À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de l’Avent, année C (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Au cours de la première du mandat de Joe Biden aux Etats-Unis d’Amérique, quelques jours après la déclaration d’Eric Zemour comme candidat aux élections présidentielles en France, Vladimir Putin était le président de la Fédération de la Russie, Angela Merkel venait de terminer son long mandat de chancelière en Allemagne, Boris Johson, premier ministre Outre-Manche, et France, Emmanuel Macron, le jeune président de la République, mettait en place une stratégie pour affronter la cinquième vague de la Conv19, après l’apparition d’un nouveau variant appelé Omicron. Dans l’Eglise Catholique, le pape François appelait les fidèles à vivre un « Synode sur la synodalité » alors que l’archevêque de Toulouse attendait son successeur, alors qu’à l’église de Tournefeuille, au cours de la messe de dimanche, toute la communauté paroissiale était heureuse d’accueillir des adultes faisant leur entrée en catéchuménat.

Des détails historiques, des précisions de l’actualité semblables à ce qui nous est décrit dans l’évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent. « L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. »

Saint Luc soucieux des précisions historiques, nous situe le personnage et le message du précurseur Jean-Baptiste dont la mission est de préparer le peuple d’Israël à la venue du Messie. Le premier enseignement de ces détails précis est celui-ci : le Christ Jésus n’est pas le produit d’une fantaisie, un mythe ! En Jésus, Dieu s’est réellement fait homme, et il est venu au monde dans un lieu et un temps précis de l’histoire de l’humanité, pour une mission bien précise que tout l’évangile s’efforce de raconter.

Ces précisions historiques ont un autre objectif. Toutes les autorités politiques et religieuses mentionnées se situent dans une région, une religion et un peuple qui attendait un Messie, c’est-à-dire Israël. Mais la mention de l’empereur romain représenté par le gouverneur de Judée Ponce Pilate, veut nous rappeler que l’avènement du Messie dépasse la simple Judée et le peuple d’Israël pour embrasser l’histoire universelle de l’humanité connue à cette époque.

Les Juifs étaient convaincus que le Messie devait venir seulement pour eux, le Peuple élu. Le prophète Jean-Baptiste corrige cette vision, en s’appuyant sur l’un des grands prophètes de l’histoire juive, Isaïe qui affirme que par le Messie attendu par Israël : « tout homme verra le salut de Dieu » Chaque humain, et pas seulement les Juifs. Le salut apporté Jésus, le Fils de Marie, l’Immaculée Conception que nous fêtons mercredi 8 décembre, ce Jésus dont nous préparons l’accueil en cette période liturgique de l’Avent, vient sauver tout être humain, sans distinction ni de race, de culture, de condition sociale… L’évangile affirme ainsi, dès le début de la vie publique de Jésus, que par son incarnation, en devenant homme semblable à nous, c’est toute l’humanité qu’il vient sauver et que chacun peut bénéficier de la grâce du salut du Christ.

Cependant rappelons-nous que le salut ne peut nous atteindre comme la pluie ou le soleil. Ceux-ci ne dépendent ni de notre volonté ni de notre liberté. Qu’on le veuille ou pas, quand il neige, il pleut ou il fait beau dans une région, c’est tout le monde qui en bénéficie. Qu’on soit de gauche ou de droite, croyant ou athée, nous sommes tous de la même façon bénéficiaires ou victimes des conditions climatiques. En ce qui concerne le salut, les choses sont très différentes : Jésus ne nous impose jamais le salut. S’il veut nous sauver, Jésus ne peut pas le faire sans notre liberté et notre adhésion. Dieu veut nous sauver, mais il ne peut pas le faire sans nous et contre nous car il respecte profondément les êtres libres que nous sommes et dont il attend accueil, adhésion et acceptation des grâces qu’Il nous apporte avec l’avènement de Noël. Nous pouvons, en toute liberté, accueillir ou refuser le salut qu’il nous apporte. L’entrée en catéchuménat, demander officiellement le baptême, surtout pour les adultes, est la manifestation de cette liberté qui accueille le salut apporté par le Christ.

Le salut, c’est comme un cadeau ! Parce que la période de Noël est propice aux cadeaux, je peux me permettre de faire cette analogie, bien qu’imparfaite parce que le cadeau dont je parle n’a pas de prix. Quand on donne un cadeau, celui qui le reçoit, tend les mains pour le recevoir, et si c’est possible, faire une bise (attention aux mesures barrières !), verser quelques larmes de joie…. Il remercie ensuite, surtout s’il est heureux et que le cadeau lui fait plaisir. Mais on peut aussi refuser un cadeau. Il m’est arrivé re refuser le cadeau de quelqu’un parce que j’avais compris qu’il voulait m’attraper en se servant d’un cadeau. Hier on m’a parlé d’un collègue qui, pour son pot de départ, avait refusé le cadeau que les autres lui avait offert parce que ce cadeau-là lui rappelait trop son boulot….alors qu’il voulait vraiment tourner la page et ne plus penser à ce boulot dans lequel il n’était pas très heureux. Quand on attend un ami, un parent, on prépare sa maison, le repas….Ce sont là des signes qui montrent notre joie d’accueillir librement un cadeau, un ami…

En reprenant les paroles du prophète Isaïe, Jean-Baptiste proclame : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Le temps de l’Avent est une invitation à la conversion : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers, Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis »

L’Avent est un appel à la conversion pour accueillir comme il se doit l’hôte extraordinaire qui vient nous visiter. Il s’agit de quitter l’égoïsme, notre tiédeur, le mensonge, élargir et aplanir son cœur pour faire place au Christ et à nos frères et sœurs. Jésus, vraie lumière, vient illuminer notre vie pour la libérer de toutes ses ténèbres et zones d’ombres. Qui parmi nous pourrait honnêtement dire, en se regardant à travers pure lumière du Christ que sa vie est parfaite et qu’il n’a rien à se reprocher, rien à convertir dans sa vie ? Personne ! Surtout pas celui qui vous parle. C’est dans ce sens que Jean Baptiste nous appelle à vivre l’Avent comme un temps de conversion.

Préparer la route au Seigneur, c’est se convertir notre cœur et mener une vie qui soit authentiquement chrétienne dans sa substance et par sa force de témoignage. Préparer le chemin du Seigneur, c’est construire des ponts de paix, de joie, de réconciliation dans nos familles en cette période où nous préparons les fêtes familiales, s’accueillir mutuellement dans nos familles, nos communautés et nos milieux professionnels. Seigneur, donne-nous de t’accueillir en nous, de Te laisser les habiter pour nos coeur convertir par ta présence. Amen.

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de l’Avent, année C (2021)2021-12-05T11:34:55+01:00

Denier de l’Eglise : la dernière relance de l’année 2021

Denier de l’Eglise : la dernière relance de l’année 2021

Chers paroissiens !

Nous voici bientôt en fin d’année civile.  Noël approche et vous pensez à boucler votre comptabilité de l’année, aux cadeaux que vous allez offrir à vos proches pour les grandes fêtes qui approchent ! C’est une très bonne chose. L’Eglise aussi a besoin de vous !

https://toulouse.catholique.lecadeaudenaissance.fr/#

C’est l’occasion pour nous de faire la dernière relance de l’année. Le Denier est la ressource principale de l’Eglise en France. Un grand merci pour votre don qui permet à l’Eglise d’accomplir sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle à tous.

