réalité de la mort nous fait prendre conscience d’une évidence :  l’être humain, même le chrétien, n’aime pas quitter ce monde quand les choses vont très bien pour lui. Nous nous accrochons à ce bonheur que le monde nous offre. Pourtant, il suffit que les choses tournent mal, par exemple à cause d’une maladie grave, une souffrance physique ou morale, une rupture amoureuse, la perte du travail, une grosse déception… pour désirer précipiter notre mort, quitter ce monde que nous qualifions parfois « d’enfer sur terre » ! Nous désirons alors anticiper notre rencontre avec le Seigneur. Une paroissienne, à quelques jours de sa mort, lors d’une confession pourquoi il fallait tant souffrir pour rencontrer le Seigneur. Cette dame avait hâte de mourir, pour mettre fin à ses souffrances, et aussi en profiter pour poser directement et en face à Jésus les questions auxquelles elle n’a pas pu trouver de réponse pendant sa vie terrestre….

On ne peut minimiser le poids de la douleur liée à l’âge, la maladie, la solitude…. Même Jésus a ressenti de l’angoisse pendant sa passion avec son poids de tristesse, de solitude, d’abandon devant la mort. Rappelons-nous qu’il a même demandé au Père d’éloigner de lui le calice de la douleur et de la passion, même s’il est abandonné à faire la volonté du Père jusqu’au bout.

C’est la mort de Jésus en croix qui donne toute sa signification à la mort de tout homme vivant en ce monde. Dans la foi chrétienne, on ne peut pas parler de la mort en la séparant de la résurrection. L’espérance chrétienne devant la mort est fondée dans la Résurrection. Saint Paul nous dit que « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine serait notre foi et nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes ». La mort n’aura jamais le dernier mot sur notre vie. Mort, où est ta victoire ? Le Christ t’a vaincu, car, comme nous le rappelle encore saint Paul « même la mort ne peut nous séparer de l’Amour du Christ ! ».

Au moment où nous commémorons les fidèles défunts, rappelons-nous, de manière indélébile de cette grâce extraordinaire qu’est l’espérance chrétienne : savoir que même la mort ne peut me séparer de l’Amour de ce Dieuqui nous a créés, nous a faits devenir ses enfants en Jésus, dans la foi et par le baptême. Dieu notre Père nous attend près de lui après notre pèlerinage ici-bas !  Jésus nous dit que la volonté de son Père, c’est qu’il ne perde aucun de ses enfants, mais qu’il les ressuscite tous pour la Vie éternelle.

Redisons au Christ, malgré la douleur du deuil, notre foi et notre espérance. C’est à lui que nous remettons, pleins de confiance, nos chers défunts pour que ces derniers contemplent son Visage de Lumière, en attendant de les retrouver un jour ! Prenons un petit moment de silence pendant lequel chacun de nous va recommander, dans son cœur, les défunts pour lesquels il venu prier aujourd’hui. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la commémoration des fidèles défunts, année B (2021)2021-11-02T19:13:25+01:00

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs,

Si vous êtes des habitués des épîtres de saint Paul, vous avez certainement remarqué que saint Paul s’adresse souvent aux saints. Par exemple, il s’adresse aux « saints qui habitent à Ephèse » au début de sa lettre aux Ephésiens, ou aux « frères sanctifiés » par la foi en Jésus Christ dans la Lettre aux Colossiens. C’est comme s’il écrivait aux saints qui sont à Saint Simon, à Lardenne, à Plaisance, à Tournefeuille, à La Salvetat  Saint Gilles….En fait, quand saint Paul écrit à ces communautés qu’il qualifie « communautés des saints », il n’écrit pas à ces personnages particuliers qui sont sur des piédestaux, que nous  invoquons dans la litanies, ces saints que nous vénérons et dont on peut voir les statuts dans nos églises, dont nous contemplons les images, les sculptures, les icônes de piété, comme la Vierge Marie, saint Joseph, sainte Bernadette, Germaine de Pibrac, Exupère, Ignace, Thérèse d’Avila, de Lisieux ou Mère Teresa de Calculta….

Dans l’Eglise naissante, le terme « saint » était utilisé pour indiquer quelqu’un qui a reçu le baptême et qui vit de l’évangile du Christ avec ses frères et sœurs chrétiens. Tout simplement, un saint, dans l’Eglise naissante, c’est un chrétien, un baptisé qui s’efforce de vivre de l’évangile, qui cherche à imiter le Christ qu’il choisit comme Modèle et Sauveur ! Bref, un saint, pour au début de l’Eglise, c’est chaque vrai chrétien, c’est nous tous qui avons été « choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. » (Eph 1, 4-5). Cela veut dire que pour les premiers chrétiens comme ceux aujourd’hui, nous les chrétiens du troisième millénaire, l’objectif à atteindre, le but final, c’est la perfection, c’est-à-dire, la sainteté, à chercher, à nourrir, à cultiver sans beaucoup de rhétorique mais en vérité, par une vie vraiment conforme à l’Evangile.

La sainteté est la vocation commune à tous les baptisés, au-delà des dons et des charismes de chacun. Elle est un exercice permanent qui se réalise à travers l’Amour vécu concrètement, fondé dans la Foi et soutenu par l’Espérance. La sainteté n’est pas une idéologie, ni un ensemble des théories, ni d’abord une décision humaine volontariste… Elle est d’abord un appel de Dieu qui est le seul Saint, notre Père qui est aux cieux, et dont Jésus son Fils unique nous appelle en disant, à la fin de son discours sur les béatitudes : « vous donc, soyez parfaits (soyez saints) comme votre Père céleste est parfait » (Mt5, 48).