Sur notre ensemble paroissial de Tournefeuille, vous savez que nous avons le projet d’accueil d’une communauté des religieuses. Leur accueil nécessite des travaux au presbytère de Saint Simon où elles devront s’installer. Nos deux maisons paroissiales (l’Oustal de Plaisance du Touch et la salle Saint Pierre de Tournefeuille) sont actuellement en travaux : mise aux normes, électricité, chauffage, sécurité, peinture). Tous ces travaux vont coûter autour de 60.000 euros. Nous avons besoin de vos dons. Vous pouvez aussi sensibiliser vos voisins, vos amis et votre famille à soutenir la vie de l’Eglise en faisant un Don. Même les personnes morales et les entreprises… peuvent contribuer au Denier.

Décembre est la limite pour que votre don soit pris en compte pour la déduction fiscale de l’année en cours (réduction d’impôt de 75% dans la limite d‘un montant de 554 euros. Au-delà s’applique le taux de 66% de réduction, dans la limite de dépenses, plafonnées à 20% des revenus du contribuable).  Envoyez votre don directement à l’archevêché de Toulouse (24 rue Perchepinte, 31073 Toulouse) ou au secrétariat paroissial de Tournefeuille (77, rue Gaston Doumergue, 31170 Tournefeuille). L’ordre du chèque est ADT (Association Diocésaine de Toulouse). N’oubliez pas de mentionner le nom de votre paroisse. Même si vous faites votre don en argent liquide, mentionnez que c’est le pour Denier et surtout mentionnez votre nom sur l’enveloppe.

Nous vous disons un grand merci pour tout ce que vous faites pour permettre à notre Eglise de vivre et d’accomplir sa mission.

 

Denier de l’Eglise : la dernière relance de l’année 20212021-11-29T18:54:07+01:00

Edito : Appelés à une triple conversion !

Ce dimanche 28 novembre est une date très importante nous appelant à plusieurs conversions.  Tout d’abord, elle marque, dans la liturgie, le début de l’Avent.  Ce temps liturgique, contrairement au Carême, qui est aussi caractérisé par un côté austère et le violet comme couleur liturgique, est marqué par beaucoup de lumière et de joie dans nos rues, nos commerces, nos maisons, nos églises, la préparation de la crèche de Noël, la préparation et achat des cadeaux… Cependant, l’Avent, comme le Carême (on l’oublie parfois !) est un temps de conversion. Nous sommes appelés à nous convertir pour accueillir la « Lumière d’en haut » qui vient nous visiter, c’est-à-dire Jésus, l’Emmanuel, Dieu-parmi-nous. Pour cela, nous devons, comme nous appelle Jean-Baptiste : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu » (Lc 3, 3-5).

Lorsque nous regardons en vérité notre propre vie, nous réalisons combien de zones d’ombres existent toujours, nous empêchant d’accueillir la lumière divine qui vient transfigurer nos vies blessées par le Mal aux diverses manifestations. Le temps de l’Avent, temps d’attente, d’espérance, est une période où chacun de nous est appelé à s’ouvrir au Totalement Autre qui, par amour pour nous, vient à notre rencontre en se faisant l’un de nous sans faire semblant. Mais c’est aussi un temps où nous devons nous approcher et nous ouvrir à l’autre, le frère et la sœur en humanité, pour faire route ensemble vers Jésus.

Ensuite, ce premier dimanche de l’Avent est important parce qu’il marque le début d’une nouvelle année liturgique. L’année B s’est achevée avec la solennité du Christ Roi de l’Univers. C’est l’évangéliste saint Marc qui nous a accompagnés nous invitant à emboiter les pas du Christ allant partout annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume. Avec la nouvelle année liturgique C, c’est saint Luc qui va nous conduire petit à petit, nous invitant à nous convertir à la tendresse et à la miséricorde de Dieu. L’une des caractéristiques de l’évangile selon saint Luc, c’est la grande place qu’il accorde à la tendresse, la douceur, la miséricorde, l’Amour de Dieu qui nous sauve. Mon vœu pour chacun de nous est que nous puissions accueillir en abondance la tendresse, la miséricorde, la douceur de Dieu pour en témoigner autour de nous, en particulier dans nos familles appelées à se rassembler autour des grandes fêtes qui approchent.

Enfin, ce premier dimanche de l’Avent est important parce qu’avec lui, entre en vigueur la nouvelle traduction du Missel Romain avec quelques changements opérés pour permettre une meilleure participation à l’eucharistie. Ceci est aussi une autre conversion, et pas la moindre ! Il s’agit là d’un défi ! Le refrain qui mine la pastorale, comme le rappelle souvent le pape François, c’est « on a toujours fait comme ça ». Nous risquons alors de nous lamenter, en disant, « à la messe, on a toujours dit ça comme ça ! Pourquoi fallait-il nous changer la messe ? ». Retrouvons le sens de nos paroles et des gestes, pour sortir de la routine. Retrouvons le sens profond, théologique et spirituel de la messe, ce qui va renouveler notre foi, notre espérance et notre charité !  Cette nouvelle traduction permet aux Eglises francophones d’être en pleine communion avec les autres traditions linguistiques dans l’Eglise. Belles conversions, bon temps de l’Avent et sainte marche à la rencontre de l’Emmanuel, Dieu avec nous !

Edito : Appelés à une triple conversion !2021-11-29T15:44:07+01:00

Homélie du Père Joseph du I° Dimanche de l’Avent, année C (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Nous commençons cette nouvelle année liturgique, avec ce premier dimanche de l’Avent dans une ambiance de peur et de psychose générale qui me rappelle celle dans laquelle nous étions en février-mars 2020 lorsque la pandémie a commencé. Il y avait une ambiance de fin du monde. Toute la journée, à la radio, à la TV, dans les journaux, il y avait cette morbide litanie des statistiques des contaminations et des morts dans chaque pays, comme si on voulait savoir où il y avait eu plus de morts. Confinés, on avait peur de mettre son nez dehors, peur de croiser quelqu’un, comme si toute rencontre était susceptible de nous transmettre le virus !  Confinés, nous avions cependant le temps d’être en famille, de lire, de prier, d’écouter la parole de Dieu… Mais globalement, c’était la psychose et ça sentait presque la fin du monde. Au début de l’Avent, l’évangile que saint Luc nous propose me fait penser à cette ambiance morbide de fin du monde du début de la pandémie, parce que nous vivons presque la même chose. Malgré la vaccination, il y a une montée fulgurante du nombre de contaminations, les hôpitaux qui sont saturés, le manque de lits, la peur d’être confinés, et surtout, un nouveau variant « Omicron » venu d’Afrique du Sud et beaucoup plus contagieux… ! On se demande alors comment nous allons nous en sortir ? Est-ce que la troisième dose suffira ! Bref, psychose et peur encore une fois !

La communauté chrétienne à laquelle saint Luc écrit cet évangile vit aussi dans une ambiance de psychose et de peur. C’est une communauté fragile, dans un contexte de guerre, de lutte de pouvoir, de migrations, de misère dans l’Empire Romain. C’est ce que nous vivons aussi plus ou moins, avec notre litanie de mauvaises nouvelles, de lamentations, de violence, d’incompréhension croissante, de problèmes mondiaux non résolus, de crise écologique, de difficulté et baisse de pouvoir d’achat, de tension entre les puissances, même entre les voisins comme la France et le Royaume Uni, avec la Manche qui devient aussi un vaste cimetière pour les migrants, la montée de cette pandémie qui a mis en lumière nos illusions…. Bref, rien de nouveau sous le soleil. La communauté primitive a vécu, à sa mesure, ces difficultés que nous vivons aujourd’hui.