La fête de tous les saints nous rappelle que depuis les premiers disciples jusqu’au plus récent des baptisés, nous devons tous viser et désirer la sainteté. L’évangile des béatitudes est un appel de Jésus qui nous dit que si nous les vivons en vérité, nous sommes sûrs et certains de parvenir à la sainteté qui consiste en une vie pleinement et éternellement bienheureuse avec Dieu. C’est cela que décrit l’Apocalypse : « voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main ». Il s’agit donc d’une foule immense dont nous pouvons faire partie. Il s’agit d’abord des saints les plus connus presque 200, dont on célèbre fêtes et mémoires au cours d’une année liturgique, et tous les autres, un peu plus de 13 000, qui ont été reconnus saints et canonisés par l’Eglise Catholique. Ceux-ci qui vont des contemporains de Jésus à saint Paul VI et Mgr Oscar Roméro, le plus jeune saint Carlo Acutis, le saint patron des réseaux sociaux, ou alors saint Charles de Foucault, le frère universel dont la célébration de la canonisation n’a pas eu lieu à cause de la Covid19….

Mais les saints dont il s’agit aujourd’hui, c’est aussi ces innombrables hommes et femmes cachés et perdusdans les méandres de l’histoire humaine, ces saints inconnus des hommes, même de l’Eglise, mais dont les prénoms sont éternellement gravés de manière indélébiles dans le cœur de Dieu. Tout en ayant été marqués par le péché, comme chacun de nous, ces saints inconnus ont demandé pardon, se sont convertis, ils ont été bénéficiaires et témoins de la Miséricorde de Dieu. Il y en a eu probablement dans nos familles, parmi nos amis, nos parents, nos voisins, ces saints de « la porte d’à côté » dont parle le pape François, des membres de nos paroisses, de notre mouvement, un voisin, une voisine de banc à la messe, à la prière, que j’ai croisé au supermarché, lors d’un pèlerinage, celui avec qui j’ai marché, prié, partagé un repas ou même un apéro, avec qui j’ai chanté à la chorale ou partagé la même profession, le même bureau…

Ces saints inconnus sont ceux que nous avons aimés, respectés et admirés, et auxquels nous penserons aussi demain parce qu’ils ne sont plus de ce monde. Parce que nous ne sommes pas encore sûrs de leur condition actuelle (ils pourraient en effet être au purgatoire où ils se préparent à la rencontre définitive avec Dieu), nous prierons pour eux demain pour les aider un peu par nos prières et les messes que nous faisons célébrer au cours de l’année pour les recommander à Dieu. C’est le sens de commémoration des fidèles défunts que nous célébrerons demain, au lendemain de la Toussaint. Tout ceci nourrit ce désir de les revoir un jour devant la face de Dieu.

Savez-vous pourquoi l’Eglise a-t-elle canonisé et continue à canoniser des saints ? La réponse est le fait que l’Eglise veut offrir à chacun de ses enfants des intercesseurs sûrs auprès de Dieu, et des modèles dans la vie de tous les jours. Un saint nous est donné pour nous porter dans la prière et pour que nous essayions de l’imiter. En canonisant un saint, l’Eglise montre à chaque baptisé qu’il est possible de vivre l’évangile dans les conditions les plus diverses de la vie. Les saints sont des signes et des manifestations de la bonté de Dieu qui appelle tous les humains, en dépit de leurs péchés et fragilités, à partager sa sainteté et sa vie éternellement. Les saints sont des signes de la justice de Dieu qui ne fait pas de différences entre les personnes : les saints sont des hommes et des femmes, des riches et des pauvres, des puissants et des esclaves, des vieux et des jeunes, de prêtres, des religieuses, des époux, des célibataires, des parents… bref, de gens de tous âges, toute culture, toute condition sociale, toute langue, de tous les continents… bref, sans discrimination aucune : malgré leur différence, ils ont tous en commun d’avoir suivi et imité Jésus.

Les saints que nous célébrons sont le signe du projet que Dieu veut réaliser pour l’humanité : dans leur variété, les saints redisent que la sainteté n’est pas une utopie, mais bien une possibilité pour chaque humain, en tout temps et en tout lieu. Si nous parlons de globalisation et de mondialisation au niveau économique et culturel, la fête de la Toussaint nous rappelle la globalisation de la sainteté qui peut être atteinte par tous sans discrimination : toute l’humanité est appelée à connaitre Jésus qui donne à chacun la grâce de partager sa vie en plénitude, et c’est cela qui est la sainteté, le Vrai Bonheur. Puissions-nous aspirer et désirer ce bonheur infini pour nous-mêmes et pour nos frères et sœurs. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année B (2021)2021-10-31T19:49:14+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Aujourd’hui encore, dans la tradition religieuse juive, tous les juifs pratiquants recitent chaque jour une prière qui, par sa première parole en Hébreux s’appelle « Shema ! », c’est-à-dire « Ecoute Israël ». J’étais impressionné il y a quelques années d’aller rendre visite à un paroissiens qui était en train de mourir, et à l’entrée, sur le mur dans le salon, il y avait un tableau avec cette prière. Dans notre échange, Apollinaire m’a alors dit qu’il avait appris cela à ses enfants et ils le récitaient en famille tous les soirs ! Pourtant il n’était pas juif, mais bien catholique !

Cette prière juive nous est donnée ce dimanche dans la première lecture. Elle est tirée du livre du Deutéronome, et nous la retrouvons reprise par Jésus dans l’évangile. : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur.  Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé ; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville » (Dt 6, 4-9). C’est ce texte très précieux qui est le sujet de l’échange entre Jésus et un scribe, c’est-à-dire, un spécialiste dans les questions religieuses juives.

En étudiants la Torah, c’est-à-dire la Loi de Moïse, qui est constituée par les 5 premiers livres de la Bible qu’on appelle aussi le Pentateuque, les spécialistes juifs de l’époque en avaient tiré plus de 600 préceptes plus ou moins importants les uns que les autres. Dans ce code de la Loi, les Dix Commandements donnés à Moïse étaient les plus importants, alors que d’autres préceptes comme par exemple « Verser au temple le dixième de la valeur des feuilles de menthe cueillies dans son jardin, ou donner le dixième de son salaire au Denier » étaient considérés comme moins important. Comment pouvez-vous retenir 600 préceptes impossible et s’en rappeler dans son comportement de chaque jour ? Ces préceptes constituent pourtant un trésor législatif et religieux pour le peuple juif à l’époque de Jésus.

Etant donné la difficulté d’assumer et hiérarchiser ces 600 préceptes, et parce que tout le monde pouvait s’y perdre que le scribe de l’évangile de ce dimanche veut aller à l’essentiel. Il voudrait observer fidèlement l’essentiel et la substance de la Loi divine. C’est pour cette raison qu’il s’adresse à Jésus en lui demandant quel est le principal commandement. Jésus lui répond en citant textuellement le « Shema Israël » qui souligne que le premier devoir du croyant est d’aimer Dieu de toute son âme, son cœur, son esprit et ses forces.

Mais Jésus ne s’arrête pas là ! Il ajoute immédiatement quelque chose qui ne lui est pas demandé, un deuxième commandement : « Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Par ce complément de réponse, Jésus rappelle au Scribe, et à chacun de nous, le lien étroit et indissociable entre l’amour de Dieu et celui du prochain. C’est là le cœur de toute morale chrétienne, comme elle est développée et exprimée dans tous les évangiles. Chaque être humain est appelé à aimer Dieu, comme réponse à l’amour que Lui, le premier, a reversé et déverse dans cesse en nous.

            Aimer Dieu signifie le respecter, l’honorer, chercher faire sa volonté, en particulier en aimant ceux que Lui-même aime, c’est-à-dire, tous ses enfants, nos prochains, nos frères et sœurs dont il est à la fois le Créateur et le Père. « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection » (1Jn 4, 10-12)

Celui qui n’aime pas son prochain ne peut pas prétendre aimer Dieu. C’est l’amour du prochain rend crédible notre amour pour Dieu.  Sans l’amour du prochain, notre foi, notre amour pour Dieu reste finalement quelque chose de purement conceptuel et cérébral. C’est cela que souligne saint Jean : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1Jn 4, 20-21).

Je me rappelle encore de cet enfant de 5 ans qui, lors d’une messe dans l’une des églises, était heureux d’aller donner la paix du Christ à ses voisins de banc. On n’avait pas encore la Covid et ses restrictions. Cet enfant, au moment de la paix s’est retourné, grand sourire aux lèvres, pour donner la paix autour de lui… Quelle fut sa déception de voir que le paroissien qui était à sa droite refuser de lui serrer lui donner la paix en lui serrant la main. Et vous savez pourquoi ?  Pour ce paroissien, au moment du geste de la paix, le Christ est déjà présent dans le pain et le vain consacré…. et qu’il ne fallait plus faire du bruit, se donner la main, mais se mettre à genou, aimer et adorer le Seigneur présent dans l’eucharistie. Ça m’avait fait de la peine de voir cet enfant pleurer parce qu’il ne comprenait pas pourquoi ce voisin du banc refusait de lui donner la paix du Christ ! C’est cela la contradiction entre penser aimer Dieu et manquer d’amour pour son prochain, en particulier un petit enfant heureux de découvrir la dimension ecclésiale de l’eucharistie.

Celui qui n’aime pas le prochain ne peut en réalité aimer Dieu, et celui qui n’aime pas Dieu ne trouvera jamais les motivations les plus fortes, vitales pour aimer le prochain. Quand Dieu nous remplit d’amour, cet amour est débordant et doit se déverser sur ceux qui sont autour de nous. C’est un binôme que nous sommes appelés à tenir. Mais alors, en quoi consiste l’amour du prochain ? Les évangiles l’expliquent amplement. Il suffit de penser aux béatitudes que nous méditerons demain pour la fête de tous les saints : être pauvre de cœur, être doux, être artisan de paix… Il suffit de penser à certaines paraboles du royaume comme celui du Bon Samaritain, au jugement dernier dans l’évangile de Mt : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Tous ces passages soulignent une chose :  le minimum, qui nous est demandé, négativement, c’est de ne faire du mal à personne, et le maximum, positivement, est de dédier nos propres richesses d’esprit, de cœur, d’âme, de temps, et même de portefeuille, au service de nos frères et sœurs.

Pour finir, en écoutant la Parole de Dieu de ce dimanche, demandons la grâce et engageons-nous pour connaitre le Seigneur un peu plus chaque jour, car pour aimer le Seigneur, nous sommes appelés à Le connaitre vraiment. Amour et connaissance font un autre binôme, comme aimer Dieu et son prochain. Cela veut dire aussi que pour aimer le prochain, nous sommes appelés de nous approcher de lui, comme le bon samaritain qui se penche sur le mourant tombé sous les mains des brigands. Que cette eucharistie nous aide à chercher toujours à mieux connaitre Dieu, pour mieux L’aimer et le faire aimer de nos frères et sœurs dont nous nous approcherons, en leur apportant l’amour, la tendresse de Dieu, en les aimant chaque jour un peu plus, malgré nos différences et nos fragilités. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-10-30T18:57:14+02:00

Edito : Puissions-nous désirer partager la gloire des saints !

Puissions-nous désirer partager la gloire des saints !