Pourtant, au cœur de ces difficultés et de ces événements douleureux, Jésus nous appelle à l’espérance. Tel est le message du temps de l’Avent : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ». Saint Luc, s’adressant à une communauté en souffrance, ne veut cependant pas céder au pessimisme. Pour lui, il faut se bouger, relever la tête, ne pas baisser les bras ! Oui, la vie est un combat et on ne peut l’emporter que si on décide de se battre et de ne pas céder à la tentation du défaitisme ni endosser toujours le rôle des victimes. Devant le chaos, les épreuves, les souffrances qui nous entourent, le message du temps de l’Avent est un appel à être des hommes et femmes d’espérance, des acteurs d’un monde meilleur.

Jésus ne nous demande pas d’être les derniers défenseurs de la foi dans un monde en perte de vitesse. Il nous appelle simplement à nous mettre debout, à nous relever, à redresser la tête, c’est-à-dire, à être pro-actifs, non pas passifs, à nous bouger, à voir ce qui germe de beau dans notre monde, autour de nous, à percevoir la lumière de Noël qui est déjà présente dans notre monde, dans l’Eglise, dans nos familles, en dépit des situations éprouvantes et ténébreuses que nous traversons. C’est cela le mystère de l’histoire : un paradoxe mêlant événements éprouvants et des merveilles, comme l’être humain qui est modelé à partir de la boue mais qui porte en soi le souffle de Dieu, ce qui nous appelle à regarder l’histoire au-delà des apparences, des événements. Nous devons agir, ne pas rester les bras croisés.

Jésus nous donne aussi un autre conseil pendant ce temps de l’Avent : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie ». Evitons de surcharger notre vie ! Allons vers Noël le cœur léger, tenons notre pensée et notre âme au-dessus du chaos ambiant. Ne dilapidons pas le temps, les émotions. Le peu que nous avons, que nous portons dans notre cœur, ne le dissipons pas, mais orientons toute notre vie vers la venue de Celui qui vient nous sauver.

Le temps de l’Avent, avec l’approche de Noël et des fêtes de fin d’année porte en soi un risque : faire simplement la fête ! Jésus parle de beuverie. Il y en a qui ne vont penser simplement qu’aux bouteilles de champagne, de vin blanc que nous allons associer au foie gras, aux lumières excessives qui nous empêchent de contempler les belles petites lumières autour de nous ! Quand je vois ou écoute les publicités, je suis impressionné par tout le « bonheur » qui nous est proposé par le marketing : Black Friday, les soldes de Noël… bref, tous ceux qui veulent nous vendre un bonheur à acheter dans les commerces ou sur internet ! L’Avent est un temps d’éveil, de lucidité ! Ne permettons pas à toutes ces sollicitations matérielles d’occuper totalement notre cœur. Nous devons laisser de l’espace à celui qui vient nous sauver, à Jésus qui se fait l’un de nous et qui a besoin que nous l’attendions dans la vraie joie et non pas dans les illusions de joie.

Nous avons un mois pour nous préparer à Noël, pour accorder un peu d’espace au Seigneur, conscients que Noël est la fête de ce Dieu qui veut entrer dans notre vie et naître dans nos choix quotidiens. Veiller signifie ne pas dormir, rester attentif et lucide, toujours sur le qui-vive pour ne pas être pris à l’improviste. Nous devons garder notre cœur éveillé. Le temps de l’Avent n’est-ce pas un temps pour contempler quelques grandes figures qui nous accompagnent et nous préparent à Noël :

Le prophète Isaïe qui exprime l’espérance messianique et annonce la naissance de l’Emmanuel.  Isaïe incarne à la fois la préparation de Dieu et les désirs de l’humanité.

Jean-Baptiste annonce la venue proche du Messie et invite à un baptême de conversion pour s’y préparer. Il est le précurseur. Dès son enfance, puis adulte, il désigne Jésus. L’Avent est un temps de conversion, rabaisser les montagnes en nous, ajuster les sentiers de notre cœur à Dieu et aux autres, rendre droite notre vie.

L’autre figure est Marie qui accepte de porter en elle Jésus et d’être sa mère. Elle est le symbole de l’habitation de Dieu en nous. Quels moyens mettons-nous en œuvre pour que Jésus naisse dans nos vies, dans nos cœurs, dans nos familles ?

Saint Joseph accepte d’aimer et de prendre soin d’un enfant et d’une épouse qui lui sont confiés par Dieu. Puissions-nous aussi prendre soin de ceux qui nous entourent dans nos familles pendant ce temps de l’Avent. Nous pouvons aussi contempler d’autres visages, Elisabeth qui se réjouit avec Marie : comment allons-nous partager la joie de Noël avec les autres ?

Les chrétiens se préparent à Noël en n’oubliant pas l’aspect spirituel et liturgique. Au point de vue pratique, il y a bien des manières pour un chrétien de préparer Noël. On installe la crèche chez soi et souvent on achète de nouveaux santons. On achète aussi un arbre que l’on place près de la crèche. On met sur sa porte une couronne d’accueil.

Comment préparer Noël spirituellement ? C’est l’occasion d’un réveil, une période que l’on vit dans l’espérance d’un nouveau départ, par la prière personnelle, l’écoute de la Parole de Dieu, comme Marie ! La fidélité à la messe dominicale nous prédispose à la venue du Sauveur. N’oublions pas le sacrement de pardon et réconciliation qui permet de faire un petit ou un grand ménage dans notre cœur, car en définitive, c’est notre cœur qui est appelé à devenir la demeure, la crèche où Jésus veut naître chaque jour.  Belle route vers Noël ! Amen.

Homélie du Père Joseph du I° Dimanche de l’Avent, année C (2021)2021-12-05T11:29:28+01:00

Homélie du Père Joseph du Christ-Roi de l’Univers, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Je reviens d’une semaine de retraite à l’abbaye d’En Calcat. Vendredi soir à mon retour, il a fallu me replonger un peu dans l’actualité de ce qui se passe dans le monde : la peur de la montée du nombre des contaminations Covid en France et dans le monde (Je ne sais plus combien des vagues il faudra pour s’en sortir !), l’Autriche va être reconfinée totalement, et pas seulement ceux qui ne sont pas vaccinés ! Les médias et certains réseaux ecclésiaux rappellent encore la plaie et la blessure profonde de tout le mal commis par les agressions sexuelles révélées dans le rapport de la CIASE, et le besoin de réparation. Mardi dernier, un kamikaze a fait sauter une bombe en pleine ville de Kampala en Ouganda, un attentat a été revendiqué par l’Etat Islamique maintenant à la conquête de l’Afrique orientale et centrale. La reprise d’une forte activité du volcan de Nyiragongo à Goma depuis trois jours nous inquiète… ! Nous vivons une période pré-électorale qui n’apporte pas plus sérénité que des polémiques… !

La Russie a détruit avec un missile un de ses satellites près de la Station Spatiale Internationale, ce qui en rajoute à la guerre et méfiance déjà importante entre les Etats-Unis, la Russie, Joe Biden qui appelle au boycott des jeux olympique d’hier en Chine. La Biélorussie de Loukachenko qui provoque la Pologne avec les réfugiés, situation qui divise les pays de l’UE… Voilà l’actualité que nous traversons. On pourrait poursuivre la litanie des mauvaises nouvelles, mais je m’abstiens de vous déprimer ! Et au cœur de cette litanie angoissante, l’Eglise nous invite à tourner notre cœur vers la lumière du Christ, Roi de l’Univers et Prince de la Paix.

Un véritable contraste aujourd’hui ! D’un côté la peur, l’angoisse des événements que traverse le monde, et peut-être même que nous traversons au niveau personnel, et de l’autre, la liturgie qui nous appelle à célébrer le Christ, roi humilié, sans armée, couronné d’épines et qui se laisse clouer en croix. D’un côté, il y a toute cette peur, angoisse que nous subissons et que nous ne vivons pas toujours dans l’amour, de l’autre, une violence, subie elle aussi, mais vécue par amour pour nous, tel que le Christ nous le montre.