Fêtes tous les saints ensemble, c’est contempler cette foule immense de ceux qui ont déjà reçu en héritage la vie éternelle. Ces saints, que nous nous célébrons ensemble, ont voulu vivre pleinement de leur grâce de fils et filles adoptifs du Père, c’est-à-dire, de la grâce de leur baptême ! Marqués par le péché, comme chacun de nous (sauf Marie préservée du Péché Originel), les saints ont laissé la miséricorde de Dieu vivifier chaque instant de leur vie et chaque veine de leur âme ! Ils contemplent la face de Dieu. Leur Bonheur se trouve dans cette contemplation du Visage de Dieu.  A travers eux, nous avons là, de grandes-sœurs et des grands-frères que l’Eglise nous propose comme modèles à imiter. Ils ont laissé, chacun dans sa propre vie, de se laisser toucher par le Christ, de le rencontrer à travers leurs désirs, leurs faiblesses, leurs souffrances, et aussi leur tristesse…. Chaque saint est unique.  De même qu’il n’y a jamais eux deux êtres humains identiques, de même, chaque saint est unique, et chacun a une grâce particulière qu’il apporte à l’Eglise et au monde ! Leur diversité glorifiée est une invitation à accueillir la diversité qui existe au sein de Peuple de Dieu, appelé ensemble à s’unir au Père, dans une même sainteté, au-delà des différences.

Les saints ont reçu la grâce infinie de partager la vie même de la Sainte Trinité. Ils se sont laissés touchés par l’eau et le sang jaillissant du cœur transpercé de Jésus. Malgré les nuits, à travers la purification constante qu’exige l’amour pour devenir l’Amour, et parfois même au-delà de toute espérance humaine, tous ces saints et saintes ont voulu se laisser bruler d’Amour pour que Jésus soit progressivement leur « Tout ». En contemplant les saints du ciel, n’oublions pas de regarder autour de nous, ces saints de la « porte d’à côté », « du voisinage » que nous côtoyons chaque jour, et qui sont aussi, dans certaines dimensions de leur vie, des modèles que Dieu nous présente pour nous permettre d’avancer, de cheminer vers lui, de ne pas nous décourager pendant notre pèlerinage d’ici-bas qui est parfois très ardu.

En célébrant cette solennité de tous les saints, prions pour que notre Eglise, dans chacun de ses membres, deviennent aussi de plus en plus sainte, en se laissant convertir et purifier profondément par Jésus lui-même qui la veut immaculée et sans tache. Puissent tous les saints et saintes de Dieu intercéder pour nous et nous obtenir la grâce d’un désir plus profond, celui de partager avec eux la gloire du Ciel ! Bonne fête de tous les saints !

Edito : Puissions-nous désirer partager la gloire des saints !2021-10-18T22:21:08+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs

Les disciples n’ont pas encore compris ni ce que veut dire « suivre Jésus » ni le sens du service.  Ils ont encore tellement de mal à renoncé à la soif de pouvoir et leur grand besoin de reconnaissance et de gratification.  Dimanche dernier nous avons contemplé cette page, tellement belle, mais paradoxalement très triste du jeune homme riche : beauté de la vie d’un jeune homme qui essaye de vivre les commandements de Dieu depuis son enfance, assoiffé de la vie éternelle. Mais quelle tristesse d’un rendez-vous d’amour manqué de ce jeune qui ne voulait pas faire le saut de la confiance parce qu’il ne pouvait pas de tout quitter pour suivre Jésus…. Outre le visage sombre de ce jeune homme riche, nous nous rappelons la réclamation de Pierre, parlant au nom des disciples qui avaient tout quitté, et la réponse rassurante de Jésus : « Pierre se mit à dire à Jésus :« Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle ».  Ces belles paroles de Jésus n’ont pas suffi pour rassurer ses disciples.

La suite de l’évangile de Marc nous le montre avec la troisième annonce de la Passion aux disciples. Ils sont sur la route vers Jérusalem où Jésus va mourir et ressusciter. C’est sur ce chemin qui mère à Jérusalem que les disciples vont se disputer en se distribuant les postes ministériels : Marc nous dit que les disciples discutaient entres eux pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Là encore, la réponse de Jésus rappelle le sens du service : « celui parmi vous qui veut être le plus grand, qu’il se fasse le serviteur de tous. Celui qui veut être le premier, qu’il se fasse le dernier de tous », avec l’exemple d’un enfant comme modèle. Mais là encore, cela n’a pas suffi pour que les disciples comprennent que suivre Jésus, c’est renoncer à la logique du monde, celle du pouvoir et de la domination.

L’évangile de ce dimanche nous montre avec tristesse combien les disciples étaient, comme nous tous parfois, obsédés par pouvoir. Cela nous rassure parce que, si cela est arrivé aux apôtres, il est normal que cela se passe dans nos petites communautés paroissiales aussi, où il y a parfois des quelques petites luttes de pouvoir. N’allons pas cherches les exemples, chez les politiques, avec cette période de pré-campagne électorale. N’allons pas non plus chercher dans la hiérarchie de l’Eglise chez les cardinaux et les évêques qui font profil bas actuellement avec les révélations du rapport de la CIASE.

Regardons simplement autour de nous, dans nos petites communautés où, sournoisement, malheureusement, le malin peut injecter le virus de la soif du pouvoir à travers les petits ou grands services que nous rendons à la communauté :  le pouvoir pour faire les lectures à la messe le dimanche, animer les chants, la gestion des fleurs, de l’orgue, de la sacristie, l’animation de tel groupe de prière ou service…pour telle ou telle autre petite responsabilité…. Ce sont des services que nous rendons gratuitement et généreusement mais combien parfois le Malin vient les utiliser en faisant naître en nous une sorte de pouvoir,, de sorte qu’on a du mal à accepter que quelqu’un d’autre que moi puisse lire le dimanche, ou que ces taches soient remplies par d’autres  personnes que nous au sein de la communauté.   Rassurez-vous ! C’est normal, parce qu’il s’agit d’une attitude pleinement humaine. Réalisez que cette même tentation est arrivée à l’apôtre Jean, le mystique, le disciple bien-aimé, l’homme de l’intériorité, l’aigle qui nous a laissé le quatrième évangile. C’est arrivé à son frère Jacques…. Mais plus tard, ces deux apôtres ont donné leur vie pour le Christ. Cela veut dire qu’ils se sont convertis et ont dû abandonner l’obsession du pouvoir pour embrasser la logique du service.

L’évangéliste saint Luc est tendre avec Jacques et Jean, car il attribue cela à leur mère venue faire la requête à Jésus en voulant pistonner ses deux fils. Mais Marc souligne la responsabilité de Jean et Jacques qui vont eux-mêmes faire la demande : « En ce temps-là, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire ». Concrètement, la famille des Zébédée veut mettre la main sur l’Eglise, dominer les autres, les tirer par le bout du nez. Ils veulent occuper, l’un Matignon et l’autre le Quai d’Orsay.

On se serait attendu à une sorte de honte de la part des autres disciples, devant une demande aussi déplacée. Mais non, c’est la jalousie, car ils avaient tous la même envie. Ils manquaient seulement l’occasion pour l’exprimer. Jean et Jacques ont été plus malins que les dix autres qui se mettent en colère. « Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.»  Ils nous ont été roulés dans la farine ! La guerre du pouvoir est ouverte entre les disciples.  La jalousie règne en maître, et va faire ses dégâts. La recherche du pouvoir fait forcement naître de la jalousie, les rivalités. Celles-ci produisent ensuite des querelles, la haine, la rancœur, les divisions… Les disciples sont dans une guerre d’égo, et oublient l’immensité de la mission, la grande multitude de ceux qui ont faim et soif de Bonne nouvelle.

J’accueille comme une grâce pour moi et pour notre communauté les paroles du Christ recadrant les disciples et rappelant la logique de la mission de disciples : « Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.  Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ».

Je rends grâce à Dieu pour tous ces hommes et femmes, discrets, invisible, humbles, prenant jamais le devant, mais toujours disponibles qui, discrètement et généreusement et font vivre nos paroisses, sans rien réclamer, dans un véritable esprit service. Ces petites mains servantes et discrètes, Jésus nous les présente comme modèles à imiter. Que le Seigneur donne à chaque membre de notre communauté la grâce du service pour que dans toute mission, nous soyons toujours dans la logique du service et du don de soi aux autres, à l’Eglise, au monde… en nous libérant de toute tentation de pouvoir et de domination ! Amen.

Homélie du Père Joseph du XXIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-10-16T15:47:13+02:00

Rencontre de l’équipe funérailles du 12 Octobre 2021

Rencontre de l’équipe funérailles, le 12 Octobre 2021

16 des 22 membres actifs de l’équipe funérailles ont participé à la réunion de rentrée du groupe, menée par le Père Kouamé (qui est en charge). Avec aussi la participation en fin de séance du Père Bavurha. Un temps d’échange et de rencontre, comme à l’accoutumée rempli de partage, de fraternité, de solidarité, de bienveillance et de joie.

Voici les points abordés :

Un tour de table a permis de partager des expériences d’écoute et d’accompagnement. Aucune mauvaise expérience à signaler, que des situations enrichissantes, qui ont toujours pu être réglées. Le service des funérailles, loin d’être un service de douleur, de souffrance, et de triste routine, est un service source de grâces renouvelées à chaque nouvelle rencontre avec les proches de défunt. Grâce d’avoir su trouver les mots pour accompagner, grâce d’avoir pu organiser une belle cérémonie qui ait du sens, grâce d’avoir évangélisé, grâce d’avoir pu parler d’espoir.

Au sujet du rapport Sauvé de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) : Il est possible que l’un des membres de l’équipe soit interpelé lors d’une séance de préparation par un proche de défunt. L’attitude à avoir est l’écoute et la prière. Bien sûr ce mal absolu a traversé d’autres couches de la société, bien sûr depuis les années 2020 l’Eglise a enclenché un processus pour tenter d’éradiquer le mal en son sein et cela donne des résultats, mais il n’en demeure pas moins que rien ne saurait atténuer le mal fait. Pas d’argumentation donc, seulement l’écoute.

Autre sujet : comment peut-on s’inscrire dans le Synode sur la synodalité en tant que Pastorale des funérailles ? Un temps d’écoute, de dialogue et de discernement que l’Église tout entière entend mener au cours des deux prochaines années afin de mieux répondre à sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ au monde entier.

L’équipe a besoin de nouveaux membres dans toutes nos 5 paroisses, pour mieux accompagner les familles en deuil. Cette période autour de la Toussaint et de la Commémoration des fidèles défunts, nous vous lançons cet appel à venir voir en accompagnant l’équipe : cela vous permettra un meilleur discernement. Cette mission se fait toujours en équipe. Vous ne serez pas seul, mais accompagnés et entourés. N’hésitez pas à prendre contact avec l’un des prêtres ou membres de l’équipe.

Ludovic,
pour l’équipe des funérailles.

Rencontre de l’équipe funérailles du 12 Octobre 20212021-10-15T19:09:14+02:00

Homélie du Père Joseph du XXVIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

« Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle ». Voilà ce que nous avons entendu dans la deuxième lecture, tirée de la Lettre aux Hébreux. Ceux parmi vous qui ont un contact fréquent et familier avec la Parole de Dieu se rendent compte de son action dans notre vie personnelle, quand nous la laissons nous toucher et nous interpeler. Plusieurs images illustrent l’action de la Parole de Dieu sur notre vie. Celle qui nous est proposée aujourd’hui, c’est celle d’une épée à double tranchant qui pénètre les secrets du cœur, qui met à nu nos pensées et nos sentiments. Tout ce que nous pensons cacher à tout le monde, le Seigneur le connaît. Il sait tout se qui se passe dans notre cœur.