Parler du Christ-Roi, c’est souligner la pauvreté de notre langage qui associe cet attribut à des figures que nous appelons rois, reines, empereurs, princes, comtes, comtesses, duchesses…. Dans un langage plus moderne, nous les appelons chefs d’Etat, de gouvernement…ceux qui décident ou qui ont parfois du mal à décider et malheureusement, parfois ils décident de manière arbitraire et avec violence du destin, de l’avenir du monde de l’humanité, de la planète comme nous le rappelle le flop de la récente COP 26 qui s’est tenue à Glasgow en Ecosse.

Notre vocabulaire est tellement pauvre, incapable de trouver un concept adéquat qui exprime la signification de cette solennité qui qualifie une souveraineté qui transcende le temps et l’espace, les limites de la géographie et de l’histoire, un pouvoir qui ne s’impose pas… mais qui se propose et s’accueille dans la liberté. Ces jeunes qui font leur première communion aujourd’hui, ces enfants du primaire qui demandent le baptême, ou les adultes catéchumènes, futurs baptisés qui sont au Christ-Roi ce dimanche, ou alors ces adultes en chemin vers la communion et le sacrement de confirmation… sont témoins de cette liberté qui accueille l’amour du Christ Roi de l’Univers. Le pouvoir du Christ-Roi ne réduit d’aucune manière notre liberté. Le Christ ne nous instrumentalise pour ses propres fins, comme nous le faisons parfois consciemment ou inconsciemment, dans nos relations. Le pouvoir du Christ se donne, pour le bien et le salut de l’humanité.

La royauté du Christ est différente de n’importe quel régime politique. Cette différence vient du Christ qui, s’il a porté une couronne royale, celle-ci a été une couronne d’épines, accompagnée de moqueries, d’humiliations : Jésus, trainé comme un criminel, condamné…se proclame Roi devant Ponce Pilate, le représentant de l’empereur. Pilate a humainement et politiquement pouvoir de vie et de mort sur Jésus, mais Jésus, en se qualifiant roi, lui lance ouvertement un défi à deux titres.

Il lui dit : « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Cela signifie que Pilate et ses pairs politiques ne devraient pas s’inquiéter du pouvoir de Jésus. Son pouvoir n’est pas temporel. Le règne du Christ transcende tout pouvoir politique : Jésus n’a pas de parti comme on en voit se déployer en cette période de pré-campagne électorale.  Le règne de Jésus n’a pas d’espace, ni de territoire et ne se mêle pas de politique ni d’économie. Son Règne ne connaît pas de différences sociales ni raciales. Le roi que nous célébrons n’a pas d’armée ni de frontières territoriales à protéger en construisant des murs pour arrêter les migrations ou les invasions.

Le défi du Christ à Pilate se poursuit par une deuxième affirmation : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité ». La vérité que Jésus est venue révéler, c’est que Dieu est un Père qui aime tous ses enfants sans exception. Le Christ est venu nous révéler un Père qui offre à tous ses enfants la possibilité d’être tous ensemble heureux avec Lui. Jésus en a témoigné en donnant sa vie pour le salut de tous les hommes. Ses bras ouverts en croix témoignent de cet amour infini qui se donne et embrasse tous les hommes et toutes les femmes qu’il attire à lui, pour les conduire tous au Père. Recevoir la communion, surtout pour la première fois comme Dimitri et Clara, demander le baptême comme ces 9 enfants, demander la confirmation comme ces adultes que nous accompagnons, cela signifie ouvrir ses propres bras pour ses jeter dans les bras ouverts du Christ qui nous conduit au Père. C’est dans embrassade que nous trouvons notre bonheur.

La fête du Christ-Roi invite à vivre ce que Jésus nous enseigne. Le monde va mal parce que nous ne vivons plus et ne témoignons pas suffisamment de l’enseignement du Christ. Notre monde souffre d’un grand déficit des témoins de la vérité de l’évangile annoncée et vécue par le Christ. Plus nous nous éloignons du Christ, plus le monde ira mal… Plus nous accueillons son enseignement, plus disparaitront la violence, les guerres, la haine et plus s’édifieront la justice et l’amour. Adhérer au règne du Christ, c’est faire que le monde actuel soit « déjà » le paradis, un lieu où tous nous vivons et témoignons de la justice, de l’amour, du partage… malgré nos limites et nos fragilités.

Nous croyons en un Dieu qui aime, pardonne.  Humilié et crucifié, il demande pourtant pardon pour ceux qui le crucifient. Insulté, il ne rend pas l’insulte. Il subit le mal sans maudire des oppresseurs…. Le Christ, Roi de l’Univers nous appelle à témoigner de son amour, de sa miséricorde, de sa justice… dans ce monde parfois dur et perdu. Par notre communion profonde au Christ, le monde deviendra un règne d’Amour, en attendant que le Christ vienne lui-même l’accomplir en plénitude. Donne-nous Seigneur, Roi de l’Univers, la grâce de construire ton Royaume autour de nous, dans nos familles, notre communauté, notre pays, dans l’Eglise et dans ce monde. Amen.

Homélie du Père Joseph du Christ-Roi de l’Univers, année B (2021)2021-11-21T15:28:51+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Ce dimanche est l’avant dernier de l’année liturgique. La semaine prochaine, ce sera la fête du Christ-Roi de l’Univers.  L’Evangile aborde une de ces thématiques parmi les plus difficiles de la théologie qu’on appelle « l’eschatologie » qui traite des choses ultimes, les fins dernières, celles qui s’accompliront à la fin de l’histoire présente.  Dans cet évangile Jésus est de quelques disciples : Pierre, Jacques, Jean et André qui étaient en train de s’émerveiller et d’admirer la beauté, la grandeur et la structure archéologique du temple de Jérusalem. C’est l’occasion pour Jésus de leur annoncer la prochaine destruction du temple : « Comme Jésus sortait du Temple, un de ses disciples lui dit : « Maître, regarde : quelles belles pierres ! quelles constructions ! » Mais Jésus lui dit : « Tu vois ces grandes constructions ? Il ne restera pas ici pierre sur pierre ; tout sera détruit. »  Et comme il s’était assis au mont des Oliviers, en face du Temple, Pierre, Jacques, Jean et André l’interrogeaient à l’écart : « Dis-nous quand cela arrivera et quel sera le signe donné lorsque tout cela va se terminer. » (Mc13,1-4).

C’est l’introduction de tous les faits annonçant une série des catastrophes tels que l’avènement de faux prophètes, les tremblements de terre, les étoiles et la lune qui tombent du ciel, le soleil qui s’obscurcit ….ainsi que la persécution des chrétiens. Historiquement, le temple est réellement détruit en l’an 70 après JC par le général romain Tutus tandis que la persécution des chrétiens commence avec l’empereur Néron au tout début du christianisme.

Au lieu de nous faire, Jésus explique que tous ces événements objectivement terrifiants marquent l’épilogue de notre histoire et sa Parousie, c’est-à-dire le retour de Jésus dans la gloire annoncée d’avance par le prophète Daniel dans la première lecture : « En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui se tient auprès des fils de ton peuple. Car ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, jusqu’à ce temps-ci » (Dn12,1). Le langage est à la fois fascinant et bouleversant. Jésus annonce son retour à la fin des temps comme étant sa victoire définitive sur le mal et sur la mort, ainsi que le Jugement Dernier comme nous soulignons dans le Crédo : « Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin. »

Ce qui provoque notre la joie (alors que cet évangile pourrait littéralement nous terroriser), c’est cette perspective que Jésus vient réaliser réellement un jugement, mais pas à la manière des hommes. Chacun sera l’objet de la miséricorde et de l’amour de Jésus venant réconcilier l’humanité avec le Père. Il a racheté le monde en s’offrant lui-même comme victime pour nous libérer de l’esclavage du péché et de la mort éternelle.