L’image de l’épée signifie que la Parole nous interpelle, elle blesse notre orgueil. Elle est comme cette vérité du rapport Sauvé sur les abus dans l’Eglise depuis 70 ans, qui met le doigt sur cette vérité qui ouvre des blessures profondes dans les cœurs, surtout ceux des victimes, mais aussi nombreux prêtres et fidèles touchés directement ou indirectement par ces crimes horribles, et qui nous appelle tout à la purification et à une conversion profonde. N’oublions jamais que c’est aussi par sa Parole, une épée à double tranchant que Dieu nous encourage et nous réconforte…dans l’intimité de notre vie, en parlant avec douceur et tendresse à notre cœur blessé et meurtri qui a besoin de consolation comme actuellement. Chaque fois que notre cœur s’ouvre à la Parole de Dieu, celle-ci devient la lumière qui nous permet d’avancer vers plus de vérité, plus de joie.

Retenons que l’épée à deux tranchants dont il est question ici ne fait jamais de mal.  Il ne s’agit pas de l’épée des Talibans et de tous ceux qui utilisent l’épée pour tuer, massacrer comme cela se passe dans beaucoup de régions du monde actuellement. Celui qui tue par l’épée périra par l’épée !  La Parole de Dieu, cette épée à deux tranchants ne nous fera jamais mal. Elle ne blesse jamais notre cœur ! Elle ne s’impose jamais à nous. La Parole s’adresse à notre cœur, le siège de l’amour et nous laisse la liberté de l’accueillir, de nous ouvrir à elle, de nous laisser toucher par elle. Notre liberté est la condition nécessaire pour voir les fruits et bienfaits de la Parole dans notre vie personnelle. Très souvent malheureusement, nous préférons ne pas laisser cette Parole nous toucher parce que nous avons peur qu’elle remette en cause notre façon d’agir et de vivre. Nous préférons ne pas lire la Bible pour ne pas être bousculés par ce qu’elle nous recommande qu’ils ne veulent pas être bousculés dans leur conscience ou mode de vie. Alors nous résistons à l’appel du Seigneur, comme ce jeune homme de l’évangile, parce que nous avons du mal à abandonner ces perles et trésors auxquels nous tenons tellement peur de changer notre façon de vivre et d’agir.

C’est cela qui arrive au jeune homme de l’évangile d’aujourd’hui. Il est plein d’enthousiasme, désireux de rencontrer Jésus et assoiffé de la vie éternelle. Il a tellement entendu parler de lui qu’il veut le rencontrer. « En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ». C’est beau de contempler la soif et la joie de cet homme qui parle à Jésus. Aujourd’hui encore, beaucoup d’homme et de femmes ont cette même soif, mais il manque de disciples-missionnaires pour leur annoncer que Jésus est la Source de la Joie parfaite.

Belle et authentique démarche qui nous interpelle.  Jésus, qui connait le cœur de chacun découvre en lui un homme honnête et religieux. Il lui rappelle les commandements négatifs, sauf le dernier, et qui ne concernent que notre relation au prochain : « Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère ». Cet homme lui répond qu’il vit tout cela depuis son enfance. En réalité, ce jeune homme vit ces commandements de Dieu sous le signe du devoir. Il le fait parce que ses parents lui ont dit qu’il faut le faire. C’est comme cet enfant de 4 ans à l’Eveil à la foi, les autres enfants, a récité le Notre Père de manière impeccable, en disant bien que sa grand-mère a déjà précisé que dire sa prière le soir faisait partie des obligations de la maison… Ceci qui permet à cet enfant de prier chaque jour, ce qui est déjà une très bonne chose. Et c’est très beau ! Mais il faut un pas de plus : quand cet enfant fera sa prière par amour pour Jésus, comme ce jeune homme qui est appelé à vivre ces différents commandements par amour pour Jésus. C’est cet amour qui comble notre cœur de joie. Contemplons cet homme : il mène une vie honnête, mais il n’a pas de joie : il a besoin de quelque chose plus pour être dans la joie.

 Il est inquiet malgré cette fidélité à la Loi et aux commandements. Il sait que quelque chose manque à sa vie. Ce jeune homme nous apprend que notre bonheur et notre joie ne peuvent se satisfaire d’une vie moralement correcte et irréprochable. Le philosophe danois S Kierkegaard nous dit que pour être vraiment heureux, nous devons passer de la vie esthétique, celle du plaisir et du don Juan, à la vie éthique du bon mari, bon père de famille, de l’homme et femme du devoir…à la dimension religieuse qui implique une relation personnelle d’amour avec Dieu.

C’est dans l’amour que consiste notre vrai bonheur. Essayez de penser la dernière fois que votre conjoint vous a pris dans ses bras, parce que vous l’aviez demandé ou réclamé, et mais lui ou elle n’en avait pas envie !  Ce que vous avez ressenti à ce moment-là, c’est ce que ressent le Seigneur quand nous vivons les commandements et notre vie de foi sans amour ! L’homme de l’évangile mène une vie morale et religieuse liée exclusivement à une obéissance aux commandements, mais sans amour. Il lui manque la relation personnelle et d’amour avec Dieu. Or, c’est dans l’amour que nous trouvons la vie éternelle. Celui qui aime est déjà passé de la mort à la vie éternelle. Aimer le Seigneur signifie le désirer plus que tout, le prendre pour notre tout, notre seule et unique richesse. C’est cela qui manque au jeune homme riche. Il tient tellement à tous ses biens matériels qu’il se prive du Bien par excellence.