Ce qui se produira définitivement à la fin des temps est donc déjà réalisé et est présent en germes dans notre vie présente :  par l’incarnation, Dieu a rencontré chaque humain. En Jésus, humanité et divinité se rencontrent réellement. Le Christ nous a sauvé par sa croix et sa résurrection mais chaque fois que nous célébrons les sacrements, en particulier l’eucharistie, notre humanité s’unit et à la divinité du Christ qui nous sauve. Nous disons à l’anamnèse « Jésus est venu, il vient et il viendra encore ».  Lors de sa Parousie, nous rencontrerons définitivement le même Jésus que nous avions déjà rencontré et qui nous sauve déjà à travers notre foi. Aujourd’hui, nous le connaissions seulement de manière confuse, imparfaite, mais nous attendons de le rencontrer tel qu’il est : « Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn3,2). Saint Paul le dit par d’autres mots : « Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. » (1Co13,12)

Cette rencontre finale avec le Christ constitue notre libération définitive du mal et de la mort en entrant dans la Vie éternelle avec Dieu. Dans la vie présente, nous exerçons la foi, nous cultivons l’espérance et l’Amour, mais ce jour-là, nous serons pleinement dans l’Amour car nous verrons Dieu tel qu’il est.

Attention cependant ! Dit comme ça, nous risquons de chanter : « nous irons tous au paradis ! » Je l’espère pour chacun de nous ! Mais, nous savons bien que les choses ne sont pas aussi simples que ça ! La volonté de Dieu, c’est que nous vivions tous au paradis avec lui. Au Dernier Jour, nous serons effectivement jugés, dans un jugement fait avec et dans la Miséricorde de celui qui a donné sa vie pour nous sur la Croix. Mais Jésus ne pourra pas nous sauver contre notre propre liberté : le salut est un don gratuit de Dieu, mais nous sommes aussi malheureusement capables, par notre liberté de refuser le salut donne par Dieu.

Pensons par exemple aux deux larrons qui sont condamnés avec Jésus : « L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !  Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »  Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Lc 23, 39-43).

Dans ce récit, nous voyons comment l’exercice de la liberté est la condition de salut ou de condamnation. Un des deux larrons refuse jusqu’au bout le salut de Dieu tandis que l’autre se reconnait pécheur et s’abandonne à l’Amour du Christ. L’Enfer en effet, c’est une auto-condamnation, une auto-exclusion libre, le refus libre du salut qui nous est donné dans le Christ Jésus. Dieu ne peut pas nous obliger à aller au paradis !

Cela commence ici et maintenant ! C’est dans la vie présente que nous devons accueillir le salut en vivant dans l’Amour. Saint Jean rappelle que celui qui vit dans l’Amour demeure en Dieu et celui qui refuse de croire se condamne déjà : « Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn3, 17-19)

Rappelons-nous cependant qu’à la fin de temps, Jésus ne viendra pas comme Dieu vengeur, rancunier et sévère sans miséricorde. L’attente du jugement dernier ne doit pas être quelque chose de traumatisant, d’angoissant, de terrifiant pour les chrétiens. Bien au contraire, elle nous invite à vivre pleinement le temps présent dans l’espérance, conscients que Jésus est déjà présent, qu’il nous donne gratuitement le salut que nous pouvons librement accueillir ou refuser. Que cette eucharistie nous donne de nous ouvrir, de désirer, d’accueillir le salut donné par le Christ. Nous sommes pèlerins en ce monde mais appelés à partager éternellement la vie divine avec le Christ vainqueur du mal et de la mort. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXXIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-11-14T15:02:00+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs,

Nous pouvons nous imaginer la scène : nous sommes dans le temple de Jérusalem, le cœur de la ville, comme nos églises, jadis en France (ou encore aujourd’hui j’espère) étaient au cœur des villes. Jésus est assis et discute avec nous. Dimanche dernier, le thème de la discussion était le plus grand commandement : l’amour de Dieu et celui du prochain. Aujourd’hui, Jésus poursuit son enseignement en abordant une autre thématique : la simplicité et la générosité.

Comme tout le monde, Jésus regarde l’assemblée réunie dans le temple et remarque une chose : une catégorie des gens qui sont comme dans une sorte de défilé de mode, certains voulant, on dirait, faire remarquer qui est le plus riche, qui est le mieux habillé, les chaussures ou habits de marque, qui porte les habits les plus couteux… : dans cette catégorie, il y a des prêtres, des scribes, des docteurs de la Loi qui sont en réalité victime de la « la mondanité ». Ils vont au temple, pas tellement pour Dieu mais pour leur gloire et les honneurs dans une exhibition mondaine de leurs richesses, leurs vêtements, leurs titres. Ce « défilé mondain » dans le temple permet à Jésus de nous adresser un enseignement : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners ».

Ces scribes, avec leur amour démesuré pour les plus habits couteux me font penser à ces gens qui passent leur temps à faire du shopping et dépensent seulement pour le plaisir (je sais que ça crée des tensions dans les couples !),  gens qui n’acceptent pas de ne pas avoir le dernier vêtement à la mode, le dernier IPhone qui vous coûte une plombe alors que l’autre fonctionne encore… J’en profite au passage pour  rappeler  que dimanche prochain, 14 novembre est la 5è Journée Mondiale des pauvres, voulu depuis 2017 par le pape François. C’est l’occasion de penser aux plus pauvres, en apportant toutes ces choses dont vous ne vous servez pas pour les mettre au service des pauvres, en faisant la collecte des habits, téléphones, ordinateurs, jouets, électroménager aux bénéfices des pauvres accompagnés le Secours Catholique. Vous pouvez les apporter à la messe dimanche prochain, et cela fera des heureux, en particulier au moment où nous commençons à penser aux cadeaux de Noël !

Revenons aux scribes ! Jésus nous met en garde contre ces scribes qui, en voulant les premières places veulent symboliquement prendre la place de Dieu.  Ces derniers n’aiment ni Dieu ni le prochain. Il y a quelque chose de plus pernicieux encore dans leur comportement : ces scribe sont avides de richesses, qu’ils  obtiennent en plus en utilisant des méthodes illégales et peu recommandables : « Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. », c’est-à-dire qu’ils volent et exploitent les personnes les plus vulnérables et sans défense alors que, dans la Bible, qu’ils connaissent très bien, Dieu nous invite à défendre et à prendre soin de la veuve et l’orphelin. Les scribes et pharisiens ont un double visage : ils passent beaucoup de temps en prière pour donner l’impression qu’ils sont des gens très religieux, tout en exploitant les pauvres…le comble de l’hypocrisie.

Le deuxième enseignement de Jésus est une expérience que tout le monde peut reconnaitre : la générosité des gens pauvres. Il y a quelques années, un été, je suis parti en vacances au Congo en amenant au Congo un groupe d’amis qui ont passé 15 jours à Bukavu, au milieu des gens devenus pauvres à cause de cette guerre qui dure depuis 1996. Parmi les choses qui les ont impressionnés, c’est l’accueil généreux de ces gens pauvres qui sont capables de secouer ciel et terre pour mieux accueillir ces visiteurs venus de loin : la table était toujours ouverte… Tous ceux qui voyagent un peu dans ces pays que nous qualifions de pauvres ou Tiers-Monde ou pays du Sud, peuvent témoigner de la générosité des gens.