Jésus reconnait la beauté et la bonté de la vie de cet homme. L’évangile nous dit précisément que l’ayant écouté, Jésus l’aima. Le Seigneur appelle cet homme à faire un pas de plus, mais un pas décisif pour combler cette soif profonde qui est dans son cœur : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi» Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ». Nous sommes là devant un rendez-vous d’amour manqué. Quel dommage ! Ce regard du Christ, plein d’amour devient source de tristesse pour cet homme qui cherche et désire profondément la vie éternelle mais qui ne l’accueille pas parce qu’attaché tellement à sa vie terrestre et à ses biens matériels. Ce jeune homme désire le ciel sans vouloir quitter la terre !

Attention mes chers frères et sœurs ! La richesse dont il s’agit ici n’est pas forcément matérielle. Dans la vie de chacun de nous, nous avons des choses, des liens, des attaches, des biens matériels, des qualités, des défauts qui font que nous devenons lourds, tellement gros comme un chameau devant le trou de l’aiguille. C’est tout ce à quoi nous refusons de renoncer, ce que nous refusons de quitter, parfois de manière raisonnable et responsable, tout ce qui nous empêche d’entrer dans le projet de Dieu et d’accueillir la vie éternelle à travers la Parole de Dieu.

Seigneur rends-nous pauvres et affamés de toi. Donne-nous de désirer chaque jour la vie éternelle. Donne-nous la grâce de te désirer par-dessus tout. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXVIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-10-10T22:52:35+02:00

Homélie de Christopher Jean-Jacques du XXVII° Dimanche du Temps Ordinaire, Année B (2021)

Dieu crée en séparant. Au moment de la naissance, l’enfant est séparé de sa mère et reçoit officiellement son prénom. Dans l’Évangile, alors que les pharisiens tentent de le mettre à l’épreuve, le Seigneur rappelle le projet de Dieu pour l’homme et la femme à l’origine. Après l’avoir modelé avec la poussière tirée du sol et insufflé le souffle de vie (Gn 2, 6) Dieu vient achever la création de l’être humain dans cette distinction du masculin et du féminin. L’homme et la femme qu’il a voulus complémentaires. Cela peut nourrir notre réflexion sur la notion d’égalité entre hommes et femmes.

La différence entre l’homme et la femme n’est pas la source des inégalités et des discriminations. C’est le péché qui en est la cause, il endurcit le cœur de l’homme. Dans l’Église, nous croyons à l’indissolubilité du mariage, cependant, nous sommes conscients du combat qu’il peut y avoir pour être fidèle à cet engagement. Au moment de l’épreuve où nous sommes tentés d’abandonner, cherchons le chemin que le Seigneur nous invite à prendre pour continuer à vivre notre engagement, comptons sur sa fidélité. Tel un GPS qui recalcule l’itinéraire quand on se trompe de chemin, le Seigneur ouvre toujours un chemin pour celui qui se tourne vers lui.  Aussi, nous devons toujours avoir à l’esprit que Dieu nous unit. Il unit l’homme et la femme dans le mariage. Il nous unit aussi les uns aux autres dans le baptême. Demandons-lui la grâce de la fidélité dans nos engagements, demandons-lui la grâce de l’unité afin que ce que Dieu a uni, l’homme ne le sépare pas.

Homélie de Christopher Jean-Jacques du XXVII° Dimanche du Temps Ordinaire, Année B (2021)2021-10-04T22:45:36+02:00

Homélie du Père Joseph du XXVI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Dans la vie, lorsque nous constatons que les autres sont meilleurs, plus excellents, plus chanceux, plus riches, plus talentueux que nous, nous sommes ou pouvons être victime de ce un grand sentiment d’envie et posséder nous aussi ces qualités et talents que nous découvrons chez les autres. Dans le monde professionnel, nous voyons alors se développer la rivalité et la jalousie entre collègues qui travaillent dans le même domaine, et sur le même projet. Si un collègue atteint son objectif avant nous, et surtout si cela s’accompagne d’une reconnaissance financière ou en responsabilité, nous devenons envieux et jaloux. N’oublions jamais que l’envie et la jalousie sont deux des 7 capitaux…. Pensez à deux jeunes ados, les meilleurs amis qui viennent d’obtenir le BAC. Il veut devenir ingénieur, et tous deux font une prépa. Deux années de boulot acharné où ils se soutiennent et se motivent mutuellement. A la fin, il y un concours, et l’un est bien classé et est admis dans la meilleure école d’ingénieur, l’école de ses rêves. Mais l’autre, à cause du classement au concours, n’as trop le choix doit accepter d’intégrer une école moins côté. Tout d’un coup, jalousie et frustration met un peu de froid dans la relation entre ces deux ados qui étaient pourtant les meilleurs amis du monde. Mais tout cela était en même temps révélateur de cette jalousie et cet orgueil enracinés dans le cœur pour ne pas accepter que l’autre soit meilleur.

Victimes de l’orgueil et de la prétention, nous devrions au contraire nous réjouir que les autres soient meilleurs et atteignent certains sommets, surtout s’ils le méritent bien ! Nous réjouir, au niveau professionnel, que l’entreprise progresse, qu’elle soit plus efficace, plus productive… grâce aux talents des uns et des autres, parce que ce qui compte, c’est que les choses avancent, en remplissant chacun son rôle. En fait, si nous sommes orgueilleux et prétentieux, nous risquons de déchanter cat nous trouverons toujours quelqu’un qui soit plus beau, plus intelligents, plus talentueux que nous. Nous ne sommes pas les seuls à avoir des qualités et des charismes… ! Au contraire, nous devons demander la grâce de reconnaitre humblement et nous réjouis des charismes, des qualités et du potentiel présents chez les autres.

Si l’orgueil, les rivalités, la prétention existent dans le monde professionnel, scolaire, politique, elles existent malheureusement aussi dans la vie chrétienne et dans le domaine ecclésial. Ne soyez pas choqués ni naïfs : jalousie et rivalités existent malheureusement entre séminaristes, entre prêtres, évêques, cardinaux, membres de la même communauté religieuses, entre paroissiens, dans nos familles, entre les époux, entre frères et sœurs… ! Savez-vous pourquoi ? Parce que nous sommes d’abord profondément pétris d’humanité, des hommes et femmes, ces êtres de rivalités que nous sommes naturellement…mais appelés à ressembler au Christ humble, pauvre, petit et ouvert à tous.