Mais, pas besoin d’aller en Asie, en Afrique, en Amérique latine pour faire l’expérience de la générositédes gens pauvres. Il suffit de regarder autour de nous, dans nos familles, nos quartiers et communautés ! Nous le voyons à travers le témoignage de ces deux veuves, celle de la première lecture qui partage ce qui lui restait avec le prophète Elie et celle que Jésus nous présente comme modèle dans l’évangile : « Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Je n’ai pas l’habitude de parler d’argent, mais parce que l’évangile s’y prête aujourd’hui, je vais me lâcher par quelques exemples. J’en fais l’expérience comme curé de paroisse : des gens simples, vivant d’énormes difficultés économiques, très petits salaires ou de petites retraites, mais qui sont des exemples de générosité pour les voisins, pour les associations humanitaires et solidaires ! Ces gens soutiennent l’Eglise non seulement par leur présence physique mais par leur générosité au Denier du Culte ou à la quête pendant la messe… !

Au sein de notre communauté paroissiale, je voudrais remercier toutes ces personnes généreuses qui, par leur présence pastorale, leur engagement et leur soutien, font vivre la paroisse qui ne peut pas vivre que du Saint Esprit ! J’avoue cependant que quand je regarde la liste des Donateurs au Denier du Culte dans nos 5 paroisses, je me demande comment se fait-il que beaucoup de paroissiens, surtout parmi les pratiquants de la messe dominicale, ne donnent pas toujours au Denier de l’Eglise. Parfois, il arrive à Lucette ou Marie-Claude de me montrer les pièces jaunes, des boutons et les pièces des cadis d’Auchan dans la quête. Il y en a d’autres, qui, en venant à la messe, s’assurent d’avoir bien pris quelques pièces jaunes, une pièce de 50 centimes ou d’1 euro pour la donner à la quête…pour ne pas donner plus !

Un ami me parlait du caractère radin de sa grand-mère : un jour, elle a donné au Denier et au lieu de mettre 20 euros, elle s’est trompée mettant un zéro de plus…. Quand elle s’en est rendu compte, elle est allée faire une réclamation auprès du curé pour qu’on lui rende son chèque… Mais le chèque était déjà encaissé. Je pense à ce couple de fiancés qui avait dépensé pour le mariage 14 000 euros et qui avaient trouvé que c’est quand même cher payer de donner 300 euros à la paroisse …. Dans l’ancienne paroisse où j’étais, la comptable avait reçu d’une jeune femme, un chèque de 5000 euros de Denier. Elle était tellement choquée qu’elle m’a appelé pour me demander si je connaissais cette jeune femme : la comptable pensait que la généreuse donatrice avait mis un 0 de trop, car pas habituée à voir une somme pareille au Denier. J’ai pris quand même la précaution de demander à la dame si c’est bien 5000 euros qu’elle avait voulu donner au Denier… Un comédien disait, pour faire réfléchir les gens qui accumulent au lieu d’être généreux et de partager qu’on ne voit jamais un coffre-fort ou un déménageur accompagner le défunt au cimetière ni pour ses funérailles. N’oubliez de donner au Denier du Culte : il ne nous reste qu’un mois et demi avant la clôture de l’année fiscale.

J’arrête de parler d’argent pour revenir à la veuve de l’évangile. Notre vie est faite pour être donnée généreusement dans le mariage, en famille, avec nos frères et sœurs les plus démunis, les plus fragiles. Que Jésus, qui s’est fait pauvre en devenant semblable à nous dans son incarnation nous donne de nous enrichir chaque jour de la seule richesse qui vaille la peine : l’Amour. Ce qui restera de nous, après notre passage en ce monde, c’est l’amour dont nous aurons été témoins au milieu de nos frères et sœurs…

 

Homélie du Père Joseph du XXXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-11-07T15:37:00+01:00

Homélie du Père Joseph de la commémoration des fidèles défunts, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs

Il est tellement naturel et normal que la commémoration de nos fidèles défunts provoque en nous deuil, souffrance et larmes. Hier après la messe et dans l’après-midi et aujourd’hui, nous sommes allés au cimetière pour fleurir les tombes, prier et honorer nos défunts. En faisant un tour dans nos cimetières ce weekend, j’ai été impressionné par leur beauté en cette période : des fleurs partout ! Si on pouvait les fleurir aussi souvent, et pas seulement à cette occasion.  Nous ne pouvons pas mettre en parenthèse l’amour de nos défunts, car la communion des saints nous unit à jamais grâce à Jésus qui est leur et notre Vie par sa mort et sa résurrection.

En dépit de la foi et de l’espérance chrétienne qui nous animent, la célébration des fidèles défunts est toujours une épreuve. Elle nous fait revivre, dans une certaine mesure le deuil, la douleur de la perte et de la séparation d’avec les personnes que nous aimons. Nous revivons le deuil des souvenirs vécus et laissés, le sens de culpabilité, comme ces parents qui ont perdu leur fils qui s’est suicidé, ou ce proche mort dans un accident de circulation alors qu’on était ensemble dans la voiture… ou simplement parce que nous nous posons la question de ce que nous avions ou pas fait envers nos proches décédés, pendant leur maladie, deuil des joies que nous leur avons données ou qu’ils nous ont procurées pendant leur vie.

Pourtant, malgré la douleur, notre foi chrétienne nous rappelle, à cette occasion que nous sommes tous des citoyens du ciel car nous sommes disciples du Ressuscité, qui est monté au Ciel à l’Ascension. Il nous y a précédés et nous y attend, Lui qui siège à la droite du Père. Notre corps peut bien se reposer dans cette terre d’où nous avons étés tirés, dans cette boue que Dieu a utilisée pour nous modeler avant de nous donner le souffle de Vie… mais nous sommes appelés à vivre avec le Christ, Dieu fait homme, mort sur la croix mais ressuscité, c’est-à-dire, toujours et éternellement vivant. C’est cette espérance dans une joie et vie éternelles, même pour nos pauvres corps mortels, qui nous permet de recommander nos défunts au Christ Ressuscité, aujourd’hui, et chaque fois que nous prions pour eux, ou que nous demandons de messes pour eux.

La réalité de la mort nous fait prendre conscience d’une évidence :  l’être humain, même le chrétien, n’aime pas quitter ce monde quand les choses vont très bien pour lui. Nous nous accrochons à ce bonheur que le monde nous offre. Pourtant, il suffit que les choses tournent mal, par exemple à cause d’une maladie grave, une souffrance physique ou morale, une rupture amoureuse, la perte du travail, une grosse déception… pour désirer précipiter notre mort, quitter ce monde que nous qualifions parfois « d’enfer sur terre » ! Nous désirons alors anticiper notre rencontre avec le Seigneur. Une paroissienne, à quelques jours de sa mort, lors d’une confession pourquoi il fallait tant souffrir pour rencontrer le Seigneur. Cette dame avait hâte de mourir, pour mettre fin à ses souffrances, et aussi en profiter pour poser directement et en face à Jésus les questions auxquelles elle n’a pas pu trouver de réponse pendant sa vie terrestre….

On ne peut minimiser le poids de la douleur liée à l’âge, la maladie, la solitude…. Même Jésus a ressenti de l’angoisse pendant sa passion avec son poids de tristesse, de solitude, d’abandon devant la mort. Rappelons-nous qu’il a même demandé au Père d’éloigner de lui le calice de la douleur et de la passion, même s’il est abandonné à faire la volonté du Père jusqu’au bout.

C’est la mort de Jésus en croix qui donne toute sa signification à la mort de tout homme vivant en ce monde. Dans la foi chrétienne, on ne peut pas parler de la mort en la séparant de la résurrection. L’espérance chrétienne devant la mort est fondée dans la Résurrection. Saint Paul nous dit que « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine serait notre foi et nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes ». La mort n’aura jamais le dernier mot sur notre vie. Mort, où est ta victoire ? Le Christ t’a vaincu, car, comme nous le rappelle encore saint Paul « même la mort ne peut nous séparer de l’Amour du Christ ! ».

Au moment où nous commémorons les fidèles défunts, rappelons-nous, de manière indélébile de cette grâce extraordinaire qu’est l’espérance chrétienne : savoir que même la mort ne peut me séparer de l’Amour de ce Dieuqui nous a créés, nous a faits devenir ses enfants en Jésus, dans la foi et par le baptême. Dieu notre Père nous attend près de lui après notre pèlerinage ici-bas !  Jésus nous dit que la volonté de son Père, c’est qu’il ne perde aucun de ses enfants, mais qu’il les ressuscite tous pour la Vie éternelle.

Redisons au Christ, malgré la douleur du deuil, notre foi et notre espérance. C’est à lui que nous remettons, pleins de confiance, nos chers défunts pour que ces derniers contemplent son Visage de Lumière, en attendant de les retrouver un jour ! Prenons un petit moment de silence pendant lequel chacun de nous va recommander, dans son cœur, les défunts pour lesquels il venu prier aujourd’hui. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la commémoration des fidèles défunts, année B (2021)2021-11-02T19:13:25+01:00

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs,

Si vous êtes des habitués des épîtres de saint Paul, vous avez certainement remarqué que saint Paul s’adresse souvent aux saints. Par exemple, il s’adresse aux « saints qui habitent à Ephèse » au début de sa lettre aux Ephésiens, ou aux « frères sanctifiés » par la foi en Jésus Christ dans la Lettre aux Colossiens. C’est comme s’il écrivait aux saints qui sont à Saint Simon, à Lardenne, à Plaisance, à Tournefeuille, à La Salvetat  Saint Gilles….En fait, quand saint Paul écrit à ces communautés qu’il qualifie « communautés des saints », il n’écrit pas à ces personnages particuliers qui sont sur des piédestaux, que nous  invoquons dans la litanies, ces saints que nous vénérons et dont on peut voir les statuts dans nos églises, dont nous contemplons les images, les sculptures, les icônes de piété, comme la Vierge Marie, saint Joseph, sainte Bernadette, Germaine de Pibrac, Exupère, Ignace, Thérèse d’Avila, de Lisieux ou Mère Teresa de Calculta….

Dans l’Eglise naissante, le terme « saint » était utilisé pour indiquer quelqu’un qui a reçu le baptême et qui vit de l’évangile du Christ avec ses frères et sœurs chrétiens. Tout simplement, un saint, dans l’Eglise naissante, c’est un chrétien, un baptisé qui s’efforce de vivre de l’évangile, qui cherche à imiter le Christ qu’il choisit comme Modèle et Sauveur ! Bref, un saint, pour au début de l’Eglise, c’est chaque vrai chrétien, c’est nous tous qui avons été « choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. » (Eph 1, 4-5). Cela veut dire que pour les premiers chrétiens comme ceux aujourd’hui, nous les chrétiens du troisième millénaire, l’objectif à atteindre, le but final, c’est la perfection, c’est-à-dire, la sainteté, à chercher, à nourrir, à cultiver sans beaucoup de rhétorique mais en vérité, par une vie vraiment conforme à l’Evangile.

La sainteté est la vocation commune à tous les baptisés, au-delà des dons et des charismes de chacun. Elle est un exercice permanent qui se réalise à travers l’Amour vécu concrètement, fondé dans la Foi et soutenu par l’Espérance. La sainteté n’est pas une idéologie, ni un ensemble des théories, ni d’abord une décision humaine volontariste… Elle est d’abord un appel de Dieu qui est le seul Saint, notre Père qui est aux cieux, et dont Jésus son Fils unique nous appelle en disant, à la fin de son discours sur les béatitudes : « vous donc, soyez parfaits (soyez saints) comme votre Père céleste est parfait » (Mt5, 48).

La fête de tous les saints nous rappelle que depuis les premiers disciples jusqu’au plus récent des baptisés, nous devons tous viser et désirer la sainteté. L’évangile des béatitudes est un appel de Jésus qui nous dit que si nous les vivons en vérité, nous sommes sûrs et certains de parvenir à la sainteté qui consiste en une vie pleinement et éternellement bienheureuse avec Dieu. C’est cela que décrit l’Apocalypse : « voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main ». Il s’agit donc d’une foule immense dont nous pouvons faire partie. Il s’agit d’abord des saints les plus connus presque 200, dont on célèbre fêtes et mémoires au cours d’une année liturgique, et tous les autres, un peu plus de 13 000, qui ont été reconnus saints et canonisés par l’Eglise Catholique. Ceux-ci qui vont des contemporains de Jésus à saint Paul VI et Mgr Oscar Roméro, le plus jeune saint Carlo Acutis, le saint patron des réseaux sociaux, ou alors saint Charles de Foucault, le frère universel dont la célébration de la canonisation n’a pas eu lieu à cause de la Covid19….

Mais les saints dont il s’agit aujourd’hui, c’est aussi ces innombrables hommes et femmes cachés et perdusdans les méandres de l’histoire humaine, ces saints inconnus des hommes, même de l’Eglise, mais dont les prénoms sont éternellement gravés de manière indélébiles dans le cœur de Dieu. Tout en ayant été marqués par le péché, comme chacun de nous, ces saints inconnus ont demandé pardon, se sont convertis, ils ont été bénéficiaires et témoins de la Miséricorde de Dieu. Il y en a eu probablement dans nos familles, parmi nos amis, nos parents, nos voisins, ces saints de « la porte d’à côté » dont parle le pape François, des membres de nos paroisses, de notre mouvement, un voisin, une voisine de banc à la messe, à la prière, que j’ai croisé au supermarché, lors d’un pèlerinage, celui avec qui j’ai marché, prié, partagé un repas ou même un apéro, avec qui j’ai chanté à la chorale ou partagé la même profession, le même bureau…

Ces saints inconnus sont ceux que nous avons aimés, respectés et admirés, et auxquels nous penserons aussi demain parce qu’ils ne sont plus de ce monde. Parce que nous ne sommes pas encore sûrs de leur condition actuelle (ils pourraient en effet être au purgatoire où ils se préparent à la rencontre définitive avec Dieu), nous prierons pour eux demain pour les aider un peu par nos prières et les messes que nous faisons célébrer au cours de l’année pour les recommander à Dieu. C’est le sens de commémoration des fidèles défunts que nous célébrerons demain, au lendemain de la Toussaint. Tout ceci nourrit ce désir de les revoir un jour devant la face de Dieu.

Savez-vous pourquoi l’Eglise a-t-elle canonisé et continue à canoniser des saints ? La réponse est le fait que l’Eglise veut offrir à chacun de ses enfants des intercesseurs sûrs auprès de Dieu, et des modèles dans la vie de tous les jours. Un saint nous est donné pour nous porter dans la prière et pour que nous essayions de l’imiter. En canonisant un saint, l’Eglise montre à chaque baptisé qu’il est possible de vivre l’évangile dans les conditions les plus diverses de la vie. Les saints sont des signes et des manifestations de la bonté de Dieu qui appelle tous les humains, en dépit de leurs péchés et fragilités, à partager sa sainteté et sa vie éternellement. Les saints sont des signes de la justice de Dieu qui ne fait pas de différences entre les personnes : les saints sont des hommes et des femmes, des riches et des pauvres, des puissants et des esclaves, des vieux et des jeunes, de prêtres, des religieuses, des époux, des célibataires, des parents… bref, de gens de tous âges, toute culture, toute condition sociale, toute langue, de tous les continents… bref, sans discrimination aucune : malgré leur différence, ils ont tous en commun d’avoir suivi et imité Jésus.