La Parole de Dieu de ce dimanche met le doigt sur la jalousie de voir que d’autres peuvent accomplir comme nous, ou même mieux que nous, l’œuvre de Dieu. Nous sommes jaloux de voir que ceux qui ne font pas partie de « notre club », « de notre mouvement », « notre équipe de spiritualité », « notre sensibilité religieuse, pastorale » puissent mieux faire que nous certaines choses. Dans la première lecture, il est écrit : « Or, deux hommes étaient restés dans le camp ; l’un s’appelait Eldad, et l’autre Médad. L’esprit reposa sur eux ; eux aussi avaient été choisis, mais ils ne s’étaient pas rendus à la Tente, et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser. Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! » Josué, fils de Noun, auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! » Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes !»

Dans la première lecture, Josué, celui-là même qui prendra la suite de Moïse en conduisant le peuple d’Israël dans la Terre Promise est presque mort de jalousie. Cette jalousie est remarquée dans le cœur du plus mystique des apôtres, celui qu’on appelle « le Disciple Bien-Aimé », l’apôtre Jean comme nous pouvons le voir aussi dans l’évangile : « En ce temps-là, Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »

Dans les deux cas, la solution peut nous surprendre : il ne faut empêcher à personne d’être l’instrument des bénéfices de la grâce de Dieu. Toute personne qui fait du bien au nom de Jésus, même s’il ne fait pas partie des disciples, accomplit une œuvre qui plait à Dieu. A une certaine époque, et peut-être aujourd’hui encore, dans certains groupes, nous avions une vision exclusive de l’action de Dieu. Nous pensons que le Seigneur n’agit seulement que parmi nous et à travers nous, notre mouvement, notre petit groupe, notre Eglise, notre religion, notre spiritualité… tout cela devient un peu sectaire ! C’est la Communauté de l’Emmanuel ou rie, c’est le Chemin Neuf ou rien, le Equipes Notre-Dame ou rien, Vivre et Aimer ou rien, le CPM ou rien, l’Opus Dei ou rien, Les SGDF ou rien, les Scouts d’Europe ou rien ! Absolutiser son groupe pour exclure les autres.

L’Eglise nous dit que le Seigneur agit certainement dans et à travers l’Eglise, mais nous ne pouvons pas enfermer l’action de Dieu seulement à l’intérieur des murs et l’activité de nos églises. Une œuvre bonne, d’où qu’elle vienne et qui l’accomplit… est toujours un bien venant de Dieu, un signe de la présence de Dieu qui agit dans tous les cœurs qui savent l’écouter. Dans le cadre du dialogue inter-religieux, l’Eglise catholique appelle les chrétiens à reconnaitre que beaucoup de dons, charismes sont présents en dehors de notre religion chrétienne. Emerveillons-nous de constater les qualités éloquentes dans les autres religions et cultures, pour la simple raison que le saint Esprit, auteur de sanctification et dispensateurs des dons et des charismes, agit aussi au-delà des frontières de la religion chrétienne, dans les hommes et femmes de bonne volonté même s’ils ne connaissent pas Dieu de manière explicite. On appelle cela les semences du Verbe !

L’Eglise, tout en réaffirmant d’être l’unique dépositaire de la vérité, tout en soulignant d’être l’unique institution voulue par le Christ pour le salut du monde et tout en revendiquant sa légitime autorité dans le domaine spirituel (Ecclesia Mater et Magistra), reconnait aussi que beaucoup d’éléments d’édification spirituelle peuvent se trouver aussi dans d’autres religions. Le saint Esprit agit en d’autres lieux bien loin de nous et que des éléments de vérité puissent se trouver aussi dans le monde athée et dans les autres religions.

L’autre point souligné dans cet évangile, c’est le soin et l’attention pour nos enfants et nos petits-enfants. Ils sont d’abord enfants de Dieu qui nous les confie pour que nous en prenions soin ! Nos enfants ne sont pas nos propriétés, les objets de nos droits et revendications…A la naissance, nous sommes tous comme les enfants dont parle Jésus dans l’évangile : un petit être fragile, sans expérience, innocent sur tous points de vue et ouvert au bien. Mais cet être fragile est aussi exposé à toute sorte de menace et des tempêtes qui peuvent scandaliser, détruire et abimer sa vie, avec toutes ces horreurs dont on entend parler, les incestes et pédophilies dans les familles, les écoles, et malheureusement aussi dans l’Eglise. Combien les enfants souffrent des querelles et des séparations entre parents, des conflits en familles, des idéologies de PMA, GPA…dans la société.

Tellement sollicités par le travail et nombreuses occupations, nous n’avons plus du temps à passer avec les enfants : on part très tôt u boulot pour rentrer après 20h00 le soir ; tellement fatigué qu’on a qu’une envie : aller dormir. Certaines nounous et maîtresses d’école connaissent parfois mieux les enfants que certains parents. Dans l’évangile, le Seigneur Jésus n’utilise pas de demi-mots pour condamner le scandale et le mal faits aux enfants : « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer ».

Prions pour les parents, les pasteurs, catéchistes, animateurs d’aumônerie, les enseignants, les différents acteurs de l’éducation intégrale des enfants. Que tout ce que nous posons comme geste et choix cherchent toujours le bien pour chaque enfant qui nous est confié dans la famille, dans la société et dans l’Eglise. Seigneur donne ta lumière à tous les éducateurs et bénis chacun de nos enfants. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXVI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-09-26T22:12:55+02:00
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