Les saints que nous célébrons sont le signe du projet que Dieu veut réaliser pour l’humanité : dans leur variété, les saints redisent que la sainteté n’est pas une utopie, mais bien une possibilité pour chaque humain, en tout temps et en tout lieu. Si nous parlons de globalisation et de mondialisation au niveau économique et culturel, la fête de la Toussaint nous rappelle la globalisation de la sainteté qui peut être atteinte par tous sans discrimination : toute l’humanité est appelée à connaitre Jésus qui donne à chacun la grâce de partager sa vie en plénitude, et c’est cela qui est la sainteté, le Vrai Bonheur. Puissions-nous aspirer et désirer ce bonheur infini pour nous-mêmes et pour nos frères et sœurs. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année B (2021)2021-10-31T19:49:14+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Aujourd’hui encore, dans la tradition religieuse juive, tous les juifs pratiquants recitent chaque jour une prière qui, par sa première parole en Hébreux s’appelle « Shema ! », c’est-à-dire « Ecoute Israël ». J’étais impressionné il y a quelques années d’aller rendre visite à un paroissiens qui était en train de mourir, et à l’entrée, sur le mur dans le salon, il y avait un tableau avec cette prière. Dans notre échange, Apollinaire m’a alors dit qu’il avait appris cela à ses enfants et ils le récitaient en famille tous les soirs ! Pourtant il n’était pas juif, mais bien catholique !

Cette prière juive nous est donnée ce dimanche dans la première lecture. Elle est tirée du livre du Deutéronome, et nous la retrouvons reprise par Jésus dans l’évangile. : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur.  Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé ; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville » (Dt 6, 4-9). C’est ce texte très précieux qui est le sujet de l’échange entre Jésus et un scribe, c’est-à-dire, un spécialiste dans les questions religieuses juives.

En étudiants la Torah, c’est-à-dire la Loi de Moïse, qui est constituée par les 5 premiers livres de la Bible qu’on appelle aussi le Pentateuque, les spécialistes juifs de l’époque en avaient tiré plus de 600 préceptes plus ou moins importants les uns que les autres. Dans ce code de la Loi, les Dix Commandements donnés à Moïse étaient les plus importants, alors que d’autres préceptes comme par exemple « Verser au temple le dixième de la valeur des feuilles de menthe cueillies dans son jardin, ou donner le dixième de son salaire au Denier » étaient considérés comme moins important. Comment pouvez-vous retenir 600 préceptes impossible et s’en rappeler dans son comportement de chaque jour ? Ces préceptes constituent pourtant un trésor législatif et religieux pour le peuple juif à l’époque de Jésus.

Etant donné la difficulté d’assumer et hiérarchiser ces 600 préceptes, et parce que tout le monde pouvait s’y perdre que le scribe de l’évangile de ce dimanche veut aller à l’essentiel. Il voudrait observer fidèlement l’essentiel et la substance de la Loi divine. C’est pour cette raison qu’il s’adresse à Jésus en lui demandant quel est le principal commandement. Jésus lui répond en citant textuellement le « Shema Israël » qui souligne que le premier devoir du croyant est d’aimer Dieu de toute son âme, son cœur, son esprit et ses forces.

Mais Jésus ne s’arrête pas là ! Il ajoute immédiatement quelque chose qui ne lui est pas demandé, un deuxième commandement : « Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Par ce complément de réponse, Jésus rappelle au Scribe, et à chacun de nous, le lien étroit et indissociable entre l’amour de Dieu et celui du prochain. C’est là le cœur de toute morale chrétienne, comme elle est développée et exprimée dans tous les évangiles. Chaque être humain est appelé à aimer Dieu, comme réponse à l’amour que Lui, le premier, a reversé et déverse dans cesse en nous.

            Aimer Dieu signifie le respecter, l’honorer, chercher faire sa volonté, en particulier en aimant ceux que Lui-même aime, c’est-à-dire, tous ses enfants, nos prochains, nos frères et sœurs dont il est à la fois le Créateur et le Père. « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection » (1Jn 4, 10-12)

Celui qui n’aime pas son prochain ne peut pas prétendre aimer Dieu. C’est l’amour du prochain rend crédible notre amour pour Dieu.  Sans l’amour du prochain, notre foi, notre amour pour Dieu reste finalement quelque chose de purement conceptuel et cérébral. C’est cela que souligne saint Jean : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1Jn 4, 20-21).

Je me rappelle encore de cet enfant de 5 ans qui, lors d’une messe dans l’une des églises, était heureux d’aller donner la paix du Christ à ses voisins de banc. On n’avait pas encore la Covid et ses restrictions. Cet enfant, au moment de la paix s’est retourné, grand sourire aux lèvres, pour donner la paix autour de lui… Quelle fut sa déception de voir que le paroissien qui était à sa droite refuser de lui serrer lui donner la paix en lui serrant la main. Et vous savez pourquoi ?  Pour ce paroissien, au moment du geste de la paix, le Christ est déjà présent dans le pain et le vain consacré…. et qu’il ne fallait plus faire du bruit, se donner la main, mais se mettre à genou, aimer et adorer le Seigneur présent dans l’eucharistie. Ça m’avait fait de la peine de voir cet enfant pleurer parce qu’il ne comprenait pas pourquoi ce voisin du banc refusait de lui donner la paix du Christ ! C’est cela la contradiction entre penser aimer Dieu et manquer d’amour pour son prochain, en particulier un petit enfant heureux de découvrir la dimension ecclésiale de l’eucharistie.

Celui qui n’aime pas le prochain ne peut en réalité aimer Dieu, et celui qui n’aime pas Dieu ne trouvera jamais les motivations les plus fortes, vitales pour aimer le prochain. Quand Dieu nous remplit d’amour, cet amour est débordant et doit se déverser sur ceux qui sont autour de nous. C’est un binôme que nous sommes appelés à tenir. Mais alors, en quoi consiste l’amour du prochain ? Les évangiles l’expliquent amplement. Il suffit de penser aux béatitudes que nous méditerons demain pour la fête de tous les saints : être pauvre de cœur, être doux, être artisan de paix… Il suffit de penser à certaines paraboles du royaume comme celui du Bon Samaritain, au jugement dernier dans l’évangile de Mt : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Tous ces passages soulignent une chose :  le minimum, qui nous est demandé, négativement, c’est de ne faire du mal à personne, et le maximum, positivement, est de dédier nos propres richesses d’esprit, de cœur, d’âme, de temps, et même de portefeuille, au service de nos frères et sœurs.

Pour finir, en écoutant la Parole de Dieu de ce dimanche, demandons la grâce et engageons-nous pour connaitre le Seigneur un peu plus chaque jour, car pour aimer le Seigneur, nous sommes appelés à Le connaitre vraiment. Amour et connaissance font un autre binôme, comme aimer Dieu et son prochain. Cela veut dire aussi que pour aimer le prochain, nous sommes appelés de nous approcher de lui, comme le bon samaritain qui se penche sur le mourant tombé sous les mains des brigands. Que cette eucharistie nous aide à chercher toujours à mieux connaitre Dieu, pour mieux L’aimer et le faire aimer de nos frères et sœurs dont nous nous approcherons, en leur apportant l’amour, la tendresse de Dieu, en les aimant chaque jour un peu plus, malgré nos différences et nos fragilités. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année B (2021)2021-10-30T18:57:14+02:00
Aller en haut